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De plus en plus, les décideurs insistent explicitement sur le besoin de faire
davantage participer la société civile à l'exécution des principaux programmes de
développement et de gouvernance en Afrique. On a souligné la valeur de la participation
de la société civile dans le cadre d'initiatives à grande échelle, de consultations et de
forums à tous les niveaux, et dans la réalisation des objectifs, notamment en ce qui
concerne la représentation, la promotion de l'intégration régionale et de la coopération
internationale et le respect des droits de l'homme.
L'adoption de principes de bonne gouvernance est un excellent exemple
d'initiative de développement qui requiert la participation de la société civile. Celle-ci
apparaît de plus en plus comme un élément indispensable pour renforcer l'autonomie de
la population, faire fonctionner l'obligation politique de rendre compte, améliorer la
qualité de la gouvernance et en renforcer le caractère intégrateur.
Ceci est particulièrement important lorsqu’il s’agit de l’éthique et du
professionnalisme, deux valeurs cardinales de la bonne gouvernance. Le rôle de la
société civile sera d’autant plus déterminant qu’il viendra en complément de celui que
l’Etat déploie pour développer ces mêmes valeurs dans la fonction publique.
I. LA SOCIETE CIVILE COMME ACTEUR DE LA PROMOTION DE L’ETHIQUE
ET DU PROFESSIONNALISME
Malgré la diversité et la multiplicité des définitions de la société civile, on peut la
considérer comme un rassemblement volontaire de tous les citoyens conscients,
véritables forces patriotiques, méthodiquement organisées en groupe de pression.
Ceux-ci agissant comme porte-voix des sans voix, se détermineront à contenir les
dérapages politico-administratifs, à contrer les excentricités idéologiques et
dogmatiques, à combattre les exactions militaires, à s’opposer enfin à toutes sortes
d’excès insensés, susceptibles de menacer l’ordre, la paix et la cohésion sociales, ou
bien de freiner le développement harmonieux de la nation.
Ce qui la caractérise véritablement, c’est qu’il s’agit de groupements privés, nés
dans le privé, ayant le statut d’organisations privées, mais chargés des missions
d’intérêt général. On peut donc dire qu’ils ont les pieds dans le privé et la tête dans le
public. Ils forment un pont entre le privé et le public.
L’efficacité de leur action dépend de leur capacité à maintenir cet équilibre ; ces
groupements perdent en effet leur crédibilité lorsqu’ils deviennent des organisations purement
privées, marchandes, commerciales ; mais ils perdent également leur crédibilité lorsqu’ils
deviennent des organisations politiques. Dans les deux hypothèses où ils perdent leur équilibre
privé/public, ils cessent d’être le trait d’union entre les deux secteurs, et ne sont plus les acteurs
efficaces de la promotion de l’éthique et du professionnalisme.