Cette communication a pour objectif d`analyser l`évolution de la

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Cette communication a pour objectif d’analyser l’évolution de la structure de l’emploi en Nouvelle‐Calédonie, en mettant particulièrement en avant l’impact du secteur de la mine, dans les périodes de boom comme de récession.
Les données concernant l’emploi sont assez riches en Nouvelle‐Calédonie, mais les sources sont diverses et il est parfois difficile de reconstituer des séries longues.
Ainsi, plusieurs sources de données ont été mobilisées. Il s’agit principalement:
‐ Les données de la DIMENC
‐ Les données des recensements de la population, depuis 1956, pour certains indicateurs
‐ Les donnée sur l’emploi salarié de la CAFAT
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Le développement centré sur l’exploitation des ressources minières, qu’a connu et que connaitra pour qqes années encore la NC, amène à se poser un certains nombre de questionnements.
4 problématiques seront développées ici.
1‐ Tout d’abord, les effets de l’exploitation minière et de la richesse ainsi créée sont‐ils sur l’emploi si importants qu’on a tendance à le penser?
Pour analyser le lien entre « la conjoncture nickel » et l’emploi, plusieurs indicateurs de l’importance du secteur minier dans l’économie calédonienne et dans l’emploi seront présentés
2‐ Ensuite, on pourra s’interroger sur les secteurs qui créent des emplois en analysant l’évolution de la répartition sectorielle des emplois
3‐ Pour mieux guider les politiques de l’emploi, en particulier dans le secteur minier, il convient de connaitre les caractéristiques des employés du secteur miner et d’apprécier leur évolution.
4‐ Enfin, le développement durable en NC nécessite d’assurer l’intégration de l’ensemble des communautés au système d’échanges économiques, afin d’assurer une répartition plus justes des bénéfices de la croissance et de la rente minière. Nous verrons alors quelle a été l’évolution, sur les 20 dernières années, de la participation des différentes communautés à l’emploi.
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Ce premier graphique présente l’évolution de la pdt° minière et de l’emploi dans le secteur minier.
Evidement, ces deux séries étant liées par la fonction de pdt°, on observe une forte corrélation positive.
Cependant, nous pouvons d tout de même distinguer 3 phases :
‐ du début des années 70 jusqu'au milieu des années 80: forte diminution de la production et de l’emploi, l’emploi diminuant un peu vite rapidement que la production
‐ entre le milieu des années 80 et le milieu des années 90, un remontée de l’emploi et de la production mais on observe là une remontée bien moins forte de l’emploi. Alors que la production retrouve les quantités de la fin du boom des années 70, l’emploi progresse bcp moins: seulement 1.000 emplois en plus.
‐ entre 1995 et 2003, le nombre d’emploi du secteur minier est resté relativement stable (entre 1500 et 2000), il n’a pas connu les mêmes variation que la production.
En effet, la disparition de certaines sociétés et la diminution des effectifs dans d’autres ont été compensées par l’ouverture de nouvelles structures.
Depuis le milieu des années 80, on observe une moins grande corrélation entre l’emploi et la production. 4
Si cela peut s’expliquer en partie par le développement de la sous‐traitance et donc le décompte des emplois non directement liés à la mine, cela peut également s’expliquer par une modification de la fonction de demande de travail des entreprises, qui résulte de leur fonction de production et dépend donc de l’intensité de l’utilisation des facteurs de production, travail et capital, dans la production minière.
Il semble donc que la production minière soit devenue plus intensive en capital.
Une explication pourrait aussi être l’augmentation de la productivité du travail.
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Cependant, on observe que la productivité moyenne du travail dans le secteur de la mine est restée étonnement stable sur les 40 dernières années.
Ce constat vaut d’ailleurs pour l’ensemble du secteur productif calédonien où on observe de faibles gains de productivité.
Mobilisant toujours plus de capital et de travail, la croissance calédonienne a en effet peu profité de gains de productivité. Comment expliquer ces faibles gains de productivité ?
On pourrait alors penser que les caractéristiques, et notamment les qualifications de la main d’oeuvre ont peu évolué.
Ce n’est pourtant pas de cas.
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On observe bien entre 1989 et 2009, dans le secteur de la mine, comme dans l’ensemble de la population calédonienne, une forte progression du niveau de formation.
