EXPRESSION DRAMATIQUE THÉÂTRALE Option facultative

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SANOGO Massira
Terminale Scientifique-SVT
Lycée Condorcet
Baccalauréat 2012
EXPRESSION DRAMATIQUE THÉÂTRALE
Option facultative
« Ah je ne sais ou j’en suis, le comte m’aime j’ai dit qu’il ne me déplaisait pas , mais ou ai-je
donc étais chercher tous cela ? »
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Sommaire
Introduction (page 2)
I.
Mon expérience dans le monde du théâtre :
1. Ma première année : Jouer Marivaux (page 3)
2. Ma deuxième année : L’’expérience du vaudeville (page 7)
II.
Mon expérience comme spectateur
1. Le Roi Cymbeline, de Shakespeare, mise en scène d’Hélène Cinque au
Théâtre du Soleil (page 12)
2. La Trilogie de la Villégiature de Carlo Goldoni, mise en scène d’Alain
Françon à la Comédie Française, théâtre éphémère (page 14);
3. Le Dindon, une comédie de Georges Feydeau, mise en scène de Philippe
Adrien au Théâtre de la Tempête (page 16);
4. Rencontre avec une comédienne jouant dans Lignes de faille, d’après le
roman de Nancy Huston, jouée au Nouveau Théâtre de Montreuil (page 18)
.
Conclusion (page 20)
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Introduction
Il y a trois ans de cela, en seconde, j’ai rejoint une classe à projet, le thème était
« L’égalité entre les femmes et les hommes », je jouais un mannequin posant pour une
grande marque et un homme était posé au-dessus de moi, j’étais comme dominée !
Jouer ce personnage était assez intéressant : cela m’a ouvert les yeux sur les images
circulant dans la société et puis ça m’a rappelé mes années de théâtre en primaire,
années qui m’avait déjà fait découvrir ce qu’était que le théâtre! Mes camarades et moi
avons même représenté ce projet à un concours des Olympes de la Parole, concours
national avec dont le thème était « L’image des femmes dans les médias » et dont nous
avons été un des lauréats.
Le théâtre n’était pas pour moi une grande passion, mais quand j’ai fait la
représentation devant un public j’ai pris un réel plaisir à jouer, les mains et la voix
tremblantes, et les applaudissements mérités après des mois de travail m’ont vraiment
ému. Mais là ce qui était différent c’est que, outre le fait que j’apportais du plaisir aux
spectateurs.
En juin de la même année, je suis partie à la représentation théâtrale de mon
lycée, ou était joué L’opéra de quat’sous de Brecht. J’avais vraiment apprécié, le décor,
les costumes, les acteurs que je connaissais mais sur scène je ne les voyais pas comme
mes camarades de classe mais comme les mendiants, Mac, Tiger Brown ou encore la
maitresse de Mac ! En les voyant sur scène je me suis dit : Pourquoi pas moi ? Et voilà
comment j’ai rejoint la troupe du lycée Condorcet ! Je me suis dit aussi que ça allait
m’aider à travailler mon expression, surtout face au bac de Français qui allait arriver.
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I.
Mon expérience dans le monde du théâtre
1°) Première année : Jouer Marivaux
J’ai intégré la troupe du lycée il y a maintenant deux ans, lors de ma première
année le thème était la surprise de l’amour avec comme pièces d’appui La seconde
surprise de l’amour de Marivaux et Ils vécurent heureux et eurent beaucoup… de Dorin.
La metteur en scène Joséphine Sourdel voulait nous confronter à de la tragi-comédie du
XVIIIème siècle et de la comédie contemporaine. Deux professeurs de français Sylvie
Fayolle et Françoise Frauziol nous ont accompagnés, soutenus et nous ont fait partager
leur passion du théâtre cette année-là.
A première vue je n’avais pas cette image du théâtre, je me disais mais comment
vont-elles faire pour pouvoir mettre en lien deux pièces tout à fait opposées ? Comment
les gens vont-ils comprendre ? Et puis trouver mon personnage n’a pas été facile, j’ai dû
tester plusieurs personnages avant de trouver le rôle qui me convenait : la Marquise de
Marivaux.
Que racontent La seconde surprise de l’amour et les scènes que je joue?
