PARTIE MACRO-ECONOMIQUE : PLAN SYNTHETIQUE CHAPITRE

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PARTIE MACRO-ECONOMIQUE : PLAN SYNTHETIQUE
CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
(concepts de base et cadre de raisonnement)
Les chapitres qui suivent approfondissent et généralisent l’analyse. Ils présentent aussi
les divers pans de la politique économique
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA
DEMANDE GLOBALE
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
CHAPITRE 12 : LA POLITIQUE MONETAIRE
CHAPITRE 13 : L’OFFRE GLOBALE ET L’EQUILIBRE DE LONG TERME
INTRODUCTION GENERALE A LA MACRO-ECONOMIE
1) Leçons générales issues de la micro-économie
A. La micro-économie fournit un système de représentation de la réalité socio-économique
où les « agents » agissent en fonction d’eux-mêmes et sont informés par les prix. Avec peu
d’hypothèses, on obtient une image de la réalité dans diverses situations (la concurrence
parfaite et ses écarts) et un éventail de possibilités d’action qui sont à la disposition de la
collectivité.
B. Ce système de représentation s’intéresse à deux plans de raisonnement :
Plan positif (ce qui « va » se passer)
Exemple : lien entre le revenu et la consommation, conséquences d’une augmentation du prix
du travail sur le prix du bien produit, équilibre de concurrence parfaite, de monopole,…
Plan normatif (ce qui « devrait » se passer selon une norme de jugement qu’est le « bienêtre » ou surplus social)
Exemple : quelle est la tension entre la logique des firmes et celle de la société tout entière ?
le monopole est-il souhaitable ? L’asymétrie d’information est-elle souhaitable ? Comment la
collectivité peut-elle agir pour des motifs d’efficacité collective ou d’équité ?
C. Jugement micro-économique sur les limites d’une société sans régulateur :
Un système où les agents sont laissés à eux-mêmes peut générer des problèmes dans deux
registres essentiels.
1. Celui de l’efficacité sociale (ou de la taille du gâteau de surplus social): deux sources
typiques d’écart par rapport à la situation optimale du point de vue de la société tout entière)
-
pouvoirs de marché (versus une « atomicité » des agents)
(voir le cas du monopole ou de l’oligopole) ;
-
asymétrie d’information (versus « transparence »)
voir le cas du commerce électronique, du marché des assurances, des voitures
d’occasion
Voir aussi la question de l’auto ou de la co-régulation
2. Celui de l’équité (ou de la répartition du gâteau de surplus social)
1
2) Caractéristiques de la macro-économie
La macro-économie :
1) est une approche globale de l’économie « nationale » ou d’une zone plus globale
(l’Europe, la zone « Euro », les USA,…) qui simplifie délibérément la réalité.
- ainsi, la macro-économie parle de variables « globales » et « d’agrégats » (le
« niveau général des prix » versus tel ou tel prix particulier ; la « production
nationale » versus la production de tel bien particulier,…) ;
- utilise, en les simplifiant, quelques enseignements de la micro-économie (on sait
ainsi que la demande du consommateur est influencée, entre autres, par son revenu,
que l’offre de la firme est influencée, entre autres, par la productivité)
2) opère un lien entre la « sphère réelle » et la « sphère financière » de l’économie
Par exemple, le taux d’intérêt est une variable « de transmission » qui, tout en
influençant la consommation des ménages ou l’investissement des entreprises, est
déterminé dans la sphère financière de l’économie.
3) s’intéresse à la politique économique des Nations (quel est l’impact de la politique
fiscale, de la politique monétaire,… sur l’emploi, les revenus et l’activité d’une nation)
ainsi, la théorie macro-économique montre l’intérêt et les limites d’une politique
macro-économique, c’est-à-dire d’une intervention publique :
- la « relance de l’économie » est-elle une chose aisée ? quelles sont les limites d’un
tel type de relance ?…) ;
- quels sont les outils fondamentaux d’une action de relance ?
- quels concepts nous aident à « voir » – et donc concevoir – cette action et ses
limites ?
La théorie macro-économique est ainsi à la source de débats (des thèses s’affrontent
sur la manière de relancer « au mieux » l’économie et donc de réduire le chômage,…
et même sur la question « faut-il la relancer » ?).
PS : ces questions politiques à portée nationale ne sont pas « purement matérialistes » :
les grands indicateurs (le revenu par tête, le taux de chômage, par exemple) révèlent
les possibilités d’épanouissement des personnes dans la société qu’elles ont construite.
Exemples de débats ou de questions
- croissance, chômage
- inflation
- dette publique
- système de pensions
-…
2
3) Quelques faits récents
Présentons un cadre de raisonnement global pour une analyse simplifiée de cette crise de
2008-2009. Les chapitres du cours feront « zoom » sur chaque cadre du raisonnement : ils
présenteront une analyse plus approfondie des mécanismes et une généralisation à d’autres
faits.
Politiques d’offre
(Chap 13)
Instruments de la
politique
« budgétaire »
(Chap 11)
Sphère réelle
Volet offre globale
(Chapitre 13)
Instruments de la
politique
« monétaire »
(Chap 12)
TRANSMISSION vers la Sphère monétaire et financière
sphère réelle : (Chapitre 12)
Volet demande globale
Durcissement
(Chapitre 10)
des conditions
de crédit :
SECOND CHOC :
augmentation
Baisse de la consomdes taux
mation
d’intérêt en
et baisse de l’investismt. même temps
des entreprises
que chute des
(nous verrons pourquoi) cours (nous
verrons
EFFET
pourquoi)
MULTIPLICATEUR :
(ce second choc
s’amplifie)
PREMIER CHOC :
alimenté par des événements
(subprimes), puis par des
anticipations :
Crise de confiance dans :
- les cours des actions et
obligations
- le secteur bancaire
ou crise de liquidité
…c’est la même crise (nous
verrons pourquoi)
D’où vente d’actifs, demande
de liquidités (nous verrons
pourquoi)
A plus long terme, la crise
s’enlisant, baisse de :
- l’activité et des revenus (PIB)
- des prix
(nous verrons pourquoi)
Ces effets de long terme, observés dans la sphère
réelle, rétroagissent sur la sphère monétaire et
financière.
Une morosité généralisée (des anticipations pessimistes) s’installe.
Elle agit dans les deux sphères représentées supra (nous verront comment) et amplifie la crise.
3
Ces faits seront pour nous l’occasion de deux analyses
1) Une analyse des mécanismes :
Au fil des chapitres, ces mécanismes macro-économiques seront vus :
- de manière simplifiée ;
- dans un cadre d’analyse général ; nous pourrons donc considérer d’autres
événements éventuellement positifs (ces mécanismes agissant dans l’autre sens)!
2) Une analyse des politiques :
Ces événements ne laissent pas les Nations indifférentes. Pour contrer cette crise, diverses
politiques économiques sont mises en place.
-
des politiques budgétaires de relance (différents volets des plans de relance américains
et européens);
des politiques monétaires expansives (baisse des taux d’intérêt par les Banques
centrales,…);
des politiques d’offre.
En quoi consistent ces politiques ? (voir les chapitres 11, 12 et 13)
Elles suscitent des débats sur leur pertinence et sur leur efficacité respective…, lesquels ?
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
Introduction : rappel du rôle des entreprises et des ménages
Voir le schéma des interactions entre agents, issu du cours de micro-économie
(schéma : voir cours oral)
Les ménages
Détiennent les facteurs de production (exemples :…) qu’ils offrent aux entreprises pour
qu’elles produisent
Reçoivent en échange des revenus (salaires, loyers, profits,…)
Dépensent ces revenus en achats de biens et services
Les entreprises
Utilisent les facteurs de production pour produire.
Distribuent des revenus en contrepartie
Vendent les biens et services produits pour satisfaire les besoins des ménages, qui les réalisent
via leurs dépenses.
Première conclusion à affiner: trois manières de mesurer l’activité économique.
La production, les revenus et les dépenses.
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
SECTION 1 : LES TROIS OPTIQUES DE MESURE DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE
Introduction
Objectifs poursuivis dans cette section :
- trois manières de mesurer l’activité économique (cadre de raisonnement des chapitres
suivants)
- ce cadre de raisonnement sera la base d’une analyse sur l’action de la société, via son
gouvernement.
A. L’identité de base : trois optiques de mesure
Soit une économie très simplifiée de trois personnes, entrant en interaction (échanges) dans
une période donnée (par exemple une semaine).
Article
vendeur
acheteur
valeur (P x Q)
Grain, produit par
Farine, produite par le
Pain, produit par le
l’agriculteur qui le vend au meunier
3€
meunier qui le vend au
boulanger
4€
boulanger qui le vend au
consommateur 12 €
Posons d’abord la question de la production.
D’abord, l’agriculteur a produit pour une valeur de 3 € « à partir de rien » (supposons que le
grain planté était gratuit ou de valeur négligeable)
Le meunier a produit pour une valeur de 4 € tout en détruisant des biens (le grain) d’une
valeur de 3 €. Il a « ajouté une valeur » (ou produit de manière « nette de ce qu’il a détruit »)
de 1 €.
Le boulanger a produit pour une valeur de 12 € tout en détruisant des biens (la farine) d’une
valeur de 4 €. Il a « ajouté une valeur » de 8 €.
Si nous additionnons la somme des valeurs de ces productions ou « valeurs ajoutées », nous
obtenons 12 € (la valeur ajoutée par l’ensemble des agents de l’économie).
Première conclusion : la somme des valeurs ajoutées est la valeur du bien produit. Intuition de
ce résultat :…
Posons ensuite la question des revenus des trois agents.
L’agriculteur a un revenu du 3 € : il reçoit 3 € et ne paie rien
Le meunier a un revenu de 1 € : il reçoit 4 € et en paie 3.
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
Le boulanger, vendant toute sa production aux « consommateurs », a un revenu de 8 € : il
reçoit 12 € et en paie 4.
La somme des revenus, au sein de l’économie, vaut 12 €
Posons enfin la question de la dépense, de consommation, ici.
Les trois agents, qui ont un revenu total de 12 € peuvent racheter la production de pain.
L’agriculteur pourra en racheter pour 3 €, le meunier pour 1 € et le boulanger pour 8 € (payés
à lui-même).
Une première identité est donc prouvée :
La production (au sens « valeur ajoutée ») = le revenu = la dépense
Dans une économie plus complexe (une nation), ce qui est produit en un an à l’intérieur de la
nation,
ou le produit intérieur brut,
peut aussi se mesurer selon trois optiques :
1. l’optique « valeur ajoutée » (ou « production ») [de tous les secteurs de l’économie]
2. l’optique « revenu » [de tous les ménages : leurs salaires, intérêts, loyers, profits…]
3. l’optique « dépense » [de tous les agents : la consommation privée (ici) et d’autres
postes à identifier dans la suite de cette section au point B.]
Voir les comptes nationaux belges par exemple : ils se présentent selon ces trois optiques
La grande question qui reste à traiter est, avec ses corollaires :
celle de la détermination de ces valeur (qu’est-ce qui explique que dans telle nation, ces trois
valeurs sont plus ou moins élevées ?) et ses corollaires : comment agir sur l’économie ?…
Soit les questions macroéconomiques des chapitres qui vont suivre…
Pour traiter ces question, il nous faut un cadre de raisonnement et donc des « agrégats » (tel
que la « consommation ») plus fidèles à la réalité.
Nous refusons cependant d’examiner ici dans trop de détails ces aspects comptables pour
consacrer plus de place à une étude en profondeur des raisonnements macro-économiques
(esquissés dans l’encadré supra et dans l’introduction).
Nous apporterons deux petits raffinements au cadre de raisonnement :
1. Le volet « dépense » sera affiné (dans cette section au point B) ;
2. de même que le sera le volet « revenu » (quid des taxes par exemple ? et du revenu qui
reste « disponible » après ces taxes ? : voir le point C).
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
B.
Les différentes composantes de la dépense
1. La consommation
On sait déjà qu’une dépense centrale est la consommation courante, appelée « C ».
La valeur des biens produits et « détruits » via le processus de consommation des particuliers.
Que peut valoir la dépense, outre la consommation ?
2. L’investissement
Modifions l’exemple de départ.
Article
vendeur
Grain, produit par
Farine, produite par le
l’agriculteur qui le vend au meunier
3€
meunier qui en garde pour lui (une valeur de 1 €)
le vend au
boulanger
3€
boulanger qui le vend au
consommateur 9 €
Pain, produit par le
acheteur
valeur (P.Q)
(notez qu’avec 3 € de farine (au lieu de 4), le boulanger ne peut produire que 9 € de pain (au
lieu de 12))
Mesurons l’activité selon les trois optiques
Production (ou valeur ajoutée)
L’agriculteur a produit pour une valeur de 3 € « à partir de rien ».
Le meunier a produit pour une valeur de 4 € tout en détruisant des biens d’une valeur de 3 €.
Sa valeur ajoutée est de 1 €.
Le boulanger a produit pour une valeur de 9 € (car il ne dispose plus que de 3 € se farine) tout
en détruisant pour une valeur de 3 €. Sa valeur ajoutée est du 6 €.
La somme des valeurs ajoutées est de 10 €.
Revenus des trois agents.
L’agriculteur a un revenu du 3 € : il reçoit 3 € et ne paie rien
Le meunier a un revenu de 1 € :
- il reçoit 3 € (recettes dus à la farine) et paie 3 € (coût du blé), soit 0 € de manière nette
- il garde 1 € de farine (un revenu en nature qui peut être utilisé lors des périodes
suivantes)
Le boulanger a un revenu, issu de ses ventes, de 6 € : il reçoit 9 € et en paie 3.
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
La somme des revenus, au sein de l’économie, vaut 10 € dont 1 € prend la forme de revenu en
nature (la farine gardée).
Dépenses (à quoi sont affectés tous les revenus, y compris celui en nature)
La consommation est de 9 € : la valeur du pain produit
Le revenu en nature est affecté à 1 € de bien « gardé en stock pour l’avenir ».
Cette dernière dépense mérite notre attention.
Un bien « durable » n’est pas détruit et est gardé pour l’avenir. Il s’agit ici d’un
« accroissement de stock » au sien de l’économie (analogie du frigo rempli pour un
consommateur)
Ce bien pourrait très bien, dans une économie où l’on fabrique tout type de bien (dont les
machines, les logements), être :
- une machine (qui elle aussi est un refus, par la nation, de consommer tout ce qu’elle
produit pour le garder « pour plus tard » mais en lui donnant une fonction précise :
produire (mieux)
- un logement (un refus de consommer tout ce qui est produit : le logement reste
physiquement présent lors des périodes suivantes).
[Notons que ces deux « dépenses » perdent de la valeur avec le temps (on parlera infra de
cette perte de valeur qu’on appelle l’amortissement)]
Les dépenses sont donc maintenant égales à C + I « brut »
I brut : l’investissement brut
La valeur des biens créés dans la période et « gardés en stock pour l’avenir », soit
- l’appareil de production nouvellement créé (les « machines »);
- les logements ;
- les variations de stocks.
Remarque :
Le terme « brut » signifie qu’on ne déduit pas de ces postes la perte de valeur, sur la
période, de ces biens (les machines ou les logements).