35 % des salariés de la mine ont un CAP ou BEP.
22% ont un diplôme inférieur au BEPC.
Cependant, on constate que les salariés du secteur de la mine reste moins diplômés que la moyenne des actifs occupés, tous secteurs confondus.
Comment expliquer alors les faibles gains de productivité, dans un secteur très fortement soumis à la concurrence où les qualifications augmentent?
Comprendre les raisons pour lesquelles l’économie calédonienne n’a pas généré plus de gains de productivité est essentiel dans la mesure où la croissance « extensive » commence aujourd’hui à connaître ses limites (manque de disponibilité de travailleurs). 6
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Commençons par rappeler la contribution de chaque secteur d’activité à la VA.
Les services sont évidement prédominants, suivis, en 2006, par le secteur du nickel.
Cependant comme nous allons le voir, cette structure de l’économie est très fortement dépendante de la conjoncture nickel et donc, évidemment, très variable d’une année à l’autre.
Sur les 10 dernières années, 4 grands secteurs ont contribué à la croissance de l’économie : ‐ les services non marchands, ‐ les services aux ménages, ‐ le secteur du nickel ‐ et le BTP. Ils expliquent près des deux tiers de la progression de la valeur ajoutée entre 1998 et 2008. Le développement des projets miniers a permis au secteur du BTP de connaître un essor particulièrement important puisque son poids dans l’économie a progressé de 3 points en dix ans.
Afin d’analyser la contribution des secteurs à l’emploi
e voir quel parallèle il est possible de faire entre le poids de chaque seceur dans 8
le PIB et dans l’meploi, La part du nickel dans le PIB est cependant un indicateur imparfait (« NC 2025 –
Enjeux et diagnostic »): il suit l’aléa des cours mondiaux : le nickel a généré 3% du PIB en 1998, 20% en 2007 ;
il intègre des sommes ne profitant pas au pays (dividendes versés hors territoire) ou pas immédiatement (réserves de trésorerie en préparation d’investissements) ;
a contrario, il n’inclut pas la valeur ajoutée de certains sous‐traitants, prise en compte au titre d’autres secteurs, de même que la construction des nouvelles usines.
La croissance de ces dix dernières années s’est accompagnée d’une diminution relative du poids du secteur public dans l’économie calédonienne. La forte croissance des recettes fiscales, due à la croissance des dix dernières années, a réduit la dépendance des finances publiques vis‐à‐vis des transferts métropolitains et permis de financer l’accroissement des dépenses publiques, sans hausse de l’endettement public (celui‐ci restant faible). Néanmoins, les finances publiques présentent une fragilité dans leur structure : les recettes sont en partie liées à l’évolution des cours du nickel alors que la hausse récente des dépenses publiques est essentiellement structurelle. Comme le montre le graphique n° 5 ci‐dessus, la NC est avant tout une société de services (70% du PIB). Le PIB non marchand (secteur public) correspond à environ la moitié du PIB marchand (graphique n° 7).
Non seulement le nickel contribue beaucoup moins que les services au PIB calédonien, mais on constate en outre que ces contributions respectives varient symétriquement dans le temps (graphique n° 8).
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Comme on peut le constater, l’augmentation de l’emploi salarié n’a pas été homogène entre secteurs. Certains d’entres eux ont connu une très forte expansion:
‐ comme les services aux entreprises
‐ et le BTP. Inversement, les effectifs du secteur du nickel diminuent entre 1995 et 2009. Les créations de postes dans le secteur tertiaire expliquent pratiquement 80% de la croissance totale de l’emploi entre 1998 et 2006 (32% pour les services non marchands et 47% pour les services marchands). Le secteur secondaire (hors nickel) contribue à hauteur de 19% à la croissance globale de l’emploi. Au total, la répartition entre grands secteurs économiques est restée relativement stable entre 1998 et 2006. Le secteur tertiaire représente environ 75% du total des effectifs salariés (un taux équivalent à celui observé en France), les secteurs primaire et secondaire emploient respectivement environ 5% et 20% du reste des effectifs salariés. Outre la prédominance de l’emploi dans le secteur tertiaire, trois éléments significatifs 9
se dégagent de la structure de l’emploi en Nouvelle‐Calédonie :
• la part des effectifs salariés dans le secteur du nickel est faible ; elle baisse entre 1998 et 2006, passant de 6% à 4% du total des effectifs salariés alors que le poids de ce secteur dans le total de la valeur ajoutée était de 12% en 2006 ;
• la répartition de l’emploi est inégale entre les provinces : 80% de l’emploi se situe dans la province Sud contre 15% dans la province Nord et 5% dans celle des îles Loyauté. Compte tenu du chantier de Goro Nickel, la prédominance de la province Sud s’est renforcée : en 2006, plus de 90% des nouvelles offres d’emploi se situaient dans la province Sud, contre 9% dans la province Nord et moins de 1% dans celle des îles Loyauté ;
• la part des emplois qui se concentrent dans le secteur des services non marchands est élevée : ils représentent plus de 30% du total des effectifs salariés.
