Université Sidi Mohamed Ben Abdellah Faculté de médecine et de pharmacie de Fès DOYEN HONORAIRE Pr. MAAOUNI ABDELAZIZ. ADMINISTRATION Doyen Pr. MY HASSAN FARIH Vice doyen chargé des affaires pédagogiques Pr. EL AMINE EL ALAMI MOHAMED NOUREDDINE Vice doyen chargé de la recherche Pr. BELAHSEN MOHAMMED FAOUZI Secrétaire général Pr. LAHRICHI ANISSA Liste des enseignants Professeurs de l’enseignement supérieur AIT TALEB KHALID Chirurgie Générale AMARTI RIFFI AFAF Anatomie pathologique AMEZIANE LOTFI Traumatologie-orthopédie BANANI ABDELAZIZ Gynécologie Obstétrique BENJELLOUN MOHAMED CHAKIB Pneumo-phtisiologie BOUHARROU ABDELHAK Pédiatrie CHAKOUR KHALID Anatomie CHAOUI EL FAIZ MOHAMMED Neurochirurgie CHERKAOUI MALKI MOHAMMED Radiologie EL ALAMI EL AMINE MOHAMED NOUR-DINE ORL FARIH MOULAY HASSAN Urologie HIDA MOUSTAPHA Pédiatrie IBRAHIMI SIDI ADIL Gastro-entérologie KANJAA NABIL Anesthésie réanimation MELHOUF MY ABDELILAH Gynécologie Obstétrique NEJJARI CHAKIB Epidémiologie clinique TAHRI HICHAM Ophtalmologie ZTOT SAMIR Cardiologie Professeurs agrégés AKOUDAD HAFID Cardiologie ATMANI SAMIR Pédiatrie BELAHSEN MOHAMMED FAOUZI Neurologie BONO WAFAA Médecine interne BOUABDALLAH YOUSSEF Chirurgie pédiatrique BOUGUERN HAKIMA Gynécologie Obstétrique BOUTAYEB FAWZI Traumatologie-orthopédie CHAARA HEKMAT Gynécologie Obstétrique EL ABKARI MOHAMMED Gastro-entérologie EL BIAZE MOHAMMED Pneumo-phtisiologie EL FASSI MOHAMMED JAMAL Urologie ELMRINI ABDELMAJID Traumatologie-orthopédie HARANDOU MUSTAPHA Anesthésie réanimation KHATOUF MOHAMMED Anesthésie réanimation MAZAZ KHALID Chirurgie Générale MERNISSI FATIMA ZAHRA Dermatologie OUDIDI ABDELLATIF ORL TIZNITI SIHAM Radiologie Professeurs assistants AFIFI MY ABDRRAHMAN Chirurgie pédiatrique AJDI FARIDA Endocrinologie et maladies métaboliques AMARA BOUCHRA Pneumo-phtisiologie AMRANI HASSANI MONCEF Hématologie Biologique BENAJAH DAFR-ALLAH Gastro-entérologie BENNANI BAHIA Microbiologie BOUARHROUM ABDELLATIF Chirurgie Vasculaire Périphérique BOUCHIKHI CHEHRAZED Gynécologie Obstétrique BOUJRAF SAID Biophysique CHABIR RACHIDA Physiologie CHAOUKI SANA Pédiatrie CHIKRI MOHAMED Biochimie DAOUDI ABDELKRIM Anatomie EL ARQAM LARBI Pédiatrie EL MESBAHI OMAR Oncologie médicale EL RHAZI KARIMA Médecine communotaire ER-RASFA MOURAD Pharmacologie FILALI ANSARY NADIA Médecine interne HARMOUCH TAOUFIQ Histologie embryologie cyto génétique HARZY TAOUFIK Rhumatologie HASSOUNI KHALID Radiothérapie LAHLOU IKRAM Cardiologie LAHRICHI ANISSA Chimie LOUCHI ABDELLATIF Chirurgie Générale MESSOUAK OUAFAE Neurologie MIKOU OUAFAE Dermatologie MUSTAPHA MAHMOUD Microbiologie OUSADDEN ABDELMALEK Chirurgie Générale RAMMOUZ ISMAIL Psychiatrie SQALLI HOUSSAINI NADIA Radiologie SQALLI HOUSSAINI TARIQ Néphrologie ZANATI KAOUTAR Anatomie Pathologique Enseignants missionnaires F. FERNET Médecine du travail L. DUBOURG Physiologie M. LHERITIER Histologie P. BRINGUIER Biologie Cellulaire Y. ROSSETTI Physiologie F. TARGE Embryologie F. DE MONBRISON Parasitologie G. BRICCA Pharmacologie J. GAUTHEY Français Médical L. BENALI Médecine légale M. MARIE-CARDINE Psychologie Médicale R. ITTI Biophysique S. TIGAUD Microbiologie Bactériologie J. TROUILLAS Embryologie Y. MOREL Biochimie Je dédie cette thèse… A mes chers parents : Que cette thèse vous traduise ma profonde affection et ma reconnaissance pour tout ce que vous avez fait pour moi. Qu’ALLAH vous procure santé et longue vie. A mon mari bien aimé : Aucun mot ne pourrait exprimer mon amour, ma gratitude et mon respect. Je remercie le bon Dieu chaque jour d’avoir croisé nos chemins. A mon cher frère : Avec mes souhaits de bonheur et de réussite dans tous les domaines de la vie, ainsi que ta femme et le petit coucou Mohammed. A ma belle famille famille : Avec toute mon affection et mes meilleurs souhaits de santé et de bonheur. A la mémoire de mes beaux parents : Que Dieu les bénisse. A mes grandsgrands-mères :Qu’Allah vous procure santé et longue vie. A la mémoire de mes grandsgrands-pères. : Que Dieu les bénisse. A mes oncles et leurs femmes. A mes tantes et leurs maris. A mes cousins et cousines. A tous tous mes amis et mes collègues. A tous ceux que j’ai omis de citer. Asmae REMERCIEMENTS A notre maître et président de thèse : Professeur Kanjaa Nabil : professeur d’anesthésie réanimation Vous nous faites un grand honneur de présider notre jury de thèse. Qu’il nous soit permis de vous exprimer notre gratitude, notre respect et notre profonde admiration pour vos grandes qualités à la fois humaines et professionnelles. A notre maître et rapporteur de thèse : Monsieur le Professeur Harandou Mustapha : professeur agrégé d’anesthésie réanimation réanimation En remerciement de la confiance que vous nous avez témoignée en nous proposant le sujet de notre thèse. Tout au long de son élaboration, vous nous avez prodigué avec dextérité et bienveillance les conseils et orientation primordiaux, mais aussi fait profiter de vos vastes connaissances et compétences. Que cette thèse soit le témoignage de notre respect et de notre admiration, mais aussi de notre reconnaissance et gratitude envers votre soutien jamais démenti et votre disponibilité à toute épreuve. A notre maître et juge de thèse : Professuer Amarti Rifi Afaf : professeur d’anatomie pathologique Vous nous avez honoré par votre présence dans notre jury de thèse. Nous vous prions de recevoir nos chaleureux et respectueux remerciements et notre profond respect. A notre maître et juge de thèse : Professeur Bouharrou Abdelhak : professeur de pédiatrie En acceptant de siéger dans le jury de notre thèse, vous nous faites un grand honneur. Veuillez trouver ici l’expression de notre vive reconnaissance et notre haute considération. A notre maître et juge de thèse : Professeur Khatouf Mohammed : professeur agrégé d’anesthésie réanimation Nous sommes très honorés de vous compter parmi nos juges. Nous vous prions de bien vouloir trouver ici le témoignage de notre reconnaissance et notre haute considération. Liste des abréviations A.baumannii : Acinetobacter baumannii ATB : antibiotique ATCD : antécédent BGN : bacille à Gram négatif BGP : bacille à Gram positif BMR : bactéries multirésistantes CGP : cocci à Gram positif CHU : centre hospitalier universitaire CMI : concentration minimale inhibitrice C1G : céphalosporines de première génération C2G : céphalosporines de deuxième génération C3G : céphalosporines de troisième génération EB : entérobactéries EBRC3G : entérobactéries résistantes aux céphalosporines de troisième génération ECBU : examen cytobactériologique des urines E.coli : Escherichia coli E.coli SBSE : Escherichia coli sécrétrices de bêtalactamases à spectre élargi EPA : effet post antibiotique ESBSE : entérobactéries sécrétrices de bêtalactamases à spectre élargi Genta -R : résistant à la gentamicine Genta -S : sensible à la gentamicine IN : infection nosocomiale IPN : infection pulmonaire nosocomiale IUN : infection urinaire nosocomiale Méti-R : résistant à la méticilline Métis-S : sensible à la méticilline P.aeruginosa : Pseudomonas aeruginosa PDP : Prélèvement distal protégé PN : pneumopathie nosocomiale PNAVM : pneumopathie nosocomiale acquise par ventilation mécanique PNP : pneumopathie précoce PNT : pneumopathie tardive SARM : Staphylococcus aureus résistant à la méticilline S.aureus : Staphylococcus aureus SCN : Staphylocoque à coagulase négative SDRA : syndrome de détresse respiratoire aigu PLAN INTRODUCTION RODUCTIONRODUCTION-GENERALITES………………………………………...……. 1 MATERIEL & METHODES......................................................................... 8 RESULTATS……………………………………………………………………………...…… 9 I/Concernant les prélèvements broncho-pulmonaires :…… 9 II/Concernant les prélèvements rinaires :……………………….….. 12 III/Les différents profils de ensibilité :………………………….…….. 15 IV/Evolution du profil de sensibilité durant les 4 années… 17 DISCUSSION…………………………………………………………………………………. 19 A/EPIDEMIOLOGIE………………………………………..………………………………… 20 I/Infections urinaires osocomiales………………………………………. 20 II/Infections pulmonaires socomiales…………………………………. 23 B/BACTERIOLOGIE…………………………………………………………………………. 26 I/Infections urinaires nosocomiales IUN)……………………………. 26 1. Etiopathogénie………………………………………………………………………… Etiopathogénie 26 1-1 Nature des germes……………………………………………...................... 26 1-2 Origine des germes…………………………………………………………….. 28 1-3 Portes d’entrée………………………………………………………………….. 29 1-4 Facteurs de risque………………………………………………………………. 31 2. Caractéristiques des principaux germes responsables d’IUN……………… d’IUN 33 2-1 E.coli……………………………………………………………………………….. 33 2-2 Klebsiella pneumoniae…………………………………………………………. 35 II/Infections pulmonaires nosocomiales (IPN)……………………. 38 1. Etiopathogénie…………………………………………………………………..…….. 38 Etiopathogénie 1-1 Nature des germes……………………………………………………………... 38 1-2 Origine des germes…………………………………………………………….. 42 1-3 Portes d’entrée…………………………………………………………………... 42 1-4 Facteurs de risque………………………………………………………………. 45 2. Caractéristiques des principaux germes responsables d’IPN………………. 49 d’IPN 2-1 P.aeruginosa……………………………………………………………………… 49 2-2 A.baumannii………………………………………………………………………. 52 C/RESISTANCE BACTERIENNE…………………………….…………………………. 55 I/Epidémiologie de la résistance bactérienne….…………………. 55 II/Mécanismes de la résistance bactérienne………..…………….. 56 1. Modification de la cible de l’ATB………………………………..……………… 56 2. Inactivation enzymatique de l’ATB…………………………..………………… 56 3. Imperméabilité……………………………………………………………………… 57 4. Mécanismes génétiques………………………………………..………………… 57 III/Facteurs de risque…………………………………………...……………….. 58 IV/Conséquences de la résistance bactérienne……...………….. 59 V/Principales résistances bactériennes…………………..………….. 60 1. S.aureus résistant 60 résistant à la méticilline………………………………………………. méticilline 2. Entérobactéries sécrétrices bê bêtalactamases à spectre élargi…..………… élargi 68 3. Résistance d’A.baumannii…………………………………………..…………… d’A.baumannii 74 4. Résistance de P.aeruginosa………………………………………..……………. P.aeruginosa 77 D/ANTIBIOTHERAPIE……………………………………………………….…………….. 80 I/Principales classes d’ATB utilisables en réanimation…….. 80 1. Bêtalactamines……………………………………………………………………… talactamines 80 2. Aminosides………………………………………………….…………………....... Aminosides 84 3. Fluoroquinolones…………………………………………………………………... 87 Fluoroquinolones 4. Glycopeptides………………………………………………………………………. Glycopeptides 88 5. Macrolides…………………………………………………………………………... Macrolides… 92 II/Echec de l’antibiothérapie en réanimation……………………… 93 1. Définition de l’échec………………………………………………………………. l’échec 93 2. Faux échecs…………………………………………………………………………. échecs 93 2-1 Diagnostic initial erroné…………………………………………………………. 94 2-2 Pathologie associée non influencée par le traitement…………………….. 94 2-3 Allergie médicamenteuse……………………………………………………….. 95 3. Causes d’échec…………………………………………………………………...... 96 d’échec 3-1 Echec lié au malade………………………………………………………………. 96 3-2 Echec lié à l’ATB…………………………………………………………………… 97 3-3 Echec lié aux bactéries…………………………………………………………… 101 3-4 Echec lié au site…………………………………………………………………… 103 III/Critères de choix d’un ATB en réanimation…………………… 106 1. Critères bactériologiques………………………………………………………… bactériologiques 106 2. Critères pharmacologiques………………………………………………………. 108 pharmacologiques 3. Choix d’une monothérapie ou association…………………………………… association 110 4. Choix en fonction du germe…………………………………………………..... germe 116 4-1 Choix d’un antistaphylocococcique………………………………………….. 116 4-2 Choix d’un antipseudomonas…………………………………………………. 121 4-3 Choix d’un anti-acinetobacter………………………………………………… 124 5. 4-4 Choix d’un antientérocoque…………………………………………………… 126 4-5 Choix d’un anti-anaérobie…………………………………………………….. 128 Choix en fonction du site………………………………………………………… site 130 5-1 Infections urinaires nosocomiales…………..……………………………… 130 5-2 Infections pulmonaires nosocomiales……………………………………..... 133 E/Quelles solutions ?.................................................................................... 138 I/Optimisation de l’antibiothérapie…………………………………….. 138 1. Bon usage des ATB………………………………………………………………… ATB 138 1-1Politiques de restriction d’utilisation de certains ATB………………….... 140 1-2Rotation des ATB « cycling »……………………………… …………………... 141 2. Monitorage d’une antibiothérapie en réanimation…………………………. réanimation 142 II/Prévention-hygiène…………………………………………………………… 144 1. Mesures générales……………………………………………………................. 144 générales 1-1L’hygiène des mains……………………………………………………………… 144 1-2Le port de gants…………………………………………………………………… 148 2. 1-3L’isolement des malades porteurs de bactéries multirésistantes……… 149 Mesures spécifiques………………………………………………………………. spécifiques 150 2-1 Infections urinaires nosocomiales……………………………………………. 150 2-2 Infections pulmonaires nosocomiales……………………………………..... 152 3. Antibioprophylaxie………………………………………………………………… Antibioprophylaxie 155 CONCLUSION………………………………………………………………………………. 162 RESUME…………………………………………………………………………………………. 163 BIBLIOGRAPHIE 166 …………………………………………………………………………. Cartographie infectieuse en milieu de réanimation INTRODUCTIONINTRODUCTIONGENERALITES 1 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation INTRODUCTION - GENERALITES Une infection est dite nosocomiale si elle apparaît au cours ou à la suite d’une hospitalisation et si elle était absente à l’admission à l’hôpital. Ce critère est applicable à toute infection. [1] Lorsque la situation précise à l’admission n’est pas connue, un délai d’au moins 48heures après l’admission (ou un délai supérieur à la période d’incubation lorsque celle-ci est connue) est communément accepté pour distinguer une infection d’acquisition nosocomiale d’une infection communautaire. [1] Les IN sont particulièrement fréquentes chez les malades hospitalisés en réanimation, comparativement aux autres secteurs de soins. Cette situation expose les malades et leurs proches à une incompréhension vis -à- vis du risque et de la survenue d’une infection, alors que le besoin et la demande d’information du public sont importants et vont croissant. [2] Par définition, les unités de réanimation, quelle que soit leur éventuelle orientation spécifique (chirurgicale,médicale ou mixte), hébergent des malades dont la survie est menacée par la survenue brutale d’une ou plusieurs défaillances de fonctions essentielles à la vie (défaillance respiratoire,cardiaque,rénale…).Ces défaillances sont provoquées par la survenue d’une affection aigue grave, d’un traumatisme, mettant en jeu le pronostic vital à court terme, mais aussi par l’aggravation d’une affection chronique,et souvent l’intrication des 2 phénomènes.[2] La caractéristique principale des IN observées en réanimation est d’être directement ou indirectement associées aux techniques de suppléance invasives utilisées pour pallier une défaillance vitale, qui nécessitent le plus souvent la mise en place de dispositifs invasifs tels que cathéters, sondes…) et ont pour 2 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation conséquence de court-circuiter les moyens de défense de 1ère ligne que sont la peau, les muqueuses et les sphincters [2] : • La ventilation artificielle par l’intermédiaire d’un tube endotrachéal courtcircuite les défenses de la sphère ORL ; cette technique nécessite souvent un coma thérapeutique ou au moins une sédation qui s’apparente parfois à une anesthésie générale et diminue, voire abolit les réflexes et la toux. • Le sondage urinaire qui court-circuite le sphincter vésical et l’urètre. Les 4 sites d’infection les plus fréquemment concernés sont, par ordre décroissant, le site respiratoire, les infections urinaires, les bactériémies et les infections du site opératoire. La proportion relative de ces infections varie suivant l’activité principale de l’unité. [2] Les définitions des différentes IN sont standardisées selon « 100 recommandations pour la surveillance et la prévention des IN » [1]. Pour les 2 IN les plus fréquemment rencontrées : • IN respiratoires : [3] -une radiographie pulmonaire en faveur d’une pneumopathie ; un des éléments suivants : une température>38°C, une leucopénie (<4000/mm3) ou une hyperleucocytose (>12000/mm3) -un des signes suivants : apparition de sécrétions purulentes ou modification des caractéristiques, toux ou dyspnée ou tachycardie, auscultation évocatrice, désaturation ou besoins accrus en oxygène ou en assistance respiratoire ; -et un des éléments suivants : *examen bactériologique protégé avec numération des germes avec un seuil à 104 UFC/ml en cas de lavage bronchoalvéolaire, ou 103UFC/ml en cas de brosse de Wimberley ou prélèvement distal protégé ; 3 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation *examen bactériologique non protégé avec numération des germes avec un seuil quantitatif à 106UFC/ml *ou un des éléments suivants : hémoculture ou culture du liquide pleural positive, évidence histopathologique de pneumopathie ou culture de germes spécifiques. (8) • IN urinaires : [1] *Bactériurie asymptomatique : -Une uroculture quantitative positive (≥105 micro-organismes/ml), si le patient a été sondé (sondage vésical à demeure) au cours de la semaine précédant le prélèvement. -En absence de sondage, 2 urocultures quantitatives consécutives positives (≥105 micro-organismes/ml) au(x) même(s) micro-organisme(s) sans qu’il y ait plus de 2 germes isolés. * Bactériurie symptomatique (chez un patient sondé ou non) : -fièvre (>38°C) sans autre localisation infectieuse et/ou envie impérieuse et /ou dysurie et/ou pollakiurie et /ou tension sus pubienne. -Et une uroculture positive (≥105 micro-organismes/ml) sans qu’il y ait plus de 2 espèces microbiennes isolées, ou une uroculture positive (≥103 micro- organismes/ml) avec leucocyturie≥104 leucocytes/ml. La surveillance des IN en réanimation permet de quantifier le risque infectieux et l’évolution de la résistance bactérienne aux antibiotiques, d’en suivre l’évolution et identifier des axes de prévention [4]. Ceci est important vue que les IN représentent un véritable problème de santé publique avec des conséquences considérables tant sur le plan individuel que sur le plan économique. Leur surveillance est devenue, au cours de ces dernières décennies, un élément essentiel de tout programme de lutte contre ces infections. 4 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Elle permet l’identification des patients susceptibles de développer une IN .De plus, les données de surveillance peuvent détecter des changements importants dans le temps et fournir des informations sur certaines pratiques comme l’utilisation des antibiotiques. En outre, la surveillance a montré son efficacité dans la réduction des taux d’infection [5]. Par ailleurs l’émergence de souches multirésistantes telles que Acinetobacter baumannii, posent de véritables problèmes thérapeutiques, dont il faut essayer de proposer quelques solutions, afin de faire face à leur progression et leur extension. Les enquêtes de prévalence, malgré certaines limites, ont l’avantage de produire des données épidémiologiques et permettent de mesurer le risque infectieux nosocomial que ce soit au niveau d’un établissement ou à une plus grande échelle. La répétition de ces enquêtes de prévalence à intervalle régulier, permet de mesurer les tendances séculaires et d’évaluer ainsi l’impact global d’une politique de prévention, à condition de prendre en compte les indicateurs de risque des patients [6]. Au Maroc, bien qu’il n’existe pas encore de réglementation nationale exigeant la déclaration de tous les cas d’IN, la lutte contre ces infections a commencé à susciter l’intérêt au cours de ces dernières années et certains hôpitaux ont développé leur propre programme. Ainsi une 1ère enquête nationale sur les IN a été menée en 1994 et a révélé un taux de prévalence de 14%. [5] Une étude sur les IN, réalisée au CHU Hassan II de Fès, a révélé une prévalence de 6,7%. Les principaux micro-organismes isolés étaient E.coli, Klebsiella pneumoniae et Candida albicans. [5] 5 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Notre travail, intitulé « cartographie infectieuse en milieu de réanimation », analyse dans sa partie pratique l’épidémiologie de 2 types d’IN pulmonaire et urinaire dans le service de réanimation polyvalente du CHU Hassan II de Fès sur une période de 04 ans (2004-2007). Son intérêt est : • Etablir le profil épidémiologique des IN en milieu de réanimation. • Suivre l’écologie bactérienne et la résistance aux antibiotiques. • Insister sur les règles et les bases de prescription de l’antibiothérapie en milieu de réanimation. 6 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation MATERIEL, METHODES & RESULTATS 7 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation MATERIEL ET METHODES L’étude s’est déroulée sur une période de 4 ans, allant de Janvier 2004 à Décembre 2007. Nous avons recueilli l’ensemble des examens bactériologiques effectués au cours de cette période, et ceci au niveau de 2 sites : urinaires et bronchopulmonaires. Les examens cytobactériologiques (ECBU) sont prélevés chez des patients sondés, après clampage de la sonde urinaire et ponction à la seringue. Les prélèvements broncho-pulmonaires sont effectués de 2 façons : • Soit par étude du liquide pleural. • Soit par le prélèvement distal protégé chez les patients intubés. Ensuite, nous avons étudié les différents antibiogrammes afin de suivre l’évolution de la sensibilité des différents germes isolés sur les 4 ans et d’en déduire l’évolution des résistances 8 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation RESULTATS I/Concernant les prélèvements bronchobroncho-pulmonaires : 203 résultats sont recensés sur les 4 ans, dont 18 en 2004,38 en 2005,63 en 2006,84 en 2007 Sur le total des 203 prélèvements, les germes retrouvés sont (voir histogramme n°1) : Histogramme n°1:Epidémiologie des infections broncho-pulmonaires nosocomiales au cours des 4 années (n=203) 30% 30% 28,10% 25% 20% 18,20% 15% P.aeruginosa A.baumannii S.aureus Streptococcus pneumoniae E.coli Klebsiella pneumoniae Enterobacter cloacae Serratia 12,30% 10% 6,40% 4,40% 5% 0,50% 0% 1 9 0,50% Cartographie infectieuse en milieu de réanimation La répartition selon les années est la suivante (voir histogramme n°2, 3,4 et 5) Histogramme n°2: Epidémiologie des infections broncho-pulmonaires nosocomiales au cours de l'année 2004 (n=18) 33% 35,00% 27,80% 30,00% 25,00% 17% 20,00% 15,00% 11,20% 11,20% P.aeruginosa A.baumannii S.aureus Klebsiella pneumoniae Streptococcus pneumoniae 10,00% 5,00% 0,00% 1 Histogramme n°3: Epidémiologie des infections broncho-pulmonaires nosocomiales au cours de l'année 2005 (n=38) 45,00% 42,10% 40,00% 35,00% 30,00% P.aeruginosa A.baumannii S.aureus Streptococcus pneumoniae Klebsiella pneumoniae E.coli 23,70% 25,00% 20,00% 15,80% 15,00% 7,90% 10,00% 5,20% 5,00% 0,00% 1 10 5,20% Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Histogramme n°4: Epidémiologie des infections broncho-pulmonaires nosocomiales au cours de l'année 2006 (n=63) 35,00% 31,70% 30,00% 25,40% 25,00% P.aeruginosa A.baumannii S.aureus Klebsiella pneumoniae streptococcus pneumoniae E.coli 19,00% 20,00% 12,70% 15,00% 10,00% 6,30% 4,80% 5,00% 0,00% 1 Histogramme n°5: Epidémiologie des infections broncho-pulmonaires nosocomiales au cours de l'année 2007 (n=84) 35,00% 31% 30,00% 25,00% 22,60% P.aeruginosa A.baumannii S.aureus Klebsiella pneumoniae E.coli Enterobacter cloacae Serratia 19,10% 20,00% 16% 15,00% 8% 10,00% 5,00% 1,20% 0,00% 11 1,20% Cartographie infectieuse en milieu de réanimation II/Concernant les prélèvements urinaires : 123 résultats sont recueillis pendant la période 2004-2007, avec le profil bactériologique suivant (histogramme n°6) : Histogramme n°6: Epidémiologie des infections urinaires nosocomiales au cours des 4 années (n=123) 39,80% 40,00% 35,00% 30,00% E.coli Klebsiella pneumoniae S.aureus P.aeruginosa A.baumannii Entercoccus Candida albicans 25,00% 19,50% 20,00% 13,80% 15,00% 11,40% 7,30% 10,00% 4,90% 3,20% 5,00% 0,00% 1 12 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation La répartition selon les années est la suivante (voir histogramme n° 7, 8,9 et 10). Histogramme n°7: Epidémiologie des infections urinaires nosocomiales au cours de l'année 2004 (n=21) 57,20% 60,00% 50,00% 40,00% E.coli Klebsiella pneumoniae S.aureus P.aeruginosa 30,00% 19,10% 14,20% 20,00% 9,50% 10,00% 0,00% 1 Histogramme n°8: Epidémiologie des infections urinaires nosocomiales au cours de l'année 2005 (n=34) 40,00% 35,30% 35,00% 30,00% E.coli Klebsiella pneumoniae A.baumannii S.aureus P.aeruginosa Enterococcus Candida albicans 25,00% 20,00% 14,70% 15,00% 11,80% 11,80% 8,80% 10,00% 5,00% 0,00% 1 13 8,80% 8,80% Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Histogramme n°9: Epidémiologie des infections urinaires nosocomiales au cours de l'année 2006 (n=41) 34,10% 35,00% 30,00% 24,40% 25,00% E.coli Klebsiella pneumoniae S.aureus P.aeruginosa A.baumannii Enterococcus 20,00% 14,60% 14,60% 15,00% 7,30% 10,00% 4,90% 5,00% 0,00% 1 Histogramme n°10: Epidémiologie des infections urinaires nosocomiales au cours de l'année 2007 (n=27) 37,00% 40,00% 33,30% 35,00% 30,00% 22% E.coli Klebsiella pneumoniae Candida albicans P.aeruginosa 25,00% 20,00% 15,00% 7,40% 10,00% 5,00% 0,00% 1 14 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation III/Les différents profils de sensibilité : Durant ces 4 années, les profils de sensibilité des principaux germes sont les suivants (voir histogrammes n°11, 12,13 et 14) Histogramme n°11: Profil de sensibilité d'E.coli au cours des 4 années (n=61) 80,00% 74,40% 74,40% 70,00% 60,00% 51,20% 51,20% 48,80% 50,00% 44,20% 39,50% 40,00% 30,00% 23% Ampicilline Amoxicilline Amoxicilline-acide clavulanique Pipéracilline C1G C3G Quinolones Colistine Gentamicine Amikacine Sulfaméthoxazole triméthoprime 20,00% 11,60% 9,30% 9,30% 10,00% 0,00% 1 Histogramme n°12: Profil de sensibilité de Klebsiella pneumoniae au cours des 4 années (n=52) 66,70% 70,00% 59,20% 60,00% 55,50% Amoxicilline-acide clavulanique Imipénème C1G C3G Gentamicine Amikacine Quinolones Tétracyclines Sulfaméthoxazole -triméthoprime Colistine phénicolés 50,00% 44,40% 44,40% 40,00% 33,30% 30,00% 25,90% 25,90% 18,50% 18,50% 20,00% 11,10% 10,00% 0,00% 1 15 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Profil de sensibilité de S.aureus au cours des 4 années (n=50) 80,00% 72,00% 70,00% 64,00% 62,00% 60,00% 38,00% 62% Pénicilline G Amoxicilline Amoxicilline-acide clavulanique Pénicilline M Tétracyclines macrolides Rifampicine C1G C3G Sulfaméthoxazole-triméthoprime Quinolones Gentamicine Tobramycine Amikacine Imipénème Acide fusidique 58% 60,00% 50,00% 42% 36% 40,00% 30,00% 30,00% 20,00% 20,00% 16,00% 18,00% 16,00% 10,00% 10,00% 10,00% 0,00% Histogramme n°14: Profil de sensibilité de P.aeruginosa au cours des 4 années 88% 88% 90% 76,00% 80% 68% 68% 70% 50% Pipéracilline Imipénème C1G C3G Amikacine Tobramycine Colistine Quinolones Gentamicine Sulfaméthoxazole-triméthoprime Doxycycline 56,00% 60% 44% 40% 32,00% 30% 20% 12,00% 12,00% 12,00% 10% 0% 1 16 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation IV/ Evolution du profil de sensibilité durant les 4 années : Nous n’avons analysé que le cas d’A.baumannii, compte tenu de son important effectif (voir histogramme n° 15, 16,17 et 18) Histogramme n°15: Profil de sensibililité d'A.baumannii au cours de l'année 2004 27% 27% 26% 26% 25% 25% 24% 24% 23% Colistine Tobramycine Gentamicine Amikacine Ciprofloxacine 23% 22% 21% 1 Histogramme n°16: Profil de sensibilité d'A.baumannii au cours de l'année 2005 100% 100% 90% 80% 66,70% 70% Imipénème Colistine Tobramycine Amikacine Ciprofloxacine Ceftazidime 60% 50% 40% 25% 30% 16,70% 20% 8,30% 8,30% 10% 0% 1 17 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Histogramme n°17: Profil de sensibilité d'A.baumannii au cours de l'année 2006 75% 80,00% 70,00% 60,00% 50% Imipénème Colistine Tobramycine Gentamicine Amikacine Tobramycine Ciprofloxacine Ceftazidime 50,00% 37,50% 40,00% 25% 30,00% 18,70% 18,70% 20,00% 12,50% 6,25% 10,00% 0,00% 1 Histogramme n°18:Profil de sensibilité d'A.baumannii au cours de l'année 2007 78,30% 80,00% 70,00% 60,00% 52,20% Imipénème Colistine Gentamicine Amikacine Tobramycine Pipéracilline Ciprofloxacine Sulfaméthoxazole-triméthoprime Cyclines Rifampicine 50,00% 40,00% 34,80% 30,40% 30,00% 21,70% 17,40% 20,00% 8,70% 10,00% 4,30% 4,30% 0,00% 1 18 17,40% Cartographie infectieuse en milieu de réanimation DISCUSSION 19 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation A/EPIDEMIOLOGIE A/EPIDEMIOLOGIE : I/Infections urinaires nosocomiales (IUN) : Plusieurs travaux ont étudié la prévalence des IUN que ce soit au niveau de tout l’hôpital ou au niveau des différents services : médecine chirurgie, réanimation… : • 2 enquêtes de prévalence nationale des IN ont été réalisées respectivement en 2001 et 2006 en France ; ces 2 études ont montré que la prévalence des IUN a passé de la 2ème position (1,04%) en 2001 après les IN de la peau et des tissus mous pour devenir en 1ère position en 2006(1,60%). [7] • En France, une étude réalisée par Branger estime qu’environ 300000 IN surviennent chaque année en France ; sur ce nombre 132000 environ sont des IUN. [8] • L’enquête européenne de prévalence des IN en réanimation (EPIIC study) réalisée en 1992 et incluant 17 pays et 1417 réanimation, note que les IUN arrivent en 2ème position (17,6%) après les pneumonies (46,9%). [8] • L’incidence des IUN- évaluée par le programme américain NNISS (national nosocomial infection surveillance system) –varie entre 10 à 15 pour 1000 cathéters jours. [8] Au Maroc très peu d’études sont consacrées à ce sujet : • Une enquête à l’échelle nationale a été réalisée en 1994, et a révélé que les IUN arrivent en 2ème position après les infections du site opératoire. [9] • Une autre enquête bactériologique menée entre Janvier 1992 et Décembre 1996 dans une clinique privée médico-chirurgicale de Casablanca, a montré que la plus grande proportion des germes isolés provient de la sphère urinaire. [10] : voir tableau n° 1 20 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Type de Nombre de Nombre de la Pourcentage de la prélèvement prélèvement souche souche nosocomiale nosocomiale (%) ECBU 1824 86 44,56 % Hémoculture 1535 46 23,83 % Pus 284 61 31,61 % Total 3643 193 19,73 % Tableau n°1 : Distribution des souches nosocomiales par prélèvements [10] Dans le milieu des années 60, de nombreux travaux prospectifs montrent que globalement la prévalence des IUN tend à diminuer [11] (tableau n°2) : Etude Année % Kunin et Mc Cormack 1966 23% Garibaldi et al 1974 23% Warren et al 1978 17% Platt et al 1982 9% Thompson et al 1984 10% Jonhson et al 1990 10% Tableau n°2 : Prévalence des IUN dans des études prospectives :[11] Certaines études plus récentes semblent indiquer des taux de prévalence plus faible, inférieurs à 5%. Il n’est cependant pas certain que cette tendance soit un reflet exact de la vérité. Tout d’abord parce que les critères du diagnostic microbiologique varient d’une étude à l’autre. Il est bien évident que les taux d’infection sont différents suivant que l’on comptabilise toutes les bactériuries≥102 /ml ; ≥105/ml, ou>105/ml. Par exemple, la prévalence de 23% trouvée dans une 21 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation étude, prend en compte toutes les bactériuries≥102/ml, alors qu’elle tombe à 16% si l’on ne considère que les bactériuries≥105/ml. [11] L’incidence moyenne dans les services de réanimation est élevée de l’ordre de 3,5% à 6,5%. Ces taux, relativement stables depuis le début des années 80, sont 2 à 3 fois plus importants que ceux qui sont rencontrés dans les services de chirurgie et 5 fois plus que ceux des services de médecine. En revanche, en réanimation, la distribution des différentes IN montre des taux plus importants de pneumopathie. Cependant, ces chiffres doivent être considérés avec précaution, en rapport avec la pauvreté des signes cliniques d’appel et au mode de surveillance choisi (ECBU sur signe d’appel, ECBU de surveillance systématique). D’autre part étant donné que la quasi-totalité des IUN en réanimation survient sur sonde, le nombre de patients sondés,la durée du sondage et donc le type de recrutement du service vont avoir une influence qui explique également les chiffres très variables donnés par la littérature. En réanimation, les patients chirurgicaux développent plus d’IUN que les patients médicaux. La comparaison de 2 unités de réanimation, une médicale et une chirurgicale dans le même hôpital, montre le rôle primordial joué par le sondage urinaire dans la survenue d’une IUN. Elles sont significativement plus fréquentes chez les patients de réanimation chirurgicale qui sont plus fréquemment, et plus longtemps sondés. [11] L’enquête de prévalence des infections nosocomiales réalisée au niveau du CHU Hassan II de Fès a montré les résultats suivants [5] : • 4,6% des patients enquêtés portent une sonde urinaire. • Les IUN arrivent en 2e position (37%) après les infections du site opératoire (46%). Dans notre formation et durant les 4 ans d’étude on a prélevé 123 ECBU positifs, soit 37,7% de tous les prélèvements (ECBU et PDP). 