on doit insister sur le mieux

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Débat
e t c o m m e n ta i r e
Programmes de formation dentaire :
on doit insister sur le mieux-être du patient
David Precious, CM, DDS, MSc, FRCD(C), FRCS; Reginald Goodday, DDS, MSc, FRCD(C);
Archie Morrison, DDS, MSc, FRCD(C); Ben Davis, DDS, FRCD(C);
Chad Robertson, DDS, MSc, MD, FRCD(C)
Auteur-ressource
Dr Precious
Courriel :
[email protected]
Citez cet article comme suit : J Can Dent Assoc 2010;76:a29_f
E
n notre qualité d’enseignants dentaires,
nous nous inquiétons du fait que l’enseignement des services de santé buccodentaire
essentiels est en train de perdre son importance
relative dans les programmes de formation dentaire de 1er cycle au Canada. À notre point de
vue, quand nous parlons des soins de santé buccodentaire essentiels, nous pensons aux services
de santé essentiels comme le traitement des
fentes labiales et palatines, de l’apnée obstructive
du sommeil, de l’ankylose de l’articulation temporomandibulaire, du carcinome spinocellulaire
de la lèvre et de lésions traumatiques sérieuses.
Si les étudiants en médecine dentaire peuvent
apprendre à faire partie d’une équipe qui offre
des services de santé essentiels semblables, nous
sommes d’avis qu’à titre de professionnels, ils
feront preuve d’une compréhension et d’une
compassion plus profondes à l’égard du patient.
Une méthode d’évaluation mal conçue…
Tout débat sur la proéminence amoindrie
des services de santé buccodentaire essentiels
dans nos facultés de médecine dentaire doit également porter sur les méthodes d’enseignement
et d’évaluation qui semblent s’y être implantées.
Nous soutenons que l’utilisation accrue des évaluations quantitatives des enseignants, ainsi que
l’importance moindre accordée au mieux-être
du patient, exigent plus d’attention.
Le premier point à examiner est l’utiilsation
répandue des méthodes d’évaluation quantitative et leurs résutlats inattendus. Il est devenu
fréquent pour les facultés de médecine dentaire
et leurs administrateurs de prendre des décisions visant le personnel et les programmes en
s’appuyant sur des données recueillies méthodiquement. Ces données sont souvent obtenues
à l’aide d’évaluations de l’enseignement par les
étudiants, d’évaluations par des pairs et par des
auto-évaluations faites par les enseignants.
Ces 3 méthodes d’évaluation sont populaires
parce que les données écrites touchant l’évaluation de l’enseignement sont souvent nécessaires pour justifier les promotions ou pour se
conformer à des raisons de procédures juridiques
et universitaires. Or, nous sommes d’avis que ces
méthodes d’évaluation conventionnelles sont
fondamentalement mal conçues parce qu’elles
tentent d’appliquer les méthodes de la science à
l’étude de phénomènes sociaux.
Les buts de ces méthodes d’évaluation visent
plus à mesurer les performances et à attester les
compétences qu’à améliorer l’enseignement. Le
défaut le plus grave de ces évaluations est d’avoir
peu de rapport avec le mieux-être du patient. Les
données touchant la performance pédagogique
entraînent rarement par la suite des recommandations et des améliorations soit dans les
soins des patients, soit dans les soins de santé
buccodentaire essentiels. Par dessus tout, les
enseignants, les étudiants et les administrateurs
entreprennent des exercices d’évaluation qui ne
tentent pas d’évaluer directement si l’état du
patient s’est amélioré considérablement.
JADC • www.jcda.ca • 2010 • Vol. 76, N o 2 •
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––– Precious –––
…donne lieu à une méthode d’enseignement mal
conçue
Dans les facultés de médecine dentaire, la norme veut
que les enseignants donnent aux étudiants des objectifs
clairs, du matériel de cours, des références adéquates et des
démonstrations pratiques sur un sujet particulier. Ensuite,
nous leur assignons des tâches ou des pseudoproblèmes
et nous leur demandons de se servir des compétences que
nous leur avons déjà apprises pour «résoudre» ces scénarios
simulés. Les tâches deviennent des problèmes seulement
quand les étudiants n’ont pas les compétences pour s’en
charger. Autrement, une tâche donnée devient simplement
un exercice ou une répétition pour utiliser les compétences
déjà acquises.
