Le pharmacien et la santé publique en Suisse à l’aube du 21e siècle Programme en 32 thèses 32 thèses | pharmaSuisse Le pharmacien et la santé publique en Suisse à l’aube du 21e siècle Programme en 32 thèses Version 2004 Dominique Jordan, Président Dr Marcel Mesnil, Secrétaire général 32 thèses | pharmaSuisse Le pharmacien est le professionnel du médicament. Il en connaît le développe­ ment, l’utilisation et l’élimination adéquate en intégrant les nouveaux déve­ loppements comme les technologies de l’informatique, la pharmacoéconomie et la pharmacogénomique. Son savoir, ses compétences par rapport à la prise en charge des patients et sa neutralité font de lui un garant de qualité et de sécurité, mais aussi un générateur d’économies dans le système de santé. 32 thèses | pharmaSuisse Index 1. Thèses sur la formation du pharmacien en général 1.1 1.2 1.3 1.4 Formation de base Formation postgrade Formation continue Spécialisations 6 6 7 7 2. Thèses sur la mission du pharmacien d’officine 2.1 Suivi du traitement prescrit par le médecin 2.2 Médication officinale 2.3Sécurité et observance thérapeutique 2.4 Prévention et éducation à la santé 2.5 Prestations de services sociaux 2.6 Service d’urgence 2.7 Rationalité et économicité des pharmaciens 2.8 Agencement des pharmacies 2.9 Collaborateurs 8 8 9 9 9 9 9 10 10 3. Thèses sur les conditions-cadre 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8 3.9 Remise de médicaments par les pharmaciens Indépendance professionnelle Rémunération des prestations Publicité pour les médicaments Densité d’implantation des pharmacies Loi fédérale sur les produits thérapeutiques (LPTh) Loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal) Loi fédérale sur les professions médicales (LPMéd) Chaînes et groupements de pharmacies d’officine 11 11 11 12 12 12 12 13 13 4. Thèses sur les relations avec les partenaires 4.1 Médecins 4.2 Grossistes 4.3 Offices de facturation 4.4 Industrie pharmaceutique 4.5 Assurances-maladie 4.6 Autorités sanitaires 4.7 Droguistes 4.8 Organisations de patients et de consommateurs 4.9 Médias 4.10 Responsables politiques 14 14 14 15 15 15 16 16 16 16 32 thèses | pharmaSuisse 1. Thèses sur la formation du pharmacien en général La formation des pharmaciens est conçue en fonction des multiples possibilités professionnelles. Les études de base sont suivies d’une formation spécialisée touchant aussi aux techniques de décision, de direction et de gestion. Le tout est complété par des programmes de formation continue obligatoires. 1.1 Formation de base La formation universitaire de base, à l’intersection entre sciences naturelles et médecine, constitue la condition sine qua non pour l’exercice de la profession dans tous les secteurs. L’année de stage doit conférer au diplômé le bagage nécessaire pour mener à bien les missions spécifiques à l’orientation prise. Au terme de ses études, le diplômé dispose des connaissances nécessaires pour sé­ lectionner et prescrire des médicaments efficaces et sûrs et en maîtriser les appli­ cations, en pouvant juger des rapports bénéfice / risque et coût / efficacité du traitement s’il se destine à l’officine ou à une orientation hospitalière. Pour une orientation dans l’industrie, il doit acquérir les connaissances spécifiques per­ mettant de prendre la responsabilité d’une fabrication à grande échelle ou d’en assurer les contrôles de qualité. Sa formation doit en particulier intégrer des nouveaux développements comme les technologies de l’informatique, la phar­ macoéconomie et la pharmacogénomique. 1.2 Formation postgrade Les pharmaciens diplômés, désirant occuper un poste de direction dans le cadre d’une officine, de l’industrie, de l’administration ou d’un hôpital, suivent une formation complémentaire obligatoire (formation postgrade et spécialisations). La responsabilité de son organisation et de sa qualité en incombe à chaque so­ ciété de discipline au sein de la société professionnelle. La formation postgrade en pharmacie d’officine confère au diplômé les compétences et les techniques de gestion d’entreprise nécessaires à la direction d’une officine du type «centre de santé». Il doit être en mesure d’effectuer un triage efficace, d’assumer une pres­ cription pharmaceutique et de suivre les patients pour les aider à atteindre les objectifs des traitements prescrits par le médecin. Il doit être un partenaire com­ pétent, critique et efficace pour aider