22 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation II/Infections pulmonaires nosocomiales (IPN): Les IPN sont fréquentes dans les services de soins intensifs et utilisent plus de 50% des antibiothérapies prescrites en réanimation [12]. En fonction du délai de survenue de l’IPN, on distingue [13] : • Les pneumopathies précoces (PNP) : survenant avant le 5ème jour d’hospitalisation, et qui relèvent un phénomène de colonisation des voies aériennes par la flore endogène du patient • Les pneumopathies tardives (PNT) : après le 5ème jour, et qui sont dues à une contamination par des bactéries plus résistantes d’origine hospitalière. Dans la mesure où les pneumopathies nosocomiales sont 21 fois plus fréquentes chez les sujets sous ventilation mécanique, seuls les tenant compte de ce facteur sont interprétables. Leur fréquence en réanimation est de 8 à 15 %, mais s’élève à 30% en cas de ventilation mécanique, voire jusqu’à 70% chez les sujets ventilés depuis plus de 48 heures. Dans ce dernier sous groupe,l’utilisation de critères stricts incluant la documentation microbiologique des pneumopathies nosocomiales acquises sous ventilation mécanique (PNAVM) par une méthode de prélèvement plus spécifique que sensible a conduit certains auteurs à rapporter des incidences beaucoup plus basses,de l’ordre de 15 %.[14] Une étude réalisée à l’hôpital Edouard Herriot à Lyon en France a montré les résultats suivants [3] : *13,1% (946) des patients étudiés ont développé une IPN au cours de leur séjour en réanimation. *L’incidence des IPN en réanimation était de 10,9 pneumopathies pour 1000 patients-jours, ou 10 pneumopathies pour 1000 jours d’intubation. 23 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation *Le risque journalier de pneumopathie nosocomiale en réanimation augmentait jusqu’au 6ème jour pour atteindre 2,02% avant de diminuer. Un 2ème pic était constaté au 15ème jour à 2,08%. *34,1% (121) patients avec une PNP sont décédés pendant leur séjour en réanimation, contre 37,4% (220) qui avaient une PNT. *Les durées médianes de séjour en réanimation et d’intubation étaient plus courtes pour les patients avec une PNP (respectivement 17 et 12,5 jours) que pour les patients avec une PNT (respectivement 34 et 26,5 jours). Les principaux résultats de cette étude sont : *La différence entre les facteurs de risque de PNP et PNT est confirmée. *Les taux bruts de mortalité ne sont pas différents. *Les facteurs indépendants de mortalité après la survenue d’une pneumopathie nosocomiale dépendent du moment de survenue de la pneumopathie. Plusieurs études ont étudié la mortalité en réanimation imputable aux IPN, malgré une antibiothérapie adéquate. La plupart des résultats sont colligés dans le tableau n°3 : Nombre de patients Mortalité (%) 430 pneumonies nosocomiales 16,2 113 PNAVM 15,6 50 PNAVM 37,5 322 pneumonies postopératoires 16,9 Tableau n°3 : Mortalité au cours des IPN de réanimation malgré une antibiothérapie adéquate. [15] 24 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Ces pneumopathies nosocomiales constituent la 2e cause d’infections nosocomiales et sont responsables d’une augmentation de la durée d’hospitalisation, allant de 7 à 9 jours. Les pneumopathies nosocomiales en réanimation sont responsables d’environ 25% de toutes les IN rencontrées en réanimation. L’incidence rapportée varie de 9 à 27%. L’antibiothérapie préalable et la durée d’hospitalisation sont les 2 paramètres essentiels à considérer pour le traitement des patients atteints d’IPN. La mortalité attribuable ne concernait que 33 à 50% des cas. Le terrain joue là un rôle essentiel. Cependant, la mortalité reliée à cette pathologie est toujours discutée. [12] Les résultats obtenus de l’enquête de prévalence de CHU Hassan II, en rapport avec les pneumopathies nosocomiales étaient les suivants [5] : • 5,3% des patients étudiés étaient sous ventilation artificielle. • Les infections respiratoires basses nosocomiales arrivent en 3e position (11%) Au niveau de notre service de réanimation on a regroupé 203 prélèvements distaux protégés, soit 62,3% de tous les prélèvements (ECBU et PDP). 25 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation B/BACTERIOLOGIE B/BACTERIOLOGIE : I/Infections urinaires nosocomiales : 1. Etiopathogénie : 1-1 Nature des germes : Toutes les études sur l’écologie des IN montrent que dans les IUN, les BGN arrivent très largement en tête. [11] Le tableau n°4 inclus les résultats de 4 études au sujet de l’identification des bactéries isolées d’IUN chez des patients hospitalisés en réanimation. [11] Dasher et al. Martinez et al. Craven et al. Cohen et al. 1982 1986 1988 1995 E.coli 28% 14% 22% 47% Pseudomonas 5% 14% 13% 8% Klebsiella sp. 5% 10% 34% 8% Enterococcus 14% 24% 7% 20% S.aureus 12% ? 2% 13% Candida sp. 6% 14% 18% 12% sp. Tableau n°4 : Germes responsables des IUN dans les unités de réanimation et de soins intensifs [11] Si E.coli reste prédominant dans la majorité des études, sa fréquence relative est nettement diminuée par rapport à ce que l’on retrouve dans les infections communautaires ; cette réduction se fait au profit d’autres germes, notamment Enterococcus sp, Pseudomonas sp, Staphylococcus sp et levures. [16] 26 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 2 séries récentes évaluent la fréquence des levures dans les IUN ; Candida albicans est de loin l’espèce prédominante. [8] Espèces Sobel, 2000 Kauffman, 2000 Candida albicans 50% 63,1% Candida glabrata 18% 18,9% Candida tropicalis 11% 9,6% Candida parapsilopsis 3% 5% autres 5% 3,4% Tableau n°5 : Distribution des espèces fongiques dans les IUN. [8] Les candiduries se rencontrent essentiellement chez les patients porteurs d’un cathétérisme urinaire ou ayant subi une endoscopie ou un acte chirurgical et traités par antibiotiques. Elles sont particulièrement fréquentes dans les services de soin intensifs. Candida albicans est impliqué dans 52% des cas, suivi en fréquence par Candida glabrata (16%) des cas. [17] Dans nombre de cas, l’IUN à levures est précédée d’une infection bactérienne d’un autre site ou l’infection bactérienne est concomitante : [8] • 43,4% IUN bactériennes • 40% pneumonie bactérienne • 23,6% bactériémie • 77,6% des patients sont porteurs d’une sonde à demeure, 4,6% bénéficient d’un sondage intermittent et 16,8% aucun sondage. • Une fongicémie surviendrait dans 1,32% des cas avec un risque de décès dans 28% des cas. L’antibiothérapie est un élément favorisant la survenue de l’infection fongique. La mortalité globale serait de 19,8% des cas pour Kauffman. 27 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Dans notre formation les BGN arrivent en première position. Si on affine les résultats, on voit que E.coli représente 39,1% des germes isolés dans les urines, ensuite on trouve Klebsiella 18,5%. Ceci avec l’émergence de germes hospitaliers tels : Pseudomonas aeruginosa (11,4%) et Acinetobacter baumannii (7,3%) avec en plus apparition de Candida Albicans (3,2%). En détaillant chaque année: *2004 :E.coli est de loin le germe le plus fréquent (57,2%), suivi de Klebsiella pneumoniae (19,1%) puis S.aureus (14,2%) et P.aeruginosa (9,5%). *2005 : toujours E.coli en tête (35,3%), puis Klebsiella (14,7%). On remarque aussi l’apparition d’A.baumannii (11,8%), d’Enterococcus (8,8%) et de Candida albicans (8,8%). Durant cette année A.baumannii dépasse P.aeruginosa (8,8%). *2006 :E.coli (34,1%), suivi de Klebsiella (24,4%).Cette année était marquée par la disparition de Candida albicans avec en plus les souches de P.aeruginosa (14,6%) qui dépassent largement les souches d’A.baumannii (7,3%). *2007 :La principale remarque c’est l’augmentation des souches de Klebsiella pneumoniae (33,3%) qui sont devenues proches d’E.coli (37%), l’ascension encore de P.aeruginosa (22%). On note aussi la réapparition de Candida albicans (7,4%), la disparition d’A.baumannii et d’Enterococcus. 1-2 Origine des germes :[18] L’arbre urinaire est normalement stérile, à l’exception de la flore de l’urètre distal qui est diverse et reflète à la fois la flore digestive (entérobactéries, streptocoques, anaérobies), la flore cutanée (staphylocoques à coagulase négative, corynébactéries) et la flore génitale (lactobacilles chez la femme). Physiologiquement, l’hôte est doté de multiples moyens évitant le développement d’une infection ascendante. Bien que la plupart des germes responsables d’IU colonisent préalablement l’aire péri-urétrale, l’urètre lui-même fait obstacle à 28 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation l’inoculation intravésicale ; la longueur de l’urètre intervient à l’évidence, protégeant l’homme beaucoup mieux que la femme. Si cet obstacle se trouve franchi, les caractéristiques physicochimiques de l’urine normale (osmolarité, pH, teneur en acides organiques) rendent difficile la croissance de la plupart des germes colonisant l’urètre. 11-3 portes d’entrée : [18] 4 modes d’acquisition des IUN ont été décrits : a/ Acquisition lors de la mise en place de la sonde : Même lorsque les mesures d’asepsie sont strictement respectées, les bactéries colonisant le périnée et l’urètre peuvent être introduites directement dans la vessie lors du sondage, entraînées par la surface externe de la sonde. Par ailleurs plusieurs études prospectives ont montré que le risque d’IUN par sonde est supérieur lorsque la sonde est mise en place en dehors d’un bloc opératoire. b/ Acquisition par voie endoluminale : Cette voie était jadis dominante avec le « système ouvert » :mis au point par Foley dans les années 1920, ce dispositif comportait une sonde urétrale connectée à un tube collecteur drainant l’urine dans un seau à l’air libre installé au pied du lit. Différents « systèmes clos » ont ensuite été développés dans les années 1950 et 1960 avec pour finalité d’éviter tout contact entre les urines drainées et l’environnement. L’incidence journalière d’acquisition d’une IUN par sonde a beaucoup diminué avec les systèmes clos. 29 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation c/ Acquisition par voie extraluminale : Ce mode de contamination implique des bactéries d’origine digestive, qui colonisent le méat, puis migrent progressivement vers l’urètre et la vessie par capillarité dans le fin film muqueux contigu à la surface externe de la sonde. Plusieurs études montrent la prédominance de la voie extraluminale comme mode de survenue des IUN par sonde avec les techniques de soin actuelles tout particulièrement après la première semaine de cathétérisation. En 1980, Garibaldi et al. ont évalué la part de cette voie à 68% de l’ensemble des patients sondés, à partir d’une étude prospective identifiant dans une série de 1213 patients analysables, 138 cas de bactériuries dont 94 avec une colonisation urétrale préalable à la même espèce microbienne. Dans une étude prospective publiée en 2000 et analysant 235 épisodes d’IUN par sonde survenus chez 1497 patients récemment sondés,l’équipe de Maki a observé des chiffres tout à fait comparables, avec une prévalence du mécanisme extraluminal s’établissant globalement à 66% mais avec des différences selon les catégories de micro-organismes, la prévalence du mécanisme extraluminale étant significativement plus élevée pour les cocci à Gram positif (79%)et les levures (69%) que pour les bactéries à Gram négatif. d/ Acquisition par voie lymphatique ou hématogène : Dans des études prospectives de suivi quotidien de la flore, Schaeffer a constaté que certaines bactériuries sur sonde surviennent en l’absence de toute colonisation préalable de l’urètre et du sac collecteur, malgré un parfait respect du système clos, et après de nombreux jours de sondage (ce qui innocente la procédure de mise en place). De ce fait, il a formulé l’hypothèse d’infections d’origine hématogène ou lymphatique à partir d’une source endogène à distance ; l’importance de ce mode d’acquisition reste cependant inconnue. 30 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 1-4 Facteurs de risque : Espèces Cathéter urinaire Pas de cathéter Total (%) (%) urinaire (%) n 219 121 340 E.coli 25,1 40,5 30,6 Enterococcus sp. 13,2 15,7 14,1 Candida sp. 16,4 6,6 12,9 Klebsiella sp. 10 9,9 10 P.aeruginosa 10,5 4,1 8,2 Proteus sp. 7,3 7,4 7,4 Enterobacter sp. 5 2,5 4,1 S. aureus 3,7 3,3 3,5 S. à coagulase 1,8 3,4 2,1 Acinetobacter sp. 1,4 _ Moins 1 Citrobacter sp. 2,7 2,5 2,6 négative Tableau n°6 : Principes micro-organismes (isolés dans 340 épisodes d’IUN en fonction de la présence ou non d’un cathéter urinaire [17] a/Le sondage urinaire [16] C’est le principal facteur de risque. Le cathéter peut endommager mécaniquement l’urothélium par irritation permanente de la muqueuse, ce qui favorise l’adhésion des bactéries. D’autre part le sondage perturbe le transit urinaire car la vessie sondée à demeure se transforme en « dispositif de culture permanent ». En plus, les bactéries qui colonisent le cathéter croissent sous forme de microcolonies enchâssées dans un biofilm qui les protége contre les mécanismes de défense de l’hôte et les agents antimicrobiens. Chez des patients infectés dont la sonde à demeure était changée. Rubin a montré que la densité microbienne au sein de la nouvelle sonde est très inférieure à celle de l’ancienne. Ceci souligne bien le rôle favorisant du biofilm dans la 31 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation pullulation microbienne. Le biofilm peut se développer à la fois en intraluminal et en extraluminal, avec une progression le plus souvent rétrograde. Au final, deux types de populations bactériennes sont observés dans l’arbre urinaire : d’une part, des bactéries dites « planctoniques », en suspension dans les urines, métaboliquement actives et restant sensibles à l’action des antibiotiques, et d’autre part des bactéries quiescentes profondément enchâssées dans le biofilm et insensibles aux traitements. b/Le manuportage :[16] Par le personnel, le patient voire la famille est un facteur certain de diffusion de bactéries nosocomiales. Son rôle a été étayé par l’existence d’épidémies hospitalières à Proteus, Klebsiella et a été même confirmé par typage moléculaire au cours d’une épidémie à P.aeruginosa. c/Autres facteurs de risque : *La durée de sondage est aussi un facteur important dans la survenue des IUN ; le risque est stable dans les 2 à 3 premiers jours puis augmente de façon très significative de 5% par jour de sondage supplémentaire. [8] *La désolidarisation sac de recueil-sonde augmente le risque de survenue d’une IUN (risque relatif : 1,2-3) selon une étude réalisée par Platt en 1983.Pour cet auteur, la pose d’une sonde préconnectée au sac de drainage réduirait de 63% le risqued’IUN chez les sondés. [8] *L’âge : Les services de gériatrie ont une prévalence d’IN importante, au 2ème rang après la réanimation. Les IUN représentent prés de la moitié des IN [19] *Le sexe : le risque des IUN est plus élevé chez la femme vu que l’urètre est court par rapport à l’homme. C’est l’un des facteurs de risque qui est présent d’une manière quasi-constante après la durée de sondage. [20] 32 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Reste à signaler que la qualité de pose (asepsie), qualification du poseur, diabète sucré, pathologie sous jacente et le secteur d’hospitalisation sont eux aussi incriminés dans le risque de survenue des IUN. [8] 2. Caractéristiques des principaux germes responsables d’IUN : Les principaux germes rencontrés en terme d’IUN sont BGN type entérobactéries (E.coli et Klebsiella pneumonia). Le problème posé c’est que ces germes sont de plus en plus résistants aux antibiotiques surtout au niveau des services de réanimation et soins intensifs [21]. 2-1 E.coli : C’est le germe le plus fréquemment impliqué en pathologie infectieuse aussi bien en milieu hospitalier qu’en pratique de ville. Cette bactérie, appartenant aux entérobactéries, est caractérisée par une aptitude particulière à acquérir des mécanismes de résistance à des antibiotiques habituellement actifs, pouvant parfois survenir en cours d’antibiothérapie. Le principal mécanisme de résistance est la production de bêtalactamases, enzymes qui hydrolysent le cycle bêtalactame et rendent donc la bactérie résistante à certaines bêtalactamines. [22] Fréquence de résistance Fréquence de résistance en % en 1999 (n=202) en % en 2001(n=115) Ciprofloxacine 5,4 6,9 Amoxicilline 39,6 46,9 Amoxicilline+acide 36,1 40,9 Céfalotine 36,1 40,9 Ceftazidime 1 0,9 clavulanique Tableau n°7 : Evolution de la résistance chez E.coli entre 1999 et 2001. [23] 33 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Les études portant sur les facteurs de risque de résistance enzymatique d’E.coli aux bêtalactamines restent rares. En effet, ce type d’étude nécessite la collecte de nombreuses données (épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques), particulièrement difficiles à obtenir quand l’étude est rétrospective. Une infection urinaire durant l’année précédente est le facteur de risque commun pour la résistance aux principaux antibiotiques prescrits. L’âge est un paramètre important : les services de pédiatrie sont pourvoyeurs de souches significativement plus résistante aux antibiotiques. Ainsi, E.coli est résistant à l’amoxicilline dans 59% des cas et à l’amoxicilline+acide clavulanique dans 45%. Cette tendance est essentiellement due à l’utilisation large et fréquente des bêtalactamines en raison du choix restreint d’antibiotiques à cet âge de la vie. De même 66 % des personnes de plus de 65 ans présentent des taux de résistance à l’amoxicilline+acide clavulanique anormalement élevés. Autre facteur de risque évoqué, le sexe : en effet, les femmes sont exposées à faire les infections urogénitales à E.coli résistants à l’amoxicilline (75% de femmes contre 25% d’hommes). . D’autres facteurs ont été isolés comme la prise antérieure de traitement antibiotique ou des antécédents de sondage urinaire qui étaient significativement associés à une résistance à l’amoxicilline. Les fréquences de résistance varient également en fonction des sites d’isolement de l’E.coli : dans les urines, la bactérie est résistante à 40,6% à l’amoxicilline et à 29,5% à l’amoxicilline+acide clavulanique, dans le sang, E.coli est résistant à 36,8% à l’amoxicilline et à 26,3% à l’amoxicilline+acide clavulanique. [22] 34 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 2-2 Klebsiella pneumoniae : Parmi les principales entérobactéries résistantes aux céphalosporines de troisième génération, on trouve Klebsiella pneumoniae. [24] Espèce Total Entérobactéries Prévalence d’entérobactéries résistantes aux d’entérobactéries C3G résistantes aux C3G Klebsiella 4776 1772 (46%) 37 Enterobacter 1395 497 (13%) 36 E.coli 15175 794 (13%) 5 Proteus indole 610 255 (7%) 42 Citrobacter 600 119 (3%) 20 pneumoniae Tableau n°8 : Répartition d’entérobactéries résistantes aux C3G en fonction de l’espèce [24] Bactéries E.coli n=438 K.pneumoniae Enterobacter Proteus indole n=418 sp. n=229 n=27 Céfotaxime 5 42,6 37,7 30 Imipénème 1,5 0,7 6,5 1,9 Gentamicine 6,8 41,6 36,7 67 Amikacine 2,7 19,9 7,4 19 Ofloxacine 2,7 6,2 4,3 44 Tableau n°9 : Pourcentage de la résistance aux antibiotiques des entérobactéries en fonction des espèces [25]. 35 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Klebsiella et généralement ces entérobactéries résistantes aux C3G occupent une place importante dans les IN, notamment en milieu de réanimation. Ces bactéries deviennent de plus en plus résistantes aux antibiotiques et commencent à franchir les limites de l’hôpital pour émerger dans la communauté. La dissémination de ces bactéries présente une menace grave qui met en cause la validité de l’arsenal antibiotique actuellement disponible, d’autant plus qu’aucune nouvelle classe d’antibiotique n’est attendue dans les prochaines années [24]. Services Total Entérobactéries d’entérobactéries résistantes aux Prévalence C3G, n (%) 2316 1119 (25%) 48 557 151 (3%) 27 Pédiatrie 2905 718 (16%) 25 Chirurgie 4974 1126 (25%) 23 Néonatologie 833 154 (3%) 18 Médecine 9422 988 (22%) 10 Gynéco- 1979 62 (1%) 3 Dispensaires 3105 75 (2%) 2 Divers 1388 53 (1%) 4 Total 27479 4446 (100%) 16 Unités de soins intensifs Hématooncologie obstétrique Tableau n°10 : Distribution des entérobactéries résistantes aux C3G et prévalence de la résistance en fonction des services [24]. 36 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation La fréquence de la résistance des EB aux C3G dans les hôpitaux de divers pays [24] : • En Tunisie à l’hôpital de Sfax, la résistance est de l’ordre de 15% • En Algérie : 25,7% • En France : 6% • En Australie : 2% • En Inde : 34% Cette variation géographique peut être expliquée par la variation des facteurs épidémiologiques, des politiques d’utilisation des antibiotiques et des mesures d’hygiène hospitalière entre les différentes institutions. La tendance évolutive de la résistance aux C3G dans les pays industrialisés est vers la régression. Cela est attribué à l’instauration des programmes de lutte contre les IN et les campagnes de promotion du bon usage des antibiotiques. En revanche, dans les pays en voie de développement, la fréquence des EB RC3G tend à augmenter [24]. L’évolution de la résistance des entérobactéries aux C3G est liée à l’émergence et la diffusion de certains mécanismes de résistance dont le plus important est la production enzymatique de ß-lactamase à spectre élargi. D’autres mécanismes ont aussi décrits, comme les céphalosporinases hyperproduites et les céphalosporinases plasmidiques. [24] Les problèmes, cliniques, thérapeutiques et épidémiologiques, posés par les entérobactéries et surtout E.coli et Klebsiella pneumoniae risquent de prendre une tournure rapidement inquiétante voire délétère. Le respect des mesures d’hygiène et l’utilisation raisonnée des ATB sont les actions clés pour ralentir leur émergence et leur dissémination voire les maîtriser. [26] 37 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation II/Infections II/Infections pulmonaires nosocomiales : 1. Etiopathogénie Etiopathogénie : 1-1 Nature des germes : Les pneumopathies nosocomiales peuvent être causées par de nombreuses bactéries et sont même quelquefois polymicrobiennes. Beaucoup plus rarement sont retrouvés des virus ou des champignons, même en cas d’immunodépression. Dans le cas des pneumopathies précoces, on retrouve le plus souvent : Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzae, S.aureus sensible à l’oxacilline et entérobactéries sensibles. Plus les pneumopathies sont tardives et/ou survenant après une antibiothérapie, plus on retrouve des germes résistants comme SARM, P.aeruginosa et des entérobactéries multirésistantes. [12] Depuis quelques années, on assiste dans certains services à l’émergence de bactéries multiérsistantes. Ce phénomène étroitement lié à l’utilisation souvent irraisonné d’ATB à large spectre. [12] Une étude réalisée au CHU de Lyon en France a propos des pneumopathies nosocomiales a montré les résultats suivants : [3] Pourcentage n 3,8% 46 S.aureus 20,4% 244 P.aeruginosa 17,8% 213 A.baumannii 0,8% 9 Staphylocoque à coagulase négative Tableau n°11 : Pourcentage de quelques pneumopathies nosocomiales [3] 38 germes rencontrés dans les Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Il faut signaler que le risque d’IN en réanimation est bien supérieur à celui encouru par les patients en hospitalisation conventionnelle vu le terrain fragile des patients (immunodépression, pathologie grave…) [3]. Un travail réalisé en France, au niveau des services de réanimation des hôpitaux des armées, a révélé généralement les mêmes résultats :[28] Espèces Infection pulmonaire (%) E.coli 8% A.baumannii 21% P.aeruginosa 28% S.aureus 26% Staphylocoque à coagulase négative 9% Tableau n°12 : Epidémiologie des IPN aux services de réanimation des hôpitaux des armées en France [28]. L’enquête nationale de prévalence des IN de 2001en France,portant sur 1533 établissements de santé, révèle que prés d’ 1 patient sur 4 (23,6%) hospitalisé en réanimation est porteur d’une IPN alors que la prévalence était de 6,9% pour la totalité des patients enquêtés, toutes spécialités confondues [27] . Au service de réanimation polyvalente de CHU Hassan II les germes les plus fréquemment rencontrés au cours des 4 années de surveillance (2004-2007) sont : Pseudomonas aeruginosa (30%), Acinetobacter baumannii (28,10%), S.aureus (18,2%) et Klebsiella pneumoniae (12,3%). 39 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation En affinant chaque année, on note qu’en : *2004 :A.baumannii est le premier (33%), suivi de P.aeruginosa (27,8%), S.aureus (17%), Klebsiella (11,2%) et Streptococcus pneumoniae (11,2%). *2005 : On remarque que A.baumannii (23,7%) a cédé la place à P.aeruginosa (42,1%). On note aussi l’apparition d’E.coli (5,2%). *2006 :P.aeruginosa toujours en tête (31,7%), suivi d’A.baumannii (25,4%). On remarque l’augmentation de Klebsiella (12,7%) et qui dépasse le Streptococcus pneumoniae (4,8%). *2007 :A.baumannii prend maintenant la relève et devient en tête (31%), suivi de P.aeruginosa (22,6%). On voit aussi la disparition de Streptococcus pneumoniae et l’apparition de germes nouveaux : Enterobacter cloacae et Serratia. Autre remarque très importante c’est l’apparition de souches d’A.baumannii qui sont multirésistantes au cours de l’année de 2007 : voir antibiogramme (page suivante) 40 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Figure 1 : Exemple d’un antibiogramme montrant une souche d’Acinetobacter multirésistante en 2007. 41 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 1-2 L’origine des germes :[14] Sous réserve d’un contrôle strict des sources exogènes de contamination telles que la voie manuportée et les matériels souillés, nous savons depuis prés de 30 ans que le patient lui même représente la principale source d’infection nosocomiale. Cependant l’origine précise des germes responsables de pneumopathie nosocomiale reste controversée. Contrairement à la sphère otorhinolaryngologique, l’appareil respiratoire est physiologiquement stérile, tout comme le contenu gastrique. Lorsqu’une solution de continuité est créée entre ces structures, les germes se répandent et se multiplient à tous les niveaux. Qu’il s’agisse d’une flore commensale ou pathogène, la simple présence de bactéries sans invasion des tissus et sans réaction de l’organisme s’appelle une colonisation. 1-3 Portes d’entrée : [14] a/ Colonisation trachéobronchique et oropharyngée : Une colonisation trachéobronchique et oropharyngée à germes pathogènes existe chez les malades de réanimation même non ventilés mais également en dehors des réanimations en cas de pathologie respiratoire chronique. Le point de départ d’une colonisation trachéobronchique peut être une auto-inoculation à partir d’un site oropharyngé ou gastrique, mais parfois l’atteinte trachéobronchique est première. Le développement de pneumopathie nosocomiale acquise sous ventilation mécanique (PNAVM) à partir d’un phénomène de translocation bactérienne a également été évoqué. Le nombre de patients colonisés augmente avec la durée d’hospitalisation en réanimation. Johansen et al ont clairement démontré que la colonisation trachéobronchique précède presque toujours le développement d’une PNAVM. La flore colonisante est composée initialement en majorité de BGP pour comporter 42 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation après quelques jours essentiellement des BGN. Leur durée est croissante avec la durée du séjour. Une telle modification de flore survient parfois dés les premières 24 heures d’hospitalisation. Les raisons de la prédominance des Gram négatifs sont peu claires : origine digestive ou antibiothérapie venant détruire la flore commensale chargée d’inhiber le développement des germes pathogènes ?. Ainsi la contamination exogène à partir des éléments du respirateur est de nos jours rarement impliquée. En effet, le remplacement quotidien plutôt que tous les 2 jours des systèmes échangeurs de chaleur et d’humidité, ou le remplacement des circuits des ventilateurs plutôt que l’utilisation du même circuit pendant toute la durée de ventilation ne diminue pas l’importance de la colonisation des patients ventilés. Ceci tient en partie au fait que les circuits sont contaminés de proche en proche par les propres sécrétions du malade. b/ Colonisation gastrique : Elle a longtemps été considérée comme étant la première source de colonisation trachéobronchique. En effet, une prolifération bactérienne existe dans l’estomac des patients de réanimation. Des prélèvements répétés sur différents sites ont permis de démontrer la séquence suivante : après une progression rétrograde des germes de l’estomac vers l’œsophage et l’oropharynx, l’arbre trachéobronchique est contaminé à la faveur de troubles de déglutition avec microou macro-inhalations répétées qui se produisent même en présence d’une sonde d’intubation. La colonisation gastrique est favorisée par l’élévation du pH gastrique au dessus de 4,5, en particulier par les thérapies antiulcéreuses anti-H2 et les antiacides. Soulignons que plusieurs travaux récents ont mis en évidence une colonisation trachéale première. 