Séismes, éruptions volcaniques, tsunamis

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Service national famille et société
Conférence des évêques de France
Juillet 2011
Département environnement et modes de vie
SEISMES, ERUPTIONS VOLCANIQUES, TSUNAMIS
Les récents cataclysmes subis par le Japon nous rappellent que nous restons à la merci des phénomènes
naturels inhérents à l’évolution de notre planète. Pour autant, nous ne sommes pas impuissants : les
progrès de la connaissance donnent à l’homme certaines possibilités de prévoir les risques de catastrophe
et d’en atténuer les effets. Cette fiche a pour objectif de présenter les mécanismes à l’œuvre, d’expliquer
la localisation des risques et d’évoquer les mesures de précaution face à l’inconnu ou de prévention des
risques connus, y compris par leur prévision quand elle est possible. Elle peut ouvrir à une réflexion sur
le rôle de l’humanité dans la gérance de la création.
Elle a été rédigée par Jean-Claude Gall, géologue, professeur émérite de Géologie et de Paléontologie
à l’Université de Strasbourg. Elle a bénéficié du travail de l’Antenne « environnement et modes de
vie », groupe d’expert associé au Département environnement et modes de vie de la CEF.
Jean-Hugues Bartet
Directeur du Département environnement et modes de vie
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La Terre n’est pas une planète immobile, figée. Ses géographies, ses reliefs, ses climats, sont redessinés en
permanence par des forces qui s’approvisionnent aux deux sources d’énergie que constituent la chaleur
interne du globe et le rayonnement solaire. Cette double dynamique déclenche épisodiquement des
catastrophes naturelles telles que des séismes, des éruptions volcaniques, des tsunamis, des inondations.
Les tremblements de terre, les éruptions volcaniques et les tsunamis qui leur sont associés, trouvent une
explication cohérente dans la théorie de la dérive des continents encore appelée tectonique des plaques.
Celle-ci s’appuie sur une découverte scientifique majeure du XXe siècle, à savoir que l’écorce terrestre est
formée par une mosaïque de grands compartiments, les plaques de la lithosphère, dont les dimensions
équivalent à celles d’un continent ou d’un océan. La surface terrestre s’avère couturée par une douzaine de
plaques majeures qui, au cours des temps géologiques, se déplacent les unes par rapport aux autres à la
vitesse de quelques cm par an. À l’aune des durées géologiques qui se déclinent en millions d’années, les
répercussions sur la configuration géographique du globe terrestre sont considérables. Une carte schématique
de ces plaques est fournie en annexe.
n L’écartement des plaques
Lorsque deux plaques s’éloignent l’une de l’autre, elles génèrent une déchirure de l’écorce terrestre
appelée rift. A l’instar d’une grande blessure, celle-ci est cicatrisée au fur et à mesure de son ouverture,
par des magmas, des matériaux en fusion issus des profondeurs du globe. Ce mécanisme entretient une
importante activité volcanique et sismique. Une telle situation est réalisée, par exemple, dans la région
des Grands lacs de l’Est africain, la Rift Valley, avec les volcans Nyiragongo et le Kilimandjaro, relayée
plus au nord par la dépression de la Mer Morte. Des rifts sont également actifs sur le fond de certains
océans, à l’instar du grand rift de l’Atlantique qui se déploie du nord au sud sur près de 7 000 km,
entretient l’activité des 200 volcans de l’Islande et éloigne inexorablement les deux Amériques des
continents européen et africain jadis soudés en un unique supercontinent.
Paradoxalement, les conditions extrêmes qui prévalent près des émissions hydrothermales associées au
volcanisme des rifts océaniques, auraient pu constituer le cadre de l’apparition de la vie sur Terre.
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fIChE fAMILLE ET SOCIÉTÉ N° 148
LES MÉCANISMES à L’ŒUVRE
Fiche famille et société
n La compression des plaques
Deux plaques entrent-elles en collision, les terrains comprimés se déforment et se plissent contribuant à
l’édification de reliefs montagneux. Les énergies colossales déployées déclenchent des séismes et développent
des fractures empruntées par des laves qui alimentent des volcans. Ainsi s’explique, par exemple, la surrection
des chaînes de l’Himalaya comprimées entre l’Asie et le continent indien. Il en est de même des massifs alpins,
toujours en cours d’édification, qui résultent de la rencontre du continent africain avec l’Eurasie, un
emboutissage qui fera progressivement disparaître la Méditerranée. En attendant, le Mont Blanc poursuit son
ascension à la vitesse d’un millimètre par an. L’Inde dérive vers le nord à raison de 5 cm par an. Entre 1954
et 1999, l’altitude de l’Everest a gagné 2 m.
n Évolution des océans et origine des tsunamis
En déplaçant les continents, la tectonique des plaques est responsable de la vie et de la mort des océans. En effet,
au fil du temps, l’ouverture d’un rift engendre une vaste dépression qui évolue progressivement en domaine
océanique. En revanche, un océan disparaît lorsqu’il est pris en étau entre deux compartiments de l’écorce
terrestre. Tel fut le cas de l’océan alpin aujourd’hui disparu, dont les vestiges se retrouvent à plusieurs milliers
de mètres d’altitude, au Mont Viso.
