Édition 2015 - Institut universitaire en santé mentale de Montréal

CETOCT
La revue du Centre détudes sur les troubles obsessionnels-compulsifs et les tics
Le Centre d’études sur les troubles obsessionnels-compulsifs et les tics (CETOCT)
est un centre de recherche
multidisciplinaire qui comprend une section clinique, neuroscientifique et psychosociale. Notre mandat est de
contribuer à l’avancement des connaissances et d’offrir des services à la population.
Un nouveau laboratoire s’est affilié au Centre
d’études sur les Troubles Obsessionnels-
Compulsifs et les Tics (CETOCT) du Centre de
recherche de l’Institut universitaire en santé
mentale de Montréal (CRIUSMM).
Par Stéphanie Ouellette pour le LETOPE
Le Laboratoire d’Études des Troubles de
l’Ordre de la Psychopathologie en Enfance
(LETOPE) est une unité de recherche pilotée
par Julie Leclerc (M.Ps., Ph. D.), professeure
à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)
qui se spécialise dans la création et l’évaluation
de l’effet d’intervention psychologique auprès
des enfants ayant un trouble de santé men-
tale, particulièrement le syndrome Gilles de la
Tourette (SGT) et ses troubles associés. Les tra-
vaux du LETOPE se démarquent par l’adapta-
tion à une clientèle d’enfants et d’adolescents
des traitements issus des modèles théoriques
du Dr Kieron O’Connor, directeur du CETOCT.
Parmi les travaux de recherche, on retrouve un
programme d’intervention cognitif compor-
temental et psychophysiologique qui cible la
diminution des symptômes de tics par l’entrai-
nement à des stratégies d’autocontrôle chez
les enfants ayant le SGT. Le traitement nom-
Façotik a été conçu au CETOCT en collabo-
ration avec Geneviève Goulet (psychologue),
Nadia Hamel (étudiante au Ph.D.) et Kieron
O’Connor (Ph. D.).
Un programme d’intervention vise l’entrai-
nement à l’autogestion des épisodes explo-
sifs chez les enfants atteints du SGT Prends ton
Tourette par les Cornes ! a été conçu dans le
cadre de la thèse de Julie Leclerc en collabora-
tion avec Kieron O’Connor (Ph. D.) et Jacques
Forget (Psy. D.).
Le programme d’intervention
Maître à Bord a été conçu par Ariane Fontaine
(Psy. D.) dans le cadre de son essai doctoral, en
collaboration avec Kieron O’connor et Caroline
Berthiaume (Ph. D.). Le traitement, qui cible
l’autogestion des symptômes du trouble
obsessionnel-compulsif chez les enfants,
sera repris par Julie Leclerc.
À l’automne 2013, le LETOPE compte quatre
doctorants et des auxiliaires de recherche :
Mathieu M. Blanchet, Gabrielle J. Nolin,
Mélyane Bombardier, Stéphanie Ouellette
et Sandra Landry.
Julie Leclerc, professeure au département de
psychologie de l’UQAM et chercheuse associée
au CRIUSMM. Elle travaille de concert
avec l’Association québécoise du syndrome
de la Tourette (AQST) et offre des formations
de perfectionnement clinique, d’évaluation
diagnostique et d’approche à l’intervention
concernant les enfants et les adolescents
ayant un trouble de santé mentale auprès
des milieux scolaires et de la santé et
services sociaux.
Pour des questions ou des renseignements,
contacter Julie Leclerc :
514 251-4015, poste 3425 ou
SOMMAIRE
Quoi de neuf ? ................................................... 2
Le centre d’études à travers le monde ............ 2
Labo de psychophysiologie .............................. 3
Quand les objets prennent toute la place ........ 4
Références ........................................................ 4
L’identité redoutée et le TOC ............................ 5
La conjugaison de l’obsessionel-compulsif .... 5
Tic et traitements ............................................. 6
Des idées plein la tête ...................................... 8
Nouvelle publication ......................................... 8
Les mécanismes du TOC .................................. 8
Un nouveau laboratoire !