Si la nation créée un investissement brut de 100 et que machines et logements perdent une
valeur de 10 (appelée amortissement), la « vraie » valeurs de biens créés et gardés pour
l’avenir n’est que de 90 (l’investissement net).
I Brut – Amortissements = I net
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
On pourrait encore raffiner l’exemple chiffré mais un simple regard global sur l’économie
nationale belge peut nous permettre de compléter l’optique dépense.
On a donc, à ce stade, l’identité suivante (elle sera compétée infra) :
1. Le produit intérieur brut (« PIB »)
(la somme des valeurs ajoutées (optique production))
(ce qui est produit « à l’intérieur » (ou sur le « sol » national))
vaut aussi :
2. La somme des revenus (optique revenus)
3. La somme des dépenses C + I brut (optique dépense)
3. Les dépenses gouvernementales
Le « gouvernement » peut lui aussi
- acheter des biens et services « courants » (matériel, salaires de fonctionnaires,…).
La dépense courante du gouvernement sera appelée « G » ;
- ou investir dans des biens durables (investissements publics ou dépense « en
capital »).
I brut contient maintenant aussi les investissements publics).
Les dépenses deviennent donc : C + I brut + G
4. Le commerce extérieur
Une nation peut aussi :
- exporter (« Exp ») ce qu’elle produit
(c’est une dépense du « reste du monde » qui procure un revenu à la nation) ;
-
importer (« Imp ») ce qu’elle consomme ou investit
(ce qui est une dépense nationale qui procure un revenu au reste du monde)
Comment l’existence du commerce extérieur affecte-t-il l’optique dépense ?
Voyons déjà que le revenu net de la nation, en provenance du reste du monde, est le
suivant (Exp – Imp), les exportations « nettes d’importations ». Le terme (Exp – Imp) doit
donc être ajouté au revenu.
Remarque finale : Parlons maintenant des catégories de « dépenses » (au sens « affectation
de ce qui est produit »). On peut dire que ce qui est produit physiquement dans la nation + ce
qui est importé (ce qui y « entre ») (PIB + Imp)
peut être affecté aux dépenses suivantes : C + I + G + Exp
Donc, PIB + Imp = C + I + G + Exp
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
Cette dernière égalité peut être réécrite :
PIB = C + I + G + Exp – Imp
RESUME DE LA SECTION 1 à ce stade:
L’identité fondamentale de la comptabilité nationale devient :
PIB (ou VA) = somme des revenus = C + I + G + Exp – Imp
Opt. product.
opt. revenus
opt. dépenses
En d’autres termes :
Le PIB
- représente la production (au sens « valeur ajoutée ») sur le sol national
- représente la somme des revenus (salaires, loyers, intérêts, profits) générés sur le sol
national (mais ceci, avant impôts divers !)
- représente les dépenses : C + I + G + Exp – Imp
On a par ailleurs les grands postes suivants (rappel):
La consommation des particuliers (C) :
La valeur des biens de consommations achetés par les particuliers ou « ménages ».
L’investissement (I brut) :
La valeur des biens créés dans la période et « gardés en stock pour l’avenir », soit
- l’appareil de production nouvellement créé (les « machines »);
- les logements ;
- les variations de stocks.
Et ce pour tous les agents de l’économie, y compris l’Etat.
Rappel : le terme « brut » signifie qu’on ne déduit pas de ces postes la perte de valeur (ou
amortissement), sur la période, de ces biens (les machines ou les logements).
Les dépenses gouvernementales (G) :
La valeur des achats de biens et services « courants » (matériel, salaires de fonctionnaires,…).
Dit autrement, ce qui est « produit » par le gouvernement (évalué à la valeur de ses dépenses
en biens et services)
Les exportations (Exp) :
La valeur des biens et services produits à l’intérieur et vendus au reste du monde.
Les importations (Imp) :
La valeur des biens et services produits par le reste du monde et achetés par l’économie
nationale.
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
Premier examen des comptes nationaux :
Ils sont disponibles sur le site de la Banque Nationale de Belgique (BNB)
Page suivante, vous en avez une présentation simplifiée et explicitée, sur une période
particulière.
Présentons des ordres de grandeur dans l’optique dépense
(ici : en 2007, en milliards d’euros)
Exp – Imp 10
Imp 287,4
C 171,7
Ib 75,6
PIB = C + I + G + Exp - Imp
G 77,6
Exp 297,4
334,9
Commentaires
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
Tableau : PIB et PNB à prix courants
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
C. Précisions à propos de l’optique « revenus »
Quelques questions :
Comment passer de ce qui est produit sur le sol belge (PIB) à ce qui est octroyé comme
revenu aux nationaux belges, qui peuvent aussi travailler dans le « reste du monde »?
Comment savoir ce que ces belges ont « en poche », après taxes ?
Comment ventiler ces revenus (comme revenu, on pense directement au salaire, qui
rémunère le travail, mais il y a d’autres types de revenus…)?
Cette partie vous est donnée essentiellement à titre de culture générale : elle vous permettra
de mieux situer les termes que vous entendez couramment à propos d’une économie nationale
(belge,…) ou sur un groupe de pays comme l’Union européenne,...
Cette partie est par ailleurs volontairement succincte. Elle ne fait pas partie de ce qui est à
étudier.
En résumé, donc, pour passer de ce qui est produit sur le sol belge (PIB) à ce qui est gagné et
disponible « en poche » (après taxe) par les nationaux belges, il s’agit d’effectuer trois
opérations (ajout ou retrait).
… Il y a une explication évidente à chacune de ces étapes.
1. Ajouter les revenus (nets) reçus du reste du monde
Les nationaux belges travaillent parfois dans le reste du monde ; ces revenus, qui ne sont pas
issus d’une production sur sol belge, doivent être ajoutés au PIB si nous voulons approcher le
revenu des nationaux.
Par ailleurs, certains revenus issus de la production sur sol belge sont octroyés à des non
belges ! Il faut donc les soustraire.
En un mot, il faut ajouter au PIB les revenus « nets » reçus en provenance du reste du
monde, c’est-à-dire ajouter les revenus des belges à l’étranger, déduction faite des revenus
des non belges en Belgique.
PIB + revenus nets en provenance du reste du monde = PNB
Voir aussi le tableau de chiffres supra, partie en italique.
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
2. Retirer les amortissements (qui amputent le revenu (le profit) des entreprises)
Les amortissements sont le véritable coût de l’investissement (« l’achat d’une machine »)
dans la comptabilité de l’entreprise. Ils amputent son profit, profit qui est lui-même, in fine,
un revenu des particuliers actionnaires…
En effet, lors de l’achat d’une machine, l’entreprise ne comptabilise comme coût (ou
« charge »), que l’amortissement de cette machine : la perte de valeur, dans la période, de
cette machine.
Prenons un exemple concret : une machine qui coûte 100 euros et dont la durée de vie est de
quatre ans sera comptabilisée, comme coût, en (approximativement) quatre fois 25 euros.
PN Brut – Amortissements = PN Net
3. Retirer les taxes (indirectes et directes) (qui amputent le revenu des entreprises et des
particuliers)
(PS : l’impact des taxes est économique et politique ; voir cours oral).
On doit retirer du Produit National Net (PNN) toutes les taxes :
-
-
qu’elles soient indirectes
(c’est-à-dire qu’elles portent sur les transactions (échanges) entre acheteur ou
vendeur ; exemple typique : la TVA)
ou directes (elles portent sur les revenus)
 des particuliers (impôt des personnes physiques ou IPP)
 ou des entreprises (impôt des sociétés ou ISOC)
En résumé1 :
PNN – taxes directes et indirectes = Revenu disponible (YD)
Ce « revenu disponible » (YD) (ce que les nationaux ont « en poche ») sera, pour finir,
-
soit consommé ;
soit épargné.
Voici plus de détails pour simple information. PNN – taxes indirectes (nettes de subsides) = Revenu National
(parfois appelé PNN au coût des facteurs) (ce que les nationaux ont en poche, grâce à leurs facteurs de
production mis à la disposition des entreprises, avant de payer les impôts directs (ceux qui portent sur leur
revenu).
RN – taxes directes = Revenu disponible des nationaux (YD).
1
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
Pour illustrer ce passage du PIB au Revenu disponible :
P Intérieur Brut
(= C + I + G + Exp – Imp)
+ Revenus nets reçus en
provenance du reste du monde
(1,8 milliard d’euros en 2007)
P National Brut
(336,7)
P N Net (= net des amort.)
Rev. Disp des nationaux :
Consommation
(286,3)
YD
At.
Ti Td
Eparg
.
En Belgique, en 2007, YD valait 282,6 milliards d’euros (versus 334,9 pour le PIB)
Mais quels sont les types essentiels de revenu ?
- les traitements et salaires (qui rémunèrent le travail)
- les loyers (qui rémunèrent la mise à disposition des bâtiments)
- les intérêts (qui rémunèrent les créanciers)
-
les profits (ce qui, finalement, sera le revenu des entreprises et donc de ses
actionnaires, si ces profits sont distribués)
Remarque : Pour vous y retrouver dans l’économie belge :
- le site internet de la Banque Nationale de Belgique ;
- le site d’Eurostat.
Deux ordres de grandeur :
PNB annuel par habitant (ou par tête) (toute personne, active ou non !) en Belgique :
approximativement 32.000 euros en 2007.
YD annuel par tête (toute personne, active ou non !) : approximativement 27.000 euros
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
SECTION 2 : LES AGREGATS EN TERMES REELS
Objectif de cette section
Voir cour oral :
- distinguer la valeur d’un agrégat du volume de celui-ci ;
- permettre, à partir de ces volumes, d’entamer le raisonnement macro-économique
global : il faudra alors « animer » ces agrégats en volume.
A. PIB nominal et PIB réel
Le PIB peut être calculé « en valeur » ou en euros de la période (en euros « courants ») :
on parle de PIB nominal.
Par ailleurs, le PIB peut être calculé en termes réels ou « en volume ». Dans le but de ne
retenir que l’évolution du PIB imputable aux volumes (et non aux prix), c’est-à-dire pour
retirer l’évolution du PIB qui n’est due qu à l’inflation, on calcule ce PIB aux prix d’une
période de référence (exemple : aux prix de 2000) ou en euros de la période de référence
(en euros « constants » ou « chaînés »). C’est le PIB réel.
Voir les Comptes Nationaux belges.
B. Illustration simplifiée de ces deux modes de calculs : revenu nominal, revenu réel et
indice des prix à la consommation (IPC)
Supposons que vos revenus mensuels soient
2000 : 1000 euros
2001 : 1050 euros
2002 : 1070 euros
2003 : 1080 euros
2004 : 1100 euros
On peut dire que vos revenus nominaux (mesurés en monnaie, en euros « de l’année ») ont
augmenté. Mais cette augmentation monétaire traduit-elle une augmentation réelle ou une
augmentation due à l’inflation ?
Comment le savoir ?
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CHAPITRE 9 : LES GRANDS AGREGATS MACROECONOMIQUES
En mesurant chaque année la quantité (le volume et non la valeur !) de biens qui peut être
achetée avec ces différents revenus.
Le problème est que nous achetons des « paniers » de biens. Fixons un tel panier représentatif
de nos achats sur un période donnée (par exemple : sept litres d’eau, deux pains, deux places
de cinéma,…) et mesurons la valeur de ce panier-là, année par année
2000 : 100 euros
2001 : 104 euros
2002 : 105 euros
2003 : 105 euros
2004 : 108 euros
Que peut-en acheter comme quantité de paniers, chaque année ?
2000 : 10 paniers (1000 / 100)
2001 : 10,096 paniers (1050 / 104)
2002 : 10,190 paniers (1070 / 105)
2003 : 10,286 paniers (1080 / 105)
2004 : 10,185 paniers (1100 / 108)
Ces valeurs « réelles » ou physiques (des quantités) mesurent mieux l’évolution du pouvoir
d’achat de ce revenu. Ainsi,
- de 2000 à 2004, il augmente (on passe de 10 à 10,185 paniers)
- mais, par exemple, de 2003 à 2004, il diminue (il passe de 10,286 à 10,185 paniers),
même si le revenu nominal a augmenté (en fait, il a augmenté moins vite que
l’évolution des prix)
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PNB et PIB à prix courants (en milliards d’euros)
PIB total optique “dépenses” à prix courants (en milliards d’euros) : C + I brut + G + Exp – Imp
Cette partie du
tableau, en italique, ne
peut se comprendre
qu’à l’issue du point
C, raffinant
l’approche « revenu »
PIB + Imp = C + I brut + G + Exp
Dépenses intérieures totales : C + I brut + G
= PNB
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
274,7
267,4
258,7
252,6
240,5
230,0
221,4
211,1
206,3
199,6
+ Revenus
nets reçus,
PIB + Imp =
en
PIB total
provenance
du reste du C + I b + G C + I b + G
+Exp – Imp + Exp
monde
5,2
6,3
4,5
4,7
4,8
4,8
4,3
4,2
4,2
4,6
269,5
261,1
254,2
247,9
235,7
225,2
217,1
206,9
202,1
195,0
(479,0)
(468,0)
(463,3)
(452,3)
(403,9)
(385,4)
(369,8)
(344,7)
(333,1)
(318,1)
Dép. publ. totales
Consom
particuliers
G + I publ
C+Ib+G
C
(259,3)
(249,5)
(245,4)
(240,3)
(225,5)
(215,6)
(207,6)
(198,5)
(193,5)
(187,2)
146,8
141,2
138,4
134,2
126,7
122,3
117,5
113,2
109,6
106,2
Exportations de
biens et
services
Cons publ.
G
(65,6)
(62,5)
(59,3)
(57,1)
(54,4)
(51,2)
(49,6)
(48,4)
(47,0)
(45,2)
61,3
58,2
55,1
52,3
50,0
47,5
46,0
44,9
43,3
41,3
Invest. brut :
Source BNB
PIB = C + I brut + G + Exp – Imp
269,5 = 146,8 + 51,2 + 61,3 + 219,7 – 209,5
I brut : 51,2
Inv. publ. Logements Invest. des
entreprises
4,2
4,2
4,2
4,7
4,4
3,7
3,6
3,6
3,8
3,8
à prix courants en 2003 (en milliards d’euros)
13,1
12,6
12,5
12,4
11,9
11,2
11,0
9,9
10,7
10,0
Importations de
biens et
services
33,6
34,1
36,4
35,5
32,9
31,6
29,7
27,7
25,7
24,1
Variations
de stocks
+0,3
-0,8
-1,1
+1,1
-0,5
-0,6
-0,3
-0,6
+0,4
+1,5
Exp
Imp
219,7
218,5
217,9
212,0
178,4
169,8
162,2
146,2
139,6
130,9
209,5
206,9
209,2
204,4
168,2
160,2
152,7
137,7
130,9
123,1
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA
DEMANDE GLOBALE
Au terme de ce chapitre, nous aurons atteint les objectifs suivants :
1. Nous serons passés d’une approche statique (ou comptable) à une approche
comportementale ;
2. Les facteurs influençant la dépense seront identifiés, selon une démarche macroéconomique ;
3. Le mécanisme de détermination du revenu (PIB) d’équilibre sera vu ;
4. L’effet multiplicateur sera connu : on le verra agir dans le cas d’une volonté
soudaine d’augmentation ou de diminution de l’investissement du secteur privé (suite
par exemple à des anticipations plus moroses) ; l’effet multiplicateur jouerait de la
même manière suite à une volonté d’augmentation de la consommation ; les limites de
ce mécanisme seront esquissées ;
5. Nous aurons ainsi identifié le chocs « subis » par l’économie au sein de la sphère
réelle, faisant ainsi le lien avec la crise de 2008-2009 : il y eut une chute des
anticipations ;
6. (PS : il y eut un autre choc mais au sein de la sphère monétaire : ce choc a entraîné un
durcissement des taux d’intérêts)
7. Deux outils graphiques seront maîtrisés : le graphique « à 45° » et la courbe de
demande globale.
