Le courant alternatif traverse le Sud en continu AVRIL 2007

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Le courant alternatif traverse le Sud en continu
AVRIL 2007
p. 6-7
Une autre économie
de l’art de la culture
actu
Election présidentielle
Environ 44,5 millions d’inscrits qui vont voter POUR mais, pour la gauche,
plutôt CONTRE.
Merci à la candidature unique anti-libérale et à cette démocratie
d’opinion...
POUR EN SAVOIR PLUS
www.medias-solidaires.net
Services publics
Malgré l’interdiction du tribunal administratif du 18 février 2007, l’incinérateur
de Lunel Viel, dans l’Hérault, a repris du service grâce au Préfet, continuité du
service public oblige.
L’Incinération envers et contre tout...
Libéralisme
Le volume des fusions-acquisitions dans le monde a atteint 670 milliards
d’euros au premier trimestre 2007 principalement dans les secteurs de
l’énergie, de l’immobilier et de la finance.
Près de 100 milliards d’euros de profits pour les entreprises du CAC 40 en
2006.
Vivement qu’il n’en reste plus qu’un !
946 Milliardaires dans le monde
153 nouveaux membres, contre 102 nouveaux l’an dernier.
Fusions-acquisitions à qui le tour...
Numéraux spéciaux
Ces 08 surtaxés prolifèrent en l’absence de décret indiquant la liste des services
sociaux mettant à disposition des numéros gratuits depuis des postes fixes ou
mobiles. Le faux appel local se multiplie : Anpe, Assédics, CAF, hôpitaux... un
marché évalué à 2 milliards d’euro...
Déréglementation égale inflation...
L
e collectif Médias Solidaires a organisé sa première
projection publique le 3 avril dernier. Nous avions
pensé à un lieu d’une dimension sans prétention
(120 places) pour cet événement sur lequel nous
avons peu communiqué (par mail uniquement). On peut
donc parler d’un petit succès puisque le Daki-Ling (quartier
Noailles à Marseille) a été vite rempli et tout le monde n’a pas
pu entrer !
Ce collectif est né d’une suite de rencontres informelles
depuis un an entre médias locaux associatifs. On y croise
des structures du monde de la vidéo (comme les équipes de
Airelles, ProtisTV, Primitivi, Tabasco Vidéo, Moteur! ...), support
à l’honneur pour cette soirée, mais aussi des représentants
de la presse écrite (le Ravi, Marseille la Cité, La Dynamo...),
de la radio et du web. Ce réseau, qui échange des points de
vues sur la situation du secteur, a une action pragmatique :
−collecter et donner de la visibilité à des productions existantes,
−diffuser celles-ci sur le web et à travers des événements
vivants.
On peut donc s’enthousiasmer sur le fait que le monologue
incessant et un brin consumériste de la télévision ne suffit
pas encore à nourrir la curiosité de tous. Certes, la dimension
interactive de
la soirée n’était
pas
centrale.
Il n’y a eu que
des projections
ponctuées
de
petites
inter ventions
pendant
trois
heures (et d’une délicieuse soupe bolivienne préparée par
Envisages). Mais cette rencontre était un test, qui a permis
de faire connaissance entre nous et avec le public, face à
une télé chilienne filmant les coups de revolver contre les
blindés de la police, des manifestants de RESF déterminés à
empêcher l’expulsion par avion d’une personne sans papiers,
des Enfants de Don Quichotte défiant la tête haute le mode
de vie centraixois et l’attitude lamentable et ridicule de sa
mairie, une princesse des rues qui m’a convaincu en 5mn que
l’incinérateur de Fos sur Mer était une absurdité (je n’en étais
pas sûr alors)...
La prochaine projection je l’imagine plus ouverte sur les autres
médias, plus conviviale (espaces de discussions, expos...) dans
un lieu pouvant proposer plusieurs choses en simultané...
Olivier Gomel
[email protected] - www.vibriss.org
CO2
Une tonne de CO2 à 1€30 en mars 2007, conséquence d’un marché excédentaire
entre 2005 et 2007, dû à la distribution généreuse des quotas d’émissions par
rapport aux émissions effectives de CO2.
Sûrement le principe du gagnant gagnant...
Agriculture
La tonne de pommes de terre à 300 € soit deux fois plus que l’an passé et dix
fois plus qu’en 2003.
Réchauffement climatique, à qui le tour...
Identifiant santé
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a préservé
la protection des données personnelles de santé en proposant un identifiant
santé par anonymisation du numéro de sécu.
Vive les autorités administratives indépendantes !
Steak house effect
Les restaurants Buffalo Grill ont réalisé un bénéfice net de 18,2 millions
d’euros, soit un résultat en hausse de 80,3%. Produire un kg de boeuf conduit
à l’émission de 4 kg équivalent carbone (source : www.manicore.com/
documentation/serre/lutte_individuelle.html).
Les Français ont la mémoire courte, la canicule était en 2002...
Fabrice Sanchez •[email protected]
EDITO
D
Pour qu’ensemble nous fassions société, ensemble, reconstruisons l’APEAS
ébut des années 80, j’étais membre de plusieurs
structures qui allaient composer le REAS, à
PANTIN.
Je suis resté en contact avec le réseau bien
qu’au printemps 86 je sois venu vivre et travailler dans cette
Provence où est née l’APEAS, de la volonté d’une poignée
de militantes et de militants acharnés et convaincus d’une
économie alternative et solidaire toute balbutiante. {…}
Je n’ai pas participé à cette création estimant une nouvelle fois
que la structuration pyramidale du réseau, en se constituant
du haut vers le bas et non du bas vers le haut, ne faciliterait
pas l’enracinement des idées novatrices dont le mouvement
était porteur. Je dois bien reconnaître que si l’APEAS n’avait
pas vu le jour il y a plus de dix ans maintenant les idées et
valeurs dont elle était porteuse n’auraient pas irrigué de
manière aussi significative notre territoire régional. {…}
Les efforts de tous et de chacun des adhérents, des salariés ou
administrateurs commencent vraiment à porter leurs fruits
et il faut impérativement préserver les acquits et tisser notre
toile régionale : en s’appuyant sur nos propres outils, sur ceux
de nos partenaires, sur ceux que le Conseil Régional PACA a
mis à disposition de l’Economie Sociale et Solidaire avec le
concours étroit des acteurs du mouvement en général et de
l’APEAS en particulier.
Nous devons nous mobiliser par des actes forts montrant
notre attachement : à sauvegarder ce qui a été fait, à
préserver les outils existants, à tester et valider les nouveaux
(PROGRESS,…..), à en imaginer et co-construire de
nouveaux.