La Marquise est une jeune veuve qui vient de perdre son défunt mari un mois
après leur mariage et elle ne fait que le pleurer même si Lisette sa suivante tente de la
consoler en lui changeant les idées. Puis celle-ci rencontre le Chevalier, lui aussi déçu par
l’amour car sa bien-aimée vient de se retirer dans un couvent. Les deux s’aiment mais
définissent leur sentiment comme de l’amitié. Devant cet amour naissant, Lubin, valet du
Chevalier, et Lisette vont tout faire au début pour séparer la Marquise et le Chevalier,
pour ne pas les voir souffrir de nouveau, mais à la fin les voyant détruits l’un sans l’autre,
ils les remettront ensemble.
Le rôle de Marquise n’a pas été facile à cerner comme à jouer car tout au long de
la pièce les sentiments de la Marquise évoluent ; elle les ignore, se les cache, fait des
introspections. Je pense que pour jouer ce genre de rôle il faut déjà avoir un passé et de
l’expérience avec l’amour, ce qui n’était pas mon cas ! Et une des particularités de
Marivaux est de jouer, extérioriser un sentiment tout en ressentant un sentiment opposé
au fond de soi. Je jouais exactement ce genre de scène.
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Dans la scène que j’interprétais, la Marquise rencontre le chevalier qui vient juste
de quitter le Comte voulant épouser la Marquise. Elle lui demande son aide, à lui, qui se
qualifie comme l’un de ses amis proches. La marquise cherchant à savoir de quoi les
deux discutaient , le Chevalier en profite pour lui faire comprendre qu’il ne possède
aucuns sentiment d’amitié pour elle et lui avoue qu’il va se marier avec une femme riche
et qu’elle devrait faire de même en épousant le Comte. La Marquise éperdue par ces
propos, bouleversée intérieurement ne fait rien apparaître sur son visage et dit
fièrement au Chevalier qu’elle comptait épouser le Comte. Celui-ci, caché, a suivi toute la
scène, face à l’aveu de la Marquise il ne peut cacher sa joie et toute sa compassion envers
elle. Puis vient la scène de l’introspection de la Marquise , elle tourne en rond la
situation, se remet en question , se demande ce qui se passe, le Chevalier lui avait dit
juste avant qu’ils étaient amis et maintenant il affirme qu’il ne possède aucun sentiment
à son égard !
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Tout au long de ces scènes, l’expression de mon visage changeait : je devais être
joyeuse lorsque je retrouvais le Chevalier, ensuite détruite de l’intérieur lorsqu’il avoue
son mariage mais ne rien laisser paraître sur mon visage. Lorsque le Comte arrive, je me
sens moins bien, et enfin dans mon monologue je me lâche, j’extériorise ma peur, ma
tristesse, ma colère. En trois
scènes, je jouais tous les critères du Marivaux. Les
répétitions ont été difficiles avec mon partenaire puisque nous jouions le sentiment de
l’amour passionné, un sentiment non partagé réellement, mais après tout c’est ça le
théâtre !
Pour faciliter le jeu entre nos partenaires et nous-mêmes, la metteure en scène
mettait en place plusieurs exercices impliquant le corps et pour cela il fallait d’abord
connaître et accepter son propre corps. Pour ce faire, on se mettait par exemple en rond
et l’un après l’autre on passait entre nos partenaires qui nous tiraient pour accompagner
nos mouvements. Je trouve que ce genre d’exercice a réussi à plus nous rapprocher,
nous connaître et nous faire confiance les uns les autres.
Ma première représentation est juste inoubliable : on a juste envie de fuir mais
on se dit qu’on est obligé de rester pour nos partenaires avant tout car le théâtre est un
travail d’équipe. Et voilà, on se retrouve devant un public qu’on ne voit pas mais qu’on
entend et ressent. J’avais l’impression que le public me donnait la force de donner le
meilleur de moi-même sur scène. Les rires font plaisir, on se dit : voilà mon travail paye !
J’étais tellement dans mon jeu que j’ai même oublié quelques répliques sur scène , mais
mon partenaire m’a aidé à continuer, sans que personne ne s’en aperçoive. La
représentation terminée, je me suis dit : Plus de peur que de mal ! car au fond ça a été
une très belle expérience pour moi.
