Développement de
l’Internet et gouvernance
de lInternet en Afrique
par Towela Nyirenda-Jere & Tesfaye Biru
22 MAI 2015
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Résumé analytique 2
La croissance et la situation de l’Internet en Afrique 6
Origines et premières années 6
Accès et utilisation 8
La diversité régionale est reflétée dans la pénétration et l’utilisation de l’Internet 9
Infrastructure 11
Connectivité internationale 11
Connectivité nationale et transfrontière 13
Essor des communications mobiles 14
L’économie de l’Internet en Afrique 15
Gouvernance de l’Internet et approche multi-acteur de la politique publique de l’Internet en
Afrique 17
L’écosystème Internet en Afrique - les institutions et processus Af* 18
FGI-Afrique et les FGI régionaux 20
Statut des FGI nationaux en Afrique 21
Autres institutions régionales et internationales 23
Les problèmes actuels dans le développement de l'Internet en Afrique 26
L'interconnexion et la connectivité transfrontalière 26
Innovation et opportunités économiques 28
Contenu local et multilinguisme 32
Migration au numérique et le dividende numérique 33
Compétences et expertise 34
La cyber-sécurité 36
Droits de l'homme en ligne et liberté d'expression 37
Transition vers le protocole IPv6 39
L’avenir de l’Internet et la gouvernance de l’Internet 41
L’ICANN et le transfert du rôle de supervision sur les fonctions IANA 41
SMSI+10 43
L’avenir du FGI 44
Les objectifs de développement durable 45
L’Agenda 2063 de l’Union africaine 45
Conclusion 47
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Développement de lInternet et
gouvernance de lInternet en
Afrique
Résumé analytique
L’Internet mondial continue de croître à un rythme exponentiel, apportant de nouveaux
modes de transaction, de communication, d’apprentissage, de socialisation, et
transformant ainsi presque tous les aspects de la vie quotidienne. Mais les bienfaits de
l’Internet sont encore inégalement répartis. En Afrique, malgré un démarrage lent,
l’utilisation de l’Internet augmente rapidement, et ses effets transformateurs sont de plus
en plus accessibles.
L’Internet connaît en Afrique un développement rapide. Les taux de pénétration de lInternet sont denviron
20 % et en hausse. Les abonnements mobiles frôlent les 70 % et laccès mobile à large bande représente
plus de 90 % des abonnements à l’Internet. Mais les indicateurs agrégés masquent de fortes disparités.
Dans la fourchette supérieure, des pays tels que le Maroc profitent des taux de pénétration de lInternet
supérieurs à 50 %, tandis quà lautre extrémité nous trouvons des pays avec des taux de pénétration
inférieurs à 2 %. Dailleurs, la majorité des pays ont un taux de pénétration de lInternet de moins de 10 %
(largement inférieur au seuil critique de 20 % qui permet, aux pays qui latteignent, de profiter des avantages
économiques de linvestissement dans la large bande).
Néanmoins, on a constaté ces dernières années que les efforts cumulés des technologues dévoués, des
hommes daffaires, des décideurs politiques, de la société civile et des individus portaient leurs fruits,
entraînant une amélioration des résultats et préparant ainsi le terrain pour la réalisation des avantages
sociaux et économiques que lInternet peut apporter.
Au cours des cinq dernières années, linstallation de nouveaux câbles sous-marins a permis de multiplier par
vingt la bande passante internationale. Au cours de la même période, linfrastructure terrestre a également
doublé. Ces évolutions ont apporté des améliorations considérables dans de nombreux domaines. Mais pour
tirer le meilleur parti de ces avancées, il faut investir davantage dans les réseaux nationaux et dans la
connectivité transfrontière.
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Un travail considérable est actuellement en cours pour
améliorer les conditions qui font quaujourdhui l'accès à
Internet pour les utilisateurs en Afrique est 30 à 40 fois plus
cher comparé à ceux que paient les utilisateurs des pays
développés. On peut citer comme exemple la mise en place
de points déchange Internet (IXP) au niveau local. LAfrique
compte aujourdhui plus de 30 IXP et est bien partie pour
atteindre lobjectif qui consiste à avoir au moins un IXP par
pays. Les efforts visant à établir au moins un IXP régional
dans chacune des cinq régions géographiques sont
également en bonne voie. Les IXP peuvent stimuler
l’expansion de linfrastructure terrestre, qui à son tour rend
l’accès à Internet moins cher et plus rapide.
Le passage de la radiodiffusion analogique à la
radiodiffusion numérique offre plus de possibilités pour
accroître laccès à Internet en libérant des spectres inutilisés.
Cependant, tous les pays nont pas tout à fait compris
l’intérêt de la migration, car en juin 2014, seuls 19 pays
avaient commencé leur transition vers le numérique et en
décembre 2014, seulement trois pays (Tanzanie, Rwanda et
Maurice) avaient abandonné la radiodiffusion analogique.
L’autre transition que lAfrique ne réalise pas assez
rapidement est la migration vers le nouveau protocole
d’adressage Internet, IPv6. LIPv6 est nécessaire pour
l’expansion à long terme de lInternet à lheure où lInternet
des objets (IdO) devient une réalité. À ce jour, lAfrique du
Sud et lÉgypte ont enregistré 97 % des adresses Internet
IPv6 en Afrique, ce qui signifie que tous les autres pays sont
à la traîne quant à ladoption de ce nouveau protocole.
