CHILI CONTACT PRESSE THÉÂTRE DE LA VILLE JACqUELINE MAGNIER [email protected] 01 48 87 84 61 FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS RéMI fORT I CHRISTINE DELTERME 01 53 45 17 13 ADMINISTRATION 16 quai de Gesvres 75180 paris Cedex 04 I 01 48 87 54 42 SAISON 2012 I 2013 4 RENDEZ-VOUS AVEC LE CHILI AU THÉÂTRE DE LA VILLE DURANT LA SAISON 2012I 2013 Du Chili, un air printanier Après 16 ans de sinistre dictature, sous Pinochet, puis 20 ans de « transition démocratique », une effervescence artistique regagne le Chili. Le Théâtre de la Ville s’en fait l’écho toute la saison, avec la voix de velours de Aldo “Macha” Asenjo (20 octobre), les délicates marionnettes du Teatro Milagros (en mai), la jeune compagnie La Resentida (en mai). Pour regarder le présent en face et le délester de ses encombrants fantômes, le « théâtre mémoriel » de Guillermo Calderón inaugure ce réjouissant souffle printanier. Jean-Marc Adolphe GUILLERMO CALDERÓN Villa + Discurso CRéATION → THéâTRE DES AbbESSES I 31 RUE DES AbbESSES PARIS 18 DU 9 AU 19 OCTObRE 20 H 30 EN ESpAGNOL SURTITRé EN fRANçAIS TARIf A 26 € // 20 € // JEUNES 15 € // ENfANT -12 ANS 9 € LOCATION 2 PLACE DU CHÂTELET PARIS 4 // 31 RUE DES AbbESSES PARIS 18 // 01 42 74 22 77 //wwww.theatredelaville-paris.com → THéâTRE DES AbbESSES I 31 RUE DES AbbESSES PARIS 18 DU 9 AU 19 OCTObRE 20 H 30 GUILLERMO CALDERÓN Villa + Discurso TExTE & mISE EN SCèNE Guillermo Calderón ASSISTANTE mISE EN SCèNE María paz Gonzalez SCÉNOgRAPHIE Maria fernanda Videla AVEC francisca Lewin, Carla Romero, Macarena Zamudio Teatro playa fondation Teatro a Mil, Chili CORÉALISATION Théâtre de la Ville-paris et festival d’Automne à paris. PRODUCTION COPRODUCTION TOURNÉE ORgANISÉE EN COLLAbORATION AVEC la fondation Teatro a Mil ET LE SOUTIEN de ministère des Affaires étrangères du Chili AUTRES REPRÉSENTATIONS les 5 & 6 octobre, l’Apostrophe, Cergy-pontoise EN ESpAGNOL SURTITRé EN fRANçAIS CRéATION BONNES QUESTIONS Deux moments autour d’un thème : le Chili, les horreurs de la dictature pinochet, ce qu’il en reste aujourd’hui. par une jeune troupe chilienne. Sous le régime Pinochet, environ 5 000 détenus ont été emmenés à la Villa Grimaldi. La plupart ont été torturés, beaucoup ont « disparu ». La Villa a été détruite. De là, part le spectacle de Guillermo Calderón, en deux parties. Villa : trois femmes discutent du sort de cet endroit. Doiton y construire un mémorial ou un lieu de vie et d’espoir qui effacerait l’horreur du passé. Mais le passé ne se laisse pas effacer d’un trait. Demeurent les souvenirs, les incertitudes. La peur. L’abomination est-elle définitivement anéantie, est-ce que tout est résolu ? Ces questions, on peut se les poser, et pas seulement au Chili. L’entracte laisse aux spectateurs le temps d’y réfléchir, avant la seconde partie. Discours, imaginaire, de Michelle Bachelet – Présidente du Chili de 2006 à 2010 – lorsqu’elle quitte ses fonctions. Pas dans le style politiquement correct au quel on s’attend. Non. Elle exprime clairement ses craintes, ses doutes. Dit-elle ce qu’elle pense, ou lui a-t-on soufflé les mots, peu importe. L’essentiel est de les faire entendre. Colette Godard THéâTRE DE LA VILLE pARIS • VILLA + DISCURSO • SAISON 2012-2013 AU CŒUR D’UNE MÉMOIRE MEURTRIE Guillermo Calderón exhume un passé qui ne passe pas : celui des années noires de la dictature de Pinochet. Quand l’amnistie veut enfouir les crimes et responsabilités, le théâtre s’éveille et se fait éclaireur. Ce fut un autre 11 septembre, de sinistre mémoire. En 1973, à Santiago du Chili, un coup d’État militaire renversait sous les bombes et dans le sang le président socialiste Salvador Allende, élu trois ans plus tôt sur un programme de nationalisations qui visait à affranchir le pays de la mainmise des capitaux étrangers. Sous la férule d’Augusto Pinochet, la dictature qui s’ensuivit engendra son lot massif d’arrestations d’opposants et de « dissidents », de disparitions, de tortures et