Le courant alternatif traverse le Sud en continu AVRIL 2007

actu
Le collectif Médias Solidaires a organisé sa première
projection publique le 3 avril dernier. Nous avions
pensé à un lieu d’une dimension sans prétention
(120 places) pour cet événement sur lequel nous
avons peu communiq (par mail uniquement). On peut
donc parler d’un petit succès puisque le Daki-Ling (quartier
Noailles à Marseille) a été vite rempli et tout le monde n’a pas
pu entrer !
Ce collectif est né d’une suite de rencontres informelles
depuis un an entre médias locaux associatifs. On y croise
des structures du monde de la vidéo (comme les équipes de
Airelles, ProtisTV, Primitivi, Tabasco Vidéo, Moteur! ...), support
à l’honneur pour cette soirée, mais aussi des représentants
de la presse écrite (le Ravi, Marseille la Cité, La Dynamo...),
de la radio et du web. Ce seau, qui échange des points de
vues sur la situation du secteur, a une action pragmatique :
−collecter et donner de la visibilité à des productions existantes,
−diffuser celles-ci sur le web et à travers des événements
vivants.
On peut donc senthousiasmer sur le fait que le monologue
incessant et un brin consumériste de la télévision ne suffit
pas encore à nourrir la curiosité de tous. Certes, la dimension
interactive de
la soirée n’était
pas centrale.
Il n’y a eu que
des projections
p o n c t u é e s
de petites
inte r ve n t io ns
pendant trois
heures (et d’une licieuse soupe bolivienne préparée par
Envisages). Mais cette rencontre était un test, qui a permis
de faire connaissance entre nous et avec le public, face à
une télé chilienne filmant les coups de revolver contre les
blindés de la police, des manifestants de RESF déterminés à
empêcher l’expulsion par avion dune personne sans papiers,
des Enfants de Don Quichotte défiant la tête haute le mode
de vie centraixois et l’attitude lamentable et ridicule de sa
mairie, une princesse des rues qui m’a convaincu en 5mn que
l’incinérateur de Fos sur Mer était une absurdité (je n’en étais
pas sûr alors)...
La prochaine projection je l’imagine plus ouverte sur les autres
médias, plus conviviale (espaces de discussions, expos...) dans
un lieu pouvant proposer plusieurs choses en simultané...
Olivier Gomel
[email protected] - www.vibriss.org
EDITO
Début des années 80, jétais membre de plusieurs
structures qui allaient composer le REAS, à
PANTIN.
Je suis resté en contact avec le seau bien
qu’au printemps 86 je sois venu vivre et travailler dans cette
Provence est e l’APEAS, de la volonté d’une poignée
de militantes et de militants acharnés et convaincus d’une
économie alternative et solidaire toute balbutiante. {…}
Je n’ai pas participé à cette création estimant une nouvelle fois
que la structuration pyramidale du réseau, en se constituant
du haut vers le bas et non du bas vers le haut, ne faciliterait
pas l’enracinement des idées novatrices dont le mouvement
était porteur. Je dois bien reconnaître que si lAPEAS n’avait
pas vu le jour il y a plus de dix ans maintenant les idées et
valeurs dont elle était porteuse n’auraient pas irrigué de
manière aussi significative notre territoire régional. {…}
Les efforts de tous et de chacun des adhérents, des salariés ou
administrateurs commencent vraiment à porter leurs fruits
et il faut impérativement préserver les acquits et tisser notre
toile régionale : en s’appuyant sur nos propres outils, sur ceux
de nos partenaires, sur ceux que le Conseil Régional PACA a
mis à disposition de l’Economie Sociale et Solidaire avec le
concours étroit des acteurs du mouvement en général et de
l’APEAS en particulier.
Nous devons nous mobiliser par des actes forts montrant
notre attachement : à sauvegarder ce qui a été fait, à
préserver les outils existants, à tester et valider les nouveaux
(PROGRESS,…..), à en imaginer et co-construire de
nouveaux.
Mais on le sait bien, « On ne prête quaux riches », et au-delà
de la richesse et de la pertinence de nos valeurs, rassemblons
les quelques dizaines de milliers deuros dont nous avons
besoin pour : garder notre indépendance, seule garantie
d’une action renne, continuer notre enracinement sur les
pays et agglomérations, imposer une véritable démocratie
économie à tous ceux qui nous gouvernent, et quel que soit
l’échelon de cette gouvernance.