Mais on le sait bien, « On ne prête qu’aux riches », et au-delà
de la richesse et de la pertinence de nos valeurs, rassemblons
les quelques dizaines de milliers d’euros dont nous avons
besoin pour : garder notre indépendance, seule garantie
d’une action pérenne, continuer notre enracinement sur les
pays et agglomérations, imposer une véritable démocratie
économie à tous ceux qui nous gouvernent, et quel que soit
l’échelon de cette gouvernance.
AGIR et non SUBIR, AVANCER et non RECULER, c’est le
moment….
La période est propice pour nous manifester collectivement,
bousculer les habitudes, et surtout « Ensemble faire
société ».
Sur la base de la charte des acteurs de l’économie solidaire,
participez à la reconstruction de l’APEAS, par votre adhésion
individuelle ou collective, par l’utilisation de nos services, la
diffusion de nos supports et outils.
Contactez-nous et rejoignez-nous sans attendre.
(le texte complet sur www.apeas.fr)
Bernard Gillet
Co-président de l’Apeas
Ces photos sont tirées d’ateliers artistiques et de projets pluridisciplinaires de la petite enfance jusqu’à l’âge adulte menés par
l’association Tatem. Voir l’interview de Violaine Daamache p.7 - Contacts : [email protected] - www.tatem.fr
TATEM - Ateliers et expo «Les Ptits Surréalistes», au Centre Social Airbel, Marseille, 2006
E N S E M B L E FA I S O N S S O C I É T É
CONSOMMATION RESPONSABLE
Par Marc Alphandéry, membre d’Alliance Provence
Pesticides : la Machine infernale
U
n livre à ne pas manquer.
Il est cosigné par Fabrice
Nicolino, collaborateur
du magazine Terre
Sauvage et François Veillerette,
président du Mouvement pour les
droits et le respect des générations
futures.
C’est un livre explosif, percutant,
et passionnant. Il se lit d’une seule
traite. Et surtout il nous concerne
tous. Car c’est de notre santé et de
l’environnement dont il s’agit.
Les citoyens sont grugés, les
agriculteurs aussi. Sous couvert
de nombreux organismes de
contrôle (commission d’étude de la toxicité, comité
d’homologation, AFFSSA, autorisation de mise sur le
marché), la France est le premier utilisateur européen
de pesticides et le troisième mondial ; les procédures
de contrôle des pesticides sont une vaste supercherie.
Les pesticides se retrouvent partout : dans les aliments,
dans l’eau, dans les eaux de pluie, dans l’air, dans vos
maisons. Ils sont souvent très toxiques.
Les auteurs nous montrent clairement la collusion
directe entre l’industrie des pesticides, l’administration
publique française et la FNSEA et cela depuis 1945 ;
avec le ministère de l’agriculture bien sur, mais aussi
l’INRA, Car l’enjeu économique se chiffre en milliards
d’euros.
Les pesticides se retrouvent
partout : dans les aliments, dans
l’eau, dans les eaux de pluie, dans
l’air, dans vos maisons. Ils sont
souvent très toxiques.
Le scandale des pesticides rappelle celui de l’amiante.
Les auteurs rappellent que certains scientifiques
avaient mis en garde dès 1970 les pouvoirs publics
sur les risques encourus par les personnes exposés
à l’amiante. Il a fallu près de 30 ans pour en interdire
totalement l’utilisation. Soit le temps de latence moyen
d’un cancer. Des centaines de milliers de gens en sont
morts.
Et l’histoire se renouvelle avec le Gaucho et le Régent,
qui ont contribué à décimer des millions d’abeilles.
Des centaines d’études ont été menées sur les
Eco-citoyenneté
[email protected]
pesticides par des scientifiques renommés. Pour n’en
citer que quelques-uns : le professeur Belpomme,
célèbre cancérologue, le professeur Narbonne,
éminent toxicologue, le professeur Séralini, spécialiste
en biologie moléculaire.
Ces études démontrent notamment l’impact des
pesticides sur notre santé : ils sont des agents actifs
dans le développement des cancers, dans les anomalies
congénitales, dans la reproduction perturbée, dans les
troubles neurologiques et cognitifs et enfin dans les
dysfonctionnement immunitaires.
Peu importe, l’État ne recule devant rien pour défendre
le pouvoir industriel. Il met ces études au placard en
dénigrant ses auteurs
Alors concluent Fabrice Nicolino et François Veillerette,
il faut agir vite contre cette machine infernale des
pesticides qui a pris les rênes de notre agriculture
depuis près de 60 ans avec la complicité des lobbies
industriels et des pouvoirs publics.
A LIRE
Pesticides, révélations sur un scandale français;
Fabrice Nicolino et François Veillerette,
Fayard – Paris, février 2007
www.pesticides-lelivre.com
Par Véronique Pomiès, chargée de communication
Comment promouvoir les comportements éco-citoyens ?
De la communication à la communication engageante
[email protected]
Robert-Vincent Jouve (photo) était le 3 avril dernier, l’invité des mardis de l’université de Provence, en tant que directeur
du laboratoire de psychologie sociale, pour exposer les grands principes de la psychologie de l’engagement applicable à
la communication.
M
aîtriser
l’énergie,
trier
ses déchets, aller voter
mais aussi rendre un petit
service à quelqu’un qui en
a besoin appartiennent à la catégorie des
comportements citoyens qu’il convient
de promouvoir. On entend dire que cette
promotion passe par un changement des
mentalités et qu’il faut donc, avant tout
faire œuvre de pédagogie afin de mieux
informer, de mieux convaincre.
La plupart des grandes campagnes de
communication relèvent de ce présupposé : les
comportements découlent des idées.
Mais il ne suffit pas d’avoir les bonnes idées pour avoir
les bons comportements.
La psychologie de l’engagement , au travers de
différentes expérimentations, fait la démonstration
que la probabilité de réaliser un acte citoyen est
doublée si la personne a été amenée préalablement à
rendre un service à un inconnu ou encore à se sentir
libre d’agir.
C’est ce qu’elle appelle « un acte préparatoire ».
L‘enjeu des campagnes de communication écocitoyennes est donc bien de conférer à sa cible un
statut d’acteur et non plus simplement un statut de
récepteur.
Ainsi, les questions centrales à traiter sont toujours
« quelles sont les bonnes informations à transmettre et
par quels canaux ? » à laquelle il convient de rajouter
une question déterminante « quels actes préparatoires
doit-on obtenir de la part de ceux et celles dont je
recherche le concours ? ».
C’est la prise en compte de cette dernière question qui
permet de passer d’une démarche de communication
engageante à une démarche de communication
classique.
