COURS DE COGENERATION Année universitaire 2006-2007 Transferts de masse et de chaleur dans les moteurs thermiques et récupération d’énergie Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie G. Descombes Version du 08.10.2001 fichier C : GD MoteursC2002 papers CoursChapitre1.doc Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 2 Sommaire Introduction............................................................................................................................................ 3 1 Concept d’irréversibilité .................................................................................................................... 3 • Approche macroscopique ..................................................................................................................... 3 • Approche microscopique ...................................................................................................................... 4 2 Concept de machine ditherme .......................................................................................................... 5 • Paradoxe de Carnot.............................................................................................................................. 6 • Analyse entropique ............................................................................................................................... 7 3 Thermodynamique des cycles .......................................................................................................... 8 • Modélisation du cycle ditherme ............................................................................................................ 9 • Analyse exergétique ............................................................................................................................. 9 4 Concept d’énergie mécanisable ..................................................................................................... 11 • Bilan d’énergie .................................................................................................................................... 11 • Bilan d’entropie ................................................................................................................................... 11 5 Mécanisme thermomécanique de conversion d’énergie ............................................................. 12 • Taux d’introduction de carburant ........................................................................................................ 12 • Rapport air-carburant.......................................................................................................................... 13 6 Concept global de performances énergétiques............................................................................ 13 • Remplissage ....................................................................................................................................... 13 • Couple................................................................................................................................................. 14 • Puissance ........................................................................................................................................... 15 • Rendement ......................................................................................................................................... 16 • Dépollution .......................................................................................................................................... 17 • Fiabilité et maintenance...................................................................................................................... 17 Conclusion ........................................................................................................................................... 17 Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 3 Introduction Ce chapitre introductif rétablit le contexte thermodynamique qui régit le fonctionnement des moteurs et machines thermiques. Le point de vue macroscopique usuellement exprimé sous la forme de bilans caractérise l’efficacité globale de la machine thermique hors dépollution. Le point de vue microscopique permet d’appréhender le mécanisme intime de la conversion d’énergie chimique en énergie mécanique et en énergie thermique. Une brève introduction à la thermodynamique cinétique dérivée des concepts de physique atomique et quantique montre que cette approche locale est nécessaire pour maîtriser les phénomènes microscopiques qui gouvernent le mécanisme local de formation du mélange et de combustion à l’origine de la production d’énergie mécanique et d’émissions de polluants. Le concept global de production d’énergie mécanique d’un moteur est caractérisé par de nombreuses sources d’irréversibilités qui pénalisent l’efficacité de la transformation. Le concept de récupération d’énergie d’un moteur suralimenté revêt alors deux formes distinctes et complémentaires. L’une concerne le point de vue exergétique destiné à maximiser l’énergie mécanique produite en terme de couple et de puissance dans des conditions de réduction maximale des consommations et des nuisances. Le second point de vue prend le relais en effectuant une récupération partielle des rejets thermiques sur les circuits de réfrigération et d’échappement du moteur. Ces rejets peuvent être destinés à une production complémentaire d’énergie mécanique ou encore à une production de chaleur, de froid ou d’électricité. Ces deux axes constituent la trame des travaux de recherche qui sont présentés dans les différents chapitres de ce mémoire. 