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Chapitre 1 : Le rôle du secteur privé dans le développement économique de l’Afrique
économique les a aidés à retrouver la voie de l’essor
économique. Enn, dans les années 1990, l’Inde
et la Chine ont engagé des réformes structurelles
levant les restrictions à la participation du secteur
privé dans un certain nombre de secteurs. Ces
réformes ont, à terme, contribué à l’accélération
des taux de croissance, lesquels ont atteint près de
10 pour cent par an4.
Si le récent essor des produits de base a contribué
aux performances économiques de l’Afrique dans
les années 2000, une gestion macroéconomique
prudente et la libéralisation du secteur privé
expliquent plus des deux tiers de l’expansion
économique du continent5. De surcroît, ces
options politiques ont soutenu une croissance
du PIB qui s’est révélée solide face à la crise
économique mondiale et à l’effondrement des
cours des produits de base en 2008 et 2009. Alors
que la plupart des pays d’Afrique ont enregistré
une hausse de leur PIB réel par habitant durant
l’envolée des matières premières des années 1970
(1,4 pour cent en moyenne), leurs performances
pendant le récent boom ont été non seulement
meilleures (2,6 pour cent) (graphique 1.2), mais
aussi moins volatiles (graphique 1.4). Bien que
l’essor des produits de base ait été plus marqué
dans les années 1970 que dans les années 2000
(graphiques 1.2 et 1.3), le PIB réel par habitant de
nombreuses économies d’Afrique s’est contracté
après le premier boom, alors qu’il a continué de
progresser après le second, de 3,8 pour cent en
2008 et de 3 pour cent en 2009.
4 En Inde, les entreprises privées, qui sont entrées sur le marché à compter de 1985, ont vu leur part dans la production
totale augmenter : de 1,6 pour cent en 1990, elle est passée à 15,3 pour cent en 2005 (Alfaro et Chari 2009), faisant baisser
la part des entreprises d’État inefcientes. On a constaté que les entreprises d’État étaient 29 pour cent et 42 pour cent
moins productives respectivement en Inde et en Chine que les entreprises privées (Hsieh et Klenow 2009).
5 De récents rapports (McKinsey 2010) et des examens par les pairs (Beny et Cook 2009) sont parvenus à la même conclu-
sion.
0,0%
0,5%
1,0%
1,5%
2,0%
2,5%
3,0%
3,5%
1874 - 1893
1894 - 1913
1914 - 1923
Source : Société des Nations, statistiques annuelles.
Encadré 1.1 : PIB réel par habitant du Japon, par décennie
(Évolution en pourcentage)
Durant la seconde moitié du XIXe siècle, le
nouveau gouvernement japonais s’est lancé
dans un ambitieux programme de modernisation
et d’industrialisation. Dès 1868, l’État est
intervenu dans quasiment tous les secteurs,
notamment les mines, les chemins de fer, le génie
civil, la télégraphie, la construction navale, la
production de fer et l’industrie manufacturière.
Au début, la production industrielle et le PIB
ont afché une croissance rapide. Cependant,
dans les années 1890, cette stratégie de
croissance s’est révélée intenable, car presque
toutes les entreprises d’État accumulaient des
pertes, et les pouvoirs publics se sont retrouvés
confrontés à une crise budgétaire. Incapables
d’emprunter et confrontées à une ination
galopante, les autorités japonaises ont entrepris
un long programme de privatisation, qui s’est
étiré sur près de 20 ans. Cette restructuration
a jeté les bases de la reprise économique,
effective à compter de 1914.