Tendance : La baisse des marchés n`épargne pas les fonds flexibles

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Tendance : La baisse des marchés n'épargne
pas les fonds flexibles
Option Finance
Sandra Sebag
By Sandra Sebag
2 novembre 2015,
2006 mots,
Français,
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Les mouvements enregistrés sur les Bourses cet été ont pesé sur la performance des fonds flexibles,
qui ont perdu en moyenne plus de 5 % entre début juillet et fin septembre. Quelques fonds
patrimoniaux sont tout de même parvenus à surperformer, grâce à leur positionnement plus prudent
sur les actions.
Les fonds flexibles ont-ils tenu leur promesse d'adapter leur allocation aux évolutions des marchés
financiers afin de protéger le capital de leurs souscripteurs à court terme et de générer de la
performance à long terme ? Les nombreux mouvements enregistrés sur les marchés depuis le début
de l'année constituent un bon test pour en juger. Après un premier trimestre en fanfare, la
performance des actions européennes a en effet commencé à se dégrader, pliant face à l'incertitude
à propos du dossier grec puis du niveau de la croissance en Chine, pour ensuite complètement
s'effacer en septembre. Du côté des taux, si la volatilité est moins impressionnante sur les obligations
souveraines que sur les actions européennes, elle est forte sur les dettes émises par les entreprises
les moins bien notées.
Un nombre très limité de fonds performants
Dans ce contexte très chahuté, les fonds flexibles n'ont pas réussi à jouer leur rôle si l'on se réfère à
leurs résultats ces derniers mois. Selon Europerformance, la performance des fonds de droit français
diversifiés d'allocation mixte a reculé de - 5,3 % au troisième trimestre 2015. La catégorie gestion
flexible n'a pas fait mieux avec une baisse de - 6,1 % sur le trimestre. Si la performance des fonds
d'allocation flexibles en euro et international commercialisés en France est légèrement supérieure
puisqu'elle ressort, selon Morningstar à - 3,72 % entre le 1er juillet et le 10 octobre, elle reste
toutefois négative sur la période. Mais plus inquiétant : sur les 466 fonds issus de la base de données
de Morningstar, seuls 18 affichent un gain entre le 1er juillet et le 10 octobre dont 8 une
performance supérieure ou égale à 2 %, les autres se situant entre 0 % et 1 %. Au sein de ce
classement, le fonds H2O Multistratégies de H2O Asset Management se démarque avec une
progression de 18,08 % sur la période. Il est suivi par des fonds commercialisés par des sociétés de
gestion entrepreneuriales, comme Amiral Gestion ou Tikehau Investment Management et par de
plus grandes maisons, comme OFI Asset Management ou La Banque Postale Asset Management.
Enfin, selon l'observatoire de Quantalys sur la gestion flexible, qui regroupe 70 fonds très utilisés
dans le cadre de l'assurance vie, seuls trois d'entre eux affichent une performance positive entre le
1er juillet et le 30 septembre, H2O Multistratégies figure toujours en tête, suivi par Palatine
Absolument (1,3 %) et Sextant Grand Large d' Amiral Gestion (0,74 %).
Une prime à la prudence
Les fonds qui ont le mieux résisté aux soubresauts des marchés sont ceux dont le profil est le plus
prudent. «Les fonds traditionnellement les moins exposés aux actions ont réussi à limiter les pertes,
précise Jean-Paul Raymond, directeur du développement de Quantalys. Parmi les meilleurs, on
trouvera ainsi celui de la Banque Palatine (Palatine Absolument) au profil très prudent, mais qui a
contrario ne capte pas bien les hausses de marché.» Quelques fonds patrimoniaux ont aussi réussi à
se démarquer, celui d'Amiral Gestion, déjà cité, et quelques autres, même si leurs performances sont
légèrement négatives sur la période : Nordea 1 Stable Return Fund (- 0,1 %), BBM V-Flex de
Montpensier Finance (- 0,9 %) ou encore Acatis Gane Value Event Fonds (- 1 %). Anticipant la baisse
des marchés actions, ces produits ont très tôt effectué des arbitrages. «Le marché a monté très
rapidement en début d'année, relève Louis Abreu, responsable de la gestion flexible chez
Montpensier Finance. Nous avons réduit notre exposition aux actions de 90 % en début d'année à 60
% au mois de février, puis notre modèle nous a indiqué au printemps que la conjoncture commençait
à se dégrader, nous avons alors encore diminué notre exposition aux actions à 50 %. Au mois d'août,
quand les marchés ont beaucoup baissé, nous avons pris nos bénéfices sur les options de couverture
et avons augmenté notre exposition aux actions avant de la réduire à nouveau.» Une stratégie
adoptée par la plupart des gérants dès le printemps. «Fin mai, nous avons diminué notre poche
actions à 35 % (contre 46 % en début d'année) avant de la remonter à 47 % en septembre et de la
diminuer à nouveau à 42 % actuellement, précise Louis d'Arvieu, gérant de Sextant Grand Large.
