Le maître à danser et le violoniste
Les Solistes du Concert d’Astrée
Raphaël Rodriguez, danse (remplacé les 26, 27 et 28 avril par Elise Ladoué)
Emmanuel Curial, violon
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les danseurs
étaient musiciens et les musiciens
danseurs. Par ailleurs, il était de bon ton
de connaître la musique ainsi que la
danse pour obtenir les faveurs du roi.
Raphaël Rodriguez, danseur et Emmanuel
Curial, violoniste, proposent une
démonstration de danse en musique, à
partir d’extraits de l’opéra « Hippolyte et
Aricie » de Rameau.
EN SAVOIR PLUS…
LA DANSE BAROQUE
A la Renaissance, accompagnant l'évolution de la pensée et de la culture, la danse acquiert une
dimension politique et humaniste nouvelle. Le beau, la spiritualité et l'intellect sont mis en scène et
codifiés dans des ouvrages destinés à développer un nouvel art de vivre.
Ces pratiques se développent d'abord en Italie puis vont gagner l'Europe et trouver un écho tout
particulier en France. Elles vont se manifester dans des formes de divertissement nouvelles, la
danse se mêle au chant, au théâtre et à la musique.
François 1er, Catherine de Médicis, et tout particulièrement Louis XIV, sont quelques-uns des
monarques qui vont placer la danse au cœur de leurs préoccupations artistiques et politiques. Elle
leur sert à afficher leur grandeur dans la recherche de la suprématie européenne mais également
comme outil de propagande pour diffuser leurs idées politiques.
Les danses à l’époque Baroque sont le Menuet, la Passacaille, le Rigaudon, la Chaconne, la Bourrée….
De cette « Belle Danse » naîtra, au fil d’une longue évolution la danse Classique : héritière de
nombreux codes techniques et stylistiques comme l’en–dehors et les cinq positions.
LA MUSIQUE BAROQUE
Succédant à la Renaissance et précédant le Classicisme, le baroque couvre une grande période dans
l'histoire de la musique, s'étendant du début du XVIIème siècle au milieu du XVIIIème siècle, de façon
plus ou moins uniforme selon les pays considérés.
Le mot baroque serait du mot portugais barroco qui désigne des perles de forme irrégulière. Ce
terme est d'abord utilisé dans l'art et l'architecture avant d'être appliqué à la musique. Le
mouvement baroque se caractérise par l'exaltation des sentiments, les effets de contrastes, la
prolifération et la déformation des volumes et des formes, le goût pour l'illusion, l'exubérance des
ornements ...
L'ère de la musique baroque débute,
conventionnellement, en Italie avec l'Orfeo,
opéra de Claudio Monteverdi (1567-1643) -
véritable créateur du genre opéra - et se termine
avec les contemporains de Johann Sebastian
Bach et Georg Friedrich Haendel. Bien des
œuvres de l'époque baroque sont tombées dans
l'oubli à la fin du XVIIIème siècle pour n'être
redécouvertes qu'au milieu du XXème siècle.
Au cours de la période baroque, la musique
instrumentale s'émancipe : elle ne se contente
plus de son rôle d'accompagnement des polyphonies vocales, mais fait ressortir ses propres
possibilités techniques et expressives. C'est aussi un moment important pour l'élaboration de la
théorie musicale : la gamme tempérée et les modes majeur et mineur apparaissent, posant ainsi les
bases de l'harmonie classique. Les principaux pôles de la musique baroque sont l'Italie, l'Allemagne
et la France dont les styles sont fortement opposés malgré des influences réciproques.
La musique baroque est marquée par un style fleuri et une grande expressivité. Elle se caractérise
notamment par l'importance du contrepoint puis par une harmonie qui s'enrichit progressivement,
par l'importance donnée aux ornements et par la technique de la basse continue. L'avènement de la
basse continue (également appelée continuo) - partie instrumentale confiée à la basse et soutenant
les parties supérieures - est une nouvelle manière de concevoir l'écriture sonore. En projetant la
mélodie hors de l'architecture polyphonique, la basse continue a permis l'épanouissement des
genres vocaux (opéra, oratorio et cantate). La basse continue était exécutée par un instrument grave
monodique (violoncelle, viole de gambe ou basson...) jouant la ligne de basse notée par le
compositeur, et un instrument polyphonique (clavecin, orgue, luth...) réalisant le chiffrage d'accords
noté au-dessus de la basse, donc improvisant un accompagnement harmonique.