L’illustration d’une campagne de communication
engageante à l’échelle d’une ville
Cette action a été mise en œuvre à la demande du
service environnement de la Région en partenariat
avec l’Ademe sur le territoire de la commune du
Beausset.
Sur la base du volontariat, un collectif de personnes
relais a été constitué venant de tous horizons (élus,
enseignants, responsables d’associations..) chargés
TATEM - Ateliers et expo «Les Ptits Surréalistes», au Centre Social Airbel, Marseille, 2006
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d’enclencher une action précise en faveur de la
protection de l’environnement en impliquant le plus
de monde possible dans leur sphère d’influence.
Toutes ces actions ont été rendues visibles lors d’une
journée de créations évènementielles pour partager
les expériences.
Cette journée ponctuée de débats et d’expositions
a surtout été l’occasion d’obtenir des engagements
concrets de la part des habitants, invités à signer un
bulletin d’engagement, accrochés sur la place publique
(500 signés lors de la journée).
On peut aujourd’hui légitimement penser que le
pacte écologique de Nicolas Hulot repose sur cette
théorie de l’engagement mais se dire aussi que nous
pouvons, tous à notre échelle, être des « Nicolas hulot
en herbe ».
POUR EN SAVOIR PLUS
Sur la théorie de l’engagement : « Petit traité de manipulation à
l’usage des honnêtes gens », R.V. Jouve et J.L. Beauvois, PUG
TATEM - Ateliers de création autour du conte pour enfants et adultes,
signes, tourves (83)2006
Café décroissance
Mal de terre
E N S E M B L E FA I S O N S S O C I É T É
A
l’heure où tous les
politiques tirent à
eux la couverture
environnementaliste,
rien ne bouge et le ciel devient
rouge...
Les médias, surtout en France,
jouent le jeu du périssable,
l’information brille et passe.
Ce n’est plus aujourd’hui être
alarmiste que de tirer la sonnette
d’alarme, mais retardataire un
tant soit peu clairvoyant. Il est
surtout navrant de constater
que même la sonnette tirée, la
poignée nous reste dans la main
et le train poursuit sa course folle.
Désolé M. Stern, votre rapport restera lettre morte tant
que les politiques feront le jeu des lobbies.
« Pour arrêter l’augmentation du CO2 dans
l’atmosphère, il faudrait revenir au niveau de 1935.
Or l’objectif des accords de Kyoto est de le réduire de
6%, c’est à dire au niveau de 1990. Et même cela est
loin d’être acquis... » Cette citation est tirée du livre de
Hubert Reeves, Mal de Terre, un livre indispensable qui
devrait être au programme de toutes les écoles, un
livre clair et simple, riche d’informations, de réflexions,
de chiffres, de graphiques éloquents. Voici en vrac
quelques informations que l’on peut y trouver :
- L’énergie que la Terre reçoit du soleil est 10 000 fois
supérieure à la consommation énergétique mondiale.
- 15% des humains consomment 80% des ressources
Par François Vion, objecteur de croissance
[email protected]
naturelles.
- Les émissions de CO2 sont passées de 2 milliards de
tonnes en 1955 à 7 milliards de tonnes en 2005.
- L’épaisseur de la banquise Nord à diminué par
endroits de 40%.
- Le nombre de cyclones et inondations par an est
passé de 20 en 1950 à 90 en 1990.
- En Méditerranée les bourgeons s’ouvrent 16 jours
plus tôt et les feuilles tombent 13 jours plus tard qu’il y
a cinquante ans.
- Les dix années les plus chaudes depuis 1867, date des
premiers relevés, sont postérieures à 1980.
- Le taux d’extinction des espèces vivantes est mille fois
plus élevée qu’avant l’ère industrielle: 27000 espèces
disparaissent chaque année (E.O.Wilson, biologiste,
Harvard University).
- 50% des tortues, 30% des amphibiens, 25% des
mammifères et 12% des oiseaux sont menacés de
disparition (PNUE).
le robinet lorsqu’on se brosse les dents, de laisser
les lumières allumées et les appareils en veille ! Mais
c’est dans un certain sens de la poudre aux yeux, de la
dissimulation. Lorsqu’on connaît la position de l’Ademe
en matière d’incinération des déchets, on se pose des
questions sur leurs rapports à l’industrie...
Ajoutons à cela que l’hiver 2006-2007 a été le plus
chaud depuis 1867 et qu’au centre du Sénégal les pluies
ont diminué de moitié depuis 1950. Un enfant meurt
toutes les 15 secondes du manque d’eau potable. En
2025 ce seront cinq milliards d’hommes qui souffriront
de la pollution de l’eau.
Et nous tirons la chasse sur ces informations : nous ne
buvons que 1% de notre eau potable.
Saluons pour finir le chapitre du livre de Reeves intitulé
« Les animaux, nos frères » qui prouve qu’un esprit
sage ne limite pas le bien-être à sa propre famille. Il cite
entre autres Kant (1724-1804): « La cruauté envers les
bêtes est la violation d’un devoir de l’homme envers
lui-même ».
Cela dit je ne veux pas faire le jeu de l’Ademe dont la
politique de désinformation est de faire culpabiliser
le citoyen. Bien sûr que c’est idiot de laisser couler
Finances solidaires
Devinette « Mal de Terre » : « qui utilise 70% des
réserves d’eau douce et produit 80% de la pollution
mondiale ?... » Non, ce ne sont pas les Américains...
ni même l’industrie... mais bien l’agriculture, la sacrosainte, à la fois protégée et asservie par la Politique
Agricole Commune et autres lobbies mondiaux. Elle
qui produit 60% des céréales mondiales pour nourrir
les animaux d’élevage, qui ouvre les bras aux OGM, qui
assèche l’eau des rivières et des nappes phréatiques
et les empoisonne par ailleurs. Qu’on lève un peu ce
tabou social ! A côté de lui, l’épandage de lisier sent
l’eau de rose...
A LIRE
Mal de Terre
Hubert Reeves et Fréderic Lenoir
Seuil 2003
Par Véronique Branger, chargée de mission à l’Apeas
[email protected]
Naissance de Fineurosol
Les finances solidaires gagnent l’europe
Jean-Paul Vigier (photo) est président de Febea, ancien président de Finansol.
Il fait partie des pionniers des finances solidaires.
Trois organisations sont à l’origine de Fineurosol :
RFA (Réseau de financement alternatif - Belgique),
Febea (Fédération européenne des banques
éthiques et alternatives) et Finansol (France).
Pourquoi et comment vous êtes-vous rapprochés ?