1 Concept d’irréversibilité Le mouvement d'un système matériel engendre une décoordination irréversible de l’énergie cinétique moléculaire en énergie interne au sein même du système. Cette dissipation inéluctable d'énergie utilisable en chaleur est générée par les contraintes résistantes qui s'exercent entre les corps en contact et les déformations qui en résultent. La vitesse relative des corps en contact est ainsi réduite par l'effet résistant qui s’oppose au mouvement et ceci se traduit par un déficit d’énergie utilisable. Le cas des solides est traité par la théorie de l’élasticité où les contraintes sont liées aux déformations par des relations linéaires. Dans le cas des fluides, les contraintes tangentielles dépendent également de la vitesse à laquelle la déformation s’effectue et elles sont nulles dans un fluide au repos. • Approche macroscopique La formulation macroscopique du tenseur des contraintes C est identique pour les solides et les fluides et elle peut être décomposée en un point selon la relation [1] exprimée dans un repère (O, x, y, z) orthonormé direct. La grandeur scalaire P identifie la pression qui règne en un point, τij les contraintes tangentielles, σx, σy, σz les contraintes radiales. La somme vectorielle [2] des équations du mouvement traduit l’équilibre entre les efforts en présence et il est commode de l’exprimer en coordonnées cylindriques (r, θ, z) selon les relations [3] à [5]. [1] σ x τ xy τ xz − P 0 0 σ x + P τ xy τ xz C (σ ,τ ) = τ xy σ y τ yz = 0 − P 0 + τ xy σy+P τ yz τ xz τ yz σ z 0 0 − P τ xz τ yz σ z + P Tenseur des Contraintes [2] [3] [4] [5] r dV r ρ = ∇.C dt r r OM = ru (θ ) + zz r π dz r dr r dθ r u (θ + ) + u (θ ) + z V =r 2 dt dt dt r r r π r V = V u u (θ + ) + V r u (θ ) + V z z 2 Tenseur isotrope Tenseur de viscosité Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 4 Le tenseur associé des déformations D qui sera complété par les équations de moment dans le chapitre 3 s’écrit selon [6] et ses composantes sont exprimées par les relations [7] à [8] dans un repère (r, θ, z). Le champ thermomécanique des contraintes et des déformations est une fonction de la loi simplificatrice de comportement adoptée car les effets dissipatifs qui sont le plus souvent couplés dans les moteurs restent très délicats à modéliser. La modélisation de ces irréversibilités constitue donc un enjeu majeur de recherche qui fera l’objet d’une analyse de quelques cas précis dans les chapitres suivants. [6] er D (e, g ) = g rϑ g rz [7] [8] g rϑ g rz eϑ g ϑz g ϑz ez ∂V r ∂r er 1 ∂V u V r + e = eθ = r r ∂θ e z ∂V z ∂z 1 ∂V u V u 1 ∂V r − + r r ∂θ g rθ 2 ∂r 1 ∂V r ∂V z g = g rz = + 2 ∂z ∂r g θz 1 1 ∂V z + ∂V u 2 r ∂θ ∂z • Approche microscopique La thermodynamique microscopique identifie l'énergie thermique à l'énergie cinétique moléculaire et ces efforts résistants sont toujours orientés de manière à réduire l'énergie cinétique du système sans être compensée par une production simultanée d'énergie utilisable. L’interprétation moléculaire de la température peut être réalisée au moyen d’un modèle de gaz parfait en équilibre thermodynamique statistique à l’aide de la théorie de Boltzmann restreinte à un milieu gazeux supposé homogène. Cette formulation conduit néanmoins à conclure que la chaleur molaire à volume constant d’un gaz est indépendante de la température, ce qui n’est pas vérifié par l’expérience. La seule théorie cinétique se révèle insuffisante pour décrire convenablement la réalité et c’est la mécanique quantique couplée à des données expérimentales spectroscopiques qui permet en fait de décrire le concept intrinsèque de production d’énergie. L’interprétation des variations des chaleurs massiques des gaz parfaits en fonction de la température est obtenue par la théorie quantique selon laquelle l’énergie d’un système élémentaire ne peut varier que d’une manière discontinue. Pour une température absolue égale à zéro, l’entropie d’un corps chimiquement homogène est indépendante de l’état physique du corps conformément à l’hypothèse de Nernst qui a été complétée par Planck. L’expression générale [9] de l’entropie qui ne comporte alors aucune constante constitue le 3ème principe de la thermodynamique. T [9] S= ∫ 0 dq T Lorsque la température absolue tend vers zéro, la chaleur spécifique de tous les corps tend également vers zéro. La variation de la chaleur spécifique en fonction de la température suit alors approximativement une loi établie par Einstein qui considère chaque atome d’un corps solide comme un oscillateur élémentaire dont l’énergie ne peut pas varier d’une manière continue, mais doit être un multiple entier du produit hν où ν est la fréquence propre de l’élément considéré et h, la constante de Planck. Dans un ensemble d’oscillateurs, l’énergie moyenne est par ailleurs donnée par le produit kT où k est la constante de Boltzmann. Ce concept entropique qui a contribué à la découverte des lois du Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 5 rayonnement thermique, elles-mêmes à l’origine de la théorie des quanta, participe ainsi au mécanisme intime de la conversion thermomécanique locale d’énergie. La théorie quantique fournit alors une interprétation à l'échelle microscopique du principe de Carnot. La mécanique statistique des systèmes à l'équilibre traite de systèmes en interaction faible avec une source à une température T. Elle ne conduit au résultat recherché que si les deux niveaux d'énergie quantique notés 1 et 2 du système considéré sont séparés d'un saut d'énergie ∆E. Les probabilités de trouver le système à l'un ou l'autre de ces niveaux 1 et 2 s'expriment alors selon la relation [10] dans laquelle P1 et P2 sont les pressions respectives des sources 1 et 2, E1 et E2 les énergies de liaison avec E1 < E2, k la constante de Boltzmann. [10] − [ E 2 − E1] P2 = exp kT P1 Les moteurs thermiques sont des systèmes en contact avec une source et un puits dont les températures respectives sont T1 et T2. Le cas le plus simple est celui où ces sources interagissent avec deux degrés de liberté différents. Soit un système