Les principaux points du 3e rapport d'évaluation du GIEC – 2001 Les obligations prévues par le traité pour protéger le climat “De plus en plus d'observations montrent un monde qui se réchauffe ainsi que d'autres changements dans le système climatique.”(WGI p. 2 ) Le 3e rapport d'évaluation (Third Assessment Report, TAR) du Groupe intergouvernemental d'experts sur les changements climatiques (GIEC) est effrayant à lire. Il s'agit de la plus récente synthèse de notre science des changements climatiques, des impacts les plus probables et de la façon de les combattre. Les scientifiques donnent l'alerte depuis de nombreuses années mais ce sont les gouvernements qui en fin de compte ont la responsabilité de répondre à la question politique "Qu'est-ce qu'un changement climatique dangereux?" Voici une des questions que les décideurs doivent se poser: La fonte du bouclier de glace qui couvre le Groenland est-elle dangereuse, alors qu'elle provoquerait l'augmentation de plusieurs mètre du niveau des océans durant plusieurs siècles, l'inondation d'importantes régions côtières et la fuite de centaines de millions de réfugiés? Ceci est probable à partir d'une augmentation de 1-3°C de la température planétaire moyenne, qui pourrait avoir lieu en quelques décennies si les émissions de gaz à effet de serre (GES) ne sont pas rapidement réduites. Des dégâts significatifs aux cultures dans les Etats tropicaux et subtropicaux, pouvant accroître encore les profondes disparités entre Etats riches et pauvres, sont-ils dangereux? Ce sera moyennement probable à partir d'une augmentation de 1-2°C de la température planétaire moyenne. La perte d'écosystèmes uniques, l'extinction d'espèces et des dégâts substantiels aux récifs de corail sont-ils dangereux? Ce sera moyennement à fortement probable à partir d'une augmentation de 2-3°C de la température planétaire moyenne. L'augmentation de la dissémination de maladies infectieuses, l'augmentation des sécheresses et l'augmentation des événements climatiques extrêmes sont-ils dangereux? Ce sera moyennement à fortement probable à partir d'une augmentation de 2-3°C de la température planétaire moyenne. Un réchauffement planétaire qui correspondrait à chacun de ces effets dangereux aura lieu, ou pourrait avoir lieu ces toutes prochaines décennies si les émissions ne sont pas réduites beaucoup plus rapidement que ce que mentionnent les objectifs du Protocole de Kyoto. Ci-dessous, vous trouverez des extraits du résumé du GIEC pour les décideurs (IPCC Summary for Policymakers) destiné à chacun des groupes de travail. Nous espérons qu'ils les liront attentivement avant de décider ce qui dangereux ou pas; et agissent ensuite en conséquence. Les documents originaux n'existant qu'en anglais: All references to Policymaker’s Summaries by working group and page number, available at: http://www.ipcc.ch 1 Groupe de travail I: la science des changements climatiques De nouvelles et fortes preuves montrent que l'essentiel du réchauffement observé durant les 50 dernières années peut être attribué à l'activité humaine (WGI p.10). - Les émissions de CO2 provenant de l'utilisation de combustibles fossiles ont pratiquement certainement une influence dominante sur la tendance à l'augmentation de la teneur de l'atmosphère en CO2 durant le 21e siècle (WGI p. 12). - Les tendances observées au 20e siècle d'augmentation de la température, d'élévation du niveau des océans et d'augmentation des précipitations vont très probablement continuer et s'intensifier durant le 21e siècle (WGI p.13 -16). - Les projections d'augmentations de température sont plus élevées que celles du 2e rapport d'évaluation (Second Assessment Report, SAR) qui étaient de 1.0°C à 3.5°C… La projection d'augmentation de la température moyenne à la surface de notre planète est de 1.4°C à 5.8°C de 1990 à 2100 (WGI p. 13). - Le niveau moyen des océans pourrait augmenter de 0.09 à 0.88 mètres de 1990 à 2100 (WGI, p. 15). - Il y aura probablement une augmentation des événements météorologiques extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations provoquant des inondations, des températures minimales plus élevées et moins de jours froids (WGI table 1, p. 15). - La couverture neigeuse et l'extension de la banquise dans l'hémisphère Nord continueront probablement