Les organisations se connaissaient. J’étais moi-même
président de deux des organisations : Finansol et
Febea. Et Finansol était en relation avec RFA, comme
elles sont toutes les deux des collectifs représentant
le secteur de l’épargne et des finances solidaires dans
leur pays.
L’ensemble de ces organisations voulaient travailler sur
l’idée d’un label. Finansol est actuellement le seul label
de produits d’épargne solidaire. Les belges pensaient à
cette question et Febea, de par son objet même qui est
de réunir les institutions financières européennes qui
financent l’économie sociale et solidaire, demandait
un label européen. Nous avons tout naturellement
travaillé ensemble !
Fineurosol, qu’est-ce que c’est ?
Fineurosol, c’est un label européen pour les produits
financiers solidaires qui garantissent aux investisseurs
et aux épargnants une transparence et de la solidarité.
Le label joue à deux niveaux. A la fois au niveau national
où chacun devra pouvoir bénéficier du label pour
donner confiance aux épargnants et pour négocier
avec son gouvernement des avantages fiscaux sur les
produits. Et au niveau européen, nous souhaitons une
reconnaissance de la finance solidaire par le Parlement
européen.
Comment vous êtes-vous harmonisés sur une
définition et des critères d’un label commun ?
En Europe, on n’applique pas forcément la même
conception ni les mêmes termes pour désigner les
mêmes notions. En France, en Belgique et en Espagne,
c’est le « solidaire » qui prime. Chez les anglosaxons,
on parle plus d’éthique. Nous voulons associer
l’approche sociale et solidaire et l’approche éthique
du développement durable. C’est un pari ambitieux et
difficile !
Pour en arriver là, le comité de pilotage, composé des
trois secrétaires généraux des organisations initiatrices
et de sept banques et sociétés financières issues de
la Febea, a échangé sur les pratiques des uns et des
l’harmonisation et le
compromis ne signifient pas le
diktat d’une vision sur les autres !
autres, les approches différentes. Au bout d’un an, le
travail de consensus a abouti à une vision commune.
Mais l’harmonisation et le compromis ne signifient
pas le diktat d’une vision sur les autres ! Dans certains
pays, la notion même de label est inconnue, comme en
Pologne. Nous serons particulièrement vigilants à ne
pas faire d’impérialisme français.
Où en est-on maintenant et quelles sont les
prochaines étapes du projet ?
Le 11 décembre 2006, a été présenté le travail de
l’année dernière. Maintenant, il faut que les instances
décisionnaires des trois organisations acceptent
L A DY N AM O | AV R I L 2 0 0 7
3
formellement les propositions, ce qui
ne posera pas de problème majeur.
Nous pouvons espérer que Fineurosol
démarre en 2008 ! D’ici là, le travail à
faire est important. Par exemple, dans
quel pays va-t-on domicilier le projet ?
Mais surtout des questions de fond vont
se poser : doit-il y avoir un label national
qui co-existe avec Fineurosol ? Est-ce
qu’il y aura une structure ou juste une
propriété de nom pour le label ?
De plus, ce chantier est mené en parallèle du projet
piloté par la Banca Etica, de créer un observatoire sous
l’égide de Febea pour collecter des informations sur
toutes les structures juridiques qui existent au sein de
Febea afin de créer une forme juridique européenne
commune, spécifique aux finances solidaires.
Un label pour les produits et une structure financière
: une actualité européenne forte pour les produits
d’épargne et des finances solidaires !
POUR EN SAVOIR PLUS
www.fineurosol.org
13
Bouches-du-rhône
T E R R I TO I R E S S O L I DA I R E S
Interview Lisa Del Mercato (photo), chargée de communication d’Ethicomundo
Vers un commerce équitable au Cours Julien et partout ailleurs
La Dynamo : Quel est l’intérêt d’un tel
marché pour les acteurs du commerce
équitable ?
Lisa Del Mercato : C’est la troisième édition
du marché équitable du cours Julien. Il
s’inscrit dans la Quinzaine du commerce
nationale qui a lieu en France du 28 avril
au 13 mai. Cette année vingt exposants
seront rassemblés, issus de tout Paca. L’idée est de faire
connaître les acteurs de la région et leurs démarches.
Mais ce marché permet surtout de toucher du monde
que l’on ne voit pas dans nos boutiques ou dans les
réseaux spécialisés, des gens peu familiers avec le
commerce équitable. C’est une bonne occasion de
valoriser le travail des producteurs et des réseaux de
distribution auprès du tout venant.
concrétisation du collectif qui s’est constitué en 2006.
C’est une action concrète et visible dans laquelle on se
reconnaît tous, qui permet de mutualiser des moyens
et des énergies : ensemble on fait plus et mieux que
chacun dans son coin. C’est bien l’idée du collectif que
nous avons créé : gagner en visibilité, élargir le public
que nous touchons, mutualiser des moyens et des
compétences... C’est important de montrer au public
qu’il existe en Paca un de gens qui revendiquent des
échanges commerciaux justes, de mettre en valeur
leur engagement réel et le travail des producteurs.
Montrer que les acteurs du commerce équitable sont
reliés est un gage de crédibilité.
CONTACT
• Pole commerce équitable et solidaire en
Paca
Apeas 04 91 99 02 40 – Anne Catherine
Josset
• Ethicomundo / Pangea
Christel Olimé ou Lisa del Mercato
1 rue de l’Abbaye 13007 Marseille
[email protected] - 04 91 33 64 13
83
Où en-est la structuration des acteurs du commerce
équitable en Paca ?
Lisa Del Mercato : Le marché du Cours Julien est une
4,5,6 mai 2007
lien
10h - 19h Cours Ju
Marseille
VAR
Tiré de IOTA, la lettre électronique de l’UDV
[email protected]
Le développement durable,
une affaire de solidarité !
D
u 1er au 8 avril s’est déroulée la semaine
du développement durable et de
nombreuses manifestations ont eu lieu
dans toute la France. À Toulon, grâce à
l’initiative d’un étudiant, l’Université accueillait
durant trois jours une vingtaine d’exposants venus
vendre et promouvoir les produits équitables,
informer sur les énergies renouvelables,
sensibiliser sur le tourisme solidaire… C’est dans
ce contexte que le Président du Covaceq (Collectif
varois pour le commerce équitable), Yves de
Kermel, animait une conférence sur le thème du
commerce équitable.
Contrairement aux idées reçues, le développement
durable (« un développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité
des générations futures à répondre aux leurs. ») ne
s’inscrit pas seulement dans une problématique
écologique mais bien dans une vision globale qui
«repose sur trois piliers, indissociables et vise à les
réconcilier : l’économie, l’écologie et l’équité sociale.