Nous avons ainsi vendu des actions au plus haut et en avons racheté au plus bas.» Le fonds d'Acatis
possède des objectifs similaires puisque l'approche value incite les gérants à investir dans la baisse et
à se montrer prudents lorsque les marchés progressent vite. A contrario, la plupart des fonds
patrimoniaux, notamment les plus populaires, ont davantage subi les mouvements de marché, c'est
le cas par exemple de Carmignac Patrimoine qui perd, selon Quantalys, - 6,9 % entre le 1er juillet et
le 30 septembre, de même CPR Croissance Réactive (- 6,5 %) et Oddo Patrimoine (- 6,1 %). Par
ailleurs, en bas des classements figurent «les fonds structurellement exposés aux marchés actions
comme R Valor et R Club de Rothschild & Cie Gestion ou encore Rouvier Valeurs, constate Jean-Paul
Raymond. Officiellement il s'agit de fonds flexibles, mais ils sont toujours très investis en actions.»
Une majorité de fonds peu réactifs
Les fonds flexibles peuvent ainsi afficher des profils de risque différents et intègrent souvent des biais
de gestion. Ces caractéristiques expliquent davantage le comportement de cette classe d'actifs que la
capacité des gérants à agir en fonction des évolutions de marché. Il existe en effet, malgré la
promesse avancée, peu de fonds qui sont véritablement réactifs et ajustent leur allocation aux
mouvements des marchés financiers. Seven Capital Management a démontré dans une étude
récente le comportement moutonnier des fonds flexibles. «Nous avons créé un indice (le flex index)
qui reflète les performances de 507 fonds de droit français et luxembourgeois répondant à la
classification allocation mixte de Bloomberg, précise Johann Schwimann, président et cofondateur de
Seven Capital Management. Pour juger de la performance de ces fonds flexibles et de leur réactivité,
nous avons créé un second indice dit "5050" investi à moitié dans l'indice DJ Eurostoxx 50 (hors
dividendes) et à moitié dans l'indice Euro MTS 7-10 ans (hors coupons). On constate une très grande
corrélation ou similitude de comportement entre les deux indices composites à savoir le flex index et
le 5050 sur longue période (depuis le mois de janvier 2007) en termes de performance et de pertes
maximales. Les gérants dits flexibles s'écartent finalement peu d'une gestion classique indicielle.» Un
constat assez général. «Les fonds classés dans les catégories flexibles ne le sont pas toujours, affirme
Jean-Paul Raymond. Certains gérants de fonds flexibles sont davantage spécialisés sur les actions et
ne connaissent pas bien l'univers obligataire, d'autres ont des convictions qu'ils veulent tenir coûte
que coûte... Les raisons sont multiples pour expliquer les biais de gestion qui limitent la réactivité des
gérants.» Des biais que les investisseurs se doivent de connaître avant de sélectionner un fonds. Par
ailleurs, même si les performances à court terme dans un environ chahuté permettent d'évaluer la
capacité des gérants à faire face à des marchés adverses, ces fonds doivent aussi être analysés dans
une logique de long terme. «Pour être certain de la résistance d'un fonds à un krach boursier, il faut
considérer les fonds existants depuis 2007, prévient Johann Schwimann. Il est également important
de prendre en compte d'autres indicateurs que la performance, comme la perte maximale
enregistrée, car le véritable risque regardé par un investisseur est la perte en capital.» D'ailleurs, les
gérants en conviennent tous, les fonds flexibles sont adaptés à un horizon d'investissement de
moyen terme, la performance et le risque ne doivent pas seulement être analysés sur une courte
période, même si celle-ci est très représentative.
