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Conférences de l’ICRA 17
d’hameçonnage ». Qu’est-ce qu’un équilibre d’hameçonnage? C’est un équili-
bre où toutes les chances de prot, plus que d’ordinaire, seront exploitées. Et
cela comprendra notre volonté de faire les mauvais choix.
Laissez-moi vous donner quelques exemples. Je ne crois pas que ces choses
soient aussi courantes au Canada qu’aux États-Unis, mais le premier ex-
emple est Cinnabon. En 1985, un père et son ls, Rich et Greg Coleman de
Seattle, ont fondé Cinnabon Inc. et ils avaient une stratégie de marketing.
Ils ouvriraient des points de vente qui prépareraient les meilleures brioches
à la cannelle au monde. Le produit Cinnabon n’est pas bon pour la ligne,
car il compte 880 calories. La devise de Cinnabon est « La vie a besoin de
glaçage ». Les Coleman ont mis beaucoup d’eorts dans la mise au point de
leur stratégie de marketing. On dit que la cannelle, qu’ils ont choisie avec
soin, attire les humains en raison de son odeur – tout comme les phéro-
mones attirent les papillons de nuit.
La plupart des gens aux États-Unis prennent probablement pour acquis qu’il
y aura un de ces points de vente justement là où ils attendent un vol retardé
ou au centre commercial. Mais ce n’est pas un hasard. Tous ces points de ven-
te, et toute cette cannelle, qui mine notre régime alimentaire, sont le produit
naturel d’un libre marché en équilibre. Voilà pour mon premier exemple.
Le deuxième exemple vient d’une métaphore inventée par Bob qui est un
véritable génie. Je n’y aurais jamais pensé. Keith Chen, Venkat Lakshmina-
rayanana et Laurie Santos, trois chercheurs à Yale à l’époque, ont appris à des
capucins comment se servir de l’argent pour faire du commerce. Les singes
ont acquis une certaine compréhension de la notion de prix, ils ont épargné
et ils ont réalisé d’autres transactions.
Mais allons plus loin que ces expériences. Réalisons une expérience de la
pensée. Supposons que nous donnions la possibilité aux singes de faire du
commerce avec les humains, de façon très générale. Nous donnerions à une
grande population de capucins un revenu substantiel, et nous les laisserions
devenir des clients d’entreprises à but lucratif dirigées par des humains sans
mécanismes règlementaires.
Vous pouvez facilement vous imaginer que le système du libre marché, avec
son goût du prot, orirait tout ce que les singes choisiraient d’acheter. Et
on s’attendrait à un équilibre économique avec des mixtures correspondant
aux goûts étranges des capucins. Mais au milieu de cette corne d’abondance
capucine, leurs choix seraient très diérents de ce qui leur ferait du bien.
Comment le savons-nous? Nous savons d’après les travaux de Chen, Laksh-
minarayanana et Santos qu’ils aiment des tacos de roulés de fruits sucrés avec