
 
La cinétique des électrons limite la propagation du spin
 
 
Fig 1 : Spectres Raman obtenus à 2 Tesla 
en faisant varier le vecteur d’onde q 
transmis au gaz d’électrons. Pour chaque 
q, le spectromètre mesure l’énergie d’un 
photon diffusé, décalée de l’énergie de 
l’onde de spin, « Raman shift », par 
rapport au photon incident.  
Fig 2 : Dispersion de l’onde spin 
reconstruite à partir des spectres de la 
Fig.1. (b) et (c) Largeur de raie : elle suit 
une loi du type η=η
0
 + η
2
q
2
 
caractéristique. Cette loi est également 
présente dans l’échantillon H qui ne 
possède pas de dopage Manganèse : elle 
n’est donc pas causée par les impuretés 
M
n
.  
 
Utiliser le spin pour transporter l’information est 
une option prometteuse sur laquelle misent les 
scientifiques. Pour y parvenir, ils recourent le plus 
souvent à un courant polarisé en spin : une 
technique où charge et spin ne sont pas découplés, 
ce qui est source de dissipation. C’est pourquoi des 
chercheurs de l’équipe « Nanostructures et systèmes 
quantiques » se sont penchés sur une alternative : 
utiliser des ondes de spin comme vecteur de 
l’information. Mais les courants portés par ces 
ondes sont-ils si purs en spin ? Cette équipe 
démontre le contraire dans un conducteur standard. 
Aujourd’hui, pour manipuler de l’information, 
l’industrie utilise communément le courant polarisé 
en spin, obtenu dans un conducteur ferromagnétique, 
lorsque celui-ci est soumis à un champ électrique. 
Mais deux problèmes surgissent : ce courant déplace 
la charge, en même temps que le spin, ce qui 
échauffe le système par effet Joule ; le courant 
polarisé est fortement ralenti par la force de 
Coulomb, qui agit comme une force de friction, 
entre porteurs de spins opposés. Les ondes de spin 
pourraient être la solution alternative. Certes, 
elles sont plus difficiles à manipuler que des 
courants. Pour les exciter, il faut agir directement 
sur le spin. Cela peut se faire avec un champ 
magnétique tournant (peu intégrable) ou bien 
avec des faisceaux lasers. Mais en tant 
qu’excitation transverse de la matière, elles 
semblent découplées des degrés longitudinaux de 
charge ; le courant qu’elles portent ne déplacerait 
donc pas de charge, seulement le spin. Il n’y 
aurait plus ni dissipation Joule, ni friction 
Coulombienne. 
Une question demeure toutefois : sont-elles si pures 
en spin ? 
Lorsque les ondes existent dans un isolant, 
indéniablement, oui. Mais dans un conducteur, fait 
inattendu, des mécanismes subtils couplent ces 
ondes transverses de spin aux degrés 
longitudinaux. La force de Coulomb n’agit plus 
comme friction, mais le principe de Pauli et la 
dispersion des énergies cinétiques de chacun des 
électrons qui portent le mode collectif de spin lui 
font perdre sa cohérence, comme dans un système