dont l’état de base d'énergie est par convention nul et soumis à deux niveaux distincts d'énergie E1 et E2 (figure 1-1). La source de température T1 est couplée au système par rayonnement au travers d'un filtre qui ne laisse passer qu'une bande étroite autour de la fréquence ν1=E1/h. La source de température T2 est de même couplée à la transition 0E2. En négligeant les transitions entre les niveaux E1 et E2, on obtient les égalités [11] et [12] qui conduisent à la relation [13]. [11] [12] [13] − E1 P1 = exp k T1 P0 − E2 P2 = exp kT2 P0 − 1 E 2 E1 P2 = exp − k T 2 T1 P1 E2 ______________________ E1 ______________________ 0 ______________________ Figure 1-1 Niveaux atomiques d’énergie Le système devient actif au sens de l'électronique quantique lorsque le rapport P2/P1 est >1, ce qui implique l'inégalité [14] et l’on montre que le système peut alors se transformer en un générateur d'énergie sous la forme non dégradée d’un oscillateur cohérent dont la fréquence est égale à E 2 − E1 . h [14] E 2 E1 ≤ T 2 T1 Le rendement maximal du système prend alors la forme [15] qui signifie que pour chaque transition de E2 vers E1, le système doit absorber au moins l'énergie E2 à la source au niveau de température T2. Le théorème de Carnot apparaît au plan microscopique comme une conséquence directe de l'équation précédente. [15] − η ≤ E 2 E1 ≤ 1 − T 1 E2 T2 2 Concept de machine ditherme Le transport d’énergie thermique au travers d'une paroi diathermique résulte du transfert de l'énergie cinétique des molécules de la face chaude vers les molécules de la face froide. La paroi métallique reçoit et cède ainsi les quantités de chaleur transmises et ce phénomène de transport direct d'énergie cinétique moléculaire n'est autre que la diffusion thermique par conductibilité. Un corps matériel qui tend à se refroidir peut de même donner naissance à un champ électromagnétique qui emporte l'équivalent de l'énergie cinétique moléculaire cédée par le corps qui rayonne. Le mouvement spontané de l'énergie cinétique moléculaire s'effectue donc des points chauds vers les points froids et la conversion d’énergie thermique en énergie mécanique ne peut être réalisée au sein d’un moteur thermique que s’il est placé entre deux niveaux distincts de températures. Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 6 • Paradoxe de Carnot Carnot a imaginé le concept de moteur réversible placé entre une source et un puits à des niveaux respectifs de température T et T0 (figure 1-2). L’énergie thermique En(T) est prélevée de manière isotherme à la source émettrice. L'exergie Ex(T, T0) associée à la quantité de chaleur En au niveau de température T identifie la fraction maximale de l'énergie thermique convertible en travail mécanique (relation 16). Ce cycle rejette une anergie An(T0) qui représente la fraction irrémédiablement restituée au puits récepteur de manière également isotherme (relation 17). Le rendement de ce cycle [18] constitue un majorant en terme de rendement maximal d’un moteur thermique. [16] [17] [18] T0 E x = E n 1 − T T0 An = E n T ηc = 1 − T0 T Figure 1-2 Moteur de Carnot Le cycle de Carnot impose l'hypothèse de réversibilité des échanges thermiques qui est évidemment une fiction en contradiction avec les lois de transmission de chaleur et ce paradoxe de Carnot subsiste même lorsque l’on tend vers cette condition de réversibilité. On peut en effet imaginer un écart infime de température qui minimiserait les irréversibilités thermiques puisque l’écart de température ∆T=T2-T1 étant positif, la production élémentaire d’entropie dS qui résulterait de ce transfert q2→1 serait proportionnelle à ∆T/T2 et donc du second ordre en T2 (relation 19). Cette hypothèse entraînerait néanmoins un temps de fonctionnement qui tendrait vers l'infini et la puissance motrice W délivrée par une telle machine tendrait alors vers zéro conformément à la relation [20]. [19] [20] 1 dq dS 1 = − 2 →1 dt T 1 T 2 dt ∆w W& = ∆t Ce paradoxe est levé en ayant recours au concept de cycle endoréversible qui modélise les irréversibilités limitées aux transferts thermiques entre deux niveaux distincts de températures. On introduit la notion de température moyenne d’échange T ab qui est la température fictive à laquelle il faudrait fournir la quantité de chaleur réellement échangée qab (figure 1-3) pour que l’entropie ∆eS cédée au système reste égale à la quantité d’entropie réellement fournie (relation 21). [21] [∆e S ] Tb ab = ∫ d eS (T ) = Ta Tb dq (T ) q ab = T T ab Ta ∫ Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 7 Figure 1-3 Température moyenne d’échange • Analyse entropique Bilan d’énergie Les flux de chaleur transférés de la source chaude au niveau de température T au fluide élastique à T et du fluide élastique ramené en fin de cycle à T 0 vers le puits froid lui-même à T0 répondent aux relations [22] et [23] où k et k0 identifient les conductances des échangeurs de chaleur. [22] q =k T −T [23] q0 [ = k [T 0 ] − T0 0 ] Le fluide élastique interagit avec les sources de chaleur qo et q et produit une énergie mécanique w conformément au bilan d’énergie [24]. w + q0 + q = 0 [24] Bilan d’entropie Les quantités de chaleur q et q0 sont échangées à la source émettrice et au puits récepteur aux niveaux respectifs de température moyenne d’échange T et T 0 . Le bilan d’entropie s’écrit selon [25] et [26] où ∆eS identifie la variation d’entropie résultant des transferts de chaleur. ∆iS est l’entropie créée au cours du cycle par suite des processus irréversibles qui interviennent dans le moteur. [25] ∆S = ∆ e S + ∆ i S [26] ∆ e S + ∆i S = ∑ j qj T + ∆i S = 0 j Rendement thermique En éliminant la variable q0, on obtient l'expression du rendement thermique de la machine ditherme selon [27]. En annulant la dérivée première du travail w par rapport à la température T et en vérifiant le signe de la dérivée seconde, on