4Santé
REVERS:
Rose-Marie : Peux-tu me décrire
Revers ?
CM: Revers fait partie d’un mouvement
plus large dont le but est de maintenir les
personnes souffrant de troubles psychiques
dans leur milieu de vie, et d’offrir pour cela
une aide et des soins adaptés. Les personnes
ne sont pas que des malades, elles ont le droit
d’avoir plusieurs identités, de se confronter à
différentes réalités, d’avoir une vie diversiée :
être locataire d’un appartement, client dans
un magasin, spectateur dans un cinéma,
usager des transports en commun, employé
dans une entreprise... En bref ce qui fait vie,
en relation avec les autres dans un quartier.
Nous revendiquons pour tous, le droit aux
soins mais aussi au travail et à la culture.
L’accompagnement se fait donc à différents
niveaux : suivi psychosocial (SIAJEF),
réinsertion par le travail en infographie
(bureautique, graphisme et sérigraphie)
dans l’Horeca et le bâtiment (Article 23).
La particularité de Revers est d’offrir aux
personnes en souffrance des possibilités
d’expression dans des ateliers de peinture,
gravure, photos, écriture...
RM: Quels sont ses objectifs ?
CM: Dans une société de plus en plus
individualiste où la solidarité diminue, où les
gens souffrent de plus en plus de solitude,
les personnes fragiles sont souvent exclues
de tout, du monde du travail et de revenus
décents ce qui les exclut encore davantage.
Avoir un problème de santé mentale est un
drame dans un monde peu solidaire. Notre
démarche vise donc à recréer des liens, des
endroits de rencontre, à permettre à une
personne de ne plus être seule, de partager ce
qu ‘elle est à ce moment-là, dans une situation
de souffrance. Nous voulons rencontrer les
gens autrement que par la maladie et établir
avec eux des relations égalitaires, des liens
d’affection.
Revers permet de travailler la créativité
par laquelle on peut découvrir des choses
différentes à l’intérieur de soi, (ré)apprendre
à regarder les choses, à toucher. Ce sont
de petites choses qui remettent de la vie à
des personnes qui sont parfois « envahies »
par la maladie, qui subissent des traitements
lourds. C’est aussi un lieu de protection et de
non jugement : peu importe le passé, même
parfois criminel de la personne, on rencontre
les gens en tant que personnes. Elles ont
quelque chose à nous apprendre.
RM: Qu’ont-elles à nous
apprendre justement ces
personnes en souffrance ?
CM: Que la vie est fragile. Les hauts et les
bas font partie de la vie. Aujourd’hui, on nous
dit : soyez belle, mince, ayez un mari, deux
enfants, une maison, une voiture et un chien.
En dehors de cela, pas de bonheur ! Les autres,
ce sont des marginaux ! Les marginaux sont
donc de plus en plus nombreux ! La norme est
de plus en plus stricte. Ils nous montrent à quel
point on est esclave de ce monde où la valeur
est de consommer, avoir de l’argent, ce qui
est une catastrophe pour la santé mentale.
Entretien avec Cécile Mormont (Directrice de l'asbl Revers)