d’exécutions. Ce furent seize années de cauchemar, jusqu’à la transition démocratique de 1990, cependant entravée par une loi d’amnistie qui protégea les militaires jusqu’au début des années 2000. Face aux non-dits et aux enfouissements de cette période tragique, « les artistes se sont alors tournés vers le passé, plus tôt que les pouvoirs publics, pour panser blessures et plaies de la mémoire collective », estime Mathilde Arrigoni, du Centre d’études et de recherches internationales, qui parle d’un « théâtre mémoriel ». Que faire d’un passé qui ne passe pas ? Au Chili, une jeune génération de cinéastes et de metteurs en scène s’en empare, afin de regarder le présent en face, de le délester de ses encombrants fantômes. Le festival Translatines, l’automne dernier à Bayonne, a permis de prendre la mesure de cette effervescence avec des spectacles de Cristián Plana, de Lorna Gonzalez (à partir de témoignages d’ex-enfants victimes de la dictature) et de Guillermo Calderón, dont le diptyque Villa et Discurso est présenté début octobre au Théâtre des Abbesses. Villa, c’est la Villa Grimaldi, l’un des symboles des années noires de la dictature : environ 5.000 personnes y furent détenues et, pour beaucoup, humiliées, torturées, puis « disparues ». Le spectacle de Guillermo Calderón a été initialement créé entre les murs d’une autre « villa » de torture, en plein centre de Santiago, 35 rue de Londres, aujourd’hui transformée en lieu de mémoire. La transposition ultérieure sur un plateau de théâtre n’a pas affecté la charge émotionnelle du propos, mais a renforcé la parabole qui traverse la pièce. Que faire aujourd’hui d’un tel symbole de la répression et de la dictature ? Doit-on y construire un mémorial ou un lieu de vie qui effacerait l’horreur du passé ? Trois jeunes femmes confrontent leurs points de vue, sans langue de bois : le théâtre de leurs arguments devient ainsi un passionnant débat qui prend à partie le spectateur. Discurso, ensuite, c’est le discours qu’aurait pu tenir Michelle Bachelet à la fin de son mandat présidentiel (de 2006 à 2010), un discours qui aurait fait part aux doutes et aux échecs, aux réflexions personnelles et aux moments d’émotion. Là encore, le fil du verbe tisse une toile arachnéenne où se meuvent trois comédiennes épatantes (Francisca Lewin, Carla Romero et Macarena Zumedio), qui portent avec conviction ce théâtre sans esbroufe, dont l’intense vérité qu’il met en partage doit beaucoup à la plume acérée de Guillermo Calderón. Passé un temps par le prestigieux « laboratoire » du Royal Court à Londres, mais aussi par des études de « physical theatre » en Californie et de cinéma à New York, il est aujourd’hui, à 30 ans, l’un des dramaturges chiliens les plus reconnus de sa génération. Dans un pays où Bernard-Marie Koltès est un classique, écrit la comédienne Millaray Lobos García *, « la parole commence à émerger plus librement, après vingt ans de “transition démocratique”, mais aussi d’années d’un théâtre éminemment d’image, de métaphore visuelle. […] Au Chili, la question de la mémoire collective et individuelle, de l’identité susceptible de se forger à travers elle, reste un sujet majeur. » Jean-Marc Adolphe * in Nouvelles écritures théâtrales d’Amérique latine. 30 auteurs sur un plateau, Éditions Théâtrales/les cahiers de la Maison Antoine Vitez, juin 2012. GUILLERMO CALDERÓN AUTEUR ET METTEUR EN SCèNE Après des études théâtrales au Chili, il suit une formation à New York, notamment à l’Actor’s. Il étudie également en Californie à la Dell’Arte School of Physical Theater, en Italie la Comedia dell’Arte et à New York suit des études de cinéma. Il est acteur pendant cinq ans avant de devenir metteur en scène. Il s’attaque plus tard à la dramaturgie. Des œuvres telles que Neva (2008), Diciembre et Clase, présentées dans toute l’Amérique latine, aux États-Unis et dans des festivals internationaux, ont remporté de nombreux prix. THéâTRE DE LA VILLE pARIS • VILLA + DISCURSO • SAISON 2012-2013 ENTRETIEN GUILLERMO CALDERÓN Au Chili, la mémoire est-elle un thème privilégié dans les arts et, en particulier, au théâtre ? GUILLERMO CALDERÓN : Nombre d’artistes s’y intéressent. C’est tout particulièrement le cas de ceux qui, comme moi, ont grandi pendant la dictature. De plus, au Chili, la plupart des cas de violation des droits de l’homme ayant eu lieu sous Pinochet n’ont pas été résolus. Du coup, la culture a tenté de faire œuvre de mémoire, elle s’est efforcée d’explorer ce traumatisme engendré par la cruauté de la dictature et par la négligence des institutions publiques en la matière. Dans quelle mesure le diptyque Villa + Discurso relève-t-il de cette réflexion sur l’histoire chilienne plus ou moins récente ? G. C. : Le spectacle repose la question des violations des droits de l’homme depuis le point de vue d’une génération qui n’a pas directement fait l’expérience de la dictature. L’idée est de montrer que le traumatisme de la dictature est hérité par les jeunes générations. Enoutre, s’agissant d’un pays où justice n’a pas été faite dans de nombreux cas d’assassinat ou de torture, la société a besoin de lutter contre l’oubli. Voilà pourquoi la pièce s’attache à faire œuvre de mémoire tout en posant la question du comment : comment se souvenir, comment entretenir la mémoire ? Dans Villa, le premier volet de ce diptyque, il est question du devenir de la Villa Grimaldi, qui fut un centre de torture pendant la dictature d’Augusto Pinochet. Le débat qui se déroule sous les yeux du public est-il le reflet de ceux qui ont effectivement eu lieu au Chili ? G. C. : Oui. Les survivants de la Villa Grimaldi continuent d’en parler, tout comme nous dans le spectacle. La Villa Grimaldi est un grand parc, mais ce n’est pas que cela, plusieurs projets y sont liés : activités éducatives, musée, archives orales, ces dernières étant destinées à rassembler les témoignages des survivants. quelles sont les difficultés inhérentes au fait de transposer un débat d’actualité dans une œuvre de fiction ? G. C. : La principale difficulté réside dans la transformation d’un née. Naturellement, le fait de jouer dans d’anciens lieux de torture et d’extermination peut engendrer une réaction d’ordre émotionnel, mais ce n’est pas le but. L’intention est tout simplement d’amener le public à observer l’endroit où il se trouve pour qu’il comprenne que tout espace de mémoire impose une façon particulière de se souvenir, et que cela a des conséquences politiques, historiques et éthiques. Le public qui va voir la pièce dans ce contexte est-il différent du public habituel des théâtres ? G. C. : Absolument. C’est un public qui s’intéresse à l’histoire po- litique du Chili et à tout ce qui touche aux droits de l’homme. C’est un public progressiste, au sein duquel on trouve un bon nombre d’anciens opposants à la dictature ou leurs descendants. Comment ce spectacle a-t-il été reçu au Chili ? G. C. : Je crois que le public chilien est reconnaissant du fait qu’un regard se porte à nouveau sur ce thème. Et les générations les plus jeunes s’intéressent à l’histoire de leurs parents, elles veulent la connaître et comprendre le pays dans lequel elles vivent. Le public apprécie également l’immédiateté du théâtre. Débattre d’une histoire politique récente transforme le théâtre en quelque chose de vivant et de polémique. Et qu’en est-il quand vous jouez ailleurs, loin du Chili et dans des salles de théâtre plus traditionnelles ? G. C. : Ailleurs, le public ne connaît pas forcément les détails de l’histoire du Chili. Pour cette raison, il est important que les spectateurs prennent connaissance du programme avant de voir la pièce. Mais, en général, les gens ne voient pas dans ce spectacle l’expression d’une histoire strictement locale. Les violations des droits de l’homme sont malheureusement un thème qui concerne le monde entier, de même que la question de la mémoire. Un autre sujet abordé par la pièce est la confrontation des leaders progressistes avec le pouvoir, lorsqu’ils se retrouvent en situation d’administrer un État capitaliste ; c’est là encore un sujet international. débat académique en dialectique scénique. D’abord, il faut se laisser le temps de préciser les éléments du débat, de décrire les différents arguments qui sont en jeu, avant de faire débuter la discussion. