Ce pourrait être l?intitulé d?un nouveau parti politique ou bien un slogan publicitaire pour la valorisation du monde rural mais il n?en est rien, il s?agit juste d?une symbiose vocable largement défendue par le monde cynégétique depuis bien des années? En effet les Fédérations de Chasseurs soutiennent depuis plus de 30 ans, sous différentes formes, l?implantation de haies, notamment grâce aux 72.000 adhérents présents sur le territoire des Pays de la Loire. Si en interne cela parait donc tomber sous le sens, il est encore fréquent d?avoir des interrogations de nos concitoyens sur le « pourquoi » de l?implication des chasseurs à préserver ce milieu de bocage, qualifié fréquemment, voire même parfois de façon réductrice ou impropre, de « milieu ordinaire ». Nous pourrions en effet développer certains points sur l?importance de la haie bocagère dans la préservation de la biodiversité et de l?environnement. Mais, déjà connu de tous, nous nous permettrons ici de juste d?en lister pour mémoire quelques rôles primordiaux : écologique (faune et flore remarquables, auxiliaires de cultures?) hydrologique (anti-érosion des sols, régulation des crues, épuration des eaux?) climatique (effet brise-vent, micro climat?) économique (bois d??uvre, bois énergie, rendement des cultures?) social (paysage, cadre de vie, tourisme?) Ces différents rôles sont plus ou moins bien remplis en fonction de la typologie de la haie, qui peut se décliner d?une simple présence relictuelle à une haie vive, composée des trois strates possibles : herbacée, arbustive et arborescente Et quid du chasseur dans tout ça ? Afin de tenter d?y répondre, nous essaierons de montrer que le bocage, et en particulier les haies, est un milieu clé pour la chasse, en focalisant sur un certain nombre d?espèces d?importance cynégétique. Généralités La survie d?une espèce animale repose sur le triptyque suivant : manger, ne pas se faire manger, se reproduire. Ces besoins fondamentaux peuvent être comblés par le bocage. Paysage anthropique par référence, le bocage est lié au monde agricole par le biais de la polyculture élevage. Cette forme d?agriculture est synonyme de mosaïque de milieux (haies, mares, prairies, cultures, ripisylve?) et propose une solution toute faite pour répondre aux besoins des espèces, sur le plan alimentaire, d?abri et de refuge pour la reproduction, en particulier pour les espèces gibier. Etudions plus précisément la relation entre bocage et certains mammifères et oiseaux intéressants pour le monde cynégétique. Les mammifères Le lapin de garenne Le lapin de garenne est une espèce qui vit sur des espaces très restreints (il est conseiller de ne pas éloigner les garennes de plus de 100 mètres les unes des autres). Il est en effet important de maintenir des connexions entre les populations, afin notamment de rendre les noyaux de populations moins sensibles aux maladies. Si le rapprochement des garennes est une solution, le maintien des haies en est complémentaire : le réseau de haies sert de corridor et de lien entre les garennes. De même les boqueteaux, les pelouses rases, les talus et chemins accentuent également cette notion de réseau, de corridors, pour assurer une mixité dans les populations, et multiplient les zones de gagnage, de gîtes diurnes et nocturnes. La dégradation du bocage entraîne non seulement la disparition des zones citées précédemment mais également la fragmentation des populations, par la cassure des corridors. Le chevreuil Les populations de chevreuils se sont largement répandues ces dix dernières années si bien que l?on observe cet animal de manière fréquente dans les bocages aujourd?hui. Ce milieu est effectivement un prolongement du milieu forestier et apporte nourriture et quiétude pour cette espèce. Les animaux, trouvent alors dans le bocage un milieu de substitution. Le lièvre Le lièvre n?est pas forcément une espèce inféodée au bocage mais il existe quand même de façon significative. De manière générale, on notera une augmentation des densités lorsque le maillage s?