AGIR et non SUBIR, AVANCER et non RECULER, c’est le
moment….
La période est propice pour nous manifester collectivement,
bousculer les habitudes, et surtout « Ensemble faire
société ».
Sur la base de la charte des acteurs de léconomie solidaire,
participez à la reconstruction de lAPEAS, par votre adhésion
individuelle ou collective, par l’utilisation de nos services, la
diffusion de nos supports et outils.
Contactez-nous et rejoignez-nous sans attendre.
(le texte complet sur www.apeas.fr)
Bernard Gillet
Co-président de l’Apeas
Une autre économie
de l’art de la culture
p. 6-7
Pour qu’ensemble nous fassions société, ensemble, reconstruisons l’APEAS
www.medias-solidaires.net
POUR EN SAVOIR PLUS
Le courant alternatif traverse le Sud en continu
AVRIL 2007
Ces photos sont tirées d’ateliers artistiques et de projets pluridisciplinaires de la petite enfance jusqu’à l’âge adulte menés par
l’association Tatem. Voir l’interview de Violaine Daamache p.7 - Contacts : [email protected] - www.tatem.fr
TATEM - Ateliers et expo «Les Ptits Surréalistes», au Centre Social Airbel, Marseille, 2006
Fabrice Sanchez •[email protected]
Election présidentielle
Environ 44,5 millions d’inscrits qui vont voter POUR mais, pour la gauche,
plutôt CONTRE.
Merci à la candidature unique anti-libérale et à cette démocratie
d’opinion...
Services publics
Malgré l’interdiction du tribunal administratif du 18 février 2007, l’incinérateur
de Lunel Viel, dans l’Hérault, a repris du service grâce au Préfet, continuité du
service public oblige.
L’Incinération envers et contre tout...
Libéralisme
Le volume des fusions-acquisitions dans le monde a atteint 670 milliards
d’euros au premier trimestre 2007 principalement dans les secteurs de
l’énergie, de l’immobilier et de la nance.
Près de 100 milliards d’euros de prots pour les entreprises du CAC 40 en
2006.
Vivement quil n’en reste plus qu’un !
946 Milliardaires dans le monde
153 nouveaux membres, contre 102 nouveaux l’an dernier.
Fusions-acquisitions à qui le tour...
Numéraux spéciaux
Ces 08 surtaxés prolifèrent en l’absence de décret indiquant la liste des services
sociaux mettant à disposition des numéros gratuits depuis des postes xes ou
mobiles. Le faux appel local se multiplie : Anpe, Assédics, CAF, hôpitaux... un
marché évalué à 2 milliards d’euro...
Déréglementation égale ination...
CO2
Une tonne de CO2 à 1€30 en mars 2007, conséquence d’un marché excédentaire
entre 2005 et 2007, dû à la distribution généreuse des quotas d’émissions par
rapport aux émissions eectives de CO2.
Sûrement le principe du gagnant gagnant...
Agriculture
La tonne de pommes de terre à 300 € soit deux fois plus que lan passé et dix
fois plus qu’en 2003.
Réchauement climatique, à qui le tour...
Identiant santé
La Commission nationale de linformatique et des libertés (CNIL) a préservé
la protection des données personnelles de santé en proposant un identiant
santé par anonymisation du numéro de sécu.
Vive les autorités administratives indépendantes !
Steak house eect
Les restaurants Bualo Grill ont réalisé un bénéce net de 18,2 millions
d’euros, soit un résultat en hausse de 80,3%. Produire un kg de boeuf conduit
à l’émission de 4 kg équivalent carbone (source : www.manicore.com/
documentation/serre/lutte_individuelle.html).
Les Français ont la mémoire courte, la canicule était en 2002...
CONSOMMATION RESPONSABLE Par Marc Alphandéry, membre d’Alliance Provence
ECO-CITOYENNETÉ Par Véronique Pomiès, chargée de communication
ENSEMBLE FAISONS SOCIÉTÉ
LA DYNAMO | AVRIL 2007 LA DYNAMO | AVRIL 2007
PESTICIDES : LA MACHINE INFERNALE
Maîtriser l’énergie, trier
ses chets, aller voter
mais aussi rendre un petit
service à quelqu’un qui en
a besoin appartiennent à la catégorie des
comportements citoyens qu’il convient
de promouvoir. On entend dire que cette
promotion passe par un changement des
mentalités et qu’il faut donc, avant tout
faire œuvre de pédagogie afin de mieux
informer, de mieux convaincre.