Comme on peut l’imaginer, le secteur des services est le plus pourvoyeur d’emploi, au sein duquel le commerce compte 17 % des salariés du privé. Il est suivi par le secteur des industries manufacturières (13,3 %) au sein duquel l'usine métallurgique de Doniambo compte à elles seule le quart des salariés. viennent ensuite la construction (12,5 %), l'immobilier, locations et services aux entreprises (9,8 %).
Ces quatre secteurs emploient, à eux seuls, la moitié des salariés travaillant dans le privé (52,6 %). Sur une plus longue période, entre 1995 et 2004, les effectifs salariés du secteur privé se sont globalement accrus de 32,8 %, soit un peu plus de 11 672 emplois supplémentaires. L’évolution par secteur révèle une progression généralisée à l'ensemble des secteurs, à l'exclusion des industries extractives, en baisse d'effectif (‐ 13,8 %) avec 171 salariés de moins sur 9 ans.
Et le poids des services dans l’économie est inversement proportionnel à l’évolution du poids du nickel.
Au cours des 15 dernières années, la progression des emploi s’est faite essentiellement dans les services marchands, et dans une moindre mesure, dans l’industrie hors mines et la construction.
L’emploi dans le secteur des mines est resté remarquablement stable.
Ceci se traduit même par une baisse du poids des emplois de la mine dans l’emploi total, comme le montre le graphique suivant.
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Au recensement de 2009, la population active (96 406 personnes) était en hausse de 20% par rapport au recensement de 1996. Parmi celle‐ci, le nombre d’actifs occupés* (80 685) avait progressé de 25%. Le total de l’emploi salarié s’est également accru de 36% entre 1998 et 2006 (soit une croissance annuelle moyenne de 3,9%). Les effectifs salariés en Nouvelle‐Calédonie représentaient en moyenne 73 568 personnes en 2006. 9
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Pour ce qui concerne maintenant spécifiquement le secteur minier:
On observe tout d’abord, comme on pouvait s’y attendre, une corrélation forte entre les cours du nickel et la part du secteur minier dans la création de richesse.
Mais au‐delà, c’est bien toute la structure de l’économie évolue en fonction de la conjoncture du nickel.
Le poids du secteur minier connaît donc de fortes variations sur les 40 dernières années:
La part du nickel dans la création de richesse a ‐ été divisée par 9 entre 1970 et 1987
‐ et a quadruplé entre 1998 et 2006 Si en moyenne sur la période 1998‐2007, le poids du secteur mines/métallurgie représentait environ 10% du PIB, en 2007, il en représentait 20 % en raison du cours élevé du nickel mais le retournement de conjoncture ramène le poids de ce secteur à 9 % du PIB en 2008. En revanche, la part de l’emploi du secteur de la mine dans l’emploi salarié est, elle, remarquablement stable (autour de 5%) depuis la fin du boom des années 70, même si on observe une baisse tendancielle ces dix dernières années.
L’emploi dans le nickel représentait 17% de l’emploi salarié en 1969, il en représente 4% aujourd’hui.
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Le secteur de la mines n’était donc pas, jusqu’en 2009 au moins, moteur de création d’emploi.
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Il s’agit là, d’analyser sur une plus longue période, l’évolution de la participation des différentes communautés à l’activité.