déduit la valeur optimale de la température T (relation 28) et celle du travail mécanique associé w [29]. [27] w T ∆i S = 1− T 0 − 0 q q T [28] T [29] wmax imal = optimum = k T + k 0 T 0T k + k0 k k0 . k + k0 [ T − T0 ] 2 Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 8 De même, on obtient l'égalité [30] entre les rapports de température T et T0 de la source chaude et du puits entropique d'une part et des températures T et T 0 du fluide élastique au niveau des bornes d’admission et d’échappement d'autre part. [30] T 0 = T0 T T On aboutit ainsi à une nouvelle expression [31] du rendement endoréversible qui fait intervenir la racine carrée du rapport des températures T et T0. On observe que ce rendement est indépendant des conductances k et k0 contrairement à l'expression de la puissance motrice. [31] η Carnot endo réversible = w T0 = 1− q T Dans le cas général où la production d'entropie générée au sein du moteur n'est plus négligée, on obtient les nouvelles expressions du travail mécanique [32] produit sur l'arbre de la machine et du rendement associé [33]. k k0 k + k 0 − ∆i S [ [32] w =− [33] T 0 T 0 ∆i S − η = 1− T T − T ] 2 q Rendement exergétique Le rendement thermique du cycle de Carnot peut encore être exprimé de manière plus explicite selon [34] en écrivant que la quantité de chaleur q( T ) est prélevée par le fluide élastique au niveau de température T , l’énergie thermique q0( T 0 ) étant rejetée au puits à T 0 . Cette formulation permet d’introduire la notion de rendement exergétique [35] du cycle ditherme endoréversible lorsqu’il est borné par le volume de contrôle en contact direct avec la source et le puits. [34] [35] q (T ) −w = 1− 0 0 = 1− T 0 q q (T ) T −w Ex w 1 = =− η ex = q T 0 Ex q q 1 − T 0 T 1 − T η th = La relation [35] peut être enfin écrite selon [36] et [37] qui expriment le rapport du rendement thermique et du rendement associé de Carnot. 1 [36] η ex = η th . [37] 1− T 0 T η ex = T 1− 0 T ηc 3 Thermodynamique des cycles Rodolphe Diesel a tenté d'appliquer les idées de Carnot au concept initial de son célèbre moteur, mais il a rapidement réalisé qu'un tel cycle était inapplicable aux moteurs à combustion interne par suite des pressions maximales requises par un tel cycle qui étaient rédhibitoires. Diesel renonça donc à appliquer le cycle de Carnot et il aboutit en quelques années au principe d’un moteur fonctionnant suivant un cycle comportant une compression adiabatique, une combustion isobare et une détente tronquée, l’idée d’une détente poursuivie jusqu’à la pression atmosphérique ayant été abandonnée sans diminution appréciable du rendement. Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 9 Les moteurs industriels dont l’unité de puissance est de l’ordre du MW sont d’ailleurs revenus dans les années 1990 aux idées de base de Diesel en favorisant la phase de combustion isotherme dans un objectif de réduction des NOx. Il en est de même des moteurs Diesel d’automobiles très décriés dans la même période qui ont désormais la suprématie du marché avec la généralisation de l’injection directe haute pression désormais maîtrisée grâce au saut technologique de l’électronique et de la micromécanique. La génération balbutiante des moteurs à allumage commandé à mélange hyper pauvre et injection directe de carburant relève de la même idée et l’on peut penser qu’un concept unique de combustion de type HCCI (homogeneous charge compression ignition) prendra progressivement la relève au cours des prochaines décennies. • Modélisation du cycle ditherme Une modélisation de la thermodynamique théorique des moteurs alternatifs est obtenue au moyen d’un cycle mixte qui comporte un apport de chaleur à volume constant suivi d’un apport de chaleur à pression constante et le cas échéant à température constante. Ce cycle mixte concerne les moteurs à allumage commandé comme les moteurs à allumage par compression. Au sens strict du terme, seul un système fermé sans réaction chimique est susceptible de décrire un cycle, ce qui n’est pas le cas d’un moteur à combustion interne qui comporte une admission, un fluide élastique dont la composition est évolutive au cours du cycle et un échappement. On a donc affaire à un système ouvert qui fonctionne de manière cyclique et génère des effets aéroacoustiques dont les conséquences seront évoquées dans un prochain paragraphe et particularisées au chapitre 2. La notion même de cycle ne s’applique donc qu’à titre d’approximation puisque le fonctionnement de cette machine à circuit ouvert est le siège d’un transfert de masse et d’un changement de nature du fluide de travail. Le schéma de modélisation est limité aux transformations d'énergie cinétique moléculaire en travail mécanique par un moteur à gaz chaud qui échange de la chaleur avec une source et un puits constitué par l'atmosphère. Au cours du cycle supposé fermé, le fluide élastique interagit avec des sources de chaleur et une énergie mécanique w est simultanément produite. En désignant par qj la quantité de chaleur échangée par la source j et par T j la température moyenne d’échange correspondante, l’application des deux principes conduit aux relations [38] et [39] où ∆eS identifie la variation d’entropie résultant des transferts de chaleur avec l’extérieur, ∆iS est l’entropie produite au cours du cycle par suite des processus irréversibles. [38] w+∑qj = 0 j [39] ∆e S + ∆i S = ∑ j qj T + ∆i S = 0 j Ces deux principes conduisent à la relation [40] et l’on obtient les expressions [41] et [42] du rendement thermique après quelques lignes de calcul. [40] [41] [42] = w + q 1 − T 0 ≥ 0 T q −w = 1− 0 η th = q q T 0 ∆i S −w T ∆i S T 0 1− = 1 − 0 η th = q T 0 T q1 − T • Analyse exergétique Pour évaluer la capacité d’une machine thermique à produire de l’énergie mécanique, il est commode d’introduire le concept exergétique qui dérive du concept d’énergie