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celui-ci vis-à-vis des autres pays colonisateurs, ou encore des politiques d’interventionnisme social
et de progrès qui ont amené progressivement à la configuration de la société actuelle, à des
inégalités internes, mais aussi externes (au regard de la métropole et des pays voisins). Les
politiques éducatives, d’assimilation, de francisation ont elles aussi fortement impacté le rapport à
l’école des sociétés tant historiquement qu’à l’heure actuelle. Évoquer la configuration actuelle de
la société au regard de la question scolaire, implique de s’interroger sur les rapports entre individus
et groupes, sur les questions de « vivre ensemble » pour reprendre le terme employé en contexte
scolaire ou de cohésion sociale au sens sociologique et politique du mot. Or, ces rapports
s’inscrivent eux aussi dans une histoire coloniale et dans une dynamique migratoire qui rendent
compte des catégorisations, représentations et stéréotypes raciaux, « ethniques » qui impactent
l’école. Ces rapports doivent être interrogés si l’on veut comprendre les conflits visibles, latents,
cachés, niés, ... qui contribuent au mal être des acteurs sociaux (au sens large) du monde éducatif.
Face à une telle réalité, la question du « comment éduquer » tout en respectant le sujet humain en
démarche de reconnaissance et d’intégration fait écho à la seconde question du « comment
communiquer » et « avec quelle (s) langue (s) » pour permettre le vivre-ensemble et améliorer la
cohésion sociale dans cet espace francophone voire au-delà.
A l’heure où l’inclusion devient un horizon de pensée et d’action, on ne peut que s’interroger sur la
situation scolaire en Guyane et sur la notion d’exclusion : exclusion de la société du fait de l’échec
scolaire, exclusion au sein même de l’École du fait de l’inadaptation du système éducatif aux
particularités des élèves (même si depuis une dizaine d’années on constate quelques avancées dans
ce domaine). L’École exclut, l’École produit ou reproduit de l’exclusion, des inégalités sociales.
S’il convient de s’interroger sur la notion d’échec scolaire, il convient cependant aussi de repenser
la notion de réussite sociale au regard des contextes. Celle-ci prend en effet un sens différent selon
les cas, ce qui peut contribuer à minimiser le rôle de l’École dans l’ascension sociale. En d’autres
termes, peut-on envisager que l’on puisse être dans une situation de réussite sociale (pas selon des
critères occidentaux bien sûr) sans avoir « réussi » à l’École ? N’y a-t-il pas finalement d’autres
modèles de réussite envisageables, ou encore, le modèle de réussite tel qu’il est véhiculé par l’école,
la société est-il adéquat pour tous ?
2-État de l’art
Comme le souligne Archer (2003), la sociologie a traditionnellement traité la question de la
relation entre classe sociale et éducation en catégorisant la « classe » comme des groupes de
personnes qui partagent des caractéristiques socio-économiques qui les distinguent d’autres groupes
(Williamson, 1981). Les approches méthodologiques qui découlent de cette conceptualisation sont
avant tout quantitatives. La « classe » est ainsi considérée comme « objectively definable and
largely fixed/unchanging » (Archer, 2003 : 7). Ces approches s’inscrivent selon elle dans la
continuité des théories néo-marxistes et néo-wébérienne qui envisagent les sociétés capitalistes sous
la forme d’une stratification par classes où la classe dominante contrôle la classe ouvrière par le
biais de la propriété, de la production et du marché. Si la question de l’éducation est absente des
travaux de Marx et Weber, leurs successeurs ont mis en évidence le rôle du système éducatif,
considérant que dans une société capitaliste, l’éducation est un outil de l’Etat visant à maintenir les
inégalités sociales (Althusser, 1971). Ils ont ainsi suggéré que « although schools may claim to
promote equal opportunities for all, they reproduce a capitalist division of labour, preparing
children for class-determined careers in the labour market » (Archer, 2003 : 7). Le paradigme
classe-culture a aussi été utilisé pour expliquer que les classes sociales peuvent être différenciées
par leurs habitudes culturelles (notamment les pratiques éducatives familiales et les travaux portant
sur la manière dont l’encouragement des parents à la poursuite d’études diffèrent d’une classe à
l’autre). Ceci renvoie entre-autres aux travaux de Bourdieu (2000) portant sur l’habitus et le capital
culturel, notions pour lesquelles le terrain guyanais pourrait être d’un grand intérêt : développer des