élargit. Le renard et les mustélidés Prédateur dans le milieu bocager, le renard est très présent mais les pertes qu?il provoque sur les mammifères restent supportables si le bocage conserve une bonne fonctionnalité en terme d?espèces proies et de refuge. Espèce régulée par le piégeage, le renard est de plus en plus devenue une espèce gibier à part entière. Les mustélidés sont très nombreux en secteur bocager (fouine, putois), ils nécessitent une grande vigilance de la part des chasseurs vis-à-vis des équilibres écologiques à maintenir. Les oiseaux Si de nombreux mammifères profitent des intérêts apportés par le bocage, les oiseaux ne sont pas en reste pour utiliser ce milieu. On va retrouver en effet de multiples espèces en fonction de la présence ou non des différentes strates de la haie. Les colombidés Le pigeon ramier : le bocage est un site de reproduction pour le pigeon ramier, dont le lierre présent sur les arbres requiert une importance particulière, ainsi que les arbustes piquants pour les nids. Le bocage est aussi important pour la nourriture avec la présence de prairies permanentes, de trèfles, de glands, de la gale du chêne qui est un élément important dans l?alimentation de cette espèce. La protection que jouent les grands arbres vis-à-vis des prédateurs est un atout supplémentaire. La tourterelle des bois : le bocage a des potentialités variables pour cette espèce. On peut compter entre 2 et 12 mâles/km² dans le bocage, on a toujours une présence significative de cette espèce. L?espèce a des exigences écologiques, en terme de site de nid, assez complexes avec la nécessité d?avoir des arbustes épineux et des arbres à lianes, de liants végétaux (chèvrefeuille, roncier) que l?on trouve dans le bocage et qui permettent de satisfaire ce besoin écologique. Si la diversité des essences présentes dans les haies est primordiale pour ces deux espèces, la hauteur des strates joue également un rôle important pour la nidification : hauteur des nids de pigeon ramier en bocage (plus d?1 nid sur 2 sont situés entre 2m et 4m) hauteur des nids de tourterelle des bois (n=59) ? 30% des nids sont situés entre 1,5m et 2m On comprend bien que chaque espèce a des exigences écologiques différentes, ce qui oblige le gestionnaire à préserver un milieu aussi diversifié que possible. Les turdidés (grives, merles) On trouve le merle noir, la grive musicienne et la grive draine en France, du moins en nicheurs. Le bocage est intéressant pour la nidification (ronce, aubépine, prunellier, arbres à piquants) et pour le stock alimentaire : il doit être abondant et diversifié dans les périodes de disettes (automne et hiver) d?où la nécessité de planter différentes essences à fructification étalée dans le temps. Les baies du lierre et de l?aubépine trouvent ici tout leur intérêt. Pour pouvoir répondre aux exigences en nourriture toute au long de l?année, il faut que les essences présentes dans la haie soient productives et fournissent aux oiseaux un apport continu. La dégradation des bocages entraîne une chute des potentialités de nidification et réduit les ressources alimentaires pour ces espèces. A la différence des mammifères, il est plus difficile de visualiser l?effet « bocage » via les tableaux de chasse puisque ces espèces sont migratrices donc à l?époque de la chasse, il y a afflux d?oiseaux venus du nord de l?Europe et de l?est qui viennent gonfler les effectifs. Par contre sur l?aspect nidification et reproduction, grâce à un réseau de comptage entre l?ONCFS et les Fédérations de chasseurs, on peut mesurer la nidification en France d?un certain nombre de ces espèces. La comparaison entre les régions de bocage et le niveau moyen national montre que l?effet positif du bocage se voit pour la grive musicienne, le merle noir, le pigeon ramier et la tourterelle des bois. Les gallinacés La perdrix rouge : Elle était très présente dans le bocage, on assiste actuellement à une régression de cette espèce à l?état naturel du fait notamment de l?