LA LDH
EN ACTION
2011
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LA LDH
EN ACTION
2011
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Le rapport annuel de la Ligue des droits de
l’Homme répond à une obligation morale,
sinon glementaire, vis-à-vis de ses
membres et de ses partenaires publics et
associatifs. Qu’a fait la LDH pendant l’année
écoulée ? Comment a-t-elle utilisé ses moyens
et avec quel résultat ? Mais ce bilan du passé
récent n’est pas seulement une occasion de
rendre compte et de se rendre compte, il permet
de dégager des tendances et des perspectives
d’avenir.
Plusieurs lectures en sont donc possibles. Pour
mieux connaître la LDH en tant quorganisation
politique, avec ses modes de fonctionnement et
de décision, sa pratique de la démocratie à son
propre usage. Pour identier ses champs d’in-
tervention en fonction de son environnement
politique et social, en France et à létranger, et
parmi lesquels chaque militant peut s’orienter
pour s’engager le plus ecacement possible.
Enn, pour situer les priorités de la LDH et
leur évolution dans le mouvement général
des idées, des rapports de force, en tenant
compte également des échéances qui scandent
le calendrier politique.
Instrument d’information et de mise à dispo-
sition de moyens pour agir, mais également
instrument de réexion, le rapport s’organise en
trois sections.
I. « Structures et fonctionnement » présente
l’organisation de l’association. On y remarque
que, à la diérence de la plupart des grandes
ONG à léchelle internationale, les responsa-
bilités politiques eectives à la LDH sont assu-
rées par des militants élus et bénévoles. On y
souligne aussi que la question du nancement
de la LDH et de son indépendance économique
est une question politique majeure, de la res-
ponsabilité de l’ensemble de ses membres pour
augmenter ses recettes directes – cotisations et
dons et rechercher des subventions et parte-
nariats. La connaissance de la vie de la LDH est
nécessaire pour y contribuer de manière lucide
et ecace. Sous cet angle, le rapport doit aider
à l’eort de formation qu’appelle lobjectif stra-
tégique de renforcement et de renouvellement
de l’association.
II. « Interventions et actions » passe en revue
les domaines la LDH entend jouer son rôle
d’association politique citoyenne. Les thèmes
sont rangés en cinq grandes rubriques (liber-
tés, droits économiques et sociaux, étrangers,
racisme, antisémitisme et discriminations,
Europe et monde), en reprenant le bilan des
travaux des groupes qui les prennent en charge
et la synthèse de moments clés de la réexion
collective (université d’automne, publication du
volume annuel de L’Etat des droits de l’Homme en
France, etc.). Fortement marquée par les boule-
versements politiques au sud de la Méditerranée,
l’année 2011 a donné au thème de la mondiali-
sation une place nouvelle dans notre conception
même des droits. Comme la montré le déroule-
ment du congrès national tenu à Reims en juin, la
mondialisation ne peut plus être pensée comme
un supplément externe à nos préoccupations
nationales, elle intervient au cœur même de
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notre société, doit désormais être présente dans
l’ensemble de nos analyses et nos initiatives.
III. « Moyens et méthodes » est un compte
rendu des actions de la LDH et des relations
intenses qu’elle entretient avec d’autres asso-
ciations partenaires. C’est aussi une « boîte à
outils »,les militants et les structures locales
de la LDH peuvent venir choisir les bons instru-
ments pour mener ecacement leur action.
Lannée 2011 montre ainsi une LDH particuliè-
rement active, sur un champ très large. Quand
on sait la modestie des moyens dont les mi-
litants disposent, on ne peut qu’être admira-
tif devant tant dénergie et d’engagement au
service de la défense des droits. C’est que le cli-
mat politique et social s’est montré particuliè-
rement dur et menaçant pour les bases mêmes
de notre démocratie. La crise économique née
du dérèglement dun sysme nancier incon-
trôlé et la politique menée par le gouvernement
se sont traduites en France par la stagnation de
l’activité économique, la hausse du chômage et
l’augmentation sans précédent des inégalités et
de la pauvreté. À l’aggravation de la situation
nationale est venue s’ajouter, et les deux dimen-
sions sont évidemment liées, la crise de l’Union
européenne à laquelle, malgré des déclarations
de victoire pétitives mais vite démenties,
aucune solution satisfaisante n’a à ce jour été
trouvée. Face à ces problèmes alarmants, le
président de la publique a tenté de gérer la
situation politique par des diversions, en particu-
lier sur le thème de la sécurité (bien mal assurée
en eet) et dune menace venue de létranger
sur notre identité nationale. Dans la perspec-
tive d’élections présidentielles et législatives
pouvant mener à une alternance à la tête de
l’Etat, le discours de la droite a visé à séduire
l’électorat dextrême droite en lui empruntant
ses thèmes. Les droits de l’Homme ont cessé
d’avoir une valeur hégémonique pour l’en-
semble de ce que lon appelait naguère l« arc
républicain »
Les raisons de s’indigner et de résister sont
donc, hélas, fort nombreuses. Elles mobilisent
une large part de l’énergie des ligueurs. Pour
autant, la LDH n’a pas voulu rester dans une
position protestataire. Partageant avec d’autres
associations son analyse du recul des valeurs
humanistes, elle avait en 2009 lancé une
initiative de rassemblement autour de lappel
« Urgence pour les libertés, urgence pour les
droits ». À la n de l’année 2010 s’est ouverte
une phase nouvelle avec l’élaboration et la
signature, avec quarante-neuf grandes asso-
ciations, du « Pacte citoyen pour les droits et la
citoyenneté ». Il constitue un ensemble cohérent
d’orientations pour la promotion des droits,
pour une issue positive à la crise économique,
politique et environnementale que nous vivons
aujourd’hui. Lannée 2011 a été largement consa-
crée à faire connaître ce Pacte, en espérant que
les forces politiques de progrès en reprendraient
à leur compte la part la plus large possible…
Il est prématu de tirer un bilan de ces initia-
tives, dautant que les conséquences peuvent
s’en faire sentir au-delà des rendez-vous élec-
toraux immédiats, si importants soient-ils.
Le bilan de lannée 2011 nous inscrit ainsi dans
une dynamique historique plus longue.
Pour les membres de la LDH, pour ses parte-
naires, ce bilan annuel donne à voir notre
capacité à juger lucidement de nos capacités, à
produire une pensée politique et à la faire vivre
dans laction. Nous aurons fort à faire dans les
temps à venir pour défendre et promouvoir les
droits de l’Homme, universels et indivisibles.
Ce rapport reète enn le caracre collectif de
la pensée et de l’action de la LDH, l’interaction
entre ses instances. Il s’est nourri des contribu-
tions des militants, tandis quune fois encore
l’équipe de salariés a montré toute sa compé-
tence et son implication dans sa réalisation.
Michel Savy, membre du Bureau national de la
Ligue des droits de l’Homme
Ultime nota bene : ce rapport est écrit début 2012, à
la veille d’élections présidentielles et législatives
lourdes d’enjeu et à l’issue, à ce jour, incertaine. Entre
inquiétude et espérance, la LDH continue…
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