IDÉES NOUVELLES
SUK
L'OUIGINE
DES MONTAGNES. 3
Puis ce fut la théorie de la contraction qui obtint
pendant
long-
temps la
laveur
des géologues, théorie qui, d'ailleurs, né
fut
rendue
possible qu'à la suite de la fameuse hypothèse cosmogonique de
LAPLACE suivant laquelle la Terre, goutte de matière en fusion issue
du Soleil, s'était lentement consolidée en surface par suite de son
refroidissement.
Dès lors, ce refroidissement progressif amenant une contraction
de la planète, les couches superficielles s'adaptent tant bien que
mal
sur la croûte primitive, localement affaissée, en se plissant :
c'est l'habit devenu trop grand pour un corps amaigri par la mala-
die.
Cette hypothèse parut jusqu'au début du
xx°
siècle la seule
explication possible, et reçut à l'origine la consécration
d'Elie
de BEAUMONT et surtout de
HEIM
qui lui avait apporté le renfort de
mesures effectuées pour le Jura, chaîne qui au droit de Genève pré-
sente une contraction égale au quart de sa largeur primitive déplis-
sée
2.
Perfectionnée par la suite avec la notion de géosynclinal
introduite par James
HALL
et
DANA,
cette théorie de la contraction,
qui fut explicitée par Emile
H
AU
G
et obtint un grand succès, car
elle expliquait tout, devint la théorie des géosynclinaux et des aires
continentales. Ces fosses
géosynclinales
sont de grandes dépres-
sions allongées de l'écorce terrestre ayant presque toujours pris
naissance en bordure des aires continentales ou compartiments
relativement rigides de cette écorce. L'observation montre que les
régions géosynclinales sont constituées par d'énormes accumula-
tions de couches de faciès uniforme, généralement profond, et
plis-
sées : en
bref,
les régions géosynclinales sont devenues les chaînes
de montagnes. Il faut donc admettre, si l'on veut comprendre
l'épaisseur anormale des sédiments géosynclinaux, que le fond de
ces fosses s'abaissait au fur et à mesure de l'accumulation des sédi-
ments à une cadence sensiblement égale. Mais le rayon terrestre
diminuant par suite de la contraction, les aires continentales
s'en-
foncent verticalement, donc se rapprochent en plissant le contenu
des dépressions géosynclinales qui surgissent pour donner les
zones montagneuses. Ainsi s'expliquent les chaînes qui ont succes-
sivement accidenté la surface de la planète, et qui, actuellement, se
montrent
plus
ou moins détruites par l'érosion. Cette théorie, dont
la plupart d'entre nous ont vécu pendant longtemps, ne peut plus
être acceptée par les géologues depuis que l'on a pu calculer
<jue
le raccourcissement du rayon de la Terre avait été trop minime
~
Des évaluations proposées plus tard pour les Alpes montrèrent que la ré-
duction pouvait atteindre ici les 3/4.