Les différentes catégories de travailleurs seront affectées différemment par ces « chocs » sur le marché du travail selon leurs caractéristiques personnelles et professionnelles (qualifications, âge, travail informel, fonction publique, etc.). Les conditions d’accès au marché du travail sont diverses selon les communautés (statuts historiquement différents, discrimination, manque de formation…).
Il s’agira ici d’étudier les modalités d’insertion sur le marché du travail, la place des différentes communautés de la Nouvelle‐Calédonie dans le marché du travail.
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Si l’on observe l’évolution de l’activité sur les 50 dernières années, on note une forte progression de l’activité, mais qui semble indépendante des fluctuations de la conjoncture nickel.
L’expansion économique qu’a connu la NC est un puissant moteur pour l’emploi. Ce contexte très favorable a incité une part toujours plus importante de la population, en particulier féminine, à rejoindre le marché du travail. Parallèlement, la nature de l’emploi a évolué. La tertiarisation progressive de l’économie a fait émerger un besoin croissant en postes qualifiés.
On distingue 4 périodes :
‐ début des années 1960 au premier choc pétrolier : croissance forte (+8,1% par an en moyenne), mais très forte instabilité, progression importante de l’emploi
‐ 1974‐1984 : une chute des rythmes de croissance et instabilité toujours élevée
‐ 1985‐1992 : retour de la croissance forte (+7,8% en moyenne) et instabilité qui commence à se résorber
‐ depuis 1993 croissance stable et soutenue
NB: les fluctuations historiques s’expliquent essentiellement par les variations du cours du nickel. Le poids relatif du nickel ayant baissé depuis les années 60, on assiste à une certaine stabilisation de la croissance sur le long terme.
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Comme le note Freyss (1995), alors que le nbre de Kanak recensé comme actif est très faible en 1956 (3.166) malgré l’attrait des emplois de la mine, de la fonction publique, des entreprises, on assiste ensuite à ue progression rapide.
Entre début des années 70 et 83 : stabilité du nbre d’actifs Kanak : fin du boom et récession qui l’a suivie.
Entre 83 et 89 : très forte progression de la population active Kanak (augmentation de 50% : de 8766 à 13236)
En comparant l’évolution les courbes du nbre d’actifs Kanak et Européens (ou totaux), on constate que la sensibilité de l’emploi à la conjoncture est beaucoup plus forte pour les Kanak que pour les Européens. En effet le taux de croissance de l’emploi des Kanak est beaucoup plus rapide dans la phase de boom tandis que la stabilisation dans la période de récession est plus marquée. De même la reprise de l’emploi après 1983 est plus rapide. Cette main d’œuvre jouerait donc un rôle d’amortisseur de conjoncture sur le marché de l’emploi.
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Un taux d’activité progressant peu
L’augmentation du nbre d’actifs Kanak observés depuis le milieu des années 50 pourrait donner à penser que l’intégration dans la sphère économique a bcp
progressé. L’examen du taux d’activité relative considérablement cette appréciation.
La forte croissance de la population Kanak a entrainé une augmentation importante du nbre de personnes en âge de travailler, ce qui implique une quasi stabilité du taux d’activité jusqu’en 1989.
Il a même baissé entre 96 et 83
Il en est de même pour le taux d’activité des européens (du notamment au vieillissement de la population).
Très forte augmentation du poids de l’administration dans l’économie calédonienne (notamment au milieu des années 70), surtout pour les Kanak.
En contrepartie, l’insertion des Kanak dans les secteurs productifs est faible.
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En comparant taux d’activité avec et hors agriculture on peut mettre en évidence ce que Freyss (1995) appelait un effet d’éviction.
Croissance de la salarisation s’accompagne d’une régression plus rapide de l’activité dans la sphère domestique. Le nombre total d’actifs (agriculture non marchande comprise) stagne alors que le nbre d’actifs hors agricole double presque entre 56 et 89.
Le taux d’activité total inférieur en 1989 à 1956.
Ainsi la création d’emploi dans le sphère marchande et la fonction publique engendre en même temps de la non activité dans la sphère domestique.
Le système ne fonctionne pas selon le principe de vases communicants (déplacement du système domestique vers l’activité hors agriculture) mais par assèchement progressif du système domestique, sans véritable développement du second.
Bilan économique : Positif à court terme en termes de revenus, Négatif en termes d’activité et de production.
A partir de 1989, le taux d’activité total remonte.
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