La plupart des grandes campagnes de
communication relèvent de ce présupposé : les
comportements découlent des idées.
Mais il ne suffit pas davoir les bonnes idées pour avoir
les bons comportements.
La psychologie de lengagement , au travers de
différentes expérimentations, fait la démonstration
que la probabili de réaliser un acte citoyen est
doublée si la personne a été amenée préalablement à
rendre un service à un inconnu ou encore à se sentir
libre dagir.
C’est ce qu’elle appelle « un acte préparatoire ».
L‘enjeu des campagnes de communication éco-
citoyennes est donc bien de conférer à sa cible un
statut d’acteur et non plus simplement un statut de
récepteur.
Ainsi, les questions centrales à traiter sont toujours
« quelles sont les bonnes informations à transmettre et
par quels canaux ? » à laquelle il convient de rajouter
une question déterminante « quels actes préparatoires
doit-on obtenir de la part de ceux et celles dont je
recherche le concours ? ».
C’est la prise en compte de cette dernière question qui
permet de passer d’une démarche de communication
engageante à une démarche de communication
classique.
L’illustration d’une campagne de communication
engageante à l’échelle dune ville
Cette action a été mise en œuvre à la demande du
service environnement de la Région en partenariat
avec l’Ademe sur le territoire de la commune du
Beausset.
Sur la base du volontariat, un collectif de personnes
relais a été constitué venant de tous horizons (élus,
enseignants, responsables d’associations..) chargés
d’enclencher une action précise en faveur de la
protection de l’environnement en impliquant le plus
de monde possible dans leur sphère d’influence.
Toutes ces actions ont été rendues visibles lors dune
journée de créations évènementielles pour partager
les expériences.
Cette journée ponctuée de débats et dexpositions
a surtout été loccasion dobtenir des engagements
concrets de la part des habitants, invités à signer un
bulletin d’engagement, accrochés sur la place publique
(500 signés lors de la journée).
On peut aujourd’hui légitimement penser que le
pacte écologique de Nicolas Hulot repose sur cette
théorie de l’engagement mais se dire aussi que nous
pouvons, tous à notre échelle, être des « Nicolas hulot
en herbe ».
Un livre à ne pas manquer.
Il est cosigné par Fabrice
Nicolino, collaborateur
du magazine Terre
Sauvage et François Veillerette,
président du Mouvement pour les
droits et le respect des générations
futures.
C’est un livre explosif, percutant,
et passionnant. Il se lit dune seule
traite. Et surtout il nous concerne
tous. Car cest de notre santé et de
l’environnement dont il s’agit.
Les citoyens sont grugés, les
agriculteurs aussi. Sous couvert
de nombreux organismes de
contrôle (commission d’étude de la toxicité, comité
d’homologation, AFFSSA, autorisation de mise sur le
marché), la France est le premier utilisateur européen
de pesticides et le troisième mondial ; les procédures
de contrôle des pesticides sont une vaste supercherie.
Les pesticides se retrouvent partout : dans les aliments,
dans leau, dans les eaux de pluie, dans lair, dans vos
maisons. Ils sont souvent très toxiques.
Les auteurs nous montrent clairement la collusion
directe entre l’industrie des pesticides, l’administration
publique française et la FNSEA et cela depuis 1945 ;
avec le ministère de lagriculture bien sur, mais aussi
l’INRA, Car lenjeu économique se chiffre en milliards
d’euros.
Le scandale des pesticides rappelle celui de lamiante.
Les auteurs rappellent que certains scientifiques
avaient mis en garde dès 1970 les pouvoirs publics
sur les risques encourus par les personnes exposés
à lamiante. Il a fallu près de 30 ans pour en interdire
totalement l’utilisation. Soit le temps de latence moyen
d’un cancer. Des centaines de milliers de gens en sont
morts.
Et l’histoire se renouvelle avec le Gaucho et le gent,
qui ont contribué à décimer des millions d’abeilles.
Des centaines d’études ont été menées sur les
pesticides par des scientifiques renommés. Pour n’en
citer que quelques-uns : le professeur Belpomme,
célèbre cancérologue, le professeur Narbonne,
éminent toxicologue, le professeur Séralini, spécialiste
en biologie moléculaire.
Ces études démontrent notamment l’impact des
pesticides sur notre santé : ils sont des agents actifs
dans le développement des cancers, dans les anomalies
congénitales, dans la reproduction perturbée, dans les
troubles neurologiques et cognitifs et enfin dans les
dysfonctionnement immunitaires.
