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14 Avenue Duquesne, 75007 Paris
Madame la ministre,
Vous êtes intervenue ce jeudi 10 Juillet 2014 sur RMC info lors de l’émission Bourdin direct et vous
avez annoncé votre volonté de fermer le service d’oncologie pédiatrique dirigé par le Dr Delepine à
Garches.
Vous avez déclaré : « les enfants qui sont aujourd’hui soignés, continueront d’êtres soignés de la
même manière, mais pour le reste, Jean Jacques Bourdin, les méthodes de traitement de cette unité
médicale, ne font l’objet et n’ont fait l’objet, d’aucune évaluation scientifique et cela ça n’est pas
possible parce que c’est un risque. La science elle progresse avec l’évaluation, l’évaluation des
résultats, l’évaluation des effets… ».
Madame la ministre, vous avez donc décidé d’autoriser la poursuite des traitements pratiqués dans
le service du Dr Delepine pour les enfants bénéficiant de ceux-ci actuellement, et vous avez donc par
là même, reconnu la valeur de ces traitements. Nous ne pouvons en effet croire que vous
autoriseriez ne serait-ce qu’une minute, un traitement qui entraînerait une perte de chance face à la
maladie chez un enfant atteint de cancer.
Vous avez reconnu la qualité de ces traitements et, vous avez pourtant annoncé dans le même temps
l’arrêt définitif de ce traitement puisque « non évalué » selon vos propres mots, sans préciser que
ces thérapeutiques sont éprouvées depuis des décennies et publiées dans la littérature
internationale.
Madame la ministre, vous avez également déclaré avoir reçu des familles d’enfants atteints de
cancer qui selon vous « demandaient davantage d’essais thérapeutiques » , en d’autres termes, vous
avez déclaré que des parents d’enfants atteints de cancer voudraient que dans de plus nombreux cas
encore, ces patients soient inclus dans des protocoles dans lesquels ils ignorent le traitement qui leur
est administré. Des parents qui ignorent en grande majorité que pour être accrédité, un
établissement de santé doit inclure un maximum de patients dans les essais.
Le service d’onco-pédiatrie de Garches permet actuellement aux enfants et à leurs familles de
bénéficier d’une alternative thérapeutique académique reconnue dans les essais thérapeutiques.
J’ai rencontré personnellement nombre de jeunes patients, j’ai discuté avec des familles d’enfants
disparus, j’ai rencontré d’anciens patients qui aujourd’hui, jeunes adultes, sont en rémission, alors
même que l’évolution de leur pathologie était annoncée péjorative. Des dizaines de patients et leur
familles madame le ministre, et, parce que j’ai croisé leur regard, écouté leurs paroles, touché leurs
mains, j’ai compris pourquoi ce service tout au long de son histoire n’avait jamais reçu la moindre
plainte de patients ou de familles et je vous écris aujourd’hui.
Madame la ministre, par vos actes vous reconnaissez que les traitements pratiqués dans ce service
sont efficaces et bénéfiques. Vous ne pouvez, vous ne devez donc pas fermer ce service sur de seules
considérations administratives. Le sujet est trop grave pour être traité d’un trait de plume fût-il
ministériel.
Refuser la continuité des soins prodigués dans ce service ainsi que l’exercice des équipes formées et
aguerries à leur mise en œuvre, c’est prendre le risque d’une perte de chance dramatique pour de
nombreux enfants atteint de cancer.
Madame la ministre, je vous demande de surseoir à la fermeture du service d’onco-pédiatrie de
Garches par un moratoire d’un an, période pendant laquelle pourront être entendus les témoignages
des enfants et familles suivis dans ce service, les médecins et équipes soignantes qui y ont exercé.
Temps pendant lequel pourront être exposés dans le calme les différents avis médicaux. Mais
surtout, temps pendant lequel la liberté de choix des patients dans le cadre du consentement éclairé
sera respecté, et tout risque de perte de chance par la suppression de réalisation de ces traitements
sera écarté.
Madame la ministre, j’appelle par la présente, les patients et leurs familles, les intellectuels, les
artistes, les médecins, les acteurs de soins, et tous les défenseurs de la liberté de choix à se joindre à
moi et à cosigner ce courrier.
Docteur Jérôme Marty.
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