jeunes professionnels consultants auprès de systèmes 149
Interactions Vol. 8, no 1, printemps 2004
Afin de diminuer les insatisfactions ressenties, le professionnel doit se posi-
tionner et prendre une décision. L’éthique est donc souvent présentée comme
une démarche réflexive menée par un professionnel. En ce sens, elle fait réfé-
rence à l’individu qui utilise son jugement afin d’évaluer la pertinence des
normes, des règles ou des valeurs qui lui sont proposées dans l’atteinte du but
qu’il s’est fixé (Dupuis et Desjardins, 2002; Fortin et Boulianne, 1998; Proulx et
Roy, 1996). Dans cette optique, l’éthique revêt un aspect plus individualisé
que la déontologie. En effet, le jugement que porte l’individu se base sur des
normes personnelles et intériorisées. Il renvoie aux valeurs que le professionnel
souhaite afficher et mettre en pratique (Legault, 1999; Lescarbeau et al., 1996).
Malgré ce caractère individuel, l’éthique a également une visée sociale. Dans
leur définition, plusieurs auteurs font référence à la responsabilité qui incombe
au professionnel. L’individu est généralement invité à considérer, lors de sa
réflexion, les conséquences que pourrait entraîner sa décision sur lui, sur la
profession ou sur la société. En quelque sorte, il est appelé à prendre des
décisions et à en assumer la portée. (Fortin et Boulianne, 1998 ; Legault, 2001,
1999; Lescarbeau et al., 1996)
Enfin, les auteurs s’entendent généralement pour affirmer qu’il n’existe pas de
certitude en éthique. De par sa nature, l’éthique se situe dans cette zone grise,
entre le bien et le mal, où aucune décision, aucune action ne saurait être pleine-
ment satisfaisante. La démarche réflexive à laquelle s’adonne l’individu n’aura
donc pas comme but de trouver «la » solution à appliquer dans la situation
mais plutôt de choisir la meilleure solution possible, celle où les impacts
négatifs seront les moins importants, vu les circonstances (Fortin et Boulianne,
1998; Francis, 2002; Legault, 1999).
Le dilemme éthique
La définition du terme éthique est très intimement liée à celle de dilemme éthi-
que. En effet, la documentation scientifique propose des définitions du concept
de dilemme qui ne sont pas sans rappeler celles de l’éthique. Plus spécifique-
ment, le dilemme y est présenté comme une opposition entre deux valeurs ou
deux principes auxquels il est impossible d’accorder une même importance
dans une situation donnée. Puisqu’il se doit d’attribuer plus de poids à une
valeur qu’à une autre, le professionnel se trouve devant un choix difficile pour
lequel il ne semble pas y avoir de réponse évidente. Le dilemme est dit éthique
lorsque la réflexion implique la signification morale du choix à faire et lorsque
l’objet de la décision entraînera inévitablement des conséquences positives et
négatives pour le professionnel et pour autrui. (Betan et Stanton, 1999; Bowers
et Pipes, 2000; Brief, Dukerich et Doran, 1991; de Bettignies, 1995; Jones,
2001; Legault, 1999).