le médecin dans ses choix. Ces activités nécessitent une solide expérience pratique, ce qui implique que la formation postgrade doit être suivie conjointement à l’exercice de la profession. La formation postgrade en pharmacie hospitalière confère au diplômé les com­ pétences et les techniques de gestion nécessaires à la direction d’une pharmacie d’hôpital et à évaluer le rapport coût / efficacité des traitements médicamenteux 32 thèses | pharmaSuisse en y intégrant la prévention-gestion du risque lié aux médicaments. De plus, il est apte à fabriquer des préparations individualisées et à fournir, s’il est intégré dans l’équipe de soins, des prestations orientées patients en particulier en rela­ tion avec la distribution, préparation et administration des traitements en inté­ grant les technologies de l’informatique. 1.3 Formation continue Elle est obligatoire pour toutes les professions médicales, dont les pharmaciens, quelle que soit leur orientation. Actualisation du savoir acquis, mise à jour des connaissances en fonction des progrès de la recherche et discussion d’expérien­ ces pratiques en font l’objet, afin de donner aux pharmaciens les moyens d’adap­ ter leurs prestations aux exigences de la société. 1.4 Spécialisations Les connaissances nécessaires à l’exercice de la profession ne cessent de s’éten­ dre. Il est donc nécessaire d’approfondir certains domaines de compétences par une spécialisation. Chaque percée vers l’avant doit être accessible à tous les pharmaciens qui le désirent, afin d’évoluer rapidement vers une compétence générale de la profession au service de la population. 32 thèses | pharmaSuisse 2. Thèses sur la mission du pharmacien d’officine La mission première de tous les pharmaciens suisses consiste à dispenser infor­ mations et conseils personnalisés à propos de médicaments, à assurer l’approvi­ sionnement en produits pharmaceutiques conformément à la mission étatique qui lui est déléguée et à favoriser leur utilisation correcte et rationnelle. Des activités de prévention, d’éducation à la santé et des prestations sociales complè­ tent ce cahier des charges. Conformément aux objectifs de la LAMal, le pharma­ cien prend une part active et responsable à la recherche du meilleur rapport ef­ ficacité / coûts des traitements médicamenteux. Les pharmaciens peuvent fournir d’autres prestations selon leurs connaissances acquises par une formation spéci­ fique, leurs intérêts particuliers et les besoins locaux. 2.1 Suivi du traitement prescrit par le médecin Le suivi d’un traitement médicamenteux permet d’optimiser les chances de suc­ cès thérapeutique. En tenant compte des problèmes exprimés par le patient concernant la tolérance, les effets secondaires, la manière d’utiliser le médica­ ment ou son absence de motivation, le pharmacien favorise la bonne observance de la thérapie. Par conséquent, toute action visant à diminuer la fidélité des pa­ tients à une pharmacie est contraire à cet objectif central et donc nuisible aux intérêts du patient et du système de santé (promotion de l’envoi postal, du buti­ nage en fonction de rabais, offres sélectives, etc.). 2.2 Médication officinale Le terme «médication officinale» est destiné à préciser la différence entre la prise de médicament sans aucun avis de spécialiste (automédication) et la sélection d’une médication appropriée avec l’appui du pharmacien. Une médication offi­ cinale sûre commence par l’évaluation de la gravité (pronostic, triage pharma­ ceutique) du cas en fonction des symptômes décrits par le patient, par ailleurs bien connu de son pharmacien de famille. Le pharmacien juge de la nécessité de consulter un médecin, ou d’engager une thérapie médicamenteuse en accord avec le patient, le cas échéant en recourant aux médecines parallèles. Information et conseil au patient accompagnent en tous cas la remise d’un médicament pres­ crit par le pharmacien. Le suivi pharmaceutique sera assuré avec la même atten­ tion qu’en cas de prescription du médecin. Le pharmacien est le seul profession­ nel qui dispose d’une connaissance étendue de l’offre en médicaments. Il est la personne clé pour assurer une meilleure sécurité que lors le patient effectue luimême sa propre médication (automédication). Le rôle de triage du pharmacien doit être professionnalisé et évoluer vers une responsabilité reconnue. 