la roquette par des combattants du PKK.
"Depuis deux ans, on travaillait bien. Les gens se promenaient dans les
rues", se rappelle le commerçant avec nostalgie. "Mais aujourd'hui, plus
personne ne sort".
Cent mètres plus loin, dans le quartier de Suriçi, au pied des
fortifications centenaires de la ville, d'autres militants ont érigé des
barricades et creusé des tranchées pour empêcher les forces de l'ordre d'y
entrer. Les affrontements y sont réguliers.
Selon Sah Ismail Bedirhanoglu, le président de l'influente association des
hommes d'affaires du sud-est (Günsiad), le secteur le plus gravement touché
est le tourisme. Son propre hôtel a vu son taux d'occupation chuter de plus
de moitié.
- La fin du 'boom' -
"A la première détonation, les gens annulent leur voyage dans cette zone",
se désole-t-il.
Comme beaucoup d'autres, M. Bedirhanoglu regrette le temps béni du
"processus de paix" engagé à l'automne 2012 par le gouvernement islamo-
conservateur d'Ankara avec les rebelles du PKK. "A partir de là, les
investisseurs locaux et étranger sont arrivés", se souvient-il, "on a vécu
un véritable boom".
Aujourd'hui, il n'est déjà plus qu'un souvenir. "Quand on ne sait pas de
quoi sera fait l'avenir, on ne va pas aller acheter une usine, un immeuble
ou une maison", regrette le patron de la Günsiad.
Selon des chiffres informels, le taux de chômage, officiellement autour de
10% au niveau national, a grimpé à au moins 20% de la population active
dans le sud-est.
"Des entreprises d'ici ont déjà signalé à leurs employés qu'il n'y aura
aucune nouvelle embauche", confirme Sah Ismail Bedirhanoglu.
D'autant que la situation régionale vient s'ajouter à un climat général
morose. Plombée par les tensions politiques récurrentes et les guerres chez
ses voisins irakien et syrien, l'économie de la Turquie patine. La
croissance tourne au ralenti (2,4% en 2014), l'inflation galope (plus de
7%), les déficits se creusent et la livre chute.
Pour de nombreux habitants de Diyarbakir, le coupable est tout trouvé. Le
président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.
"Qui est responsable ? Ce ne sont pas ces pauvres gosses", affirme Sinan
Savci, un retraité de 58 ans, en évoquant les jeunes sympathisants des
rebelles qui font le coup de feu dans certains quartiers. "Ce n'est pas
l'organisation (le PKK)", poursuit-il, "le seul responsable, c'est lui,
pour camoufler la corruption".
Pour toutes ces raisons, M. Savci promet au président une sévère correction
lors des législatives anticipées du 1er novembre. En tout cas dans le fief
kurde de Diyarbakir.
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=117760