CAFÉ DÉCROISSANCE Par François Vion, objecteur de croissance
FINANCES SOLIDAIRES Par Véronique Branger, chargée de mission à l’Apeas
LA DYNAMO | AVRIL 2007
ENSEMBLE FAISONS SOCIÉTÉ
LA DYNAMO | AVRIL 2007
MAL DE TERRE
Trois organisations sont à l’origine de Fineurosol :
RFA (Réseau de financement alternatif - Belgique),
Febea (Fédération européenne des banques
éthiques et alternatives) et Finansol (France).
Pourquoi et comment vous êtes-vous rapprochés ?
Les organisations se connaissaient. J’étais moi-même
président de deux des organisations : Finansol et
Febea. Et Finansol était en relation avec RFA, comme
elles sont toutes les deux des collectifs représentant
le secteur de l’épargne et des finances solidaires dans
leur pays.
L’ensemble de ces organisations voulaient travailler sur
l’idée d’un label. Finansol est actuellement le seul label
de produits d’épargne solidaire. Les belges pensaient à
cette question et Febea, de par son objet même qui est
de réunir les institutions financières européennes qui
financent l’économie sociale et solidaire, demandait
un label européen. Nous avons tout naturellement
travaillé ensemble !
Fineurosol, qu’est-ce que c’est ?
Fineurosol, c’est un label européen pour les produits
financiers solidaires qui garantissent aux investisseurs
et aux épargnants une transparence et de la solidarité.
Le label joue à deux niveaux. A la fois au niveau national
où chacun devra pouvoir bénéficier du label pour
donner confiance aux épargnants et pour négocier
avec son gouvernement des avantages fiscaux sur les
produits. Et au niveau européen, nous souhaitons une
reconnaissance de la finance solidaire par le Parlement
européen.
Comment vous êtes-vous harmonisés sur une
définition et des critères d’un label commun ?
En Europe, on n’applique pas forcément la même
conception ni les mêmes termes pour désigner les
mêmes notions. En France, en Belgique et en Espagne,
c’est le « solidaire » qui prime. Chez les anglosaxons,
on parle plus d’éthique. Nous voulons associer
l’approche sociale et solidaire et l’approche éthique
du développement durable. C’est un pari ambitieux et
difficile !
Pour en arriver là, le comité de pilotage, composé des
trois secrétaires généraux des organisations initiatrices
et de sept banques et sociétés financières issues de
la Febea, a échangé sur les pratiques des uns et des
autres, les approches différentes. Au bout d’un an, le
travail de consensus a abouti à une vision commune.
Mais l’harmonisation et le compromis ne signifient
pas le diktat d’une vision sur les autres ! Dans certains
pays, la notion même de label est inconnue, comme en
Pologne. Nous serons particulièrement vigilants à ne
pas faire d’impérialisme français.
Où en est-on maintenant et quelles sont les
prochaines étapes du projet ?
Le 11 décembre 2006, a été présenté le travail de
l’année dernière. Maintenant, il faut que les instances
décisionnaires des trois organisations acceptent
formellement les propositions, ce qui
ne posera pas de problème majeur.
Nous pouvons espérer que Fineurosol
démarre en 2008 ! D’ici là, le travail à
faire est important. Par exemple, dans
quel pays va-t-on domicilier le projet ?
Mais surtout des questions de fond vont
se poser : doit-il y avoir un label national
qui co-existe avec Fineurosol ? Est-ce
qu’il y aura une structure ou juste une
propriété de nom pour le label ?
De plus, ce chantier est mené en parallèle du projet
piloté par la Banca Etica, de créer un observatoire sous
l’égide de Febea pour collecter des informations sur
toutes les structures juridiques qui existent au sein de
Febea afin de créer une forme juridique européenne
commune, spécifique aux finances solidaires.
Un label pour les produits et une structure financière
: une actualité européenne forte pour les produits
d’épargne et des finances solidaires !
NAISSANCE DE FINEUROSOL
LES FINANCES SOLIDAIRES GAGNENT L’EUROPE
A
l’heure où tous les
politiques tirent à
eux la couverture
environnementaliste,
rien ne bouge et le ciel devient
rouge...
Les médias, surtout en France,
jouent le jeu du périssable,
l’information brille et passe.