évolution des pratiques agricoles. La problématique pour cette espèce dans le bocage réside dans la gestion des lisières et des pieds de haies : ils ne sont plus adaptés aux exigences de l?espèce (bande enherbée réduite, traitement du pied de la haie, mauvais entretien des haies et dégarnissement de l?étage herbacé). Le faisan : c?est une espèce qui est très liée « aux lâchers » pour la chasse. Cependant depuis plusieurs années, on assiste à une revalorisation de l?espèce à l?état naturel notamment grâce au travail de terrain réalisé par les chasseurs (volières) accompagné de l?aménagement des milieux, dont la haie qui prend tout son sens dans la gestion de cette espèce. De même que pour la perdrix, l?attention de gestion se portera sur la bande enherbée et la lisière de la haie, qui apportera notamment les insectes nécessaires aux premières semaines de développement des jeunes oiseaux. Autres espèces La bécasse des bois : pour son hivernage, elle est dépendante de l?alimentation, notamment en vers de terre qu?elle trouve la nuit aux alentours des forêts et des bosquets dans les prairies naturelles. Le bocage offre bien sûr des zones de gagnage et les haies et boqueteaux des zones de refuge. Les limicoles (bécassine des marais, courlis cendré, vanneau huppé) dans les prairies naturelles. : ils trouvent des zones de gagnage L?exemple de la Vendée, département très bocager, montre la grande diversité cynégétique rencontrée dans ce type de milieu, que ce soit des mammifère ou des oiseaux. L?examen des tableaux de chasse montrent la présence forte de 2 espèces : le lapin et le pigeon ramier, qui représentent près du tiers du tableau de chasse toutes espèces confondues. En France il y a plus de 37% de chasseurs qui prélèvent au moins un pigeon ramier (67% pour la Vendée) et plus de 30% prélèvent au moins un lapin (52% pour la Vendée). Ces deux espèces sont vraiment associées au bocage. Cependant on constate depuis 20 ans une diminution réelle des prélèvements de lapins : le bocage s?est dégradé de manière significative. De ce fait la pression de chasse s?est reportée sur le pigeon ramier, qui a pris une certaine notoriété au niveau des chasseurs. L?importance du bocage se joue tant au niveau des départements bocagers que des autres : le bocage apparaît comme une zone de production de ces espèces même si ces espèces sont migratrices. C?est un espace de production qui va intéresser beaucoup de régions. L?enjeu est donc important tant au niveau régional que national. Afin de sensibiliser les élus et le grand public à l?importance de l?enjeu bocager en région Pays-de-la-Loire, la Fédération Régionale des Chasseurs anime un réseau d?acteurs s?intéressant à la gestion du bocage et travaille depuis 2006 en partenariat avec le Conseil Régional sur cette thématique. La FRCPL s?est rapprochée de l?Institut Géographique National pour réaliser la numérisation cartographique des haies et des mares sur la région (2008-2012) à partir des photos aériennes. 160 000 km de haies ont été linéarisés en Pays-de-la-Loire (Source : IFN, 2008/2012 ? IGN orthophoto 2005) Conclusion S?il est bien entendu de tous et notamment de l?Europe que le bocage est source de vie remarquable du fait des espèces patrimoniales qu?il abrite, il est important de démontrer que ce milieu est également le support de vie de nombreuses espèces dites plus ordinaires, et c?est bien là la définition de biodiversité. La diversité végétale des habitats du bocage engendre de la diversité animale?qui intéresse les chasseurs, et pour que cela perdure, il faut donc que les chasseurs entretiennent les habitats?la boucle est bouclée. On appelle ça tout simplement de la gestion des ressources naturelles renouvelables. A différentes échelles, les chasseurs ?uvrent pour la reconnaissance de ce milieu, en souhaitant qu?il soit pris en charge de façon plus significative dans les politiques environnementales des collectivités et devienne, à ce titre, un milieu reconnu comme « extraordinaire ». Pour en savoir plus : www.frc-paysdelaloire.com et www.bocage-paysdelaloire.com