Si l’on oublie ce dernier pilier, aucun développement
ne sera durablement réalisable. La solidarité est en fait
la clé de tout. Promouvoir le développement durable,
tel qu’il a été défini lors du Sommet de la Terre à Rio,
en 1992, c’est organiser à la fois la solidarité verticale,
entre les générations, et la solidarité horizontale, entre
tous les peuples de notre planète.»
souhaitent de s’engager dans ce sens.
Un prochain rendez-vous est déjà fixé puisque le
Covaceq créé l’événement autour du commerce
équitable les 24, 25 et 26 mai, sur le port de Toulon :
marché équitable en journée, concerts en soirée et le
Samedi 26, grande soirée au cinéma le Comédia ou se
succèderont témoignages, projection de films, défilés
de mode…
Le commerce équitable s’inscrit pleinement dans
cette logique et s’il devient une pratique de plus en
plus courante chez les particuliers, il «ne prendra
une dimension significative, et irréversible, que s’il
parvient à investir la sphère publique.» Le Covaceq
appelle donc les pouvoirs publics à concrétiser les
«bénédictions officielles» qui ont fleuri ces dernières
années (discours, circulaires, et même Loi), en mettant
en place des politiques d’achat pour promouvoir le
commerce équitable. Son groupe de travail «Agendas
21» travaille à la rédaction d’une charte qui permettra
prochainement aux collectivités territoriales qui le
INFORMATIONS
[email protected] - www.covaceq.org
TATEM - Ateliers de création autour du conte pour enfants et adultes, signes, tourves (83)2006
L A DY N AM O | AV R I L 2 0 0 7
4
Sara Calamel
84
VAUCLUSE
T E R R I TO I R E S S O L I DA I R E S
[email protected]
1er Forum Agri-Culture d’Avignon
‘‘Manger sans paysans’’ la fin de la culture paysanne
C
e 31 mars a eu lieu le premier forum
AGRI-CULTURE en Avignon. Une
rencontre ouverte à tous, portée par
des représentants et acteurs du monde
de la culture et/ou du monde paysan : l’Amap
Libre terre, Arcure, La Banaste, Chemin faisant, la
Confédération paysanne Paca, les Echomédiens,
des élèves de l’école des Beaux-Arts d’Avignon,
Fruits oubliés, Kokopelli, Longo Maï, Passages
de…, le Théâtre des Doms, le cinéma Utopia, la Cie
Vies-à-vies.
Le tout sous le portage général de la Maison
Alternative et Solidaire d’Avignon.
Ce premier rendez vous dont le programme est rappelé
ci-dessous se veut le point de départ d’un processus
de réflexion, de recherche-action autour de l’Appel
lancé pour une prise de conscience des conditions
06
Par Jean-Luc Fauche, président de la Maison alternative et solidaire d’Avignon
de production, de distribution, de consommation
des produits de la Terre. Nous ne nous rendons plus
compte de la distance qui nous sépare de la faune et
de la flore. Un cynisme stressé a remplacé le respect
et la contemplation. Une mécanique froide sans âme
« L’alimentation nous concerne
tous. La disparition de la culture
paysanne est une question qui
ne peut être laissée aux seuls
agriculteurs et agricultrices, qui
sont confrontées au quotidien à
leur survie économique. Il n’est
pas tolérable que, sans discussion
publique, des technocrates et des
multinationales nous imposent des
choix irréversibles... »
dévore la nature pour notre ravitaillement, notre pain
quotidien (cf . le film du même nom).
Nous sommes obligés de constater que l’industrie
agro-alimentaire écrase la culture paysanne séculaire
de survie et a même une avance considérable par
rapport à l’univers du divertissement de masse, qui
enchâsse pourtant la créativité culturelle dans des
camisoles marchandes et uniformes.
Première étape donc pour s’interroger et prendre parti
sur les questions sociales et sociétales relatives à cette
fin « programmée » (?) de la culture paysanne.
Extrait de l’Appel : « L’alimentation nous concerne
tous. La disparition de la culture paysanne est une
question qui ne peut être laissée aux seuls agriculteurs
et agricultrices, qui sont confrontées au quotidien
à leur survie économique. Il n’est pas tolérable que,
sans discussion publique, des technocrates et des
multinationales nous imposent des choix irréversibles.
Nous vous appelons à participer à ce premier «forum
agri-culturel», pont d’action et de réflexions communes
entre la ville et la campagne ».
La rencontre du samedi 31 mars était précédé le
mercredi 21 mars d’un atelier d’écriture animé par M.J.
Laveaud d’Arcure, sur le thème « Tomate, quelle âme
as-tu ? » et se poursuivait le dimanche 1er avril par
la rencontre « À contre-temps », au Fenouil à vapeur,
où paysans et citadins apportent leurs légumes pour
concocter et partager une soupe autour d’un bon
verre, et d’un temps pour la palabre.
Rencontre encore le 4 avril à Utopia autour du film
Notre pain quotidien en présence de Jean-Pierre
Berlan et Jacques Hallard.
CONTACT
Maison Alternative et Solidaire
5 rue des Teinturiers, Avignon
& 04 90 82 59 26
[email protected]
Alpes Maritimes
Par ACS 2000
[email protected]
Terre de Liens et l’achat collectif de terres agricoles
En région PACA, le prix du foncier a explosé depuis
quelques années. La terre est actuellement de plus en
plus convoitée, exploitée, sujette à des spéculations
de tout ordre. Les surfaces agricoles diminuent à une
vitesse vertigineuse. La terre va aux plus offrants et les
campagnes se trouvent de plus en plus colonisées par
des populations à hauts revenus. Les jeunes agriculteurs
ont de plus en plus de difficultés à s’installer sauf à
s’endetter pour le reste de leur vie.
Si nous laissons faire, nous hypothéquons les chances
de survie de l’agriculture locale dans un futur très
proche.
Si vous êtes sensibles à cette problématique, vous
pouvez agir de manière concrète et vous engager
avec l’association Terre de Liens dans des projets
d’achat collectif de terres afin de les protéger contre la
spéculation et permettre l’installation ou le maintien
d’activités agricoles.
Terre de liens est une association qui, au niveau
national, permet la collecte d’épargne solidaire à
destination du foncier en vue d’un usage durable et qui
donne la possibilité, à chaque citoyen qui le souhaite,
de soutenir des projets qui vont dans le sens d’activités
rurales respectueuses de l’environnement et créatrices
de liens.
En devenant investisseur solidaire (action à 100) ou
en faisant des dons, vous pouvez
ainsi participer au maintien d’un
tissu agricole vivant et favoriser une
gestion collective du territoire.