H2O Multistratégies, un profil de risque très élevé
+ 18,08 % entre le 1er juillet et le 10 octobre
+ 28,2 % sur un an
+ 34,37 % annualisé sur trois ans
La performance du fonds H2O Multistratégies est obtenue au prix d'une prise de risque élevée. «H2O
Multistratégies a enregistré une volatilité de 38 % sur les six derniers mois, un niveau quasiment
supérieur à celui des marchés actions», prévient Jean-Paul Raymond, directeur du développement de
Quantalys. Un risque assumé par le gérant. «H2O Multistratégies est le fonds de notre gamme dont
la gestion est la plus active. Son horizon d'investissement est de ce fait élevé, la performance étant
maximisée à un horizon de cinq ans», précise Vincent Chailley, directeur des investissements de H2O
Asset Management. Le fonds intègre deux dimensions : «une partie classique reposant sur une
allocation dynamique entre les actions, les obligations et le change et une dédiée aux arbitrages qui
apporte de la surperformance», indique Vincent Chailley.
Parmi les paris qui ont bien fonctionné récemment figure celui pris sur les émergents. «Au printemps
dernier, les marchés étaient focalisés sur la Grèce et n'ont pas considéré la baisse de la croissance
dans les émergents, relève Vincent Chailley. Nous avons mis en place des protections contre la baisse
des marchés émergents et avons misé sur la dépréciation de leurs devises contre le dollar, tout en
prenant des positions offensives sur les actions des pays développés.» Autre thème suivi : la politique
de la Fed. «Plusieurs positions nous protègent contre une possible remontée des taux aux Etats-Unis,
un risque nettement sous-estimé par le marché», commente Vincent Chailley.
«Nous nous protégeons contre une possible remontée des taux aux Etats-Unis, un risque nettement
sous-estimé par le marché.»
Vincent Chailley,
directeur des investissements, H2O Asset Management
Sextant Grand Large, une stratégie basée sur la valorisation de long terme des actions
+ 1,1 % entre le 1er juillet et le 10 octobre
+ 14,4 % sur un an
+ 10,73 % annualisé sur trois ans
L'allocation en actions de Sextant Grand Large peut varier entre 25 % et 75 % de l'actif. «Nous ne
faisons pas de scénario macroéconomique, précise le gérant Louis d'Arvieu. Notre allocation varie en
fonction d'un indicateur de valorisation des marchés actions : le PER de Schiller. Celui-ci est calculé
sur 10 ans afin de lisser les effets du cycle économique, sa moyenne historique est de 16,5 fois les
bénéfices sur les marchés développés.» Si le PER des marchés actions est inférieur à cette moyenne,
l'exposition en action du fonds augmente et inversement. Le fonds possède aussi d'autres moteurs
de performance : il est investi pour moitié dans des petites et moyennes capitalisations qui ont une
plus grande capacité de résistance en cas de baisse et sur des titres plutôt défensifs en ce qui
concerne les grandes capitalisations. Enfin, «10 % à 15 % du portefeuille est investi dans des
obligations à moyen terme non notées, émises généralement par des PME qui présentent une
anomalie de valorisation, poursuit Louis d'Arvieu. Pour le reste de la poche obligataire, nous
privilégions des titres à court terme afin de n'être pas exposés au risque de taux.» Une gestion
résolument flexible et peu volatile. «Sextant Grand Large a généré une volatilité annualisée de 4 %
sur trois ans», relève Jean-Paul Raymond, directeur du développement de Quantalys.
«Nous ne faisons pas de scénario macroéconomique, notre allocation varie en fonction du PER de
Schiller.»
Louis d'Arvieu,
gérant, Sextant Grand Large
«Le marché ayant monté très rapidement en début d'année, nous avons réduit notre exposition aux
actions dès le mois de février.»
Louis Abreu,
responsable de la gestion flexible, Montpensier Finance
Les gérants dits flexibles s'écartent finalement peu d'une gestion classique indicielle.
La plupart des fonds patrimoniaux, notamment les plus connus, ont davantage subi les mouvements
de marché
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