
10 Médecine Clinique endocrinologie & diabète • 9ème Journée d’Endocrinologie Sexuelle Alfred Jost, mars 2011 •
Coordonner les traitements par hormone de croissance et hormones sexuelles chez les adolescents hypopituitaires
Médecine Clinique endocrinologie & diabète • 9ème Journée d’Endocrinologie Sexuelle Alfred Jost, mars 2011 •
Quels schémas
utilisons-nous ?
Quels objectifs et quels
paramètres
de surveillance ?
Concernant la croissance
Le traitement par GH est poursuivi
en parallèle de l’induction de la puberté.
Les doses doivent permettre d’obtenir
une vitesse de croissance d’au moins 7 à
10 cm chez la fille et 10 à 15 cm chez le
garçon la première année, puis ce gain
statural décroît de 20 à 50 % les années
suivantes jusqu’à l’arrêt total.
Les doses de GH sont adaptées aux
taux d’IGF-1 en veillant à maintenir
ceux-ci dans des valeurs inférieures à
+ 2DS pour l’âge : par exemple entre 600
et 700 ng/ml pour les 12-14 ans, entre
750 et 850 ng/ml au-delà de 15 ans.
La maturation du cartilage fémoral
inférieur est à surveiller tous les 6 mois.
Les schémas d’induction
pubertaire
Le but est de réaliser l’induction arti-
ficielle des caractères sexuels associés à
la puberté, à une vitesse voisine de la
physiologie.
Chez les filles
Nous préférons les estrogènes per os,
plutôt que les formes en patch ou gel
car ces dernières ont une absorption
beaucoup plus aléatoire et une moins
bonne observance. La « féminisation »
est débutée en utilisant un œstrogène
naturel : 17b estradiol à la dose de 1 mg
tous les 2 jours pendant 3-6 mois puis
1 mg/j pendant les 6 mois suivants et
enfin 2 mg/jour. Nous préférons l’œstra-
diol naturel à l’éthinyl estradiol à cause
de son plus faible risque de maladie
thrombo-embolique ou d’hypertension.
Un progestatif est ajouté 12 à
24 mois après le début de l’estrogéno-
thérapie, dès que l’utérus atteint une
longueur de 55-60 mm. On utilise de
la progestérone naturelle à la dose de
10 mg pendant 10 jours (du 15e au
25e jour), l’œstradiol étant alors prescrit
du 1er au 25e jour. Pour faciliter l’ob-
servance, nous conseillons de démar-
rer le traitement le 1er de chaque mois.
La survenue de saignements sous estro-
gènes seuls, à cause d’une hyperplasie
de l’endomètre, motive la prescription
immédiate du traitement combiné.
Les objectifs d’une féminisation
correcte sont :
– un développement mammaire
satisfaisant pour les patientes : S3 à
un an, S4 ou S5 à 2 ans de l’induction
pubertaire
– une longueur utérine ≥ 55 mm à
un an et ≥ 75 mm à 2 ans de l’induction
– des hémorragies de privation à
2 ans de l’induction
Chez les filles, nous ne proposons
pas de traitement par gonadotrophines
pour induire la puberté. Le traitement
œstro-progestatif donne des résultats
très satisfaisants en terme de dévelop-
pement des seins, de la pilosité et de
l’utérus. Le traitement par GnRH en
administration pulsatile sous cutanée
(pompe) sera proposé à ces patientes
à l’âge adulte pour induire l’ovulation
lorsqu’elles désirent procréer.
Chez les garçons
Le traitement doit répondre aux
deux objectifs : la masculinisation et
la future fertilité. Proposer d’emblée
un traitement par gonadotrophines,
permet une conservation de sperme
au terme de l’induction de la puberté
(2 ans). Ceci a une importance capitale
chez les patients avec hypogonadisme
hypogonadotrope (HH) congénital dont
la fertilité est souvent compromise. Le
traitement que nous proposons associe
d’emblée l’hCG et la FSH recombinantes
pour une durée de 2 ans. L’hCG stimule
la fonction Leydigienne et la production
de testostérone, la FSH induit l’augmen-
tation du volume testiculaire par le biais
de la croissance des tubes séminifères.
Ce traitement consiste en 4 injections
sous-cutanées hebdomadaires pour une
durée de 2 ans : FSH recombinante à la
dose de 150 UI 3 fois par semaine asso-
ciée à l’hCG recombinante 125 µg 1 fois
par semaine. A ces doses d’hCG la testos-
térone augmente plus rapidement que
ne le voudrait la physiologie mais il est
impossible d’injecter moins d’une demi
ampoule.
Les objectifs du traitement sont
d’obtenir à la fin de la première année
une longueur des testicules > 30 mm et
une testostéronémie entre 1,5 et 3 ng/
ml, et à la fin de la deuxième année une
longueur des testicules > 40 mm, une
testostéronémie > 5 ng/ml et un taux
d’inhibine B autour de 300 pg/ml. Ces
résultats sont plus faciles à obtenir chez
les patients avec HH acquis que chez
ceux avec un HH congénital, probable-
ment parce que les premiers avaient eu
une minipuberté physiologique dans les
premiers mois de vie. Ces résultats sont
encore plus difficiles à obtenir chez les
patients avec une cryptorchidie initiale.
Au terme de ces 2 ans de traitement,
nous conseillons souvent de réaliser un
spermogramme avec une cryopréserva-
tion systématique de sperme (paillettes).
Nous pensons qu’il est facile d’obtenir
et de conserver du sperme à cet âge, une
précaution que nous adoptons souvent
désormais.
Un traitement, moins contraignant,
par testostérone : énanthate de testos-
térone 1 ampoule de 250 mg toutes
les 3 semaines, est ensuite prescrit.
Néanmoins, certains adolescents préfè-
rent conserver le traitement par gonado-
trophines au long cours pour maintenir
le volume testiculaire.
Le traitement sous-cutané continu
par GnRH à la pompe est plus coûteux
et n’aurait pas d’effet supérieur sur le
volume testiculaire et la fertilité chez
l’homme adulte [1].
Le principal inconvénient du trai-
tement par gonadotrophines est le
nombre d’injections (4 par semaine)
qui peut représenter un obstacle pour
certains patients puisque si on l’addi-
tionne avec le traitement par hormone
de croissance, on arrive à 10 injections
par semaine.
Si le patient refuse le traitement par
gonadotrophines, ou si son observance
est mauvaise, notre préférence (comme
pour d’autres auteurs [2]) va au traite-
ment par testostérone retard injectable
énanthate de testostérone par voie intra-
musculaire toutes les 3 semaines. La
dose initiale pour induire la puberté est
environ 60 mg (1/4 d’ampoule mensuel)
pendant 3 à 6 mois, puis 125 mg
(1/2 ampoule) les 6 à 12 mois suivants
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