l`exposé de notre nouveau chroniqueur

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Fin Stratège
avril 2014
portefeuille z
rendement
portefeuille Y
rendement
Période
www.conseiller.ca
portefeuille x
C
hers collègues, je crois que nous consiste à lui fournir un indicateur qui
avons un problème d’éthique avec tient compte à la fois du rendement et de
nos clients. Voici. Dans des livres la volatilité.
Le plus pratique selon moi est celui qu’on
de finance, on retrouve l’exemple suivant :
un investisseur place 100 $ en début appelle ratio de Sharpe : plus il est élevé et
d’année et à la fin de la même année, son plus l’investissement a un rendement élevé
100 $ est devenu 200 $ : un gain de 100 %. ou une faible volatilité ou les deux en même
Au début de la deuxième année, il temps. Par exemple, si le ratio de Sharpe du
investit ces 200 $; mais à la fin de celle-ci, marché en général est actuellement à 0,80 et
les 200 $ en question sont réduits à 100 $. celui du portefeuille à 1,10, cela signifie que
Dans cette deuxième année, l’investisseur le portefeuille a une meilleure performance :
a donc subi une perte de 50 % [= (100 $ c’est donc un investissement plus intéressant
- 200 $)/200 $] sur le capital investi. Si que placer son argent dans un fonds passif
on calcule la moyenne des rendements de qui simule l’indice d’un marché boursier
chaque année sur deux ans, on pourrait en particulier.
dire que le gain moyen annuel réalisé est
de 25 % [= (100 % - 50 %)/2]. Ce qui, on
Tableau A
L’effet dépressif de
le sait, ne reflète pas la réalité.
la volatilité sur les
Pourtant, ne sommes-nous pas en train
rendements
de procéder de façon semblable avec nos
clients quand nous leur soumettons, par
exemple sur cinq ans, le rendement annuel
moyen d’un fonds de placement ou d’un
fonds négocié en Bourse ?
Les portefeuilles Y et Z (voir le
tableau A) ont un égal rendement annuel
moyen de 5 % sur 10 ans. Par contre, il y
100
100
a une différence dans la valeur finale des
1
5
105
20
120
deux portefeuilles de 18 $, soit environ
11 % d’écart. D’où vient cette différence ?
2
5
110
-7
112
Du fait que dans le portefeuille Z, le
3
5
116
12
125
rendement au fil des années est en zig4
5
122
-10
112
zag alors que dans le portefeuille Y, il est
5
5
128
22
137
constamment le même. Constatation :
6
5
134
-23
106
plus le rendement évolue en zigzag, moins
7
5
141
28
135
grand est le profit réalisé.
Dans le tableau A, le « zigzag » des ren8
5
148
-3
131
dements individuels est appelé volatilité ou
9
5
155
14
150
écart-type. Quand on dit à un client que
10
5
163
-3
145
le rendement moyen par année est de
5 % au cours des 10 dernières années,
Valeur
Valeur
163 $
145 $
finale de Y
finale de z
on devrait aussi lui parler de la volatilité de ces rendements. C’est la façon
Rendement
rendement
5 %
5 %
moyen de Y
moyen de z
la plus simple, à mon avis, d’informer
Écart-type
Écart-type
l’investisseur correctement. Une
0 %
17 %
de y
de z
façon peut-être plus simple encore
rendement
Les rendements
menacent-ils votre éthique ?
Tableau B
Le calcul du ratio L’asymétrie
de Sharpe est simple : des
(Rendement du por- rendements
tefeuille – Rendement
des bons du Trésor)/
Volatilité des rendements.
La question que vous
voulez maintenant poser
est : Pourquoi le profit
d’un portefeuille baisse
quand la volatilité des
100
rendements est élevée ?
1
10 110
Les manuels répondent :
2 -10 99
ceci est dû à l’asymétrie
3
10 109
entre gains et pertes.
4 -10 98
Le tableau B montre
5
10 108
le résultat de cette asymétrie. En effet, malgré
6 -10 97
un rendement annuel
7
10 107
moyen de 0 % sur dix
8 -10 96
ans, le portefeuille,
9
10 106
initialement à 100 $,
10
-10
95
a perdu 5 $, alors qu’il
aurait dû, en apparence,
conserver sa valeur intégrale.
La volatilité des rendements annuels
(en anglais « risk drag ») affecte le rendement effectif d’un portefeuille selon la
formule suivante : Rg ≈ Ra – ½ ∂ 2.
Période
Charles K. Langford
Rg est le rendement réel (ou
moyenne géométrique)
Ra est le rendement moyen annuel
(ou moyenne arithmétique)
∂ est la volatilité (ou écart-type) des
rendements.
Dans l’exemple du Tableau A, le
véritable rendement du portefeuille Z
est donc, en suivant cette formule :
0,05 – ½ 0,172 = 0,05 – 0,0145 = 0,036
Soit 3,6 % au lieu de 5 %.
Lorsqu’on parle de rendement avec un
client, on devrait mieux définir le terme,
à défaut de quoi le problème éthique
demeure entier.
Charles K. Langford, Ph. D.,
Fellow CSI, est président de
Charles K. Langford Inc., gestion
de portefeuilles, et enseigne la théorie
financière et l’utilisation des dérivés
dans la gestion d’actifs et passif à l’École
des Sciences de la Gestion (UQÀM).
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