32 thèses | pharmaSuisse 2.3 Sécurité et observance thérapeutique La relation de confiance entre patient et pharmacien joue un rôle déterminant en matière de sécurité et d’efficacité d’un traitement, tant en ce qui concerne les ordonnances des médecins traitants que la médication pharmaceutique et auto­ médication. 2.4 Prévention et éducation à la santé Les pharmaciens mettent leur savoir, leur disponibilité, leur contact direct avec la population et leur réseau d’officines à disposition pour des opérations de préven­ tion et d’éducation à la santé. Dans ce cadre, le rôle du pharmacien en tant que porte-parole, s’adressant aussi bien au public en bonne santé qu’aux soignants et aux malades, est considérable. Il doit être développé pour devenir une mission sanitaire reconnue d’utilité publique justifiant des conditions-cadre qui permet­ tent l’existence de pharmacies décentralisées comme structure de santé de proxi­ mité. 2.5 Prestations de services sociaux Le pharmacien suit activement les toxicomanes, notamment dans le cadre des traitements à la méthadone, ou par la distribution de seringues ainsi que lors d’opérations de quartier. Il participe également aux soins à domicile et four­nit d’autres prestations sociales. Il est la première référence du public en cas de désarroi ou d’accidents mineurs nécessitant des premiers soins. 2.6 Service d’urgence Le pharmacien est associé au service d’urgence de sa région. Il garantit l’approvi­ sionnement en médicaments et en soins pharmaceutiques en tous lieux et en tout temps. Il conserve l’équipement et l’aptitude à produire des médicaments, y com­ pris dans l’urgence. Dans l’éventualité d’une catastrophe, il gère une réserve spéciale de médicaments (Service sanitaire coordonné). 2.7 Rationalité et économicité des pharmaciens En traitant les affections bénignes et les maladies courantes, en aiguillant les cas plus graves dès le premier stade chez un médecin et en effectuant un travail de prévention continu, le pharmacien contribue de manière décisive à limiter les 32 thèses | pharmaSuisse 10 coûts de la santé. La vérification des ordonnances médicales par le pharmacien peut éviter des incidents onéreux. La recherche pharmacoéconomique et phar­ macoépidémiologique doit prendre une place accrue dans les instituts universi­ taires de pharmacie afin de démontrer ces faits et les améliorer en permanence sur la base d’études scientifiques rigoureuses. 2.8 Agencement des pharmacies Les officines doivent être adaptées à l’activité de conseil, préserver la sphère privée des patients et les mettre à l’aise pour communiquer. 2.9 Collaborateurs Les collaborateurs d’une pharmacie sont chargés de tâches importantes dans le domaine des prestations aux patients et de l’organisation de l’entreprise, mais ils ne peuvent décharger le pharmacien de sa responsabilité professionnelle. Le pharmacien supervise les collaborateurs et favorise leur formation continue. Il partage les tâches de manière optimale selon les compétences et la formation de ses collaborateurs. 32 thèses | pharmaSuisse 11 3. Thèses sur les conditions-cadre La pharmacie est une entreprise privée dans le domaine médical qui remplit de nombreuses tâches au service de la collectivité. Des dispositions légales doivent favoriser ces prestations en faveur de la population. 3.1 Remise de médicaments par les pharmaciens La distribution de médicaments réservée aux pharmaciens garantit la complémen­ tarité entre automédication et thérapies prescrites. La remise des médicaments par le pharmacien permet de garantir une prescription médicale libre de pressions lucratives. Les moyens de contrôle existants protègent de l’abus, de la surmédica­ tion, d’erreurs de prescription ou d’effets secondaires indésirables. La vente par des canaux parallèles augmente les risques et les coûts en privant le patient de l’avis d’expert de son pharmacien sur l’ensemble de ses médicaments. En outre, certaines formes de vente de médicaments, par exemple au cabinet médical, pri­ vent le patient de toutes ses libertés de choix par rapport à sa médication. 3.2 Indépendance professionnelle Nous sommes opposés à ce que la propriété collective ou individuelle en mains d’investisseurs étrangers à la profession puisse exercer un quelconque effet sur l’exercice professionnel du pharmacien responsable. Il faut assurer à tout prix l’indépendance du pharmacien pour tout ce qui concerne ses responsabilités professionnelles. L’autorisation d’exercer confère au pharmacien le droit, le de­ voir et l’entière responsabilité de gérer une entreprise. Une officine peut égale­ ment être gérée par plusieurs pharmaciens, mais seules des conditions de gé­ rance distinctes de la propriété préserveront la confiance des patients à long terme. La Confédération et les cantons sont appelés à garantir l’absolue indé­ pendance professionnelle. 