Christine Coquiot
membre de Terre de Liens
[email protected]
CONTACT
Terre de Liens - & 04 75 59 69 35
www.terredeliens.org
Menaces sur des terres agricoles
Stéphane Maillard, producteur de viande Bovine à Valderoure
Stéphane Maillard, producteur de
viande bovine biologique, nous a
interpellé lors des 2èmes Rencontres
interAmap des Alpes Maritimes du 15
octobre 2006 sur la menace qui pèse
sur les terres où il fait pâturer ses bêtes.
La pression du foncier est telle dans
ce département que l’éleveur ne peut
garantir la viabilité de sa production
car il loue des terres qui sont
susceptibles de devenir constructibles
(malheureusement, les terres agricoles font l’objet de
spéculation comme les autres).
Christine Coquio, qui représentait Terre de liens ce jourlà, a su mobiliser les citoyens présents et un groupe de
soutien s’est constitué sur le champ.
Tout d’abord, les 5 Amap (soit plus de 300 familles)
que Stéphane alimente régulièrement de ses œufs et
de sa viande ont signé une pétition de soutien qui a
rassemblé plus de 200 signatures.
Ensuite, un projet d’achat collectif de la parcelle
concernée a vu le jour grâce à Terre de liens et un appel
à engagement financier solidaire vient d’être ouvert :
déjà de nombreux consommateurs des AMAP se sont
engagés à y contribuer.
Plus globalement, chaque citoyen est concerné par la
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5
disparition des terres arables et des
petits producteurs respectueux de
l’environnement.
Si les lecteurs de La Dynamo veulent
s’associer
à
notre
démarche :
[email protected].
Nathalie Dubus, consomm’actrice de
l’Amap de Valbonne
[email protected]
CONTACT
Alliance Provence - & 04 94 98 80 00
www.allianceprovence.org
Une autre économie
DOSSIER DU MOIS
INTERVIEW
Une invitation à penser nos modèles économiques
au sein de l’économie solidaire
Comment est né l’UFISC ?
Elle est née autour de l’idée de fédérer des acteurs
de l’art et de la culture sur des problèmes communs.
Cette idée a pris forme dans la réaction de certaines
organisations professionnelles face à l’instruction
fiscale de 98 qui soumettait les associations
culturelles aux impôts commerciaux. Pour la première
fois, les structures artistiques et culturelles se sont
ouvertement émancipées de la tutelle du Ministère
de la culture pour engager une action auprès de la
Direction Général des Impôts sur la non-lucrativité
Elles se sont positionnées dès le départ comme des
entreprises, des entreprises particulières certes, mais
des entreprises. Le fait d’inscrire nos activités dans
leur dimension économique a été un pas important.
(activité
marchande,
bénévolat)
A quoi ressemblent les modèles économiques
développés par les acteurs de la culture ?
Nos pratiques et nos activités sous-tendent déjà un
modèle économique mais on ne met pas de nom
dessus car il n’y a pas une pensée économique à
proprement parler. Ces pratiques économiques,
qu’elles font sans le savoir, ont des traits communs et
des valeurs communes :
−notion de coopération (décision horizontale
plutôt que verticale) avec une forte polyvalence des
membres salariés et bénévoles
−ancrage territorial fort avec une pluriactivité de
proximité et d’innovation
−activité artisanale et de mains d’oeuvre
−dimension humaine des structures, de petites
tailles
−initiative privées et autonomie de gestion
−diversité culturelle, par la multiplicité de forme
d’expression mais aussi par le public touché,
−mission d’intérêt collectif avec la participation à
l’évolution de la société, à l’enrichissement sensible
et intellectuel des individus, au développement du
lien social et culturel d’un territoire
−non lucrativité des activités et économie plurielle
L’UFISC vient de produire le « Manifeste pour une
autre économie de l’art et de la culture »...
Ce Manifeste fait état d’une histoire commune
qui remonte à une trentaine d’années avec le
développement d’une multitude d’initiatives dans
le secteur du spectacle vivant. Il définit également
les valeurs qui nous fédèrent dont j’ai fait état
précédemment. On fait de l’économie sociale
et solidaire depuis longtemps sans le savoir. Il a
permis également de verbaliser cette dimension
économique. L’économie est souvent mal perçue
dans le domaine de l’art et de la culture car elle est
très souvent associée à un seul modèle économique
qui est le système marchand. Les acteurs de l’art et de
la culture que nous représentons sont très attachés à
la non-lucrativité de leurs activités.
financements
publics,
« Il est intéressant d’imaginer
de vrais ponts entre les arts
et la culture les autres acteurs
économiques qui ont déjà
avancé sur la question de
l’économie solidaire : agriculture
bio, commerce équitable... »
Vous avez organisé le 25 janvier une rencontre
« Culture et économie solidaire », quel bilan en
tirez-vous ?
Le bilan est très positif, cette journée a suscité un
vrai intérêt. Beaucoup d’acteurs de la culture se sont
reconnus dans le manifeste qui était le fil rouge de
la journée. Depuis, l’UFISC a été très sollicitée pour
participer à des débats et des séminaires organisés soit
par des acteurs culturels locaux, par des collectivités
locales ou territoriales. Le Ministère de la Culture
manifeste, depuis un certain temps, un intérêt pour
cette nouvelle approche que nous représentons. Les
acteurs commencent à prendre en main leur modèle
économique propre.
La culture et l’économie solidaire restent deux
mondes distincts… ?
L’originalité de l’UFISC repose également sur le fait
de vouloir décloisonner les secteurs. Tout d’abord
les secteurs qui existent au sein du monde de l’art
et de la culture. Nous représentons une diversité de
disciplines artistiques et culturelles qui ont fait le
choix de dialoguer ensemble. Deuxième niveau de
décloisonnement que nous souhaitons concrétiser, le
développement de liens entre les différentes activités
qui composent l’économie sociale et solidaire. Il est
intéressant d’imaginer de vrais ponts entre les arts
et la culture les autres acteurs économiques qui ont
déjà avancé sur la question de l’économie solidaire
: agriculture bio, commerce équitable... Nous avons
déjà commencé en adhérant au MES et en siégeant
au CNVA. Il est important que les acteurs de l’art et de
la culture ne soient plus isolés et qu’ils commencent
à s’impliquer davantage dans la société civile en
prenant en main le développement d’un modèle
économique qu’ils leur est propre. Il est à noter que la
culture est quasi absente des réseaux de l’économie
sociale et solidaire, car on ne l’envisage pas de manière
autre que sectorielle. L’apport théorique de JeanLouis Laville a confirmé que l’on est dans une même
démarche, c’est une invitation à penser nos modèles
économiques au sein de l’économie solidaire.
Propos recuellis par Cédric Lefebvre
Qu’est ce que l’UFISC ?