Peu importe, l’État ne recule devant rien pour défendre
le pouvoir industriel. Il met ces études au placard en
dénigrant ses auteurs
Alors concluent Fabrice Nicolino et François Veillerette,
il faut agir vite contre cette machine infernale des
pesticides qui a pris les rênes de notre agriculture
depuis près de 60 ans avec la complicité des lobbies
industriels et des pouvoirs publics.
COMMENT PROMOUVOIR LES COMPORTEMENTS ÉCO-CITOYENS ?
DE LA COMMUNICATION À LA COMMUNICATION ENGAGEANTE
Robert-Vincent Jouve (photo) était le 3 avril dernier, l’invité des mardis de l’université de Provence, en tant que directeur
du laboratoire de psychologie sociale, pour exposer les grands principes de la psychologie de l’engagement applicable à
la communication.
Les pesticides se retrouvent
partout : dans les aliments, dans
l’eau, dans les eaux de pluie, dans
l’air, dans vos maisons. Ils sont
souvent très toxiques.
Pesticides, révélations sur un scandale français;
Fabrice Nicolino et François Veillerette,
Fayard – Paris, février 2007
www.pesticides-lelivre.com
A LIRE
Sur la théorie de l’engagement : « Petit traité de manipulation à
l’usage des honnêtes gens », R.V. Jouve et J.L. Beauvois, PUG
POUR EN SAVOIR PLUS
TATEM - Ateliers de création autour du conte pour enfants et adultes,
signes, tourves (83)2006
TATEM - Ateliers et expo «Les Ptits Surréalistes», au Centre Social Airbel, Marseille, 2006
2
CA DÉCROISSANCE Par François Vion, objecteur de croissance
FINANCES SOLIDAIRES Par Véronique Branger, chargée de mission à l’Apeas
LA DYNAMO | AVRIL 2007
ENSEMBLE FAISONS SOCIÉTÉ
LA DYNAMO | AVRIL 2007
MAL DE TERRE
Trois organisations sont à lorigine de Fineurosol :
RFA (Réseau de financement alternatif - Belgique),
Febea (dération européenne des banques
éthiques et alternatives) et Finansol (France).
Pourquoi et comment vous êtes-vous rapprochés ?
Les organisations se connaissaient. Jétais moi-même
président de deux des organisations : Finansol et
Febea. Et Finansol était en relation avec RFA, comme
elles sont toutes les deux des collectifs représentant
le secteur de lépargne et des finances solidaires dans
leur pays.
Lensemble de ces organisations voulaient travailler sur
l’idée d’un label. Finansol est actuellement le seul label
de produits d’épargne solidaire. Les belges pensaient à
cette question et Febea, de par son objet même qui est
de réunir les institutions nancières européennes qui
financent l’économie sociale et solidaire, demandait
un label européen. Nous avons tout naturellement
travaillé ensemble !
Fineurosol, quest-ce que cest ?
Fineurosol, c’est un label européen pour les produits
financiers solidaires qui garantissent aux investisseurs
et aux épargnants une transparence et de la solidarité.
Le label joue à deux niveaux. A la fois au niveau national
chacun devra pouvoir bénéficier du label pour
donner confiance aux épargnants et pour négocier
avec son gouvernement des avantages fiscaux sur les
produits. Et au niveau européen, nous souhaitons une
reconnaissance de la finance solidaire par le Parlement
européen.
Comment vous êtes-vous harmonisés sur une
définition et des critères d’un label commun ?
En Europe, on n’applique pas forcément la même
conception ni les mêmes termes pour désigner les
mêmes notions. En France, en Belgique et en Espagne,
c’est le « solidaire » qui prime. Chez les anglosaxons,
on parle plus déthique. Nous voulons associer
l’approche sociale et solidaire et l’approche éthique
du développement durable. C’est un pari ambitieux et
difficile !
Pour en arriver là, le comité de pilotage, compodes
trois secrétaires généraux des organisations initiatrices
et de sept banques et sociétés financières issues de
la Febea, a échansur les pratiques des uns et des
autres, les approches différentes. Au bout d’un an, le
travail de consensus a abouti à une vision commune.