43 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation c/ Inhalations : Elles sont favorisées par les troubles de la vigilance ou par certaines interventions chirurgicales lourdes ayant justifié une anesthésie et une intubation trachéale de longue durée avec troubles secondaires de la déglutition. La position en décubitus dorsal strict a été rendue responsable de 4 fois plus d’inhalations que la position proclive à 45°. Par une augmentation du volume intragastrique, la nutrition entérale majore encore le risque d’inhalation. Ibanez et al ont décrit un phénomène de reflux gastrooesophagien précédant la survenue d’inhalation chez 74% des patients ventilés ayant une sonde nasogastrique. d/ Adhérence bactérienne : L’adhérence des bactéries aux cellules épithéliales est une propriété de certains micro-organismes tels que le Pseudomonas aeruginosa. Par le calcul d’un index d’adhésion, plusieurs travaux ont révélé une adhérence préférentielle des bactéries sur les cellules buccales des patients de réanimation par comparaison aux sujets sains. La séquence adhérence-colonisation-infection est alors très probable. e/ Altération des moyens mécaniques de défense : Suite à plusieurs mécanismes : *Absence de filtration par les voies aériennes supérieurs des particules de plus 10µm de diamètre. *Communication entre la glotte et l’oropharynx. *Diminution du réflexe de la toux. *Les lésions muqueuses entraînées par la présence du matériel étranger. *Les inhalations répétées du liquide gastrique. *Les aspirations trachéales. 44 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation *La dysfonction mucociliare majorée en cas d’insuffisance d’humidification ou en cas de concentrations élevées d’oxygène. *L’immobilisation en décubitus dorsal favorise les atélectasies et les pneumopathies nosocomiales ; des résultats rapportés dans plusieurs études suggèrent que le système de lits oscillants, permet une mobilisation alternative des patients, serait un moyen de prévention. f/ Altération des moyens biochimiques et cellulaires de défense : Les immunoglobulines A sécrétoires semblent tenir le rôle principal dans les processus de défense envers les infections pulmonaires. Une équipe a rapporté une augmentation croissante avec la durée de ventilation mécanique du rapport IgA/albumine dans les sécrétions bronchiques. Cette élévation était environ 6 fois moindre chez les patients développant une PNAVM par rapport à ceux qui n’en développaient pas. Une autre substance, la protéine A, serait la principale des composantes du surfactant, impliquées dans les processus alvéolaires de destruction bactérienne. Elle a été retrouvée en quantité significativement diminuée dans le liquide bronchoalvéolaire des patients atteints de pneumopathie par comparaison avec des volontaires sains et des malades atteints de fibrose idiopathique. 1-4 Facteurs de risque risque : a/Facteurs liés à la réanimation : [14] • Ventilation mécanique : C’est le facteur majeur associé à l’émergence de pneumopathie nosocomiale et l’ensemble des travaux sur ce sujet montre que le nombre de PNAVM augmente avec sa durée. Un suivi prospectif de 567 patients a montré que le risque de développer une PNAVM augmente de façon constante de 1% à chaque jour supplémentaire de 45 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation ventilation. Langer et al. ont démontré que le risque de développer une PNAVM est maximal vers le 8-10ème jour de ventilation • Respirateurs et circuits : Sous réserve d’une stérilisation adéquate du matériel et du respect des règles élémentaires d’hygiène en réanimation, il est clairement démontré que les circuits ne sont pas responsables de PNAVM. Une élévation de l’incidence des PNAVM a même été rapportée lorsque des changements quotidiens des circuits sont effectués. Toutefois la condensation formée dans les tuyaux peut contenir plus de 105 BGN /ml et conduire à une attention particulière lors des soins pour éviter leur déversement vers la trachée. Les nébuliseurs véhiculent des particules jusqu’aux structures distales (<4µm) et s’ils sont contaminés, ils peuvent entraîner des pneumopathies très sévères. • Sondes d’intubation : Elles représentent une voie de passage des germes depuis l’oropharynx vers la trachée en dépit des ballonnets d’étanchéité qui, lorsqu’ils n’atteignent pas une pression de 20 cm H2O, multiplient par 2,5 le risque de PNAVM. Des systèmes d’aspiration permanente des sécrétions sous-glottique mais au-dessus du ballonnet ont été proposés. Leur efficacité est rapportée par plusieurs équipes et serait surtout probante chez les patients ne recevant pas d’antibiothérapie. Enfin les sinusites maxillaires, favorisées par la présence de sondes nasogastriques et nasotrachéale, multiplient par prés de 4 fois le risque de PNAVM. • Trachéotomie : On décrit plus de cas de PNAVM chez les patients trachéotomisés qu’en cas d’intubation oro-ou nasotrachéales. Cependant, à ce jour aucun travail méthodologiquement bien conduit n’a démontré d’effet protecteur d’une technique (intubation ou trachéotomie) par rapport à l’autre à l’égard des PNAVM. 46 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation • Nutrition entérale : Bien qu’elle favorise l’inhalation, la nutrition entérale ne semble pas entraîner une augmentation de l’incidence des pneumopathies nosocomiales même lorsqu’il existe une inhalation prouvée du contenu gastique. Dans un travail prospectif randomisé auprès de 38 patients, des auteurs n’ont pas pu objectiver une diminution significative du nombre de PNAVM chez les patients nourris par jéjunostomie comparée à la voie nasogastrique. • Aspirations trachéales : Elles peuvent entraîner une contamination exogène par voie manuportée. Les systèmes clos d’aspiration ne semblent pas pour autant s’accompagner d’une diminution de l’incidence des PNAVM comparés aux systèmes ouverts standards. En fait, dés les premières heures d’une intubation, un biofilm contenant des bactéries tapisse la lumière de la sonde. Les aspirations trachéales favorisent sa fragmentation et les particules libérées sont propulsées dans l’arbre aérien par le flux inspiratoire du respirateur. • Prévention antiulcéreuse : Pour comparer le rôle protecteur du sucralfate comparé aux anti –acides et aux anti-H2, plusieurs auteurs ont rapporté l’absence d’augmentation du nombre de PNAVM lors de l’utilisation d’anti H2. Une étude récente randomisée, en double aveugle, a comparé le sucralfate à une solution antiacide d’hydroxyde d’aluminium chez 141 patients. L’incidence des PNAVM était identique dans les 2 groupes. • Autres thérapies médicamenteuses : L’antibiothérapie prescrite pour une infection extrapulmonaire est un facteur de risque des pneumopathies nosocomiales car elle peut entraîner une sélection des germes multirésistants. 47 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Les corticoïdes par leur action immunosuppressive favorisent la survenue de pneumopathies nosocomiales. b/ Facteurs de risque liés au patient :[14, 29] • Gravité de la maladie sous jacente : Le risque de contracter une PNAVM est d’autant plus important que l’évolution spontanée des malades est estimée fatale à court ou à moyen terme. D’autres caractéristiques sont à considérer bien qu’elles soient inconstamment retrouvées comme facteur de risque l’âge,l’obésité,l’alcoolisme,la indépendant lors des analyses malnutrition,l’immunodépression,les multivariées : BPCO,les défaillances viscérales associées,brûlures,traumatisme. • Motif d’hospitalisation en réanimation : Les patients chirurgicaux développent davantage de PNAVM que les patients médicaux. Le risque est majeur en cas de chirurgie combinée thoracoabdominale. La chirurgie en urgence augmente encore ce risque tout comme la présence d’un traumatisme crânien ou d’un coma. Le syndrome de détresse respiratoire aigue (SDRA) constitue un facteur de risque important : dans une étude prospective conduite par Chastre et al., 55% des 56 patients présentant un SDRA ont présenté une PN ,contre 28% parmi les 187 patients ventilés pendant la même période et ne présentant pas de SDRA. Le diagnostic de pneumopathie reposait sur des critère stricts (brosse distale protégée et lavage bronchioloalvéolaire ; la mortalité était de 61% parmi les patients présentant un SDRA contre 34% chez les autres. Néanmoins, dans ce sous groupe de patients la survenue d’une PN ne semble pas modifier la mortalité. Cependant, dans l’étude de Chastre et al, la survenue d’une pneumopathie dans le groupe SDRA semble être surtout liée à la durée de la ventilation mécanique. 48 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Facteurs liés à l’hôte Facteurs d’intervention *Albumine sérique<2,2g/dl *Anti-H2+/-antiacides *Age≥60 ans *Curares, *SDRA continue *BPCO, pathologie pulmonaire *Durée de la ventilation mécanique>2 *Coma, altération de la conscience jours *Brûlures, traumatisme *Pression expiratoire positive *Défaillance viscérale *Changements fréquents des circuits de *Sévérité de la pathologie ventilateur *Aspiration massive du sédation intraveineuse contenu *Réintubation gastrique *Sonde nasogastrique *Colonisation gastrique et élévation du *Position tête basse pH *Transport en dehors de la réanimation *Colonisation des voies aériennes *Antibiothérapie supérieures Tableau n°13 : Facteurs de risque d’une IPN chez le patient sous ventilation mécanique. [29] d’IPN ’IPN : 2. Caractéristiques des principaux germes responsables d 2-1 P.aeruginosa : C’est un germe BGN, opportuniste car, bien que pouvant être isolé dans des infections communautaires, il est le plus souvent responsable d’IN. Il est naturellement résistant à de nombreux antibiotiques et peut acquérir de nombreux mécanismes de résistance grâce à une membrane externe peu perméable et grâce au développement de nombreux mécanismes de résistance lactamases,céphalosporinases,modification des protéines liant la pénicilline).[30] 49 (ß- Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Ticarcilline Pipéracilline Ceftazidime % Mécanisme le plus fréquent de résistance aux ß-lactamines S S S 58 Absence de mécanisme R S I 15 Résistance non enzymatique R R S 7 Bêtalactamase non transférable R R R 20 Céphalosporinase hyperproduite+/bêtalactamase transférable Tableau n°14 : Mécanismes les plus fréquents de résistance aux bêtalactamines de 2098 souches de P.aeruginosa en fonction du phénotype de sensibilité. [31] R : résistance I : intermédiaire S : sensibilité Imipénème Amikacine Ciprofloxacine % Mécanisme de résistance 92 81 84 58 Absence de mécanisme 89 67 61 15 Résistance non enzymatique 80 22 11 7,9 Bêtalactamase transférable 61 45 25 18,2 Céphalosporinase hyperproduite+/bêtalactamase transférable Tableau n°15 : Sensibilité à 4 ATB des souches de P.aeruginosa en fonction des mécanismes de résistance. [31] 50 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Ce germe opportuniste est ubiquitaire, saprophyte et se développe dans un environnement humide. Certaines souches, dites mucoides, sécrètent une quantité importante de polysaccharides (ou d’alginate). Ce caractère ne dépend pas du sérotype et est instable in vitro. La production d’alginate dont la synthèse est sous la dépendance de facteurs environnementaux, tels que la carence en nutriments indispensables à la croissance bactérienne, la déshydratation, l’hyperosmolarité, l’exposition à certains ATB et à des tensions d’oxygène élevées, contribue à augmenter la viscosité des sécrétions bronchopulmonaires. Elle est responsable d’une diminution de la bonne diffusion des ATB et d’une altération de la phagocytose par les macrophages. P.aeruginosa est naturellement résistant aux aminopécillines, aux inhibiteurs de bétalactamases, aux céphalosporinases de première et deuxième génération. Le phénotype sauvage reste sensible aux autres bêtalactamines (uréidopénicillines, carboxypénicillines, certaines céphalosporines de troisième génération, cabapénèmes et monobactames). Les autres ATB non actifs sur le phénotype sauvage sont : le cotimoxazole, les macrolides, les cyclines, le chloramphénicol, les quinolones de première génération, la rifampicine, les glycopeptides et l’acide fusidique. C’est un germe dont les résistances acquises sont fréquentes. Il s’agit de résistances parfois associées entre elles, transitoires et adaptatives, c’est-à-dire favorisées par la pression de sélection de l’antibiothérapie. [32] 51 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 2-2 A.baumannii : C’est un pathogène coccobacille à Gram négatif, opportuniste qui émerge ces dernières décennies comme agent d’IN. Sa capacité d’acquérir et d’accumuler les facteurs de résistance s’ajoute à un fort potentiel épidémique intra-hospitalier. Ces caractéristiques en font un agent d’IN de prédilection particulièrement chez les sujets hospitalisés en soins intensifs. Au fur et à mesure de la commercialisation de nouvelles molécules ATB, les résistances se sont rapidement intensifiées montrant le fort pouvoir d’adaptation de cette bactérie. Il s’agit essentiellement d’une résistance enzymatique. Plusieurs mécanismes sont décrits : hyperproduction de la céphalosporinase naturelle, acquisition de bêtalactamase plasmidique, imperméabilité de la paroi, acquisition d’enzymes hydrolysantes. L’ensemble de ces mécanismes entraîne une résistance, à des degrés divers, aux bêtalactamines, aminoglycosides, fluoroquinolones et à moindre degré à l’imipénème. Ces ATB représentent pourtant l’essentiel arsenal thérapeutique pour le traitement des infections à A.baumannii. De ce fait, la prise en charge de ces infections est actuellement un problème difficile. [33] Lors d’une étude rétrospective réalisée durant la période du 30 juin 2000 au 30 juin 2001 à l’hôpital Mohammed V à Rabat, 147 souches d’A.baumannii ont été isolées. Plus des 2/3 des isolats (67%) provenaient du service de réanimation. [33] La résistance aux ATB est représentée dans le tableau n°16 : 52 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation ATB % Ceftazidime 63,3% Pipéracilline 78,7% Gentamicine 77,5% Ciprofloxacine 68% Imipénème 23,8% Nétilmicine 30% Tableau n°16 : La résistance d’A.baumannii aux ATB. [33] Ce phénomène de résistance est lié à plusieurs facteurs parmi lesquels on peut noter : • La résistance naturelle de haut niveau de cette espèce bactérienne. • La pression de sélection antibiotique. • La difficulté du contrôle rapide de ces épidémies. • L’acquisition et la persistance de nouveaux mécanismes de résistance qui s’y additionnent. • Les progrès médicaux et notamment l’hospitalisation à des âges très tardifs de patients ayant des défaillances multiviscérales ce qui favorise l’immunodépression et l’hospitalisation de longue durée notamment en réanimation, et donc l’IN. [34] 53 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Etude Elouennass Etude hôpital Med V Antibiotiques 1996-1998 (115 souches) 2000-2001 (147 souches) Ticarcilline 76 72,3 Imipénème 12,8 23,8 Gentamycine 76 77,5 Tobramycine 74 70,8 Amikacine 54 41 Ciprofloxacine 72 68 Tableau n°17 : Evolution de la fréquence de résistance des isolats d’A. baumannii. [33] On remarque que les taux de résistance restent globalement très élevés entre les 2 périodes et surtout il y a un dédoublement du taux de résistance à l’imipénème [33]. Enfin, il va falloir s’habituer à gérer ces épidémies d’infections à A.baumannii multirésistantes compte tenu des progrès de la médecine invasive et de la réanimation qui s’adresse à des malades de plus en plus âgés et immunodéprimés. [34] 54 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation C/RESISTANCE C/RESISTANCE BACTERIENNE : La résistance bactérienne aux ATB est l’une des problèmes de santé publique mondiaux les plus graves. De nombreux germes responsables de maladies infectieuses ne réagissent plus aux ATB courants. Compte tenu de la gravité du problème, si des mesures concertées ne sont pas prises à l’échelle mondiale, nous risquons de revenir à l’ère pré-ATB [35]. L’exposition des populations aux ATB est une condition indispensable à l’émergence de la résistance acquise aux ATB chez les bactéries et à la diffusion des bactéries naturellement résistantes où ayant acquis des résistances. [36] I/Epidémiologie I/Epidémiologie de la résistance bactérienne : [37] En Europe, les principales espèces bactériennes concernées par la résistance aux ATB sont S.aureus, E.coli et Enterococcus faecalis, présentent à la fois dans la communauté et en milieu hospitalier. Depuis peu, 2 germes opportunistes, Klebsiella pneumoniae et P.aeruginosa, sont de plus en plus fréquemment impliqués dans les IN. Ces germes qui touchent particulièrement les enfants, les personnes âgées et les malades immunodéprimés, sont le plus souvent la cause d’infections graves à l’hôpital, notamment dans les unités de soins intensifs où la prévalence des infections peut atteindre 33 %. Aux Etats-Unis, environ 70% de ces IN sont résistantes à au moins un ATB. La prévalence de ces résistances est très variable selon les pays, mais aussi au niveau national et local. Au niveau local, le taux de résistance est beaucoup plus élevé dans les services de réanimation où les patients les plus vulnérables sont regroupés et où l’utilisation des ATB est plus élevée que dans les autres services. Selon les données de 2004, rapportées par l’European Antimicrobial Resistance Surveillance System (EARSS) chargé de la surveillance des résistances aux 55 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation ATB en santé humaine dans les pays européens, la résistance suit un gradient NordSud ; les taux les plus élevés étant observés dans les pays méditerranéens. Enfin au niveau international, selon l’espèce bactérienne considérée, les taux de résistance diffèrent. C’est ainsi que la France prend la première place en Europe pour la résistance des pneumocoques à la pénicilline et aux macrolides avec plus de 50% des souches résistantes, les taux de SARM restant stables avec 33%, alors qu’ils sont de l’ordre de 50% en Amérique du Nord sur la période 1997-2004. Selon les résultats de l’étude de SENTRY (un programme international de surveillance des ATB) les Klebsiella productrices de ß-lactamases à spectre étendu sont au contraire beaucoup plus communes en Europe et en Amérique latine (22 et 40%) qu’aux EtatsUnis (10%). II/Mécanismes II/Mécanismes de résistance : [36, 38] Un ATB agit du fait de son affinité pour une cible vitale pour la bactérie. Sa fixation spécifique inhibe le fonctionnement de cette cible qui est en général une enzyme ou une structure clé impliquée dans la synthèse de la paroi, des acides nucléiques, des protéines ou de la membrane cytoplasmique. Les bactéries ont développé plusieurs mécanismes de résistance aux ATB : 1. La modification de la cible de l’ATB : La cible de l’ATB est modifiée et l’ATB ne peut plus se fixer. Parfois, la cible n’est pas modifiée mais la bactérie est capable de synthétiser une nouvelle cible résistante à l’ATB, on parle alors de substitution de cible. 2. L’inactivation enzymatique de l’ATB : Ce mécanisme est l’image en miroir de la modification de cible puisque c’est l’ATB qui est modifié par la production d’une enzyme bactérienne et ne reconnaît plus sa cible. 56 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 3. L’imperméabilité : Soit par la diminution de la pénétration d’un ATB ou par l’efflux actif des ATB par des pompes plus ou moins spécifiques. 4. Mécanismes génétiques : L’acquisition de résistance par la bactérie se fait souvent par le gain d’un gène de résistance « étranger ». Ceci nécessite un contact entre bactéries donatrices de l’ADN et bactéries réceptrices. Pour quelques espèces bactériennes, comme Streptococcus pneumoniae et Acinetobacter sp, elle peut se faire par acquisition d’ADN « nu » par simple transformation. Le transfert d’ADN se fait à partir de bactéries mortes ou d’ADN présent dans l’environnement. L’acquisition de résistance peut se faire par le biais d’une mutation qui peut affecter la cible de l’ATB ou modifier l’expression d’un mécanisme de résistance déjà présent mais peu exprimé. Un exemple du premier cas est la résistance à la rifampicine due à la mutation du gène rpoB codant pour l’ARN polymérase cible de l’ATB. Pour le deuxième cas, l’exemple est la résistance aux C3G chez Enterobacter sp par hyperproduction de sa céphalosporinase naturelle suite à une mutation qui dérégule sa synthèse. L’évaluation d’un ATB devrait considérer ces 2 voies possibles d’acquisition de résistance. 57 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation III/Facteurs III/Facteurs de risque : [39] Pour prévenir ou diminuer cette résistance bactérienne, il faut connaître les facteurs de risque de leur développement. Certains de ces facteurs sont liés au patient lui-même, notamment les affections associées et la gravité clinique : -ATCD d’hospitalisation. -Nature de l’établissement fréquenté. -Antibiothérapie antérieure. -Durée d’hospitalisation. -Mise en place de dispositifs invasifs. -Passage en chirurgie ou en réanimation : le séjour en réanimation était un facteur de risque d’infection à souche sensible comme à souche résistante. Toutes les études reconnaissent de façon convergente un rôle décisif à l’antibiothérapie préalable comme facteur majeur de l’apparition d’une flore hospitalière comportant des bactéries résistantes : soit antibiothérapie de plus de 24 heures dans les jours précédents, soit antibiothérapie moins récente mais prolongée. Le travail réalisé par Trouillet et al.dans les PNAVM illustre parfaitement cette corrélation. Les facteurs de risque de bactérie potentiellement résistante (S.aureus résistant à l’oxacilline, P.aeruginosa ou A.baumannii) ont été recherchés dans 135 épisodes consécutifs de PNAVM. Trois facteurs sont identifiés comme significatifs et indépendants : une ventilation mécanique d’au moins 7 jours, une antibiothérapie dépassant un jour et une antibiothérapie à large spectre. Ces données ont été amplement confirmées par d’autres études. 58 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Une étude française, publiée en 2003, analyse dans 124 épisodes de PNAVM les facteurs de risque de bactéries multirésistantes : outre les micro-organismes précédemment cités, sont inclus les entérobactéries sécrétrices de bêtalactamases à spectre élargi et les pneumocoques résistants à la pénicilline. L’analyse multifactorielle fait ressortir au premier rang des facteurs de risque l’antibiothérapie dans le mois précédent, puis une atteinte neurologique, l’inhalation et la survenue après 8 jours de ventilation mécanique. La seule donnée constante, commune à toutes les études, est la suivante : l’utilisation d’un ATB pendant plus de 24 heures dans les jours qui précèdent l’épisode infectieux favorise l’émergence de bactéries résistantes non seulement à cet ATB, mais aussi à d’autres molécules. IV/Conséquences IV/Conséquences de la résistance bactérienne : [35, 40] Dans de nombreux pays, les ATB s’achètent directement aux pharmacies, sans ordonnance ni avis d’un professionnel de santé qualifié. Les médecins ont réagi en remplaçant dans leurs ordonnances les anciens ATB par d’autres plus récents, mais ceux-ci sont de moins en moins nombreux. La résistance aux ATB a des conséquences cliniques et financières graves. L’administration différée d’un traitement efficace en cas d’infection due à un microorganisme résistant accroît la morbidité et la mortalité. Une maladie et une hospitalisation prolongée sont coûteuses et le recours à des médicaments autres que les médicaments de première intention peut multiplier les coûts par 100, ce qui les met hors de portée de nombreux gouvernements et de nombreux malades, notamment dans les pays en développement tels le Maroc. D’autre part la résistance implique l’échec : l’absence d’ATB actifs sur une bactérie hospitalière, responsable d’une infection grave, est source d’échec. 59 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Cette proposition est vraisemblable et il faut alors développer de nouveaux ATB. Mais avant d’en arriver là, seule une analyse très critique des échecs permet d’identifier ce qui revient à la résistance, et ce qui est dû à une stratégie inadéquate aboutissant au site de l’infection à une concentration insuffisante d’ATB ou à une inactivation. Cette analyse est l’évaluation la plus rationnelle de l’activité d’un ATB : les essais cliniques sur les pneumonies nosocomiales se soldent par un taux d’échec de 50% ; l’analyse des échecs y est trop souvent sommaire pour permettre de comprendre les limites de l’activité d’une molécule. V/Principales V/Principales résistances bactériennes : 1. S.aureus résistant à la méticilline (SARM) : Le SARM est l’un des principaux germes responsables d’IN épidémiques au niveau international. Cette situation endémique est surtout préoccupante dans les unités de réanimation où la transmission interpatients est facilitée par de nombreux facteurs. D’autre part, l’hospitalisation prolongée de certains de ces patients après leur séjour en réanimation fait jouer à ce service un rôle de plaque tournante dans la diffusion du SARM à l’hôpital. ([41] L’émergence de la résistance à la méticilline au sein de l’espèce S.aureus constatée au début des années 1960 en Europe, a été suivie par une rapide dissémination à travers le monde.10 ans plus tard, le SARM était responsable d’épidémies d’infections hospitalières aux Etats-Unis et diffusait dans la plupart des établissements de santé où la proportion de SARM pouvait atteindre 30%. Depuis ,et malgré la mise en place de stratégies de maîtrise de la diffusion à partir de la fin des années 1990, le SARM s’est installé à l’état endémique dans de nombreux hôpitaux à travers le monde. Il représente une menace dans les services de soins intensifs et de réanimation ,concentrant des patients à haut risque infectieux, nécessitant des 60 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation hospitalisations prolongées et de nombreuses procédures invasives, et également soumis à une forte pression antibiotique.[42] Entre 1970 et 1985, le taux de résistance des staphylocoques dorés à la méticilline est limité à 2-6% dans le monde. Les taux très bas observés en Europe du Nord (<1%) sont le résultat d’une politique de dépistage agressive (dépistage dés et au cours de l’hospitalisation), d’isolement des patients colonisés et d’une politique de l’antibiothérapie. La situation s’aggrave entre 1990 et 2000 notamment en Australie, aux Etats-Unis et en Europe du sud avec des taux compris entre 30 et 50%. Les Centers for Disease Control and Prevention (CDCP) et le système national de surveillance des IN (NNISS), ont constaté une augmentation progressive de la prévalence des SARM entre 1989 et 2003 où les SARM sont responsables de près de 60% des IN à staphylocoques dans les services de soins intensifs et de réanimation, et même si l’incidence dans les autres services est moindre, elle est toutefois préoccupante. [42] En Europe, la situation est très hétérogène d’un pays à l’autre. Les pays du sud de l’Europe comme la Grèce, le Portugal et l’Italie présentent les taux de SARM les plus élevés, avec des proportions pouvant dépasser 50%. D’autres pays comme les Pays-Bas, la Suède et le Danemark présentent des proportions inférieures à 5 voire 1%. [42] Une étude multicentrique européenne a montré également à partir de 3000 souches que l’incidence était de 23% dans les services de médecine et atteignant 38% en unité de soins intensifs et réanimation. [42] 61 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Auteurs Année de Pays Nombre de Taux de Taux de patients colonisation colonisation à l’admission au cours du (%) séjour (%) 1361 8,7 5,5 publication Thompson 2004 et al. Marshall et GrandeBretagne 2003 Australie 732 6,8 11,7 Ho et al. 2003 Hongkong 1697 12,1 11,1 Lucet et al. 2003 France 2347 6,9 -- Porter et al. 2003 Grande- 565 3,0 -- al. Bretagne Barbarini et 2001 Italie 292 13,7 16,0 2001 France 1044 5,1 4,9 2000 France 691 8,9 6,7 al. Garrouste et al. Merrer et al. Tableau n°18 : Taux de colonisation à SARM en unité de soins intensifs et réanimation. [42] 1-1 Comment S.aureus résisterésiste-t-il à la méticilline ?:[43] ?: La résistance à la méticilline traduit la présence d’une cible des bêtalactamines nouvelle et insensible à ces ATB : la protéine de liaison aux pénicillines PLP2a, codée par le gène mec A. Bien qu’il existe une résistance croisée entre les bêtalactamines, certaines d’entre elles conservent une certaine affinité pour la PLP2a, ce qui explique que les concentrations minimales inhibitrices (CMI) de certains ATB de cette famille soient plus basses que celles de l’oxacilline, l’association amoxicilline-acide clavulanique ou l’imipénème. Au total, on continue à considérer que la résistance due à l’acquisition de PLP2a reste une résistance croisée entre les bêtalactamines. Il faut signaler que la sécrétion de pénicillinases est présente chez 70 à 90% des S.aureus. Lorsque le laboratoire de bactériologie signale une résistance à la 62 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation pénicilline (sans résistance à la méticilline), celle-ci implique aussi une résistance à l’ampicilline, l’amoxicilline, la ticarcilline et à la pipéracilline. En revanche, les pénicillines associées à un inhibiteur de pénicillinase (acide clavulanique, sulbactam ou tazobactam) ou les bêtalactamines insensibles aux pénicillinases (céphalosporines, imipénème) restent actives. Fait important en pratique, les C3G (céfotaxime, ceftriaxone) sont 10 fois moins actives que la méticilline sur le staphylocoque, ce qui rend leur utilisation illogique en dehors des cas d’infections mixtes. 1-2 Difficulté thérapeutique thérapeutique dans les IN à SARM : [44] Une enquête de pratique a été effectuée en France sur un échantillon représentatif de 240 services de réanimation. Elle avait pour principal objectif d’évaluer le profil des patients atteints d’IN à SARM et se trouvant du fait de cette infection en situation de difficulté thérapeutique. Les objectifs secondaires étaient l’évaluation de l’incidence des IN à SARM, de la fréquence des situations de difficulté thérapeutique parmi ces infections et enfin l’étude des critères sur lesquels s’appuient les médecins réanimateurs pour considérer ces infections comme une situation de difficulté thérapeutique. Durant l’enquête, il y a eu une exclusion volontaire de la difficulté thérapeutique en rapport avec les défaillances d’organe liées à un sepsis sévère. l’étude s’est basée sur 2 catégories principales de situation difficiles : difficulté liée à la bactérie responsable de l’infection et difficulté liée au patient. a/ Difficulté liée à la bactérie responsable de l’infection : *Soit du fait de sa sensibilité diminuée ou de sa résistance aux glycopeptides, rare en France ; *Soit du fait de l’émergence d’une souche résistante en cours de traitement. 