La France et l`Europe en 1815 L`Europe des peuples et l`affirmation

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Collège Saint-Grégoire, Tours (37)
2012 - 2013
La France et l’Europe en 1815
L’Europe des peuples et l’affirmation du sentiment national :
Comment les artistes mettent-ils en scène le sentiment national
ou Comment Goya témoigne-t-il de l’affirmation nationale
espagnole ?
Blanchard Oscar 4ème Orange
Hay Guillaume 4ème Orange
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SOMMAIRE :
Introduction
p. 3
I - Goya glorifie la résistance espagnole
p. 4
II - Le sentiment national allemand par Fichte
p. 7
III - Delacroix soutient l’indépendance grecque
p. 8
Conclusion
p. 11
Bibliographie
p. 12
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INTRODUCTION :
Dès la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle, de nombreux artistes
(peintres, écrivains, philosophes…) se sont impliqués dans les débats politiques des
grandes nations qui constituaient alors l’Europe. En France, en Espagne, en
Allemagne, un sentiment nationaliste fort va monter lors de l’invasion de ces pays par
les armées françaises de l’Empereur Napoléon Ier.
Au lendemain de la Révolution française, à partir de 1792, la France révolutionnaire
« entre en guerre contre l’Europe des monarques ».
Il s’agit de diffuser les idées révolutionnaires « Liberté », « Egalité » parmi les
peuples d’Europe.
En 1799, Napoléon arrive au pouvoir lors d’un coup d’Etat, et met fin à la Révolution.
Il devient empereur en décembre 1804 et ses envies d’expansion vont le pousser à
envahir l’Espagne, l’Allemagne et les autres pays Européens.
Les armées de l’Empereur, d’abord perçues comme une armée de libération apportant
les idées et principes révolutionnaires, se transforment en armées d’occupation et la
domination devient oppression. Les nations « occupées » vont alors lutter pour leur
indépendance. Les peuples de ces nations vont se rebeller.
Tel est le cas dès 1808 en Espagne : le peuple espagnol s’unit contre l’oppresseur
français instaurant ainsi un fort sentiment national. C’est Francisco Goya qui, en
1814, illustrera à travers deux peintures cette résistance espagnole (I).
En 1807, en Allemagne, après la défaite d’Iéna, et alors que Berlin est envahie et
occupée par les troupes napoléoniennes, c’est Johan Gottlieb Fichte qui s’adresse au
peuple allemand, tentant de réveiller un sentiment national (II).
Quelques années plus tard, de 1821 à 1830, c’est au tour des Grecs de se révolter et
d’obtenir leur indépendance de l’Empire Ottoman, et Eugène Delacroix peindra le
massacre de la population de l’île de Scio par les Ottomans pendant la guerre
d’indépendance grecque (III).
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I – Goya glorifie la résistance espagnole
1 – Le contexte historique
Les armées françaises sont présentes en Espagne pour lutter contre le Portugal.
Ferdinand, infant d’Espagne en profite et réalise un coup d’Etat contre son père
Charles IV, roi d’Espagne depuis 1788.
Ferdinand devient le roi Ferdinand VII et prend le pouvoir.
Charles IV demande alors à Napoléon d’intervenir. Celui-ci veut profiter de la
situation, et mettre la main sur l’Espagne.
En même temps, à Madrid, des rumeurs circulent et affirment que la famille royale
espagnole est retenue comme otage par l’Empereur Napoléon à Bayonne.
Le 2 mai 1808, craignant l’enlèvement de l’infant espagnol par la France, la
population madrilène se soulève contre les troupes françaises.
Au même moment, Ferdinand VII et Charles IV se disputent toujours le trône
d’Espagne devant Napoléon.
Le 3 mai 1808 la révolte est écrasée par les forces armées françaises commandées par
le maréchal Murat. Les représailles sont terribles : rebelles et innocents sont
immédiatement exécutés par les soldats français.
Napoléon, quant à lui, poursuit son objectif : il oblige les deux rois à abdiquer et offre
la couronne d’Espagne à son frère, Joseph Bonaparte, homme politique et diplomate,
qui prend le nom de Joseph-Napoléon 1er.
Cette décision a été lourde de conséquences pour la France, puisqu’elle est le point de
départ de la guerre d’indépendance espagnole, qui durera jusqu’en 1814 et qui fut
marquée par la défaite des Français.
Le peintre espagnol, Francisco Goya, traite de cette révolte dans deux célèbres
tableaux, le Dos de Mayo et le Tres de Mayo, aujourd’hui exposés au Musée du Prado
à Madrid.