Mais l’harmonisation et le compromis ne signifient
pas le diktat d’une vision sur les autres ! Dans certains
pays, la notion même de label est inconnue, comme en
Pologne. Nous serons particulièrement vigilants à ne
pas faire d’impérialisme français.
en est-on maintenant et quelles sont les
prochaines étapes du projet ?
Le 11 décembre 2006, a été présenté le travail de
l’année dernière. Maintenant, il faut que les instances
décisionnaires des trois organisations acceptent
formellement les propositions, ce qui
ne posera pas de problème majeur.
Nous pouvons espérer que Fineurosol
démarre en 2008 ! D’ici là, le travail à
faire est important. Par exemple, dans
quel pays va-t-on domicilier le projet ?
Mais surtout des questions de fond vont
se poser : doit-il y avoir un label national
qui co-existe avec Fineurosol ? Est-ce
qu’il y aura une structure ou juste une
propriété de nom pour le label ?
De plus, ce chantier est mené en parallèle du projet
piloté par la Banca Etica, de créer un observatoire sous
l’égide de Febea pour collecter des informations sur
toutes les structures juridiques qui existent au sein de
Febea afin de créer une forme juridique européenne
commune, spécifique aux finances solidaires.
Un label pour les produits et une structure nancière
: une actuali européenne forte pour les produits
d’épargne et des finances solidaires !
NAISSANCE DE FINEUROSOL
LES FINANCES SOLIDAIRES GAGNENT LEUROPE
A
l’heure tous les
politiques tirent à
eux la couverture
environnementaliste,
rien ne bouge et le ciel devient
rouge...
Les médias, surtout en France,
jouent le jeu du périssable,
l’information brille et passe.
Ce n’est plus aujourd’hui être
alarmiste que de tirer la sonnette
d’alarme, mais retardataire un
tant soit peu clairvoyant. Il est
surtout navrant de constater
que même la sonnette tirée, la
poignée nous reste dans la main
et le train poursuit sa course folle.
Désolé M. Stern, votre rapport restera lettre morte tant
que les politiques feront le jeu des lobbies.
« Pour arrêter l’augmentation du CO2 dans
l’atmosphère, il faudrait revenir au niveau de 1935.
Or l’objectif des accords de Kyoto est de le réduire de
6%, cest à dire au niveau de 1990. Et me cela est
loin d’être acquis... » Cette citation est tirée du livre de
Hubert Reeves, Mal de Terre, un livre indispensable qui
devrait être au programme de toutes les écoles, un
livre clair et simple, riche d’informations, de réflexions,
de chiffres, de graphiques éloquents. Voici en vrac
quelques informations que lon peut y trouver :
- Lénergie que la Terre reçoit du soleil est 10 000 fois
supérieure à la consommation énergétique mondiale.
- 15% des humains consomment 80% des ressources
naturelles.
- Les émissions de CO2 sont passées de 2 milliards de
tonnes en 1955 à 7 milliards de tonnes en 2005.
- L’épaisseur de la banquise Nord à diminué par
endroits de 40%.
- Le nombre de cyclones et inondations par an est
passé de 20 en 1950 à 90 en 1990.
- En Méditerranée les bourgeons s’ouvrent 16 jours
plus tôt et les feuilles tombent 13 jours plus tard qu’il y
a cinquante ans.
- Les dix années les plus chaudes depuis 1867, date des
premiers relevés, sont postérieures à 1980.
- Le taux dextinction des espèces vivantes est mille fois
plus élevée qu’avant lère industrielle: 27000 espèces
disparaissent chaque année (E.O.Wilson, biologiste,
Harvard University).
- 50% des tortues, 30% des amphibiens, 25% des
mammifères et 12% des oiseaux sont menacés de
disparition (PNUE).
Ajoutons à cela que l’hiver 2006-2007 a été le plus
chaud depuis 1867 et quau centre du négal les pluies
ont diminué de moitdepuis 1950. Un enfant meurt
toutes les 15 secondes du manque deau potable. En
2025 ce seront cinq milliards d’hommes qui souffriront
de la pollution de l’eau.
Et nous tirons la chasse sur ces informations : nous ne
buvons que 1% de notre eau potable.
Cela dit je ne veux pas faire le jeu de lAdeme dont la
politique de sinformation est de faire culpabiliser
le citoyen. Bien sûr que cest idiot de laisser couler
le robinet lorsqu’on se brosse les dents, de laisser
les lumières allumées et les appareils en veille ! Mais
c’est dans un certain sens de la poudre aux yeux, de la
dissimulation. Lorsqu’on connaît la position de lAdeme
en matière d’incinération des déchets, on se pose des
questions sur leurs rapports à l’industrie...
