en domaine océanique et même en domaine continental.
Un Moho plus profond signifie un épaississement de la croûte au niveau de l’Islande.
Comment une croûte peut-elle être épaissie ?
Document 2. Carte des anomalies gravimétriques en Islande.
Une anomalie gravimétrique est un écart de valeur entre la valeur attendue et la valeur mesurée et corrigée de la pesanteur. Une
anomalie positive signifie que l’on n’a pas assez corrigé, donc qu’il y a un excès de masse.
On constate une anomalie gravimétrique positive de + 60 mgal autour de l’Islande sud et au niveau de la dorsale. Globalement la
répartition de cette anomalie suit une forme en « V », et forme un bourrelet : elle peut être attribuée à la présence de la dorsale.
Au niveau de l’Islande, on constate que la répartition des anomalies est perturbée. Il y a un excès de masse, que l’on peut expliquer
ici par l’épaississement de la croûte révélé par la profondeur anormale du Moho.
Document 6. Tomographie à l’aplomb de l’Islande
Rappeler brièvement le principe de la tomographie sismique.
Une anomalie de vitesse négative indique que la vitesse de propagation des ondes sismiques est plus lente que celle attendue par
référence au modèle PREM de Terre homogène. Elle signifie que le milieu est moins dense et / ou plus chaud que le prédit le
modèle.
Ici, on observe une anomalie de vitesse négative qui occupe une vaste zone centrée sous l’Islande jusqu'à 400 km de profondeur.
Au delà, l’anomalie de vitesse négative se poursuit, approximativement à l’aplomb de l’Islande, jusqu’à une profondeur de 2 800 km,
non loin de laquelle se situe la limite manteau inférieur – noyau externe.
Cette anomalie de vitesse s’interprète comme étant la conséquence de la présence de matériel anormalement chaud.
Or si l’anomalie de 400 premiers km peut s’interpréter comme résultant de la convection mantellique ascendante à l’aplomb d’une
dorsale, on ne peut pas y relier l’anomalie pour des profondeurs plus importantes : un deuxième phénomène semble s’ajouter à la
dorsale, et la remontée d'un panache de manteau profond, plus chaud de quelques centaines de degrés que le manteau
environnant, est en faveur de l’existence d’un point chaud sous l’Islande. Ce panache trouverait son origine dans la couche D’’.
Ce panache expliquerait le bombement de la lithosphère en surface sur plus de 1 000 km de diamètre, qui entraîne l’émersion de la
dorsale au niveau de l’Islande.
L’existence d’un point chaud expliquerait également l’épaississement de la croûte mis en évidence par la profondeur anormalement
élevée du Moho et les anomalies gravimétriques : un point chaud peut produire d’énormes volumes de magma (cf les Trapps du
Dekkan) entraînant un épaississement crustal et une surcharge de la lithosphère.
Document 5. Rapports isotopiques des basaltes de la dorsale Atlantique (MORB), des basaltes des points chauds et des
basaltes de l’Islande.
La tomographie donne des arguments en faveur d’une contribution du manteau profond (couche D’’) à la formation des magmas en
Islande. Certains éléments chimiques peuvent être utilisés comme traceurs de l’origine d’un magma :
- les basaltes de dorsales, résultant du refroidissement d’un magma provenant de la fusion partielle du manteau
asthénosphérique, présentent un rapport isotopique
87
Sr/
86
Sr faible et un rapport
143
Nd/
144
Nd élevé,
- au contraire, les basaltes des points chauds (Açores) présentent un rapport isotopique
87
Sr/
86
Sr élevé et un rapport
143
Nd/
144
Nd faible, qui signe une origine profonde pour le matériel mantellique à l’origine du magma.
[En schématisant, on pense que des composants crustaux seraient recyclés dans le manteau via la subduction et s’accumuleraient
au cours du temps dans la couche D". La couche D" acquiert ainsi une signature isotopique plus radiogénique en Sr (
87
Sr/
86
Sr
élevé) et moins radiogénique en Nd (
143
Nd/
144
Nd faible) que l’asthénosphère.]
Les basaltes islandais occupent une position intermédiaire dans le diagramme. Cela peut s’expliquer par un mélange, en
proportions variables, entre un manteau source radiogénique en Nd et peu radiogénique en Sr (asthénosphère) et un manteau
source radiogénique en Sr et peu radiogénique en Nd (panache de manteau profond).
Cet argument géochimique est cohérent avec la conclusion émise à l’étude des données de la tomographie sismique.