8. Le lien sera fait entre les raisonnements verbaux, expliquant les comportements, et ces
deux graphiques de base.
19
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
Introduction
Si nous connaissons l’identité fondamentale :
Production = revenu = dépense,
nous ne savons pas encore à quel niveau « d’équilibre » ces montants se situeront. Pour
trouver ces valeurs, la méthode employée sera la suivante :
1. nous considèrerons des « volumes » : la consommation réelle, l’investissement réel,…
2. nous les animerons par les variables qui influencent leur niveau (la consommation
dépend du revenu, mais aussi du taux d’intérêt !,… ;…)
Pour entamer l’analyse de l’équilibre (le niveau d’activité économique), on doit tenir compte
de la sphère réelle (celle qui parle de production, d’emploi,…) et de la sphère monétaire et
financière (celle qui parle de monnaie, de titres (actions ou obligations)).
Ces deux sphères sont en interaction. Voyez déjà le rôle du taux d’intérêt qui établit un
premier lien: il est issu de la sphère financière mais influence la sphère réelle. Ce sera le cas
d’autres variables...
Taux d’intérêt :
«r»
Sphère monétaire
et financière
Sphère réelle
Autres
variables
PS : la sphère monétaire « existe »-t-elle ? Les termes qu’on emploie en macro-économie sont
donc ceux que la société se donne pour pouvoir « se regarder » et « agir sur elle » dans un des
volets de sa réalité (« construite, verbalisée »). Voir cours oral : une construction mentale peut
avoirs des répercussions réelles (…voir la crise de 2008).
L’interaction globale est complexe. Dans un premier temps (celui de ce chapitre) la question
sera prise par un bout : « une partie seulement de la sphère réelle ». Les résultats de ce
chapitre devront donc servir d’éléments de départ, à compléter par les chapitres suivants.
Reprenons l’identité en volume :
Détermination de l’offre
Détermination de la demande
(l’offre, qui est influencée par diverses
variables, sera à tel niveau d’équilibre
à telle condition
(voir chapitre 13)
(la demande, qui est influencée par diverses
variables telles que le revenu, le taux d’intérêt,
sera à tel niveau d’équilibre à telle condition)
(voir section 1)
Offre (intention de Production) globale = Revenu = demande (intention de Dépense) globale
C + I + G + Exp – Imp
(en volumes)
20
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
Remettons ceci dans notre cadre de raisonnement global, qui sera vu progressivement.
Politiques d’offre
(Chap 13)
Instruments de la
politique
budgétaire
(Chap 11)
Sphère réelle
Volet offre globale Volet demande globale
(chapitre 10)
Dép
Instruments de la
politique
monétaire
(Chap 12)
Sphère monétaire et financière
Marché monétaire
(Chap 12)
OG (Chap 13)
45 °
Y
(raisnt. à P et r donnés)
P
DG
Y
(raisnt. à r donné)
Long terme
(Chap 13)
P et Y
21
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
SECTION 1 : DETERMINATION DE L’EQUILIBRE
Introduction
Nous allons, dans un premier temps, étudier la partie de la sphère réelle correspondant au
premier cadre dessiné supra. Nous pourrons effectuer une double détermination :
 détermination de la demande d’équilibre ;
 elle-même en cohérence avec le revenu d’équilibre.
Quand nous parlerons, ici et plus tard, de valeurs d’équilibre, il ne faudra pas les considérer
comme immuables :
au contraire, elles pourront être perturbées par :
- des chocs subis sur l’économie (voir par exemple les chocs pétroliers ; la crise financière
et économique de 2008 et le rôle crucial des anticipations vu infra) ;
- l’action de la société tout entière, qui mandate le « gouvernement » ou « les autorités
monétaires », pour faire évoluer, par diverses politiques économiques (des chocs
décidés), ces niveaux d’équilibre (et ainsi avoir plus d’emplois, infléchir la production…).
En résumé, dans cette section, il faut que nous trouvions
à quels niveaux [de revenu et de dépenses] cette égalité est vérifiée :
le revenu = « intentions de dépenses » (ou bien « dépenses projetées »)
(« intentions de » ou « projetées » : c’est-à-dire animées par leurs variables explicatives dont
le revenu).
Ce résumé sera mieux compris lors du raisonnement, illustré par le graphique « à 45° », qui
suivra au paragraphe 2.
§ 1. Les variables influençant la dépense
Avant d’examiner cette égalité d’équilibre, il nous faut d’abord connaître les facteurs qui
peuvent influencer la dépense.
Le cours de micro-économie nous donne, à cet égard, des indications précises (la théorie de
la demande ou du consommateur).
Il faut cependant insérer ces enseignements dans une approche macro-économique (voir
l’introduction du chapitre 9 : la macro-économie utilise l’essence du raisonnement microéconomique en le simplifiant).
Prenons deux premiers éléments essentiels de la dépense : C et I en volume.
22
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
A. La consommation
1. Le revenu réel
A partir du cours de micro-économie, nous savons que le choix de consommation est
influencé par le revenu.
Insérons ce résultat dans un cadre macro-économique, où nous faisons comme s’il n’y avait
qu’un bien « agrégé ».
Grâce à la théorie du consommateur en micro-économie (voir l’introduction générale du cours
de micro-économie (ou le chapitre 7)), nous savons que si, simultanément, tous les prix et le
revenu doublent (les maxima achetables restent alors inchangés), le panier de biens choisi par
le consommateur reste identique.
Dans cet exemple, on voit que si le revenu réel (Y, variable réelle, qui vaut « Y nominal /
P ») est inchangé, alors la consommation « réelle » est inchangée. Mais si le revenu réel
augmente, alors la consommation réelle augmente aussi ! Voir cours oral.
Tous les prix, qui étaient des facteurs d’influence en micro-économie, sont donc intégrés dans
le revenu réel. Si les prix doublent et que le revenu nominal reste inchangé, le revenu réel (qui
vaut Y nominal /P) diminue de moitié.
C (Y)
, ce qui signifie qu’Y influence positivement C.
+
C et Y sont des valeurs « réelles » (des volumes). Plus précisément, Y est le revenu réel
disponible (après paiement des taxes).
Résumons cela par
Dans un premier temps de notre raisonnement, il n’y aura pas de taxes (Y « réel » vaut donc
bien YD « réel »)
2. Le taux d’intérêt
Le cours de micro-économie parlait du choix du consommateur dans la période présente. Si
l’on prend maintenant en considération le futur (où il consomme et où il reçoit aussi des
revenus), le consommateur sera sensible au taux d’intérêt. Pourquoi ?
1. Un taux d’intérêt faible signifie que le consommateur va consommer beaucoup :
a. le coût de l’emprunt est faible : autant consommer de manière significative
maintenant en remboursant « peu » et en prenant ce « peu » sur les revenus
futurs
b. les placements financiers sont peu productifs : autant consommer de
manière significative maintenant plutôt que de « placer » et obtenir « peu » de
rendement plus tard, ce « peu » permettant finalement de consommer peu, plus
tard.
2. Inversement, un taux d’intérêt élevé signifie que le consommateur va consommer peu
(et il placera beaucoup)
Résumons cela par
C (Y, r)
+ –
23
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
3. « Le » prix (qui résume le niveau « des » prix)
En macro-économie on parle « du » prix (le prix du panier « belge » global de bien).
Ce prix-là ne peut créer d’effet de substitution (comme Py en micro-économie) : tous les prix
sont supposés évoluer dans le même sens et sont résumés par « le » prix belge. Les prix
interviennent dans le revenu réel (Y nominal /P)
Cependant, les agents détiennent des avoirs financiers (actions et obligations) ou monétaires
(euros). Appelons cela les « encaisses ».
Si « le » prix augmente, ce que le consommateur peut acheter avec ses encaisses diminue !
Exemple : le consommateur détient 10 euros d’encaisses et le prix passe de 1 € à 2 €. Il peut
acheter deux fois moins avec ses encaisses.
Dit autrement ses encaisses réelles, appelons-les M/P, sont passées de 10 (10 biens
achetables) à 5 (5 biens achetables).
Le prix a donc une influence sur la consommation, via l’effet d’« encaisses réelles ».
Par M/P, nous évoquerons toutes les encaisses (monétaires ou sous formes de titres (valeurs
réelle des actions et obligations)). (PS : au chapitre 12, M représentera la « Monnaie » définie
là)
Résumons cela par
C (Y, r, M/P)
+ – +
4. Les anticipations
Comme développé au chapitre 2, les anticipations sur les perspectives économiques, et donc
sur les perspectives de revenus (salariaux, financiers,…) influencent la consommation
présente.
Le terme A représente ces anticipations sur les perspectives économiques. Ce terme influence
positivement C : quand A est élevé, C l’est aussi et inversement.
Résumons cela par
C (Y, r, M/P, A)
+ – + +
Remarque : la fiscalité
Exemple typique : l’impôt des personnes physiques
La consommation dépend fondamentalement du revenu disponible (YD) reçu après paiement
des taxes !
Dans le début de notre raisonnement, nos ignorerons les taxes, ce qui impliquera que Y = YD
24
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
Liens entre le cours de micro-économie et le cours de macro-économie
Facteurs influençant la demande
Voir cours oral (…)
Micro-économie
Macro-économie
Revenu
Px
1. Revenu disponible (après taxes) réel : Y
(rappel : Ynominal/P = Y)
Py
Préférences
-
-
2. Taux d’intérêt
-
3. Encaisses réelles
Anticipations
4. Anticipations
M/P
25
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
B. L’investissement
1. Le taux d’intérêt
Un taux d’intérêt faible signifie que la firme va investir beaucoup (acheter beaucoup de
machines) et inversement. Pourquoi ?
Dit simplement, à taux d’intérêt faible, le coût de l’emprunt est faible, ce qui favorise
l’emprunt pour l’achat de machines neuves (qui visent à rendre la production plus
performante) : davantage d’emprunts valent la peine d’être effectués ; et inversement, à taux
d’intérêt élevé.
(une autre explication : les flux futurs d’argent « additionnel » (on produit mieux dans le futur
grâce à l’investissement), ont moins de valeur maintenant (de valeur « actualisée ») si le taux
d’intérêt est élevé).
(…)
En résumé :
I (r)
–
2. Les anticipations
L’investissement est très volatile. Il est déterminé par les anticipations sur les perspectives
économiques, et donc sur la profitabilité des investissements.
Le terme A, qui représente ces anticipations, influence positivement I : quand A est élevé, I
l’est aussi et inversement.
Voir les indices de conjoncture ou de « moral des entreprises », qui approchent ce terme A.
En résumé :
I (r, A)
– +
Remarque : la fiscalité
Aides à l’investissement et conditions globales de fiscalité (en ce compris l’ISOC)
Pour résumer le §1 : facteurs d’influence de C et I :
C (Y, r, M/P, A)
+ – + +
I (r, A)
– +
26
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
§ 2 Le mécanisme de détermination simultanée du revenu et de la dépense
D’emblée, nous opérons des simplifications.
1. Une double simplification est apportée à la comptabilité nationale (des postes sont
annulés)
a) l’économie est dite « fermée » et sans dépenses gouvernementales : Y (le PIB) = C + I
La dépense se résume, pour l’instant, à ces deux postes C et I: l’économie est dite « fermée »
sans dépenses gouvernementales.
Si les postes G, Exp, et Imp sont négligés, c’est bien dans le but d’un tout premier
raisonnement !
b) il n’y a pas (encore) de taxes sur le revenu : Y (le PIB) vaut aussi le revenu disponible
YD
Dit simplement, du point de vue du revenu, il n’y a pas de taxes.
En résumé, Y (=YD) = C + I
Plus rigoureusement pour les points a) et b) :
L’économie étant fermée, il n’y a pas de revenus nets en provenance du RDM (d’où le
PIB = PNB)
Pas d’amortissements
Fiscalité inexistante
Y représente donc à la fois le PIB et YD.
2. Une deuxième simplification est liée au « bout » par lequel nous entamons, au chapitre
10, le raisonnement global.
On se situe à des niveaux de prix « P » et de taux d’intérêt « r » donnés, du moins pour
l’instant.
Voir le schéma des interactions à l’introduction de ce chapitre.
27
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
Notre question essentielle est ici (pour rappel) celle de l’équilibre de l’économie « avant tout
choc » subi (comme la crise économique de 2008) ou décidé (comme les politiques
économiques mises en œuvre pour contrer la crise).
Dans cette case du raisonnement global, il faut entendre équilibre de la manière suivante :
A quels niveaux [de revenu national et de dépenses] cette égalité est-elle vérifiée :
« le revenu » = « les intentions de dépenses »
PIB ou Y = C + I
... intentions de dépenses qui dépendent de plusieurs variables explicatives, DONT Y luimême, ce qui est ici crucial !
Pour déterminer ces valeurs d’équilibre (du revenu national, des dépenses), nous partirons
d’un postulat de base (déjà utilisé en micro-économie) : à l’équilibre, les différents agents ne
peuvent avoir un intérêt à changer de comportement (à modifier la valeur de ces variables).
Prenons un exemple chiffré, avec les ordres de grandeur (en milliards d’euros « aux prix de
2000 ») proches de ceux de l’économie belge. L’observation de l’économie dans son passé
peut nous aider à dresser ce tableau.
Revenu
(= prod.)
Y
0
10
20
30
40
50
…
100
110
…
150
200
250
300
Dép. de consommation
Dép. d’investissement
Dép. totales
C
I
C+I
10
18
26
34
42
50
…
90
98
30
30
30
30
30
30
30
30
30
40
48
56
64
72
80
…
120
128
130
170
210
250
30
30
30
30
180
200
240
280
1. Rev < int de dép
2. Rev > int de dép
Ici,
C = 10 + 0,8 Y
(C ne dépend que de Y car P et r sont chacun à un niveau précis, donné)
I = 30
(I est donné car r et A sont donnés (même si I est volatile !)
28
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
On cherche donc le Y et l’intention de dépense tels que
Y = intention de dépense (C + I)
Exposons le mécanisme de détermination de l’équilibre, qui fait que [ Y = 200 ] est le seul
équilibre.
1. Si le revenu (qui vaut nécessairement la production) Y est inférieur
aux intentions de dépenses « vécues avec ce revenu » (et les autres variables explicatives
données)
Si, autrement dit, il y a une pression de la dépense :
les entreprises vont s’ajuster : Y va augmenter.
