Correspondances en Risque CardioVasculaire - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2007
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HISTOIRE
christianisme, et les théories néoplatoniciennes
seront intégrées sans problème à la doctrine chré-
tienne au Moyen Âge.
aristotes’oppose
aux“idées”platoniciennes
Aristote refuse le monde des Idées de Platon et
pense qu’il n’y a qu’un seul monde, que l’on peut
observer et décrire, et que l’on doit essayer de
comprendre. La Terre est au centre. La région
céleste est immuable, les astres y ont des mouve-
ments circulaires et sont mus par un “Premier
Moteur”, qui est immobile (en latin Primum
movens). En dessous se trouve la région sublu-
naire. Les choses y naissent et meurent, soumises
à la contingence et au hasard, et subissent des
mouvements locaux en rapport avec les quatre
éléments. Ces mouvements se font vers le haut (air,
feu) ou vers le bas (terre, eau). La sphère céleste
est composée d’un cinquième élément, une quin-
tessence : l’éther. Cette cosmogonie est faite d’em-
prunts à d’autres penseurs grecs, comme Eudoxe.
Il faut noter qu’Aristote s’oppose également à la
notion de démiurge proposée par Platon.
La recherche du bonheur, l’émerveillement et les
sens jouent un rôle essentiel dans la philosophie
d’Aristote. La pensée établit des classications,
des catégories, en utilisant très souvent des
dualités : forme/matière ; acte/puissance ; agent/
patient ; naturel/articiel ; qualité/quantité.
lalogiqued’aristote
La logique analytique
Selon Aristote, la compréhension du monde n’est
pas la révélation de la vérité lors d’un “accouche-
ment” provoqué par le questionnement dialec-
tique du maître (maïeutique), mais au contraire
une opération logique, le plus souvent indivi-
duelle. La logique et les arts du langage ne sont
pas une science mais la forme même de toute
science. La logique d’Aristote et des stoïciens de
son époque analyse : c’est une logique analytique,
une “logique du ou”. Cette logique sépare radica-
lement les choses et utilise trois axiomes :
axiome d’identité : ce qui est, est (A est A) ;
axiome de non-contradiction : rien ne peut à
la fois être et ne pas être (B ne peut pas être à la
fois A et non A) ;
axiome du tiers exclu : toute chose doit ou être,
ou ne pas être (B est ou A ou non A).
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Cette logique est illustrée dans la nature, notam-
ment par la “loi du tout ou rien” qui régit le poten-
tiel d’action nerveux, ou en informatique, par le
codage binaire 0/1. La logique analytique est une
logique disjonctive. Bien plus tard, la démarche
philosophique et scientique de René Descartes
s’en rapprochera.
L’induction et la déduction (syllogisme)
Au ive siècle av. J.-C., Aristote et les logiciens
opposent le raisonnement par induction et le
raisonnement par déduction. Ils auront ainsi
une grande influence en épistémologie et en
médecine, en particulier sur le diagnostic et le
traitement. L’induction, qui va du particulier au
général (raisonnement a posteriori), se fonde sur
la constatation de faits expérimentaux (empirisme)
et débouche donc sur les notions de vraisemblance
et de probabilité. La déduction, ou syllogisme,
qui va du général au particulier (raisonnement a
priori), débouche sur les notions de validité, de
nécessité et d’universalité, au prix d’une grande
dépendance vis-à-vis des propositions initiales,
ou prémisses. Ces deux grands types de raisonne-
ment ont également des implications en médecine
dans le diagnostic et le traitement. Enn, dans
la logique aristotélicienne, la notion de cause,
et particulièrement de cause nale, joue un rôle
majeur qui sera discuté plus bas.
biologieetphysiologie
Aristote, la biologie et l’âme
Aristote étudie l’anatomie comparée par des
dissections. Il écrit sur tous les domaines de la
biologie, dont l’embryologie et la reproduction.
Il classie les organes selon leur nalité. Dans la
hiérarchie des formes, l’âme est au sommet, et
il en distingue trois sortes : l’âme végétative des
plantes, l’âme sensori-motrice des animaux et
l’âme rationnelle de l’homme, qui possède aussi
les deux autres. Platon opposait totalement l’âme
et le corps. Selon Aristote, au contraire, l’âme et
le corps sont indissociables. L’âme est la forme
du corps, elle est le principe vital, l’acte, le but
(la n) d’un corps qui est la matière, l’instrument,
la puissance.
La physiologie d’Aristote
La physiologie d’Aristote va contribuer à popu-
lariser deux notions qui marqueront les siècles
suivants. Chez l’homme, le cœur, siège de l’âme,
est la source de la chaleur vitale innée qui met