3.3 Rémunération des prestations Une rémunération à la prestation, indépendante de la quantité et du prix des médicaments délivrés permet l’exploitation optimale des compétences profes­ sionnelles de ce corps de métier. L’utilisation rationnelle de médicaments baisse les coûts de la santé tout en préservant le haut niveau de prestations et de suivi pharmaceutique. L’indépendance du pharmacien par rapport au prix du médica­ ment fait de lui le conseiller le plus crédible du public, des médecins, des assu­ reurs et des autorités. 32 thèses | pharmaSuisse 12 3.4 Publicité pour les médicaments La publicité est un droit de tout fabricant à faire connaître ses produits. Mais la publicité en faveur des médicaments peut les banaliser et leur conférer le statut de bien de consommation courante, ce qui risque d’émousser le sens critique de la population et de nuire à la fidélité aux traitements. De plus en plus, le phar­ macien sera amené à prévenir et corriger ces effets en aidant le public à faire la distinction entre information et promotion. 3.5 Densité d’implantation des pharmacies L’objectif est la réalisation d’un réseau de pharmacies implanté de manière ho­ mogène à travers toute la Suisse, en relation avec la densité de la population et l’intérêt public. Une densité insuffisante est nuisible à la qualité des soins et aux coûts de la santé, tandis qu’une densité excessive provoque une concur­ rence contraire à la retenue commerciale et à l’éthique nécessaires. Pour fixer des restrictions à la liberté de commerce dans l’intérêt public supérieur, une loi fédérale sur les pharmacies, comme il y en a dans toute l’Europe, serait nécessaire. 3.6 Loi fédérale sur les produits thérapeutiques (LPTh) Ce sont les qualités spécifiques d’un médicament par rapport à ses indications, sa sécurité, son efficacité, sa toxicité et le risque d’abus qui en déterminent le mode d’utilisation et de distribution. Rien ne permet de justifier des divergences can­ tonales dans ce domaine. Toute mesure d’exception en vue de combler d’éven­ tuelles lacunes d’approvisionnement reconnues doit être provisoire, réversible et s’accompagner de toutes les mesures utiles destinées à réduire au maximum les risques pour le public. 3.7 Loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal) Elle détermine les soins auxquels tout un chacun doit avoir accès. Pour toutes les prestations décrites dans la loi, la mission du pharmacien est d’assurer le meilleur rapport coût / efficacité des traitements. Pour ce faire, il faut veiller à ce que la concurrence s’exerce sur la qualité et non pas sur des critères purement commer­ ciaux. Pour assurer ce rôle de «service public», il est primordial que le finance­ ment des prestations du pharmacien à charge de l’assurance-maladie soient as­ surées par des dispositions légales lui permettant économiquement d’en vivre. Le cadre légal doit permettre l’implantation uniforme de pharmacies à travers la 32 thèses | pharmaSuisse 13 Suisse, afin que tous les patients puissent bénéficier des conseils et du deuxième avis du pharmacien sur les traitements médicamenteux. 3.8 Loi fédérale sur les professions médicales (LPMéd) Elle doit définir de façon claire les responsabilités et missions que doivent ac­ complir les pharmaciens au service de la population en tant que spécialistes du médicament. Elle doit également différencier clairement les missions des profes­ sions médicales en fonction de la spécificité de leur formation, afin de pouvoir mettre au service de la population une gamme complète de prestations de qua­ lité certifiée. La séparation des activités professionnelles du médecin et du phar­ macien est une nécessité d’intérêt public pour assurer un choix désintéressé du médicament, un double contrôle et un deuxième avis d’expert. L’accent doit être mis sur la collaboration entre ces professions qui a démontré son impact positif sur l’efficacité du système de santé, notamment dans le cadre de cercles de qua­ lité interprofessionnels pour optimiser la prescription médicale. 