Ce que nous donnons peu souvent à l’étudiant, c’est
l’occasion de formuler des problèmes, un exercice d’une
importance intellectuelle considérablement plus grande que
la solution d’un problème. En le privant de cette opportunité
éducative précieuse, nous séparons à tort la conception de
l’exécution, et ce faisant, mettons l’accent sur la formation
professionnelle plutôt que sur l’éducation professionnelle.
En mettant l’accent sur une telle approche, la pertinence des
besoins du patient est perdue, et notre objectif à long terme
visant à encourager les dentistes à être des professionnels
de la santé créatifs, innovateurs et soucieux du bien-être
d’autrui est compromis.
Comment pouvons-nous corriger ces défauts manifestes?
Le clinicien-enseignant doit avoir une passion authentique
pour sa discipline. De même, les enseignants en médecine
dentaire doivent afficher un comportement qui prouve aux
étudiants que le patient passe vraiment en premier, ce qui
exige de leur part qu’ils soient nécessairement éclectiques.
Cependant, il y a peu de partisans (ou de mesures précises) de l’éclectisme en éducation dentaire aujourd’hui.
La confiance mise dans les évaluations actuelles des enseignants a entraîné l’uniformité, la prévisibilité, la précision et
le contrôle. Nous devrions toujours nous souvenir que l’enseignement est, en grande partie, un art qu’une évaluation
quantitative ne saisit pas toujours.
Par ailleurs, nos éducateurs doivent célébrer le raisonnement chez nos étudiants, et la meilleure façon pour ce
faire est d’afficher un comportement que ceux-ci peuvent
imiter. Pour le clinicien-enseignant, cela signifie faire des
explorations cliniques qui visent à améliorer l’état du patient en vérifiant ou en rejetant l’à-propos d’un traitement.
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L’enseignant doit alors tenter de rédiger, pour une publication revue par des pairs, un article sur ces explorations. Les
étudiants en médecine dentaire sont extrêmement réceptifs
à ce genre d’enseignement par l’exemple.
Le principe directeur de l’enseignement dentaire actuel,
lequel est dicté par la formulation d’énoncés touchant les
buts éducationnels, les objectifs des cours et les méthodes
d’évaluation de l’enseignement, doit également démontrer
aux étudiants que les administrateurs et les enseignants se
préoccupent avant tout du mieux-être du patient. Si nous
échouons sur ce point, nous risquons réellement d’accorder
des diplômes à de nouveaux dentistes qui auront été éduqués
sans avoir été convaincus que le patient passe vraiment en
premier. a
LES AUTEURS
Le Dr Precious est doyen émérite de la Faculté de médecine
dentaire et professeur au Département des sciences buccales et maxillofaciales, Division de chirurgie à l’Université
Dalhousie, à Halifax (Nouvelle-Écosse).
Le Dr Goodday est professeur agrégé et directeur du
Département des sciences buccales et maxillofaciales,
Division de chirurgie à l’Université Dalhousie, à Halifax
(Nouvelle-Écosse).
Le Dr Morrison est professeur agrégé au Département des
sciences buccales et maxillofaciales, Division de chirurgie à
l’Université Dalhousie, à Halifax (Nouvelle-Écosse).
Le Dr Davis est professeur agrégé au Département des sciences
buccales et maxillofaciales et chef de la Division de chirurgie
à l’Université Dalhousie, à Halifax (Nouvelle-Écosse).
Le Dr Robertson est professeur adjoint au Département des
sciences buccales et maxillofaciales, Division de chirurgie à
l’Université Dalhousie, à Halifax (Nouvelle-Écosse).
Écrire au : Dr David Precious CM, 5981, av. University, Université
Dalhousie, Halifax, (N.-É.) C3H 1W2.
Les opinions exprimées sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues et politiques officielles de l’Association dentaire canadienne.
Cet article a été révisé par des pairs.
JADC • www.jcda.ca • 2010 • Vol. 76, N o 2 •
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