à décroître… Les glaciers et calottes glaciaires continueront probablement à se retirer durant le 21e siècle (WGI, p. 16). - Les augmentations de la température moyenne à la surface de notre planète et l'augmentation du niveau des océans due à leur expansion thermique continueront probablement durant plusieurs siècles même en cas de stabilisation des concentrations de GES (WGI, p. 17). - Les modèles climatiques indiquent que le réchauffement local au-dessus du Groenland sera probablement 1 à 3 fois plus élevé que la moyenne planétaire. Les modèles de bouclier de glace projettent qu'un réchauffement local de plus de 3°C, s'il est maintenu durant des millénaires, pourrait faire fondre complètement le bouclier de glace du Groenland et provoquer une augmentation du niveau des océans de 7 mètres. Un réchauffement local de 5.5°C durant 1'000 ans provoquerait une contribution des glaces du Groenland à une augmentation de 3 mètres du niveau des océans (WGI, p. 17). Groupe de travail II: impacts, adaptation et vulnérabilité De récents changements régionaux de température ont eu des impacts discernables sur de nombreux systèmes physiques et biologiques (WGII Sec. 2.1). - Les effets des changements climatiques seront probablement maximaux dans les Etats en développement en matière de pertes en vie humaines, d'investissements et de performances économiques (WGII p. 8). 2 - Ces impacts pourraient accroître la disparité de bien-être entre les Etats développés et les Etats en développement; cette disparité empirera avec l'augmentation des changements de température (WGII p. 8). - Des pertes économiques nettes sont prévues pour toutes les amplitudes de réchauffement pour de nombreux Etats en développement avec des pertes augmentant avec les températures (WGII p. 8). - Ceux qui sont moins capables de se protéger contre l'augmentation du niveau des océans, des maladies et les diminutions de production agricoles dans les Etats en développement d'Afrique et d'Asie subiront les principaux impacts (WGII Table SPM-2 pp. 14-16). - Les systèmes naturels menacés comprennent les glaciers, les récifs de corail, les mangroves, les écosystèmes arctiques et alpins, les forêts boréales et tropicales, les milieux humides et les prairies naturelles (WGII p. 5,6). - Les changements climatiques vont accroître les risques d'extinctions d'espèces et de perte de biodiversité des écosystèmes de toutes les régions avec une augmentation des dégâts corrélée à l'augmentation des températures (WGII p. 6). - Il y a un risque significatif d'impacts à large échelle et irréversibles, comme la fonte du bouclier de glace du Groenland et de l'Antarctique occidental, la diminution ou l'arrêt du Gulf Stream, ainsi que d'émissions majeures de GES par la fonte du pergélisol et la mort des forêts (WGII p. 6). - Il y aura probablement une diversité d'impacts sévères au niveau régional. En Europe par exemple, les crues des rivières augmenteront sur la majorité du continent; et dans les régions côtières, les risques d'inondation, d'érosion et de pertes de milieux humides augmenteront substantiellement (WGII Table SPM-2 pp. 14-16). Working Group III: modération Des centaines de technologies à bas prix sont déjà disponibles pour réduire les émissions nocives pour le climat, mais des politiques étatiques sont nécessaires pour lever les barrières contre ces technologies (WGIII sec. 7.2, 12.2). - L'utilisation de technologies connues et disponibles permettrait de réduire d'ici 2010 les émissions de GES au-dessous des niveaux de 2000 sans coûts nets; avec au moins la moitié réalisable à coûts négatifs, soit avec bénéfice (WGIII Table SPM-1, p. 6). - Les coûts estimés (sans compter les bénéfices) de l'application du Protocole de Kyoto sont bas, équivalent à US$ 12 à US$ 125 dollars par personne et par an en 2010 (WGIII p.10). - Des analyses prudentes, sans percées technologiques, montrent qu'il est possible de stabiliser les concentrations de CO2 à moins de 450 ppm (soit nettement moins que le double de CO2). Les politiques étatiques d'introduction de technologies d'efficacité énergétique et d'accélération de l'introduction de production d'énergie, à basses émissions de carbone ou sans émissions de carbone, sont indispensables pour atteindre ces objectifs (WGIII p. 9, p. 11). 3