63 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation b/ Difficulté liée au patient : *Intolérance préexistante aux glycopeptides, qui peut être d’ordre immnoallergique ou d’ordre métabolique, en particulier l’insuffisance rénale ; *Intolérance aux glycopeptides apparaissant sous traitement : réactions immuno-allergiques, notamment réaction anaphylactoïde ; *Néphrotoxicité (apparition ou aggravation), ototoxicité, autres effets conduisant à l’arrêt du traitement ou rendant sa gestion difficile. Pour l’attitude thérapeutique, seulement 23% des prescripteurs font état d’un recours à la monothérapie pour le traitement des infections à SARM, alors que 73% déclarent faire appel à deux (71%), voire trois ATB (2%). La vacomycine est de loin l’ATB le plus souvent cité dans cette enquête. Sur 570 citations, elle revient 188 fois, soit de 2 fois plus que l’ATB venant en seconde position, la gentamicine. ATB Nombre où l’ATB a été cité Vancomycine 188 fois Gentamicine 81 Teicoplanine 72 Fosfomycine 65 Pristinamycine 52 Acide fusidique 51 Rifampicine 49 Bactrim 9 Synercid 3 n=570 Tableau n° 19 : Fréquence d’utilisation des ATB dans les IN à SARM [44] 64 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation La fréquence estimée des situations de difficulté thérapeutique était le point important de cette enquête. La majorité (90%) des cliniciens qui ont répondu font état d’une situation de difficulté thérapeutique occasionnelle dans les infections à SARM. Cette situation est qualifiée de « fréquente » dans 2% des cas ; 8% des médecins déclarent ne jamais y être confrontés. Une estimation du pourcentage de situations difficiles sur l’ensemble des situations a été demandée. La médiane se situe à 10%, avec des extrêmes de 0 et 50% . La nature de la difficulté thérapeutique était comme suit : Défaut de sensibilité aux ATB : • Pour 2 cliniciens sur 3, la sensibilité diminuée du staphylocoque aux glycopeptides n’est jamais la source de la difficulté thérapeutique. Pour 31% des cliniciens, ce problème se pose parfois. Pour 4% des répondants, cette situation est fréquente. Infections polymicrobiennes : • Elles sont une source plus fréquemment citée de difficulté thérapeutique. Le défaut de sensibilité des SARM aux autres ATB testés est considéré comme « souvent » en cause par 47%, soit seulement 9% des réanimateurs interrogés pour lesquels ce problème ne se pose « jamais ». • Intolérance connue aux glycopeptides : Les ATCD de réactions anaphylactoïdes, sont la source de difficultés thérapeutiques occasionnelles pour 42% des médecins, fréquentes pour 2%. Les fréquences pour les ATCD immuno-allergiques sont de 64%. Pour l’insuffisance rénale, les difficultés sont occasionnelles pour 60% des prescripteurs et fréquentes pour 28%, soit au total 88% des médecins se considèrent mis en difficulté au moins occasionnellement par l’insuffisance rénale. 65 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation f/ Intolérance au cours du traitement : Les incidents immuno-allergiques en cours de traitement sont ressentis comme une source importante de difficulté. L’insuffisance rénale apparaît comme la toxicité la plus fréquente faisant surgir des difficultés en cours de traitement : ce problème est souvent rencontré par 24% des réanimateurs. La vancomycine vient en tête des déclarations d’utilisation parmi les ATB au cours des infections à SARM. Les 2 sources principales déclarées de ces difficultés thérapeutiques sont l’insuffisance rénale (préexistante ou apparue) et les manifestations immuno-allergiques. Par ailleurs, dans notre série, on remarque qu’on est à l’abri du problème de SARM, puisque la plupart de nos souches de S.aureus (62%) sont sensibles à la méticilline. 1-3 Les nouveaux antistaphylococciques : [45, 46, 47] Les efforts de recherche en direction de nouvelles molécules antistaphylococciques sont plus jamais justifiés. La fréquence des souches de SARM reste très importante à l’hôpital, et la solution apportée par les glycopeptides est loin d’être satisfaisante. L’arsenal thérapeutique staphylococciques, s’est l’association enrichi de 2 nouvelles quinupristine/dalfopristine molécules (Synercid®) antiet le linézolide. L’intérêt commun de ces 2 molécules est leur activité sur les CGP résistants aux ATB usuels : SARM, entérocoques résistants à la vancomycine et pneumocoques 66 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation résistants à la pénicilline. Les 2 composés ont aussi une activité sur les germes anaérobies. Ils sont avant tout indiqués dans les IN à CGP, surtout à SARM. a/ Quinupristine/Dalfopristine (Synercid®) : Synercid® est une streptogramine injectable qui associe 2 composés dans le rapport 30/70 : une streptogramine B (la quinupristine) et une streptogramine A (la dalfopristine). Ces 2 composés sont dotés d’une activité synergique qui permet à l’association d’être bactéricide. Son activité s’exerce essentiellement sur les CGP. Les 2 atouts principaux de Synercid® sont une activité bactéricide analogue à celle de la vancomycine et le fait que l’acquisition d’une résistance au Synercid® nécessite 2 étapes, la résistance à un seul des composants ne suffit pas. L’utilisation de Synercid® en association à d’autres ATB présente 2 avantages potentiels : *en cas de résistance à la quinupristine : augmenter la bactéricidie. *en cas de résistance à la dalfopristine : prévenir l’émergence de mutants résistants. b/ Le linézolide : C’est le représentant d’une nouvelle classe d’ATB : les oxazolidinones. Il est actif sur les CGP. C’est un inhibiteur de la synthèse protéique qui agit à un stade très précoce de cette synthèse. Dans l’étude SENTRY, le linézolide a fait la preuve d’une activité antistaphylococcique intéressante et surtout indépendante de la sensibilité ou non à la méticilline. Il se caractérise par un pouvoir bactéricide temps dépendant, ce qui souligne l’importance d’optimiser les concentrations de façon à s’approcher de 100% du temps au dessus de la CMI. C’est seulement à ce prix que l’on peut espérer 67 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation obtenir une activité comparable à celle de la vancomycine. L’intérêt majeur de cette molécule est la possibilité d’une utilisation par voie orale, par exemple en relais d’un traitement initial par un glycopeptide. Pour le SARM et malgré les progrès accomplis, reste responsable d’infections fréquentes et lourdes devant lesquelles l’ensemble des professionnels de santé doivent se mobiliser afin de permettre un contrôle à ce risque infectieux sérieux. 2. Entérobactéries sécrétrices de bêtalactamases à spectre élargi (ESBSE) : Les ESBSE sont parmi les principales bactéries multirésistantes (BMR). Sur le plan international, la maîtrise de la diffusion des BMR constitue depuis une dizaine d’années une priorité dans la politique de lutte contre les IN. En fait, il existe 2 grands mécanismes participant à la dissémination des BMR [21] : *D’une part la sélection de germes résistants parmi les bactéries de la propre flore du patient sous la pression des ATB et la diffusion des gènes de résistance entre les bactéries par l’intermédiaire de terminants mobiles (plasmides, transposons). *D’autre part la diffusion des BMR à partir des patients infectés ou colonisés (réservoir) et par l’intermédiaire des mains des différentes personnes impliquées dans les soins. Les bêtalactamases ont une structure proche des enzymes impliquées dans la synthèse du peptidoglycane de la bactérie. Le mode d’action des bêtalactamines sur une bactérie sensible consiste à entraîner une erreur des peptidases aboutissant à un défaut de synthèse du peptidoglycane, ce qui provoque la mort bactérienne. Pour éviter que les peptidases ne se « trompent », la bactérie synthétise une bêtalactamase qui va hydrolyser le cycle bêtalactame. Son ouverture va empêcher sa 68 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation reconnaissance par la peptidase et donc la synthèse du peptidoglycane est possible : la multiplication bactérienne n’est alors pas affectée. De très nombreuses bêtalactamases ont été identifiées dans presque toutes les souches bactériennes et certaines de ces enzymes montrent des capacités d’adaptation remarquables à de nombreux substrats. [22] 2-1 Classification des bêtalactamases :[22] Il existe plusieurs classifications (Bush, Jacoby et Medeiros), mais la plus importante est celle de la classification d’Ambler qui est basée sur la séquence en acides aminés du site enzymatique : a/ Les pénicillinases : Elles constituent un groupe très hétérogène comprenant de nombreuses enzymes essentiellement actives sur les pénicillines. Ces pénicillinases peuvent être spécifiques à un genre ou largement distribuées. Elles sont produites par 20 à 40% des souches d’E.coli. Leur spectre d’action comprend les pénicillines, voire les C1G et même les C2G. L’association d’une bêtalactamine avec un inhibiteur de bêtalactamases (acide clavulanique, sulbactam, tazobactam) permet une restauration de l’activité initiale de la bêtalactamine. Mais plus récemment, les hyperproductions de pénicillinases ont été décrites et la bactérie devient résistante aux inhibiteures de bêtalactamases. b/ Les bêtalactamases à spectre élargi : Ce terme désigne les bêtalactamases responsables de la résistance aux bêtalactamines à large spectre, habituellement actives contre les BGN. Ces enzymes dérivent, par mutation de l’hyperproduction de pénicillinases. La plupart de ces enzymes ont été retrouvées au cours d’épidémies nosocomiales. Ces enzymes inactivent toutes les bêtalactamines (pénicillines, monobactames, céphalosporines) à 69 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation l’exception des carbapénèmes (imipénème), des oxacéphems (moxalactam) et des céphamycines (céfoxitine).Elles restent sensibles aux inhibiteurs de bêtalactamases et en particulier à l’association uréidopénicilline-tazobactam. c/ Les bêtalactamases résistantes « aux inhibiteurs » : Plus récemment, des bêtalacatamases dérivées de pénicillinases plasmidiques entraînant une résistance aux inhibiteurs de bêtalactamases ont été décrites. Elles sont produites par E.coli, Proteus et Klebsiella. Elles confèrent une résistance à l’amoxicilline et à la ticarcilline, seules ou en association avec l’acide clavulanique et un bas niveau de résistance aux C1G. d/ Les pénicillinases de type oxacillinases : Leur détection en routine est difficile en raison de leur phénotype de résistance proche des autres bêtalactamases. Leur prévalence est assez faible chez E.coli. e/ Les céphalosporinases : Elles sont généralement chromosomiques et spécifiques d’une espèce. Parfois présentes mais non exprimées, elles peuvent s’exprimer à bas ou à haut niveau conduisant à des phénotypes de résistance très hétérogènes. 2-2 Données de la littérature : Une étude a été réalisée au CHU d’Amiens en France, qui avait pour objectif de mesurer la diffusion des ESBSE au niveau du CHU et de suivre l’évolution de leur incidence sur une période de 16 mois, entre février 1999 et mai 2000. Cette étude a montrée une incidence hétérogène entre les différents services, avec une prédominance au niveau des services de réanimations et soins intensifs [21]. 70 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Catégories de spécialité Incidence pour 1000 journées d’hospitalisation Réanimation/soins intensifs 1,32 Médecine (court séjour) 0,47 Chirurgie 0,29 Moyen ou long séjour 0,18 Tableau n°20 : Incidence des ESBSE par catégories de spécialités au CHU d’Amiens en France, entre février1999 et mai 2000. [21] Une autre étude a été réalisée au même CHU, qui avait pour but d’étudier l’évolution des fréquences des E.coli sécrétrices de bêtalactamases à spectre élargi (E.coli SBSE). Cette étude porte sur 104 souches d’E.coli SBSE isolées de prélèvements à visée diagnostique, entre février 1999 et décembre 2005. [26] 71 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation ATB testés %d’E.coli % d’E.coli Notre série sensibles SBSE (%) Ampicilline 52,36 0 9,3 Amoxicilline+acide clavulanique 67,94 0 44,2 Ticarcilline 54,72 0 -- Pipéracilline 54,73 0 9,3 Pipéracilline+tazocilline 91,09 0 -- Céfalotine 67,89 0 23 Céfotaxime 97,87 88 74,4 Imipénème 100 100 -- Gentamicine 96,53 76 48,8 Tobramycine 96,18 72 -- Nétilmicine 97,07 68 -- Amikacine 99,41 92 51,2 Colistine 99,97 100 51,2 Triméthoprime+sulfaméthoxazole 78,71 24 39,5 Ofloxacine 87,77 24 74,4 Tableau n°21 : Comparaison de la sensibilité des souches d’E.coli et d’E.coli SBSE aux ATB [26] On remarque une diminution très importante de sensibilité des souches d’E.coli SBSE par rapport aux autres souches d’E.coli. Pour notre série, on note la sensibilité diminuée de nos souches d’E.coli en comparaison aux souches d’E.coli sensibles et ceci pour les ATB suivants : pipéracilline, céfalotine, gentamicine, amikacine, colistine et sulfaméthoxazole. 72 triméthoprime+ Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Un travail réalisé à l’hôpital de Foch en France, entre 2000 et 2005 et pour chaque année il y avait une surveillance de la sensibilité de 7 ATB pour toutes les bactéries retrouvées dans les ECBU. [48] Une analyse par genre bactérien montre chez les entérobactéries une évolution défavorable entre 2000 et 2005. ATB 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Amoxicilline 45,2% 42,8 42,2 42,6 39,7 40,6 Amoxicilline+acide clavulanique 69,6 69,7 70,3 77,3 71,3 68,9 Fosfomycine 94,3 93,7 94,8 96,8 94,6 89,4 Triméthoprime+sulfaméthoxazole 75,6 75,8 73,3 77,2 75,2 75,7 Furanes 89,4 78 77 77,3 81,7 85,9 Acide nalidixique 83,9 83,8 83,4 81,5 81,5 81,4 Quinolones 90,5 89,5 88,7 87,7 87,7 85,5 Tableau n°22 : Evolution des pourcentages de la sensibilité des entérobactéries entre 2000 et 2005. [48] Tous ces travaux montrent que les ESBSE constituent un risque infectieux croissant dont il faut contrôler son émergence et sa dissémination par le respect des mesures d’hygiène et la bonne utilisation des ATB. Toutefois, des études nationales sont nécessaires pour déterminer notre situation vis-à-vis de ce sérieux problème. 73 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 3. Résistance d’A.baumannii : A.baumannii est un germe qui est présent dans l’environnement et commensal des muqueuses de l’homme. Depuis quelques années, ce germe est considéré comme un pathogène opportuniste responsable d’un taux croissant d’IN sévères. Plusieurs épidémies dues à cette bactérie ont été répertoriées, touchant principalement les patients immunodéprimés, sous une antibiothérapie et exposés à des séjours prolongés. [49] De nombreuses études ont rapportées la prédominance de ces infections dans les services de réanimation. La capacité de survie dans des conditions rudimentaires, la résistance naturelle et la grande diversité des plasmides confèrent à la bactérie un potentiel d’acquisition des résistances. La multirésistance a été décrite pour la première fois au Taiwan en 1998 et depuis, son incidence ne cesse de croître dans plusieurs pays. [49] Une étude rétrospective réalisée de janvier 2003 à décembre 2005 au laboratoire de microbiologie du CHU Ibn Rochd à Casablanca. [49] Durant la période des études, 754 souches non répétitives d’A.baumannii ont été répertoriées. Plus de la moitié des souches ont été isolées dans les services de réanimation (50,53%). Les principaux facteurs de risque de l’infection à A.baumannii, retrouvés au niveau de ces services de réanimation : *L’antibiothérapie : 98% *La ventilation mécanique : 95% *L’âge avancé : 72% *Le séjour prolongé : 65% *Les traumatismes multiples : 47% 74 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation L’isolement d’A.baumannii dans les prélèvements bronchiques était prédominant dans les services de réanimation. Prélèvements Réanimation (%) Autres services (%) Hémoculture 31 42 Prélèvements bronchiques 39 3 Urines 8 23 Pus 5 17 Cathéter 7 1 Autres 10 14 Tableau n°23 : Les sites d’isolement des souches d’A.baumannii selon les services cliniques du CHU Ibn Rochd (2003-2005). [49] ATB Réanimation CHU Ibn Notre série en 2007 (%) Rochd (%) Imipénème 41 52,2 Gentamicine 1,5 8,7 Tobramycine 37,1 30,4 Amikacine 51,7 21,7 Ciprofloxacine 17,1 4,3 Tableau n°24 : Comparaison de la sensibilité des souches d’A.baumannii entre réanimation du CHU Ibn Rochd et réanimation du CHU Hassan II. [49] Les principales remarques sont : *Nos souches d’A.baumannii sont de sensibilité diminuée à l’amikacine et ciprofloxacine par rapport aux souches du CHU Ibn Rochd. *Nos souches d’A.baumannii sont plus sensibles à la gentamicine. 75 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation L’apparition de souches d’A.baumannii multirésistantes a été décelé dans les 2 séries, ce qui veut dire l’installation de sérieux problèmes thérapeutiques à l’échelle nationale. Pour notre série on a remarqué un changement au niveau du profil de sensibilité durant les 4 ans d’étude : en 2004 la plupart des souches sont sensibles à l’amikacine, en 2005 toutes les souches (100%) sont sensibles à l’imipénème, en 2006 (75%) des souches sont sensibles à amikacine et en 2007 (78,30%) sont sensibles à la colistine. • Le profil de la résistance d’A.baumannii aux ATB : [34] Pour les bêtalactamines le principal mécanisme de résistance est la production à un niveau élevé de la céphalosporinase naturelle par l’A.baumannii. Ceci explique que certaines souches soient alors résistantes aux C3G. Les bêtalactamases à spectre large entraînent un phénomène de résistance in vivo en fait assez similaire à celui observé depuis plus de 20 ans chez les entérobactéries. Il s’agit d’une résistance à toutes les bêtalactamines sauf aux carbapénèmes. Certaines souches d’ A.baumannii peuvent être également résistantes aux carbapénèmes. Ce niveau de résistance est assez variable (5 à 50% selon les souches épidémiques). Cependant, plusieurs études montrent une nette tendance à l’augmentation de la résistance aux carbapénèmes dans cette espèce bactérienne résultant de plusieurs mécanismes additionnels. La résistance aux fluoroquinolones qui est fréquente dans cette bactérie et de prévalence croissante est le fait souvent d’une association de mécanismes de résistances comme ceci est souvent le cas chez les BGN. 76 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Parmi les mécanismes de résistance aux aminosides, un très grand nombre d’enzymes modifiant la structure des aminosides ont été décrits chez A.baumannii qui, pour certains, ont un large spectre de substrat incluant notamment l’amikacine. Pour les autres ATB qui peuvent avoir une certaine efficacité chez A.baumannii, on décrit une résistance que ce soit pour la rifampicine ou pour la colistine. Les infections à A.baumannii multirésistantes devraient bénéficier d’une bithérapie. Cependant, l’association de mécanismes de résistances limite en pratique les possibilités thérapeutiques. Les associations qui ont une bonne activité de synergie bactéricide sont celles comprenant un aminoside (amikacine, tobramycine) et une bêtamactamine (ceftazidime, imipénème). Plusieurs auteurs ont souligné l’intérêt thérapeutique de l’association ampicilline-sulbactam et rifampicine ou l’imipénème-rifampicine. Dans un certain nombre de cas, la colymicine aurait un intérêt, son efficacité in vivo restant cependant discutée. 4. Résistance de Pseudomonas aeruginosa : P.aeruginosa est une bactérie nosocomiale qui cumule de nombreux mécanismes de résistance aux ATB. En milieu hospitalier, les conditions de réanimation des patients, soumis à des gestes invasifs multiples et dont les défenses immunitaires sont altérées, favorisent le déclenchement d’infections patentes à cette bactérie opportuniste, dont la mortalité est très élevée. Cette gravité est liée en grande partie à la résistance aux ATB de cette espèce, laissant au clinicien un choix limité d’ATB efficaces. [50] Ce germe est naturellement résistant à de nombreux ATB par trois mécanismes principaux : la faible perméabilité pariétale, l’inactivation enzymatique et les systèmes de pompes à efflux actif. L’acquisition de nouvelles résistances est 77 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation facile et rapide, favorisée en milieu hospitalier par une forte concentration bactérienne et une pression de sélection par les ATB, notamment ceux à large spectre. Cette résistance acquise peut toucher toutes les molécules y compris l’imipénème, ATB largement utilisé en réanimation dans le traitement des infections graves à germes multirésistantes. La sélection de souches multirésistantes, que ce soit dans un foyer infectieux ou au niveau des flores commensales, est sous la dépendance de plusieurs facteurs favorisants, notamment une antibiothérapie préalable, un inoculum bactérien lourd, une hospitalisation antérieure et un statut immunitaire affaibli. [51] Plusieurs études ont essayé d’évaluer le profil de résistance de P.aeruginosa : Dans la série de Sevillano et al. , incluant 229 isolats de P.aeruginosa, a montré les résultats suivants : ATB Sensibles (%) Intermédiaires (%) Résistants (%) Ceftazidime 67,3 8,8 23,9 Cefotaxime 24,3 39,8 35,9 Amikacine 84,5 10,2 5,3 Gentamicine 27 18,1 54,9 Imipénème 78,3 7,1 14,6 Tableau n°25 : Profil de la sensibilité de P.aeruginosa dans un hôpital au nord de l’Espagne (2002). [52] La série de Cavallo et al. a été réalisée dans 15 CHU en France pour évaluer la sensibilité de P.aeruginosa aux ATB : 738 souches ont été recueillis. [53] (tableau n°26). 78 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation ATB ( % ) Série de Cavallo (53) Notre série (%) Pipéracilline 73 44 Ceftazidime 76 68 Imipénème 81 88 Amikacine 62 68 Tobramycine 71 76 Ciprofloxacine 60 88 Tableau n°26 : Comparaison de la sensibilité de P.aeruginosa à 10 ATB. [53] La comparaison entre les 2 séries (Cavallo et la notre) montre une sensibilité généralement comparable, sauf pour la pipéracilline où nos souches de P.aeruginosa sont de sensibilité diminuée. Les principaux ATB actifs sur nos souches sont : imipénème (88%), quinolones (88%) et tobramycine (76%). Par contre dans les 2 autres séries (Sevillano et Cavallo), les principaux ATB actifs sont : imipénème, ceftazidime et aminosides. Les études sont nombreuses et convergent pour montrer la pression de sélection exercée par l’antibiothérapie sur les bactéries, l’augmentation des résistances en rapport avec leur utilisation. Les résistances sont beaucoup plus fréquentes dans les IN que dans les infections communautaires et en cas d’épidémies d’infections à bactéries résistantes, on constate que les sujets infectés ont reçu plus d’ATB que les témoins non infectés. De plus, on assiste à une augmentation dramatique de l’incidence des infections résistantes à une ou plusieurs classes d’ATB. [54] 79 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation D/ANTIBIOTHERAPIE D/ANTIBIOTHERAPIE : I/Principales classes d’ATB utilisables en réanimation réanimation : 1. Bêtalactamines : [55,56] Les bêtalactamines constituent la famille d’ATB la plus importante, aussi bien par le nombre et la diversité des molécules utilisables que par leurs indications en thérapeutique et en prophylaxie des infections bactériennes. Cette famille, qui regroupe les pénicillines, les céphalosporines, les carbapénèmes et les monobactames, est caractérisée par la présence constante du cycle bêtalactame associé à des cycles et des chaînes latérales variables qui expliquent les propriétés pharmacocinétiques et le spectre d’activité des différents produits. La grande variété de leurs modes d’administration, leur large spectre d’activité antibactérien associé à une action bactéricide, une bonne diffusion tissulaire, une bonne tolérance et un faible nombre d’interactions médicamenteuses expliquent leur popularité et l’importance de leur utilisation,seules ou en association, depuis plus de 60 ans. Ce succès, accompagné d’une utilisation souvent excessive, a contribué à provoquer l’apparition de résistances bactériennes pour tous les produits de la famille des bêtalactamines. 1-1 Mécanismes d’action : Toutes les bêtalactamines ont le même mécanisme d’action : elles bloquent la synthèse du peptidoglycane, qui est le polymère majeur spécifique de la paroi des bactéries à Gram négatif et à Gram positif. Ce blocage intervient par inhibition de certaines enzymes responsables de la transpeptidation, étape essentielle de la synthèse du peptidoglycane. 80 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Ces enzymes, collectivement appelées PLP, sont insérées dans la partie externe de la membrane cytoplasmique bactérienne. Pour être actives, les bêtalactamines vont devoir atteindre leur cible en pénétrant dans la paroi bactérienne et se fixer sur les PLP. 1-2 Différents groupes de bêtalactamines et leurs spectres d’action : a/ Pénicillines : Ce sont les ATB de référence des infections à streptocoques ou à entérocoques (pénicilline G, amoxicilline), à staphylocoques sensibles à la méticilline (pénicillineM). Les pénicillines à large spectre (carboxy et uréidopénicillines) conservent, pour certaines d’entre elles seulement, le bénéfice de l’activité vis-à-vis des streptocoques et entérocoques (pipéracilline) et sont les pénicillines de référence anti-Pseudomonas (souches ticarcilline-sensibles). L’association à des inhibiteurs de bêtalactamase restaure l’activité perdue par inactivation enzymatique (amoxicilline-acide clavulanique, piéracilline-tazobactam). La récupération est parfaite pour certaines espèces (S.aureus, haemophilus influenzae…), mais pas pour d’autres : elle est fonction du type d’enzyme, de la bêtalactamine associé et de son activité antibactérienne propre sur les souches non productrices d’enzyme, de la quantité d’enzyme produite au site de l’infection (rôle de la taille de l’inoculum), enfin de la diffusion simultanée au sein du foyer infectieux de la bêtalactamine et de l’inhibiteur en quantité suffisante. Leur efficacité est aléatoire chez certains malades atteints d’infections à P.aeruginosa, à E.coli ou à Klebsiella, et ce malgré des antibiogrammes parfois plutôt rassurants ! il faut savoir alors discuter leur intérêt en fonction de la pathologie à traiter, avec l’aide des microbiologistes. Ces combinaisons sont en revanche particulièrement adaptées au 81 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation traitement des infections à flore mixte aéro-anaérobie en pathologie abdominale ou cutanée et des tissus mous. La résistance du pneumocoque à la pénicilline, due à une modification de cible et non à une inactivation enzymatique, est croisée à l’ensemble des bêtalactamines. Elle ne pose en pratique de problème en réanimation que pour le traitement des méningites. Ailleurs, comme dans les pneumonies, l’amoxicilline à une posologie de 100 mg/kg/jour ne semble pas associée à des échecs thérapeutiques. Lorsqu’une association amoxicilline-acide clavulanique est utilisée dans le cadre d’un traitement empirique visant à couvrir le pneumocoque et d’autres espèces bactériennes, la posologie d’amoxicilline doit être ajustée de manière à atteindre ces valeurs, mais sans que la quantité totale d’acide clavulanique administrée dépasse, pour des raisons de tolérance, 1200 mg/jour ; il faut alors savoir recourir à des présentations adaptés, ou ajouter de l’amoxicilline au traitement par une présentation associant l’amoxicilline et l’inhibiteur de bêtalactamase. b/ Céphalosporines : On va se contenter des C3G qui sont les plus utilisées. Les C3G ont une activité anti-Gram négatif remarquable, très supérieure à celle des pénicillines sur les entérobactéries, du fait de CMI souvent très basses et de leur stabilité vis-à-vis d’un grand nombre de pénicillinases. Elles sont en revanche inactivées par des céphalosporinases ou par des bêtalactamases à spectre étendu. Céfotaxime et ceftriaxone ont les mêmes caractéristiques d’activité antibactérienne et ne se distinguent que par leurs propriétés pharmacocinétiques. Cefpirome et céfépime demeurent actifs vis-à-vis de souches hyperproductrices de céphalosporinase, résistantes à la céfotaxime, Enterobacter, Citrobacter… 82 rencontrées chez Serratia, Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Le recours à la ceftazidime est particulièrement justifié en cas d’infection suspectée ou prouvée à P.aeruginosa. Vis-à-vis des infections à Gram positif (streptocoques, pneumocoques-y compris de sensibilité diminuée à la pénicilline-, staphylocoques méti-S), seules certaines d’entre elles sont recommandées, comme la céfotaxime et la ceftriaxone qui sont indiquées dans la méningite ou le cefpirome. La ceftazidime ne peut être recommandée. Toutes les céphalosporines sont inactives sur Listeria, de même que dans les infections à entérocoques. Elles sont administrées en 2 ou 3 fois par 24 heures. L’administration en perfusion continue, surtout étudiée pour la ceftazidime, est en théorie possible, encore qu’elle doive discutée en fonction des taux d’ATB obtenus, sériques et tissulaires, en regard des CMI vis-à-vis des bactéries à atteindre. c/ Monobactames : Les premiers monobactames ont été isolés de substances naturelles produites par certaines bactéries, mais les produits récents sont entièrement synthétiques. Le seul produit utilisé actuellement est l’aztréonam. Une série de substitutions latérales sur le noyau monobactame lui confère ses caractéristiques originales. Une chaîne latérale lui confère une très bonne activité contre les bactéries à Gram négatif, aérobies et plus particulièrement contre les entérobactéries pour lesquelles il possède une activité comparable à celle des C3G en raison de sa bonne stabilité visà-vis des bêtalactamases. Son activité s’étend à P.aeruginosa ; il n’a en revanche aucune activité sur les bacilles à Gram positif et les anaérobies. d/ Carbapénèmes (l’imipénème) : L’imipénème a le plus large spectre des bêtalactamines avec une bonne activité sur les entérobactéries, Haemophilus influenzae, P.aeruginosa, A.baumannii, les S.aureus méti-S et les streptocoques. 83 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Les SARM sont aussi résistants à l’imipénème, cependant l’association imipénème-vancomycine peut être synergique sur de telles souches. 2. Aminosides : [57] Les aminosides sont des ATB dont la bactéricidie est rapide, intense et peu sensible à l’inoculum bactérien. 60 ans après l’utilisation du premier d’entre eux, la streptomycine, 5 aminosides restent utilisés à l’hôpital : 2 naturels (la gentamicine et la tobramycine) et 3 semi synthétiques (la nétilmicine, l’amikacine et l’isépamicine). Malgré la toxicité rénale et cochléo-vestibulaire bien connue des molécules et l’augmentation de résistance des bactéries hospitalières à ces ATB, les aminosides gardent une place dans le traitement des IN en raison de la possibilité d’une administration unique quotidienne et de l’évaluation des bénéfices d’une association avec une bêtalactamine. 