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le public a des opinions très précises et tranchées sur les questions d’actualité. Chaque idée avancée dans la pièce doit donc être étayée par un raisonnement clair et précis, seul garant de l’intelligence du discours et de la mise en scène. Dans Discurso, la deuxième partie de ce spectacle, il est question de l’ancienne présidente du Chili, Michelle bachelet. A-t-elle vu le spectacle ? G. C. : Non, elle ne l’a pas vu. Mais sa mère, en revanche, est venue, quel sens revêt pour vous le fait de jouer ce spectacle dans des espaces qui au temps de la dictature furent consacrés à la torture ? G. C. : Dans ce spectacle, il est question d’un lieu de mémoire, la Le théâtre que vous pratiquez est-il un théâtre politique ? G. C. : Totalement. Je pense à la politique à longueur de journée, Villa Grimaldi en l’occurrence. Le fait de jouer dans un lieu qui se trouve au cœur du débat de la pièce conduit le public à réfléchir sur l’espace dans lequel il se trouve, dans lequel la pièce est don- et elle nous a dit que ce spectacle plairait sans doute beaucoup à sa fille. Michelle Bachelet est connue pour son sens de l’humour, je crois donc qu’elle apprécierait la pièce, malgré les critiques formulées à l’égard de son gouvernement. il est donc naturel que mon théâtre soit politique. Et puis j’ai toujours considéré la scène commeun lieu idéal pour penser politiquement. THéâTRE DE LA VILLE pARIS • VILLA + DISCURSO • SAISON 2012-2013 quelle est votre définition d’un théâtre politique ? G. C.: J’aime me dire que c’est un prétexte pour que les gens de gauche se réunissent pour réfléchir. C’est un espace de libre expression de la rage et aussi d’un certain optimisme quant à la capacité de l’art à changer le monde. quel est le lien entre Villa + Discurso et vos pièces précédentes : Neva, Clase et Diciembre ? G. C. : Villa + Discurso met l’accent sur le débat d’idées, porté par le jeu des comédiennes. Ce spectacle est peut-être plus explicite que les précédents. Il fait directement référence à des personnalités politiques vivantes. Et les textes portent l’empreinte de la frustration due au retour de la droite au pouvoir, vingt ans après. Le temps de l’écriture et celui de la mise en scène sont-ils deux moments distincts ? Le texte de la pièce est-il entièrement écrit quand vous commencez les répétitions ? G. C.: J’aime débuter les répétitions quand j’ai écrit environ la moi- tié de la pièce, et écrire ce qui manque pendant les répétitions. J’aime finir d’écrire en tenant compte du tempérament de chaque actrice ou de chaque acteur, de son sens de l’humour. Et j’aime que mon écriture se nourrisse des conversations et des débats qui émergent pendant les répétitions. pouvez-vous nous parler de votre dernière pièce, beben ? G. C. : Ce fut pour moi une grande expérience et un véritable plai- sir que de travailler dans un théâtre comme le Schauspielhaus de Düsseldorf, avec des moyens et des comédiens de haut niveau, dont l’influence sur le résultat final est évidente. J’ai écrit une pièce inspirée de la nouvelle de Heinrich von Kleist intitulée Le Tremblement de terre du Chili. C’est ce qui m’a permis d’établir un lien entre l’Allemagne et mon pays. C’est aussi la première fois que je réalise une mise en scène hors du Chili. Les titres de vos pièces se résument à un mot, un seul. Y a-t-il une raison particulière à cela ? G. C. : J’aime la synthèse et la simplicité contenues dans ces titres en un mot. propos recueillis et traduits par Christilla Vasserot THéâTRE DE LA VILLE pARIS • VILLA + DISCURSO • SAISON 2012-2013