Les entreprises vont essayer de satisfaire les intentions de dépense en puisant, à court terme,
dans leurs stocks et, à terme, en augmentant la production : Y augmente.
NOTE : si c’est impossible, les entreprise vont éventuellement augmenter les prix, à terme
(mais nous raisonnons à P constant pour l’instant)
2. Si (le revenu/la production) Y est supérieur aux intentions de dépenses
Si, autrement dit, la dépense est déficiente, en crise (ce qui fut vécu en 2008-2009).
les entreprises vont s’ajuster : Y va diminuer
Les entreprises vont vivre une augmentation non désirée des stocks (comme en 2008-2009) et
essayer d’y faire face en baissant la production : Y diminue.
NOTE : s’il est impossible pour elles de diminuer la production, les entreprise vont
éventuellement baisser les prix, à terme, pour écouler les stocks (mais nous raisonnons à P
constant pour l’instant).
Donc :
Y < intentions de dépenses => Y augmente
Y > intentions de dépenses => Y diminue
Y = intentions de dépenses => Y reste à son niveau : c’est l’équilibre
Ici, A l’équilibre :
Y = 200
C = 170 et I = 30:
C + I = 200
29
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
§ 3 Détermination mathématique de l’équilibre
Ce résultat (Y=200) peut se calculer.
Supposons une fonction de consommation linéaire:
C = 10 + 0,8 Y
Commentons :
Appelons 10 le « seuil » « S » : pour un revenu national de 0, on a C=10.
Appelons 0,8 la propension marginale à consommer (pmc), notée ΔC
ΔY
Définition : la pmc représente, pour un niveau de Y donné, l’accroissement de la
consommation en volume (à prix constants) due à l’accroissement de Y de 1 euro (à prix
constants).
Détermination mathématique de l’équilibre :
Il faut que
Y = C(Y ;..) + I
Y = 10 + 0,8 Y + 30
Que vaut le Y qui satisfait cette relation ?
Résolvons :
Y = 10 + 0,8 Y + 30
(1 – 0,8) Y = 10 + 30
0,2 Y = 40
Y= 40 x 5 = 200
De manière générale,
(1 – pmc) Y = S + I
Y = (S + I) x
1
1 - pmc
x
30
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
§ 4 Approche graphique de l’équilibre
Identification de la courbe de consommation C.
A partir de la fonction de consommation linéaire C = 10 + 0,8 Y, nous obtenons le graphique
suivant.
C
Y
Pour un revenu national de 0, on a C=10. Le seuil de 10 se visualise sur le graphique.
1. La propension marginale à consommer
Pmc (voir supra) = ΔC
ΔY
Graphiquement, la pmc est la pente de la courbe C.
2. La propension moyenne à consommer
pMc = C
Y
La propension moyenne à consommer (mesurée par le rapport C / Y), donne, pour un
niveau de Y donné, la part du revenu réel qui est dévolue à la consommation dans la
nation.
Graphiquement, la pMc est la pente du segment de droite reliant, pour le Y considéré, le
point sur la courbe à l’origine.
31
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
L’équilibre
Voir cours oral :
Identification de la « courbe Y » (droite à 45°)
Identification de I
Identification de C + I
Y
Y
Intention de
dépense
C+I
C+I
C
45°
Y
Equilibre :
comparaison de Y avec C + I sur le graphique par des accolades verticales.
A compléter selon ce qui est dit à la page 29! (…)
-
A des niveaux de Y faibles, on a ….
-
A des niveaux de Y élevés, on a ….
-
(…)
En conclusion : l’équilibre est nécessairement sur droite à 45° (qui représente Y) ; sinon…
(voir cours oral)
32
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
§ 5 Suite de la démarche
Ce qui est omis :
-
à ce niveau d’équilibre, quid de l’influence de la sphère monétaire et financière
(chapitre 12) et les conditions de l’offre (chapitre 13) ; que valent le taux d’intérêt et le
prix d’équilibre (chapitre 12 et 13) ;
-
à ce niveau de production d’équilibre, observe-t-on un sous-emploi ou un plein-emploi
des ressources (chômage et son ampleur ?) (chapitre 13) ;
-
quelle est la place du reste du monde dans le raisonnement ?
Comment stabiliser l’économie, quels sont les outils ? Voir les chapitres 11, 12 (et 13).
Quels sont, dans la sphère réelle, les chocs qu’une économie peut vivre et leur impact sur
la production (le PIB Y) et donc l’emploi?
La section 2 de ce chapitre traite des chocs « subis » (crise,…).
Le chapitre 11 traitera des chocs désirés (volets de la politique budgétaire).
33
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
SECTION 2 LES FLUCTUATIONS DE LA DEMANDE ET LE MULTIPLICATEUR
§ 1 Le multiplicateur d’investissement
En 2008, les entreprises et les consommateurs étaient moroses sur les perspectives
économiques. Ces anticipations ont agi sur la sphère monétaire et financière (voir notre
analyse au chapitre 12) et sur la sphère réelle.
En effet, des anticipations optimistes ou pessimistes ont un impact réel sur la consommation
et l’investissement. Analysons ici l’impact sur l’investissement.
Nous verrons tout d’abord ce qui se passe quand les attentes des entreprises deviennent plus
optimistes et que, en conséquence, l’investissement souhaité par les firmes augmente de 10
milliards d’euros en francs constants. On va observer que le PIB (Y) d’équilibre augmentera
finalement d’un montant sensiblement plus élevé que 10 milliards ! C’est ce qu’on appelle
« l’effet multiplicateur ».
Inversement, si les attentes deviennent plus pessimistes et que I diminue de 10 milliards, le
PIB (Y) d’équilibre diminuera finalement d’un montant sensiblement plus élevé que 10
milliards. L’effet multiplicateur joue dans les deux sens ! C’est en partie pour cette raison
que la crise de 2008 s’est enlisée…
Cet effet s’appelle donc « l’effet multiplicateur » : le choc (positif ou négatif) sur
l’investissement va « se multiplier » pour affecter plus sensiblement le PIB.
34
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
A. Raisonnement graphique
Y
Intention de
dépense
C+I
C + I’
C+I
C
+ 10
45°
Y
+ 50
(effet multiplicateur)
Effet « multiplicateur » : …
L’augmentation « exogène » de I se répercute dans le Y (PIB) d’équilibre : on observe que
ΔY = 5, ici.
ΔI
De la même manière suite à une crise des anticipations (comme vécu en 2008-2009) une
baisse de I affectera Y : on passera de – 10 à – 50 !
L’impact d’une crise se multiplie dans la sphère réelle.
Confirmation sera apportée aux points B et C
35
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
B. Raisonnement itératif
Reprenons l’équilibre initial
Revenu
(= prod.)
Y
Dép. de consommation
C
Dép. d’investissement
I
Dép. totales
C+I
200
170
30 + 10
200 + 10
Cette dépense de 210 devient
un revenu
(en effet, rev < intentions de
dépenses => Y augmente)
200 + 10
170 + 8
40
200 + 10 + 8
200 + 10 + 8
170 + 8 + 6,4
40
200 + 10 + 8 + 6,4
I = 40
C + I = 250
200 + 10 + 8 + 6,4
suite des étapes (…)
200 + 10 + 8 + 6,4 + …+ …(…) = 250
50
L’équilibre est atteint à ce moment :
Y= 250
C = 210
(10 + 0,8 x 250)
PS : l’augmentation de Y paraît élevée, mais c’est mathématiquement correct1. De plus,
vérifions que ce Y vérifie (et est le seul à vérifier) « revenu = intention de dépense » (…)
Supposons une baisse de I : les valeurs sont affectées d’un signe « - » à toutes les étapes. On
a un PIB d’équilibre qui vaut 200 – 10 – 8 – 6,4 – … – …(…) = 150
En conclusion, on voit que les anticipations ont non seulement un effet réel mais un effet
réel qui se multiplie !!
1
On a une progression géométrique : elle vaut 10 (1+ 0,8 + 0,8² + 0,8³ + …) = 10 (1/ (1 – 0,8))
36
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
C. Calcul du multiplicateur
On sait que
Y=C+I
Donc, en variation, on a :
ΔY = Δ C + ΔI
mais ΔC = 0,8 ΔY (voir la définition de pmc)
ΔY = 0,8 ΔY + ΔI
(1 – 0,8) ΔY = ΔI
ΔY = ΔI x
1
1 – 0,8
ΔY = ΔI x
1
1 - pmc
= ΔI x 5
x
x
DONC :
ΔY = 1____
ΔI
1 - pmc
L’impact de I sur Y est le suivant :
Si I augmente de 1 milliard, alors Y augmentera de __ 1 __ milliards (ici : 5 milliards)
1 - pmc
[note: on aurait aussi pu se baser sur l’équation suivante vue plus haut, lors de la
détermination de Y d’équilibre :
Y = (Seuil + I) x
1
1 - pmc
]
x
Si cet effet multiplicateur existe dans les chocs subis, il existe aussi pour la politique
budgétaire (un choc décidé : voir le chapitre 11 et la politique budgétaire).
Ici l’économie subit un choc « exogène » (la chute des anticipations des investisseurs), non
piloté par le gouvernement. Celui-ci pourrait cependant créer lui même un choc sur la
demande :
- en lançant des dépenses gouvernementales ;
- en réduisant les taxes.
Ces deux chocs auront eux aussi un effet multiplicateur (voir chapitre 11).
On voit donc que le gouvernement à la possibilité de contrer une crise en intervenant :
- dans la sphère réelle ou l’effet multiplicateur existe (voir chapitre 11) ;
- … mais aussi dans la sphère monétaire et financière (voir chapitre 12)
37
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
§2 : Les limites au multiplicateur d’investissement
Aspects concrets et premiers débats.
Dans le cas d’une hausse de l’investissement, observe-t-on à coup sûr une telle ampleur dans
l’augmentation de la production ?
Le choc sur l’économie va avoir des retombées à terme (voir au §5 de la section 1 : ce qui est
omis, à ce stade, dans le raisonnement) :
-
le taux d’intérêt va augmenter (voir pourquoi au chapitre 12 …), ce qui va ralentir la
demande (pourquoi à votre avis ?) ;
-
à long terme, les prix vont augmenter, ce qui réduira la demande (voir chapitre 13) ;
-
le reste du monde peut absorber une partie de la production due à cet effet
multiplicateur ; de plus une hausse des prix nationaux, à terme, va pénaliser
l’économie nationale…
Réflexion à ce stade :
-
à votre avis, si on était au niveau de plein-emploi des ressources, quel serait l’impact
d’une hausse de l’investissement ?
§3 : Le multiplicateur de consommation
Si les anticipations des consommateurs deviennent moroses (ou optimistes) le choc sur la
consommation (de 10 milliards par exemple) va se multiplier lui aussi pour finalement faire se
modifier le PIB de 50 milliards.
En d’autres termes, tout ce qui a été vu pour l’investissement vaut pour la consommation.
38
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
SECTION 3 : LA COURBE DE DEMANDE GLOBALE
§1 Dessin de la courbe de demande globale (DG)
Le raisonnement de détermination de Y s’est fait pour un niveau de prix donné (voir le
schéma global de raisonnement à l’introduction de ce chapitre : le prix P se détermine « à long
terme »). Dit autrement, la courbe de consommation C était celle qui correspondant à un
niveau précis de P (appelons-le P1).
Que se passerait-il si P augmentait et passait à un niveau P2 ?
On sait que C dépend positivement de M / P. En conséquence, une hausse de P diminue le
« pouvoir d’achat des encaisses du consommateur » (M / P) et donc diminue la volonté de
consommer.
On a donc :
Y
Intention de
dépense
C+I
C + I « avec P1 »
C + I « avec P2 »
C « avec P1 »
C « avec P2 »
45°
Y
Y d’équilibre
diminue
P (!)
Suite à
l’augmentation
de P…
DG
Y
Y diminue
39
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
Conclusions
Que représente DG ?
La courbe DG représente la production d’équilibre (au sens revenu = intention de dépenses) à
chaque niveau de prix.
Sa pente est négative vu l’effet d’encaisses réelles (et non à cause d’un effet de substitution :
il n’y a ici, dans l’approche macro-économique, qu’un seul prix « global » !)
Résumons cela : si le prix augmente, le pouvoir d’achat des encaisses diminue ; Y doit baisser
car les intentions de dépenses (de consommation « C ») baissent.
Deux points à remarquer :
1. Notez bien que l’effet de P sur Y est important (la pente de DG est douce): il y a un effet
multiplicateur (comparez la baisse de C avec celle de Y !)
2. Peut-on dire que cette courbe de demande se déplace suite à une modification de revenu ?
NON… En effet, le revenu lui-même est sur l’axe considéré, ce qui n’était pas le cas pour une
courbe de demande d’un bien particulier (dans le cours de micro-économie) !!!
40
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
§2 Déplacements de DG issus de la sphère réelle
Premier cas de figure : Δ I « exogène » dû aux anticipations (comme vu plus haut)
Y
Intentions de
dépense
C+I
C + I’
C+I
C
+ 10
45°
Y
P !!
+ 50 (effet
multiplicateur)
A niveau de P
donné,
suite à
l’augmentation
de I,…
D G’
DG
Y
… Y augmente de 50
(effet multiplicateur)
Second cas de figure de choc subi : une variation de la consommation (plutôt que de
l’investissement) suite à une modification des anticipations des consommateurs. Voir à cet
égard la crise de 2008-2009 et les indices de confiance des consommateurs !
Il existe d’autres causes de déplacement de DG issues de la sphère réelle : celles qui
proviennent de chocs décidés par le gouvernement ! Ainsi, le gouvernement peut mener des
politiques budgétaires de relance de la demande : (voir chapitre 11)
Par ailleurs, DG peut se déplacer pour des raisons issues de la sphère monétaire et
financière (voir chapitre 12).
41
CHAPITRE 10 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL PAR LA DG
§3 Suite de la démarche
Nous connaissons la manière dont Y se détermine dans (une partie de) la sphère réelle et
l’importance de l’effet multiplicateur.
Nous savons dessiner DG et comprenons pourquoi elle peut se déplacer.
Au chapitre 11 nous décrirons les effets de chocs décidés (voulus par le gouvernement) sur la
demande globale (pensons par exemple aux plans de relance de 2008). Ces actions feront elles
aussi se déplacer la demande globale DG !
Quelles sont les armes essentielles du gouvernement, dans la sphère réelle, pour réguler
la demande globale ?
Au chapitre 12, nous nous pencherons sur la sphère monétaire.
Quels sont les chocs, issus de cette sphère, que l’économie peut subir ?
Quels moyens d’action neufs (au sein de la sphère monétaire) dont dispose le
gouvernement pour réguler l’économie ?
Ces politiques monétaires auront aussi – mais de manière indirecte – un impact sur la
demande globale DG !
Revoyons en un coup d’œil le schéma des interactions de l’introduction à ce chapitre.
42
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
Au terme de ce chapitre, nous aurons atteint les objectifs suivants :
1. Nous aurons identifié un premier registre de mesures de régulation (ou stabilisation)
de l’économie : celles qui ont un impact direct sur la demande agrégée Ces politiques
budgétaires sont : (1) les dépenses gouvernementales et (2) les taxes.