utilisable. Le débit d’exergie associé aux transferts de masse et d’énergie thermique est égal au débit d’énergie mécanique qu’il est théoriquement possible de retirer de ces deux types de transferts dans un processus qui ne modifie l’état thermodynamique d’aucun autre système que celui du puits entropique. Le fluide Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 10 T élastique contient sous forme thermique une exergie égale à q 1 − 0 par cycle. Le cycle fournit T sous forme mécanique une exergie strictement égale à celle reçue lorsqu’il est supposé être T réversible. Il ne restitue que la fraction q 1 − 0 − T 0 ∆ i S T dans le cas réel, la quantité d’exergie T 0 ∆iS étant détruite dans le système à chaque cycle. En considérant le cas d’un système Σ qui décrit un cycle en échangeant de la chaleur avec une source à la température T et le milieu ambiant à T0 par l’intermédiaire de deux fluides caloporteurs (figure 1-4). Le fluide C prélève à chaque cycle la quantité de chaleur q à la source chaude au niveau de température T pour la restituer à Σ à la température moyenne T inférieure à T. Le fluide C0 prélève à chaque cycle la quantité de chaleur q0 au système Σ à la température moyenne T 0 pour la rejeter à l’atmosphère à T0 < T 0 . Figure 1-4 Volume de contrôle L’exergie détruite dans Σ à chaque cycle correspond à la différence entre l’exergie reçue et l’exergie fournie et peut s’écrire selon [43] en fonction de T0∆iS et l’on vérifie ainsi la relation [44] en désignant par ∆eS l’entropie échangée par Σ à chaque cycle. [43] [44] T T q 1 − 0 + q 0 1 − 0 w = T 0 ∆ i S T T 0 q q0 T 0 ∆i S = − T 0 + = T 0 ∆e S T 0 T La qualité de la conversion d’énergie réalisée au cours du cycle peut ainsi être évaluée selon deux approches complémentaires. Le rendement thermique compare l’énergie mécanique produite à l’énergie chimique dépensée tandis que le rendement exergétique compare l’exergie produite à l’exergie consommée. Les relations [41] et [42] fournissent deux expressions équivalentes du rendement thermique des cycles et cette égalité démontre que le rendement thermique ne reflète pas l’importance des irréversibilités qui se produisent au cours des cycles puisqu’il ne prend pas en compte les niveaux de température auxquels les transferts de chaleur sont réalisés. Le rendement exergétique [45] mesure au contraire les pertes consécutives aux irréversibilités en fonction du volume de contrôle étudié. [45] η ex 1 T − w − q 0 1 − 0 T 0 = 1 − T 0 ∆i S = T T q 1 − 0 q 1 − 0 T T Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 11 La combinaison des deux principes permet aussi d’aboutir à la formulation [46] du rendement thermique exprimée explicitement en fonction des rendements exergétique et de Carnot [47]. [46] [47] T 0 ∆i S w T0 1 1 = − = − − η th q T T0 q 1 − T η th = η c .η ex Une difficulté majeure réside évidemment dans l’évaluation correcte du terme ∆iS de production d’entropie. On distinguera dans les chapitres 3 et 4 les grandes classes d’irréversibilités à modéliser qui sont principalement d’origine thermique (transferts de chaleur), chimique (réaction de combustion), aérodynamique et mécanique (mouvement) et thermodynamique (production d’énergie mécanique). 4 Concept d’énergie mécanisable • Bilan d’énergie Le concept d'énergie mécanisable sur l’arbre d’un alternatif est rétabli à partir de l’équation [48] où Ex identifie l’exergie produite sur le vilebrequin en régime de fonctionnement périodique établi, An l’énergie thermique non mécanisée et transférée au milieu extérieur, U l’énergie interne, P la pression, Vol le volume du fluide élastique participant à la transformation cyclique. [48] 2 2 [E x + An]1 = U 2 + P 2Vol 2 + V22 − U 1 − P1Vol1 − V21 2 • Bilan d’entropie Les irréversibilités qui minorent de manière marquée le rendement de la transformation sont exprimées par la création d’entropie selon la relation [49] en restreignant l’écriture aux irréversibiltés thermiques. [49] dS = ∑ dQ j j Tj +∑ k df k Tk =∑ p dAn T p La combinaison des bilans d’énergie et d’entropie fournit l’expression générale de l’énergie mécanisée selon la relation [50] où les indices e et s identifient les bornes d’entrée et de sortie du moteur thermique. La relation [51] traduit la conversion d’énergie limitée aux bornes 1 et 2 du système fermé du capsulisme dans l’intervalle ouvert RFA, AOE. La figure 1-5 illustre le volume de contrôle d’un tel moteur où l’énergie chimique En se décompose en une exergie Ex produite sur le vilebrequin et une anergie An qui constitue le terme de rejet à partir duquel une récupération partielle pourra être opérée. [50] = E x H [51] E x = U 1 −T 0 S1 1 − U 2 −T 0 S 2 [ V2 + 2 − ∑ T j S j − H j e ] [ ] V2 + 2 − ∑ T j S j j s 2 Fgure 1-5 Volume de contrôle du capsulisme Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 12 5 Mécanisme thermomécanique de conversion d’énergie La capacité d'un moteur alternatif à combustion interne à fournir une énergie mécanique est gouvernée par le remplissage en air. La masse d’air enfermée par cycle conditionne en effet la masse de carburant utilisable et pour un rapport air-carburant fixé, c’est le mode de combustion qui pilote le niveau et la qualité de la transformation thermochimique en énergie mécanique au cours de la détente motrice. La puissance thermique maximale qui est susceptible d’être délivrée par la réaction de combustion (bilan d’énergie) est limitée en 1er lieu par les caractéristiques technologiques des matériaux. La qualité de la conversion de cette énergie thermique en travail mécanique dépend ensuite des caractéristiques de la loi de dégagement de chaleur et des irréversibilités qui en résultent (bilan d’évolution d’entropie). • Taux d’introduction de carburant La loi de dégagement de chaleur fixe ainsi le véritable majorant à la production d'énergie mécanique produite sur le