Ce n’est plus aujourd’hui être
alarmiste que de tirer la sonnette
d’alarme, mais retardataire un
tant soit peu clairvoyant. Il est
surtout navrant de constater
que même la sonnette tirée, la
poignée nous reste dans la main
et le train poursuit sa course folle.
Désolé M. Stern, votre rapport restera lettre morte tant
que les politiques feront le jeu des lobbies.
« Pour arrêter l’augmentation du CO2 dans
l’atmosphère, il faudrait revenir au niveau de 1935.
Or l’objectif des accords de Kyoto est de le réduire de
6%, c’est à dire au niveau de 1990. Et même cela est
loin d’être acquis... » Cette citation est tirée du livre de
Hubert Reeves, Mal de Terre, un livre indispensable qui
devrait être au programme de toutes les écoles, un
livre clair et simple, riche d’informations, de réflexions,
de chiffres, de graphiques éloquents. Voici en vrac
quelques informations que l’on peut y trouver :
- L’énergie que la Terre reçoit du soleil est 10 000 fois
supérieure à la consommation énergétique mondiale.
- 15% des humains consomment 80% des ressources
naturelles.
- Les émissions de CO2 sont passées de 2 milliards de
tonnes en 1955 à 7 milliards de tonnes en 2005.
- L’épaisseur de la banquise Nord à diminué par
endroits de 40%.
- Le nombre de cyclones et inondations par an est
passé de 20 en 1950 à 90 en 1990.
- En Méditerranée les bourgeons s’ouvrent 16 jours
plus tôt et les feuilles tombent 13 jours plus tard qu’il y
a cinquante ans.
- Les dix années les plus chaudes depuis 1867, date des
premiers relevés, sont postérieures à 1980.
- Le taux d’extinction des espèces vivantes est mille fois
plus élevée qu’avant l’ère industrielle: 27000 espèces
disparaissent chaque année (E.O.Wilson, biologiste,
Harvard University).
- 50% des tortues, 30% des amphibiens, 25% des
mammifères et 12% des oiseaux sont menacés de
disparition (PNUE).
Ajoutons à cela que l’hiver 2006-2007 a été le plus
chaud depuis 1867 et qu’au centre du Sénégal les pluies
ont diminué de moitié depuis 1950. Un enfant meurt
toutes les 15 secondes du manque d’eau potable. En
2025 ce seront cinq milliards d’hommes qui souffriront
de la pollution de l’eau.
Et nous tirons la chasse sur ces informations : nous ne
buvons que 1% de notre eau potable.
Cela dit je ne veux pas faire le jeu de l’Ademe dont la
politique de désinformation est de faire culpabiliser
le citoyen. Bien sûr que c’est idiot de laisser couler
le robinet lorsqu’on se brosse les dents, de laisser
les lumières allumées et les appareils en veille ! Mais
c’est dans un certain sens de la poudre aux yeux, de la
dissimulation. Lorsqu’on connaît la position de l’Ademe
en matière d’incinération des déchets, on se pose des
questions sur leurs rapports à l’industrie...
Devinette « Mal de Terre » : « qui utilise 70% des
réserves d’eau douce et produit 80% de la pollution
mondiale ?... » Non, ce ne sont pas les Américains...
ni même l’industrie... mais bien l’agriculture, la sacro-
sainte, à la fois protégée et asservie par la Politique
Agricole Commune et autres lobbies mondiaux. Elle
qui produit 60% des céréales mondiales pour nourrir
les animaux d’élevage, qui ouvre les bras aux OGM, qui
assèche l’eau des rivières et des nappes phréatiques
et les empoisonne par ailleurs. Qu’on lève un peu ce
tabou social ! A côté de lui, l’épandage de lisier sent
l’eau de rose...
Saluons pour finir le chapitre du livre de Reeves intitulé
« Les animaux, nos frères » qui prouve qu’un esprit
sage ne limite pas le bien-être à sa propre famille. Il cite
entre autres Kant (1724-1804): « La cruauté envers les
bêtes est la violation d’un devoir de l’homme envers
lui-même ».
Jean-Paul Vigier (photo) est président de Febea, ancien président de Finansol.
Il fait partie des pionniers des finances solidaires.
l’harmonisation et le
compromis ne signifient pas le
diktat d’une vision sur les autres !
www.fineurosol.org
POUR EN SAVOIR PLUS
Mal de Terre
Hubert Reeves et Fréderic Lenoir
Seuil 2003
A LIRE
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