2 | SPECTRUM | DÉCEMBRE 2013
Le Centre
d’études à travers
le monde
À travers nos projets de recherche, le
centre d’études acquiert de nouvelles
connaissances et les rencontres
organisées par la communauté
scientifique, permettent de faire
connaître nos récentes connaissances.
Cette année, les étudiants, chercheurs et as-
sistants de recherche ont offert plusieurs
présentations et formations à travers le
Canada et le monde.
En 2013, l’équipe est allée…
• enGrèce, pour la rencontre de la
Société européenne pour l’étude du syn-
drome Gilles de la Tourette. Atelier sur
un traitement cognitif-comportemental
pour les tics.
• enItalie, pour la 3e rencontre de l’asso-
ciation américaine des thérapies cogni-
tives et comportementales. Présentation
sur le doute et le TOC.
• auPérou, pour le Congrès internatio-
nal des thérapies cognitives et comporte-
mentales. Des affiches scientifiques sur le
trouble d’accumulation compulsif et les
troubles des comportements alimentaires
furent présentées.
• àMarrakech, pour le 43e congrès an-
nuel de l’Association Européenne de thé-
rapie cognitive et comportementale.
Un atelier professionnel, un symposium
et une affiche scientifique sur les trai-
tements pour le syndrome Gilles de la
Tourette et les tics chez les enfants et les
adultes et sur le TOC furent présentés.
Quoi de neuf ?
Chaque année le centre d’études accueille de nouvelles personnes intéressées par le domaine de la
recherche en psychologie et en santé mentale. Cette année, nous voulons souhaiter la bienvenue à
Soline Blondin, évaluatrice pour le projet de recherche sur le TOC et Benoit Desaulniers, statisticien.
Bienvenue à deux nouvelles chercheuses, Julie Leclerc et Annie Aimé. Respectivement, elles travaille-
ront sur les enfants ayant des troubles du spectre obsessionnel-compulsif et sur les troubles de compor-
tements alimentaires chez les adultes.
Bienvenue aux nouveaux étudiants :
Julie Sauvageau, étudiante au doctorat en psychologie à l’Université du Québec à Montréal, supervisée
par Kieron O’Connor et Gilles Dupuis. Son projet d’étude portera sur les liens entre la peur face à son iden-
tité et les symptômes du trouble obsessionnel-compulsif.
Melha Zidani, étudiante à la maîtrise en sciences biomédicales à l’Université de Montréal, supervisée par
Frederick Aardema et Dr François Borgeat. Son projet de recherche porte sur l’effet de l’amorçage précon-
scient, soit le fait de présenter un stimulus afin de rendre la personne sensible à un autre stimulus, dans le
traitement de certains troubles anxieux.
Simon Beaulieu, étudiant à la maitrise en sciences biomédicales à l’Université de Montréal, supervisé par
Marc Lavoie. Son projet de recherche porte sur les effets neurophysiologiques d’une thérapie cognitivo-
comportementale chez les personnes atteints du syndrome Gilles de la Tourette ou de tics chroniques.
Geneviève Sauvé, étudiante à la maîtrise en sciences biomédicales à l’Université de Montréal, supervisée par
Marc Lavoie. Son projet de recherche porte sur l’étude des processus neurocognitifs chez des participants
ayant un syndrome Gilles de la Tourette, des tics chroniques ou un désordre dhabitudes. De plus, elle étudie
l’influence de l’impulsivité sur les résultats de l’activité cérébrale lors de tests de performance.
Mathieu M. Blanchet, étudiant au doctorat en psychologie à l’UQAM, profil intervention et recherche.
Son projet portera sur la validation du programme « Prends ton Tourette par les Cornes ! » visant la réduction
de la fréquence et de l’intensité des épisodes explosifs chez les jeunes atteints du SGT.
Gabrielle J. Nolin, étudiante au doctorat en psychologie à l’UQAM (2013) profil intervention et recherche,
dirigée par Julie Leclerc. Ses travaux portent sur l’évaluation des effets du programme Façotik sur l’adapta-
tion psychosociale des jeunes présentant le SGT.