L’UFISC (Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles) regroupe 9 fédérations et syndicats qui représentent un millier de
structures développant des projets artistiques et culturels dans le secteur du spectacle vivant sur l’ensemble du territoire national. Les
structures représentées, quasiment toutes des associations loi 1901, proposent une pluralité d’activités dans leurs domaines respectifs :
création et diffusion de spectacles ou d’événements, action culturelle et territoriale en relation directe avec des populations, transmission,
soutien au développement de la pratique amateur et mise en débat par l’artistique de questions culturelles, sociétales et politiques.
Elles ont en commun une logique de développement artistique et humaniste qui se démarque des entreprises privées à but lucratif d’une
part, et des équipements publics administrés d’autre part. Relais au service de tout un pan du secteur du spectacle vivant, l’UFISC effectue
un travail approfondi de réflexion et d’action politique à propos du champ socio-économique occupé par ses membres.
source : Opale Culture et Proximité – www.culture-proximite.org/rubrique.php3?id_rubrique=20
• Télécharger le Manifeste de l’UFISC pour une autre économie de la culture :
www.culture-proximite.org/article.php3?id_article=169
TATEM - Ateliers Land Art, conte danse contemporaine et vidéo Savines (04) et Apt (84), 2006
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de l’art et de la culture
INTERVIEW
Culture et utilité sociale
Tatem a choisi d’ancrer ses interventions en
matière d’expression artistique dans le social,
pourquoi ?
De fait, s’impliquer dans un processus créatif c’est
développer un projet, qui, se construisant, induit des
interrogations culturelles, politiques et symboliques,
mais aussi économiques et sociales.
Et Tatem est fondée par de jeunes artistes dans le but
d’associer leurs compétences artistiques, techniques
et pédagogiques, ainsi que l’intérêt qu’ils portent à
l’impact social de leurs actions.
Il s’agit de participer à une « mobilité » artistique et
citoyenne, inter culturelle à travers : la promotion
de la création contemporaine, la mutualisation des
moyens et compétences.
Quels enjeux pour vous ?
Les enjeux qui sous tendent le projet commencent
avec l’échange et la rencontre, autour de l’art
contemporain.
Nous cherchons à créer de la mobilité, des échanges,
des rencontres, des confrontations, aiguiser les
regards, transmettre une curiosité, fédérer, interroger
autour de la création, créer un espace de participation
active, susciter l’audace, se positionner, surprendre,
se surprendre, replacer l’humain et sa sensibilité au
cœur des projets, dans le rapport à l’autre.
[...] participer à une « mobilité »
artistique et citoyenne, interculturelle
Quelles actions mettez vous en place ?
L’activité d’une compagnie pluridisciplinaire, la
mise en place d’ateliers notamment en direction de
personnes en difficulté, la participation à des temps
d’échanges sur l’enjeu des pratiques artistiques.
Cela concerne une quinzaine d’artistes : plasticiens,
danseurs,
vidéastes,
musiciens,
réalisateurs
multimédia, conteurs...
Vous parlez d’utilité sociale de vos actions...
Oui elle existe de trois façons.
Lutter de manière active contre les cloisonnements
sociaux et culturels en proposant des interventions,
des rencontres et des spectacles de qualité à des
publics qui n’en sont que rarement bénéficiaires.
Favoriser la mixité sociale et les liens intergénérationnels en offrant la possibilité à ces publics
de se rencontrer de manière positive et créative,
en dehors des
«étiquettes»
habituelles
(chômeur, primo
arrivant, illettré,
prostituée, etc.)
Lutter
pour
l’intégration
de la personne
en créant une
dynamique
personnelle et/ou
professionnelle et de l’écoute dans le rapport au
monde et aux autres.
Cela signifie aussi, au sein de Tatem, de développer
une politique respectueuse des salariés et de faire le
choix de fournisseurs et de partenaires partageant les
valeurs de l’économie sociale et solidaire.
Nous voulons inscrire l’association dans un réseau de
partenaires pour mutualiser les moyens techniques
et les savoir faire.
CONTACT
Violaine Daamache (photo) est coordinatrice
de Tatem, association pour la mobilité
artistique basée à Marseille.
www.tatem.fr - [email protected]
CONTACT
INITIATIVES
& 04 90 22 55 54
http://akwabatheatre.free.fr
www.myspace.com/akwabatheatre
AKWABA, monstre hybride ?
Akwaba est un lieu de production et de
diffusion culturelles près d’Avignon. L’idée qui a
prévalue à la transformation de l’association en
coopérative est de s’unir face à la crise du secteur
culturel, à savoir la remise en cause du statut de
l’intermittence et la raréfaction des subsides
alloués par les collectivités territoriales.
Nous avons fait le choix de regrouper des acteurs
d’un même secteur pour rationnaliser l’occupation de
notre espace, en mutualisant des moyens financiers
et humains et essayer de créer une alternative au
marché de la culture et à la culture de marché. Il
est possible de permettre à la création artistique
et à l’action culturelle de se trouver des espaces de
développement qui ne soient pas limités à ceux
de l’économie de « marché » ou « administrée ». La
redistribution peut ne pas être la seule prérogative
de l’État, elle peut être civile. C’est en cela que notre
statut de SARL à but non lucratif bouge les lignes de
partages.
Pour nous aider dans cette voie, nous avons reçu le
concours du FSE sur des crédits concernant l’économie
solidaire et avons ouvert le capital de la coopérative
à la Cigales « Coup de Pouce » de Châteauneuf de
Gadagne. Aujourd’hui, le capital social que nous avons
constitué nous permet d’envisager des emprunts
auprès de notre banque.
la préfiguration d’un tiers secteur culturel.
Notre laboratoire d’expérimentations sociales et
culturelles est une jeune pousse et nous somme
encore dans une phase de recherche-action où il est
difficile de naviguer dans une société où tout ce qui
n’a pas de prix n’a aucune valeur.
« créer une alternative au marché
de la culture et à la culture de
marché »
Toutefois, il nous faut faire preuve de persévérance et
de pédagogie pour qu’au delà des partenaires privés,
les collectivités territoriales prennent elles aussi part
au capital de la coopérative et à la co-gestion avec
les usagers, les salariés et les artistes. Le statut de
SCIC ne représente pas une fin en soi, mais il nous
permet un multi-sociétariat dynamique nécessaire à
TATEM - Ateliers Land Art, conte danse contemporaine et vidéo Savines (04) et Apt (84), 2006
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Cécile Challamel pour Akwaba
q 2 mai - Marseille
Conférence «comment
développer le commerce
équitable à Marseille»
q 28 et 29 avril - Toulon
5e rencontres nationales du
sport solidaire
20 équipes venues de toute la France
se rencontreront dans un climat de
convivialité mettant en avant les
valeurs du sport, de la solidarité et
de la citoyenneté.