3.9 Chaînes et groupements de pharmacies d’officine Contrairement aux chaînes de pharmacies, les groupements posent le problème évoqué sous 3.2 de manière moins marquée. Les deux formes d’association vi­ sent à augmenter leur masse critique afin d’assurer la survie économique des pharmacies au sein d’un marché libéralisé qui livre bataille sur le prix des médi­ caments et des services. La réunion des forces peut améliorer la qualité des ser­ vices, la formation des équipes et la mise en place de programmes de prévention, mais peut aussi intensifier la bataille économique de manière destructive pour l’éthique médicale et la densité du réseau de pharmacies. Après une période d’observation de l’évolution des structures actuelles vers des fusions et concen­ trations, le législateur devra redéfinir le cadre légal afin de garantir l’existence du service public des pharmacies, et ce également dans les régions moins rentables selon les lois du seul marché, car toute alternative aux pharmacies ne peut être que beaucoup plus onéreuse. Il faut intégrer les chaînes et les groupements de pharmacies dans les stratégies du rôle de service public des pharmaciens, tout en laissant à chaque entreprise une certaine marge de manœuvre lui permettant de mener une politique d’entreprise propre à chacun. 32 thèses | pharmaSuisse 14 4. Thèses sur les relations avec les partenaires Le pharmacien est un élément du réseau suisse de la santé publique. Il assume sa mission de concert avec ses partenaires, dans un esprit de complémentarité, de collaboration et de communication. 4.1 Médecins Le pharmacien et le médecin œuvrent de manière complémentaire au bien-être des patients et à l’efficacité du système de santé. Une répartition des tâches claire garantit une bonne collaboration. Des règles médicopharmaceutiques doi­ vent être élaborées au niveau de l’évaluation des symptômes (pronostic pharma­ ceutique, triage) et du suivi pharmaceutique, afin d’optimiser la prise en charge des patients / clients qui nécessitent des soins. Le revenu accessoire des médecins qui dispensent des médicaments malgré un approvisionnement suffisant par des pharmacies (Art. 37.3 LAMal) devrait disparaître au profit d’une valorisation des actes médicaux et d’un encouragement à la collaboration médecins-pharmaciens (p. ex. cercles de qualité). Dans ce contexte, il faut absolument développer les compétences de co-décideur du pharmacien dans le domaine thérapeutique, sans mettre en question la responsabilité première du médecin. 4.2 Grossistes La présence de grossistes est indispensable pour garantir un système de distri­ bution performant. Ils assurent l’approvisionnement rapide de la population, même pour des médicaments rares, par le canal des pharmacies. L’intégration verticale de grossistes et de pharmacies pose, en sus des risques évoqués sous 3.2, un problème de neutralité du grossiste face à ses clients comparativement à ses succursales, ce qui complique les règles du marché et peut fausser la concur­ rence s’il y a trop peu de grossistes. Il faut veiller à ce que le grossiste puisse jouer pleinement son rôle sur le marché du médicament, à savoir mettre à disposition des pharmaciens les meilleurs produits aux prix les plus favorables du marché. Il doit développer et maintenir une logistique de pointe pour permettre au phar­ macien de garantir l’approvisionnement en médicaments de la population de manière optimale. 4.3 Offices de facturation Les offices de facturation prennent en charge les contraintes administratives pour que le pharmacien puisse se consacrer pleinement aux besoins de ses patients. 32 thèses | pharmaSuisse 15 La profession doit soutenir les efforts de ces sociétés dans le développement d’outils performants, tout en veillant à ce que ces derniers renforcent la mission du pharmacien et soient accessibles à l’ensemble de la profession. Les offices de facturation facilitent la récolte de données statistiques d’importance capitale, mais dont l’utilisation doit impérativement rester sous contrôle de la profession. 4.4 Industrie pharmaceutique Le pharmacien est partenaire de l’industrie pharmaceutique. Néanmoins, et ce de manière encore plus claire depuis l’introduction de la RBP, il garde son indé­ pendance scientifique et de jugement dans les conseils qu’il prodigue. Il doit garder une distance critique face à la publicité sur le médicament et assumer pleinement son rôle de conseiller neutre pour le public. Le pharmacien, en tant que scientifique et spécialiste du médicament, soutient et promeut le développe­ ment constant et la recherche pharmaceutiques. 