Mélyane Bombardier, étudiante au doctorat en psychologie à l’UQAM, en codirection avec Julie Leclerc
et Kieron O’Connor, profil intervention. Son projet porte sur l’évaluation des effets du programme d’inter-
vention Maître à bord sur la réduction des symptômes du trouble obsessionnel-compulsif chez les enfants.
Stéphanie Ouellette, étudiante au doctorat en psychologie à l’UQAM profil intervention, dirigée par Julie
Leclerc. Elle travaille sur l’exploration de la consommation de substances en tant qu’automédication chez les
adolescents atteints du SGT.
Mohammad Javad Motaghi, étudiant à la maitrise en sciences biomédicales à l’Université de Montréal,
codirigé par Kieron O’Connor et Frederick Aardema. Son projet portera sur les prédicteurs du trouble
obsessionnel-compulsif.
Samantha Wilson, étudiante au doctorat en psychologie en intervention et recherche, dirigé par Kieron
O’Connor. Son travail portera sur les troubles obsessionnels-compulsifs.
François Giasson, étudiant au doctorat en psychologie intervention à l’Université du Québec en Outaouais.
Il fera un stage afin de développé ses compétences pour traiter le TOC et le TAC avec la thérapie basée sur
les inférences.
DÉCEMBRE 2013 | SPECTRUM | 3
Présence internationale au laboratoire de
psychophysiologie cognitive et sociale du CR-IUSMM
Cet été, le laboratoire de psychophysiologie cognitive du centre de recherche de l’IUSMM
a accueilli trois stagiaires sous l’égide du International Federation of Medical Students’
Associations. Les trois stagiaires ont été parrainés par les étudiants de maîtrise en sciences
biomédicales du laboratoire de psychophysiologie. Chaque stagiaire a été exposé à
l’acquisition des données, à l’analyse des résultats en imagerie et électrophysiologie,
ainsi qu’à la problématique du syndrome Gilles de la Tourette. Ils avaient pour objectif
de terminer une affiche scientifique en vue d’une présentation à un congrès. À la fin du
stage d’un mois, ils recevaient un certificat de réussite du stage.
laboratoire durant plus de trois mois (mai à
août) afin de se familiariser à de nouvelles tech-
niques en électrophysiologie et aussi de nous
transmettre ses connaissances en psychochi-
rurgie du trouble obsessionnel-compulsif. La
présence de ce chercheur reconnu internatio-
nalement permettra l’ouverture de nouveaux
échanges étudiants et chercheurs entre notre
centre de recherche et l’université de Savoie.
Autres stagiaires
Nous avons accueilli Bastien Rioux, un bour-
sier-stagiaire du COPSÉ inscrit en première
année de médecine. Bastien a permis le démar-
rage du laboratoire d’oculométrie et par le fait
même, le raffinement de cette technique pour
la détection des tics faciaux, souvent indétec-
table avec les outils actuels. Cette technologie
pourra aussi être appliquée avec les patients
ayant d’autres troubles du mouvement et chez
les patients avec psychose. Ce stagiaire a été
La première stagiaire à s’être joint à nous
a été Meng Ni Chuang en provenance
de la China Medical University à Taichung
City à Taiwan. Elle a travaillé sur la contribu-
tion de la comorbidité dans l’activité céré-
brale des patients avec le syndrome de Gilles
de la Tourette. Elle a été parrainée par Martine
Germain qui vient de terminer sa maîtrise en
sciences biomédicales et technicienne en élec-
troencéphalographie.
La deuxième stagiaire a été Ines Cristina
Ferreira Fernandes de l’Universidade de
Lisboa au Portugal. Elle a travaillé sur les simi-
larités et les différences cérébrales entre les
patients atteints de tics chroniques et ceux
atteints du syndrome de Tourette. Elle a été
parrainée par Simon Morand-Beaulieu, étu-
diant à la maîtrise en sciences biomédicales.