2 – L’auteur : Francisco Goya
Francisco Goya est né le 30 mars 1746 à Fuendetodos près de Saragosse. Il est mort
en 1828 à Bordeaux.
Le 25 juin 1786, il est nommé peintre du Roi d’Espagne, il le restera jusqu’à
l’invasion française en 1808.
Grand admirateur de l’esprit des Lumières, il se rattache au courant artistique du
romantisme. On retrouve dans ses tableaux les principales caractéristiques de ce
courant : la reproduction des émotions sur les visages, ainsi que les sentiments,
l’utilisation des jeux de lumières, le mouvement.
Goya n’a pas assisté directement aux événements qu’il peint, mais il a été fortement
marqué par l’horreur et la barbarie de la répression, les exécutions en pleine rue des
rebelles et même d’innocents.
Ces deux tableaux permettront à Goya de rester encore quelques années en Espagne,
avant de s’exiler pour la France, à Bordeaux où il finira ces jours, le 16 avril 1828.
Mais le roi, Ferdinand VII cachera ces tableaux : il ne peut mettre en évidence des
œuvres qui glorifient la révolte populaire pour la liberté.
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3 - Analyse des peintures
Francisco Goya, alors peintre officiel de la Cour d’Espagne depuis 1786, ne
reproduira les événements des 2 et 3 mai 1808 que 6 ans plus tard à travers deux
tableaux, El Dos de Mayo (le 2 mai) et El Tres de Mayo (le 3 mai), répondant ainsi à
une commande du roi, Ferdinand VII, rétabli sur le trône d’Espagne, après le départ
en exil de Joseph Bonaparte.
Goya peint donc ces deux tableaux en 1814 alors que le roi Ferdinand VII est rétabli
sur le trône et que les troupes françaises ont évacué le pays.
-
Dos de Mayo :
Huile sur toile, 266 x 345 cm, Musée du Prado, Madrid, 1814.
Source : www.lankaart.org/article-goya-el-dos-de-mayo
Goya peint ici une mêlée et l’on ne sait pas qui tue qui, qui est qui. Sur les visages, on
voit
des
traces
de
sauvagerie,
des
regards
haineux.
C’est le chaos qui domine ce tableau, le désordre. Son intention est de montrer
l’horreur de la guerre.
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-
Tres de Mayo :
Huile sur toile, 266 x 345 cm, Musée du Prado, Madrid, 1814.
Source : www5.ac-lille.fr/~clgflandres/HIDA/4HDA-Hist07-GOYA-TresdeMayo.pdf
Dans cette peinture plus célèbre, Goya montre un peuple qui en s’élevant contre
l’ennemi s’unit, se soude donnant naissance à une nation.
Goya rend ici hommage aux victimes de la révolte / peinture d’histoire engagée.
Le Tres de Mayo décrit la répression française contre les insurgés madrilènes, le 3
mai 1808.
Dans la partie gauche du tableau, des cadavres jonchent le sol, alors que d’autres
hommes attendent d’être fusillés par des soldats français, ou sont poussés vers le
peloton
d’exécution.
On voit sur le visage de ces hommes, alors qu’ils sont face à la mort, bien sur la peur,
le désespoir, mais également et surtout le courage.
De dos, les soldats français qui ne montrent aucun sentiment, par opposition.
Un jeu d’ombres et de lumières met en évidence deux parties distinctes : d’un côté des
révoltés espagnols à gauche du tableau, de l’autre les soldats français (à droite).
Goya peint le courage à travers le personnage central des révoltés espagnols,
représenté par des couleurs claires, il est aussi en pleine lumière.
Pour les soldats français, on ne voit pas leur visage, ils sont dans l’ombre.
Goya souhaite montrer que l’Espagne est une nation fière, unie et solidaire face à
l’oppression d’un empereur étranger, Napoléon.
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Le sentiment national espagnol est né pendant l’occupation napoléonienne.
D’autres révoltes ont également éclaté dans l’Europe opprimée par les armées
françaises.
II – Le sentiment national allemand par Fichte
1 – Le contexte historique
À la veille de la Révolution française, c’est la dynastie Habsbourg-Lorraine qui règne
sur l’Allemagne. François Ier, Joseph II, Léopold II et François II sont les Empereurs
germaniques jusqu’en 1806.
Le 26 août 1806, la quatrième coalition, constituée de la Prusse, de la Russie et de
l’Angleterre, lance un ultilmatum à Napoléon et exige le retrait des armées françaises
au-delà des rives du Rhin.
L’Empereur réagit immédiatement et écrase l’armée prussienne à Iéna le 14 octobre
1806, puis entre dans Berlin en triomphateur le 27 octobre.