4.5 Assurances-maladie Les caisses-maladie protègent leurs assurés des conséquences économiques de la maladie ou de l’accident. Il est dans leur intérêt que le pharmacien soit rému­ néré pour ses compétences professionnelles et sa contribution aux économies. Dédommagé de cette manière, il peut proposer des thérapies efficaces, sûres et économiques et prévenir l’abus de médicaments. Les assureurs-maladie doivent se montrer dignes et aptes à développer ce nouveau partenariat potentiel avec les pharmaciens depuis l’entrée en vigueur de la RBP. Chaque nouvelle mission professionnelle doit être reconnue à sa juste valeur dans le cadre de nouvelles rémunérations. 4.6 Autorités sanitaires Les pharmacies publiques, bien organisées, déchargent l’Etat de nombreuses tâches dans le domaine de l’éducation à la santé, de la police sanitaire (poisons, narcotiques, alcool), du suivi des toxicomanes et de la protection de l’environne­ ment (élimination). En contrepartie, le législateur doit créer des conditions-cadre acceptables pour l’exercice éthique de la profession et pour la formation. La re­ mise des médicaments doit être réservée au pharmacien en raison de sa compé­ tence, par un souci de protection du public qui doit prédominer clairement sur les considérations du droit cartellaire. 32 thèses | pharmaSuisse 16 4.7 Droguistes Le droguiste travaille en complémentarité avec le pharmacien dans les domaines du bien-être et du maintien de la santé. En revanche, une partie de l’automédi­ cation exige une vue d’ensemble sur les médicaments disponibles et le savoir médical. C’est pourquoi les deux professions défendent l’existence d’une liste C dont la remise incombe au pharmacien. Vu leur complémentarité évidente, les deux professions sont encouragées à associer leurs compétences au sein d’une seule entreprise, afin d’offrir une palette de services plus large et de qualité garantie à la population. 4.8 Organisations de patients et de consommateurs En qualité de professionnel du médicament et de membre d’une profession mé­ dicale accessible au public gratuitement et sans rendez-vous, le pharmacien trouve des solutions aux problèmes de ses patients / clients et est souvent appelé à défendre leurs intérêts par des conseils appropriés. Les organisations de pa­ tients et de consommateurs, en tant que représentantes des usagers, sont les partenaires naturels des pharmaciens. Les organisations de consommateurs ren­ dent de bons services à la population et à la profession en révélant les améliora­ tions possibles des services pharmaceutiques. En publiant les cas de tests réussis, elles encouragent de façon constructive les pharmaciens à mieux répondre aux demandes du public et préviennent les jugements globaux sur la profession. Elles portent la responsabilité de faire la distinction auprès des consommateurs, lors­ que la santé est en jeu, entre l’appât du seul prix avantageux et l’importance d’un service à la population complet et de qualité. 4.9 Médias L’image du pharmacien qu’a encore le public ne correspond plus à la réalité. Un effort particulier doit être fourni afin de faire connaître la nouvelle image du pharmacien basée sur les prestations, dont la rémunération est en adéquation avec le travail fourni. Pour cela, la profession doit mettre l’accent sur la visibilité des services du pharmacien, de leur qualité globale et de leur valeur ajoutée au sein du système de santé. 4.10 Responsables politiques Le système de santé est largement tributaire de la perception politique du médi­ cament. Si ce dernier est considéré comme une marchandise livrée aux seuls 32 thèses | pharmaSuisse 17 mécanismes du marché, les objectifs de santé publique dans leur ensemble se­ ront mis en péril. Par contre, si le médicament est compris comme partie cen­ trale du système de soins qui nécessite des garanties de sécurité, un usage correct, ciblé, économique et efficace, alors les présentes Thèses s’appliquent dans l’inté­ rêt général et le pharmacien peut assumer pleinement son rôle. Schweizerischer Apothekerverband Société Suisse des Pharmaciens Società Svizzera dei Farmacisti Stationsstrasse 12 CH-3097 Bern-Liebefeld T +41 (0)31 978 58 58 F +41 (0)31 978 58 59 © pharmaSuisse / 3.2008 www.pharmaSuisse.org