2. Nous aurons identifié l’impact de ces mesures sur l’activité économique, en première
analyse ;
3. Nous pourrons mener une comparaison de ces mesures ;
4. Les limites de l’analyse seront identifiées.
43
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
Introduction
Situons l’objet de ce chapitre. Si la collectivité a la volonté d’agir sur la demande agrégée,
elle dispose d’outils essentiels. Quels sont-ils ; quels sont leurs effets ?
Politiques d’offre
(Chap 13)
Instruments de la
politique
« budgétaire »
(Chap 11)
Sphère réelle
Volet offre globale Volet demande globale
(chapitre 10)
Dép
Instruments de la
politique
« monétaire »
(Chap 12)
Sphère monétaire et financière
Marché monétaire
(Chap 12)
OG (Chap 13)
45 °
Y
(raisnt. à P et r donnés)
P
DG
Y
(raisnt. à r donné)
Long terme
(Chap 13)
P et Y
44
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
Même si le modèle des interactions est, à ce stade, incomplet, il nous est possible, avec les
outils déjà développés, de discuter des politiques dites « budgétaires ».
Les crises de 2008 et 2012 ont remis à l’ordre du jour le débat sur ces politiques budgétaires
de relance. En effet, la crise financière a eu un effet réel négatif sur la demande : celle-ci
s’est effondrée pour deux raisons essentielles :
1. une cause venant de la sphère monétaire et financière (ceci sera analysé au chapitre
12) :
la crise de liquidités (suite à la crise des subprimes) a généré une hausse des taux
d’intérêt ou un durcissement des conditions du crédit. Cette hausse des taux à ralenti
la consommation et l’investissement.
(par ailleurs, cette baisse des taux est allée de pair avec une baisse des cours des titres,
d’où un effet d’encaisses réelles qui a aussi ralenti la consommation) ;
2. une cause venant de la sphère réelle :
les anticipations moroses des consommateurs et des firmes investisseuses, qui ont
ralenti la consommation et l’investissement
Analysez vous-même l’impact d’une hausse des taux d’intérêt conjuguée à une baisse
des anticipations sur le graphique à 45° et sur DG
Sur le graphique à 45°, on observe une chute de Y, pour les deux raisons.
Cette chute de Y est aussi un déplacement vers la gauche de DG
Graphiques (…)
45
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
Les politiques budgétaires de relance ont donc pour but de relancer la demande.
Les politiques budgétaires ont deux formes essentielles :
- les dépenses gouvernementales (G) ;
- les taxes (T) (limitées ici, dans un souci de simplification, aux taxes directes qui
affectent les revenus et donc la consommation des particuliers).
Ces deux politiques sont les deux moyens d’action du gouvernement sur la demande
agrégée. Pourquoi ?
1. G est une des composantes de la demande ;
2. T influence la demande des particuliers (poste C) via leur revenu disponible (net de taxes).
Ces deux politiques ont été appliquées en 2008-2009 par l’Europe et les USA…
Par ailleurs, ces deux politiques ont une incidence sur le déficit annuel des finances
publiques et donc, in fine, sur la dette publique.
L’impact de G sur le PIB sera étudié à la section 1 et celui de T à la section 2.
46
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
SECTION 1 : Les dépenses gouvernementales
Notre démarche sera la suivante
- nous décrirons d’abord l’économie dans une situation de départ avec des dépenses
gouvernementales de 20 milliards d’euros. Quel est le nouvel équilibre ?
- nous calculerons l’effet multiplicateur de dépenses gouvernementales nouvelles de 10
milliards. Quel est leur impact sur le PIB ?
§1 Situation de départ
Supposons que les dépenses gouvernementales soient, au départ, de 20 milliards d’euros « aux
prix de 2000 ». Les autres données sont issues des tableaux précédents.
Revenu
= prod.
Y
0
10
20
30
40
50
…
100
110
…
150
…
200
250
300
…
350
Dép. totales
C
I
G
C+I+G
30
30
30
30
30
30
20
20
20
20
20
20
60
68
76
64
92
100
90
98
30
30
20
20
140
148
130
30
20
180
170
210
250
30
30
30
20
20
20
220
260
300
290
30
20
340
10
18
26
34
42
50
…
…
1. Rev < int de dép
2. Rev > int de dép
L’équilibre [au sens « revenu égale intentions de dépenses »] de départ, est maintenant situé
en Y = 300 (plutôt que 200).
Ce nombre ne doit pas nous étonner (les 20 milliards de G ont fait augmenter Y de 100 (Y
vaut 300 et non plus 200), par un effet multiplicateur)
47
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
Ce nombre (Y=300) peut être déterminé mathématiquement (nous restons dans le cas vu
plus haut où C est linéaire).
Résolvons :
C
Y = [« Seuil » + pmc. Y] + I + G
ou
Y = [10 + 0,8 Y] + 30 + 20
(1 – 0,8) Y = 10 + 30 + 20
0,2 Y = 60
Y= 60 x 5 = 300
De manière plus générale,
(1 – pmc) Y = «S» + I + G
Y = («S» + I + G) x
1
1 - pmc
x
Cet équilibre initial se représente sur le graphique à 45°.
Rappel : identification de la « courbe Y » (droite à 45°).
Identification de C + I + G
Notons bien que la courbe de dépense est maintenant « C + I + G ».
Tout comme I, G est indépendant de Y. Ici, G est « décidé » par la nation.
(…)
Y;
Intentions de
dépense
C+I+G
Y
C+I+G
C+I
C
45°
Y
Y = 300
48
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
§2 Effet multiplicateur des dépenses gouvernementales
L’équilibre de départ étant connu, supposons que le gouvernement décide d’augmenter les
dépenses gouvernementales de 10 milliards d’euros « au prix de 2000 ».
A. Raisonnement itératif
Reprenons l’équilibre initial
Revenu
(= prod.)
Y
C
I
G
300
250
30
20 + 10
300 + 10
250 + 8
30
30
300 + 10 + 8
30
30
300 + 10 + 8 + 6,4
300 + 10 + 8
Dép. totales
250 + 8 + 6,4
C+I+G
300 + 10
Cette dépense de 310 devient
un revenu
300 + 10 + 8 + 6,4
suite des étapes (…)
Y = 300 + 10 + 8 + 6,4 + …+ (…) = 350
L’équilibre est atteint à ce moment, à l’issue de l’effet multiplicateur. On a :
Y= 350
C = 290
I = 30
(10 + 0,8 x 350)
(= 10 + 280)
G = 30
C + I + G = 350
Quand Y=350, le revenu vaut bien l’intention de dépense ! C’est donc un équilibre.
PS : l’augmentation de Y paraît élevée, mais c’est mathématiquement correct1.
1
On a une progression géométrique : elle vaut 10 (1+ 0,8 + 0,8² + 0,8³ + …) = 10 (1/ (1 – 0,8)) = 50
49
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
B. Confirmation mathématique (multiplicateur de G)
On sait que
Y=C+I+G
Donc, en variation, on a :
ΔY = Δ C + ΔG
mais ΔC = 0,8 ΔY (voir la définition de pmc)
ΔY = 0,8 ΔY + ΔG
(1 – 0,8) ΔY = ΔG
ΔY = ΔG x
1
1 – 0,8
ΔY = ΔG x
1
1 - pmc
ΔY=
1
Δ G 1 – pmc
=
= ΔG x 5
x
x
5
[note: on aurait aussi pu se baser sur l’équation suivante vue plus haut, lors de la
détermination de Y d’équilibre :
Y = (Seuil + I + G) x
1
1 - pmc
]
x
On obtient donc, comme pour l’investissement, un effet multiplicateur. De plus le
multiplicateur d’investissement privé et des dépenses gouvernementales sont de même
grandeur ; en effet, l’essence du raisonnement est la même.
Il faut appliquer au multiplicateur des dépenses gouvernementales les mêmes nuances que
celles apportées au multiplicateur d’investissement ; dit en un mot, nous n’avons abordé
qu’une partie des interactions.
Réflexions à ce stade :
A votre avis, si on était au niveau de plein emploi des ressources nationales, quel aurait
l’impact d’une hausse des dépenses gouvernementales ?
Quel autre problème macro-économique peut créer un accroissement durable des dépenses
gouvernementales ? (pensez au futur…).
Réponse : les finances publiques !
50
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
Eléments historiques (voir cours oral)
John Maynard Keynes (1883-1946)
Le contexte historique et son influence sur la théorie.
La théorie et son influence sur les faits historiques
Quand peut-on se passer de l’offre globale dans l’analyse ?
Keynes ne voyait-il que l’effet multiplicateur ?
Keynes a-t-il « raison » ?
51
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
C. Visualisation graphique de l’effet multiplicateur
Y
Y;
Intentions de
dépense
C+I+G
C + I + G’
C+I+G
C+I
C
+ 10
45°
Y
+ 50
350
§3 L’accroissement des dépenses gouvernementales et la demande globale
Un accroissement des dépenses gouvernementales induit un déplacement de DG.
(rappel : signification de DG)
P!
A niveau de P
donné,
suite à
l’augmentation
de G,…
D G’
DG
Y
+ 50 : Y augmente vu l’effet multiplicateur
Ce déplacement de DG, qui aura un impact sur Y (et donc l’emploi), doit se concevoir comme
une partie du raisonnement.
Ce déplacement de courbe s’inscrit en effet dans le raisonnement d’ensemble que nous
construisons (voir le schéma des interactions).
52
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
SECTION 2 : Les taxes
Le deuxième instrument de la politique budgétaire est la modification des taxes. Pour
simplifier, parlons de la taxe directe (« T ») touchant les ménages (l’impôt des personnes
physiques).
§1 Situation de départ
Supposons le tableau suivant qui fait la distinction entre le PIB (Y) et de revenu disponible
(YD). Ce dernier vaut :
YD = Y – T
A l’équilibre (au sens « revenu égale intentions de dépenses ») : on a :
Y = C(Y – T) + I + G
=YD
PS : lire C « qui dépend de » (Y – T)
Supposons la situation de départ suivante. On distinguera à présent Y de YD !!
Avant les taxes, l’équilibre était (voir l’exemple supra):
Revenu
= prod.
Y
Revenu
disponible
YD
Dép. totales
C
I
G
C+I+G
250
30
20
300
…
300
…
300
YD = Y car il n’y a pas encore de taxes.
Rappelez-vous que
- I et G sont donnés ;
- que C = 10 + 0,8 x YD [le comportement du consommateur est donné et connu]
(= 10 + 0,8 x 300 = 10 + 240)
Il en résulte, un équilibre (au sens « revenu égale intention de dépenses »).
53
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
§2 Effet multiplicateur d’une variation des taxes
Supposons que des taxes soient à présent levées, pour un montant de 10 milliards d’euros.
A. Raisonnement itératif
Pour simplifier, on considère que T est forfaitaire. En d’autres termes, 10 milliards d’euros
« aux prix de 2000 » sont pris à l’ensemble des consommateurs quel que soit leur revenu (la
taxe n’est pas en proportion du revenu, comme le serait une taxe de 20% du revenu).
Dès lors, les revenus neufs qui naîtraient d’un effet multiplicateur ne seront pas taxés !!
Reprenons l’équilibre initial
Revenu
= prod.
Y
Revenu
disponible
YD
Dép. totales
C
I
G
30
20
C+I+G
…
300
…
300 - 10
Voir
pmc
250 – 8!!
300 - 8
300 – 10 – 8
250 – 8 – 6,4
300
- 8 – 6,4
300
- 10 – 8 - 6,4
etc…
30
20
300 – 8 !!
Cette dépense de 292 devient
un revenu
300 – 8 - 6,4
A l’issue du raisonnement, Y = 300 – 8 – 6,4 - … = 260
- 40
Par rapport au multiplicateur de I ou de G, BIEN VOIR :
-
QU’IL N’Y A PAS, ICI, de « 10 » de départ dans l’évolution de Y (le PIB)
(pour rappel, 10 + 8 + 6,4 + …= 50);
la baisse de revenu, induite pas la taxe de 10, ne sera donc pas de 50 mais de 40 !
-
que Y diminue suite à une augmentation des taxes ;
et inversement : si les taxes diminuent de 10, Y augmente de 40.
54
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
Dès lors, supposons que le gouvernement se donne 10 milliards pour résoudre une crise de la
demande :
- soit il utilise 10 milliards en dépenses gouvernementales neuves ;
- soit il utilise 10 milliards sous forme de réduction de taxes.
L’impact sur le PIB sera plus important (50 au lieu de 40) si la politique choisie est une
augmentation des dépenses gouvernementales.
Actualité : politiques européennes de relance (…)
B. Confirmation mathématique (multiplicateur de T)
On sait que
Y = 10 + 0,8 x (Y – T) + I + G
C
Donc, en variation, on a :
ΔY = Δ C
mais ΔC = 0,8 (ΔY – ΔT) (voir la définition de pmc)
= 0,8 ΔY – 0,8 ΔT
ΔY = 0,8 ΔY – 0,8 ΔT
(1 – 0,8) ΔY = – 0,8 ΔT
0,2 ΔY = – 0,8 ΔT
ΔY = ΔT x
= ΔT x ( - 4)
- 0,8
0,2
Δ Y = - pmc
Δ T 1 – pmc
=
x
-4
Comme ΔT = 10, on a donc ΔY = - 40
On obtient donc, comme pour l’investissement et les dépenses gouvernementales, un effet
multiplicateur. Mais :
-
l’effet multiplicateur est ici plus faible (les taxes n’affectent la dépense qu’à
concurrence de « - 8 - … » et pas de « – 10 – 8 - … »
-
l’effet multiplicateur est négatif : une augmentation des taxes diminue Y ;
55
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
C. Visualisation graphique de l’effet multiplicateur
Y
C+I+G
Intentions de
dépense
C+I+G
C’ + I + G
(car ΔT = 10)
C+I
C
-8
45°
Y
260 300
- 40
§3 Les taxes et la demande globale
Un accroissement des taxes induit un déplacement de DG vers la gauche (et inversement pour
une diminution des taxes).
(rappel : signification de DG)
P!
A niveau de P
donné,
suite à
l’augmentation
de T,…
DG
D G’
Y
- 40
De nouveau, ce déplacement de DG, qui aura un impact sur Y (et donc l’emploi) doit se
concevoir comme une partie du raisonnement.
56
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
SECTION 3 : Limites et débats
§1. Limites à l’effet multiplicateur de T et G
A. Le cadre de raisonnement est à compléter
Il faut appliquer mêmes nuances que celles apportées au multiplicateur d’investissement ou
de G : nous n’avons abordé qu’une partie des interactions.
