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Vol. 23 No. 3 2012 Courrier des lecteurs
tive, une constatation suspecte au niveau
des yeux ou un examen pathologique ou
douteux lors des examens préventifs devrait
bénéficier d’un examen ophtalmologique et
orthoptique. En présence de petits enfants,
en particulier lorsqu’ils s’avèrent difficiles à
examiner, nous aussi sommes contraints à
réunir, comme les pièces d’un mosaïque, les
résultats obtenus par plusieurs méthodes
d’examen, et nous ne pouvons pas non plus
renoncer à l’examen en cycloplégie lorsque
la suspicion d’une réfraction amblyogène
est fondée. Mais ensuite les enfants concer-
nés, leurs parents et le pédiatre référant
disposent d’un résultat fiable qui permet un
traitement adéquat. S’il existe effective-
ment des problèmes de disponibilité,
comme le pense l’auteur, ils se laissent –
comme dans notre région – toujours ré-
soudre à satisfaction par la collaboration
personnelle entre pédiatre et ophtalmolo-
gue. Je m’emploierai volontiers auprès de
notre société médicale, la SSO, pour qu’elle
contribue à ce que tout enfant, chez qui le
pédiatre suspecte un trouble ophtalmolo-
gique lors de l’examen préventif, soit rapi-
dement pris en charge et bénéficie d’un
examen ophtalmologique qualifié et adapté
à son âge.
Correspondance
Dr Hartmut Kuck
Ophtalmologue FMH
Auerstrasse 2
9435 Heerbrugg (SG)
En tant qu’ophtalmologue j’ai lu avec intérêt
l’article méritoire de Thomas Baumann
concernant le dépistage de l’amblyopie et je
l’approuve. En effet le dépistage précoce de
l’amblyopie représente à chaque fois un
challenge pour l’examinateur, en patience,
en connaissance des méthodes et en rou-
tine dans l’application des techniques d’exa-
men. Cela est valable tout particulièrement
pour les formes fréquentes d’amblyopie
«silencieuse», comme l’amblyopie en cas de
troubles majeurs de la réfraction, d’aniso-
métropie et de microstrabisme, dont même
les parents attentifs ne s’aperçoivent pas et
qui sont facilement manqués lors des exa-
mens préventifs. Les tests de Hirschberg,
de Brückner, le cover-test et même le test
de Lang exigent beaucoup de routine pour
obtenir des résultats probants et souvent
leur résultat n’est pas formel, comme par
ailleurs l’examen de l’acuité visuelle du petit
enfant. En outre tous ces tests ne livrent pas
d’indications concernant les troubles de la
réfraction (en particulier hypermétropie et
astigmatisme majeurs ainsi qu’anisométro-
pie). Il est dès lors compréhensible que
l’auteur cherche une issue dans la mesure
computérisée de la réfraction, afin de déce-
ler de façon fiable les causes d’amblyopie
les plus fréquentes et citées plus haut. Il
nomme explicitement l’appareil Plusoptix S
09 de la firme Plusoptix GmbH à Nurem-
berg. Il s’agit malheureusement d’une
conclusion erronée qui ne résiste pas à une
analyse approfondie.
Lorsque nous avons acheté l’appareil Plu-
soptix, nous espérions aussi obtenir, par un
examen rapide et à distance (1 m) de la vi-
sion binoculaire, des indications concernant
la réfraction dès l’âge d’un an et exclure
ainsi les amétropies et anisométropies ma-
jeures, sans avoir recours à la cycloplégie,
fastidieuse pour l’enfant et les parents.
Dans notre consultation d’ophtalmologie
nous avons examiné avec cet appareil, en
collaboration avec nos trois orthoptistes, un
grand nombre de patients, dont de nom-
breux enfants et – contrairement à Thomas
Baumann – effectué dans presque tous les
cas une mesure classique de la réfraction
en cycloplégie par skiascopie manuelle ou,
si possible, réfractométrie automatique, afin
de valider les valeurs de la mesure binocu-
laire sans mydriase. En comparant les
mesures par Plusoptix avec celles par ré-
fraction en cycloplégie nous avons malheu-
reusement constaté que la gravité d’une
hypermétropie et d’une anisométropie ne
peut être déterminée et, s’il est bien pos-
sible de détecter les astigmatismes, ce n’est
pas le cas pour leur intensité. L’information
concernant les troubles de la réfraction
majeurs (hypermétropies, astigmatismes et
anisométropies importants) sont donc très
vagues. Le fabricant du Plusoptix en tient
compte en informant l’utilisateur qu’il n’est
intensité pas possible d’évaluer l’intensité
d’un trouble de la réfraction par un examen
en myosis. Il met à disposition un dispositif
avec + 3 dpt, qu’on tient entre l’appareil et
l’enfant, afin de détecter les hypermétropies
de > 3 dpt, mais dont l’utilisation n’est pos-
sible que sous certaines conditions. L’exa-
men en cycloplégie n’est pas possible avec
cet appareil.
Conclusion: avec la réfractométrie binocu-
laire en myosis les causes les plus fréquentes
d’une amblyopie, à savoir les hypermétropies
majeures avec ou sans astigmatisme et les
anisométropies, ne se laissent pas non plus
détecter de façon fiable et différencier des
troubles de la réfraction ne nécessitant pas
de correction. Le pédiatre se verra contraint
d’adresser de nombreux enfants pour un
examen ophtalmologique ou alors il se ber-
cera dans une sécurité trompeuse. L’utilisa-
tion de l’appareil mentionné par l’auteur
n’apporte, d’après nos expériences, pas
d’amélioration ou de simplification au dépis-
tage de l’amblyopie.
Du point de vue de l’ophtalmologue il faut
donc maintenir la recommandation que tout
enfant avec une anamnèse familiale posi-
Courrier du lecteur, Paediatrica 2012; 23 (2): 29–31
Dépistage précoce de l’amblyopie
dans le cabinet pédiatrique
Hartmut Kuck, Heerbrugg
Traduction: Rudolf Schlaepfer, La Chaux-de-Fonds