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2°) Ma deuxième année : l’expérience du vaudeville
En cette nouvelle année théâtrale une nouvelle metteure en scène a intégré
l’équipe de l’atelier, Sophie Perrimond. Elle m’a tout de suite plu du fait de son énergie,
sa bonne humeur et de sa joie à enseigner le théâtre.
Nous avons donc choisi de jouer un vaudeville, en combinant trois extraits de
pièces : « Sigismond », scène première scène de Courteline dans Le Miroir Concave) , La
fille bien gardée, de Labiche et Toto d’après Feydeau.
La première année était dirigée par Joséphine Sourdel, j’avais donc « adopté son
style » et m’étais habituée à son jeu, ses exercices (qui ne sont pas si différents de ceux
de Sophie). Cette année Sophie mise sur la comédie, un vaudeville familial avec comme
thème « Ah c’t enfant, c’t enfant », style tout à fait opposé à celui de Marivaux. Mais je
savais qu’avec la troupe, nous allions nous amuser, rire et une troupe soudée se fait
ressentir sur scène. J’ai eu plus de mal à choisir un personnage mais contrairement à
l’an dernier c’est parce que plusieurs personnages me plaisaient : la servante ou la
baronne, mais je me reconnaissais plus à travers la mère de Sigismond, Mme Poivert, car
j’ai ce petit côté maternel qui m’a rapproché de ce personnage.
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Le problème est que ce personnage ne représente pas la mère modèle,
attentionnée, qui montre tout l’amour qu’elle a pour son enfant, au contraire, cette
femme est toujours sur le dos de son fils, qui ne doit faire aucun faux-pas devant elle.
Cette femme joue son rôle de mère mais a aussi ce côté paternel qui veut voir son enfant
devenir un « homme ». Un homme qui doit rester à ses côtés et ne doit en aucun cas
l’oublier pour une autre femme. Mme Poivert pense tout connaître de son enfant, des
petites pensées jusqu’aux maux qu’il ressent.
Ce que raconte la scène ? Mme Poivert et son fils se rendent à la soirée d’une des
meilleures amies de la mère : celle-ci veut qu’il soit présentable et lui apprend les
bonnes manières sur le trajet. Cette mère est imposante, très présente sur scène, avec un
caractère fort.
Avec une nouvelle metteure en scène et de nouveaux membres dans la troupe on
a du faire des exercices qui nous ont aidés à faire connaissance, à mettre en confiance les
nouveaux comme les anciens. On travaillait beaucoup l’écoute du partenaire, l’attention
et la complicité, comme dans cet exercice où quelqu’un commence un mouvement et une
personne doit venir s’y intégrer pour constituer à la fin un tableau vivant. Exercice
complexe mais qui a mené à de jolis tableaux.
Cette année nous jouons dans une nouvelle salle, celle du Nouveau théâtre de
Montreuil qui est vraiment plus grande et impressionnante que celle de Maria Casarès .
On a donc beaucoup travaillé la voix pour se faire entendre par tout le public, mais aussi
les déplacements pour bien occuper cette grande scène.
Faire rire le public pour moi est un des premiers objectifs car une comédie où le
public ne rit pas n’est pas une comédie à mes yeux.
Je me devais encore plus de travailler sur ma voix car je hausse beaucoup le ton
dans mes scènes, c’est difficile de ne pas faire redescendre la voix et de pouvoir rester
avec une voix constante pour ne pas faire retomber mon jeu.
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Au début on riait de notre propre jeu, la première approche du jeu a été vraiment amusante,
les mises en scènes, le changement de répliques pour avoir des jeux de mots, on s’amusait
vraiment mais il fallait tout de même rester concentrés et sérieux, ce qu’on a acquis au cours
des répétitions.
Une réelle complicité s’est installée avec mon partenaire, une complicité qu’on doit faire
ressentir au public pour qu’ils apprécient notre jeu.
Le rôle de Mme Poivert diffère totalement de La Marquise dans Marivaux, le jeu est
vraiment différent : avec Marivaux, je me devais de cacher mes sentiments tout en essayant
de les extérioriser, ce qui est tout le contraire avec Mme Poivert où je dois vraiment
exprimer mes sentiments et même les exagérer.
