LA GÉOLOGIE DU LUBERON

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L’Atlas du Parc naturel régional du Luberon - Géologie
LA GÉOLOGIE DU LUBERON
BRÈVE HISTOIRE DU LUBERON
L’histoire géologique du Luberon est rythmée par une succession
d’événements dont les seuls témoignages sont les roches, les
fossiles, les failles et les plis. Ainsi, calcaires, marnes, sables et
autres roches sédimentaires témoignent des mers qui sont venues
balayer le territoire, des lacs et des lagunes qui l’ont occupé ou
encore de la mise en place des reliefs. Les fossiles d’animaux et
de végétaux, remarquablement conservés, retracent l’évolution
des climats et des paysages. Enfin, failles et plis attestent des
fortes tensions et des étirements qu’a subi toute la « couverture
sédimentaire » du territoire.
Cette histoire peut être retracée jusqu’à 160 millions d’années, âge
des plus anciennes roches présentes sur le Parc.
De -160 à -100 millions d'années : la mer couvre la région
Depuis 40 millions d'années (-200 Ma) la Provence est recouverte
par la mer. Au fond de cette mer se forment des roches
sédimentaires, principalement des calcaires et des marnes. Il y
a environ 120 millions d’années, dans des eaux chaudes et peu
profondes, abondent rudistes, oursins, coraux et algues calcaires.
Les roches qui témoignent de cet épisode sont les calcaires blancs,
massifs, dits « urgoniens » qui occupent aujourd’hui les monts de
Vaucluse, le Petit Luberon, les Calanques de Marseille…
Vers -110 Ma, un mouvement général d'approfondissement
se produit en Provence. Les plates-formes carbonatées sont
ennoyées et des argiles grises recouvrent les calcaires urgoniens.
Se déposent ensuite des sables, issus de l’érosion des massifs
émergés. Dans la mer, ce sable est coloré en vert par un minéral
argileux contenant du fer, la glauconie.
Marnes aptiennes à la Tuilière (St-Saturin-lès-Apt)
-100 millions d'années: les ocres, résultat d'une émersion
Vers -100 Ma, s'amorce un épisode de plissement entraînant un
lent soulèvement. Une bande de terre émerge entre Massif central
et Maures, le « bombement durancien ». Les sables verts subissent
une profonde altération sous l'action d'un climat tropical humide.
Les sables verts vont donner les sables ocreux du bassin d’Apt.
-50 millions d'années: paysages africains
Le climat est très sévère. Dans un paysage de savane aride,
évolue une faune de mammifères, herbivores et carnivores, dont
de nombreux fossiles ont été retrouvés à Saint-Saturnin-lès-Apt.
Il y a environ 40 millions d'années, une nouvelle phase de
plissement, dite « pyrénéo-provençale » se produit. Le Luberon,
ainsi que les autres reliefs provençaux d’orientation est-ouest (SteVictoire, Ste-Baume, Nerthe, etc.), se mettent en place.
-35 millions d'années: naissance des grands lacs
Des mouvements d’étirement de l'écorce terrestre entraînent la
mise en place de grands fossés d'effondrements, en Alsace, en
Limagne, en Bresse et dans le Luberon. Limités par des failles, ces
La géologie du Luberon- Sept. 2002
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fossés vont favoriser l'installation de grands lacs et lagunes où se
déposent des marnes, des grès et des calcaires. Ces dépôts sont
exceptionnels par leur épaisseur (600 mètres à Apt, 3000 mètres à
Manosque) ainsi que par leur richesse en substances utiles qui ont
été ou sont encore exploitées: sel, gypse, lignite, soufre, etc.
C’est de cette époque que datent la majorité des sites de la Réserve
Naturelle géologique du Luberon.
-20 millions d'années : le retour de la mer au Miocène
Autour de –20 millions d’années, au Miocène, la mer revient sur
le territoire. Elle dépose tantôt de la « molasse », calcaire riche en
débris d’organismes tels que les coquilles St-Jacques, les huîtres…
, tantôt des « safres », calcaires plus sableux, très sensibles à
l’érosion. Le climat est chaud.
La mer miocène balai le territoire du Luberon à plusieurs reprise
pendant près 10 millions d’années. Pendant ce temps, le massif
s’élève lentement. A ses pieds, il abrite une faune de savane
(gazelles, cerfs, rhinocéros, éléphants, tigres...) dont les fossiles
ont été trouvés à Vaugines et à Cucuron.
La formation du Luberon s’achève à –5,8 millions d’années.
De –5,8 à -2 millions d'années : histoire mouvementée de la
Durance
Deinotherium dans la savane du Luberon,
il y a environ 7 millions d’années
A –5,8 Ma le détroit de Gibraltar se ferme et l’eau de la Méditerranée
s’évapore. Le niveau baisse de plus de 1000 mètres ! En réponse
à cet événement, les cours d’eau riverains creusent de profond
canyons. Il en est ainsi pour la Durance et certains de ses affluents
(Régalon, Aigue-Brun, Eze).
La remise en eau du bassin méditerranéen intervient après
l’ouverture du détroit de Gibraltar, vers –5,3 Ma. Un bras de mer,
appelé ria, occupe le canyon de la Durance et se prolonge dans ses
affluents. Au cœur des gorges de Régalon, des sables marins sont
encore présents, protégés dans deux grottes.
Progressivement, les rivières occupent à nouveau leur cours. Elles
déposent des alluvions et repoussent rapidement le rivage vers
aval. De cette reconquête, il reste les cailloutis duranciens dits de
Valensole II, à Mirabeau, ainsi que les anciens lits de l’Eze et de
l’Aiguebrun.
De -2 millions d'années à nos jours : le Quaternaire
La grande originalité du Quaternaire est la succession de grandes
glaciations entrecoupées d'épisodes interglaciaires. Les glaciers
sont parvenus jusqu'à Sisteron mais n'ont jamais atteint le Luberon.
Toutefois les paysages sont profondément marqués par ces
bouleversements climatiques. L'érosion intense a entaillé les reliefs
de profonds ravins.
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