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Le style de placement axé sur la valeur a amorcé sa reprise au
printemps2016, avec l’accélération de l’activité économique
mondiale, et surpasse les stratégies axées sur la croissance ou le
momentum. Sauf pour un bref moment immédiatement après le
référendum visant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne,
ce style de placement a retrouvé sa position dominante aux deux
derniers trimestres de 2016. Il ne suffit pas toujours de quelques
trimestres pour parler d’une tendance, mais nous croyons assister
au tout début d’un renversement qui, sur plusieurs années,
amènera les titres de valeur à prendre le dessus sur les substituts
d’obligations et les actions à forte croissance.
Dans le présent document, nous étayons nos affirmations par les
éléments suivants:
1) Cours élevés des substituts d’obligations
2) Études sur la corrélation entre la hausse des taux obligataires
et le rendement des actions de style valeur
3) Preuves de la nature cyclique des styles valeur et croissance
Les conditions commerciales ont tendance à toujours revenir
vers la moyenne, tout comme les styles de placement (p.ex.
valeur, croissance). Entrent inévitablement en action des forces
correctrices qui tendent à redresser les profits et les cours ou à
réduire les excès. Nul ne connaît d’avance leur forme ni le moment
exact de leur manifestation. Benjamin Graham y voyait «l’un des
mystères du marché». Les éléments déclencheurs ne sont évidents
qu’a posteriori, mais nous sommes d’avis que les mesures de
stimulation budgétaire et les politiques pro-entreprises du nouveau
gouvernement américain viendront amplifier les tendances qui se
dessinaient déjà en 2016. Toutefois, la montée du protectionnisme
demeure un risque et pourrait amoindrir les effets bénéfiques de
cette stimulation budgétaire.
Les forces correctrices prennent parfois la forme d’événements
politiques, comme l’issue du référendum britannique ou des
récentes élections américaines. Quoi qu’on pense de Donald
Trump, nous croyons que la vague républicaine qui a déferlé
sur le Congrès et la Maison-Blanche représente un changement
fondamental pour l’économie américaine et les marchés des actifs
en général. Les transactions de substituts d’obligations, de 2009
à 2016, reposaient sur la stimulation monétaire et la peur. Nous
sommes convaincus que l’austérité budgétaire aux États-Unis est
terminée et qu’il y aura des baisses d’impôts, un allègement de
la réglementation et une hausse des dépenses en infrastructures.
Nous nous attendons à ce que ces mesures entraînent une reflation
et forcent la Réserve fédérale américaine à continuer de relever
les taux, peut-être plus vite que prévu. À noter que la stimulation
budgétaire interviendra dans un contexte où le taux de chômage
est faible, où la croissance des salaires s’accélère et où la phase de
désendettement des ménages est largement terminée. Par ailleurs,
la Banque centrale européenne, la Banque du Japon et la Banque
d’Angleterre continuent d’alourdir leur bilan par leurs programmes
d’assouplissement quantitatif. La hausse de la croissance du PIB
et des taux d’intérêt sera excellente pour les profits des sociétés
d’assurance et des banques américaines. Nous nous attendons
donc à un retour naturel aux actions de nature cyclique et de valeur,
avec l’accélération de la croissance américaine et la poursuite des
transactions porteuses de reflation qui alimentent les gains sur les
marchés depuis l’été dernier.
Dans leur quête de rendement, les investisseurs se sont jetés sur
les substituts d’obligations dans les secteurs des services publics,
de la consommation courante et des télécommunications, c’est-
à-dire des titres assimilés à des obligations en raison de leurs
dividendes relativement élevés et de leur corrélation négative avec
les taux d’intérêt. La négociation des substituts d’obligations nous
paraît encore extrêmement intense, surtout chez les investisseurs
quantitatifs. En revanche, beaucoup de sociétés de valeur
sont actuellement très peu prisées des gestionnaires de fonds,
notamment les banques américaines. Il s’agit là du résultat de
sept à huit ans de taux d’intérêt quasi nuls aux États-Unis, et par
conséquent, la rotation et le dénouement des positions sur les
substituts d’obligations devraient durer un bon moment.
Nous considérons le référendum britannique comme le pic de la
bulle obligataire et l’aube d’une nouvelle ère pour les placements
de valeur. Il se pourrait d’ailleurs que la vague républicaine marque
officiellement l’éclatement de cette bulle.
Auteurs: Richard Wong, CFA
Vice-président principal, Gestionnaire
de portefeuille
Jonathan Norwood, CFA
Vice-président principal, Gestionnaire
de portefeuille
Mary Mathers, CFA
Directrice principale des placements – Actions
Collaboratrice: Bonnie Ho, CFA
Directrice principale des produits de
placement – Actions