Ça n’a pas été facile pour tout le monde de jouer de la comédie, et j’en fais partie !
Je n’ai pas tout de suite adopté le comportement de Mme Poivert, j’étais encore « trop
gentille » avec mon fils Sigismond, le côté Massira ressortait encore dans mon
personnage. Pour m’en détacher je me suis inspirée de vidéos comme
Cette année, nous jouons plus tôt que l’an dernier, le travail, les répétitions sont
donc plus intenses, on doit s’approprier notre personnage plus vite. Mon texte étant plus
compréhensible que l’an dernier, le jeu de mon personnage est plus facile à cerner…
mais que donneront les représentations qui auront lieu les 23 et 25 mai ?
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Mme Poivert : Il n’y a pas de plus beaux spectacles que celui d’une mère et d’un fils unis par
les liens …de la tendresse
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II.
Mon expérience de spectateur
Voir des pièces de théâtre avant de jouer sur scène est très important, tout d’abord
pour voir comment les professionnels jouent : regarder avec attention leur geste, leur
travail corporel, leur vocalisation ; comment ils occupent l’espace de la scène, comment
dès leur entrée sur scène ils tissent un lien avec le public… Les comédiens sont une sorte
d’inspiration pour moi, je leur « pique » leur jeu, même si je n’arrive pas à leur
niveau. Juste en regardant une pièce je vois tout le travail qu’il me reste à faire avant
d’arriver à un bon niveau avant ma représentation. Le théâtre ne se construit pas juste
grâce aux comédiens, au contraire, il convient de mêler les points de vue qui le
constituent : les spectateurs, les metteurs en scène, les acteurs, les auteurs et même les
lecteurs. Et le fait d’être cette fois à la place du spectateur qu’à celle de l’acteur fait
toujours plaisir !
1. Le Roi Cymbeline, de William Shakespeare :
Début avril, nous voilà présents dans la salle de répétitions du théâtre du Soleil à
la Cartoucherie, Cartoucherie qui m’est familière, mais je ne connaissais pas cette salle.
Je voulais vraiment aller voir ce spectacle, c’est la première fois que je vais voir un
Shakespeare et je ne l’ai pas regretté du tout !
La troupe que dirige Hélène Cinque est constituée d’incroyables comédiens,
Emmanuelle Bourdier, Paolo Crocco, Nicolas Fantoli, Pierre Ficheux, Christina Galstian,
Charles Gonon.
La pièce est une tragi-comédie du grand William Shakespeare. Ce conte m’était
inconnu Contrairement à ce que le titre indique, ce n’sont pas le roi Cymbeline qui est le
personnage principal dans cette mise en scène, mais sa fille, Imogène. Au début, cela m’a
étonné, mais j’ai compris pourquoi à la fin car elle construit toute la pièce, passe de la
femme qui pleure son fiancé à une femme forte et guerrière s’aventurant dans la forêt.
Une femme honnête qui ne cède pas à la tentation et reste fidèle à son fiancé exilé pour
l’Italie. Shakespeare glorifie vraiment l’image de la femme franchissant plusieurs
barrières pour atteindre une fin heureuse. Des domestiques vraiment présents pour leur
maître pour qu’ils puissent vivre leur amour, des personnages honnêtes, de qui je me
suis sentie proche, tous ont réussi à me mettre « dans leur poche » ! Leur présence sur
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scène m’a vraiment bluffé, j’ai toujours admiré les comédiens qui jouaient plusieurs rôles,
comme ici avec, Florian Wersterhoff qui passe du gentil et attentionné Postumus au
mauvais et méchant Clotène. Au départ, je n’avais même pas remarqué que c’était la
même personne face à moi, être capable de mettre une barrière entre différents
personnages dans une même pièce est un travail qui à mon avis est acquis grâce à
l’expérience du comédien et un travail intense. La metteure en scène a vraiment réussi à
intégrer des personnages de contes connus comme la sorcière de Blanche neige, l’amour
passionnel de « Roméo et Juliette » , Merlin l’enchanteur …On est même passé par des
moments de comédie musicale, un décor et des lumières magnifiques qui nous mettaient
dans des atmosphères inquiétantes. Dans la deuxième partie, j’ai trouvé que la terre
imprimait toute l’histoire de la pièce, surtout au moment de la guerre, toute cette
poussière, un obstacle pour les combattants, mais en même temps une protection. On s’y
croyait vraiment, j’étais comme envoutée.