vilebrequin. Elle est elle-même conditionnée par l'instant d'allumage et le taux d'introduction du carburant au cours du cycle (figure 1-6). Le travail mécanique produit lors de la transformation cyclique dépend donc de la masse de combustible brûlée par cycle en fonction de la masse d’air disponible, mais aussi de la qualité de sa conversion en énergie mécanique (figure 1-7). Il en est de même de l’évolution des émissions représentées sur la figure 1-8. Figure 1-6 Cartographie de dégagement d’énergie Figure 1-7 Evolution du travail mécanique produit en fonction de la loi d’allumage Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 13 Figure 1-8 Evolution des émissions en fonction de la richesse • Rapport air-carburant Les réactions de combustion sont enfin gouvernées par les réactions cinétiques d'oxydation entre un carburant et un comburant dont les proportions sont définies par le rapport massique air-carburant. La quantité maximale de carburant localement disponible lors de la combustion dépend donc directement de la quantité d'air admise au sein du capsulisme. Le remplissage en air constitue ainsi la variable motrice prépondérante des performances de la machine thermique qui fixe le niveau maximal de puissance idéalement libérable par la combustion. L'optimisation doit donc porter en 1er lieu sur la charge en air frais et la vidange des gaz brûlés. Il convient donc de maximiser à tout instant la pression d'air en amont des orifices d'admission du moteur et de conserver une contre-pression modérée à l'échappement, quel que soit le point de fonctionnement du moteur, suralimenté ou non. Il est clair que de ce point de vue, l’actuelle génération de moteurs à injection directe de carburant contribue à mieux répondre à cet objectif que les générations précédentes. 6 Concept global de performances énergétiques La stratégie de développement des moteurs thermiques impose en ce début de XXIème siècle de mieux utiliser les ressources naturelles qui s'épuisent, d'optimiser sans relâche les rendements énergétiques et de réduire de manière drastique les sources de nuisances émises par le moteur. Il convient donc de globaliser au sein d'un concept unique de performances énergétiques les notions fondamentales qui caractérisent le comportement d'un moteur alternatif de propulsion soumis fréquemment à des fonctionnements en charges partielles et en phase transitoire. • Remplissage Le remplissage en air traduit la capacité cyclique du moteur à pistons à maximiser la masse d'air enfermée au sein du capsulisme en fonction de la charge et du régime. Il constitue la variable motrice prépondérante qui gouverne en 1er lieu les performances énergétiques du moteur. La suralimentation par turbocompresseur associée à l'effet d'accords acoustiques (figure 1-9) dans les conduits d'admission et d'échappement contribue efficacement à répondre à cet objectif et cet aspect sera développé dans le chapitre 2. Figure 1-9 Evolution du remplissage en fonction du diamètre des conduits Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 14 Le remplissage en air d'un moteur à quatre temps est une fonction de quatre variables conformément à la relation [52] exprimée en régime établi dans laquelle qm est le débit-masse d'air admis par cycle, ϕ0 le coefficient de remplissage, ρadm la masse volumique aux orifices d'admission, Vol la cylindrée et N le régime de rotation. [52] q m adm = ϕ 0 . ρ adm . Vol 2 . N 60 Une brève analyse permet de conclure que l'augmentation de cylindrée ne constitue pas une variable motrice prépondérante dans l'optimisation des performances actuelles d'un moteur alternatif de propulsion dans la mesure où elle conduit inéluctablement à un accroissement conjoint de l'encombrement, du poids et du surcoût qui en résulte. Le régime maximal de rotation d'un moteur Diesel demeure quant à lui inférieur à celui d'un moteur à allumage commandé par suite du mode d'inflammation en milieu très hétérogène qui impose un temps minimal en-dessous duquel la réaction de combustion ne peut plus être réalisée convenablement. Les effets d'inertie mécanique qui s'exercent sur l'attelage mobile constituent un second facteur de moindre importance sur la limitation de ce régime de rotation. Aussi, la masse volumique constitue-t-elle la variable motrice prépondérante sur laquelle le motoriste peut efficacement agir en conjuguant les effets simultanés de suralimentation naturelle par onde acoustique et par turbosuralimentation refroidie ou non (chapitres 2 à 4). La multiplication du nombre de soupapes favorise simultanément la perméabilité des circuits. Le coefficient de remplissage ϕ0 [53] peut être ainsi optimisé sur une plage étendue de fonctionnement. Ce coefficient mesure le rapport du débit-masse d’air admis par cycle dans le cylindre et du débit-masse d’air qui serait enfermé dans les conditions thermodynamiques de référence P0 et T0. RFA [53] ϕ0 = ∫ ρ adm u adm Aadm d (ωt ) AOA ρ& 0 .Vol • Couple La notion de couple ou de PME est fonction de la courbe de remplissage du moteur et elle caractérise son aptitude à transformer au mieux le mélange réactif air-carburant en travail mécanique recueilli sur l'arbre. La figue 1-10 illustre l’évolution périodique des couples d’inertie et de pression d’un moteur monocylindre rétablies sur un cycle. Figure 1-10 Evolution des couples périodiques d’un moteur En régime de fonctionnement établi, la pression moyenne effective peut encore être exprimée selon la relation [54] où PCI représente le pouvoir calorifique inférieur du carburant CxHy, ηg identifie le rendement thermique du moteur, Pa et Ta sont les conditions de pression et température aux orifices d’admission, r la constante massique du fluide élastique. On constate que pour un carburant donné, elle est fonction de la masse volumique aux orifices d’admission du moteur, du rapport air-carburant ainsi que du rendement thermique du moteur. [54] Pme = PCI .