Si on diminue les taxes (« tax cut »), la relance de l’économie va (comme dit supra):
-
générer une augmentation du taux d’intérêt (voir pourquoi au chapitre 12 …), ce
qui va ralentir la demande ;
-
induire, à long terme, une augmentation des prix, ce qui réduira la demande (voir
le chapitre 13) ;
-
(voir aussi l’importance du reste du monde qui peut absorber une partie de la
production due à cet effet multiplicateur ; de plus une hausse des prix nationaux, à
terme, va pénaliser l’économie nationale…)
( B. Remarque : une nuance par rapport au monde réel
Si, comme dans le monde réel, les taxes sont proportionnelles aux revenus, tout choc (ΔI) ou
toute volonté de relance (augmentation de G) (diminution de T) créera de la production et
donc du revenu additionnel, mais une partie en sera « mangée » par le taux de taxation. Tous
les multiplicateurs vus depuis le début du cours seront donc légèrement plus faibles. )
57
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
§2. Débat : faut-il privilégier une relance par un accroissement des dépenses
gouvernementales ou par une réduction des taxes ?
Voir à cet égard le débat au Congrès américain, début 2009 !
Premier élément : l’effet multiplicateur (qui plaide en faveur de G)
Second élément : a priori idéologique sur la place de l’Etat
- a priori en faveur des réductions de taxes (qui appelleront à terme une baisse de G)
- a priori en faveur d’une hausse de G (même si, à terme, cela nécessite une hausse de T)
Troisième élément : a-t-on les moyens de faire l’un ou l’autre (augmenter G ou diminuer T)?
(débat sur la question de la dette publique actuelle et future). Creuser le déficit public
signifiera qu’il faudra taxer plus tard, typiquement au moment où l’économie ira mieux.
PS : le décideur politique conçoit-il la collectivité comme celle « du présent » (ses électeurs)
ou bien intègre-t-il les générations futures ?
Quatrième élément : composition de T et G
Si les moyens n’existent pas, on peut changer la « composition » de G et de T, selon des
motifs politiques.
Que veut la collectivité à propos de la composition de G que de T ?
- quels sont ses besoins « de la société » (enseignement,…) trop peu (ou trop) couverts
par l’intervention publique ?
- quelles sont les taxes que la collectivité veut diminuer ou augmenter ; créer ou
supprimer ?
Remarque : la dette publique en Belgique
1. Bien la voir comme un « stock » évaluable en tout moment du temps.
(…)
2. Voir la manière de mesurer son intensité (en pourcentage du PIB).
3. Le « solde net à financer » (à voir comme un « flux » de déficit annuel)
4. Les contraintes politiques dues à une volonté politique de crédibilité de l’euro.
58
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
Résumé de quelques raisonnements effectués aux chapitres 10 et 11 :
1. Choc subi dans la sphère réelle (chapitre 10)
Crise des anticipations des consommateurs et/ou des firmes (investissant dans l’appareil de
production) : A diminue et induit une chute de C et/ou de I.
Intentions
de
dépense
C+I+G
Y
C+I+G
C’+I’+G
C+I
C
Y
P
!
D
G’
2. Chocs décidés dans la sphère réelle (chapitre 11)
a) Soit une hausse des dépenses gouvernementales (G)
Intentions
de
dépense
C+I+G
Y
C + I + G’
C + I +G
C+I
C
Y
P
!
D
G’
59
CHAPITRE 11 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES
b) Soit une baisse des taxes (T)
Intentions
de
dépense
C+I+G
Y
C’ + I + G
C + I +G
C+I
C
Y
P
!
D
G’
Conclusions :
1. Il y a trois causes de modification du PIB issues de la sphère réelle : un changement des
anticipations concernant cette sphère, et les deux formes de politiques budgétaires.
2. Dans les trois cas, il y a un déplacement de DG
Note : Sachez raisonnez dans les deux sens : anticipations plus optimistes et politiques
budgétaires restrictives.
3. L’effet multiplicateur de C, I (chocs subis) et G (choc décidé) sur Y sont identiques. En
revanche, l’effet multiplicateur de T est légèrement plus faible.
Remarque :
Un accroissement des dépenses gouvernementales peut s’opérer sur les dépenses courantes
(matériel, salaires des fonctionnaires) ou les dépenses en capital (infrastructures,…). Voir à
cet égard certains pans des plans américain (connexion à Internet,…) et européen (rail,…).
Dans les deux cas, les multiplicateurs sont identiques.2
2
Formellement (voir la comptabilité nationale), les investissements publics se trouvent dans I et non dans G.
Ceci ne change rien au raisonnement.
60
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
CHAPITRE 12 : LA POLITIQUE MONETAIRE
Au terme de ce chapitre, nous aurons atteint les objectifs suivants :
1. Nous aurons montré ce qu’est une crise de confiance dans le cours des
actifs financiers, ce qui équivaut à une crise de liquidité (voir la crise de 2008), et
comment cette crise peut se répercuter sur la sphère réelle ;
2. Nous aurons identifié un deuxième registre de mesures de régulation (ou de
stabilisation) de l’économie : celles qui ont un impact direct sur la sphère monétaire
et financière et un impact indirect (mais bien réel) sur la sphère réelle ;
3. Nous aurons la liste de ces mesures : contrôle du taux d’intérêt ou de la masse
monétaire ;
4. Nous aurons identifié l’impact de ces mesures sur l’activité ;
5. (Le politiques budgétaires seront relues à la lumière des interactions nouvelles,
identifiées dans ce chapitre) ;
6. Les limites de l’analyse seront énoncées.
61
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
Introduction
Dans ce chapitre, nous étudierons la sphère monétaire et financière pour elle-même et pour
situer son importance dans l’ensemble des interactions macroéconomiques. Cette sphère
monétaire complexifie la lecture de ces interactions macroéconomiques.
Jetons un tout premier coup d’œil au graphique de la page 75.
Il ne faut cependant pas voir cette sphère comme un « pouvoir occulte ». En fait, dans ce volet
monétaire, les Nations ont un acteur-clé : la Banque Centrale (la Banque Centrale Européenne
(BCE) pour la zone euro, la Federal Reserve (« Fed ») pour les USA). La Banque Centrale
mène une politique dont le but est (comme celui des politiques budgétaires du chapitre 11) de
stabiliser l’économie. La politique monétaire est donc un volet important de la politique
économique (voir par exemple la baisse des taux des Banques Centrales en 2008-2009).
Les marchés financiers (marché des actions et des obligations) et le marché monétaire
(marché de la « monnaie » (euro par exemple)) sont intimement liés. En effet, les actifs
financiers sont des substituts imparfaits à la monnaie :
- ils rapportent plus ;
- mais sont moins liquides.
Le taux d’intérêt modifie donc l’attrait des titres ET de la monnaie ! A taux d’intérêt élevé, les
agents préfèrent détenir plus de titres et, dès lors, moins de monnaie. Par ailleurs, lorsque les
particuliers veulent détenir plus de monnaie, ils le font au détriment des titres.
Le marché financier n’est pas seulement un lieu ou les agents se rencontrent pour échanger
des titres de créance et des titres de propriété (obligation et actions). Il est aussi un lieu
d’interactions qui influence la sphère réelle de l’économie, à cause de « variables de
transmission » comme le taux d’intérêt. Ainsi, si les taux d’intérêt s’élèvent dans la sphère
monétaire et financière (comme en 2008), la demande globale diminuera, ce qui aura des
répercussions réelles, négatives sur la production et l’emploi.
Taux d’intérêt :
«r»
Sphère monétaire
et financière
Sphère réelle
Autres
variables
62
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
La sphère monétaire et financière est aussi une zone de politique économique : la politique
monétaire. Il n’y a pas, a priori, de raison de privilégier la politique monétaire à la politique
budgétaire : tout dépend de l’état de l’économie. Ainsi, lors de la crise de 2008, il y eut en
Europe et aux USA une politique budgétaire de relance et une politique monétaire
« expansive » : baisse des taux d’intérêt des Banques centrales et/ou injection de monnaie
dans l’économie. Une manière pour les Banques centrales d’injecter de la monnaie dans
l’économie est d’acheter des titres « contre de la monnaie » (politique dite « d’open market »).
L’efficacité relative des politiques fiscales et monétaires dépend de l’état de l’économie et de
ses sensibilités à des chocs budgétaires ou monétaires. Par ailleurs, le choix d’une politique
plutôt que l’autre est souvent basé sur des a priori (voir le débat « monétaristes versus
keynésiens » dans ce chapitre).
Nous étudierons le fonctionnement du marché monétaire en tant que tel (à la section 1) et son
incidence sur la sphère réelle de l’économie (à la section 2). [Les politiques budgétaires seront
revisitées à la section 3].
63
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
SECTION 1 : LE MARCHE MONETAIRE
§1. La monnaie
Utilité d’un intermédiaire monétaire :
il facilite les échanges et réduit le nombre de prix.
(…)
Les fonctions de la monnaie
1. Unité de compte
(…)
2. Moyen de transaction ou d’échange
(…)
3. Réserve (la plus liquide et dont la valeur est la moins aléatoire)
(…)
Note : vue philosophique de la monnaie (relecture de la philosophie de René Girard)
(…)
64
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
§ 2 : L’offre de monnaie
Nous serons très brefs sur l’offre de monnaie.
Dit de manière simple , la « monnaie », disponible pour les entreprises et particuliers, a
plusieurs formes :
- l’euro « en pièces et billets » ;
- l’euro en « comptes en banque ».
A. Les organismes monétaires
Les organismes monétaires sont de deux types :
1. la Banque Centrale (le Banque Centrale Européenne (« BCE »), la Federal Reserve (la
« Fed ») qui est une autorité émettant la monnaie (telle que l’euro, le dollar) et participant
ainsi à la « stabilisation » de l’économie.
La Banque Centrale émet les euros et permet aux banques commerciales d’avoir des comptes
en banque chez elle.
Définition « juridique » de la monnaie émise par la Banque centrale:
Un billet de 5 euros, par exemple, détenu par un particulier, est un titre de créance
que ce particulier détient vis-à-vis de l’autorité monétaire.
Disons que le particulier a un droit théorique (c’était vrai dans l’histoire) à convertir ce
papier en « réelle valeur » telle que l’or.
Actuellement, le particulier a le droit d’opposer ce papier, aussi « crédible » que de
l’or, à d’autres particuliers qui doivent l’accepter comme moyen de paiement. C’est
« comme » s’il avait des pièces d’or.
Si le billet de 5 euros est une créance du particulier sur l’autorité monétaire, c’est pour
cette dernière une (sorte de) dette. Disons un « engagement ».
2. Les banques commerciales qui détiennent des euros (en papier ou en compte à la BCE)
émettent AUSSI de la monnaie. Elles ne sont cependant pas en charge d’une stabilisation de
l’économie.
Pour dire les choses simplement, si telle banque commerciale européenne reçoit en dépôt,
d’un particulier, 1000 euros « émis par la BCE », elle peut bien évidemment lui ouvrir un
compte en banque pour 1000 euros.
Mais, il est inimaginable que tous les particuliers clients de cette banque retirent en même
temps tous leurs euros : une bonne partie des paiements s’effectue de compte à compte. La
banque commerciale pourra donc ouvrir des comptes pour un montant plus important que les
euros qu’elle-même détient (en liquide ou en compte à la Banque Centrale).
65
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
La banque commerciale ouvre donc des comptes en banque (un exemple typique : elle ouvre
une ligne de crédit à un particulier (…)). Ce faisant, elle crée de la monnaie…
Définition « juridique » de « l’avoir » en compte en banque :
Pour un particulier, avoir 2000 euros sur son compte en banque (quelle qu’en soit
l’origine) correspond à une dette ou un engagement de la banque commerciale : celui
de permettre au particulier de retirer 2000 euros en « billets » et de lui permettre de
régler ses transactions (achats,…) avec ce compte, sans avoir besoin d’obtenir au
préalable la monnaie en « billets » !
B. La « monnaie » c’est-à-dire la « masse monétaire » (« M »)
La « masse monétaire » (euros en pièces et billets et euros en comptes) est donc plus
importante que les euros émis par la Banque Centrale. Pour connaître M, il faut étudier le
comportement des banques et des particuliers (ceci dépasse l’objectif global du cours).
En résumé, disons que les euros de la Banque Centrale se multiplient et donnent la « masse
monétaire » notée M (qui comprend ces euros en pièces et billets et en comptes en banque).
« M » reprend l’ensemble des engagements :
- de type liquide
- émis par les organismes monétaires (Banque Centrale et banques commerciales)
- détenus par le « public » (les agents qui ne sont pas organismes monétaires)
Ainsi, si le contenu de votre compte en banque est repris dans M, ce que vous avez comme
obligations ou actions (même si ce titre est émis par une banque) n’en fait pas partie ; cet
avoir n’est en effet pas « liquide ».
C. La politique de la BCE
Par sa politique, la BCE, qui maîtrise l’émission d’euros, maîtrise in fine l’ensemble de M.
Elle connaît en effet le comportement des banques commerciales : elle sait donc ce que M
sera « au total » vu son émission d’euros.
Quels sont les objectifs de la BCE en contrôlant M ou le taux d’intérêt r (nous verrons plus
loin que ces deux politiques se répondent) ?
La BCE sait que M a une influence sur l’économie. On verra ainsi, dans ce chapitre, qu’un
accroissement de M a un impact attendu positif sur l’activité (Y) … et l’inflation (P).
La stratégie globale de la BCE est actuellement une stabilité des prix au sein de la zone
euro : elle considère que les prix ne doivent pas avoir de mouvements trop erratiques et ne
peuvent augmenter (c’est son chiffre actuel) de plus de 2% l’an.
66
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
C’est pour cela que la BCE répugne parfois à lancer une politique monétaire trop expansive :
elle veut éviter une trop grande inflation. En 2008-2009 cependant, la BCE a cependant lancé
une telle politique expansive parce que le risque d’inflation était faible et que les économies
européennes étaient en récession.
L’ objectif d’inflation est dicté par une lecture de l’environnement international (comment
nous situons-nous, en termes de prix, par rapport à d’autres pays ?) et une volonté de régler
les problèmes d’activité économique et d’emploi. En clair, c’est bien la sphère réelle qui, in
fine, intéresse la BCE et l’Europe.
PS : la BCE considère aussi qu’une hausse trop importante de nos prix par rapport à nous
concurrents génère, à terme, de l’endettement et une baisse du cours de l’euro.
D. Les outils de toute Banque Centrale
Pour agir sur l’économie, la Banque Centrale agit sur M ou, ce qui revient en pratique au
même (voir le raisonnement infra), sur le taux d’intérêt. Elle applique un tel taux aux banques
commerciales et donc, par contagion, influence celui que ces banques proposent au public.
Dans la suite du cours, nous considèrerons M comme une donnée (une variable maîtrisée par
le BCE). Nous montrerons aussi que « vouloir tel taux d’intérêt » signifie « accepter que M
évolue de manière à ce que r soit à ce niveau ».
Dit autrement, la Banque Centrale a le choix entre le contrôle de M et celui de r (elle ne peut
contrôler les deux !).
(ce qu’il faut retenir de ceci :…
-
-
la masse monétaire ;
la politique monétaire ;
ses objectifs :
o ultimes : Y et l’emploi, le niveau général des prix P (situés dans la sphère
réelle)
o intermédiaires : M ou r (situés dans la sphère monétaire)
les organismes monétaires.)