Stade Estublier, Chemin de la Barre
à Toulon. Renseignements : les
Amis de Jéricho & 04 94 23 99 03
Avec un représentant de Min,ga
Paca, Artisans du monde, Max
Havelaar, Marco Polo
A 14H00 au World trade Center
13001. Organisé par les étudiants
du Master 1 RH
q 5 et 6 Mai – Avignon
11e fête éco-biologique
Naturavignon
Grand marché biologique et artisanal,
conférences, espace pédagogique
pour les jeunes, expositions,
démonstrations, bal, atelier danse...
Retrouvez-y l’Apeas.
Renseignements :
www.avenir84.org
q 24,25,26 mai -Toulon
Marché équitable
24, 25 et 26 mai, sur le port de
Toulon : marché équitable en
journée, concerts en soirée et le
Samedi 26, grande soirée au cinéma
le Comédia ou se succèderont
témoignages, projection de films,
défilés de mode…
Renseignements :
[email protected]
www.covaceq.org
q 4 au 6 mai
Marseille (13)
q 26 mai - Marseille
5e festival Phénix Esperanza
Marché équitable sur le cours
Julien
Organisé par le Pôle des acteurs du
Commerce Equitable et Solidaire
en Paca. 20 exposants (textile,
alimentaire, artisanat, cosmétique).
Inauguration le vendredi 4 Mai de
12h à 14h. Animations, jeux, aire de
Jeux, théatre, projections, débats,
concert...
Renseignements : Anne-Catherine
Josset & 04 91 99 02 40 (Apeas)
q 2 mai - Toulon
Débat sur l’épargne et les
finances solidaires
Comment agir avec son
épargne ? comment utiliser
son argent autrement ?
L’UDV, la Ligue de l’Enseignement,
le Credit Cooperatif et l’Apeas
vous invitent a venir débattre sur
ces questions : qu’est-ce qu’un
organisme de finances solidaires ?
Comment les organismes de
finances solidaires interviennent-ils
dans des projets économiques ?
Le Crédit Coopératif, les Cigales,
Garrigue, Habitat et Humanisme,
la Fondation Macif participeront
à cette soirée pour présenter leurs
outils et débattre du pourquoi et du
comment des finances solidaires.
De 18h30 à 20h30 à la FOL 83, 484
avenue des Lices.
Renseignement :
Véronique Branger, Apeas/antenne
régionale des Cigales
& 04 91 99 02 48
[email protected]
q 13 mai – La Bouilladisse
Festival « Notre planète dans
tous ses états »
Exposants : alimentation bio et
artisanale, énergies renouvelables,
habitat écologique et matériaux
naturels, bien-être et santé,
commerce équitable (alimentation,
artisanat, tourisme…).
Animations : artpages et ses
musiciens, conteurs de Provence,
promenades à dos d’âne, ateliers
découverte proposés aux enfants,
Initiation à l’escalade, animation
tennis-ballon.
Conférence-débat à 11h « de
l’éducation éco citoyenne à la
préservation de notre planète ».
De 9h à 19h
Renseignements : Bouillons d’Arts
Valérie Marcer & 06.18.04.31.61
[email protected]
q 2 et 3 Juin
Mérindol (84)
8ème Salon des Éco-énergies
Un grand rendez-vous régioànal
et national, 140 exposants, 8000
visiteurs en 2006. Structuré selon
3 pôles : Energies renouvelables
et économies d’énergie, Ecoconstruction,
Marché
Ecobiologique. Au programme :
conférences, tables rondes avec
des experts régionaux et nationaux,
festivités...
Renseignements :
http://ecoenergies.free.fr
L’association étudiante
Phénix
organise, à la Faculté St Charles,
un festival autour de l’initiative
individuelle et des alternatives au
modèle de développement.
Un forum associatif sur les
thématiques
de
l’écologie
individuelle
(habitat,
énergie,
mobilité…),
de
l’autogestion,
de la consommation éthique, de
l’économie sociale et solidaire...
Conférences, théatre, jonglerie, et
concert à 21h.
Renseignements :
Thibault Deneuville
& 06 20 52 75 55 - [email protected]
courts-circuits
par Charly-N et Djanf
q 18 au 20 Mai
Fontvieille (13)
Ecoforum des Alpilles
Organisé par l’association fontvieilloise ASSEF, afin de sensibiliser le public à
l’environnement, de nombreuses conférences-débats auront lieu dans le village
pendant les deux jours avec entre autres : Pierre Rabhi, Sabine Rabourdin,
Victor Hugo Espinosa, Denys Piningre, Jacques Hallard, Benoit Reeves.
Renseignements : Didier Bertrand & 04 90 54 83 69 - [email protected]
Journal édité par l’ APEAS- 49 rue de Village, 13006 Marseille & 04 91 99 02 40 - Fax : 04 91 99 02 41
Directeur de la publication
Bruno Lasnier
Rédacteur en chef
Cédric Lefebvre
Conseillère de la rédaction
Jeanne Meunier
Graphisme & mise en page
sbgraphik - www.sbgraphik.com
Flashage / Impression Coloriage
REZO
La MAS en travaux
Encore un mois pour inventer, fabriquer, bricoler vos caches néons carrés
de 60 cm de côté à partir de tout ce qui vous tombe sous la main. Nous
attendons les premiers spécimens dès que possible. Vous deviendrez
donc des artistes et vos œuvres seront exposées à la MAS ! A vous de
jouer ! Un prix surprise offert au plus original…
Contact : Maison Alternative et Solidaire, 5 rue des Teinturiers, Avignon
& 04 90 82 59 26 - [email protected]
La Dynamo est publiée avec le soutien de :
• Conseil Régional Paca
• Conseil Général 13
Ont collaboré à ce numéro :
Fabrice Sanchez, Olivier Gomel, Bernard Gillet,
Marc Alphandéry, Véronique Pomiès, François
Vion, Véronique Branger, Jean Paul Vigier, Lisa Del
Mercato, Sara Calamel, Jean Luc Fauche, Christine
Coquio, Nathalie Dubus, Shirley Harvey, Cécile
Challamel, Violaine Daamache, Charly N, Djanf
[email protected] - www.apeas.fr
TATEM - Images conte multimédia, Centre Social Les Escourtines, Marseille 2005
L A DY N AM O | AV R I L 2 0 0 7
8
Tirage : 1.000 exemplaires - Impression sur papier recyclé
TATEM - Recherche création 2007
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