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2. La Trilogie de la Villégiature, de Carlo Goldoni :
L’an dernier, la troupe a eu le privilège de visiter la Comédie Française, des
coulisses en passant par les salles où l’on dessine et crée les costumes. Nous avons
même visité la salle Richelieu où est gardé le buste et le siège de Molière, emblème de la
Comédie Française.
C’est donc avec plaisir que je suis allée assister à La Trilogie de la Villégiature à la
Comédie Française, qui plus est, au Théâtre Ephémère. Cette pièce de Carlo Goldoni est
présentée dans son intégralité, en trois pièces et trois temps. La troupe est constituée
d’Anne Kessler dans le rôle de Vittoria, Eric Ruf dans Paolo, Bruno Raffaelli dans
Fulgenzio, Florence Viala dans Costanza et pleins d’autres. Une jolie troupe où les
comédiens tiennent leur rôle pendant plus de trois heures de jeu.
Carlo Goldoni nous représente une bourgeoisie qui ne pense qu’aux vacances à la
campagne pour pouvoir impressionner ses voisins. Les jeunes filles qui dépendent
encore de leurs parents ne pensent qu’aux derniers vêtements à la mode qu’elles
doivent forcément avoir pour impressionner leur entourage. La pièce m’a assez déçue
car il n’y a pas beaucoup d’action, les personnages après leur magnifique virée à la
campagne reviennent en ville endettés à tous les coins de rue chez le marchand, le
couturier, des factures impayées : là est le sujet principal de la première pièce.
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Le jeu des domestiques était très présent et a construit les trois pièces. Ils m’ont
fait penser aux domestiques dans Molière, qui se moquent de leur maître et vivent
l’aventure d’une manière tout à fait différente que celle de leur maître. Au bout de trois
heures je me suis lassée, j’avais l’impression que leur jeu retombait ou je commençais à
être fatiguée. Mais Paolo était présent pour me réveiller et me faire rire. Les comédiens
ont quand même réussi à faire un magnifique spectacle en trois heures, mais avec des
coupures de scènes un peu crûes par où était obligé de passer le metteur en scène Alain
Françon. Les costumes et les décors étaient magnifiques, les décors très travaillés : à
chaque changement, on avait vraiment l’impression de changer de lieu, on passait de la
ville, à la campagne et vice-versa !
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3. Le Dindon, une comédie de Georges Feydeau de 1896.
Le jeudi 6 octobre 2011, je suis allée voir Le Dindon, une comédie de Jean Pierre
Feydeau de 1896, mise en scène par Phillipe Adrien au Théâtre de la Tempête. Il était
important pour moi d’aller voir cette pièce puisque c’est du Feydeau et qu’on en joue
cette année. Nous avons rencontré là une magnifique troupe qui amusait et s’amusait sur
scène.
Au XIXème siècle, on utilisait l’expression de « folivaudeville » pour désigner les
pièces ou l’imagination de l’auteur se déployait avec le plus de liberté. Ce genre de pièces
était très mal perçu en ce temps, mais aujourd’hui ces folies sont comprises. Les
personnages sont certes comiques mais au fond on se sent proches d’eux par leurs
défauts, leur manies, leur comportement face à la tentation.
Citation de Feydeau : Moi je trouve qu’on doit avoir les mêmes égards pour sa maîtresse
que pour sa légitime. Par conséquent, je la trompe !
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Le Dindon montre la société vivant dans l’adultère, le sexe, le mensonge. Des femmes
promettent à leur mari de se procurer un amant, si elles sont trompées. Les hommes
tentent de ne pas céder à la tentation même si elle rôde toujours. Les femmes ne
recherchent que la vengeance auprès de leur possible amant.
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J’ai trouvé les comédiens vraiment professionnels (car à leur place je ne pourrais
m’empêcher de rire !), on voyait qu’ils s’amusaient sur scène et ils l’ont partagé avec le
public.