Dès le lendemain de sa victoire, Napoléon fait jurer aux officiers prussiens qui sont
ses prisonniers de ne plus prendre les armes contre lui. À la signature de l’armistice,
la Prusse perd la moitié de son territoire, perdant ainsi plusieurs millions d’habitants.
Elle doit également payer à la France une très grosse indemnité de guerre.
Cette défaite écrasante et humiliante va donner naissance à un très fort mouvement de
nationalisme allemand.
Johann Gottlieb Fichte, philosophe allemand s’adresse alors au peuple allemand dans
le cadre de conférences qu’il donne à Berlin, pendant l’occupation napoléonienne, le
13 décembre 1807, au lendemain de la défaite de Iéna. Ses discours essaient d’éveiller
un sentiment national parmi le peuple allemand.
2 – L’auteur : Johann Gottlieb Fichte
Johann Gottlieb Fichte est né le 19 mai 1762 à Rammenau en Lusace, et il est mort le
27 janvier 1814 à Berlin, d’une épidémie apportée par la guerre. Il descend d'une
famille suédoise, établie en Allemagne pendant la guerre de Trente Ans.
D’origine modeste, il découvre par hasard la philosophie et devient l’un des
philosophes allemands les plus célèbres du XIXème siècle.
Il poursuit aussi des études de théologie à Iéna et découvre la philosophie. Fichte
devient en 1793 professeur de philosophie à Iéna. Ces cours deviennent très vite
célèbres. En même temps qu’il enseigne, il écrit.
Ses principaux écrits ont pour sujet la politique de l’Europe du début du XIXème
siècle. Il publie en 1793 « Demande aux princes en restitution de la liberté de
penser », et en 1794, « Contributions pour rectifier le jugement du public sur la
révolution française ».
En 1799, accusé d’athéisme, c’est-à-dire de plus croire en rien, il doit démissionner et
quitter Iéna. Il enseigne alors à Berlin où il devient recteur de l’université. Et c’est à
Berlin qu’il prononce ces « Discours à la Nation allemande », lors de l’invasion de la
Prusse par les armées françaises. Ces discours sont destinés à renforcer le sentiment
national allemand face à l’envahisseur napoléonien.
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3 – Analyse de l’œuvre
Dès 1789, Johann Gottlieb Fichte demande une place de prédicateur auprès des
armées françaises et pense s'installer en France. Fichte prend part aux débats
concernant la révolution française dans les années 1793-1794 où seront publiés :
« Demande aux princes en restitution de la liberté de penser » et « Contributions pour
rectifier le jugement du public sur la Révolution française ».
Alors que Fichte est prêt à combattre contre ses compatriotes allemands pour la
République française issue de la Révolution, il change de position en 1806 avec les
guerres napoléoniennes, car il estime que la France n'apporte plus la liberté mais la
tyrannie.
Et c’est lors de l'invasion des Français en Prusse qu’il prononce ses « Discours à la
nation allemande », en 1807. Il souhaite ranimer l'esprit du peuple allemand contre la
France.
Pour Fichte, le peuple allemand doit s’unifier autour de la langue allemande, qui est
celle de ce peuple depuis l’Antiquité. Il invite les Allemands à lutter afin que leurs
traditions, leur langue et leur culture demeurent. Il les encourage à combattre la
France, affirmant ainsi le sentiment national allemand.
Johann Gottlieb Fichte, en guerre contre ses compatriotes pendant la première partie
de sa vie, redevient nationaliste en 1806, lorsque Napoléon envahit la Prusse.
III – Delacroix soutient l’indépendance grecque
1 – Le contexte historique
En France, Charles X, alors Roi, remet en cause les acquis de la Révolution française
et c’est à nouveau la révolution à Paris. Les Bourbons sont alors renversés en 1830.
Louis Philippe Ier, le duc d’Orléans, devient Roi des Français, le 9 août 1830. La
monarchie bourgeoise de Juillet débute.
En Grèce, à la même époque, c’est la guerre d’indépendance grecque ou Révolution
grecque contre l’Empire ottoman (1821-1830).
Grâce à ce conflit, les Grecs, soutenus par les grandes puissances (France, RoyaumeUni, Russie) vont obtenir leur indépendance par rapport à l’Empire ottoman.
Après plusieurs combats où s’affrontent Ottomans et Grecs et plusieurs victoires des
Grecs dans la région du Péloponnèse, est proclamée l’indépendance de la Grèce, le 1er
janvier 1822, à Épidaure. Les Ottomans répondent alors par le massacre violent de la
population grecque dans plusieurs régions.