67
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
§ 3 : La demande de monnaie
Si l’offre de monnaie M est une variable « maîtrisée » (ou une donnée), il n’en va pas de
même pour la demande de monnaie, qui est formulée par les particuliers ! Ils ont un
comportement à étudier.
Les facteurs influençant la demande de monnaie sont les suivants.
PS : ils ne sont pas cités pour information : ces facteurs d’influence permettront de modéliser
le marché monétaire (et en miroir le marché financier1) et donc de compléter notre
raisonnement global.
1. Le prix
Les particuliers « regardent M/P ». Ils ne subissent pas l’illusion monétaire : ils savent que, in
fine, M/P leur importe. Dit autrement, dans un monde où tous les prix sont doublés, le public
sait que seule une détention doublée, elle aussi, de M le laisse à situation « réelle » inchangée.
Dit autrement, si les autres facteurs d’influence (voir les points 2. 3. et 4. infra) de la demande
de monnaie (Md) sont inchangés, un doublement de P induit un doublement de la demande de
monnaie.
Appelons sa demande d’encaisses monétaires réelles Mdr ( = Md / P)
Mais quelle Mdr (ou Md / P) le public souhaite-il ? Quels sont les facteurs d’influence de Mdr
?
2. Le PIB (Y)
Si Y est élevé, Mdr l’est aussi pour un motif de transaction.
Mdr (Y)
+
3. Le taux d’intérêt (r)
Si r augmente, les titres (substituts de la monnaie) sont plus attractifs que la monnaie, par leur
rendement. La préférence pour la « liquidité » diminue : la demande d’encaisses réelles
diminue donc.
Mdr (r)
–
(Remarque : le marché des titres (obligations,..) subit donc « en miroir » les effets vécus par le
public sur le marché monétaire.)
1
On pourrait montrer que le fait de modéliser tous les marchés (le marché réel et le marché monétaire) suffit
pour représenter tous les marchés : le marché restant (financier) est d’office pris en compte par l’analyse des
autres. Cette propriété s’appelle la « loi de Walras ». Sa démonstration dépasse l’objectif de ce cours.
68
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
4. Les anticipations (A)
Les particuliers ont des anticipations sur les cours des actifs financiers (et sur la santé de
l’économie). S’ils pensent – comme ils l’ont fait en 2008-2009 – que les cours vont chuter, ils
délaissent les titres et leur préfèrent la monnaie, dont le cours n’est pas risqué.
Dès lors, la demande de monnaie augmente quand les anticipations deviennent pessimistes et
diminue lorsque les anticipations deviennent optimistes (les particuliers délaissent la monnaie
pour les titres).
Mdr (A)
–
En résumé :
Md = P. Mdr (Y, r, A)
+ - Quatre variables peuvent donc influencer Md : P, Y, r et A. Une des influences (P) est
proportionnelle.
69
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
§ 4 L’équilibre sur le marché de la monnaie
Traçons l’offre de monnaie Mo (elle est maîtrisée et donc insensible à r).
Traçons la demande de monnaie Md, sensible à r. A taux d’intérêt élevé, la demande de
monnaie est faible.
r
Mo
Md = P. Mdr (Y, r, A)
+ - -
M
L’équilibre
Le taux d’intérêt r se détermine sur ce marché.
Si r n’est pas à son niveau d’équilibre (deux cas) :
1) r trop élevé : offre excédentaire de monnaie
Les particuliers détiennent M sans le vouloir : ils veulent s’en débarrasser.
Pour ce faire, ils achètent des titres contre de la monnaie.
Le cours des titres augmente.
Cette hausse des cours signifie une baisse des taux d’intérêts.
(…)
Cette baisse de r se poursuit jusqu’à la disparition de l’offre excédentaire
2) r trop faible demande excédentaire de monnaie
Les particuliers souhaitent acheter plus de M : il n’y en a pas assez pour les satisfaire.
Pour ce faire, ils vendent des titres contre de la monnaie.
Le cours des titres diminue.
Cette baisse des cours signifie une hausse des taux d’intérêts.
(…)
Cette hausse de r se poursuit jusqu’à la disparition de la demande excédentaire
70
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
§ 5 Les perturbations sur le marché monétaire
Il y aura un choc sur le marché monétaire si l’offre Mo se déplace ou si Md se déplace (parce
que P, Y ou A l’ont fait se déplacer).
A. Augmentation de Mo
Supposons que la BCE décide d’injecter de la monnaie dans l’économie (politique monétaire
expansive). Elle le fait lorsqu’elle veut relancer l’activité, comme en 2008-2009.
Graphique
r
Mo
Md = P. Mdr (Y, r, A)
+ - M
Déplacement de courbe : Mo se déplace vers la droite
Effet sur r d’équilibre :
Au niveau de r initial, il y a une offre excédentaire de monnaie : les particuliers veulent s’en
débarrasser.
Ils achètent des titres.
Les cours montent.
Le taux d’intérêt diminue (voir graphique)
Note : cette baisse des taux, voulue par la BCE, aura ensuite une influence sur la sphère
réelle : un effet de relance analysé infra.
71
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
D’autres facteurs peuvent influencer la demande de monnaie et perturber l’équilibre sur le
marché monétaire :
B. Diminution de A
Supposons, comme en 2008-2009, que les anticipations (quant aux cours futurs des titres, à la
valeur effective des avoirs en banque,…) deviennent plus pessimistes : A diminue.
Concrètement, les agents anticipent une baisse de valeur de leurs avoirs financiers (cours des
titres, valeur effective de leurs avoirs en banque vu, par exemple, la solvabilité de celle-ci,…).
Suite à cela, les particuliers veulent à tout prix acheter plus de monnaie (ils récupèrent leurs
avoirs placés en banque, vendent leurs titres contre de la monnaie, plus sûre). Il y a une crise
de liquidité, comme en 2008-2009. La demande de monnaie augmente à cause de ces
anticipations plus pessimistes.
Mo
Graphique
r
Md = P. Mdr (Y, r, A)
+ - M
Déplacement de courbe : Md se déplace vers la droite
Effet sur r d’équilibre :
Au niveau de r initial, il y a une demande excédentaire de monnaie : les particuliers veulent
acheter de la monnaie.
Ils vendent des titres.
Les cours baissent.
Le taux d’intérêt augmente (voir graphique)
En 2008-2009, c’est bien la crise des subprimes qui a miné les anticipations, ce qui a
finalement conduit à une hausse des taux : le crédit est devenu plus cher, ce qui a eu un effet
sur la sphère réelle de l’économie.
C’est bien pour cette raison que la BCE a ensuite mené une politique monétaire expansive
(hausse de l’offre de monnaie ou baisse des taux). Voir aussi la politique des USA.
72
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
Par ailleurs, des variables issues de la sphère réelle peuvent aussi perturber la demande de
monnaie et l’équilibre : Y et P, ce dernier étant trouvé à long terme (voir chapitre 13).
C. Augmentation de Y
r
Mo
Md = P. Mdr (Y, r, A)
+ - -
Déplacement de courbe : Md se déplace vers la droite : Md augmente pour motif de
transaction (il y a plus de biens produits).
Effet sur r :
Au niveau de r initial, il y a une demande excédentaire de monnaie : les particuliers veulent
acheter de la monnaie. Ils vendent des titres. Les cours baissent. Le taux d’intérêt augmente
(voir graphique)
Lien avec le monde concret :
on voit ici une première limite – annoncée précédemment – de l’effet multiplicateur !
Une hausse de Y (suite par exemple à une politique de relance) induit une hausse des taux
d’intérêt, ce qui atténue un peu la hausse de Y. Il y a un « effet d’éviction ».
73
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
D. Augmentation de P
r
Mo
Md = P. Mdr (Y, r, A)
+ - -
Déplacement de courbe : Md se déplace vers la droite : Md augmente en proportion de la
hausse de P : les agents ont besoin de plus de monnaie pour motif de transaction puisque les
prix ont augmenté.
Effet sur r d’équilibre :
Au niveau de r initial, il y a une demande excédentaire de monnaie : les particuliers veulent
acheter de la monnaie. Ils vendent des titres. Les cours baissent. Le taux d’intérêt augmente
(voir graphique)
Lien avec le monde concret :
Nous avons identifié une deuxième limite de l’effet multiplicateur. Si DG augmente
(déplacement de la courbe), cela se traduira, à long terme, après la rencontre avec l’offre
globale par une hausse (plus modérée) de Y et une hausse des prix (P).
De plus, cette hausse de prix de long terme induira, on l’a vu ici, une hausse des taux
d’intérêt, ce qui atténue un peu la hausse de Y.
Remarque : bien évidemment, on peut trouver facilement ce qui se passerait si Mo, A, P ou
Y évoluaient dans l’autre sens : il suffit, chaque fois d’adapter le raisonnement. La courbe se
déplace dans l’autre sens et l’effet sur r est donc, chaque fois, inversé !
74
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
SECTION 2 : LA POLITIQUE MONETAIRE
§1 Schéma général des interactions entre la sphère monétaire et la sphère réelle
Politiques d’offre
(Chap 13)
Instruments de la
politique
budgétaire : G et T
(Chap 11)
Instruments de la pol.
monétaire
(Chap 12) : M ou r
Sphère monétaire et financière
(chapitre 12)
Sphère réelle
Volet offre globale Volet demande globale
Dép
OG (Chap 13)
r
45 °
Y
(raisnt. à P et r donnés)
P
Y
De cette
interaction
résulte une
nouvelle DG
r
M
(raisnt. à P et Y donnés)
DG
Y
(raisnt. à r « endogène »)
Long terme
(Chap 13)
P et Y
75
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
§ 2 Une nouvelle courbe de demande globale
Une courbe de DG intégrant les interactions dans la sphère monétaire nous donne un cadre
plus fidèle de raisonnement. Notons que le dessin précis de cette nouvelle DG requiert l’outil
mathématique. Ici, nous esquisserons, verbalement, le raisonnement qui sous-tend le dessin de
cette courbe.
Le lecteur peut lire la conclusion aux pages suivantes : DG sera plus horizontale vu un
effet dit « Keynes ». Cette nouvelle DG est dessinée à r endogène – et non constant (ces
deux points sont hors matière)
1. La construction de DG (rappel)
Soit une augmentation de P.
Impact direct sur graphique à 45° : la courbe C se déplace vers le bas (déjà vu).
Y
Intentions de
dépenses
C+I+G
C + I + G « avec P1 »
C + I + G « avec P2 »
C « avec P1 »
C « avec P2 »
45°
Y
Y d’équilibre diminue
On se déplace sur DG pour motif d’effet d’encaisses réelles (ou effet « Pigou »)
On peut ainsi dessiner DG : elle a une pente négative (vu ce motif d’encaisses réelles).
76
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
2. La prise en compte de l’effet « Keynes »
Prenons aussi en compte (de manière simplifiée) l’interaction entre les deux sphères (ce qu’on
appelle l’effet Keynes pour le tracé de DG)
Soit une augmentation de P.
Deux impacts :
1. Impact direct sur la sphère réelle (graphique à 45°) (impact déjà vu lors du tracé de DG)
La courbe C diminue par l’effet d’encaisses réelles.
Voir page précédente : la courbe DG a une pente négative pour motif d’encaisses réelles.
2. Impact indirect sur la sphère réelle : via le marché monétaire (impact neuf)
Les particuliers, vu la hausse de P souhaitent détenir plus de monnaie pour leurs achats (motif
de transaction), au détriment des titres rémunérateurs.
Illustrons cela par quelques comportements concrets :
- les particuliers « créanciers » vendent des obligations ou retirent de l’argent des
comptes rémunérés ;
- certains particuliers peuvent aussi solliciter plus de prêts auprès des banques (ils
s’endettent).
Graphique sur le marché monétaire :
r
Mo
Md = P. Mdr (Y, r, A)
+ - -
M
Effet : r augmente.
77
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
Impact indirect de la hausse de P : à son tour, r influence la sphère réelle.
a) voir le graphique à 45°
La hausse des taux d’intérêt implique, vu que C et I baissent, que Y diminue « à nouveau ».
Y
Intention de
dépenses
C+I+G
C + I + G « avec faible r »
C + I + G « avec r élevé »
45°
Y
Y diminue
b) DG :
La hausse de P qui induit une hausse des taux d’intérêt fait diminuer Y pour une « deuxième
raison »
P
DG
Y
(2)
(1)
78
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
Conclusion : en résumé, la hausse de prix fait baisser DG (on chemine sur la courbe DG)
pour deux raisons. Une de ces deux raisons considère les évolutions de r. Le fait qu’il y
ait cette seconde raison rend DG plus horizontale que la courbe que nous avions dessinée
au chapitre 10 !
Remarques :
1. pour dessiner correctement DG en tenant correctement compte de toutes ces interactions,
nous avons besoin de mathématiques ou, à tout le moins, d’un graphique plus sophistiqué (dit
« IS-LM ») rendant compte de toutes ces interactions. Ce graphique dépasse l’objectif de ce
cours.
2. Avec cet effet « Keynes », même s’il n’y avait pas d’effet d’encaisses réelles, DG aurait,
malgré tout, une pente négative !
79
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
§ 3 La politique monétaire
Méthode
1ère étape : voir ce qui se passe dans la sphère monétaire (évolutions de M et r);
2ème étape : voir les impacts dans la sphère réelle (graphique à 45°);
ceci nous permet de visualiser le déplacement de DG.
1. Politique monétaire expansive (contrôle de M)
Augmentation de M (variable maîtrisée par les autorités)
Moyen utilisé : politique d’open market (de rachat de titres, par la BCE, contre de la monnaie
ainsi injectée dans l’économie).
Voir le discours de la BCE en 2009.
Première étape impact dans la sphère monétaire
Déplacement Mo
r
Mo
Md = P. Mdr (Y, r, A)
+ - M
Résultat :
r diminue (si r restait a son niveau, il y aurait offre excédentaire de monnaie) (voir supra
section 1 §5)
[Note : pour donner « chair » à ce qui se passe, on peut énoncer l’histoire suivante.
-
des titres sont rachetés par la BCE ;
cette « rareté » des titres fait que leurs cours augmentent
et donc que r diminue (rappel : relation inverse « cours » et « taux d’intérêt »). ]
80
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
Deuxième étape : impact dans la sphère réelle
On sait (voir la sphère monétaire) que :
- M a augmenté ;
- r a diminué.
Ces deux effets vont dans le même sens : ils « relancent » C (à cause de r et de M) et I (à
cause de r)
Y
Intentions de
dépenses
C+I+G
C’ + I’ + G
45°
Y
Y augmente
Ceci correspond à un déplacement de DG (à même prix, Y est plus élevé)
P
DG’
Y
Une politique monétaire expansive favorise donc la relance de l’activité économique.
Limites à de tels effets d’une politique monétaire trop expansive ?
Quid de la réaction en prix (dû au choc avec l’offre globale) : P va augmenter à terme…
Quid de la position internationale si les prix augmentent trop ?
81
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
2. Politique monétaire expansive (contrôle de r)
Supposons, comme en 2008-2009, que la BCE (ou la Fed) décide de relancer l’économie par
une baisse des taux. Voir les baisses de taux considérables imprimées par la BCE et la Fed en
2008-2009 !
La Banque Centrale sait en effet que les taux bas relancent la consommation et
l’investissement.