22-1 Spectre d’action : Le spectre antibactérien des aminosides est large. La gentamicine et la netilmicine ont une meilleure activité sur les bactéries à Gram positif, l’amikacine et l’isépamicine sur les bactéries à Gram négatif, et la tobramycine contre P.aeruginosa. Parmi les bactéries à Gram positif, les SARM sont habituellement résistants aux aminosides et le germe Enterococcus présente une résistance naturelle de bas niveau. Parmi les bactéries à Gram négatif, les Pseudomonas nonaeruginosa et Stenotrophomonas maltophila sont peu sensibles aux aminosides. Enfin, les bactéries anaérobies strictes sont naturellement résistantes aux aminosides, en raison d’un défaut de pénétration de l’ATB dans les microorganismes. 84 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 2-2 Les utilisations hospitalières des aminosides : Les IN se différent des infections communautaires sur plusieurs points : -Les germes hospitaliers sont spontanément résistants à de nombreux ATB. -La sélection de mutants résistants induite par l’utilisation d’une antibiothérapie est plus fréquente. -Les infections peuvent être pluri-microbiennes. -Elles surviennent chez des patients aux défenses immunitaires et aux fonctions hépatiques ou rénale altérées. -Leur mortalité apparaît plus élevée. Parmi leurs qualités pharmacodynamiques et leur faible coût, les aminosides font souvent partie du traitement des IN. Exceptionnellement prescrits en monothérapie (en raison du risque toxique lors d’une administration prolongée), les aminosides sont essentiellement utilisés en association avec une bêtalactamine (ou parfois une fluoroquinolone), et seulement durant les premiers jours de traitement. L’administration en dose unique journalière par voie intraveineuse semble la meilleure modalité et 4 arguments plaident en sa faveur : -Sur le plan bactériologique, le pic obtenu au décours d’une dose unique journalière est plus élevé, conduisant à une bactéricidie plus importante. L’effet post-ATB est prolongé. Le risque d’émergence de mutants résistants aux aminosides est diminué par un pic sérique nettement supérieur à la CMI des bactéries. Le risque de résistance adaptative est atténué par l’allongement de la durée entre 2 administrations d’aminosides. -Sur le plan pharmacologique, la dose unique journalière pallie les risques de sousdosage majorés par les conséquences des syndromes inflammatoires. Cette dose compense en effet l’augmentation du volume de distribution des médicaments et favorise la diffusion tissulaire contre le gradient électrochimique. 85 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation -Sur le plan toxicologique,la disproportion entre la quantité d’aminoside et les possibilités de captation par les organes cibles expliquent une faible pénétration après dose unique journalière car les hautes concentrations sont brèves alors que des concentrations adaptées aux possibilités de captation persistent longtemps après injections multiples. -Sur le plan économique, la dose unique journalière diminue la charge en soins et la quantité de matériel consommable. L’administration des aminosides au niveau respiratoire par aérosolisation pour le traitement des infections pulmonaires paraît prometteuse ; à concentration sérique identique, elle permettrait des concentrations pulmonaires beaucoup plus importante que la voie systémique ; en d’autres termes, cette voie permettrait d’augmenter l’efficacité de l’ATB tout en diminuant sa toxicité. Malheureusement, il n’existe pas suffisamment de données d’efficacité ou de tolérance de cette voie pour être actuellement préconisée. Les aminosides sont essentiellement utilisés en association avec une bêtalactamine et seulement durant les premiers jours de traitement. L’intérêt de cette association peut répondre à un ou plusieurs des objectifs suivants : -Elargir le spectre anti-microbien. -Obtenir un effet synergique. -Prévenir la sélection de mutants résistants. -Raccourcir la durée du traitement ATB. Peu de données cliniques permettent d’apporter une réponse franche à ces questions. De plus, ces études n’utilisent pas toujours l’aminoside le plus efficace et/ou à la bonne posologie. 86 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 3. Fluoroquinolones : [56] Leur activité concentration-dépendante vis-à-vis des bactéries à Gram négatif, ainsi que S.aureus (méti-S), leur excellente diffusion tissulaire en a fait des produits de choix, particulièrement dans des infections urinaires, rénales ou prostatiques. La péfloxacine a vu son usage se réduire du fait des accidents de tendinopathie qui lui ont été imputés. Elle demeure utilisable en milieu hospitalier, particulièrement dans des infections osseuses à staphylocoques. L’ofloxacine, et plus encore la ciprofloxacine du fait de son activité plus marquée sur les germes à Gram négatif dont P.aeruginosa, sont largement utilisées. L’usage de la ciprofloxacine dans des infections sévères fait maintenant appel à de fortes posologies, garantes d’une activité bactéricide renforcée et d’un moindre risque d’émergence de résistances en cours de traitement. L’usage des fluoroquinolones en association à des bêtalactamines, ou à un aminoside, s’est répandu sans preuve évidente de son bien-fondé ; l’effet de l’association est en effet rarement synergique et le plus souvent simplement additif. Les mécanismes de résistance, par modification de cible du fait de mutations sur les gènes des enzymes assurant le surenroulement de l’ADN bactérien, ou par mécanisme d’efflux, sont croisés à l’ensemble des fluoroquinolones, et sont détectés à minima par une résistance à l’acide nalidixique : si les fluoroquinolones demeurent actives, elles le sont moins que sur des souches sensibles à l’acide nalidixique. Les correspondances entre les posologies intraveineuses et orales doivent être connues (par exemple 1500 mg de ciprofloxacine orale équivalent à 1200 mg du même ATB administré par voie veineuse). Intéressantes par leur activité sur des pathogènes associés aux cellules, les fluoroquinolones se trouvent encore limitées dans leur activité anti-Gram positif, à l’exception des staphylocoques méti-S. Les quinolones disponibles sont inactives 87 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation sur les streptocoques, les entérocoques, et d’activité très marginale sur le pneumocoque. Des quinolones antipneumococciques de CMI basses sur cette espèce (≤0,25 mg/l), et aussi actives sur les pneumocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline, sont attendues. La lévofloxacine, actuellement seule disponible, peut être utilisée par voie intraveineuse ou orale dans le traitement des infections respiratoires basses, en dépit de CMI sur le pneumocoque de 1 mg/l. Sa place reste cependant à définir dans le traitement des pneumonies communautaires sévères où son évaluation est encore marginale. Les autres produits (moxifloxacine, gémifloxacine), d’activité antipneumoccique plus marquée, devront faire la preuve à la fois de leur efficacité et de leur tolérance avant de trouver leur place, s’ils parviennent à la commercialisation. 4. Glycopeptides :[56, 58, 59, 60, 61] Ils sont largement utilisés en cas de résistance, ou plus rarement d’allergie aux bêtalactamines, dans les infections à bactéries à Gram positif, streptocoques, entérocoques, ou SARM. La teicoplanine, de demi-vie très prolongée, administrable par voie intraveineuse directe ou intramusculaire, est surtout intéressante en traitement de relais. La vancomycine, moins onéreuse, est administré en perfusions courtes répétées, voire en perfusion continue, à une posologie d’environ 30 mg/kg, après l’administration d’une dose de charge d’1 g chez l’adulte. Au plan pharmacocinétique, la pénétration tissulaire de la téicoplanine est meilleure que celle de la vancomycine dans des tissus comme le poumon, l’os et les tissus mous, faisant préférer la teicoplanine dans ces infections. La diffusion neuroméningée de la teicoplanine est par contre mal connue,seule la vancomycine en perfusion continue est retenue dans cette indication,le passage hématoméningé, 88 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation assuré par in transporteur actif saturable,est nettement amélioré par cette modalité d’administration. Dans l’ensemble, la tolérance de la teicoplanine est meilleure que celle de la vancomycine, que ce soit la tolérance locale (la teicoplanine peut par ailleurs être injectée en perfusion, en intraveineux direct ou en intramusculaire, d’où possibilité de relais, alors que la vancomycine ne peut être administrée qu’en perfusion intraveineuse et dans une veine de bon calibre) ou la tolérance générale (fièvre, réactions cutanées…). Le point le plus important est la moindre néphrotoxicité de la teicoplanine par rapport à la vancomycine,ce qui doit la faire préférer à la vancomycine chez le patient insuffisant rénal,ou qui risque de l’être en raison,en particulier,de la co-prescription de médicaments néphrotoxiques. Les glycopeptides exercent une bactéricidie temps dépendante, retardée ; des taux sériques résiduels supérieurs à 15 mg/l, ou de l’ordre de 20 à 25 mg/l en perfusion continue doivent être préconisés. L’usage exagéré de glycopeptides, générateur d’un risque à long terme d’émergence de résistances chez les entérocoques et les staphylocoques, doit être maîtrisé par le contrôle, en réanimation, de la transmission des SARM. L’émergence de S.aureus de sensibilité diminuée aux glycopepetides a été longtemps redoutée. Après environ 50 ans d’utilisation de la vancomycine, une souche de S.aureus de sensibilité diminuée aux glycopeptides, associée à un échec thérapeutique par la vancomycine,est isolée chez un patient hospitalisé dans un hôpital Japonais. Cette observation est confirmée par plusieurs publications internationales décrivant des cas cliniques identiques. Cette apparition en 1997, vient à la suite de l’émergence d’entérocoques résistants à la vancomycine puis des staphylocoques à coagulase négative en 1979. Les difficultés rencontrées lors de la détection des souches S.aureus de sensibilité diminuée aux glycopeptides et plus 89 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation particulièrement des phénotypes de résistance hétérogène sont sans doute à l’origine d’échecs thérapeutiques. Quelques études décrivent des épidémies et la morbidité liée à ces souches semble significativement plus élevée. Les implications cliniques des souches S.aureus de sensibilité diminuée aux glycopeptides ne sont pas claires et sont à l’origine de nombreuses polémiques. Il convient d’être prudent et suspicieux à leur égard, de proposer une politique de dépistage qui peut être un élément essentiel de la prise en charge du patient. On ne peut pas aujourd’hui les ignorer. Une enquête par questionnaire a été menée auprès des anesthésistesréanimateurs français, en 2002, sur l’utilisation et le monitorage des glycopeptides. Les résultats, qui portent sur 742 questionnaires retournés et exploitables, montrent que 15% seulement des médecins interrogés n’ont pas utilisé de glycopeptides au cours des 6 derniers mois (précédents l’enquête). 56% des praticiens utilisent exclusivement la vancomycine. L’enquête révèle d’importantes divergences dans les pratiques, qu’il s’agisse du choix de l’ATB, des voies et du schéma d’administration, des modalités de surveillance ou des objectifs pharmacologiques. Ces divergences devraient conduire les praticiens et les experts à émettre des recommandations sur l’usage des glycopeptides tenant compte des acquis récents et de la sensibilité actuelle des staphylocoques. Une définition précise des objectifs de concentration plasmatique à obtenir en fonction des indications est particulièrement souhaitable. Parmi les résultats obtenus : 90 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Associations d’ATB % Glycopeptide+aminoside 77% Glycopeptide+rifampicine 50% Glycopeptide+fosfomicine 46% Glycopeptide+acide fusidique 33% Glycopeptide+céphalosporine 12% Glycopeptide+dalfopristine 2% Autres associations 7% Jamais d’association 1% Nombre moyen d’associations citées 2,3 Tableau n°27 : Associations prescrites dans les infections documentées staphylocoques résistants à la méticilline [59] Posologie moyenne administrée moins de 30 mg/kg/j 13% 30 mg/kg/j 72% plus de 30 mg/kg/j 13% Nombre d’injections (fonction rénale normale) 1 injection 1% 2injections 51% 3injections 17% 4 injections 27% Tableau n°28 : Vancomycine en discontinue : modalités de prescription. [59] 91 à Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Cette enquête met en lumière la grande hétérogénéité des pratiques quotidiennes vis-à-vis des glycopeptides. Cette hétérogénéité porte à la fois sur les modalités d’administration et de surveillance et sur les objectifs en termes de concentration et laisse supposer un manque d’adhésion des prescripteurs aux recommandations actuelles ; il apparaît également qu’une définition précise des objectifs de concentrations plasmatiques à obtenir en fonction des indications est nécessaire. 5. Macrolides :[56,62] L’érythromycine en est le chef de file. Ils ne sont utilisés en réanimation que pour les traitements des exacerbations de bronchite chronique, sans preuve réelle de leur efficacité, et dans le traitement des pneumopathies communautaires à germes atypiques. Pour les malades hospitalisés en réanimation, pour pneumonies aigues communautaires graves, les experts français recommandent l’association de bêtalactamine (céfotaxime ou ceftriaxone) avec de l’érythromycine. L’érythromycine intraveineuse est utilisée pour le traitement de la légionellose. Sa toxicité veineuse locale impose souvent le recours à une voie d’abord centrale. 92 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation II/Echéc II/Echéc de l’antibiothérapie en réanimation : La prescription d’un traitement ATB est initiée à des moments variables par rapport au début de la maladie infectieuse selon l’urgence et les circonstances de prise en charge du malade. Cette prescription se fait également soit sur des bases bien établies et objectives qui permettent un traitement documenté (prélèvements bactériologiques positifs) soit sur des arguments de forte probabilité en faveur d’une infection bactérienne qui conduisent à un traitement probabiliste. D’autre part, lors d’une infection bactérienne, l’hôte, la bactérie, le site infecté et l’antibiothérapie sont les déterminants de l’évolution du processus infectieux.[63] 1. Définition de l’échec :[63] Définir l’échec de l’antibiothérapie est complexe et nécessite habituellement de déterminer les éléments du syndrome infectieux dont la persistance doit faire évoquer un échec du traitement et le délai au-delà duquel leur persistance est anormale. L’échec clinique est défini comme la persistance ou l’aggravation des signes cliniques locaux et/ou généraux de l’infection en dépit du traitement ATB jugé initialement adapté ou efficace. Une rechute est également considérée comme une situation d’échec. Elle est définie par la réapparition, à plus ou moins longue échéance après l’arrêt du traitement, du syndrome infectieux avec la même bactérie. 2. Faux échecs :[65] Les faux échecs peuvent être définis comme la persistance d’un syndrome infectieux non imputable à un échec du traitement ATB. Plusieurs situations peuvent expliquer ces faux échecs : 93 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 2-1 Diagnostic initial erroné : Il peut s’agir soit d’une infection de diagnostic incorrect, soit d’une fièvre non infectieuse. Il faut systématiquement envisager une documentation initiale incorrecte de l’infection, ou mal identification du site infecté, ou la possibilité d’une erreur d’identification du germe en cause ou de son antibiogramme par le laboratoire. De nombreuses pathologies non infectieuses peuvent simuler les infections bactériennes et donc mimer un échec du traitement ATB. De telles erreurs de diagnostic conduisent à une antibiothérapie injustifiée en absence d’infection bactérienne. Lors d’une étude prospective ,conduite en 1998 dans 10 services de réanimation en Australie et en Nouvelle-Zélande, chez 481 patients consécutifs recevant des ATB, 38% étaient traités pour syndrome de réponse inflammatoire systémique et présomption clinique d’infection qui n’était documentée que chez 268 d’entre eux. 2-2 Pathologie associée associée non influencée par le traitement : La problématique est la rigueur de la démarche diagnostique devant toute nouvelle fièvre en réanimation, à la recherche d’une pathologie d’origine infectieuse ou non. a/Infectieuse : Chez les malades en réanimation, la persistance d’un syndrome infectieux, alors que l’infection initiale semble contrôlée ou paraît correctement traitée, doit faire rechercher une nouvelle infection. Les traitements ATB préalables sont susceptibles de favoriser l’émergence de certains agents pathogènes tels que P.aeruginosa, A.baumannii. 94 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation L’examen clinique, l’imagerie et les prélèvements d’autres sites doivent permettre de documenter cette IN qui peut aussi n’être que la surinfection du foyer initial. De nombreux patients présentent de la diarrhée en réanimation, habituelle ment secondaire à la nutrition entérale et à l’administration de certains médicaments. Clostidium difficile est la cause bactérienne de fièvre d’origine digestive la plus commune en réanimation et devrait être suspectée chez tout patient présentant une diarrhée fébrile et ayant reçu des ATB dans les 3 semaines précédant le début de la diarrhée. b/ Non infectieuse : La présence d’une pathologie sous jacente, non infectieuse, peut expliquer la persistance des symptômes. Par exemple, un cancer bronchique peut être responsable d’une opacité radiologique résiduelle lorsqu’une pneumonie a été correctement traitée, cela renvoyant aux pathologies non infectieuses mimant les infections bactériennes. L’évolution d’un syndrome de défaillance polyviscérale lié à l’inflammation systémique ou celle d’un syndrome de détresse respiratoire aigu à composante inflammatoire peuvent expliquer la persistance d’un syndrome infectieux, alors que le traitement est approprié et contrôle le foyer septique initialement en cause. Les thromboses veineuses profondes sont une cause habituelle de fièvre d’origine non infectieuse. Les lymphangites sur cathéters périphériques peuvent également être responsables de fièvre. 22-3 Allergie médicamenteuse : Tout médicament peut en théorie être à l’origine de réaction d’hypersensibilité et donner lieu à des symptômes qui laissent penser que l’infection persiste. 95 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation La fièvre isolée ne représente que 3 à 4% des réactions allergiques aux médicaments. Les fièvres médicamenteuses sont faciles à diagnostiquer chez des patients présentant une éruption cutanée ou une hyperéosinophilie, accompagnées parfois d’hyperthermies importantes. Quelques médicaments sont des causes relativement communes de fièvre médicamenteuse, tels les sulfamides et les bêtalactamines. La fréquence de la fièvre aux bêtalactamines est très variable, pouvant aller jusqu’à 8%. L’amélioration après l’arrêt du traitement reste le meilleur argument en faveur du diagnostic, puisque tous les signes sont inconstants et peu spécifiques. Habituellement, 1à 3 jours sont nécessaires pour le retour à l’apyrexie, mais peut dépasser 7 jours après l’arrêt du médicament responsable. 3. Causes d’échec :[64,65] Dans un certain nombre de situations, des échecs sont observés malgré un diagnostic et des modalités thérapeutiques corrects. 33-1 Echec lié au malade : Les hôtes immunodéprimés sont, à plusieurs titres, des candidats à l’échec thérapeutique. En effet, ils sont susceptibles de développer des infections particulières, à germes opportunistes et /ou de traitement difficile. Il convient de rappeler que le plus souvent les ATB n’ont qu’un rôle d’appui, en diminuant l’inoculum bactérien, permettant aux défenses de l’hôte d’éradiquer des pathogènes en cause. Ainsi, la neutropénie est une situation thérapeutique. 96 clinique à l’origine d’échec Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 3-2 Echec lié à l’ATB l’ATB : a/ Choix de molécule inadapté : L’inadéquation de l’antibiothérapie initiale, source de retard thérapeutique est associée à une mortalité importante. La complexité des prescriptions en réanimation (démarche diagnostique souvent difficile, diversité des situations cliniques, des phénotypes de résistance aux ATB) expose à un certain nombre d’erreurs dans le pari microbiologique de l’antibiothérapie initiale. Le spectre antibactérien choisi ne couvre alors pas l’ensemble des germes susceptibles d’être cause. Un autre type d’erreur dans le pari ATB se produit si des bactéries pathogènes dans une infection polymicrobienne à flore mixte (aéroanaérobie) restent non traitées, notamment les anaérobies au cours d’infections abdominales, gynécologiques ou des parties molles. La prévalence des bactéries anaérobies dans ces sites résiduels est sous évaluée en raison de conditions de prélèvement et de transport souvent non adaptées, et d’une croissance difficile sur les milieux de culture usuels : leur présence doit être suspectée de principe dans ces situations cliniques. Afin de minimiser le risque d’échec, l’antibiothérapie empirique d’une infection sévère doit donc prendre en compte à la fois les pathogènes habituellement en cause pour la pathologie traitée et l’épidémiologie locorégionale de la résistance de ces pathogènes. b/ Paramètres pharmacodynamiques : Si pour la très grande majorité des infections, le simple respect des schémas thérapeutiques validés permet la guérison avec une marge de sécurité confortable, au cours des infections pathogènes et la variabilité pharmacocinétique des médicaments peuvent aisément compromettre l’efficacité. 97 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation L’optimisation des modalités d’administration, de nature à garantir l’exposition adéquate des cibles bactériennes aux ATB, devient donc une composante déterminante de la prescription des anti-infectieux. ATB concentration dépendant ATB temps dépendant Aminosides Bêtalactamines Fluoroquinolones Glycopeptides Métronidazol Macrolides Clindamycine Tableau n°29 : Classification des ATB en fonction de leur profil de bactéricidie. [65] Chez le patient de réanimation, les différentes phases pharmacocinétiques des ATB administrés par voie intraveineuse (distribution, métabolisme et élimination) peuvent être modifiées par de nombreuses conditions physiopathologiques, à l’origine d’une diminution des concentrations plasmatiques. Les variations de volume extracellulaire, l’altération des fonctions hépatiques ou rénales peuvent être considérées comme les mécanismes physiopathologiques prépondérants parmi ceux qui rendent imprévisible la pharmacocinétique des ATB en réanimation. En règle générale, le volume de distribution n’est plus élevé, notamment dans certains contextes cliniques : état septiques grave, état hémodynamique ou d’hydratation instable, neutropénie fébrile, œdème localisé et ventilation mécanique. Il est bien démontré par exemple que le volume de distribution et la demi-vie des bêtalactamines utilisées dans le traitement des PNAVM (céfépime, ceftazidime et pipéracilline) sont également très augmentés par comparaison aux données disponibles chez le volontaire sain. Le type de propriété pharmacocinétique-pharmacodynamique des ATB doit être pris en compte afin d’assurer un traitement optimal. Si ce n’est pas le cas, un échec peut survenir, par exemple, lors d’une dose unitaire insuffisante pour les ATB 98 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation concentrations-dépendants ou si la fréquence d’administration est trop faible pour les ATB temps-dépendants. c/ Diffusion insuffisante : La pénétration d’un médicament dans les liquides et les tissus de l’organisme dépend de ses propriétés physicochimiques et, principalement, de sa liposolubilité qui détermine sa diffusion à travers les membranes. La sélection d’ATB ne présentant pas les caractères pharmacocinétiques adaptés au site infecté entraîne une inadéquation du traitement et un risque d’échec. Ainsi, le traitement des infections intracellulaires nécessite un ATB capable de s’accumuler dans les cellules (macrolides, fluoroquinolones, tétracyclines). D’autre part, le traitement des infections localisées dans des compartiments peu accessibles requiert un ATB diffusible (macrolides, bêtalactamines, fluoroquinolones, par exemple). d/ Inactivation : Des interactions médicamenteuses peuvent expliquer certains échecs, par exemple : -un médicament inducteur du métabolisme hépatique abaisse les taux sériques des macrolides, -les diurétiques et les benzodiazépines modifient l’élimination rénale des céphalosporines. Même lorsque l’ATB parvient en quantité adéquate au site d’infection, son activité peut être inhibée par des facteurs d’environnement : -une liaison à un milieu purulent inactive aminoside et polymyxine, tandis qu’une liaison des pénicillines et des tétracyclines à l’hémoglobine rend ces ATB moins efficaces au niveau d’un hématome ; 99 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation -une baisse de la pression partielle en oxygène dans des abcès ou des suppurations intra-abdominales réduit l’activité des aminosides, dont le mécanisme de pénétration dans les bactéries requiert de l’oxygène ; -les conditions locales de pH peuvent modifier l’activité des ATB :une acidification urinaire est défavorable à l’action des aminosides et des macrolides, tandis qu’une alcalinisation diminue l’activité des nitrofuranes et des tétracyclines ; l’alcalinisation semble augmenter l’activité de l’érythromycine,de l’azithromycine ,de la clari- thromycine, de la clindamycine et des aminosides. e/ Voie d’administration inadaptée : Une absorption insuffisante peut survenir par exemple : -suite à une perfusion intraveineuse défectueuse, -suite à des troubles digestifs (vomissements, diarrhée) pour une administration orale, -suite à des injections intramusculaires chez des malades en collapsus. f/ Durée de traitement inadaptée : Le non -respect des durées de traitement ATB recommandées selon les situations cliniques peut être à l’origine d’échec du traitement ATB, le plus souvent sous la forme de rechutes. L’une des conditions essentielles à la réussite d’un traitement est sans doute l’application d’une posologie optimale conforme aux propriétés pharmacocinétiques et pharmacodynamiques de la molécule choisie et en assurant un effet bactéricide avec une durée adéquate. Par exemple dans les études de Eng et al, ont bien montré que l’arrêt prématuré des ATB était associé à la persistance d’hémocultures positives au-delà de 5 jours dans les bactériémies à staphylocoques. 100 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation De même, Jensen et al, ont également montré lors de l’étude prospective de 278 cas de bactériémies à S.aureus qu’une durée de traitement ATB inférieure à 14 jours était corrélée à la mortalité. 3-3 Echec lié aux bactéries : a/ Erreur d’identification du pathogène : • Infection non bactérienne : Il peut arriver que l’absence de réponse à une antibiothérapie, généralement empirique, s’explique par l’origine non bactérienne de l’infection. En pratique, il s’agit le plus souvent en réanimation d’infections du système nerveux central, pulmonaires ou d’allure systémique, par exemple chez les patients infectés par le VIH ou au retour de zones tropicales, pour lesquelles tout un ensemble de diagnostics différentiels devront être envisagés, notamment devant l’échec d’un traitement ATB de première intention. • Erreur de laboratoire ou d’interprétation d’un résultat microbiologique : Une erreur d’identification du pathogène reste possible lorsque les tests sont insuffisamment spécifiques ou que le pathogène en cause est difficile à mettre en évidence, ou à cultiver. Autre problème qui pourrait être rencontré dans les laboratoires, c’est la difficulté d’identifier le germe responsable de l’infection au milieu d’une flore commensale. Dans tous les cas, il est indispensable de reconsidérer la signification des examens microbiologiques initiaux : *fiabilité en fonction du site infecté. *type de prélèvement (protégé ou non). *nombre de prélèvements positifs (hémocultures en particulier). *caractère pathogène de la bactérie isolée. 101 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation *numération bactérienne (pour les ECBU ou prélèvements respiratoires distaux). b/ Acquisition de résistance en cours de traitement : Certaines classes thérapeutiques, certaines bactéries et certains couples, ATBbactérie, sont plus propices à l’émergence de souches résistantes sous traitement. Globalement, la probabilité d’une émergence de résistance sous traitement est d’autant plus élevée qu’il s’agit d’un mécanisme lié à une mutation ponctuelle, d’une population exprimant naturellement à bas niveau cette résistance, d’un site infecté par un inoculum lourd et dans lequel la diffusion des ATB est suboptimale. Néanmoins, la fréquence avec laquelle une résistance émerge sous ATB, est très variable et peu prévisible pour la plupart des couples ATB-bactérie. Tableau n°30 : Mécanismes de sélection des bactéries résistantes. [65] Acquisition de résistance par une souche sensible Mutation spontanée Transfert génétique Expression d’une résistance régulée préexistante dans la population bactérienne Sélection d’une sous population résistante Tableau n°31 : Facteurs d’émergence de souches résistantes au cours du traitement.[65] L’espèce bactérienne (P.aeruginosa, entérobactéries) Le type d’ATB (Bêtalactamines, quinolones, rifampicine) Les couples ATB-bactérie (S.aureus et fluoroquinolones, rifampicine et fosfomycine ; entérobactéries et ATB fortement inductibles : P.aeruginosa et imipénème, fluoroquinolones). 102 céfoxitine et imipénème ; Cartographie infectieuse en milieu de réanimation c/ Effet inoculum : L’effet inoculum, bien démontré in vitro, peut décroître l’efficacité de certains ATB. C’est le cas pour les bêtalactamines, dont la concentration minimale inhibitrice (CMI) augmente avec l’inoculum bactérien. Une collection suppurée peut contenir plus de 109 bactéries/ml de pus, concentration bien supérieure à celle utilisée pour réaliser un antibiogramme (105). La CMI obtenue à partir de l’antibiogramme peut donc être faussement « sous-évaluée ». Un échec peut survenir par sous dosage dans le cas de foyers infectieux à haut inoculum microbien (suppurations abdominales par exemple). d/ Bactéries quiescentes : Certaines bactéries dites persistantes ou quiescentes, bactéries avec un métabolisme extrêmement ralenti, peuvent survivre pendant de très longues périodes dans des sites peu accessibles aux ATB. Cela les rend insensibles à la plupart des ATB qui n‘agissent que sur les métabolismes actifs. In vivo, la quiescence existe dans des infections à évolution lente telles qu’ostéomyélites chroniques, pyélonéphrites chroniques ou endocardites, et pourrait rendre compte, au moins en partie, des difficultés thérapeutiques et des rechutes qu’elles occasionnent. 