A peine esquissé en 1709, le fort Lamalgue connaît un début de travaux en 1738. Son projet est
amendé et amélioré en 1750, mais le travail n’avance que par à-coups, au gré des disponibilités
financières irrégulières et limitées.
La guerre de Succession d’Autriche (1744 – 1748) est précédée, en Provence par des accrochages
entre forces navales françaises et anglaises5. En 1746 les Austro-Savoyards s’apprêtent à rééditer
une attaque contre Toulon. La Provence est mise à la hâte en état de défense sous les ordres du
maréchal de Belle-Isle. Des redoutes de campagne, en pierres sèches, sortent de terre autour de la
rade. Après cette alerte sans conséquence, l’ingénieur d’Antibes de Bertaud, directeur des
fortifications, reprend le projet du fort Lamalgue (1750) et propose d’édifier un ouvrage
permanent sur la hauteur des Pomets. La redoute des Pomets couvrira par l’ouest le débouché de
la vallée de Dardennes. Débutant en 1748 sous la conduite de l’ingénieur Auguste Verrier, les
travaux se terminent en 1755.
Après le sursaut de 1708, l’alerte de 1746 et les atermoiements des années 1740 – 1750, il faut
attendre la fin de la guerre de Sept Ans (1756 -1763) pour voir le renouveau de la défense
terrestre mis à l’ordre du jour. C’est à l’ingénieur Milet de Monville que reviendra le soin de
concevoir et réaliser le système destiné à marquer durablement le paysage militaire de Toulon6.
Mis en œuvre à partir de 1764, le projet de Milet de Monville transforme le système défensif de
la place. A l’est de la ville la ligne de forts détachés prend corps, de Lamalgue au Faron. Après
des déroctages considérables pour aplanir la hauteur Lamalgue, le fort s’élève sous l’action d’une
véritable armée de travailleurs, renforcée par des soldats. Le fort rectangulaire aux quatre angles
bastionnés est complété par une lunette détachée face à l’est, ainsi que par une batterie de côte
qui couvre son glacis méridional. Comparable à une citadelle, il devient la pièce maîtresse de la
défense face à l’est.
Fort Lamalgue, détail du plan-relief de Toulon. Le fort est complété par une batterie de côte à flanc de colline
© Musée des plans-reliefs
5 Affaire de Saint Tropez durant laquelle des Anglais pourchassent des galères espagnoles dans le port et y jettent
des brûlots, prise d’embarcations de pêche, combat de Sicié en février 1744.
6 Nicolas Milet d’Estouf, seigneur de Monville (1696-1773) est issu d’une famille de militaires comptant plusieurs
ingénieurs. Ingénieur ordinaire en 1723, sa carrière le verra principalement en Provence. Directeur des fortifications
de Provence de 1758 à 1773.