Une anglaise qui menace son amant de se suicider s’il ne couche pas avec elle, un
Londonien à l’accent marseillais : le metteur en scène, Phillipe Adrien, a réussi à intégrer
ces petits détails qui font rire et amusent le public. On ne cesse de rire, à aucun moment
je ne me suis ennuyée.
La mise en scène était quand même risquée : un sol qui tourne, des chorégraphies
amusantes qui sont même d’actualité (hymne national de rugby). On aurait pu trouver
l’humour lourd à la longue mais le metteur en scène a réussi à combiner plusieurs
péripéties et des détails qui font que les personnages ne se rencontrent jamais
(plusieurs portes étaient présentes sur scène).. Les situations s’emmêlent, les actions
s’enchaînent toujours aussi comiques. Je veux vraiment que la troupe arrive à ce genre
de résultat, s’amuser sur scène tout en faisant rire le public.
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4. Rencontre avec une comédienne jouant dans Lignes de faille:
Au cours de l’année, nous avons rencontré plusieurs personnes travaillant dans
l’univers du théâtre, techniciens, comédiens ou metteurs en scène. Je me souviens
particulièrement de Catherine Pietri, venue nous rendre visite avant une représentation
de Lignes de faille au Nouveau Théâtre de Montreuil, mise en scène par Catherine
Marnas. Nous l’avons interrogée.
Comment elle en est venue au métier de comédien - Elle a toujours voulu faire du
théâtre : dès 7 ans elle a commencé avec un atelier théâtral. En 6ème sa mère lui a
trouvé un professeur de théâtre et elle ne s’est plus arrêtée, elle a fait un bout de chemin
pour ensuite intégrer le Centre américain à Paris. Il y avait des cours de chant, de danse,
d’expression, de respiration, une formation très complète. Ensuite en troisième année
les élèves montaient des représentations qu’ils montraient à la fin de l’année.
Son point de vue sur le métier - Elle nous a quand même avoué que le métier de
comédien est assez difficile. Quand le métier « marche », c’est formidable car on est face
à des émotions intenses, des superlatifs, mais lorsqu’il y a un creux, ça devient
angoissant, notre entourage est inquiet, on vit au SMIG. Donc pour faire ce métier, il faut
vraiment être passionné car on peut avoir pleins de moment de doute et de
découragement. C’est un métier aléatoire qui est de plus en plus en danger.
Elle voit dans son milieu apparaître de plus en plus de femmes qui deviennent
metteures en scène, «une nouvelle génération de femmes se lève pour écrire pour les
femmes comme pour les hommes.».
Un des derniers conseils qu’elle nous a prodigués : le plus important, c’est de
comprendre ce qu’on joue pour pouvoir le partager avec le public.
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Conclusion :
Le théâtre m’a beaucoup appris, être comédien c’est comme être un danseur, il
faut entraîner son corps, et surtout le connaître de tous les côtés possibles. C’est ce que
je pense avoir acquis grâce à Grandir sur scène. J’arrive maintenant à prendre des
risques, imaginer et explorer mon propre jeu. Cela a changé par rapport à mon entrée
dans la troupe : la metteure en scène devait me guider en montrant ce que je devais
faire, quel jeu je devais adopter.
Et puis ces années m’ont fait explorer la dramaturgie et différents genres : la
tragi-comédie, la comédie, le contemporain. Je trouve le travail de comédien très
physique : respirer, hausser la voix, être présent sur scène. Aux répétitions, on se devait
de toujours avoir la forme ce qui n’était pas toujours le cas. Les journées de répétitions
ont été très importantes car on ne travaillait que les vendredis en fin de journée.
Grâce à l’atelier théâtre, j’ai découvert plusieurs lieux, la salle Maria Casarès ou
j’ai fait mon premier spectacle, cette salle signifie donc beaucoup pour moi, on y passait
une semaine entière, on avait nos repères. On a eu aussi le privilège de répéter à Paris au
CNSAD, école de théâtre prestigieuse à mes yeux.
Je me rappelle ce moment inoubliable quelques minutes avant la première
représentation où nous nous sommes tous tenus la main et avons révélé ce que le
théâtre nous apportait. C’est donc avec nostalgie que je quitte cette salle mais j’aborde
avec joie le Nouveau Théâtre de Montreuil.
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