Pendant le conflit, les Grecs ont ému les intellectuels européens, peintres, écrivains,
qui ont soutenu ce mouvement d’indépendance nationale. Ils reçurent aussi l’aide de
volontaires étrangers.
Certaines peintures d’Eugène Delacroix manifestent ce soutien aux Grecs. C’est le cas
de son tableau « Scènes des massacres de Scio » qui illustre le massacre de la
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population de cette île par l’armée turque en riposte à la proclamation d’indépendance
grecque de 1822.
2 – L’auteur : Ferdinand Victor Eugène Delacroix
Ferdinand Victor Eugène Delacroix est né en 1798 à Charenton Saint Maurice en
Seine et il est mort en 1863 à Paris.
Le mystère de sa naissance n’a jamais été percé, il serait le fils de Talleyrand, ministre
de Louis XVI.
Il a joué du violon toute sa vie mais c’est par la peinture qu’il a connu la postérité.
C’est un peintre majeur du romantisme qui apparut au début du XIXème siècle en
France. Le romantisme est un mouvement artistique né en Grande-Bretagne au début
du XIXème siècle. Il s’est développé en France, en réaction au classicisme des années
antérieures. Il désigne un art où l’imagination et la sensibilité prédominent sur toutes
facultés de l’esprit.
Delacroix, comme d’autres artistes, s’enflamme pour la cause grecque. Et il participe
au mouvement de soutien à travers ses peintures. En 1824, il peint « Scène des
massacres de Scio », s’inspirant d’événements qui se sont déroulés en avril et mai
1822, sur l’une des îles les plus riches de la mer Égée. La population de cette île a été
massacrée ou réduite en esclavage par les Ottomans.
Cela a fait naître une très grande émotion à travers toute l’Europe.
3 – Analyse du tableau
Eugène Delacroix a peint ce tableau en 1824, illustrant le massacre de la population
de l’île de Scio par l’armée turque en 1822.
Il s’agit d’une huile sur toile, 419 x354 cm, exposée aujourd’hui au Musée du Louvre,
à Paris.
Au premier plan du tableau, on voit des personnages occupant tout l’espace. Les
victimes et leurs bourreaux sont mélangés. Il y a des corps massacrés. On remarque
une vieille femme assise, une femme morte aussi, et une femme et son enfant couché
sur elle. De l’autre côté, il y a deux enfants qui s’embrassent. Il y a également deux
couples qui s’enlacent, attendant la mort.
A droite, un soldat turc avec un turban sur la tête, montant un cheval les regarde d’un
air victorieux et méchant. Il emporte sur son cheval une femme, une victime presque
nue.
Au fond du tableau, on aperçoit des soldats turcs qui continuent à tuer ; on voit aussi
de la fumée, ce sont des maisons qui brûlent ou peut être des corps.
Il y a à la fois de la lumière, de la violence, et du désespoir dans ce tableau.
Delacroix dénonce ici les horreurs de la guerre, il souhaite provoquer l’émotion
devant ces massacres.
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Les Massacres de Scio - 1827
Scènes des massacres de Scio ; familles grecques attendant la mort ou l'esclavage
Huile sur toile 419 x 354
Source : www.ac-grenoble.fr/disciplines/lettres/podcast/sequences/romantisme
Se passionnant pour l’avenir de la Grèce, Eugène Delacroix va passer plusieurs
années de sa vie à peindre des scènes de cette guerre d’indépendance.
En 1826, il peint « La Grèce sur les ruines de Missolonghi », qui représente la Grèce
pleurant sur les ruines de cette ville, détruite par les Turcs.
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CONCLUSION :
Le sentiment national est le sentiment d’appartenir à une nation, c’est-à-dire à un
peuple uni par une culture commune et par la volonté de vivre ensemble sur un même
territoire.
Ce sentiment a animé les Espagnols, les Allemands, les Grecs.
On parle aussi maintenant d’identité nationale, qui désigne les points communs entre
des individus d’une même nation.
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BIBLIOGRAPHIE :
www.francisgoya.net
www.spainisculture.com
fr.vikidia.org/wiki/Guerre_d’independance_espagnole
Goya : Peintures, Editions Imprimerie Nationale
Goya, de RoseMarie Hagen et Rainer Hagen, Editions Taschen
fr.wikipedia.org/wiki/Eugène_Delacroix_et_la_peinture d’histoire
www.histoiredumonde.net/Bataille-d-Iena.html
www.louvre.fr/œuvre-notices
Notice d’œuvre, texte de Vincent Pomarède, Louvre.edu.1999
www.histoire-image.org
fr.wikipedia.org/wiki/Johann_Gottlieb_Fichte
www.grandspeintres.com
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