ainsi que (3a) un lobe prothoracique très développé et
échancré en son milieu. Ris (loc. cit.)différencie ces
genres par : (1b) la position relative du nodus, plus
distale chez Rhodothemis,(2b) l’armature métafémorale
des mâles, moins spécialisée chez Rhodothemis et (3b)
le champ postdiscoïdal à l’aile antérieure, rétréci à deux
rangées de cellules entre le triangle discoïdal et le nodus
chez Rhodothemis.
Kennedy, en 1923, propose un scénario Asie-Alaska
pour expliquer le lien étroit unissant ces deux genres
ainsi qu’une alternative – moins probable – africaine :
« The location of Rhodothemis,the least specialized
member of the series, in the East Indies suggests an
Oriental origin for the group as the whole and that the
stock of the American genera at some time in the past
has spread into its present habitat. As the majority of
the species are tropical into America may have taken
place when the Asia-Alaska land-bridge had climate
suitable for such species, which must have been in Pre-
Miocene times. The other possibility is that they came
across from Africa, but so far we have not recognized
any African relatives of the group. »
Lohmann, en 1984, décrit deux nouvelles espèces
de Rhodothemis.Dans sa partie systématique, pour sépa-
rer le genre de Lepthemis,il se contente de reprendre les
trois caractères déjà énoncés par Ris. Il reformule les
caractères (1b) et (3b) et invalide le caractère(2b) car
les espèces de Rhodothemis du groupe lieftincki (R.lief-
tincki, Fraser,1954 et R.mauritsi Lohmann, 1984)
montrent des armatures des pattes identiques à celles
des espèces du genre Lepthemis. Son travail ne propose
aucune hypothèse pour expliquer la parenté des deux
genres et ne prend pas en considération les caractères
larvaires, soit qu’ils n’aient pas été étudiés, soit qu’ils
n’aient pas été retenus.
La larve du genre Lepthemis est connue depuis le
début du vingtième siècle (voir par exemple les travaux
de Needham 1901 et de Calvert 1928). Celle de
Rhodothemis est brièvement signalée et très sommaire-
ment caractérisée par Lieftinck en 1934, ses dessins,
datant de 1930, ne seront publiés que bien plus tard.
Ce sont finalement Nirmala Kumari & Balakrishnan
Nair (1981) qui décriront la larve.
Les larves de ces deux genres sont morphologique-
ment très semblables : (1c) corps très compact, de
longueur inférieureàtrois fois sa largeur; (2c) tête forte,
nettement trapézoïdale (partie antérieure des yeux au
même niveau que la marge frontale, partie latérale des
yeux bien alignée avec les marges latérales de l’occiput,
marge postérieure de l’occiput longue et légèrement
concave) ; (3c) yeux proéminents et avec des rayures
colorées verticales ; (4c) masque large et court ; (5c)
marge distale des palpi quasiment rectiligne;(6c) pattes
au moins assez fortes ; (7c) thorax puissant, fortement
élevé avec des mésostigmates hypertrophiés et surplom-
bant le reste du corps; (8c) ptérothèques très longues
relativement à la longueur de l’abdomen, atteignant au
moins le segment 7; (9c) épines abdominales dorsales
absentes ; (10c) épines abdominales latérales absentes
ou peu fortes, légèrement incurvées et présentes unique-
ment sur le segment 9 ; (11c) pyramide anale assez
courte ; (12c) paraproctes larges à leur base et soudai-
nement effilés et dirigés vers le bas à leur apex; (13c)
corps généralement parcouru de motifs colorés plus ou
moins complexes, y compris face ventrale. La larve de
Rhodothemis se différencie toutefois de celle de
Lepthemis par : (1d) des yeux un peu moins étendus
dans le sens antéro-postérieur, montrant ainsi une tête
légèrement plus étirée transversalement; (2d) un masque
légèrement plus large au niveau de l’articulation submen-
tum-mentum; (3d) une frange de fortes soies bien déve-
loppée sur la moitié basale de la marge externe des palpi
(frange plus ou moins fortement réduite et constituée
de soies moins fortes chez Lepthemis);(4d) des échan-
crures très faibles mais parfaitement distinctes sur toute
la longueur de la marge distale des palpi (échancrures à
peine ébauchées et confinées dans la partie supérieure
de la marge chezLepthemis);(5d) des pattes nettement
moins fortes avec un rapport(longueur/largeur du profé-
mur) proche de 6 (rapport inférieur ou égal à 5 chez
Lepthemis);(6d) longueur de la patte postérieurecompa-
rée à celle de la patte antérieuremoins disproportion-
née, avec un rapport proche de 1,6 (rapport proche de
2chezLepthemis).
Le genre Cyanothemis Ris, 1915
Lors de sa capture dans un petit cours d’eau lent en
bordure de route, je m’étonnais de voir, en forêt afri-
caine, la larve d’une espèce remarquablement proche de
la larve du genre Rhodothemis ou du genre Lepthemis que
j’avais eu l’occasion de récolter à plusieurs reprises en
Malaisie ou en Guyane française. Jesoupçonnais cette
larve d’appartenir à Cyanothemis simpsoni.En effet
l’adulte de cette espèce porte aussi les caractères (1a),
(2a), et (3a), caractéristiques du groupe Rhodothemis-
Lepthemis, et montre une nervation alaire très proche
de celle de Lepthemis vesiculosa (F
., 1775). La larve, vorace
et facile à élever,effectua ses mues sans problème. Elle
donna, quelques quatre mois après sa capture, un parfait
imago mâle attribuable à Cyanothemis simpsoni,confir-
mant ainsi mes supputations.
La larve du genre Cyanothemis possède l’intégralité
des caractères (1c) à (13c) communs au groupe
Rhodothemis-Lepthemis. Elle se différencie de ce groupe
par :(1e) un corps dépourvu de grandes soies filiformes ;
54
G. F
LECK