La basse obstinée, procédé d'écriture musicale également très apprécié pendant la période baroque,
place à la partie de basse un motif ou un chant constamment répété pendant toute la durée du
morceau et sur lequel les parties supérieures réalisent des variations.
La naissance de l'opéra coïncide avec cette mise en avant de la ligne mélodique et du texte. On parle
de bel canto baroque. Les recherches furent alors nombreuses, aboutissant par exemple à la création
du récitatif soumis aux lois du discours parlé. Au service d'une écriture nouvelle, se développent les
voix tout à fait particulières des castrats dont la virtuosité inouïe provoque l'admiration à travers
toute l'Europe.
De nombreuses études mettent aujourd'hui en valeur la véritable richesse de la musique baroque et
posent entre autres la question du diapason (dont la hauteur a oscillé tout au long de la période), la
question du tempo, de l'ornementation, et de la réalisation de la basse continue. En ce sens, cette
musique permet une interprétation sans cesse renouvelée, aboutissement d'une recherche partagée
entre les musiciens.
LE VIOLON BAROQUE
L’ère baroque fut également une période de révolution pour les instruments de musique : certains
d’entre eux firent leur apparition, d’autres se modifièrent au point d’en être totalement renouvelés.
Sur le plan de l’écriture musicale, un langage instrumental spécifique fait son apparition, emprunté à
l’art vocal.
Quelques instruments sont spécifiquement liés à cette époque baroque où ils atteignirent leur
apogée avant d’être, pour certains, totalement abandonnés pour être redécouverts au XXème siècle :
la flûte à bec, le clavecin, le luth, les violes
Abraham Bosse, Les Plaisirs de la Musique, c.
1637. Y sont représentés un luth et une
viole de gambe.
Le violon baroque est un violon antérieur au violon que nous connaissons plus communément
aujourd’hui. Le besoin d’un violon toujours plus performant et puissant, afin de donner des concerts
dans des salles plus grandes a donné naissance au violon classique. Les évolutions techniques ont
contribué à transformer l’une des principales caractéristiques du violon baroque : les cordes. Elles
étaient fabriquées à partir de boyau de mouton. Son archet est plus léger, de forme et de longueur
différente.
HIPPOLYTE ET ARICIE
Premier opéra de Rameau, alors âgé de cinquante ans
Livret s’inspirant de la tragédie Phèdre de Racine datant de 1677
Sous le regard des Dieux, les héros souffrent de passions bien humaines. Le roi Thésée est le fils de
Neptune. Phèdre, son épouse, est dévorée d’un amour interdit, celui pour son beau-fils Hippolyte.
Thésée, quant à lui, est consumé d’une jalousie meurtrière quand Hippolyte, son fils, et Aricie, sa
prisonnière, vivent un amour partagé.
ELEMENT BIOGRAPHIQUE
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Le plus important musicien français du XVIIIème siècle, passé à la postérité surtout pour ses opéras et
ses traités novateurs en matière de théorie harmonique. Louis XV lui accorde peu avant sa mort des
titres de noblesse. Rameau passe cependant les quarante premières années de sa vie dans
l’obscurité relative de la province. Il effectue un bref mais important séjour à Milan et est pendant un
temps violoniste à l’Opéra de Lyon. Il occupe des fonctions d’organiste à Avignon, Clermont et Dijon
et séjourne à Paris de 1706 à 1709 : titulaire alors de deux postes d’organiste, il s’en voit offrir un
troisième et publie son premier livre de pièces de clavecin. En 1722, il se fixe définitivement à Paris.