3-4 Echec lié au site : a/ Rétention purulente non drainée : Que le foyer purulent collecté préexiste ou apparaisse en cours de traitement ATB (complication locale),l’absence de prise en compte de la composante chirurgicale conduit habituellement à un échec du traitement anti-infectieux : drainage d’abcès, débridement de tissus nécrotiques ou dévitalisés, sont alors nécessaires. Même une pneumonie peut évoluer de façon défavorable si une 103 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation obstruction bronchique à l’origine d’une atélectasie n’est pas levée ou une pleurésie purulente non drainée. La recherche de collections devrait être répétée chez les patients présentant des infections susceptibles de se compliquer d’abcès et qui n’évoluent pas d’une manière satisfaisante. b/ Présence de matériel étranger : Les infections sur matériel étranger, tels que les cathéters intravasculaires et les sondes urinaires, peuvent exiger leurs ablations. De tels matériaux permettent aux micro-organismes d’adhérer et de produire un biofilm polysaccharidique protecteur. Les bactéries peuvent aussi ralentir leur rythme de multiplication et être ainsi moins sensibles à certains ATB. c/ Localisations secondaires : La persistance du syndrome infectieux peut être liée à des localisations métastatiques de l’infection initiale, en particulier à l’occasion d’une bactériémie. Les sites classiques de telles métastases septiques sont : la rate, le foie, le muscle squelettique et l’os. Dans cette situation, les hémocultures, voire les prélèvements locaux, peuvent être stériles et la persistance d’hémocultures positives doit inciter à rechercher un foyer infectieux endovasculaires. Le choix de L’ATB étant fait par le praticien, l’efficacité de l’antibiothérapie qui demeure le but recherché sera obtenue d’abord par le respect de la durée du traitement pour éviter une éventuelle rechute, ensuite par sa surveillance qui doit être la règle pour dépister dans les 72 heures un échec thérapeutique. Dans ce cas, le médecin fera appel à ses connaissances des règles au bon emploi des ATB et à son expérience pour analyser les causes d’échec et adapter sa conduite thérapeutique en conséquence. (66) 104 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Figure n°2 : Algorithme de prise en charge d’un échec d’antibiothérapie. [64] 105 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation III/ III/Critères de choix d’un ATB en réanimation : Chez près de 50% des patients en réanimation avec infections sévères, le choix des ATB est en fait inapproprié aux germes retrouvés. [67] La prescription d’un ATB doit aboutir à l’efficacité thérapeutique. Pour cela, une antibiothérapie correcte repose sur la connaissance à la fois des données bactériologiques du germe responsable de l’infection, de la pharmacocinétique de l’ATB prescrit et de la prise en compte du terrain [66] : 1. Critères bactériologiques :[66,68] 1-1 Détermination de la bactérie en cause : Le choix initial d’un ATB dépend de la bactérie reconnue responsable. Le prélèvement doit être pratiqué dans les conditions requises. Le respect de techniques précises permet d’éviter le risque de contamination. Néanmoins, le praticien peut être amené à prescrire une antibiothérapie probabiliste devant plusieurs situations. Parmi ces situations, l’antibiothérapie probabiliste peut être justifiée devant un tableau clinique évocateur d’une infection sévère pour être à l’origine d’une dégradation fonctionnelle rapide avec soit une morbidité accrue, soit un risque vital à court terme. La gravité du tableau clinique est un élément déterminant dans la décision de commencer une antibiothérapie probabiliste. Un état septique est considéré comme sévère s’il comporte tachycardie, dyspnée avec hypoxie ou hypotension. Un état de choc évoquant une origine septique est, bien entendu, encore plus convaincant. Une méningite bactérienne impose un traitement immédiat où l’impasse microbiologique n’est pas acceptable. Une infection, même d’aspect moins sévère, mais sur un terrain fragile peut également jouer en faveur d’une antibiothérapie probabiliste précoce afin d’éviter une dégradation préoccupante. 106 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation A l’inverse un état fébrile survenant chez un malade en réanimation, sans élément d’orientation en faveur d’une origine bactérienne précise, sans signes cliniques généraux préoccupants, justifie rarement une antibiothérapie probabiliste. L’origine pourra en être une cause inflammatoire, médicamenteuse ou virale. Il sera possible d’attendre les résultats d’un bilan bactériologique, sérologique et d’examens paracliniques. Il reste à signaler que le prélèvement bactériologique doit être réalisé avant toute antibiothérapie, d’autant plus si l’infection est sévère, le sujet est fragile ou les germes responsables sont variés ou de sensibilité inconstante aux ATB (suspicion de bactériémie, infection urinaire haute, collections suppurées). 1-2 Détermination de la sensibilité : Le choix de l’ATB dépend ensuite de la sensibilité de la bactérie en cause. Le phénomène de résistance aux ATB est en progression constante et impose au médecin la prise en compte de l’incidence des souches bactériennes ayant acquis une résistance. Outre cette résistance acquise, le clinicien doit connaître aussi la résistance naturelle des espèces bactériennes à certains ATB : par exemple, la résistance des streptocoques aux aminosides, des klebsiella aux amino-pénicillines. Pour être efficace, la prescription d’une antibiothérapie probabiliste par le réanimateur nécessite en outre, de bonnes connaissances à la fois du spectre d’activité ,des données épidémiologiques sur la résistance aux ATB du germe présumé responsable de l’infection. 107 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 2. Critères pharmacologiques :[56, 66] 2-1 Absorption et diffusion : La connaissance de critères d’absorption et de diffusion permet le choix d’un ATB efficace au niveau même du site de l’infection. Parmi les sites les plus difficiles pour accéder par les ATB : le LCR et l’os. 2-2 DemiDemi-vie sérique : La demi-vie sérique de l’ATB choisi doit être connue par le praticien, car elle permet de préciser l’intervalle d’administration de l’ATB. 2-3 Elimination et toxicité : La voie d’élimination (urinaire ou biliaire) d’un ATB est utile à connaître pour le traitement d’une infection siégeant à ce niveau et pour adapter la posologie en cas d’insuffisance hépatique ou rénale. Dans ce dernier cas, les ATB néphrotoxiques seront évités (colistine, aminosides, glycopeptides). Leur emploi absolu nécessite une adaptation posologique selon la clairance rénale. Le médecin choisira un ATB dont l’innocuité et la toxicité ne doivent pas retentir sur l’état du malade. 2-4 Caractéristiques pharmacodynamiques des ATB : a/ ATB concentration-dépendants : Ce sont des ATB pour lesquels la vitesse de bactéricidie s’accroît quand on élève les concentrations. Les aminosides et les fluoroquinolones sont des ATB concentrationdépendants. En pratique, il est raisonnable de considérer que des posologies fortes doivent être recommandées dans les infections sévères, dès lors que l’on a recours à des ATB bien connus, à marge de sécurité importante. 108 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation b/ ATB temps-dépendants : La vitesse de bactéricidie ne s’accroît pas au-delà d’un certain seuil de concentration de l’ATB. Le paramètre le plus significativement associé à la bactéricidie est le temps pendant lequel l’ATB se trouve à des concentrations supérieurs à la CMI. Ce paramètre est celui qui détermine l’activité des bêtalactamines et des glycopeptides. Pour ce type d’ATB c’est la perfusion continue qui pourrait être le mode d’administration qui garantisse au mieux le maintien prolongé de concentrations d’ATB supérieurs à la CMI. c/ Effet post-ATB (EPA) : C’est le maintien de l’inhibition de la croissance bactérienne observé pour certains ATB, alors même que les concentrations sont devenues inférieures à la CMI. Cet effet est le plus important in vivo qu’in vitro, du fait de l’interaction avec les polynucléaires. Sa durée est variable selon les ATB et selon l’espèce bactérienne. D’une manière simplifiée, on doit retenir que l’EPA est une caractéristique des aminosides et des fluoroquinolones. Il n’existe pas d’EPA des bêtalactamines vis-àvis des BGN, sauf pour l’imipénème. 2-5 Coût : A efficacité et tolérance égale, le choix de l’ATB sera porté sur le moins coûteux. 109 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 3. Choix d’une monothérapie ou association :[68,69] 3-1 Quels sont les avantages théoriques d’une association d’ATB ? : Ils ont été largement décrits dans la conférence d’experts sous l’égide de la société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) en 1999 : a/ Elargir le spectre : C’est l’objectif recherché le plus facile à atteindre, particulièrement dans le cadre de l’antibiothérapie probabiliste et du traitement des infections polymicrobiennes à flore mixte aéro- et anaérobie. Il est particulièrement justifié avec des ATB à spectre étroit. De nouvelles molécules à spectre large en diminuent la nécessité sans méconnaître l’inactivité de certaines d’entre-elles sur certaines bactéries (staphylocoques méti-R, anaérobies…). b/ Obtenir une synergie : La synergie résulte d’une interaction positive entre 2 ATB dont l’action antibactérienne conjointe est supérieure à la somme des actions de chacun des 2 ATB pris isolément. Une synergie ou un antagonisme observés in vitro ne sont pas toujours extrapolables en clinique. En effet, les conditions d’action in vivo de 2 ATB peuvent être influencées par des paramètres pharmacocinétiques et pharmacodynamiques mal pris en compte in vitro. Les données expérimentales in vitro, à condition de reproduire des caractéristiques pharmacocinétiques proches de celles obtenues chez l’homme, permettent d’approcher l’intérêt d’une association. In vitro, on observe une synergie essentiellement en associant 2 ATB bactéricides. La synergie d’une association vis-à-vis d’une espèce bactérienne n’est pas extrapolable à une autre espèce. 110 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation La recherche d’une synergie n’est habituellement justifiée que dans les situations où la bactéricidie est difficile à obtenir avec un seul ATB : index thérapeutique faible (rapport concentration locale/CMI faible), défenses locales ou générales inopérantes. c/ Prévenir l’émergence de mutants résistants : La proportion de mutants au sein d’une population est variable selon l’espèce bactérienne et l’ATB en cause. Par ailleurs, lors d’une association d’ATB, la proportion de mutants à la fois aux 2 ATB est plus faible car elle est égale au produit des proportions de mutants résistants à chaque ATB. Mais cette émergence de mutants résistants est aussi largement liée aux paramètres pharmacodynamiques de l’ATB en fonction des CMI des bactéries à traiter. Le risque de sélection est particulièrement élevé pour certains ATB comme la rifampicine, les fluoroquinolones, l’acide fusidique, la fosfomycine ou vis-à-vis de certaines bactéries comme les entérobactéries, P.aeruginosa, A.baumannii ou les SARM. Ces situations conduisent à recommander une association de 2 ATB, non affectés par un même mécanisme de résistance, et pénétrant tous 2 correctement au site de l’infection, afin d’obtenir une bithérapie effective. d/ Diminuer la toxicité du traitement : C’est un objectif illusoire. En effet, ce n’est pas parce que l’on utilise une association que l’on diminue les posologies des 2 ATB. Au contraire, les associations additionnent les risques d’effet indésirable de chaque médicament. 111 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 3-2 Une association pour quelles bactéries ? a/ BGN : L’usage d’une association est recommandé, quel que soit l’ATB utilisé, dans le traitement des infections à P.aeruginosa du fait de sa moindre sensibilité, de mécanismes particuliers de résistances et de la sélection fréquente de mutants résistants sous traitement. Bien que l’intérêt d’une bithérapie n’ait jamais été formellement démontré en clinique. Une approche similaire peut s’envisager pour A.baumannii, Enterobacter spp et les entérobactéries sécrétrices de bêtalactamases à spectre élargie ou ayant un niveau de résistance inhabituel par rapport à leur espèce. b/ CGP : Pour les streptocoques et les entérocoques, il existe une synergie démontrée et constante entre une bêtalactamine et un aminoside (à l’exception des cas impliquant une souche ayant un haut niveau de résistance aux aminosides). Pour le traitement d’une infection grave à entérocoque, il est indispensable de recourir à une association à de la gentamicine (sauf exception). Pour les infections à S.aureus une association se justifie à la phase initiale du traitement particulièrement lorsque les conditions d’accès des ATB au sein du tissu infecté sont aléatoires (endocardites, infections osseuses…). Lorsque la souche de S.aureus (méti-S ou méti-R) est sensible à la gentamicine, il faut souligner que l’association de cet ATB, plus que tout autre, avec l’oxacilline ou la vancomycine, est synergique. Dans les infections à S.aureus méti-R-genta-S, l’association vancomycinegentamicine est probablement légitime. En revanche, on doit rappeler qu’il n’existe pas de preuve clinique de la supériorité des associations à l’égard des souches de S.aureus méti-R-genta-R. 112 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 3-3 Une association association pour quels ATB ? Certains ATB, caractérisés par un risque élevé de sélection de mutants résistants, comme l’acide fusidique, la fosfomycine ou la rifampicine, doivent toujours être utilisées en association. Pour les mêmes raisons, les fluoroquinolones doivent être utilisées en association (sauf dans les infections urinaires simples) pendant la phase initiale du traitement des infections à staphylocoques, à P.aeruginosa pu à d’autres BGN résistant à l’acide nalidixique. 3-4 Une association association pour quel terrain ? a/ Chez l’adulte : Le caractère inapproprié d’une antibiothérapie probabiliste, dans les infections graves, s’accompagne d’une augmentation de la mortalité, d’autant plus que le terrain est altéré. Chez le patient neutropénique fébrile, les données disponibles montrent qu’une monothérapie de première intention par une bêtalactamine à large spectre est justifiée lorsque la neutropénie est dite à faible risque, c’est-à-dire peu profonde et de durée prévisible inférieure à 7 jours. L’utilisation d’une monothérapie chez de tels patients, ayant habituellement subi une chimiothérapie pour tumeur solide, impose une surveillance étroite de l’évolution pour prendre une décision rapide d’élargissement ou d’adaptation du traitement. En revanche, une association d’ATB est recommandée dans le traitement des états fébriles au cours des neutropénies à risque élevé. b/ Chez le nourrisson et l’enfant : L’infection chez le jeune enfant, et en particulier chez le nourrisson, se caractérise par sa rapidité d’évolution et le risque de séquelles fonctionnelles importantes (os, cerveau…). Cela nécessite une action rapidement bactéricide qui 113 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation justifie souvent un traitement probabiliste faisant appel à une association. La prise en charge des pathologies infectieuses habituelles n’est pas fondamentalement différente de celle de l’adulte. Néanmoins, les modalités thérapeutiques doivent s’adapter à un choix de molécules moins large et à une pharmacocinétique différente des ATB. 3-5 Réévaluation d’une association curative d’ATB : maintien de l’association ou retour à la monothérapie ? Les associations d’ATB accentuent la pression de sélection et majorent le coût du traitement. Elles ne sont le plus souvent justifiées qu’en début de traitement. L’élargissement du spectre n’est plus légitime, dès lors que le diagnostic bactériologique est obtenu et que le traitement peut être ciblé. Les preuves cliniques d’une association pour obtenir un effet synergique sont rares. On peut supposer qu’après 2 à 3 jours de traitement, l’état du patient s’étant amélioré, l’inoculum bactérien étant réduit, il soit raisonnable de supprimer un des partenaires de l’association. Une très large expérience conforte cette attitude qui peut être appliqué à de nombreuses situations cliniques. Dans certaines situations très spécifiques infectieuses,les comme infections les infections osseuses, les à entérocoques, données les disponibles endocardites conduisent à l’utilisation d’une association pour une durée plus prolongée, voire pour la totalité du traitement. Les données cliniques justifiant le maintien prolongé d’une association d’ATB pour prévenir l’émergence de résistances bactériennes sont quasiment inexistantes. Au total, dans la plupart des cas, le passage à une monothérapie doit s’envisager après 2 à 5 jours. Lors de l’emploi d’une association bêtalactamineaminoside ou fluoroquinolone, c’est la bêtalactamine qui est conservée. Lors de l’emploi d’une association fluoroquinolone-aminoside, c’est la fluoroquinolone qui 114 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation doit être conservée. L’utilisation prolongée des aminosides n’est qu’exceptionnellement justifiée. 3-6 Quand une association est –elle inutile ? Une monothérapie est possible dès le début du traitement : *lorsque l’agent microbien est identifié et que l’ATB choisi possède une CMI suffisamment basse pour obtenir au site de l’infection, grâce à ses données pharmacocinétiques, un quotient inhibiteur d’au moins 10 fois la CMI au pic pour les ATB concentration-dépendants (aminoside, fluoroquinolones) et d’au moins 4 ou 5 fois la CMI le plus longtemps possible pour les ATB temps-dépendants (bêtalactamines, glycopeptides) ; *en traitement probabiliste lorsque l’ATB utilisé possède un spectre suffisamment large pour agir sur les bactéries habituellement en cause ; *en traitement probabiliste lorsque la nature de la bactérie en cause peut être fortement suspectée et que l’infection ne présente pas un degré de sévérité élevé ; avec des ATB non associés à une fréquence élevée de mutation, donc autre que la rifampicine, l’acide fusidique, la fosfomycine ou dans une moindre mesure les fluoroquinolones. *lorsqu’il s’agit de bactéries à faible risque de sélection de mutants résistants sous traitement, donc autre que P.aeruginosa, A.baumannii, Enterobacter spp, staphylocoques… L’intérêt formel d’une association est souvent difficile à affirmer. Il existe néanmoins des situations où y avoir recours paraît raisonnable ou nécessaire : *élargissement du spectre en particulier en situation de traitement probabiliste ; *situations cliniques où les ATB sont des conditions d’action difficiles (pénétration tissulaire imparfaite, présence d’un corps étranger..) ; 115 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation *vis-à-vis de certaines bactéries modérément sensibles (P.aeruginosa..), particulièrement en début de traitement face à un inoculum important ; *utilisation d’ATB possédant un fort pouvoir de sélection de mutants résistants. Enfin le choix de l’antibiothérapie probabiliste doit reposer sur la connaissance de l’épidémiologie locale, l’évaluation des probabilités diagnostiques, l’appréciation de la gravité du tableau clinique et de la fragilité du terrain. Il doit tenir compte de la localisation de l’infection et de l’exposition préalable à des ATB. La bithérapie est justifiée lorsque l’on ignore la cible bactérienne visée, lorsque le tableau clinique est sévère, lorsque l’infection se développe sur un terrain fragile, lorsque l’inoculum bactérien est à priori important et en présence de corps étranger dans le foyer infectieux. Le recours à une association d’ATB est certainement préférable à une monothérapie par un ATB à très large spectre générateur de résistances comme l’imipénème. 4. Choix en fonction du germe : 4-1 Choix Choix d’un antistaphylococcique :[70,12] Les staphylocoques ont élaboré au cours du temps plusieurs mécanismes de défense pour lutter contre les ATB qui sont utilisés pour les éradiquer. Le mécanisme le plus fréquent est la résistance aux bêtalactamines qui peut se manifester par différents profils de sensibilité, mais surtout, la résistance à la méticilline permet de classer et surtout de choisir une option thérapeutique importante. Les autres molécules actives sur le staphylocoque peuvent touchées par différents mécanismes : spontanée, modification de la cible… 116 inactivation enzymatique, être mutation Cartographie infectieuse en milieu de réanimation a/ Bêtalactamines : • Staphylocoques sensibles à la méticilline : Parmi les bêtalactamines, les pénicillines antistaphylococciques (oxacilline) et les C1G (céfazoline ou céfamandole) ont la meilleure activité, car elles sont stables vis-à-vis de la pénicillinase. Parmi les souches non productrices de pénicillinase, la pénicilline G reste la molécule la plus active. Par ailleurs, celle-ci est inhibée par l’acide clavulanique ou le tazobactam. Les C2G et C3G sont actives, mais avec des CMI plus élevées que celles des pénicillines. • Staphylocoques résistant à la méticilline : La résistance à la méticilline est de plus en plus fréquente ; le mécanisme le plus fréquent de cette résistance passe par la modification d’une protéine de liaison à la pénicilline (PLP) qui confère une résistance croisée à toutes les bêtalactamines. b/ Aminosides : Parmi les aminosides, la gentamicine est l’ATB de choix pour le traitement des infections à staphylocoques. Les résistances aux aminosides sont dues à la production par les staphylocoques d’enzymes modificatrices des aminosides. c/ Fluoroquinolones : Les staphylocoques sont naturellement résistants aux quinolones de première génération, mais ils sont en revanche sensibles aux fluoroquinolones. La grande majorité des souches sensibles à la méticilline restent sensibles aux fluoroquinolones. En revanche, les staphylocoques résistant à la méticilline sont presque tous résistants aux fluoroquinolones. La péfloxacine était la fluoroquinolone de première intention, mais elle n’est quasiment plus utilisée en raison de ses effets secondaires tendineux, surtout chez 117 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation le sujet âgé. L’ofloxacine est le produit le plus utilisé, afin de réserver la ciprofloxacine au traitement de P.aeruginosa. d/ Macrolides, lincosamides et streptogramines : Presque toutes les souches de S.aureus sensibles à la méticilline sont sensibles à l’ensemble des macrolides et apparentés. Ce sont des ATB bactériostatiques. Les streptogramines (pristinamycine par voie orale) et l’association quinupristinedalfopristine par voie intraveineuse (Synersid®) ont une bonne activité sur les SARM et les staphylocoques sensibles à la méticilline, mais ils sont réservés aux infections peu sévères. e/Glycopeptides : Tous les staphylocoques sensibles à la méticilline le sont à la vancomycine ou à la teicoplanine. Mais leur activité est moins bonne que celle de l’oxacilline. La quasi-totalité des S.aureus est sensible à la vancomycine et à la teicoplanine qui restent les traitements de référence des infections à staphylocoques résistant à la méticilline. En ce qui concerne les staphylocoques à coagulase négative (SCN), il a été décrit des diminutions de sensibilité surtout à la teicoplanine, mais aussi à la vancomycine. Il est donc important d’effectuer des CMI du SCN en cause lorsqu’il est décidé de traiter un SCN par la teicoplanine. Cette dernière ne semble pas un ATB de choix à la phase initiale du traitement des infections graves à SCN. Récemment, il a été décrit des souches de S.aureus présentant une diminution de la sensibilité à la vancomycine. f/ Autres ATB : Ils ne doivent être utilisés qu’avec précaution et en fonction de l’antibiogramme du staphylocoque à traiter, en raison de l’apparition très fréquente de résistance sous traitement. Ils sont le plus souvent utilisés en association. 118 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation • Rifampicine : C’est un excellent antistaphylococcique, que ce soit pour les S.aureus et les SCN. Elle ne doit pas être utilisée seule, en raison du risque élevé de mutants résistants. Elle est utilisable par voie orale avec une très bonne biodisponibilité. La résistance à la rifampicine se trouve essentiellement chez des souches résistant à la méticilline • Fosfomycine : C’est un ATB actif sur la plupart des staphylocoques. Elle est lentement bactéricide et a une très bonne diffusion tissulaire. • Acide fusidique : C’est un ATB lentement bactéricide et un peu plus actif sur les souches sensibles à la méticilline que sur celles résistantes. L’émergence de mutants sous traitement paraît élevée dans le traitement au long cours d’infections chroniques. Son activité sur les SCN est excellente. • Cotrimoxazole : C’est une association sulfaméthoxazole et de triméthoprime, disponible à la fois sous la forme orale et veineuse. Il est actif sur les souches de S.aureus sensibles à la méticilline, mais bien qu’il existe une fréquente sensibilité sur l’antibiogramme, les SARM sont peu sensibles in vivo, avec des échecs cliniques décrits. Le cotrimoxazole est très peu efficace sur les SCN. Compte tenu de sa toxicité potentielle, cet ATB n’est quasiment plus utilisé dans cette indication. • Nouvelles molécules : De nouvelles molécules prometteuses sont en cours de développement pour le traitement des infections à staphylocoque. Les nouvelles quinolones (trovafloxacine, moxifloxacine, clinafloxacine…) ont des CMI très basses en ce qui concerne les S.aureus sensibles à la méticilline. Une des molécules les plus prometteuses est 119 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation probablement le linézolide, qui a des CMI très basses vis-à-vis des staphylocoques, et ce qu’ils soient résistants ou non à la méticilline, résistants ou non à la vancomycine. Cette molécule possède l’avantage d’une forme orale avec une excellente biodisponibilité. g/ Modalités thérapeutiques : Pour les pneumopathies à staphylocoques, elles sont souvent bactériémiques. Le traitement est donc exactement le même que celui des bactériémies. La durée de traitement est de 2 semaines. Le traitement des bactériémies doit être instauré rapidement par une association d’oxacilline à fortes doses par voie parentérale (200 mg/kg) en 6 prises par jour et de gentamicine (3 mg/kg) en une seule prise pendant 5 jours. En cas de suspicion de résistance à la méticilline, l’ajout d’un glycopeptide comme la vancomycine peut être réalisé d’emblée en association aux autres ATB après une dose de charge de 15 mg/kg en 60 minutes puis une posologie journalière de 30 mg/kg soit administrée en continu à la seringue électrique, soit en discontinu en 4 à 6 fois par jour. L’important est d’obtenir des taux résiduels de vancomycine entre 20 et 25 mg/L. 2 études récentes ont démontré que d’autres antibiotiques pouvaient être utilisés. La quinupristine-dalfopristine a montré une efficacité inférieure par rapport à la vancomycine. En revanche, le linézolide a montré une équivalence par rapport à la vancomycine. Il semble fondamental d’optimiser les posologies de vancomycine pour pouvoir traiter les patients souffrant de pneumopathie à S.aureus résistant à l’oxacilline. 120 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 4-2 Choix d’un antipseudomonas : [71] Les infections à P.aeruginosa sont souvent difficiles à affirmer ; à l’exception des hémocultures, la présence de cette bactérie dans les différents milieux de l’organisme n’est parfois que le témoin d’une colonisation, éventualité fréquente en réanimation. Ce germe demeure cependant l’agent responsable d’IN graves en raison du terrain, de la virulence de la bactérie et de sa résistance naturelle à de nombreux ATB. a/ Bêtalactamines : Parmi toutes les molécules, l’imipénème possède la meilleure activité, mais la comparaison des pourcentages de souches résistantes à une bêtalactamine, établie à partir d’études épidémiologiques multicentriques, montre que la ceftazidime, l’aztréonam et le céfépime demeurent les ATB les moins touchés. Quand une bêtalactamine est associée à un inhibiteur de bêtalactamases (ticarcilline-acide clavulanique, pipéracilline-tazobactam), la « récupération » de la sensibilité des souches est variable. En effet, l’adjonction de clavulanate à la ticarcilline, ne modifie pas la sensibilité des souches, alors que l’association pipéracilline-tazobactam augmente le pourcentage moyen des souches sensibles et diminue celui des souches résistantes. 121 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Bêtalactamines Concentrations critiques (mg/l) Carboxypénicillines • ticarcilline 16 64 16 64 Uréidopénicillines • pipéracilline Céphalosporines • cefsulodine 8 32 • cefopérazone 4 32 • ceftazidime 4 32 • céfépime 4 32 • cefpirome 4 32 4 32 Monobactames • aztréonam Carabapénèmes • imipénème 4 8 • méropénème 4 8 Tableau n° 32 : Bêtalactamines actives sur P.aeruginosa. [74] b/ Aminosides : Les CMI pour les souches sensibles sont proches des concentrations critiques. De plus la détermination de la sensibilité de P.aeruginosa aux aminosides est techniquement difficile et cela explique certains résultats contradictoires dans les études multicentriques. En France, en 1995, 86,2% des souches de P.aeruginosa étaient résistantes par imperméabilité ou mécanismes enzymatiques à la gentamicine, 62,6% à la tobramycine, 58,2% à la nétilmicine, 38,2% à l’amikacine et 34,8% à l’isépamicine. c/ Fluoroquinolones et fosfomycines : La résistance de P.aeruginosa vis-à-vis des fluoroquinolones se développe rapidement quand ces ATB sont utilisés en monothérapie. La résistance à la ciprofloxacine peut être croisée avec la péfloxacine et l’ofloxacine ou dissociée ; l’activité de la ciprofloxacine étant conservée avec des 122 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation CMI plus élevées qu’habituellement. Cela justifie l’utilisation de fortes doses de ciprofloxacine (1200 mg/j), sous peine d’induire l’évolution vers un haut niveau de résistance. P.aeruginosa est considéré comme une espèce inconstamment sensible à cet ATB (CMI 90 :14 mg/L). La fosfomycine n’est pas le traitement de première intention. L’intérêt de cette molécule réside dans une activité non modifiée par la croissance des germes et une pénétration non modifiée par le biofilm. En raison de l’apparition rapide de mutants d’un haut niveau de résistance, toute administration de fosfomycine en monothérapie est contre-indiquée ; l’association de fosfomycine aux aminosides ou aux fluoroquinolones est synergique et bactéricide. d/ Modalités thérapeutiques : • Pneumopathies : On conseille une bithérapie comprenant une bêtalactamine et un aminoside. La durée de traitement est de 3 semaines, l’aminoside pouvant être remplacé par une fluoroquinolone. En l’absence d’un examen direct fiable, le traitement doit comporter une bithérapie active sur P.aeruginosa associée à un ATB actif sur staphylocoque résistant à la méticilline (vancomycine), avec évaluation du traitement à la 48e heure après résultats des prélèvements bactériologiques et de l’antibiogramme. • Infections urinaires : Quand elles sont basses, il ne faut les traiter que si elles sont symptomatiques. Une monothérapie avec un produit à forte élimination urinaire sous forme active comme les fluoroquinolones ou la fosfomycine per os est en règle générale suffisante. Les infections hautes sont justiciables d’une bithérapie. 