Du point de vue de ses formes comme de ses pratiques, l’habitat urbain a fait
l’objet de nombreux ouvrages. Plus ou moins orientés sur les unes ou sur les
autres, ils peuvent être monographiques ou typologiques, privilégier des lieux
ou des périodes, ou bien s’attacher à saisir sur la longue durée. On remarque
aussi que des travaux concernent l’habitation proprement dite, ou alors l’espace
public où elle s’inscrit, mais il semblerait que leur articulation ait été un peu
moins étudiée . Sans doute une telle notion ne se laisse-t-elle pas aisément
appréhender. Penser globalement les relations établies entre les sphères privée
et publique de l’habitat, relations dialectiques, présente une certaine
complexité. L’idée même de « relation » entre de tels domaines est en outre
assez large : elle peut concerner le passage de l’un à l’autre, la perception par
les cinq sens, les rapports sociaux ; elle peut également recouvrir un espace
mis en forme (sas, filtre, seuil) avec le propos de l’instrumenter, en la facilitant
et/ou en la contrôlant. Le peu d’études et de recherche correspondrait alors à
la difficulté d’en cerner l’objet.
Le constat trouverait son pendant dans les théories et les doctrines de
conception. On en connaît qui portent essentiellement sur le logement, à l’ère
fonctionnaliste, ou sur l’urbanisme, mais on peut se demander si l’interface
ville/logement proprement dit a lui aussi autant mobilisé la réflexion des
concepteurs. D’ailleurs, plus généralement, a-t-il fait l’objet d’une pensée
explicitée, tant chez les chercheurs que chez les acteurs opérationnels de
l’habitat ? A cette question, on serait tenté de répondre d’emblée en s’orientant
en priorité sur les années 1970, décennie dont on se souvient qu’elle a été
particulièrement riche en projets et en études conviant et nommant des
relations et des dispositifs spatiaux entre espaces privé et public, de même que
individuel et collectif.
Ces années ont en effet, entre autres questions, vu l’avènement et la
consécration d’une problématique d’espace intermédiaire, associée à une
terminologie encore bien établie quoique passablement floue, sinon ambiguë.
Afférent en effet à cette problématique des termes aussi variés que « espace
intermédiaire », mais aussi « espace de transition », « espace semi-collectif »
ou « …semi-public », ou bien encore « prolongement du logement ». Ces
termes sont-il synonymes, employés indifféremment, ou sont-ils à distinguer
avec précision au sein d’un champs notionnel dont ils relèveraient ?
Deuxième constat à leur propos : ils sont employés depuis les années 1970
aussi bien par les sociologues, dans leurs recherches, études et évaluations
d’opérations, que par les architectes.
Enfin, ces termes sont appliqués indistinctement à des espaces privatifs en
extension externe du logement (terrasse, jardinet en pied d’immeuble), à
l’espace collectif résidentiel (parties communes d’immeuble, espace vert dans
l’opération) et à l’espace interposé entre la résidence et l’espace public.