Cliniquement on distingue des hyperalgésies périphériques et centrales. Les
premières relatent une hyperexcitabilité de la fibre nerveuse sensitive périphérique et
il s’agit de l’hyperalgésie dite primaire, localisée au niveau de la cicatrice.
Les secondes sont le témoin d’une hyperexcitabilité des fibres nerveuses sensitives
centrales et sont évaluées par l’extension de l’hypersensibilité cutanée par rapport à
cette cicatrice en dehors de la zone inflammatoire. Il s’agit de l’hyperalgésie
secondaire, reflet de la sensibilisation centrale.
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2. Hyperalgésie induite par les morphiniques :
2.1 : Bases mécanistiques :
Il est maintenant clairement démontré que les opiacés, au delà de leur effet
analgésique, peuvent induire chez l’animal normal et amplifier chez l’animal algique
les processus de sensibilisation à la douleur [2]. Il a été montré que l’effet
sensibilisateur des opiacés dépendait de la mise en jeu des récepteurs NMDA.
2.1.1 : Récepteur N-méthyl-D-aspartate (NMDA) :
Au repos, le récepteur NMDA est bloqué par l’ion Magnésium (Mg+), empêchant
l’entrée de toute substance excitatrice qui participe à la transmission du message
douloureux. L’arrivée de l’acide aminé excitateur glutamate sur son récepteur
spécifique NMDA va l’activer en libérant l’ion Mg+. Le récepteur est débloqué ; le
passage du message nociceptif se fait librement avec une entrée massive de l’ion
Ca+.
2.1.2 : Récepteur mu (µ) :
L’arrivée de la morphine va activer plus spécifiquement les récepteurs µ. Les effets
antalgiques de cette molécule vont activer les fibres inhibitrices du système nerveux
central, accomplissant ainsi sa fonction antinociceptive.
L’activation de ces récepteurs µ libère une petite enzyme appelée « protéine kinase
(PK) » en post-synaptique. La propriété de cette Protéine Kinase est de phosphoryler
le récepteur NMDA, c’est à dire de le débloquer en libérant ses ions Mg+. Ainsi
ouvert, il va permettre le passage des ions Ca+, présents en pré-synaptique
(pourvoyeur du message douloureux)
La présence des ions calciques en post-synaptique a deux actions :
• activer les protéines kinases. Plus il y aura de PK, plus les récepteurs NMDA
seront phosphorylés.
• Entrainer la production de cytokines, ce qui augmente la libération de
glutamate en pré-synaptique.
Les récepteurs NMDA sont donc doublement activés. D’une part par la présence de
protéines kinases en post-synaptique, et d’autre part par l’augmentation de
glutamate en pré-synaptique.