123 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 4-3 Choix d’antid’anti-acinetobacter : [72, 33] A.baumannii est longtemps méconnu en tant qu’agent d’IN. Sa multirésistance a attiré l’attention des microbiologistes et des réanimateurs, depuis quelques années. a/ Bêtalactamines : A.baumannii est naturellement résistant aux aminopénicillines, aux C1G et aux C2G ; de plus cette bactérie a rapidement exprimé une résistance acquise aux bêtalactamines par production de pénicillinases qui lui confère la résistance aux carboxy- et uréidopénicillines. Cependant environ 60% des souches restent sensibles à la ticarcilline et l’addition d’acide clavulanique ou de sulbactam assure une synergie d’activité de ces produits sur les souches hospitalières. Ces souches produisent aussi une céphalosporinase qui confère la résistance à 90-95% des souches au céfotaxime ; la ceftazidime (longtemps la plus active des C3G sur A.baumannii) . La bêtalactamine la plus active est l’imipénème mais on voit progressivement apparaître des souches de sensibilité diminuée. La mauvaise perméabilité naturelle de la membrane externe d’A.baumannii, associée dans certaines souches à la production d’une imipénémase, sont les mécanismes qui redent compte de l’émergence de ces souches. b/ Aminosides : La majorité des souches ont exprimé une résistance aux aminosides : gentamicine, tobramycine l’amikacine. Ceci est en rapport à la production de plusieurs enzymes d’inactivation des aminosides, ce qui confère aux souches hospitalières des phénotypes de résistance multiples aux aminosides. 124 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation c/ Fluoroquinolones : Vis-à-vis des fluoroquinolones initialement très actives, en peu d’années, la résistance acquise a atteint plus de 75% des souches. Les IN à A.baumannii sont parmi les plus difficiles à traiter, peu d’ATB restant actifs ce qui impose pour chaque souche impliquée dans une infection, de déterminer les CMI des ATB disponibles et les possibilités de leurs associations. Généralement, les ATB restant les plus souvent actifs sur A.baumannii sont : l’imipénème, les associations ticarcilline/acide clavulanique, piépéracilline/tazobactam, la colistine et les diverses associations de bêtalactamines au sulbactam. d/Les possibilités thérapeutiques :[33] Compte tenu des profils de sensibilité des isolats d’A.baumannii, le traitement des infections liées à cette espèce pose un grave problème. L’absence de commercialisation sur le marché marocain de certaines molécules comme les carboxypénicillines, uréidopénicillines et les nouvelles fluoroquinolones rend très limité l’arsenal thérapeutique dont nous disposons. Par ailleurs, le Maroc étant un pays d’endémie tuberculeuse, la prescription de la rifampicine est limité à cette pathologie. Ainsi pour le traitement des infections liées à des souches hyperproductrices de céphalosporinases, l’association imipénème et aminoside ou fluoroquinolone est la plus utilisée, ceci en fonction des résultats de l’antibiogramme. En cas d’infection à souche d’A.baumannii multirésistante la triple association imipénème, fluoroquinolone et aminoside (amikacine) est souvent tentée parfois avec succès. L’absence d’études évaluant ce schéma thérapeutique nous incite cependant à beaucoup de prudence. Par ailleurs, la commercialisation proche, sur le marché marocain, des carboxypénicillines, uréidopénicillines et des nouvelles 125 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation fluoroquinolones et surtout leur prescription réfléchie permettrait de résoudre, partiellement, le problème des souches multirésistantes. 4-4 Choix d’un antientérocoque :[73] Les entérocoques sont des cocci à Gram positif en chaînettes. Ils sont devenus depuis une dizaine d’années des souches de plus en plus fréquentes dans les IN. En réanimation, les infections à entérocoques, isolées dans de multiples sites (infection urinaire, bactériémie, septicémie, infection du site opératoire…), sont souvent postopératoires et polymicrobiennes. a/ Pénicillines : Les entérocoques ont une affinité faible pour la pénicilline G. Cela est lié à une diminution de l’affinité des pénicillines pour la protéine de liaison de la paroi bactérienne, cible de l’ATB. Les uréidopénicillines et les carboxypénicillines ont une très bonne activité sur les entérocoques. b/ Céphalosporines : Les céphalosporines de toutes les générations ont une CMI extrêmement variable vis-à-vis des entérocoques. Cette variabilité n’autorise pas leur utilisation en pratique clinique et ces agents sont considérés comme inactifs sur les entérocoques. c/ Aminosides : Les entérocoques ont une résistance naturelle à tous les aminosides. Pris isolément, ils sont inefficaces car ils pénètrent très mal dans la bactérie. Les pénicillines réalisent avec les aminosides une association à effet synergique bactéricide rapide. Grâce à l’action de la pénicilline sur la paroi bactérienne, les aminosides peuvent pénétrer dans la bactérie et permettre une bactéricidie. En terme d’efficacité, cette synergie n’est obtenue que lorsque les 2 ATB sont présents 126 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation en même temps et en concentration suffisante au site de l’infection. Pour atteindre cet objectif, la seule solution est la répétition des doses. Ainsi, les pénicillines pourront être injectés toutes les 2 à 6 heures et les aminosides toutes les 8 heures. d/ Glycopeptides : Les entérocoques sont sensibles aux glycopeptides. Cependant, ces agents lorsqu’ils sont administrés isolément ont une activité bactériostatique lente. Leur association avec un aminoside renforce la bactéricidie. e/ Quinolones : Les fluoroquinolones de 2e génération (pefloxacine, ofloxacine et ciprofloxacine) ont une activité très modeste sur les entérocoques. Par contre, les nouvelles quinolones ont une activité intéressante (clinafloxacine, gatifloxacine et levofloxacine). f/ Modalités thérapeutiques dans les infections urinaires : Les entérocoques sont responsables d’une grande partie des infections urinaires. La plupart de ces infections sont nosocomiales lors d’un sondage urinaire. Une monothérapie par ampicilline ou amoxicillne, par voie orale ou parentérale selon la gravité du tableau clinique, est le plus souvent suffisante. Les nitofuranes, les fluoroquinolones et le cotrimoxazole ont été utilisés avec succès, mais des échecs thérapeutiques ont également été rapportés qui font réserver ces agents aux infections urinaires basses. 127 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 4-5 Choix d’un antianti-anaérobie : [73] Les bactéries anaérobies se développent dans des milieux où la tension en oxygène est nulle ou très faible. La plupart des infections les mettant en cause sont d’origine endogène, mais le sol et surtout les morsures animales ou humaines demeurent de grandes sources de contamination par des bactéries anaérobies. Le traitement d’une infection à anaérobie relève d’une antibiothérapie souvent associée à un geste chirurgical, voir une oxygénothérapie hyperbare. a/ Antibiothérapie des infections à anaérobies non sporulés : Au cours de ces dernières années, la résistance des bactéries anaérobies à certains ATB a significativement augmenté et quelques résistances à des ATB jusque-là constamment actifs sont apparues. • Bacteroides du groupe fragilis : Les différentes espèces du groupe fragilis présentent globalement les mêmes profils de sensibilité ou de résistance aux ATB. Le groupe fragilis est naturellement résistant aux aminosides, à l’aztréonam, à la fosfomycine et aux polymyxines. Il est peu sensible à la majorité des quinolones. Les bactéries appartenant à ce groupe sont quasiment toujours sensibles au métronidazole et au chloramphénicol. La faible prescription de ce dernier ATB, liée à sa toxicité, est probablement à l’origine de l’absence de résistance. Le groupe fragilis était initialement sensible aux tétracyclines et aux macrolides, lincosamides et streptogramines B, en particulier à la clindamycine. Pour tétracycline, plus de 75% des souches ont présenté des résistances, ce qui rend cet ATB inutilisable en thérapeutique sans contrôle phénotypique préalable. La clindamycine, quant à elle, reste un ATB actif. Toutefois, quelques études relatent un pourcentage de résistance de 25%. Il est donc conseillé de vérifier le phénotype de la souche avant de prescrire cet ATB. 128 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Les espèces du groupe fragilis sont résistantes aux pénicillines naturelles, aux aminopénicillines et à la plupart des céphalosporines, en particulier les C1G et C2G. Enfin, dans la grande majorité des études, les souches restent sensibles aux carbapénèmes et aux associations bêtalactamines/inhibiteurs de bêtalactamases. • Autres anaérobies non sporulés : Ils sont naturellement résistants aux aminosides et à la plupart des fluoroquinolones. Pratiquement Certains toutes les sont espèces devenus sont résistants sensibles au aux bêtalactamines. métronidazole, aux carabapénèmes et aux associations de bêtalactamines avec des inhibiteurs des bêtalactamases. Le groupe des Actinomyces est sensible in vitro à de nombreux ATB : pénicilline G, ampicilline, érythromycine, minocycline et clindamycine. En revanche, il est résistant au métronidazole et aux aminosides. b/ Antibiothérapie des bactéries à Gram positif sporulées : Ces bactéries sont en général restées remarquablement sensibles à la plupart des ATB classiquement utilisées, dont les pénicillines. Cependant, jusqu’à 50% des souches de Clostridium difficile sont résistantes à l’imipénème, mais restent très sensibles au métronidazole. Par ailleurs, de nombreuses souches de Clostridium innocum seraient résistantes à la vancomycine. c/ Mono ou bithérapie : Peu d’arguments justifient une bithérapie antianaérobie. En effet, les produits dont on dispose actuellement sont suffisamment actifs en monothérapie. Par exemple, il ne semble pas utile d’administrer du métronidazole avec une association bêtalactamine-inhibiteur de bêtalactamases. 129 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation d/ Modalités thérapeutiques (infections pleuropulmonaires) : Les infections respiratoires secondaires à une inhalation ou à une sinusite et les abcès du poumon sont en général plurimicrobiennes. Les associations ticarcilline-acide clavulanique et pipéracilline-tazobactam ou les carbapénèmes sont employés dans les infections nosocomiales. 5. Choix en fonction du site : 55-1 Infections Infections urinaires nosocomiales :[74,75 ,76] a/ Antibiothérapie : L’antibiothérapie probabiliste doit être l’exception et intéresser les infections graves (sepsis grave, choc septique) ; mais toujours après prélèvement bactériologique. Les ATB utilisés dans le traitement de l’IUN doivent répondre aux critères habituels d’efficacité, tolérance, durée, voies d’administration et coût. Le traitement doit tenir compte également du caractère habituellement résistant des BGN responsables de l’infection urinaire et aussi de l’existence éventuelle d’une insuffisance rénale. L’attitude thérapeutique est différente selon que le malade est porteur ou non d’une sonde urinaire. • Malade non sondé : L’antibiothérapie est justifiée chez le malade non sondé même en l’absence de signes patents. La durée de 5 à 7 jours en cas d’infection urinaire non compliquée ;de 14 jours en cas de pyélonéphrite ou d’orchiépididymite ;de 2 à 3 semaines en cas de septicémie et de 6 à 8 semaines en cas de prostatite.[74] A titre indicatif, on peut proposer le schéma suivant : [75] 130 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation BGN type entérobactéries C3G ou fluoroquinolone+aminoside BGN type pseudomonas uréidopénicilline ou ceftazidime+amikacine ou imipénème Streptocoque ampicilline-amoxicilline Staphylocoque vancomycine Ce schéma peut être modulé en fonction du profil de sensibilité habituel des germes dans l’unité intéressée et que doit être mis à jour de façon régulière. Il sera bien entendu modifié si nécessaire dès le résultat de l’antibiogramme. Il ne faut pas hésiter à ce propos quand on a fait le choix d’une antibiothérapie à spectre large, de revenir à un schéma plus simple. • Malade sondé :[74, 76] Dans ce cas, la distinction classique entre colonisation et infection est bien difficile à faire. En cas d’apyrexie,il faut s’abstenir de tout traitement qui risquerait d’une part d’être inefficace car les rechutes sont très fréquentes, et d’autre part de sélectionner des bactéries résistantes. Si le malade est fébrile et qu’il n’existe aucune autre cause évidente à cette fièvre, un changement de sonde urinaire sous couverture antibiotique adaptée, peut être indiqué, avec contrôle bactériologique 24 heures plus tard. On choisira si possible un ATB dont la bactéricidie est concentration dépendante et dont le taux urinaire est largement au dessus de la CMI du germe responsable. Le but de cette antibiothérapie est de prévenir la survenue d’une bactériémie au changement de la sonde urinaire. Les aminosides ou les quinolones lorsqu’ils sont adaptés aux germes responsables de l’infection urinaire représentent les ATB de choix. 131 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation En cas de persistance de l’infection urinaire, un traitement antibiotique de plus longue durée est alors justifié. Par ailleurs, l’existence d’une complication infectieuse locorégionale impose l’ablation de la sonde urinaire et la mise en place d’un cathéter sus pubien si la poursuite du drainage des urines est nécessaire. b/ Conduite à tenir devant une candidurie :[77] CANDIDURIE ( enlever le cathéter si possible) SYMPTOMATIQUE TRAITEMENT ASYMPTOMATIQUE RISQUE ELEVE CATHETER ENLEVE ? OBSERVATION. RECULTURE 72 h après ablation du cathéter NON OUI TRAITEMENT SYSTEMIQUE FLUCONAZOLE FAIBLE RISQUE POSITIVE LAVAGES VESICAUX AMPHOTERICINE B NEGATIVE ENVISAGER FLUCONAZOLE Figure n°3 : Arbre décisionnel devant une candidurie [77] 132 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 5-2 Infections pulmonaires nosocomiales :[12] Le traitement antibiotique des IPN vient de faire l’objet d’une mise au point réalisée sous l’égide de l’American Thoracic Society et de l’Infectious Diseases Society of America. Ces recommandations viennent d’être approuvées fin 2004 par ces 2 sociétés savantes et constituent donc la référence internationale dans la mesure où tous les spécialistes mondiaux étaient réunis. Le traitement des IPN doit être précoce, approprié, avec des doses adaptées. L’antibiothérapie doit être réévaluée de 48 à 72 heures, en fonction des données bactériologiques et de la réponse clinique. Il convient de raccourcir au maximum la durée d’antibiothérapie, qui doit être adaptée à l’écologie du service. a/ concepts généraux : Le choix de l’antibiothérapie pour chaque patient est fondé sur les facteurs de risque de bactéries multirésistantes (antibiothérapie antérieure, hospitalisations de longue durée, souche endémique, immunodépression) et des critères fondamentaux faisant sélectionner telle ou telle antibiothérapie selon la durée de séjour et les antibiothérapies antérieures. • Antibiothérapie pour pneumopathie précoce sans facteur de risque de bactéries multirésistantes : Dans ce cadre là sont retrouvés Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzae, S.aureus sensible à l’oxacilline et des entérobactéries sensibles. Ce type de germe est le plus souvent sensible à des C3G ou à l’association amoxicilline+ acide clavulanique. Il n’y a pas de bénéfice clair à réaliser une bithérapie dans ce cadre-là. La lévofloxacine pourrait être utilisée en cas d’allergie à la pénicilline. (Tableau n°33) 133 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Bactéries présumées Recommandations antibiotiques Streptococcus pneumoniae Ceftriaxone/céfotaxime Haemophilus influenzae ou S.aureus sensible à l’oxacilline Amoxicilline+acide clavulanique Entérobactéries sensibles : E.coli, ou Klebsiella pneumoniae, Enterobacter, Lévofloxacine en cas d’allergie aux Proteus, Serratia marcescens bêtalactamines Tableau n°33 : Antibiothérapie pour les patients sans facteur de risque d’infection à bactéries multirésistantes. [12] • Antibiothérapie pour les patients présentant des risques d’infection à bactéries multirésistantes : Les facteurs de risque sont : longue durée de séjour, longue durée de ventilation, antibiothérapie antérieure. (Tableau n°34) Ces patients indispensable relèvent d’une désescalade à antibiothérapie J3. à L’adaptation large de spectre suivie l’antibiothérapie d’une est malheureusement souvent oubliée ; elle favorise pourtant la baisse de pression de sélection dans les services. 134 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Bactéries présumées Recommandations antibiotiques Bactéries listées dans le tableau n° + Céphalosporines anti-Pseudomonas* (ceftazidime, céfépime) P.aeruginosa ou Pipéracilline+tazobactam Klebsiella pneumoniae à bêtalactamase à ou spectre élargi Imipénème Acinetobacter + Aminosides anti-Pseudomonas S.aureus résistant à l’oxacilline (amikacine ou tobramycine) ou Ciprofloxacine en cas d’insuffisance rénale+/-** Vancomycine à haute dose ou Linézolide * : En cas d’allergie aux bêtalactamines : ciprofloxacine plus aminoside antiPseudomonas ** : En fonction de l’écologie du service (incidence élevée de S.aureus résistant à l’oxacilline Tableau n°34 : Antibiothérapie empirique initiale des IPN avec risque d’infection à bactéries multirésistantes. [12] b/ Antibiothérapie initiale : Le choix de l’antibiothérapie initiale est fondamental car il a été largement démontré que la mortalité attribuable était significativement diminuée chez les patients recevant une antibiothérapie appropriée. Les posologies d’ATB doivent être les maximales autorisées, ne serait-ce pour couvrir un P.aeruginosa avec des CMI élevées ou une souche résistantes de S.aureus. 135 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Les posologies d’aminosides sont 2 à 3 fois celles proposées. Les posologies de vancomycine administrées doivent être adaptées pour obtenir des concentrations de 15 à 20 g/ml, voire plus en cas de CMI très élevée. Antibiotiques Dosages Ceftazidime 2 g toutes les 8 h ou en perfusion continue de 6 à 9 par 24 h 2 g toutes les 8 h ou en perfusion Céfépime continue de 4 à 6 g par 24 h Imipénème 1 g toutes les 8 h Pipéracilline-tazobactam 4 g toutes les 6 h ou en perfusion continue de 12 à 16 g par 24 h Gentamicine 6 à 9 mg/kg/24 h Nétilmicine 6 à 9 mg/kg/24 h Tobramycine 6 à 9 mg/kg/24 h Amikacine 20 à 25 mg/kg/24 h Ciprofloxacine 400 mg toutes les 6 à 8 h Vancomycine 10 mg/kg/8 h ou perfusion continue de 30 mg/kg/24 h 600 mg par 8-12 h Linézolide Tableau n°35 : Posologies des ATB utilisés dans les IPN en réanimation chirurgicale. [12] Il est très probable que la surveillance des taux plasmatiques, associé à l’évaluation de la CMI pourra permettre d’optimiser le traitement des pneumopathies nosocomiales à bactéries multiérsistantes. Pour les IPN tardives, l’approche maximaliste consiste à associer un traitement anti-pseudomonas à un traitement anti-staphylococcique pour couvrir ces 2 germes qui sont souvent la cause d’échec d’antibiothérapie. Chez les patients ayant déjà reçu des ATB, le changement de classe est le plus souvent souhaitable. 136 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation c/ Utilisation locale d’ATB : Les données actuelles ne permettent pas de recommander l’utilisation locale d’ATB. Cependant, les aérosols antibiotiques pourraient être une thérapeutique adjuvante intéressante en cas de pneumopathie à bactéries multirésistantes. d/ Mono ou bithérapie : Dans le cadre de l’antibiothérapie empirique des pneumopathies tardives, il est difficile de se passer d’une bithérapie essentiellement pour élargir le spectre. En revanche, dans le cadre des pneumopathies précoces, et lorsque l’identification bactérienne a été réalisée, le plus souvent l’association d’ATB ne se justifie pas en dehors des infections à P.aeruginosa. Lorsqu’on utilise une bithérapie, il semble préférable d’utiliser des aminosides par rapport aux fluoroquinolones pour des raisons d’efficacité mais aussi le coût. Dans la plupart des situations, l’administration d’aminoside peut être arrêtée au bout de 5 jours si l’état du patient s’améliore. e/ Durée de l’antibiothérapie : Un traitement d’une semaine est suffisant pour la plupart des patients avec des pneumopathies non compliquées qui ont reçu une antibiothérapie initiale appropriée avec une bonne réponse clinique, en dehors des pneumopathies à BGN non fermentants (P.aeruginosa et A.baumannii) où le traitement de 14 jours est préférable. 137 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation E/Quelles solutions ? I/Optimisation de l’antibiothérapie : 1. Bon usage des ATB [78,79 ,80 ,81 ,82] La prévalence de la résistance aux ATB est préoccupante dans les établissements de soins, notamment dans les services de réanimation. Le taux de bactéries multirésistantes et la gravité des infections qu’elles engendrent amènent à prescrire largement les quelques molécules encore actives, souvent les plus récentes ou de spectre étendu. Malheureusement, ces pratiques modifient l’écosystème intestinal et les autres flores commensales, favorisent l’émergence de nouvelles résistances et, de plus induisent des surcoûts. Ainsi l’amélioration de l’usage des ATB est, avec les mesures d’hygiène, un élément indispensable au contrôle de l’émergence et la diffusion des bactéries multirésistantes. La prescription des ATB doit prendre en compte, non seulement l’effet recherché sur l’infection, mais aussi leurs effets sur l’écologie bactérienne et donc sur la collectivité. Afin de retarder l’apparition et l’extension des résistances bactériennes, et de préserver le plus longtemps possible l’activité des ATB. L’optimisation de l’utilisation des ATB est actuellement considérée comme une priorité. Au niveau des hôpitaux on remarque plusieurs attitudes menaçantes : prescription d’ATB alors que l’antibiothérapie n’est pas indiquée, un mauvais choix de l’agent anti-infectieux, une posologie inadéquate, la non adaptation du traitement de première intention à l’écologie locale, l’absence de modification du 138 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation traitement après réception de l’antibiogramme, ou encore la trop grande durée des traitements. Afin de diminuer les coûts et le niveau de résistance bactérienne, il apparaît primordial d’utiliser les ATB de manière plus adéquate. C’est pour cela que plusieurs pays ont instauré une politique de rationalisation de la prescription des ATB et ceci par la mise en place d’une série de recommandations où le libre choix du prescripteur était respecté. Ces recommandations avec la formation à l’hygiène hospitalière sont indispensables pour connaître l’écologie hospitalière locale d’un établissement et pour sensibiliser et faire participer le personnel soignant à ces mesures de prévention. Par ailleurs, ce qui est plus important c’est la répétition des enquêtes portant sur l’utilisation des ATB, la résistance bactérienne et la qualité des soins, ce qui permet d’évaluer l’efficacité des stratégies développées pour un meilleur usage des ATB. La bonne prescription des ATB en réanimation comporte plusieurs mesures : -optimiser le traitement précoce des infections sévères. -maîtriser l’écologie locale (étudier, diffuser, connaître). -réaliser dés que possible l’ablation de tout matériel infecté. -réaliser des taux sériques pour adapter les doses d’anti-infectieux. -éviter l’antibiothérapie empirique prolongée. -pratiquer régulièrement la désescalade thérapeutique. -utiliser autant que possible les ATB à spectre étroit. -différencier au mieux la colonisation et l’infection : établir des seuils et des indices de colonisation de qualité. 139 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation -développer des critères prédéterminés pour interrompre les thérapeutiques antiinfectieuses. En plus de ces mesures, il existe de divers protocoles dont les plus classiques sont : la restriction d’utilisation de certains ATB ou certaines classes d’ATB et la rotation des ATB ou ce qu’on appelle « le cycling ». 1-1 Politiques de restriction d’utilisation de certains ATB ou certaines classes d’ATB : Restreindre l’utilisation de certains ATB ou classes d’ATB en utilisant par exemple des ordonnances nominatives, diminue la consommation des molécules concernées et les effets secondaires qu’elles induisent. Cette approche est généralement utilisée pour : * Les molécules à large spectre d’action (tel que l’imipénème), *les molécules connues pour induire des résistances rapides (C3G ou fluoroquinolones), *les substances toxiques (aminoglycoside). Les résultats de ce type de stratégies ne sont pas univoques. D’une manière générale, lorsque la restriction est imposée par des raisons écologiques, les résultats sont satisfaisants. Entre 1992 et 1996, l’interdiction de prescription des macrolides en Finlande a permis de faire diminuer le taux de résistance aux macrolides des streptocoques A de 16,5 à 8,6%. De la même façon, un programme de restriction de l’utilisation des aminoglycosides, permet de voir réémerger des SARM sensibles à la gentamycine. Cependant, ces restrictions peuvent être à l’origine de l’apparition de résistance aux autres molécules utilisées et elles ne permettent pas forcément de diminuer la consommation globale des anti-infectieux. 140 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 1-2 Rotation des ATB « le cycling »: Pour contourner cette difficulté, certains ont proposé le concept de la rotation des ATB ou «cycling ». On utilise un ATB donné ou une classe d’ATB pour une période prédéfinie. A la fin de cette période, les standards de soins sont modifiés et les prescripteurs doivent utiliser d’autres ATB. En théorie, cette technique, en limitant la période d’exposition à un ATB donné devrait limiter le risque de voir émerger des résistances bactériennes. Gerding et al, ont évalué la rotation des aminoglycosides sur une période de 10 ans en raison d’un fort taux de résistance à la gentamicine dans leur établissement. Une rotation concernant l’amikacine et la gentamicine sur des périodes allant de 12 à 51 mois a été réalisée. Les taux de résistance de la gentamicine diminuaient de façon significative lorsque l’amikacine était utilisée mais revenaient à leur valeur habituelle lors de la réintroduction de la gentamicine. Gruson et al. ont mis en place, dans leur unité de réanimation, une technique de rotation des ATB fondée sur l’analyse mensuelle de l’écologie locale des germes issus de pneumonies nosocomiales des patients ventilés et proposant une liste d’ATB modulée régulièrement. Cette technique, plus élaborée, mais bien plus lourde à maintenir, apporte de meilleurs résultats. Elle leur a permis notamment de diminuer le nombre de pneumonies nosocomiales à BGN résistants et leur consommation d’anti-infectieux. Enfin, chaque unité de réanimation devrait pouvoir établir un programme de maîtrise de l’antibiothérapie, réaliser des évaluations régulières de ses pratiques, surveiller l’écologie locale des principales bactéries multirésistantes et développer les collaborations avec la pharmacie, la bactériologie et les infectiologues. 141 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 2. Monitorage d’une antibiothérapie en réanimation : Le monitorage d’une antibiothérapie a pour but d’optimiser les aspects microbiologiques et pharmacologiques du traitement. Ce monitorage doit être adapté selon le site infectieux et le type de germes isolés ; il doit être également adapté au cours du traitement et ses objectifs révisés (initialement adaptation posologique et recherche de germes résistants, puis dépistage de surdosage et réponse thérapeutique). [83] 2-1 Règles de base : [83] Plusieurs règles de bonne pratique thérapeutique sont applicables à tous les sites infectieux. Elles doivent être adaptées en fonction du contexte, mais elles ont plusieurs particularités en commun. -Le prélèvement microbiologique doit être effectué avant le début du traitement ATB. -Un antibiogramme doit être effectué pour pouvoir adapter le traitement ATB. -La recherche de facteurs favorisent l’infection (corps étranger, infection sur prothèse..) ou de facteurs limitant l’efficacité du traitement ATB (abcédation, immunodépression..) doivent être recherchés. -La disparition ou la diminution des signes cliniques sous traitement ATB n’est pas forcément le témoin d’une guérison. Des prélèvements microbiologiques de contrôle sous traitement ou à l’arrêt du traitement doivent être obtenus chaque fois que cela paraît possible. -Les infections à répétition, survenant au cours d’une hospitalisation, ou au décours d’une hospitalisation doivent faire suspecter une infection à une bactérie hospitalière à sensibilité diminuée. 