DAF/COMP/WD(2011)72
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7. S’ils ne poussent pas nécessairement à la domination d'une seule entreprise, le mécanisme des
effets de réseau est en effet porteur de risques anticoncurrentiels car ils peuvent faciliter la constitution
d’une position dominante et surtout limiter la contestabilité du marché, l’entreprise la plus attractive pour
les nouveaux clients étant celle qui dispose déjà du plus grand parc de clientèle.
8. L’Autorité de la concurrence a analysé ce type de marché à plusieurs occasions1, notamment lors
de son enquête sectorielle sur la publicité en ligne (A), ainsi que dans le secteur des télécommunications à
travers la notion d’ « effet club » (B).
1.1 La publicité en ligne, un exemple de marché biface sur lequel les opérateurs en position
dominante ont été invités par l’Autorité à assumer leurs responsabilités particulières
1.1.1 Le marché biface de la publicité en ligne
9. L’Autorité a achevé en décembre 2010 une enquête sectorielle sur le marché de la publicité en
ligne dans laquelle elle a abordé la question du fonctionnement de ce marché biface2. À ce titre, elle s’est
notamment intéressée aux deux acteurs principaux de la publicité en ligne en France, Google pour la
publicité liée aux recherches et la société Pages Jaunes pour la publicité sur les annuaires en ligne.
10. Sur une face du marché, Google fournit gratuitement aux internautes un moteur de recherche et,
sur l’autre, vend aux annonceurs la possibilité de juxtaposer aux résultats « naturels »3 de ces recherches
des liens commerciaux ciblés en fonction des mots-clés utilisés par l’internaute.
11. L'Autorité a estimé, sur base d’éléments convergents (part de marché, profitabilité, pouvoir de
marché et barrières à l’entrée)4, que Google disposait d’une position dominante sur le marché de la
publicité liée aux moteurs de recherche (publicité « search »). Après une instruction approfondie, appuyée
par les retours d’expérience des annonceurs, ainsi qu’un échange nourri avec Google sur la base d’études
économiques, l’Autorité a en particulier conclu que le « search » constituait un service distinct de la
publicité « display » (bannières, etc.), compte tenu des objectifs et méthodes de ciblage différents de ces
deux modes d’annonces, qui ne sont pas substituables et formait de ce fait un marché pertinent. Cette
1 Etude thématique sur Internet et le commerce électronique dans le Rapport annuel 2000 du Conseil de la
concurrence ; avis 03-A-03 du 20 mars 2003 relatif à l’opération de concentration Comareg / France
Antilles dans le secteur de la presse ; décision 06-D-18 du 28 juin 2006 relative à des pratiques mises en
œuvre dans le secteur de la publicité cinématographique ; décision 08-D-05 du 27 mars 2008 relative à des
pratiques mises en œuvre dans le secteur des commerces sous douane des aéroports parisiens ; note de
l’Autorité de la concurrence pour la Table ronde du Comité concurrence de l’OCDE de juin 2009 sur les
marchés bifaces ; paragraphe 364 des lignes directrices de l’Autorité de la concurrence en matière de
concentrations publiées le 16 décembre 2009 ; décision 10-DCC-11 du 26 janvier 2010 relative à la prise
de contrôle exclusif par le groupe TF1 des sociétés NT1 et Monte-Carlo Participations (groupe AB) ;
décision 11-D-11 du 7 juillet 2011 relative à des pratiques mises en œuvre par le Groupement des Cartes
Bancaires ; décision 11-D-12 du 20 septembre 2011 relative au respect des engagements figurant dans la
décision autorisant l’acquisition de TPS et CanalSatellite par Vivendi Universal et Groupe Canal Plus.
2 Avis 10-A-29 du 14 décembre 2010 sur le fonctionnement concurrentiel de la publicité en ligne.
3 C’est-à-dire tels qu’issus du fonctionnement du seul algorithme.
4 Paragraphe 269 de l’avis 10-A-29: « La profitabilité de Google, sa part de marché très importante qui se
maintient depuis plusieurs années, le fait que Google puisse s’abstraire assez largement de l’insatisfaction
des annonceurs dans le cadre des relations contractuelles qu’il noue avec eux, l’existence de barrières à
l’entrée, à la fois sur le côté « internautes » et le côté « annonceurs » du marché biface de la recherche sur
Internet, sont autant d’éléments qui convergent dans le sens d’une position dominante de Google sur le
marché de la publicité liée aux recherches. »