-p. 195-196 : Le bocage exerce aussi un rôle régulateur sur le cycle de l’eau : les haies modifient
les écoulements, affectent l’évapotranspiration, diminuent les effets des fortes précipitations 2 . Ce
rôle est toutefois moins sensible sur les terrains granitiques, comparés aux terrains schisteux. Les
premiers, par leurs fissures et leurs sols facilement humectés, jouent eux-mêmes un rôle tampon
vis-à-vis des écoulements, contrairement aux seconds dont les limons sont épais et imperméables.
Le rôle d’une haie dépend également de son orientation et de sa position par rapport à l’écoulement.
Une haie placée par exemple en limite de fond de vallée peut s’avérer déterminante, car elle sépare
les sols des versants de ceux des talwegs plus humides. Les spécialistes s’interrogent encore sur
l’efficacité hydrologique du bocage, notamment en fonction de l’influence des écoulements
profonds, de la nature des haies, de l’organisation du paysage.
-p. 197 : Enfin, un nouveau thème attire l’attention depuis quelques années, celui de l’effet du
bocage sur la qualité de l’eau. Sur un basin versant, les haies semblent pouvoir atténuer les effets
des pollutions diffuses, en synergie avec d’autres structures paysagères telles que les zones boisées
riveraines dans les fonds de vallée. Elles sont en effet susceptibles de jouer un rôle de barrière, à
l’image des bandes enherbées, vis à vis de l’érosion des sols, des nitrates, des pesticides (…). Il
reste encore à préciser comment la diversité des végétaux d’une haie affecte cette fonction de
rétention des polluants, comment même l’organisation du bocage intervient.
-p. 203-204 : DEVELOPPEMENT DURABLE
La notion de viabilité – sustainability des auteurs anglo-saxons – fut d’abord portée à l’attention du
public vers la fin des années 1970, à propos d’agriculture et de conservation. En 1987, un rapport
international (…) la définit comme l’aptitude à “ répondre aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins 3 ”. Cette notion
devint alors, quelles que soient les ambiguïtés de sa définition, la base de tout débat sur l’avenir de
l’humanité sur Terre. Et l’on parla de sustainable evelopment – en français de développement
durable – pour qualifier une développement viable et acceptable (…).
Relations entre l’homme et la nature (…). Plusieurs images viennent à l’esprit : celle d’une planète
Terre transformée jusque dans ses moindres recoins par les activités humaines, celle d’un vaisseau
spatial (…), d’un jardin planétaire, telle que l’a développée le paysagiste français Gilles Clément
(…). Cette image avait déjà été évoquée (…) par l’écologue canadien William Clarke : “ La terre
est plus semblable à un jardin qu’à une forêt primaire, même si le jardin est mal entretenu 4 ” (…).
Les problèmes à cet égard sont complexes : le réchauffement climatique, le partage des ressources
en eau, l’alimentation des populations humaines, l’érosion de la biodiversité…Ils touchent aux
relations entre les pays du Nord et ceux du Sud. Ils soulèvent d’énormes difficultés (…). En ce
domaine, l’approche interdisciplinaire est indispensable, car tous les aspects des sciences de la
nature, de l’homme et de la société sont impliqués. Aussi les bases théoriques sont-elles rares.
Celles de la panarchie* (…) se révèlent suffisamment prometteuses.
-p. 210-211 : L’AVENIR PAR LE PAYSAGE
Effervescence autour de l’avenir du climat, des ressources en eau, des forêts, des terres agricoles, de
la biodiversité…Curieusement, le paysage est absent de cette effervescence (…). Peut-on imaginer
les paysages insensibles à l’artificialisation des territoires ? En France, selon l’Institut français de
l’environnement, les surfaces bâties ont augmenté leur superficie de 12% depuis 1992, les routes et
les parkings de 7% et les sols artificiels – jardins, pelouses, etc. – de 17% 5. En outre, l’habitat
individuel continue à s’étendre (…). Une augmentation de température de 1° C correspond à un
déplacement virtuel de la nature de 160 km vers le sud, avec des conséquences sur le cycle de
l’eau, sur la flore et la faune.