La troisième stagiaire a été Imen Bouaziz de
l’Université de Sfax en Tunisie. Elle a travail-
lé sur les contrastes de topographies cérébrales
chez les patients atteints de désordres d’habi-
tudes et les patients atteints de tics chroniques.
Elle été parrainée par Geneviève Sauvé, étu-
diante à la maîtrise en sciences biomédicales.
Chercheur invité
Nous avons aussi reçu la visite du chercheur
Pascal Hot, maître de conférences à l’universi-
té de Savoie en France. Il a séjourné dans notre
Meng Ni Chuang, Marc Lavoie et Martine Germain Simon Morand-Beaulieu, Ines Cristina Ferreira
Fernandes et Marc Lavoie.
Geneviève Sauvé, Imen Bouaziz et Marc Lavoie.
L’équipe de recherche du laboratoire de psychophysiologie cognitive
parrainé par Simon Morand-Beaulieu, étudiant
en sciences biomédicales.
Et enfin, une stagiaire provenant de l’universi-
té Bichat-Lariboisière à Paris, Pauline De Stael
a approfondi ses connaissances des consé-
quences des troubles des fonctions exécutives
dans le syndrome Gilles de la Tourette. Elle a
été parrainée par Nadia Hamel, étudiante au
doctorat en psychologie clinique à l’université
de Montréal.
De gauche à droite : Imen Bouaziz (stagiaire), Karine Bergeron (coordonnatrice), Guillaume Beaufils (assis-
tant), Pauline Destael (stagiaire), Nadia Hamel (doctorante), Bastien Rioux (stagiaire), Martine Germain (assis-
tante technique), Simon Morand-Beaulieu (étudiant), Ines Fernandes (stagiaire), Pascal Hot (chercheur invité),
Geneviève Sauvé (étudiante) et Marc Lavoie (directeur du laboratoire de psychophysiologie).
4 | SPECTRUM | DÉCEMBRE 2013
AMI-Québec
Agir contre la maladie mentale
www.amiquebec.org/
Anxiety Disorders
Association of America
www.adaa.org/
Association Canadienne
des troubles anxieux
www.ataq.org
Association québécoise de soutien
aux personnes souffrant de troubles
anxieux, dépressif ou bipolaires
(REVIVRE)
revivre.org
Association québécoise des parents et
amis de la personne atteinte de maladie
mentale
www.aqpamm.ca/qui-sommes-nous/
Association québécoise
du Syndrome de la Tourette
www.aqst.com
Clinique des troubles anxieux et de
l’humeur de l’IUSMM
www.iusmm.ca/hopital/soins-et-
services/organisation-par-programme-
clienteles/troubles-anxieux-et-de-
lhumeur.html
Fondation Québécoise pour le trouble
obsessionnel-compulsif (FQTOC)
http://fqtoc.mtl.rtss.qc.ca
Obsessive Compulsive Foundation
ocfoundation.org
Ordre des psychologues du Québec
ordrepsy.qc.ca/
Phobies-Zéro
phobies-zero.qc.ca
Société Canadienne de psychologie
cpa.ca
The fear and anxiety disorder laboratory
(Dr Adam Radomsky)
http://psychology.concordia.ca/fac/
radomsky
National Tourette Syndrome Association
tsa-usa.org
Trichotillomania Learning Center
trich.org
Quand les objets
prennent toute la place
par Mélodie T. Blais
Le trouble d’accumulation compulsive (TAC)
est un problème dissimulé. Bien qu’il soit de
plus en plus visible dans les médias et les émissions
à sensation telles que « Désordre extrême », il est
étudié depuis une trentaine d’années seulement et
encore peu de gens consulte pour cette difficulté.
L’accumulation compulsive se définit par l’entasse-
ment d’une quantité importante d’objets souvent
considérés sans valeur, à l’incapacité de se débar-
rasser de ces dits objets et à l’encombrement des
espaces de vie causant ainsi une détresse et sou-
vent un dysfonctionnement chez la personne (Frost
& Hartl, 1996).
