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présence et de fait matériel ce qui n’est pas un objet, mais l’expression même de la
subjectivité vécue en « première personne » ?), une préocupation concrète, enfin, qui
détermine au moins trois aspects essentiels de la prise en charge : la procédure thérapeutique,
le sens vécu des actes de soin et de co-présence, l’espoir ou non d’une amélioration.
Quelques éléments de réflexion sont exposés. On souligne d’abord que le concept
unilatéralement mobilisé dans les études scientifiques, référé sans analyse et de manière
discutable à W. James, est sujet à caution. Les distinctions qu’observe l’anglais entre
« awareness », « wakefulness » et « consciousness » débouchent soit sur des assimilations où
le défini entre dans la définition (ainsi dit-on que « la conscience signifie être conscient de soi
et de son environnement »), soit sur des affirmations qui n’éclairent pas davantage le propre
de la conscience (ainsi parle-t-on d’EVC en présence d’un état « d’éveil sans conscience »).
Par ailleurs, il existe un certain paradoxe à vouloir évaluer chez ces patients une activité
cérébrale synonyme de la conscience alors qu’on définit leur état par une altération ou une
abolition de la conscience. Le risque est plus largement celui d’un cercle méthodologique :
vouloir cerner la nature, le seuil et les niveaux de la conscience à partir d’une définition non
questionnée et présupposée de ce que « conscience » désigne. Plus avant, c’est l’interprétation
des résultats de l’imagerie et de l’électrophysiologie qui pose problème. L’existence d’une
corrélation entre toute pensée et un état cérébral correspondant n’autorise pas à les confondre
et à dire que nous pouvons « lire » des états mentaux. L’obligation de « traquer » la
conscience à partir de signes (avec tout le problème des modalités de leur recueil et de leur
interprétation) ne doit pas occulter l’idée que la conscience n’est pas en elle-même attestable
« extérieurement ». Jusqu’où peut-on dès lors assimiler réponse cérébrale et conscience ? Et
peut-on parler de conscience hors de tout accès à un vécu ? Les processus neuro-
physiologiques (par exemple de nociception) ne suffisent pas pour constituer un « sentiment »
ou un vécu (par exemple de douleur). Il paraît également indispensable de distinguer plusieurs
types de conscience (pré-réflexive ou réflexive). Nombre d’études sur les potentiels évoqués
semblent confondre fonctionnement du cerveau et pensée proprement dite ou assimiler le
cerveau au sujet qui pense. Or, à vouloir identifier la conscience au neuronal, tout en se
réclamant d’un souci éthique (évaluer l’état de la personne et ses chances de récupération,
donc déterminer le type de traitement), on pose un concept de conscience qui ne peut plus
fonder l’expérience de la conscience de soi, donc la responsabilité. Un regard philosophique
rappellera enfin la nécessité de distinguer les notions de conscience, d’identité individuée, de
subjectivité, de personne. On interroge aussi dans cette évocation des problèmes de