Et George Gusdorf le rappelle dans l’anecdote d’un
ecclésiastique du 18
ème
siècle, qui, visitant le jardin du roi, aurait dit à un
orang-outan : « Parle et je te baptise »
1
C’est dire, comme l’a enseigné Wittgenstein, que
l’expérience humaine, qui n’est jamais muette, passe toujours par le
langage, qui est sa face signifiante. Et Tshiamalenga de renchérir : « La
philosophie traite de l’homme, de son environnement, de ses possibilités, dont la
plus fondamentale est précisément le langage en tant qu’auto-réflexif et donc
critique et transcendant. »
2
Loin d’être le simple reflet de nos idées, le langage les
façonne et les crée à bien des égards. Si, comme le disent Lacan et Lévi-
Straus, il structure notre inconscient et nos mythes ,ou encore s’il est
constitutif, selon Foucauld du fait que l’homme ait pu devenir objet de science
à un moment décisif de la pensée occidentale, alors, il est nécessaire
d’étudier plus que jamais le langage tel qu’il se présente en lui-même et sous
ses multiples manifestations.
Le langage humain est une réalité plurielle qui englobe la
langue parlée, le graphisme et ou l’écrit, le geste, voire le silence. Mais la
communication humaine accorde un rôle et une place privilégiés au langage
articulé.
Cependant, force est de constater que d’outil de
communication, le langage se transforme souvent en obstacle: les humains
sont en effet parfois incapables de décider du sens à accorder à un terme,
de savoir précisément ce qu’ils veulent dire et conséquemment de
s’entendre sur ce qui est débattu.
1
Georges GUSDORF, La Parole, Paris, PUF, 1971, p. 6.
2
TSHIAMALENGA NTUMBA, « La philosophie en régime d’oralité et l’enquête philosophique sur le
terrain », in Problèmes de méthodes en philosophie et en sciences humaines en Afrique, Actes de la
7
ème
semaine philosophique, Kinshasa, p.57.