Plusieurs conséquences personnelles, familiales et
sociales sont associées à ce trouble. Une personne
souffrant de ce trouble a rapporté avoir vécu plu-
sieurs difficultés dont la perte d’un emploi, une
relation rompue avec sa fille et s’être fait mena-
cé d’éviction par son propriétaire. L’accumulation
compulsive n’est pas un problème isolé et a donc
un impact sur la qualité de vie des proches ainsi
qu’un coût pour la société en général (Tolin, Frost,
Steketee, Gray, & Fitch, 2008). Considérant qu’il y
aurait environ 4 % d’accumulateurs dans la popula-
tion selon l’estimation de la prévalence d’accumu-
lateurs aux États-Unis par l’équipe de Samuels en
2008 (Samuels et al., 2008), il devient impératif de
mieux comprendre ce trouble et d’offrir des traite-
ments efficaces.
Leader dans le domaine, l’équipe du Dr Kieron
O’Connor au Centre d’études sur les TOCS et les
Tics (CETOCT) a développé une thérapie pour les
gens ayant un TAC. Le principe de base de cette thé-
rapie est que le doute obsessionnel serait différent
du doute normal puisqu’il n’est pas résolu à l’aide
d’observations ou avec le sens commun (O’Connor
& Robillard, 1999). Par exemple, malgré le fait
qu’une personne n’a pas regardé une revue pen-
dant des années elle la gardera puisqu’elle contient
des informations pertinentes dont elle pourrait
avoir besoin un jour. Le sens commun ou le gros
bon sens dirait que ne l’ayant pas feuilleté depuis
longtemps elle n’en a pas vraiment besoin et que
si tel est le cas il serait toujours possible de trou-
ver l’information ailleurs (internet par exemple).
En général, lorsqu’une personne a un doute et
qu’elle fait face à des preuves, elle cesse de dou-
ter. Toutefois, chez la personne TAC, malgré la pré-
sence de preuve invalidant son doute, elle tentera
plutôt de trouver des raisons.
Selon les premières études, cette thérapie serait
prometteuse auprès des accumulateurs compulsifs.
L’article de St-Pierre-Delorme et ses collaborateurs
(St-Pierre-Delorme, Lalonde, Perreault, Koszegi, &
O’Connor, 2011) résume le processus de la thé-
rapie auprès d’une accumulatrice. Cette dernière
obtient de bons résultats en présentant une dimi-
nution significative de ses symptômes d’accumu-
lation à la fin des 24 semaines de traitement. De
plus, une description du rationnel derrière les in-
férences, du doute obsessionnel ainsi que des 10
étapes de la thérapie se trouvent dans cet article.
En 2013, trois membres du CETOCT ont écrit un
livre en français sur l’accumulation compulsive :
« Entre Monts et Merveilles : Comment reconnaître
et surmonter l’accumulation compulsive ». Ce livre
est un guide clinique pratique décrivant, pas à pas,
des étapes afin de travailler sur l’accumulation
compulsive. Basé sur des données probantes, ce
livre s’adresse aux personnes cherchant de l’aide et
aux thérapeutes intéressés par ce sujet.
Il est possible de recevoir de l’aide lorsqu’on
souffre d’accumulation compulsive. Pour plus d’in-
formations sur cette thérapie, contactez le Centre
de recherche de l’Institut universitaire en santé
mentale de Montréal (CRIUSMM).
RÉFÉRENCES
FROST, R. O., & HARTL, T. L. (1996). A cognitive-be-
havioral model of compulsive hoarding. Behaviour
Research and Therapy, 34(4), 341-350.doi: http://
dx.doi.org/10.1016/0005-7967%2895%2900071-2
O’CONNOR, K., & ROBILLARD, S. (1999). A co-
gnitive approach to the treatment of primary infe-
rences in obsessive-compulsive disorder. Journal of
Cognitive Psychotherapy, 13(4), 359-375
SAMUELS, J. F., BIENVENU, O., GRADOS, M. A.,
CULLEN, B., RIDDLE, M. A., LIANG, K.-Y., . . .