Devinette « Mal de Terre » : « qui utilise 70% des
réserves d’eau douce et produit 80% de la pollution
mondiale ?... » Non, ce ne sont pas les Américains...
ni même l’industrie... mais bien lagriculture, la sacro-
sainte, à la fois protégée et asservie par la Politique
Agricole Commune et autres lobbies mondiaux. Elle
qui produit 60% des céréales mondiales pour nourrir
les animaux d’élevage, qui ouvre les bras aux OGM, qui
assèche leau des rivières et des nappes phréatiques
et les empoisonne par ailleurs. Qu’on lève un peu ce
tabou social ! A côté de lui, l’épandage de lisier sent
l’eau de rose...
Saluons pour finir le chapitre du livre de Reeves intitulé
« Les animaux, nos frères » qui prouve qu’un esprit
sage ne limite pas le bientre à sa propre famille. Il cite
entre autres Kant (1724-1804): « La cruauté envers les
bêtes est la violation d’un devoir de l’homme envers
lui-même ».
Jean-Paul Vigier (photo) est président de Febea, ancien président de Finansol.
Il fait partie des pionniers des finances solidaires.
l’harmonisation et le
compromis ne signifient pas le
diktat d’une vision sur les autres !
www.fineurosol.org
POUR EN SAVOIR PLUS
Mal de Terre
Hubert Reeves et Fréderic Lenoir
Seuil 2003
A LIRE
3
TERRITOIRES SOLIDAIRES
LA DYNAMO | AVRIL 2007 LA DYNAMO | AVRIL 2007
Interview Lisa Del Mercato (photo), chargée de communication d’Ethicomundo
Vers un commerce équitable au Cours Julien et partout ailleurs
La Dynamo : Quel est l’intérêt dun tel
marché pour les acteurs du commerce
équitable ?
Lisa Del Mercato : C’est la troisième édition
du marché équitable du cours Julien. Il
s’inscrit dans la Quinzaine du commerce
nationale qui a lieu en France du 28 avril
au 13 mai. Cette année vingt exposants
seront rassemblés, issus de tout Paca. L’idée est de faire
connaître les acteurs de la gion et leurs démarches.
Mais ce marché permet surtout de toucher du monde
que l’on ne voit pas dans nos boutiques ou dans les
réseaux spécialisés, des gens peu familiers avec le
commerce équitable. C’est une bonne occasion de
valoriser le travail des producteurs et des réseaux de
distribution auprès du tout venant.
en-est la structuration des acteurs du commerce
équitable en Paca ?
Lisa Del Mercato : Le marché du Cours Julien est une
concrétisation du collectif qui s’est constitué en 2006.
C’est une action concrète et visible dans laquelle on se
reconnaît tous, qui permet de mutualiser des moyens
et des énergies : ensemble on fait plus et mieux que
chacun dans son coin. C’est bien l’idée du collectif que
nous avons créé : gagner en visibilité, élargir le public
que nous touchons, mutualiser des moyens et des
compétences... C’est important de montrer au public
qu’il existe en Paca un de gens qui revendiquent des
échanges commerciaux justes, de mettre en valeur
leur engagement réel et le travail des producteurs.
Montrer que les acteurs du commerce équitable sont
reliés est un gage de crédibilité.
Du 1er au 8 avril sest roulée la semaine
du développement durable et de
nombreuses manifestations ont eu lieu
dans toute la France. À Toulon, grâce à
l’initiative dun étudiant, l’Université accueillait
durant trois jours une vingtaine d’exposants venus
vendre et promouvoir les produits équitables,
informer sur les énergies renouvelables,
sensibiliser sur le tourisme solidaire… C’est dans
ce contexte que le Président du Covaceq (Collectif
varois pour le commerce équitable), Yves de
Kermel, animait une conférence sur le thème du
commerce équitable.
Contrairement aux idées reçues, le développement
durable (« un développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité
des générations futures à répondre aux leurs. ») ne
s’inscrit pas seulement dans une problématique
écologique mais bien dans une vision globale qui
«repose sur trois piliers, indissociables et vise à les
réconcilier : l’économie, lécologie et l’équité sociale.