La publication la même année de son Traité de l’harmonie lui vaut l’attention et le respect des
musiciens parisiens. Rameau est impliqué dans des controverses concernant tant sa musique que ses
écrits. Ses premiers opéras, dont le plus ancien est représenté au cours de sa cinquantième année,
sont à l’origine de longues querelles opposant la vieille garde des lullistes aux ramistes, quant à eux
plus « progressistes ». Hippolyte et Aricie (1733) remporte un franc succès : l’importance accordée à
la musique en tant que telle déchaîne les passions. Les librettistes de Rameau étaient les meilleurs de
l’époque : Pellegrin, Voltaire, Fuzelier Outre ses grandes tragédies lyriques (Hippolyte et Aricie,
Castor et Pollux, Dardanus, Zoroastre et Les Boréades), il compose des drames musicaux dans
plusieurs autres genres. Platée (1745), comédie lyrique, ridiculise les dieux, mais son thème central,
la laideur de son héroïne, avoisine la tragédie. Le goût français pour l’exotisme est exploité dans les
opéras ballets tels que Les Indes galantes (1735) et Les Fêtes d’Hébé (vers 1739), chaque acte
possède son environnement et son action propres. Pygmalion (vers 1748) témoigne de la capacité de
Rameau à rassembler en un seul acte un vaste éventail d’émotions. Dans les années 1740, Rameau
acquière une solide position à la cour. Il devient compositeur de la musique de la Chambre du roi en
1745 et compose pour le mariage du dauphin la comédie-ballet La Princesse de Navarre (livret de
Voltaire).
REFERENCES
POUR ALLER PLUS LOIN
Quelle plainte en ces lieux m'appelle, extrait d’Hippolyte et Aricie de Rameau, Anne Sofie von Otter,
Le Concert d'Astrée sous la direction d'Emmanuelle Haïm
https://www.youtube.com/watch?v=2jwNNh6qifs
A la chasse, à la chasse, extrait d’Hippolyte et Aricie de Rameau, Aurélia Legay, Le Concert d'Astrée
sous la direction d'Emmanuelle Haïm
https://www.youtube.com/watch?v=-OksrK1ulHg
Discographie
Une fête baroque, programme autour de Rameau, Lully, Purcell, Haendel avec de nombreux artistes
et l’orchestre du Concert d’Astrée dirigé par Emmanuelle Haïm, 2012
Filmographie
Tous les matins du monde d’Alain Corneau, 1991, d’après le roman de Pascal Quignard : ce film
illustre la vie de M. de Sainte-Colombe et Marin Marais, deux violistes du XVIIe siècle.
Le Roi danse de Gérard Corbiau, 2000 : ce film retrace la rencontre entre Louis XIV, Lully et Molière.
Hippolyte et Aricie de Rameau, dirigé par Emmanuelle Haïm, mise en scène d’Ivan Alexandre
Ouvrages
Philippe Beaussant, Vous avez dit baroque ?, Ed. Actes Sud, 1994.
Louis XIV et Versailles, TDC n° 850, 2003.
LA MUSIQUE BAROQUE AUJOURD’HUI AVEC LE CONCERT D’ASTREE
Le travail d’Emmanuelle Haïm et du Concert d’Astrée se situe dans la continuité d’un mouvement de
renouveau dans l’interprétation de la musique baroque, initié à partir des années 1960 par un certain
nombre de musiciens, emmenés par Nikolaus Harnoncourt, Gustav Leonhardt ou encore Jean-Claude
Malgoire, bien connu dans la région.
Ce mouvement, s’appuyant sur les écrits et traités de l’époque, remet en question l’interprétation de
la musique baroque telle qu’elle était pratiquée depuis le XIXème siècle et s’intéresse à la manière
dont cette musique a pu être réellement interprétée à l’époque. Instruments anciens, cordes en
boyaux, voix de contre-ténor… reviennent ainsi sur le devant de la scène.
En résidence à l’Opéra de Lille depuis 2004, Le Concert d’Astrée se produit dans des opéras et
concerts de Händel, Rameau, Monteverdi en France et dans les plus grandes salles d’Europe et du
Monde. Parallèlement l’orchestre et ses musiciens parcourent le département à la rencontre de ses
habitants.
Mécénat Musicale Société Générale est le mécène principal du Concert d’Astrée.
En résidence à l’Ora de Lille, Le Concert d’Astrée reçoit le soutien de la Ville de Lille.
L’association Le Concert d’Astrée bénéficie du soutien du ministère de la culture et de la
communication/direction régionale des affaires culturelles du Nord Pas-de-Calais, au titre de l’aide à la
compagnie conventionnée.
Depuis 2012, Le Concert d’Astrée, soutenu par le partement du Nord est devenu l’Ambassadeur de l’Excellence du
Nord aussi bien en France qu’à l’étranger.
MIEUX CONNAÎTRE LE CONCERT D’ASTREE
Site internet www.leconcertdastree.fr
Une fête baroque https://www.youtube.com/watch?v=cm_6ivBJc4g
©Guillaume Mirand
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