À une autre échelle de temps, qui est celle de la durée d’une vie humaine, la dynamique océanique
s’accompagne de manifestations cataclysmiques telles les tsunamis. Les tsunamis sont des ondes déclenchées
par une modification de la topographie du fond marin intervenant à la suite d’un séisme, d’une éruption
volcanique ou d’un glissement de terrain. Une colonne d’eau est mise en mouvement et se déplace à grande
vitesse. À l’approche de la côte, le fond marin se relève et freine la partie inférieure de la colonne d’eau. L’énergie
brutalement libérée provoque une augmentation considérable de l’amplitude de la vague qui déferle sur les
rivages.
n Les dérèglements climatiques
Si les catastrophes naturelles évoquées précédemment sont imputables à la source de chaleur interne du globe,
d’autres cataclysmes environnementaux sont entretenus par l’énergie solaire. Le rayonnement solaire détermine
la nature des climats, le temps qu’il fait, les perturbations météorologiques, orages, tempêtes ou tornades, et leurs
répercussions : inondations et incendies.
Enfin, l’activité humaine peut provoquer ou amplifier des dérèglements climatiques, comme le dit, par exemple,
le rapport de l’Académie des Sciences d’octobre 2010 : « Plusieurs indicateurs indépendants montrent une
augmentation du réchauffement climatique de 1975 à 2003. Cette augmentation est principalement due à
l’augmentation de la concentration du CO2 dans l’atmosphère. L’augmentation de CO2 et, à un moindre degré,
des autres gaz à effet de serre, est incontestablement due à l’activité humaine. »
La description et l’analyse de ces questions dépassent le cadre de la présente fiche.
DES ZONES à RISQUES
En raison des frictions et des énergies gigantesques mobilisées, les frontières entre plaques lithosphériques,
correspondent à autant de zones à risques pour les populations qui y vivent.
n Les séismes
Le brusque relâchement des tensions accumulées entre deux compartiments de la croûte terrestre se traduit par
une secousse sismique. La Turquie, par exemple, est traversée sur près de 2000 km par une faille active à l’origine
des violents tremblements de terre qui secouent le pays. La Nouvelle Zélande, le Japon, la Californie,
régulièrement éprouvés par des séismes, sont localisés à la périphérie de la plaque de l’océan Pacifique dont le
plancher s’enfonce inexorablement sous les aires continentales qui le bordent. C’est le phénomène de
subduction.
n Les éruptions volcaniques
L’Indonésie est située à la frontière entre la plaque australo-indienne et la plaque eurasienne. Elle a connu, par
le passé, plusieurs éruptions volcaniques dramatiques associées à des séismes de forte magnitude et à des
tsunamis dévastateurs. Celle du Krakatoa en 1883 fit 36 000 victimes. Celle du Tambora en 1815 fut encore
plus violente et se solda en Europe par une année 1816 sans été par suite de l’émission d’abondantes cendres
volcaniques qui, persistant longtemps dans l’atmosphère, atténuèrent le rayonnement solaire. Les tremblements
de terre qui s’ajoutent aux manifestations volcaniques sont aussi dévastateurs. Le séisme et le tsunami du
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26 décembre 2004 causèrent 300 000 victimes en Indonésie. Quant aux volcans islandais, ils correspondent à
la partie émergée du grand rift atlantique. En avril 2010 comme, à nouveau, en mai 2011, les cendres rejetées
dans l’atmosphère par certains d’entre eux ont désorganisé le trafic aérien en Europe.
n La situation en france
La surveillance sismique de la France est assurée par le Bureau Central Sismologique Français dont le siège se
trouve à Strasbourg. Bien que, chaque année, plus de 1 500 séismes de magnitude supérieure à 2 soient
enregistrés sur le sol français, l’activité sismique en France métropolitaine demeure modérée. Les régions les plus
actives sont en rapport avec la surrection des Alpes et des Pyrénées ainsi qu’avec l’effondrement du fossé rhénan,
des événements géologiques toujours effectifs. En effet, la Méditerranée correspond à la zone où la plaque
africaine entre en collision avec la plaque eurasienne, donnant naissance aux reliefs alpins et entretenant la
grande fracture du fossé rhénan.
Au cours d’un passé géologique récent, le territoire métropolitain fut exposé à des manifestations volcaniques
dont des vestiges particulièrement spectaculaires se rencontrent dans le Massif Central et dans l’espace rhénan.
Aujourd’hui, l’activité volcanique est assoupie.
En revanche, dans les territoires d’Outre-mer des Petites Antilles qui s’étirent en bordure de la plaque
lithosphérique des Caraïbes, les séismes sont fréquents et le volcanisme demeure actif, à l’instar du volcan de
la Soufrière à la Guadeloupe. Le séisme d’Haïti, en 2010, a rappelé tragiquement les risques auxquels cette
région des Caraïbes est exposée.