En fait, vu l’existence du marché monétaire (qui sera nécessairement en équilibre), si la BCE
veut que le taux soit bas, elle doit accepter que Mo « s’ajuste » de manière à ce que ce
taux qu’elle a décidé soit observé.
Dit autrement, si la BCE veut contrôler r, elle perd le contrôle de M : faire baisser les
taux revient à augmenter Mo !!
La BCE contrôle M ou r.
Première étape impact dans la sphère monétaire
Déplacement Mo
r
Mo
Md = P. Mdr (Y, r, A)
+ - M
Pour que le taux d’intérêt baisse vers le niveau décidé par la BCE, celle-ci a dû augmenter son
offre de monnaie !
[Pour donner plus de chair à ce raisonnement : une baisse « décidée » des taux pousse les
agents à vendre des titres (moins attractifs) contre de la monnaie : la demande de monnaie est
plus élevée (on chemine le long de la courbe). La Banque Centrale doit dès lors
« accompagner » cette demande de monnaie en en offrant plus (elle rachète le trop plein de
titres contre de la monnaie nouvellement en circulation.)]
82
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
Deuxième étape : impact dans la sphère réelle
(rien n’a changé, dans le raisonnement, par rapport au cas d’une politique d’accroissement
de M !!)
Rappelons ce raisonnement, que vous lirez :
On sait (voir la sphère monétaire) que :
- M a augmenté ;
- r a diminué.
Ces deux effets vont dans le même sens : ils « relancent » C (deux effets…) + I (un effet)
Y
Intention de
dépenses
C+I+G
C’ + I’+ G
45°
Y
Y augmente
Ceci correspond à un déplacement de DG (à même prix, Y est plus élevé)
P
DG’
Y
Une politique monétaire expansive (baisse de r) favorise donc la relance de l’activité
économique.
83
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
Quelques conclusions sur la politique monétaire
1. On voit que la sphère monétaire est le lieu de politiques.
2. Ces politiques ont un effet sur l’activité économique (c’est d’ailleurs bien leur but…)
3. Cependant, on ne peut « tout faire » (par exemple, il faut choisir entre le contrôle de
M ou de r).
4. Une politique monétaire expansive peut prendre deux formes : un accroissement de M
ou une baisse de r. (voir ce qui fut appliqué en 2008-2009) ; mais la Banque Centrale
ne peut contrôler que M ou r. Une politique monétaire restrictive consiste en une
diminution de M ou une hausse de r.
5. La politique monétaire peut avoir des objectifs intermédiaires
par exemple d’inflation maîtrisée, dans le but de sauvegarder une position
internationale (en termes de prix).
6. Un débat peut être mené sur les mérites d’une relance de l’activité par les politiques
budgétaires ou par les politiques monétaires. Ce débat passe par une analyse
détaillée (mathématique) des interactions propre à l’économie considérée. Un pays
n’est pas l’autre…
Disons déjà que si le choc « subi » trouve son origine dans la sphère monétaire, il y a
de bonnes raison d’y agir, même si cette action n’exclut pas une politique budgétaire.
Voir ce qui fut appliqué en Europe et aux USA en 2008-2009.
Pour le débat qui eut cours en 2008-2009 en Europe et aux USA… où les deux
politiques furent adoptées, voir la section 4.
84
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
[SECTION 3 : LES POLITIQUES BUDGETAIRES « REVISITEES »]
Avec l’analyse de la sphère monétaire, une nuance doit être apportée à l’analyse des
politiques budgétaires. Les politiques budgétaires induisent en effet un effet d’éviction
(hausse des taux d’intérêt et baisse de la demande).
§1 Augmentation de G
Impact direct sur la sphère réelle
Y
Intentions de
dépenses
C+I+G
C+I+G
Y
augmente
45°
Y
r
Mo
M = Effet multiplicateur
Y
Intentions de
dépenses
C+I+G
C+I+G
Md
M
r augmente
45°
Y
E = Effet
d’éviction
En conséquence, DG se déplace « moins » vers la droite : elle se déplace de « M – E ».
85
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
§2 Diminution de T
Même type de raisonnement que supra.
(sauf que l’effet multiplicateur du tax cut est, à l’origine, plus faible)
SECTION 4 Un débat entre keynésiens (K) et monétaristes (M)
Ce débat, qui devrait être nourri de réflexions et d’études, est parfois miné par des a priori…
Grands antagonismes
1. Faut-il préférer les politiques budgétaires ou monétaires ?
(K) Les politiques budgétaires touchent de plus près à la sphère réelle. Un des acteurs majeurs
de la relance : les pouvoirs publics.
(M) Il vaut mieux ne pas toucher à la sphère réelle, déjà instable. Une des causes de ces
instabilités : les pouvoirs publics.
2. Quels rôles jouent les prix ?
(K) Les prix s’ajustent lentement. Une action sur les quantités (G, C, I) s’impose donc à court
terme.
(M) Les prix sont un mécanisme régulateur qu’il vaut mieux ne pas perturber. On devrait, si
on prend le temps d’attendre tous les ajustements, arriver « automatiquement » au pleinemploi grâce à ce mécanisme.
3. Faut-il agir sur l’économie ?
(K) Oui, car il y a beaucoup de problèmes à régler.
(M) Oui, mais avec parcimonie, pour ne par créer d’instabilité. Une manière de réduire
l’instabilité : annoncer (par exemple) le taux de croissance de M. Les agents feront le reste.
4. Quel « terme » est important ?
(K) Le moyen terme car il y a beaucoup de problèmes. Le long terme est « trop long ».
(M) Le long terme, source d’équilibre et de plein-emploi.
Traduisons ces antagonismes récurrents en décortiquant les discours tenus au moment
de la crise de 2008-2009:…
86
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
1. Faut-il préférer les politiques budgétaires ou monétaires ?
(K) La crise de 2008, même si elle trouve son origine dans la sphère financière, est devenue
une crise de la demande : celle-ci est déprimée. Une politique budgétaire de relance de la
demande est donc appropriée. Il n’est cependant pas question de creuser les déficits publics
par principe : il faut les creuser au moment opportun, pour créer de l’emploi. Quand
l’économie va mieux, il faut réduire les déficits publics. Si une politique budgétaire devait
être lancée, il faut préférer une hausse des dépenses gouvernementales : l’effet multiplicateur
est plus élevé. Dans cette crise, le secteur financier est la cause des instabilités. Une politique
monétaire effective doit être menée en parallèle.
(M) Une politique budgétaire trop importante créerait une nouvelle instabilité et empêcherait
les ajustements automatiques de l’économie. La cause première des instabilités reste le
secteur public : cette crise-ci est exceptionnelle (dans la mesure où le secteur privé en fut à
l’origine). Il vaut mieux ne pas trop toucher à la sphère réelle, déjà instable. Des déficits
publics importants créeraient une instabilité de plus. Si une politique budgétaire devait être
lancée, il faut préférer une baisse des taxes : à terme l’Etat doit prendre moins de place. Une
politique monétaire – mesurée – est préférable : la simple annonce du taux de croissance de
M.
2. Quels rôles jouent les prix ?
(K) Les prix s’ajustent lentement. Par exemple, la baisse des prix dans le secteur automobile
n’est pas suffisante pour qu’elle induise seule tous les ajustements nécessaires au secteur.
Ceci est vrai dans d’autres secteurs. Une action de relance de la demande (une action sur les
quantités) s’impose donc à court terme. Il faut préférer une relance de la demande à une aide
inconditionnelle aux secteurs : c’est bien le fait que la demande est déprimée qui est la cause
des faillites.
(M) Les prix sont un mécanisme régulateur qu’il vaut mieux ne pas perturber. Les ajustements
de prix peuvent prendre du temps, mais ce n’est pas grave en soi. Il vaut mieux attendre que
ces prix induisent seuls les ajustements nécessaires, dans les différents secteurs. Perturber ou
accélérer ces mouvements de prix est inutile. L’emploi se créera à l’issue de ces ajustements.
3. Faut-il agir sur l’économie ?
(K) Oui, car il y a beaucoup de problèmes à régler. La crise de 2008 est importante et montre
qu’un Etat régulateur a sa place. Les instabilités viennent d’un trop peu de régulation. Il y a eu
trop peu de régulation du secteur bancaire par exemple ou, plus généralement, de la sphère
financière, très instable par essence.
(M) Oui, mais avec parcimonie, pour ne pas créer d’instabilité. La régulation essentielle est
une politique monétaire « mesurée » : la simple publication du taux de croissance de M. Une
baisse trop importante des taux d’intérêt peut créer un incitant à trop d’emprunts et à des
déficits (privés ou publics), sources d’instabilités.
4. Quel « terme » est important ?
(K) Le long terme est « trop long ». La crise de 2008-2009 est importante. Sans actions
solides de régulation, la crise va s’enliser et la situation va s’aggraver.
(M) La crise de 2008-2009 est un simple ajustement. Attendre suffisamment longtemps va
amener, après les ajustements, de nouveaux équilibres qui seront source d’emploi.
87
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
Résumé de quelques raisonnements effectués au chapitre 12 :
1. Choc subi dans la sphère monétaire
Crise des anticipations concernant la sphère monétaire. Anticipation d’une baisse des cours
et crise de liquidité : « A » diminue ce qui induit une hausse de la demande de monnaie.
r augmente…
(les cours chutent)
r
Mo
Intentions de
dépense
C+I+G
…En conséquence,
chute de C et de I
Y
C+I+G
C’+I’+G
C+I
Y
C
Md
M
Y
P
!
D
G’
2. Chocs décidés dans la sphère monétaire
a) Soit une hausse de l’offre de monnaie (Mo)
r diminue, M augmente…
(les cours augmentent)
Intentions
de dépense
C+I+G
r
Mo
Y
…En conséquence,
hausse de C et de I
Y
C’ + I’ + G
C + I +G
C+I
C
Md
Y
P
!
D
G’
88
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
b) Soit, ce qui revient au même, une baisse du taux d’intérêt (r)
r
r diminue, M augmente…
(les cours augmentent)
Intentions
de
dépense
C+I+G
Mo
… En conséquence, hausse
Y
de C et de I
C’ + I’ + G
C + I +G
C+I
C
Md
4
5°
Y
P
!
D
G’
Conclusions :
1. Il y a trois causes de modification du PIB issues de la sphère monétaire : un changement
des anticipations concernant cette sphère, et les deux formes de politiques monétaires.
2. Les deux politiques monétaires sont équivalentes : on décide de M (et on subit r) ou on
décide de r (et on subit M).
3. Dans les trois cas, il y a un déplacement de DG
Note : Sachez raisonnez dans les deux sens : anticipations plus optimistes et politiques
monétaires restrictives.
89
CHAPITRE 12 LA POLITIQUE MONETAIRE
Résumé des effets sur le PIB de court terme, c’est-à-dire « avant » que les effets prix
aient eu le temps de jouer (voir le chapitre 13 pour le long terme)
Voici les toutes les causes de déplacement de DG
A) Chocs issus de la sphère réelle
1. Choc subi :
modification des anticipations (agit sur C ou sur I)
2. Chocs décidés :
a) politique de dépenses gouvernementales
b) politique de tax cut
B) Chocs issus de la sphère monétaire (avec effet indirect sur la sphère réelle et DG)
1. Choc subi :
modification des anticipations
2. Chocs décidés :
a) politique monétaire de contrôle de M
b) politique monétaire de contrôle de r
Ces effets ont été étudiés à court terme.
A long terme, le niveau général des prix va se modifier, car la demande globale fait face à
une offre globale.
Ainsi, des politiques budgétaires ou monétaires expansives vont créer, à terme de l’inflation.
Cet effet va limiter un peu les effets de ces politiques.
90
CHAPITRE 13 : L’OFFRE GLOBALE ET L’EQUILIBRE DE LONG TERME
CHAPITRE 13 : L’OFFRE GLOBALE ET L’EQUILIBRE DE LONG TERME
Présentons notre cadre de raisonnement global.
Politiques d’offre
(Chap 13)
Instruments de la
politique
budgétaire
(Chap 11)
Sphère réelle
Volet offre globale Volet demande globale
(chapitre 10)
Dép
Instruments de la
politique
monétaire
(Chap 12)
Sphère monétaire et financière
Marché monétaire
(Chap 12)
45 °
Y
OG (Chap 13)
P
OG
P
DG
Y
Long terme
(Chap 13)
P et Y
91
CHAPITRE 13 : L’OFFRE GLOBALE ET L’EQUILIBRE DE LONG TERME
Section 1 : l’offre globale
L’offre est tracée grâce au raisonnement microéconomique.
Pour mémoire, nous connaissons les déterminants de l’offre :
OG (P, PL, Rmt L)
+ - +
Remarque : conditions de fiscalité.
Notons qu’un choc pétrolier (prix d’une ressource) est un choc macro-économique sur
l’offre : elle se déplace vers la gauche.
P
OG
Y
Section 2 : Le niveau de plein emploi Ype
Supposons que toutes les ressources (disons Lpe) de la nation soient utilisées. Que pourrait-on
produire ? Ype. Ype est le volume de production obtenu en introduisant Lpe dans la fonction
de production ; Ype un nombre donné, qui résulte de la fonction de production et de
l’ensemble des ressources.
Reportons Ype sur le graphique
P
OG
Y
Ype
92
CHAPITRE 13 : L’OFFRE GLOBALE ET L’EQUILIBRE DE LONG TERME
Section 3 : L’équilibre de long terme
Nous entendons ici « long terme » au sens suivant : l’offre globale et la demande globale se
sont rencontrées et le prix d’équilibre s’est fixé.
P
OG
DG
Y
Y LT
Ype
Section 4 : Effets de long terme des politiques fiscales et monétaires
Ces politiques font se déplacer DG.
Vu OG, l’effet d’un déplacement de DG vers la droite est double : une hausse de Y LT et une
hausse des prix.
Cet effet prix limite l’impact de relance des politiques budgétaires et monétaires.
P
OG
DG’
Y
Ype
93
CHAPITRE 13 : L’OFFRE GLOBALE ET L’EQUILIBRE DE LONG TERME
Section 5 : Politiques d’offres
Relance de l’offre par la fiscalité (taxes et cotisations diverses) ou par des politiques visant à
augmenter la productivité (…).
Débat : politique de demande (budgétaires ou monétaires) ou politiques d’offres ?
Arguments essentiels :
1) Effet d’une diminution des taxes : impact plus important sur DG que sur OG
Motifs (…)
2) Cependant, les politiques fiscales ou monétaires portant seulement sur DG auront du mal à
générer seules le plein-emploi. Un déplacement de l’offre peut y contribuer.
3) A priori idéologique (…)
En guise de conclusion…
Une représentation « conceptuelle » du monde est essentielle pour comprendre le monde et
agir sur lui. Ainsi, la connaissance des mécanismes est nécessaire pour concevoir des
politiques agissant sur le monde ainsi « représenté ».
Une telle connaissance n’empêchera cependant – et heureusement – jamais les débats sur
l’état du monde et sur la manière de le changer…
Une discipline que prétendrait se substituer à tout débat et tout choix usurperait son statut de
science humaine.
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