η g . C x H y Pa . Air r . T a Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 15 L'accroissement sensible de la masse d'air permet d'augmenter la masse de combustible injectée sans franchir la borne minimale du rapport air-carburant au-dessous de laquelle des émissions rédhibitoires de fumées apparaissent à l'échappement d’un moteur Diesel. Le couple peut ainsi être optimisé, mais une attention particulière doit être apportée au temps de réponse du turbocompresseur. En régime de fonctionnement transitoire, le couple instantané traduit en effet la capacité du moteur à réagir promptement à une sollicitation instantanée de charge. La relation [55] traduit l’évolution de la vitesse de montée en régime du moteur en fonction du temps t, le couple moteur instantané étant Cmoteur, le couple résistant Crésistant, I(ωt) l’inertie de l’attelage mobile. I (ωt ) [55] dω = C moteur (t ) − C résis tan t (t ) dt Ce temps de réponse conditionne l'aptitude du groupe de suralimentation à réagir promptement à une sollicitation instantanée de charge. La figure 1-11 illustre l’évolution comparée des couples mesurés en régime permanent en pleine charge et lors d’une accélération brutale sur un moteur turbosuralimenté d’automobile. On constate qu’il existe un temps de réponse sur la plage de régime 1500 à 2500 tr/min lors de l’accélération brutale par suite des inerties mécaniques et thermiques du moteur. La figure 1-12 illustre l’évolution mesurée des fumées sur la même période. 300 20 Couple (N.m) Opacity (%) 18 250 16 14 200 12 150 10 8 100 6 4 50 2 N moteur (tr/min) 0 Time (s) 0 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 Figure 1-11 Evolution comparée des courbes mesurées de couple 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Figure 1-12 Evolution des fumées lors d’une accélération • Puissance La puissance W& du moteur est liée au couple et à la vitesse du piston Vp intégrée en fonction de l’angle de rotation α du vilebrequin sur une période (relation 56) où R est le rayon de la manivelle et k le rapport bielle-manivelle (figure 1-13). Elle peut être optimisée sous réserve que le carburant injecté soit transformé en énergie mécanique avec un rendement convenable. 2π [56] Vp= ∫ Rω sin α + 0 sin 2α dα k Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 16 Figure 1-13 Evolution des grandeurs thermomécaniques sur un cycle Dans la relation [57] exprimée en régime stabilisé, C identifie le couple recueilli sur l’arbre, ω la fréquence de pulsation. Le gain usuel obtenu par ce procédé de turbosuralimentation est de l'ordre d'une fois et demie la puissance d'un moteur Diesel atmosphérique de même cylindrée en application routière et de trois à quatre fois en moteur industriel. [57] dW = C.ω W& = dt En régime de fonctionnement transitoire et par analogie avec la relation [55], la relation [58] traduit l’expression de la puissance motrice instantanée W& motrice qui est produite en fonction du temps t, W& résis tan te est la puissance du circuit récepteur, I(ωt) l’inertie de l’attelage mobile, ωdω/dt la puissance instantanée des masses en mouvement qui équilibre le système mécanique. [58] ω dω W& moteur (t ) − W& résis tan t (t ) = dt I (ωt ) • Rendement Le rendement thermique ηg exprimé usuellement de manière univoque à partir du premier principe de la thermodynamique traduit l’inaptitude de la machine thermique à transformer l’énergie chimique contenue dans le carburant en énergie mécanique récupérable sur le vilebrequin (relation 59) où W& arbre identifie la puissance mécanique produite en régime établi, qm(CxHy) le débit masse de carburant, PCI le pouvoir calorifique inférieur. [59] ηg = W& arbre q m (C x H y ).PCI Le rendement thermique demeure très dépendant des caractéristiques de perméabilité de la turbine de suralimentation dans le cas d’un moteur turbosuralimenté. Une idée couramment répandue consiste en effet à penser que la récupération de l’énergie contenue dans les gaz d’échappement pour entraîner le compresseur solidaire d’une roue de turbine permet d’améliorer le rendement du moteur thermique. Cette condition est le plus souvent vérifiée sur les moteurs industriels de grande puissance à poste fixe. Ce constat est en revanche souvent mis en défaut en application routière car le compresseur n’influence favorablement le bilan énergétique du moteur que dans la seule plage de fonctionnement adapté du groupe de suralimentation lorsque la différence entre la pression d’admission et la pression d’échappement est positive. Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 17 Il convient donc d'être attentif aux conditions d'adaptation du turbocompresseur au moteur de propulsion qui doit couvrir le plus souvent une large plage de débit en fonctionnement transitoire et aux charges partielles. Le rendement exergétique [60] qui découle de la combinaison des deux principes de la thermodynamique exprime le rapport de l’énergie utilisable qui est disponible à l’entrée du moteur et de l’énergie mécanique produite sur le vilebrequin. Il mesure le rapport de la puissance mécanique Ex fournie sur l’arbre à la puissance exergétique qm.Pex du combustible rapporté à l’atmosphère ambiante. [60] η ex = E& x q m (CxHy ). P ex • Dépollution La notion de dépollution est à l'évidence une préoccupation majeure [61] et elle concerne en premier lieu la réduction des émissions des oxydes d'azote, des particules et des hydrocarbures imbrûlés ainsi que la réduction des gaz à effet de serre. Ce dernier point nécessite la réduction sensible des consommations qui passe par l’utilisation de mélanges pauvres et hyper pauvres en carburant avec un post-traitement adéquat des NOx. Le concept de moteur HCCI (high compression charge ignition) s’inscrit naturellement dans cette perspective. [61] R Réactifs ∆U → Produits naturels