Janvier 2010
France ViewPoint
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©2010, CB Richard Ellis, Inc.
Toutefois, la collecte des fonds ouverts allemands
subit depuis un an maintenant les contrecoups de la
crise financière. Suite à la faillite de Lehman Brothers,
un mouvement de panique a conduit des milliers de
petits épargnants à revendre subitement leurs parts,
par crainte de la crise économique et de
l’effondrement des marchés immobiliers. Ces retraits
massifs ont entraîné à l’automne 2008 la fermeture
de 12 fonds, incapables de répondre à l’afflux de
demandes de remboursement.
La situation semblait s’améliorer depuis, avec le
retour à une collecte positive dès décembre 2008 et
la réouverture depuis le début de l’année de 8 de ces
fonds. Mais en octobre dernier, la collecte globale est
à nouveau redevenue négative. Et en novembre, Axa
Im et Aberdeen ont été contraints de geler à nouveau
leurs fonds Axa Immoselect et Degi International.
Une évolution qui aujourd’hui s’explique moins par
les mouvements de particuliers que par le retrait de
certains institutionnels selon les analystes financiers.
LES FONDS SPECIAUX PRENNENT LE RELAIS
De fait, les fonds ouverts « retail ». semblent subir la
concurrence croissante des « Spezial Funds »auprès
de la clientèle d’investisseurs professionnels. Ces
fonds ont d’ailleurs été particulièrement actifs en
2009 sur le marché de l’investissement immobilier.
Ainsi, en France, sur les 1 380 M€ engagés l’an
passé par des acteurs allemands, les fonds spéciaux
(44 %) ont pesé davantage que les fonds ouverts
traditionnels (41 %).
Moins connus que leurs homologues « grand
public », les « Spezial Funds » sont également des
fonds ouverts mais dédiés exclusivement aux
d’investisseurs institutionnels. Alors que le 1er fonds
ouvert « retail » remonte à 1959, les fonds spéciaux
sont de création récente (1990). Depuis, leur nombre
et le montant de leurs actifs sous gestion n’ont cessé
de progresser, et ce malgré la crise financière et les
dépréciations de patrimoine qui s’en sont suivies.
De fait, en 2007, une importante refonte du statut
des fonds spéciaux est intervenue, leur permettant
de s’affranchir contractuellement de la plupart des
contraintes législatives inhérentes aux fonds ouverts
«retail ». Les gestionnaires d’actifs disposent donc
désormais d’une latitude plus importante pour
définir des fonds taillés « sur-mesure » répondant
aux besoins spécifiques d’une clientèle
institutionnelle.
Ainsi, les fonds spéciaux sont autorisés à s'endetter à
hauteur de 50 % de la valeur totale de leur
patrimoine immobilier. Ils peuvent également
contracter une dette court terme additionnelle à
hauteur de 30 % de la valeur nette de leurs actifs
sous gestion. Enfin, les fonds spéciaux étant de type
ouvert, chaque investisseur est, en principe, en droit
de récupérer ses capitaux à tout moment. Toutefois,
les conditions contractuelles du fonds peuvent
considérablement limiter cette possibilité, jusqu’à ne
spécifier qu’une seule fenêtre de sortie triennale.
Grâce à cette liberté contractuelle accrue, les fonds
spéciaux peuvent développer des stratégies
d’investissement moins prudentielles que les fonds
ouverts « grand public », en jouant notamment d’un
effet de levier supérieur. Car si les fonds ouverts
traditionnels sont réputés pour la sécurité et la
régularité de leurs rendements, ils sont aussi connus
pour la faiblesse de leurs performances, à peine
supérieures au niveau du placement sans risque (de
1 à 4 % de rendement annuel en moyenne long
terme, source : P. Tannembaum, Les fonds
immobiliers).
Quelques contraintes réglementaires subsistent
néanmoins. Les fonds spéciaux doivent être gérés
par un « Kapitalanlagegesellschaft », un gestionnaire
de fonds agréé par un organisme officiel, la BaFin.
Chaque fonds doit disposer d'une banque
dépositaire en Allemagne, qui contrôle que le fonds
est bien géré en accord avec la loi et les dispositions
contractuelles qui ont présidé à sa création. Enfin,
l'accord de la banque dépositaire est nécessaire
préalablement à la conclusion d'un crédit ou à la
vente d'un immeuble.
Fonds spéciaux : nombre et valeur des actifs
sous gestion
0
5
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15
20
25
30
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Fév. 2009
en Md €
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40
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140
Valeur des actifs Nombre de fonds
Source : BVI