142 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 2-2 Organisation au sein du service de réanimation :[83] L’organisation interne au sein du service de réanimation devrait disposer de : -Référent interne ou externe en antibiothérapie. -Staff dédié aux problèmes infectieux au minimum 1 fois/ semaine, centré sur les résultats des examens microbiologiques, avec discussion et interprétation de ces résultats, réévaluation d’une antibiothérapie en cours, respect des modalités de prescription définies au préalable. -Suivi par patient des épisodes infectieux et de son traitement, récapitulatif à la sortie du patient. -Formation régulière des médecins. -Evaluation des pratiques de l’antibiothérapie dans le service. -Maîtrise de l’information avec régulation de la visite médicale. -Surveillance de la consommation d’ATB. 2-3 Etapes de l’optimisation de l’utilisation des ATB en réanimation :[83] -Choix d’une antibiothérapie probabiliste. -Recherche des meilleurs rythmes d’administration et de durée de traitement. Nécessité d’une association d’ATB et pendant combien de temps. -Essayer de diminuer au maximum les effets adverses des ATB. -Protection de l’écologie du patient et de la collectivité. Enfin, le monitorage de l’utilisation des ATB en réanimation est une nécessité. La réflexion commence par le choix d’une antibiothérapie probabiliste souvent à spectre large que l’on doit systématiquement réévaluer à la 48e heure. Cette antibiothérapie doit être débutée à forte posologie compte tenu de l’importance de l’inoculum bactérien. Les modalités d’administration doivent tenir compte bactérie- 143 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation ATB, mais aussi des modifications de volume de distribution propre au patient de réanimation. [33] L’objectif du monitorage des ATB est double. Il permet de s’assurer d’une concentration optimale de l’ATB qui probablement facilite la guérison du patient tout en évitant les surdosages, source de complication. Chaque unité de réanimation devrait désigner au sein de son équipe un médecin référent qui travaillerait en étroite collaboration avec les structures hospitalières impliquées dans la lutte contre l’IN. Ce travail de surveillance et de coordination semble le préalable indispensable à l’optimisation des ATB. II/Prévention-hygiène : La prévalence de la résistance bactérienne aux ATB est préoccupante dans les hôpitaux, notamment dans les services de réanimation [78]. Le taux de bactéries multirésistantes et la gravité des infections qu’elles peuvent induire amènent à essayer de trouver des solutions simples mais efficaces pour faire face à un fléau appeler les IN. 1. Mesures Mesures générales : 1-1 L’hygiène des mains : a/ L’observance du lavage des mains conventionnel [84, 85] : Depuis une vingtaine d’années, la plupart des études d’observation mettent en évidence une mauvaise observance du lavage des mains dans tous les secteurs de soins, y compris les secteurs considérés à risque d’IN tels les services de réanimation. A titre de rappel, l’observance correspond au rapport du nombre de lavages réalisés sur le nombre d’opportunités observées pendant une période donné. La 144 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation plupart des études ont essayé de préciser les facteurs associés à la non observance du lavage des mains. Le manque d’équipement constitue évidemment la première limite de cette technique. En effet, il parait difficile de réclamer et d’obtenir de bons résultats si le personnel ne dispose pas d’un matériel suffisant et surtout accessible pour répondre à toutes les situations où l’hygiène des mains est nécessaire. Une mauvaise perception du risque de transmission des micro-organismes au cours des soins et mauvaise tolérance cutanée semblent également participer à la mauvaise observance. b/ Le lavage des mains :[86] Classiquement, plusieurs techniques de lavage des mains sont décrites en fonction du risque infectieux encouru par le malade et le personnel : lavage simple, lavage antiseptique et le lavage chirurgical. Le matériel adapté à un lavage hygiénique des mains comporte : -Un lavabo correctement entretenu (substances récurrentes et détergentes, javellisation quotidienne des conduites), -un distributeur de savon liquide à réservoir interchangeable, -un commande d’arrivée d’eau photoélectrique ou à pied. Lavage simple : Il s’effectue au cours d’actes de la vie courante, schématiquement : -mouiller les mains et les poignets à l’eau courante ; -verser une dose de savon dans la main ; -insister sur les espaces interdigitaux ; -rincer abondamment ; -sécher soigneusement par tamponnement ; -utiliser des essuie-mains à usage unique. 145 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Lavage antiseptique ou hygiénique : L’opérateur pratique ce type de lavage avant et après un soin à un patient ; régulièrement en milieu hospitalier dans les unités à haut risque infectieux : -enlever les bijoux au niveau des mains et des avant-bras ; -mouiller mains et poignets à l’eau courante ; -verser une dose de savon antiseptique dans la paume de la main ; -masser les mains et les poignets pendant environ 1 minute ; -insister sur les espaces interdigitaux ; -rincer abondamment ; -sécher par tamponnement en allant de l’extérieur des doigts vers les poignets, à l’aide d’essuie-mains à usage unique. Remarque : lorsqu’un brossage des ongles est pratiqué, la brosse utilisée doit être stérile avant chaque brossage. Lavage chirurgical : Ce lavage doit être pratiqué avant les actes chirurgicaux. Il permet l’élimination de la flore transitoire provenant de l’environnement et une réduction de la flore commensale colonisant la peau. L’opérateur est en tenue de bloc, masque et callot ajustés. Les ongles sont courts, les bijoux et la montre enlevés. La procédure se déroule en 2 temps et dure 5 à 10 minutes. *Premier temps (2 minutes) : -faire couler l’eau pendant 1 minute ; -mouiller mains et avant-bras ; -placer une dose de savon antiseptique dans la paume de main, faire mousser ; -rincer les mains puis les avant –bras en les maintenant au–dessus du niveau des coudes ; 146 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation -brosser les ongles (brosse stérile). *Deuxième temps (3 minutes) : -remettre une dose de savon dans la paume de la main, savonner chaque doigt, chaque espace interdigital les avant-bras par mouvements circulaires ; -rincer soigneusement paumes tournées vers le bas ; -sécher par tamponnement de l’extrémité des doigts vers les coudes ; -mettre les gants chirurgicaux. c/Place de la friction hydroalcoolique :[84] L’hygiène des mains par friction avec un produit hydroalcoolique est actuellement recommandée comme méthode de substitution au lavage traditionnel. Cette technique, très simple, consiste à appliquer directement sur des mains sèches un produit (solution ou gel) contenant principalement de l’alcool (éthanol ou isopropanol) et un émollient puis à frotter jusqu’à évaporation. Cette technique prend environ 30 secondes. Elle ne nécessite aucun point d’eau et donc peut être facilement réalisée au lit du malade. De nombreuses études documentent l’activité in vitro et au cours de simulations de contamination des mains de ces produits. A chaque fois, la réduction de la contamination des mains obtenue avec la friction hydroalcoolique était significativement supérieure à celle obtenue avec le lavage conventionnel quel que soit le type du savon utilisé. De plus, les avantages de la technique apparaissent évidents, ne serait-ce qu’en éliminant les problèmes d’équipement et certainement ceux liés au manque de temps et aux difficultés d’application lors des interruptions de soins. Sur le plan de la tolérance, les données montrent que la friction hydro alcoolique est supérieure au lavage traditionnel, aboutissant à moins d’irritations ou de sécheresses cutanées. 147 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Une technique de friction chirurgicale des mains peut également être utilisée en remplacement du lavage chirurgical traditionnel. Cette technique consiste actuellement à effectuer 2 applications larges et successives de solution hydroalcooliques après une étape de lavage au savon doux. Plusieurs études rapportent une amélioration significative, grâce à l’instauration de cette technique, de l’observance de l’hygiène des mains et même la diminution concomitante de l’incidence des IN et des bactéries multirésistantes. 1-2 Le port de gants :[84, 85, 86] Les gants représentent une barrière contre la transmission croisée des germes, en particulier lors d’épidémies. Ils réduisent le niveau de contamination des mains par la flore acquise au cours des soins. Le port des gants est largement répandu lors des activités de soins, mais pas toujours dans des situations où il est indiqué. Le port permanant de gants notamment sans changement entre les malades ou les activités de soins représente une fausse sécurité. Les indications du port des gants non stériles à usage unique sont multiples selon les situations : -en cas de risque de contact avec du sang ou tout autre produit biologique, -risque de contact avec une peau lésée ou muqueuse, -risque de contact avec du linge ou du matériel souillé, -lors des soins. Les gants stériles à usage unique sont utilisés devant les situations suivantes : -tous les gestes nécessitant un haut niveau d’asepsie, -toute manipulation de produits et de matériels stériles. 148 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Après l’acte, les gants doivent être retirés immédiatement, suivi d’une friction hydroalcoolique des mains ou lavage des mains, car elles peuvent être contaminées par l’action de retrait des gants. Il reste à savoir que le port de gants ne remplace pas le lavage ni la désinfection des mains. 1-3 L’isolement des malades porteurs de bactéries multirésistantes :[84, 87] La multiplicité des situations et la diversité des intervenants justifient une attitude pragmatique. Ainsi, les recommandations d’isolement doivent être simples et applicables. Selon les recommandations de la société de réanimation en langue française, tous les malades hospitalisés en réanimation doivent bénéficier d’un « isolement technique standard ». Il doit être appliqué quels que soient la structure architecturale, les moyens matériels disponibles et le type de patient (colonisé/infecté ou non). Certaines stratégies d’isolement ont fait la preuve de leur efficacité. En fait, c’est l’association de plusieurs mesures qui permettent d’avoir une diminution des IN : -isolement de contact des malades colonisés ou infectés, -port de gants, -port de surblouse et masque pour les soins des porteurs de bactéries multirésistantes, -isolement jusqu’à éradication, -prélèvement des malades voisins et dépistage hebdomadaire, -séances régulières d’information notamment sur le lavage antiseptique des mains, -éradication du portage et surveillance. 149 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 2. Mesures spécifiques : 2-1 Infections urinaires nosocomiales : a/ Les mesures d’efficacité certaine et parfaitement démontrée: [20, 85, 88] *Eviter au maximum l’utilisation des sondes urinaires et réduire leur durée d’utilisation. *Réaliser le sondage urinaire dans des conditions d’asepsie rigoureuse : -lavage des mains au savon (se laver les mains avant et après tout soin auprès d’un patient) puis par un antiseptique lors de la pose. -utilisation de matériel stérile. -nettoyage préalable du méat urétral au savon, puis par un antiseptique qu’il faut rincer à l’eau stérile. *Soins de prévention des 3 possibilités d’infection urinaire par voie ascendante : -la prévention du risque de pénétration bactérienne lors de l’acte de sondage est basée sur l’application stricte des règles de l’asepsie chirurgicale. -la prévention du risque de migration bactérienne à l’intérieur de la sonde à demeure est basée sur l’utilisation du système clos. Le système est dit « clos » quand la jonction sonde-ligne de drainage n’est jamais déconnecté. D’où l’intérêt de l’utilisation lors de la pose d’un montage préassemblé, ce qui évitera bien sûr les connexions secondaires, sources de contamination. Ne jamais déconnecter le montage car la déconnexion de la ligne de drainage vésical et les fautes d’asepsie dans la manipulation sont les facteurs de risque les plus clairement identifiés. Dans certaines études, ces erreurs de manipulation sont d’une grande fréquence, atteignant 20 à 50% des malades. 150 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation -la prévention du risque de migration bactérienne entre la sonde et la muqueuse urétrale repose sur la fréquence des changements de linge et de literie ainsi que la qualité des toilettes. La plus grande attention doit être apportée à ces soins car ils sont malaisés et le plus souvent pénibles. *Préférer les collecteurs d’urine type PENILEX dés que possible. *Certaines mesures sont considérées indispensables par l’usage : -le maintien d’un drainage déclive, en particulier lors du transport du malade hors de l’unité. -le vidange régulier, aseptique et déclive du sac collecteur par une valve prévue à cet effet. -le prélèvement rigoureusement aseptique des urines au niveau du site prévu à cet effet, après désinfection soigneuse à l’aide d’une seringue stérile. -la toilette périnéale quotidienne à l’eau et au savon à répéter en cas de souillure. b/Les mesures d’efficacité discutables ou inutiles [89] : *introduction d’ATB ou d’antiseptiques dans le sac de drainage. *utilisation de cathéters imprégnés d’ATB ou d’antiseptiques. *lavages vésicaux qui ouvrent le système (irrigations vésicales aux antiseptiques ou aux ATB). *nettoyage ou soins quotidiens du méat urétral avec un antiseptique pouvant être responsable d’une irritation et favoriser l’adhésion microbienne *utilisation systématique d’antibiotiques pouvant être responsables de sélection de bactéries multirésistantes. 151 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 2-2 Infections Infections pulmonaires nosocomiales :[90] a/ Aspirations sus glottique continue des sécrétions oro-pharyngées : L’aspiration continue des sécrétions qui s’accumulent au dessus du ballonnet trachéal au moyen de sondes d’intubation munies d’un canal supplémentaire est un concept élégant. Une analyse de 5 études cliniques portant sur 896 patients sous ventilation mécanique suggère une réduction de près de la moitié des épisodes de pneumonies, avec une réduction de l’utilisation des ATB et de la durée de séjour, toutefois sans réduction significative de la mortalité. Des lésions trachéales sévères ont par ailleurs été rapportées et l’intérêt de cette technique nécessite d’être évalué dans une large étude multicentrique qui risque d’être difficile à mettre sur pied en raison du manque d’intérêt potentiel de l’industrie pharmaceutique. b/ Désinfection oro-pharyngée : Les controverses dans le domaine de la décontamination digestive sélective ont conduit au développement du concept d’une véritable désinfection oropharyngée. Parmi les agents potentiels, non susceptibles d’être utilisés par voie systémique ou sujets au développement de résistances, la chlorhexidine a été testée à plusieurs reprises. Une analyse de 4 études incluant 1202 patients suggère une réduction significative des épisodes de pneumopathie infectieuse et une étude multicentrique hollandaise confirme l’efficacité de cette approche originale. Un impact éventuel sur la mortalité reste à déterminer. 152 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation c/ Position des patients sous ventilation mécanique : Alors que les changements spontanés de position durant le sommeil sont très nombreux, les patients sous ventilation mécanique le sont habituellement en décubitus dorsal et pour de très longue durée. Logiquement, de nombreuses tentatives de ventilation en changeant régulièrement la position des patients n’ont pour l’instant pas été couronnées de succès. • Lits rotatifs : Difficile à mettre en œuvre d’un point de vue pratique, l’utilisation de lits rotatifs permet d’obtenir des décubitus latéraux de près de 40°. Une analyse des 9 études cliniques incluant 916 patients suggère une réduction de moitié des pneumopathies infectieuses, mais sans l’impact sur la durée de ventilation, la durée de séjour en réanimation et sans influence sur la mortalité. Toutefois, les protocoles de changements de position sont très hétérogènes et le diagnostic de pneumonie reposait souvent sur des critères cliniques uniquement. Ces éléments expliquent que cette technique ne se fasse pas partie des mesures incluses dans les recommandations. • Ventilation mécanique en décubitus ventral : Dans une large étude multicentrique ayant démontré l’absence d’effet bénéfique de la ventilation mécanique en position ventrale sur le devenir de 791 patients présentant un syndrome de détresse respiratoire. En absence d’impact sur les durées de ventilation, de séjour en réanimation ou sur la mortalité, et pour tenir compte des difficultés techniques à généraliser cette pratique, il n’est pas possible de recommander la ventilation en position ventrale en prévention des PNAVM. 153 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation • Ventilation mécanique en position semi-assise : Il est établi que le reflux gastro-oesophagien et les épisodes de micro- aspiration, qui sont favorisés par la présence de sondes naso et / ou oro-gastriques, sont diminués chez les patients qui sont ventilés mécaniquement en position semiassises à 45°. Dans la seule étude randomisée de Drakulovic et al. ont également démontré que la ventilation en position semi-assise permettait de réduire l’incidence des pneumopathies infectieuses par rapport au groupe « contrôle ». Cette mesure est devenue systématiquement recommandée par les conférences de consensus et d’experts. d/ Support nutritionnel : En réanimation, la malnutrition est invariablement associée à une augmentation tant de la morbidité que de la mortalité et l’effet favorable d’une nutrition entérale précoce est bien démontré, particulièrement chez les patients traumatisés ou après chirurgie majeure. Cet effet a également été démontré dans un large collectif de patients séjournant en réanimation et il semble essentiellement pouvoir être attribué à une réduction des épisodes de PNAVM. 154 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 3. L’antibioprophylaxie L’antibioprophylaxie : Les infections du site opératoire constituent la complication la plus fréquente des interventions chirurgicales, et l’une des IN les plus fréquentes, dont les conséquences peuvent être lourdes. Leur fréquence est liée à un grand nombre de facteurs :[91] • Facteurs liés au patient : age extrême, dénutrition, obésité, immunodépression, diabète mal équilibré ; • Facteurs liés à l’intervention : type de l’intervention, durée de l’intervention, urgence ; • L’expérience de l’opérateur. Pour faire face à ces infections, une antibioprophylaxie est indiquée. 3-1 Définition de l’antibioprophylaxie :[92] L’antibioprophylaxie est l’administration d’ATB avant la contamination potentielle du fait d’une situation à risque au cours d’un geste chirurgical. 3-2 Critères de classification pour la réalisation d’une antibioprophylaxie en chirurgie : Historiquement, les épidémiologistes et les chirurgiens ont classé la chirurgie en : • Chirurgie propre (classe I) • Chirurgie propre-contaminée (classe II) • Chirurgie contaminée (classe III) • Chirurgie sale (classe IV) Et leur ont attribué une valeur prédictive d’infections opératoires avec ou sans antibioprophylaxie (classification dite d’ALTEMEIR) :[92] 155 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Type de chirurgie Type d’intervention Classe I Incisions primitivement fermées non Chirurgie drainées, non traumatiques, sans propre inflammation ni faille dans la technique Taux Taux d’infection d’infection sans ATB avec ATB 1à5% <1% 5 à 15% <7% >15% <15% >30% diminué d’asepsie, en absence d’ouverture de l’oropharynx, du tube digestif, de l’appareil génito-urinaire ou des voies respiratoires Classe II Ouverture de l’appareil génito-urinaire Chirurgie en absence d’uroculture positive ; propre- ouverture des voies respiratoires, du contaminée tube digestif dans de bonnes conditions et sans contamination anormale ; ouverture de l’oropharynx ou des voies biliaires en absence de bile infectée ; ruptures minimes d’asepsie et drainages mécaniques Classe III Plaies traumatiques récentes ; ouverture Chirurgie du tractus biliaire ou génito-urinaire en contaminée présence de bile ou d’urines infectées ; contaminations importantes par le contenu du tube digestif ; ruptures majeures d’asepsie ; interventions en présence d’inflammations aigues sans pus Classe IV Plaies traumatiques souillées ou traitées Chirurgie sale de manière retardée ; présence de tissus dévitalisés ; contamination fécale ou de corps étranger ; viscères perforés Tableau n°36 : Classification d’ALTEMEIR d’antibioprophylaxie. [92] 156 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 3-3 Les principes de l’antibioprophylaxie : Une antibioprophylaxie par voie parentérale est indispensable dans 2 types de situations :[91] -Interventions chirurgicales propres (classe I) : pour lesquelles la survenue d’une infection a des conséquences graves, mettant en jeu le résultat fonctionnel de l’intervention ou le pronostic vital : implantation de prothèse en chirurgie orthopédique ou vasculaire, chirurgie cardio-vasculaire, neurochirurgie, greffe et transplantation d’organes. -Interventions de chirurgie propre contaminée (classe II) lorsque le risque d’infection est élevé : tube digestif, appareil génito-urinaire, voies biliaires, appareil respiratoire notamment. Pour les chirurgies contaminées et sales, l’infection est déjà en place et relève d’une antibiothérapie dont les règles sont celles de toute antibiothérapie curative, notamment en terme de durée de traitement,la première dose étant en période préopératoire.[92] Les modalités et les principes généraux de l’antibioprophylaxie sont les suivantes :[91, 92] -Les ATB utilisés doivent avoir fait la preuve de leur efficacité dans des études publiées. -L’antibioprophylaxie idéale doit répondre aux propriétés suivantes : *monothérapie, *bonne tolérance, *prix bas, *bactéricidie, *faible induction de résistance, 157 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation *spectre étroit, couvrant les bactéries contaminant habituellement le site opératoire, *durée la plus courte possible (per-opératoire, parfois 24 heures, exceptionnellement 48 heures), *utilisation par voie intraveineuse, *ne modifie pas l’écosystème, *pharmacocinétique adaptée au type de chirurgie. -Pour permettre l’obtention d’une concentration sérique et tissulaire de l’antibioprophylaxie bactéricide au moment de l’incision, la première dose doit être administrée par voie intraveineuse, 30 à 60 minutes avant l’incision. -Les concentrations sériques et tissulaires efficaces de l’antibioprophylaxie doivent être maintenues tout au long de l’intervention chirurgicale et quelques heures après la fermeture de l’incision. -La première dose (dose de charge) est habituellement le double de la dose thérapeutique. Une deuxième dose (voire des réinjections ultérieures) doit être donnée pendant la période opératoire, toutes les demi-vies de l’ATB, à une dose similaire ou demi dose de la dose initiale, au cours des opérations de longue durée ou en cas d’hémorragie importante pendant l’intervention. -La présence d’un drainage du foyer opératoire n’autorise pas à transgresser ces recommandations. -Pas de raison de prescrire des réinjections lors de l’ablation de drains, sondes ou cathéters. -Le caractère ambulatoire de la chirurgie ne fait pas modifier les protocoles habituellement utilisés. 158 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 3-4 Quel ATB prescrire ? [92] -Les ATB utilisés en curatif sont généralement prohibés, sauf cas particuliers. -Les céphalosporines sont les ATB les plus étudiés dans le cadre de l’antibioprophylaxie. Elles sont actives sur de nombreuses bactéries à Gram négatif et à Gram positif. Leur tolérance est bonne, leur prix raisonnable et leurs paramètres pharmacocinétiques acceptables. La céfazoline (C1G) est considérée comme l’ATB de premier choix pour les chirurgies propres et souvent pour les chirurgies proprescontaminées. Cependant, pour les interventions sur le tube digestif distal, une C2G, type cefoxitine, est plus adapté du fait de son activité sur les germes anaérobies. -En cas d’allergie à la pénicilline, la clindamycine (qui couvre les bactéries à Gram positif et les anaérobies) et la gentamicine (active sur les BGN) peuvent être utilisées. -L’effet des céphalosporines (bactéricidie) est temps-dépendant. Lorsque le temps opératoire prévu est plus long que le temps pendant lequel la concentration de l’antibioprophylaxie est au dessus du niveau bactéricide (3 à 4 heures pour la cefazoline) après la dose préopératoire, il faut administrer au patient une deuxième dose de l’antibioprophylaxie, voire une troisième dose. -Les doses nécessaires à l’obtention d’un taux sérique et tissulaire sont plus élevées chez les patients obèses. La prescription de l’antibioprophylaxie fait partie intégrante de la consultation préopératoire : le médecin anesthésiste réanimateur et le chirurgien disposent de tous les éléments nécessaires à la prise de la meilleure décision (acte opératoire prévu, antécédents du malade allergiques et infectieux, écologie de l’unité de soins). 159 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 3-5 Malades présentant un risque infectieux particulier :[92] a/ Sujets potentiellement colonisés par une flore bactérienne nosocomiale : Il s’agit de sujets hospitalisés dans des unités à haut risque d’acquisition de ce type de flore : unités de réanimation, centres de long séjour ou de rééducation. Le risque existe alors d’une colonisation par des entérobactéries multirésistantes ou du SARM. Il s’agit aussi de patents soumis à une réintervention précoce pour une cause non infectieuse. Le choix habituel de l’antibioprophylaxie peut être modifié par l’emploi isolément ou en association de molécules ATB utilisées habituellement en traitement curatif (C3G, quinolones systémiques, vancomycine et aminosides de type amikacine). Les dérogations aux protocoles habituels doivent rester exceptionnelles. Le bénéfice potentiel pour le malade doit être évalué par rapport aux inconvénients pour la communauté : apparition de résistances bactériennes, coût. Le risque infectieux potentiel doit être clairement identifié. L’utilisation reste courte, limitée en général à la période opératoire. b/ Patients particulièrement à risque d’infections : Les patients ayant reçu une radiothérapie, soumis à une chimiothérapie ou une corticothérapie,les patients présentant un diabète déséquilibré,ceux très âgés,obèses ou très maigres sont à haut risque d’infection postopératoire. Cependant ils présenteront des infections dues aux « bactéries cibles » de l’antibioprophylaxie. Aucune transgression des protocoles habituels n’est justifiée chez ces patients. 160 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation c/ Sujets porteurs d’une cardiopathie congénitale ou d’une prothèse : Si l’antibioprophylaxie pour un site chirurgical donné est antinomique avec celle prévue pour la prévention de l’endocardite, c’est cette dernière qui doit prévaloir. Chaque fois que cela est possible, il faut cependant essayer de prévenir le risque infectieux de la chirurgie et celui de l’endocardite. Lors d’une intervention chez un sujet porteur d’une prothèse articulaire, c’est la prophylaxie pour l’acte chirurgical prévu qui s’impose. d/ Transplantations : La prévention des infections opportunistes liées à l’immunodépression (virales, fongiques et parasitaires) ne peut être envisagée ici. En ce qui concerne l’infection bactérienne, on peut schématiser 2 situations : *malade ambulatoire : l’infection postopératoire est liée à des bactéries communautaires. L’antibioprophylaxie est choisie en fonction de l’organe greffé. *malade potentiellement colonisé par une flore nosocomiale : l’antibioprophylaxie est adaptée en fonction de l’écologie locale et inclut des molécules habituellement réservées aux traitements des infections déclarées. Enfin, pour assurer l’efficacité de l’antibioprophylaxie et éviter ses effets délétères comme l’émergence de la résistance des bactéries aux ATB, les recommandations devraient être beaucoup mieux respectées et la conduite d’audits successifs des pratiques doit faire partie de l’activité des équipes opérationnelles de lutte contre les IN. Il serait sans doute intéressant également de croiser les données de consommation d’ATB dans le domaine de l’antibioprophylaxie et les données de résistance bactérienne, service par service, dans le secteur chirurgical. [93] 161 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation Conclusion Les infections nosocomiales sont fréquentes au niveau des services de réanimation, vu que ces services hébergent des malades « fragiles » : âgés, immunodéprimés, présentant des défaillances viscérales… La maîtrise de ces infections accroît la crédibilité de la structure hospitalière. Elles admettent des facteurs de risque multiples ; certains de ces facteurs peuvent être évités grâce à la surveillance et à la prévention. Les activités de collecte de données, de surveillance, de stratégies de lutte doivent être menées dans chaque structure de santé sous l’égide d’un comité de lutte contre les infections nosocomiales, qui est un instrument fondamental pour améliorer la qualité dans un hôpital. 162 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation RESUME Les infections nosocomiales constituent un problème majeur de la santé publique, surtout au niveau des services de réanimation. L’évaluation et la surveillance de ces infections sont essentielles pour leur prévention. Ce travail est le résultat d’une enquête bactériologique menée dans le service de la réanimation chirurgicale du centre hospitalier universitaire Hassan II de fès. Deux groupes de prélèvements bactériologiques, les plus fréquents, ont été privilégiés : urinaires et pulmonaires, sur une période de 4 ans. La plupart des souches nosocomiales (n=190) sont broncho-pulmonaires dont P. aeruginosa, A.baumannii et S.aureus ont comme fréquence respectivement : 30%, 28,1% et 18,2%. En ce qui concerne les prélèvements urinaires, E.coli est prédominante (39,8%), suivie de Klebsiella pneumoniae (19,5%) et P.aeruginosa (13,8%). L’objectif de ce travail est de dresser un tableau des principaux germes responsables d’infections nosocomiales au service de réanimation et les bases de prescription de l’antibiothérapie en milieu de réanimation. 163 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation ABSTRACT ABSTRACT Nosocomial infections are a public health problem essentially in the intensive care unit (ICU). Evaluation and close monitoring are essential to the prevention on these infections. This study is the outcome of a bacteriological investigation in the ICU of Hassan II university hospital, fez. 2 groups of the most frequent bacteriological sampling were prefered : urine and lung, during 4 years. Most of nosocomial strains (n=190) were isolated from lung and were represented by P.aeruginosa (30%), A.baumannii (28,1%) and S.aureus (18,2%). In the urine cultures, the E.coli are predominant (39,8%) and are followed by Klebsiella pneumoniae (19,5%) and P.aeruginosa (13,8%). The aim of this study is to show of the nosocomial strains isolated from the surgical ICU and the basis of the antibiotic prescription in the ICU. 164 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation 165 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation BIBLIOGRAPHIE 166 Cartographie infectieuse en milieu de réanimation BIBLIOGRAPHIE 1. C-CLIN ParisParis-Nord. Définitions standardisées des infections nosocomiales. Extrait de : 100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales.2e édition, 1999. 2. Pour la SFAR : Claude MARTIN, Remy GAUZIT, Alain LEPAPE et al. Pour la SRLF:Christian BRUNBRUN-BUISSON, Guy BONMARCHAND, Jean CARLET CARLET et al. Risques et maîtrise des infections nosocomiales en réanimation. Texte d’orientation SRLF/SFAR, Septembre 2004 : 1-15. 3.. M.Giard, A.Lepape, B.Allaouchiche et al. Comparaison des facteurs de risque et pronostic des pneumopathies nosocomiales précoces et tardives acquises en réanimation. 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