et produits toxiques Le rapport massique air-carburant qui gouverne à tout instant l'enveloppe locale des émissions doit donc être optimisé et l’on observe qu’en version turbosuralimentée, les conditions d'adaptation de la turbomachine au moteur doivent être convenablement satisfaites dans les régimes de fonctionnement transitoire en particulier. On rappelle qu'en application routière, la version moteur turbosuralimenté qui était initialement associée au concept de pression moyenne effective et de puissance maximales cède progressivement la place à une nouvelle de moteurs très orientée vers l'objectif dépollution. • Fiabilité et maintenance Le concept énergétique de performances inclut enfin les notions de fiabilité et de maintenance qui bornent l’enjeu fixé au motoriste. Elles caractérisent le comportement de la machine thermique, la pérennité de son fonctionnement et sa capacité à se prêter aisément aux opérations d’entretien, de surveillance et de maintenance. Les flux thermiques globaux sont en 1ère analyse représentatifs des soliicitations thermiques moyennes et de l’évolution technologique des moteurs. On démontre aisément la relation [62] dans laquelle q est la quantité de chaleur introduite par le carburant, Ap la surface de la tête du piston, k une constante, PME la pression moyenne effective, Vp la vitesse moyenne du piston et Cs la consommation de carburant. [62] q Ap = k .PME. V p C s La pression moyenne effective et la vitesse du piston sont représentatives des charges mécaniques tandis que la consommation est une fonction caractéristique du rendement thermique. La charge thermique est caractérisée par le niveau des températures et l’intensité des flux de chaleur qui reflétent l’image des contraintes mécaniques d’origine thermique. Si les charges mécaniques ont occupé les esprits pendant des décennies devant les charges thermiques, les problèmes posés par les niveaux instantanés de température et de flux imposent désormais au motoriste d’analyser de manière détaillée les transferts thermiques rapides. Il y a lieu de distinguer alors les notions de valeurs moyennes et instantanées dans le temps comme dans l’espace et cet aspect sera développé dans le chapitre 2. Conclusion Les performances d'un moteur alternatif résultent d'un compromis entre chacune des notions énergétiques précitées qui n'ont pas une tendance naturelle à converger simultanément vers un même optimum. De plus, l'encombrement et le coût de l'application dans un marché international fortement concurrentiel induisent des contraintes économiques supplémentaires qui ne convergent pas directement avec les objectifs précités. En conséquence, c'est l'application industrielle et son Chapitre 1 Production d’énergie mécanique et récupération d’énergie 18 contexte environnemental qui fixent explicitement la variable motrice prépondérante qui impose à son tour un compromis avec les autres variables énergétiques. L'application aux moteurs suralimentés de propulsion routière appelle un commentaire compte tenu de son impact stratégique et de sa complexité en terme d'objectifs contradictoires à satisfaire simultanément. Le moteur thermique est en effet sollicité sur une large plage de fonctionnement dans le champ charge-régime et le plus souvent en régime transitoire. L'objectif du motoriste vise alors à l'obtention d'un couple élevé dans les bas régimes, l'objectif de puissance prenant le relais dans les charges et régimes plus importants. La notion associée de réactivité du groupe moteur en régime transitoire revêt dans ce contexte une importance prépondérante dans la mesure où elle caractérise l'aptitude de la machine à réagir promptement à une sollicitation instantanée de régime ou de charge. Enfin, la sévérisation légitime des normes antipollution et la réduction associée des nuisances qui résultent des émissions de produits toxiques à l'échappement complètent l'enjeu stratégique fixé au motoriste en matière de performances. L'application aux moteurs à poste fixe également traitée dans ce mémoire requiert au contraire une production d'énergie mécanique sur un point de fonctionnement nominal du moteur en régime établi, c'est-à-dire pour une charge et un régime fixés dans le cas le plus fréquent. On montre d’ailleurs par les principes rappelés dans ce chapitre qu’un moteur à combustion interne présente un optimum distinct de couple et de puissance. Cette démonstration est pourtant mise en défaut dans le cas d’un moteur à poste fixe de grande puissance lorsque le régime de rotation maximal n’excède pas 1500 tr/min. L’expérience montre en effet que la puissance maximale d’un tel moteur résulte au 1er ordre du couple maximal produit qui est ensuite associé au régime de rotation du moteur. Si l’effet d’échelle couplé à la suralimentation n’est pas sans conséquence sur la thermodynamique du cycle, il n’en demeure pas moins qu’un apparent paradoxe est introduit dans cette analyse qui nécessite donc une réflexion complémentaire. Bilan Le contenu de ce chapitre constitue la base non exhaustive des principes fondamentaux qui régissent la conversion d’une énergie chimique en travail et en chaleur. On a tenté d’insister sur l’intérêt de développer une approche microscopique qui sous tend la compréhension du mécanisme intrinsèque de production d’énergie. La fomation du mélange et les réactions d’oxydation constituent le cœur du dispositif de conversion maîtrisée d’énergie qui associe une réduction simultanée des consommations et des gaz à effet de serre. Le fonctionnement cyclique d’une machine volumétrique à combustion interne génère également des conséquences aéro thermoacoustiques qui demeurent délicates à appréhender par le calcul dans la mesure où un couplage quasi-systématique des irréversibilités est masqué par la seule approche macroscopique exprimée par les bilans usuels de conservation.