NESTADT, G. (2008). Prevalence and correlates of
hoarding behavior in a community-based sample.
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doi: http://dx.doi.org/10.1016/j.brat.2008.04.004
ST-PIERRE-DELORME, M.-E., LALONDE, M. P.,
PERREAULT, V., KOSZEGI, N., & O’CONNOR,
K. (2011). Inference-based therapy for compul-
sive hoarding: A clinical case study. Clinical
Case Studies, 10(4), 291-303.doi: http://dx.doi.
org/10.1177/1534650111411293
TOLIN, D. F., FROST, R. O., STEKETEE, G., GRAY,
K. D., & FITCH, K. E. (2008). The economic and
social burden of compulsive hoarding. Psychiatry
Research, 160(2), 200-211.doi: http://dx.doi.
org/10.1016/j.psychres.2007.08.008
Mythes et connaissances sur le trouble
obsessionnel-compulsif et les tics
Références
DÉCEMBRE 2013 | SPECTRUM | 5
L’identité redoutée chez les
individus souffrant du trouble
obsessionnel-compulsif
par Julie Sauvageau
La plupart des gens savent clairement ce
qu’ils sont, c’est-à-dire leur identité, ce qu’ils
aspirent à devenir, appelé « idéal identitaire » et
ce qu’ils ne veulent surtout pas devenir, nommé
« identité redoutée » (Carver, Lawrence & Scheier,
1999). De ce fait, ils agissent en fonction de ce
qu’ils pensent être ou de ce qu’ils aspirent à de-
venir. En effet, vos valeurs, vos buts et également
votre identité modèlent la façon dont vous agis-
sez dans la vie. Par exemple, si vous ne frappez
pas quelqu’un dans la rue, c’est que vous vous
considérez comme une personne morale qui ne
ferait pas ce genre de chose. Cette confiance en
vous-même fait en sorte que vous ne doutez pas
constamment de la possibilité de faire une chose
pareille. Maintenant, imaginez que toutes vos ac-
tions étaient plutôt motivées par la peur de de-
venir le type de personne que vous redoutez le
plus devenir et qu’au lieu d’orienter vos actions
vers vos buts, vous concentreriez toutes vos
énergies à tout faire pour ne pas devenir le type
de personne que vous détesteriez être, donc ne
pas devenir votre identité redoutée. Plus encore,
cet investissement en cette identité redoutée
vous pousserait à compenser pour le déficit per-
çu en étant extrêmement prudent et en vérifiant
constamment si votre peur de devenir la pire ver-
sion de vous-même est vraie.
Peut-être cela vous semble étrange, mais des
chercheurs proposent que cette peur en une
identité redoutée serait possiblement carac-
téristique des individus souffrant du trouble
obsessionnel-compulsif (TOC) et que cette fra-
gilité identitaire serait un facteur de développe-
ment et de maintien dans ce trouble (Aardema
& O’Connor, 2007; Bhar & Kyrios, 2007).
Par exemple, des obsessions et des compul-
sions concernant la vérification (ex : vérifier la
serrure de la porte, vérifier si le four est bien
éteint) pourraient être sous-jacentes à la peur
d’être quelqu’un de négligeant ou d’irrespon-
sable. Ainsi, la personne au prise avec le doute
constant d’être quelqu’un de négligeant et d’ir-
responsable, se voit obligée de vérifier constam-
ment par différentes compulsions, si son doute
est fondé, ce qui, ironiquement, ne fait qu’am-
plifier son doute initial.
Par ailleurs, l’identité redoutée pourrait expli-
quer pourquoi le trouble obsessionnel-compul-
sif est d’une nature aussi sélective, c’est-à-dire
que les individus vont avoir des doutes obses-
sionnels dans une sphère de leur vie, mais pas
dans les autres (O’Connor & Aardema, 2012,
p.73). Ainsi, cette identité redoutée, unique à
chaque individu, prédisposerait à un certain type
d’obsessions et de compulsions (O’Connor &
Aardema, 2012, p.73). Par contre, il est peu pro-
bable que toutes les personnes qui doutent un
peu de leur vraie nature développent un trouble
obsessionnel-compulsif, donc d’autres facteurs
entrent probablement en ligne de compte.
