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Résumé
Notre analyse porte sur la notion d’éveil au sein du Sûtra de Vimalakîrti. Premièrement, nous
présentons et comparons les modèles d’éveil exposés dans ce texte, soit la figure du bouddha et –
surtout – celle du bodhisattva; nous analysons leurs deux grands traits caractéristiques, c’est-à-
dire la connaissance transcendante et les méthodes habiles, puis élaborons leur rôle par rapport à
l’éveil. Il apparaît d’emblée que la connaissance transcendante est une connaissance non
discursive de la réelle nature de toute chose et qu’elle est une condition nécessaire à l’éveil, alors
que les méthodes habiles – aussi appelées expédients salvifiques – constituent la myriade de
moyens rusés et provisoires conçus et employés par les bouddhas et bodhisattva dans le but
d’amener les êtres ignorants à l’éveil et d’ainsi les libérer de l’attachement et de la souffrance.
Dans le second chapitre, nous caractérisons l’état de conscience de l’éveillé à l’aide de notions
telles la non-dualité, la non-discrimination et la non-pensée, puis présentons la conception de la
pratique méditationnelle soutenue dans notre sûtra. Nous montrons que l’état d’éveil est un état
de conscience non discriminateur au sein duquel l’identité personnelle et les phénomènes – ou la
dualité sujet-objet – sont reconnus comme étant des illusions ou, plus précisément, des
constructions mentales et langagières. Ainsi, la méditation apparaît comme étant une méthode
habile provisoire dont les buts sont essentiellement la déconstruction du paradigme dualiste de la
pensée discursive et la réalisation qu’il n’existe, ultimement et paradoxalement, aucune réelle
entrave à l’éveil et aucune pratique méditationnelle nécessaire à l’expérience de l’éveil.
Mots-clefs
Philosophie, bouddhisme, éveil, Mahayana, bodhisattva, Chan, non-dualité, non-pensée