
4
AVANT PROPOS
La sclérodermie systémique (ScS) est une maladie auto-immune rare, dont la pathogénie est
encore mal comprise.
Sa physiopathologie comprend divers grands mécanismes : fibrose tissulaire extensive,
dysimmunité avec la production d’auto-anticorps (Ac) dirigés contre de multiples antigènes
(Ag), ainsi qu’une vasculopathie.
Le pronostic vital et fonctionnel de la ScS est particulièrement péjoratif et tient une place
singulière au sein des connectivites.
Le pronostic de cette pathologie est fortement associé à la survenue et à la sévérité de
l’extension aux organes vitaux profonds. Ces complications surviennent pour la plupart dans
les 3 premières années d’évolution de la maladie et justifient une surveillance rapprochée dès
le diagnostic.
Parmi ces complications, les atteintes respiratoires, à savoir la pneumopathie infiltrante
diffuse (PID) et l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), représentent aujourd’hui les
deux premières causes de mortalité au cours de la ScS.
Le pronostic, volontiers défavorable de ces complications, justifie actuellement leur dépistage
au moment du diagnostic de ScS mais également lors du suivi annuel, par un examen clinique
associé à des examens complémentaires de dépistage avec au minimum : une
tomodensitométrie thoracique haute résolution, des épreuves fonctionnelles respiratoires
(EFR) comprenant une spirométrie avec mesure des volumes par pléthysmographie et une
étude de la diffusion par mesure du transfert du monoxyde de carbone (TLCO) ainsi qu’une
échographie cardiaque trans-thoracique (ETT). La mesure du TLCO est un examen de
référence pour le dépistage des atteintes respiratoires, notamment grâce à sa bonne sensibilité.
En revanche, cet examen manque de spécificité pour le diagnostic des complications
respiratoires liées à la ScS.
Ces dernières années, une nouvelle technique de mesure de la diffusion alvéolo-capillaire
appelée double diffusion CO/NO, a permis une analyse plus fine de ce processus. Elle
propose une approche compartimentale de la diffusion, en distinguant la composante
membranaire de la composante vasculaire pulmonaire. Cette technique, décrite sur le plan
théorique en 1987 par l’équipe de Guénard et al, permet d’évaluer la qualité des échanges
gazeux au niveau de la membrane alvéolo-capillaire et de localiser l’atteinte du poumon