Finalement, bien que plusieurs aspects de ce
concept restent à être explorés, la recherche
dans le domaine va bon train et déjà, certaines
psychothérapies cognitives et comportemen-
tales plus contemporaines pour le traitement du
TOC travaillent sur cette identité redoutée en
l’identifiant et en visant à remodeler une iden-
tité plus authentique et positive (O’Connor &
Aardema, 2012, p.4).
RÉFÉRENCES
AARDEMA, F., & O’CONNOR, K. (2007). The me-
nace within: Obsession and the self. Journal of
Cognitive Psychotherapy, 21, 182-197.
BHAR, S.S., & KYRIOS, M. (2007). An investigation
if self-ambivalence in obsessive-compulsive disor-
der. Behaviour Research and Therapy, 45, 1845-
1857.
CARVER, C. S., LAWRENCE, J. W., & SCHEIER, M. F.
(1999). Self-discrepancies and affect: Incorporating
the role of feared-selves. Personality and Social
Psychology Bulletin, 25, 783-792.
O’CONNOR, K. & AARDEMA, F. (2012). Clinician’s
handbook for obsessive compulsive disorder.
Chinchester, UK: Wiley-Blacwell.
Simple ? Je ne le pensai pas si simple,
ce passé. Ça a plutôt été un passé
composé, sans doute trop composé :
j’ai tellement pensé et repensé que je
devais constamment m’ordonner :
« Aie pensé » ! Que j’eusse pensé avoir
pensé, j’y eus parfois pensé mais qu’inces-
samment je pensasse ainsi, mon esprit ne
me le permettait point. Au point où je
n’y pensais même plus.
Et aujourd’hui, qu’en est-il au présent ?
J’y pense. J’y repense. J’essaie d’y
penser… au point où je penserais…
sitôt qu’en y ayant déjà pensé je réa-
lise que je suis trop occupé à repenser !
D’autant plus que je viens de penser que
je vais justement y penser. À vrai dire, que
j’y aie pensé est tout de même louable
mais l’illusion est justement là : je pense-
rais avoir pensé pourtant non, il y a
toujours une nouvelle pensée qui apparaît
dans cet enchaînement imparfait.
Au gérondif de mes ruminations, j’en suis
même à penser en pensant. Mais enfin,
pour répondre à la question : non, je
n’aurais jamais pensé que ce serait si
indicatif de mon présent.
Pourquoi suis-je donc si conditionnel
à ma propre personne ? Tous ces « pensé »
qui, souvent difficiles à accorder au pas-
sé, participent toujours et encore à mon
présent, qu’en fais-je ? Y pensant bien, que
je pense n’est pas le réel problème – que
j’aie repensé et pensé, encore moins. Non,
le problème est plutôt de penser que je
pense : « Pense ! Pense ! » pense perpétuelle-
ment mon esprit et à long terme c’est mon
corps qui dépense. À tous temps, penser ?
Oui en effet, c’est pénible ! Ne l’eussé-je
pensé, je n’eusse eu de misère à ce point à
conjuguer mon passé maintenant futur en
devenir ! Épuisant, que de vivre un quoti-
dien qui soit subjonctif aux soubresauts
du cogito impératif.
Le futur proche n’est pas aussi simple
qu’il ne le laisse paraître mais bon, le
plus encourageant est de penser que
dorénavant je ne penserai plus à l’infi-
ni mais bien à l’infinitif. Penser sans cesse
telle une quête illusoire du plus-que-
parfait, n’est-ce pas là l’erreur de la per-
fectibilité qui doive appartenir au passé ?
Ce pourquoi je pense à ce futur, antérieur
je l’espère, alors que j’aurai presque tout
pensé. Penser moins pour mieux panser ?
Oui j’y avais déjà pensé et je pense que
ce soit possible. Mais en pensant…
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