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INTRODUCTION
Les déficits du membre supérieur après accident vasculaire cérébral représentent un véritable
challenge pour les thérapeutes. Six mois après l’accident, 30 à 60% des patients qui ont une
atteinte initiale sévère n’ont récupéré aucune fonction à ce niveau et seulement 5 à 20% auront
récupéré complètement. Or cette fonction joue un rôle clé dans l’autonomie des patients.
L’impact sur la récupération fonctionnelle des interventions de rééducation confronté à
l’histoire naturelle de ces déficits est très discuté dans la littérature, en particulier concernant la
motricité fine distale. Les améliorations s’appuient essentiellement sur des stratégies
compensatrices.
Parmi le large panel d’interventions proposé et évalué, l’imagerie mentale motrice semble
présenter à la lumière de quelques études bien conduites des effets tout à fait significatifs sur
l’amélioration de la fonction du bras. Elle peut être définie comme la représentation consciente
d’une action et se base sur une activation subliminale du système neuronal moteur.
L’entraînement par imagerie mentale est pratiqué chez le sportif de longue date pour
perfectionner ou acquérir de nouvelles habiletés motrices. En rééducation l’objectif de
l’évocation cognitive d’une action physique est d’augmenter les capacités de mouvement
orienté vers un but ou de stabiliser un mouvement donné formaté.
Elle n’est pourtant pas intégrée systématiquement en pratique courante, sans doute parce
qu’elle pose un problème essentiel : son caractère subjectif. Ceci est d’autant plus gênant chez
des patients pour lesquels des atteintes neuropsychologiques peuvent s’associer à des degrés
variables et sont susceptibles de dégrader cette faculté cognitive, plus complexe qu’il n’y paraît.
Les évolutions technologiques récentes nous livrent de nouveaux outils dont l’impact est déjà
majeur dans le domaine des neurosciences. Appelés Interfaces cerveau-machine ou BCI pour
Brain-Computer Interfaces, ces dispositifs permettent d’établir une communication directe entre
cerveau et machine. Ils enregistrent l’activité cérébrale produite par une tâche mentale et la
convertissent en direct en une commande qui peut servir à contrôler n’importe quelle machine.
Bien mieux encore, ils peuvent fournir au sujet un retour instantané qualitatif et quantitatif de
son activité cérébrale. Voici une solution pertinente pour «monitorer» une tâche d’imagerie
mentale motrice et permettre au sujet d’apprendre à la contrôler.
La plasticité cérébrale permet l’apprentissage; il dépend fortement de l’entrainement. Comment
une rééducation basée sur l’entrainement mental moteur dirigé par BCI peut-elle induire une
récupération motrice ?
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