LES MESURES DE PRÉVENTION
Le recensement des régions susceptibles d’être éprouvées par des catastrophes naturelles est facilité, d’une part, par
la mémoire d’événements historiquement bien documentés et, d’autre part, par les investigations géologiques qui
permettent de mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre. Ainsi en est-il, par exemple, de l’Indonésie et du Japon.
n La prévention du risque
La gestion des catastrophes naturelles relève du principe de prévention. Les régions où les risques sont avérés,
reconnus, font l’objet d’une surveillance renforcée. Le génie civil a conduit au développement de constructions
parasismiques résistant aux secousses et tenant compte des intensités des séismes enregistrées dans la région.
L’expérience des catastrophes récentes a montré l’efficacité de ces constructions au Japon, mais les régions
défavorisées, comme Haïti, n’ont pas pu en profiter. Face aux tsunamis, des digues peuvent être construites.
Encore faut-il que leur dimension soit suffisante, ce qui n’a pas été le cas devant la centrale nucléaire de
Fukushima.
En outre, le développement accéléré d’une urbanisation organisée ou sauvage le long du littoral augmente les
risques pour les populations et amène à reconsidérer l’efficacité des digues en cas de tsunami. Enfin, la montée
des océans provoquée par le réchauffement climatique va renforcer les risques de submersion du littoral en cas
de tsunami.
n La prévision du risque
L’imminence d’une éruption volcanique se manifeste par des signes prémonitoires tels que des déformations de
l’écorce terrestre ou des émissions anormales de gaz. Ce fut le cas en 1980 dans l’État de Washington où
l’éruption du volcan du mont Saint Helens a pu être anticipée et a permis d’évacuer la population à temps. Des
observatoires permettent maintenant de suivre la progression d’un tsunami et d’alerter les pays menacés. En
revanche, si on sait localiser approximativement le lieu du déclenchement d’un séisme, voire d’un tsunami, la
date et l’intensité de l’événement restent largement imprévisibles.
LES ENJEUX
n La violence présente dans la création
La mobilisation humanitaire et médiatique qui a suivi le tsunami indonésien de 2004, le séisme d’Haïti et la
catastrophe récente du Japon, révèle à l’évidence que toute l’humanité se sent concernée par ces événements.
Ceux-ci nous rappellent que l’espèce humaine a surgi dans un processus de création où la violence est une
composante inévitable. L’explosion des étoiles a produit les éléments chimiques de la matière, bon nombre
d’êtres vivants sont des proies nécessaires pour leurs prédateurs. La Terre a permis l’apparition de la vie et de
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Séismes, éruptions volcaniques, tsunamis
Fiche famille et société
l’humanité, grâce à une évolution pleine de révolutions et de crises. La meilleure connaissance que nous en
avons, maintenant, nous dit que les drames, les souffrances, les catastrophes, ont été des tremplins pour les
dynamiques de vie dont nous bénéficions aujourd’hui. Et le mystère de la rédemption par la passion et la
résurrection de Jésus-Christ trouve ainsi un enracinement cosmique.
Lors du Vendredi Saint 2011, dans une interview accordée à la télévision italienne, Benoît XVI avait répondu à
une question d’une jeune Japonaise de 7 ans qui lui demandait pourquoi son pays avait souffert autant. « Nous
n’avons pas les réponses, mais nous savons que Jésus a souffert comme vous », avait répondu le pape.
n La responsabilité de « gérance » de l’humanité
Inutile, donc, de rêver à un monde sans ces catastrophes naturelles. L’homme demeure encore le spectateur et
la victime impuissants de leur déchaînement. Confronté à des forces qui le dépassent, il se doit de poursuivre
sa quête pour mieux comprendre les convulsions de la planète, afin de mieux assumer sa responsabilité de
« gérant » de la création. Il s’agit d’utiliser nos connaissances afin de mieux prendre les mesures qui atténueront
les conséquences de ces catastrophes. Il s’agit aussi de mieux faire les études d’impact de nos innovations, afin
que ce qui semble un progrès ne génère pas des effets secondaires qui accentuent les dégâts des catastrophes
naturelles. A cet égard, les accidents nucléaires consécutifs au séisme du Japon, pourraient être un déclic pour
mieux évaluer les conséquences globales de nos choix de développement, dans la perspective d’un
« développement durable ».
S’interrogeant sur l’ampleur des catastrophes survenues dans le monde au début de 2011, lors de la réception,
au Vatican, de nouveaux ambassadeurs le 9 juin dernier, Benoît XVI a rappelé que « la technique doit aider la
nature à s’épanouir dans la ligne voulue par le Créateur ». Il a également appelé à « adopter en tout une manière
de vivre respectueuse de l’environnement et à soutenir la recherche et l’exploitation d’énergies propres qui
sauvegardent le patrimoine de la création et sont sans danger pour l’homme ».
n Solidarité
Enfin, il y a lieu d’encourager le développement des actions humanitaires internationales visant à soigner les
conséquences des catastrophes. Chaque chrétien est particulièrement solidaire de l’action remarquablement
efficace des « Caritas », comme de celle des autres organismes caritatifs chrétiens, à travers le monde.
Schéma du fonctionnement des plaques de la « machine » Terre
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Limites (en rouge) des plaques majeures de l’écorce terrestre (modifié d’après Burke et Wilson 1979)
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