Si lon oublie ce dernier pilier, aucun développement
ne sera durablement réalisable. La solidarité est en fait
la clé de tout. Promouvoir le développement durable,
tel qu’il a édéfini lors du Sommet de la Terre à Rio,
en 1992, cest organiser à la fois la solidarité verticale,
entre les générations, et la solidarité horizontale, entre
tous les peuples de notre planète.»
Le commerce équitable s’inscrit pleinement dans
cette logique et s’il devient une pratique de plus en
plus courante chez les particuliers, il «ne prendra
une dimension significative, et irréversible, que s’il
parvient à investir la sphère publique.» Le Covaceq
appelle donc les pouvoirs publics à concrétiser les
«bénédictions officielles» qui ont fleuri ces dernières
années (discours, circulaires, et même Loi), en mettant
en place des politiques d’achat pour promouvoir le
commerce équitable. Son groupe de travail «Agendas
21» travaille à la rédaction d’une charte qui permettra
prochainement aux collectivités territoriales qui le
souhaitent de s’engager dans ce sens.
Un prochain rendez-vous est déjà fixé puisque le
Covaceq créé lévénement autour du commerce
équitable les 24, 25 et 26 mai, sur le port de Toulon :
marché équitable en journée, concerts en soirée et le
Samedi 26, grande soirée au cinéma le Comédia ou se
succèderont témoignages, projection de films, défilés
de mode
Le développement durable,
une affaire de solidarité !
Sara Calamel
4,5,6 mai 2007
10h - 19h Cours Julien
Marseille
VAR
83
BOUCHES-DU-RHÔNE
13
Tiré de IOTA, la lettre électronique de l’UDV
s.calamel.udv@free.Fr
Pole commerce équitable et solidaire en
Paca
Apeas 04 91 99 02 40 – Anne Catherine
Josset
Ethicomundo / Pangea
Christel Olimé ou Lisa del Mercato
1 rue de l’Abbaye 13007 Marseille
[email protected] - 04 91 33 64 13
CONTACT
[email protected] - www.covaceq.org
INFORMATIONS
TATEM - Ateliers de création autour du conte pour enfants et adultes, signes, tourves (83)2006
4
LA DYNAMO | AVRIL 2007
TERRITOIRES SOLIDAIRES
LA DYNAMO | AVRIL 2007
VAUCLUSE
84
1er Forum Agri-Culture d’Avignon
‘‘Manger sans paysans’’ la fin de la culture paysanne
Ce 31 mars a eu lieu le premier forum
AGRI-CULTURE en Avignon. Une
rencontre ouverte à tous, portée par
des représentants et acteurs du monde
de la culture et/ou du monde paysan : lAmap
Libre terre, Arcure, La Banaste, Chemin faisant, la
Confédération paysanne Paca, les Echomédiens,
des élèves de lécole des Beaux-Arts dAvignon,
Fruits oubliés, Kokopelli, Longo Maï, Passages
de…, le Théâtre des Doms, le cinéma Utopia, la Cie
Vies-à-vies.
Le tout sous le portage général de la Maison
Alternative et Solidaire dAvignon.
Ce premier rendez vous dont le programme est rappelé
ci-dessous se veut le point de départ d’un processus
de réflexion, de recherche-action autour de lAppel
lancé pour une prise de conscience des conditions
de production, de distribution, de consommation
des produits de la Terre. Nous ne nous rendons plus
compte de la distance qui nous sépare de la faune et
de la flore. Un cynisme stressé a remplacé le respect
et la contemplation. Une mécanique froide sans âme
dévore la nature pour notre ravitaillement, notre pain
quotidien (cf . le film du même nom).
Nous sommes obligés de constater que l’industrie
agro-alimentaire écrase la culture paysanne séculaire
de survie et a me une avance considérable par
rapport à l’univers du divertissement de masse, qui
enchâsse pourtant la créativité culturelle dans des
camisoles marchandes et uniformes.
Première étape donc pour s’interroger et prendre parti
sur les questions sociales et sociétales relatives à cette
fin « programmée » (?) de la culture paysanne.
Extrait de l’Appel : « Lalimentation nous concerne
tous. La disparition de la culture paysanne est une
question qui ne peut être laissée aux seuls agriculteurs
et agricultrices, qui sont confrontées au quotidien
à leur survie économique. Il n’est pas tolérable que,
sans discussion publique, des technocrates et des
multinationales nous imposent des choix irréversibles.
Nous vous appelons à participer à ce premier «forum
agri-culturel», pont daction et de réflexions communes
entre la ville et la campagne ».