La plupart des politiques et stratégies nationales en matière
de TIC mentionnent le renforcement des capacités comme
une priorité; cependant, la majorité des pays ne les mettent
pas en œuvre. Cela se traduit par des lacunes importantes
en matière de capacités, notamment au niveau des
spécialistes dans la construction et lentretien
d’infrastructures et de services, rendant ainsi lAfrique
extrêmement dépendante dune expertise externe. LAfrique
a besoin dune stratégie cohérente de renforcement des
capacités à tous les niveaux. Cette stratégie doit dabord
envisager les TIC comme une matière à part entière et
Quelques faits : Croissance,
expansion, opportunités et défis
>Une croissance rapide - En 2005, le taux
de pénétration de l’Internet en Europe
était de près 20 fois supérieur à celui de
l’Afrique. En 2014, il était moins de 4 fois
supérieure.
>En seulement 5 ans (de 2009 à 2014), la
bande passante internationale de l’Afrique
s’est multipliée par vingt et son réseau
terrestre a plus que doublé.
>Aujourd’hui, on compte plus de 30 IXP
dans toute l’Afrique.
>Le Système de liaison terrestre d’Afrique
de l’Est (EABS) reliera le Kenya, la
Tanzanie, l’Ouganda, le Rwanda et le
Burundi
>Les pays enclavés tels que l’Ouganda, le
Rwanda et le Burundi ont accès au
réseau fédérateur à fibre optique sous-
marin quasiment au même prix que les
pays côtiers.
>La part de marché des appareils Internet
mobiles devrait atteindre 23 % du marché
mobile africain en 2015, puis 40 %
en 2017.
>L’Afrique affiche la plus forte croissance
du nombre d’abonnements mobiles
d’année en année depuis le début du
siècle. Les revenus des activités mobiles
représentent environ 3,7 % du PIB, trois
fois plus que dans les économies
développées.
>Une augmentation de 10 % de l’accès au
réseau Internet à large bande correspond
à une augmentation de 1,35 % de la
croissance du PIB. Une augmentation de
10 % du taux de pénétration du mobile
peut entraîner une augmentation de la
productivité de 4 %.
>L’Afrique occupe la première place au
monde dans l’utilisation des téléphones
mobiles pour effectuer des transferts
d’argent
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d’autre part les envisager comme un instrument transversal
pour les autres matières.
L’accroissement de la connectivité et de laccès Internet ne
présente pas que des avantages, il donne lieu également à
des préoccupations relatives à la cybercriminalité et aux
atteintes à la vie privée. LUnion africaine a élaboré une
Convention sur la cybersécurité et la protection des données
à caractère personnel qui, entre autres choses, engage les
États membres à établir des cadres juridiques pour les
transactions électroniques, la protection des données et la
sanction des violations. Mais, la réalisation dun
environnement sécurisé et la protection de la vie privée
nécessitent la collaboration de toutes les parties prenantes
de la gouvernance de lInternet.
Le printemps arabe de 2011, les révélations de Snowden de
2013 et dautres événements qui se trouvent à la croisée des
droits de lhomme et du cyberespace ont incité la
communauté mondiale (principalement par le biais des
Nations Unies) à tenter de définir une conception et des
solutions communes qui garantissent le respect des droits
fondamentaux des utilisateurs en ligne. En 2014, dans le
cadre defforts visant à répondre aux préoccupations
relatives aux droits de lhomme des utilisateurs en ligne, une
coalition dorganisations, a lancé la Déclaration africaine sur
les droits et libertés dInternet, qui a pour objectif la
promotion des droits de lhomme et de la transparence dans
l’élaboration et la mise en œuvre des politiques relatives au
développement d’Internet en Afrique.
Et lannée 2015 est marquée par plusieurs jalons importants
pour la gouvernance et le développement de lInternet. Tout
d’abord, cette année marque la fin des Objectifs du Millénaire
pour le Développement, qui seront maintenant remplacés par
les Objectifs de Développement Durable. LUnion africaine a
également lancé son Agenda 2063, présentant les
aspirations de développement fixées pour les 50 prochaines
années. Deuxièmement, elle marque les dix ans de la Phase
de Tunis du Sommet mondial sur la société de linformation
(SMSI). Nous pouvons donc saisir cette opportunité qui
permet un temps de réflexion sur les progrès accomplis, les
opportunités manquées, les défis à relever et la voie à suivre.
>M-Pesa permet aux utilisateurs
d’effectuer des transferts d’argent
directement via un appareil mobile. M-
Pesa compte 15 millions de clients et
représente 12 % du PIB du Kenya. Les
transactions d’une part supplémentaire
de 31 % du PIB sont effectuées par le
biais de ce service.
>Des Hackathons et des compétitions
sont des moyens populaires qui
encouragent les innovations et les
applications Internet et mobiles.
>Environ 15 % des réseaux publics en
Afrique utilisent le protocole IPv6, mais
la plupart sont basés en Afrique du
Sud et en Égypte.
>L’accès à Internet en Afrique peut
coûter 30 à 40 fois plus que dans les
pays développés.
>L’Afrique représente 15 % de la
population mondiale ; mais sa part
d’utilisateurs de l’Internet ne
représente que 6 % des utilisateurs du
monde entier.
>L’insuffisance de la priorité accordée
au renforcement des capacités
humaines entraîne un manque de
spécialistes en infrastructure, rendant
ainsi l’Afrique excessivement
dépendante d’une expertise externe.
>L’année 2015 marque la fin des
Objectifs du Millénaire pour le
Développement et le début des
Objectifs de Développement Durable.
>L’Union africaine reconnaît
l’importance du secteur des TIC pour
réaliser les aspirations qu’elle a fixées
dans l’Agenda 2063.
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