La rencontre du samedi 31 mars était précé le
mercredi 21 mars dun atelier d’écriture animé par M.J.
Laveaud d’Arcure, sur le thème « Tomate, quelle âme
as-tu ? » et se poursuivait le dimanche 1er avril par
la rencontre « À contre-temps », au Fenouil à vapeur,
paysans et citadins apportent leurs légumes pour
concocter et partager une soupe autour d’un bon
verre, et dun temps pour la palabre.
Rencontre encore le 4 avril à Utopia autour du film
Notre pain quotidien en présence de Jean-Pierre
Berlan et Jacques Hallard.
En région PACA, le prix du foncier a explosé depuis
quelques années. La terre est actuellement de plus en
plus convoitée, exploitée, sujette à des spéculations
de tout ordre. Les surfaces agricoles diminuent à une
vitesse vertigineuse. La terre va aux plus offrants et les
campagnes se trouvent de plus en plus colonisées par
des populations à hauts revenus. Les jeunes agriculteurs
ont de plus en plus de difficultés à s’installer sauf à
s’endetter pour le reste de leur vie.
Si nous laissons faire, nous hypothéquons les chances
de survie de lagriculture locale dans un futur très
proche.
Si vous êtes sensibles à cette problématique, vous
pouvez agir de manière concrète et vous engager
avec l’association Terre de Liens dans des projets
d’achat collectif de terres afin de les protéger contre la
spéculation et permettre l’installation ou le maintien
d’activités agricoles.
Terre de liens est une association qui, au niveau
national, permet la collecte dépargne solidaire à
destination du foncier en vue d’un usage durable et qui
donne la possibilité, à chaque citoyen qui le souhaite,
de soutenir des projets qui vont dans le sens d’activités
rurales respectueuses de l’environnement et créatrices
de liens.
En devenant investisseur solidaire (action à 100) ou
en faisant des dons, vous pouvez
ainsi participer au maintien d’un
tissu agricole vivant et favoriser une
gestion collective du territoire.
Terre de Liens et l’achat collectif de terres agricoles
Stéphane Maillard, producteur de
viande bovine biologique, nous a
interpellé lors des 2èmes Rencontres
interAmap des Alpes Maritimes du 15
octobre 2006 sur la menace qui pèse
sur les terres où il fait pâturer ses bêtes.
La pression du foncier est telle dans
ce département que l’éleveur ne peut
garantir la viabilité de sa production
car il loue des terres qui sont
susceptibles de devenir constructibles
(malheureusement, les terres agricoles font lobjet de
spéculation comme les autres).
Christine Coquio, qui représentait Terre de liens ce jour-
là, a su mobiliser les citoyens présents et un groupe de
soutien s’est constitué sur le champ.
Tout d’abord, les 5 Amap (soit plus de 300 familles)
que Stéphane alimente gulièrement de ses œufs et
de sa viande ont sigune pétition de soutien qui a
rassemblé plus de 200 signatures.
Ensuite, un projet dachat collectif de la parcelle
concernée a vu le jour grâce à Terre de liens et un appel
à engagement nancier solidaire vient d’être ouvert :
déjà de nombreux consommateurs des AMAP se sont
engagés à y contribuer.
Plus globalement, chaque citoyen est concerné par la
disparition des terres arables et des
petits producteurs respectueux de
l’environnement.
Si les lecteurs de La Dynamo veulent
s’associer à notre démarche :
n.dubus@laposte.net.
Menaces sur des terres agricoles
Stéphane Maillard, producteur de viande Bovine à Valderoure
Christine Coquiot
membre de Terre de Liens
Nathalie Dubus, consomm’actrice de
l’Amap de Valbonne
ALPES MARITIMES
06
Par ACS 2000
Par Jean-Luc Fauche, président de la Maison alternative et solidaire d’Avignon
« L’alimentation nous concerne
tous. La disparition de la culture
paysanne est une question qui
ne peut être laissée aux seuls
agriculteurs et agricultrices, qui
sont confrontées au quotidien à
leur survie économique. Il n’est
pas tolérable que, sans discussion
publique, des technocrates et des
multinationales nous imposent des
choix irréversibles... »
Maison Alternative et Solidaire
5 rue des Teinturiers, Avignon
& 04 90 82 59 26
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Alliance Provence - & 04 94 98 80 00
www.allianceprovence.org
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Terre de Liens - & 04 75 59 69 35
www.terredeliens.org
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