Le chroni coeur Dans ce numéro BULLETIN OFFICIEL DE LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE D’INSUFFISANCE CARDIAQUE Vol. 9 no 3 Mot de votre Président Mot du président Dr Serge Lepage p. 1 Mot de la rédactrice en chef Dre Anique Ducharme p. 2 L’exercice chez le patient IC M. Thierry Gaudet-Savard p. 3 Le VO2 Max pour les nuls M. Éric Nadreau p. 4 La nutrition et IC Mme Joanne Larocque p. 4 Soins palliatifs et IC Dre Caroline Michel, Mme Mmes A. Brisebois & MF Ouimette p. 5 Aspect éthique du cœur mécanique Mmes V. Harris & É. Petit p. 6 Vision C+ - Bien plus qu’un dossier médical informatisé Dre Anique Ducharme Mmes C. Drouin & V. Lemieux p. 6 IC et controverse M. J. Bournival & S. Gilbert p. 7 FA et IC Dr Serge Lepage p. 8 Médication et traitements en IC Mme Audrey Vachon Dre Marie-Claude Parent p. 9 Investigation et traitement de l’HTTP Dr Jaume Pons Llimares p. 9 Si la greffe m’était contée Dre Nadia Giannetti p. 10 CONCOURS DES RÉSIDENTS p. 11 Myocardite fulminante Dr Mario Sénéchal p. 14 Il me fait plaisir de vous présenter les comptes rendus du dernier congrès de la Société québécoise d’insuffisance cardiaque (SQIC) sous le titre de « L’insuffisance cardiaque rebelle – Défi diagnostique et thérapeutique ». Les conférences se sont déroulées sur deux jours avec des présentations dont vous pourrez juger de la grande qualité en lisant les résumés que vous trouverez dans la présente édition de notre ChroniCoeur. Plus de 200 participants (infirmières, pharmaciens, nutritionnistes, kinésiologues, médecins, etc.) se sont côtoyés pendant les deux jours du congrès. Les présentations ont été de grande qualité et permettaient l’intervention entre les conférenciers et les participants. Nous avons renoué cette année avec la présentation d’une conférence le vendredi soir ce qui a permis de réunir tous les intervenants autour de la période du souper avec une présentation que j’ai eu le plaisir de donner sur la fibrillation auriculaire et dont vous trouverez le résumé dans ce numéro. Je vous rappelle que dès l’année prochaine le congrès se verra transformer sur une période d’une journée. De l’information complémentaire vous sera donnée dans les prochaines semaines. Bonne lecture et au plaisir de vous voir l’an prochain! SESSION DÉDIÉE - INFIRMIÈRES Diagnostics différentiels et traitement de l’IC Dr Serge Lepage p. 15 SESSION DÉDILE - MÉDECINS Optimisation du BIV et VAD sous échocardiographie Dre Anique Ducharme (VAD) Dre Dominique Auger (BIV) Serge Lepage, MD Président de la SQIC [email protected] p. 16 1 Un mot de la rédaction Par Anique Ducharme, MD, MSc. Bienvenue à cette édition du ChroniCœur. Alors que l’hiver est à nos portes et que nos journées raccourcissent, j’espère que cette édition vous permettra de vous rappelez d’excellents souvenirs du récent congrès, qui s’est tenu au Bonne Entente de Québec, les 20 et 21 septembre derniers. Ce numéro est différent puisqu’entièrement consacré à notre récente réunion scientifique; vous y trouverez donc les résumés des différentes présentations s’étant tenues tout au long de ces deux mémorables journées. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’y assister, vous y trouverez un aperçu des discussions et de la grande variété des sujets abordés. Il ne vous restera plus qu’à mettre notre prochain rendez -vous à votre agenda, soit le 26 septembre 2014, à Estrimont Suites & SPA, Orford (Magog). En terminant, je vous invite personnellement à visiter en grand nombre notre site internet www.sqic.org. Ce site se veut un outil tant d’informations cliniques utiles que de référence. Ainsi, vous y trouverez les nouveaux algorithmes de traitement pharmacologique, basés sur les dernières recommandations de la Société canadienne de cardiologie (CCS 2012). Vous y trouverez également les éditions antérieures de votre feuillet préféré - le “ChroniCoeur” en version pdf, la date des prochains évènements et des liens utiles. Ici encore, vos commentaires seront grandement appréciés. J’aimerais terminer en vous rappelant que nous sommes constamment à la recherche de journalistes passionnés comme vous. Bonne lecture! Anique Ducharme, MD MSc Cardiologue Institut de cardiologie de Montréal [email protected] Pichets — Pichets — Pichets Veuillez Nous avons actuellement, en inventaire, que quelques prendre note que malheureusement l’inventaire des pichets est épuisé donc cet outil de travail, caisses du livre en version anglaise. Nous procédons à la qui vous était remis tout à fait gratuitement, n’est mise-à-jour de la version anglophone devrait être disponible en début de 2014. Nous vous tiendrons au courant de dorénavant plus disponible. la disponibilité de cette nouvelle version. Le livre « Mieux vivre avec l’insuffisance cardiaque » en français est, quant à lui, toujours disponible et toujours distribué gratuitement aux cliniques d’insuffisance cardiaque. Mme Yolande Bourassa-Auger Coordonnatrice de la SQIC [email protected] 2 L’exercice chez le patient insuffisant cardiaque — Pour qui ? Comment ? Prescription du kinésiologue. Il semble contre-intuitif de conseiller l'exercice à une personne dont les premiers symptômes se manifestent lors de l'effort. Il existe pourtant un rationnel qui stimule les grandes organisations médicales à conseiller la prescription d'exercice aux patients atteints d'insuffisance cardiaque. La présentation tentera de démontrer la pertinence d'utiliser des exercices sécuritaires et adaptés à cette clientèle afin de limiter le déconditionnement musculaire qui conduit à une réponse délétère. La thèse musculaire, suggère qu’une baisse de débit périphérique conduit à une hypersensibilité des récepteurs nerveux musculaires qui provoquent une stimulation excessive du système sympathique et une augmentation disproportionnée de la ventilation. Cette activation entraîne des conséquences systémiques qui participent à augmenter l’effort du cœur et réduire la tolérance à l’effort. L’entraînement aurait des avantages importants afin de briser cette spirale du déconditionnement. Les plus récentes études randomisées suggèrent des baisses de mortalité et d’hospitalisations importantes lorsqu’une quantité appréciable d’exercices est réalisée par une clientèle insuffisante cardiaque. Certaines études proposent de nouvelles modalités d’entraînement qui démontrent des avantages par rapports aux méthodes plus traditionnelles. L’entraînement à haute intensité pour de très courte période est l’un des types d’exercice qui a démontré une augmentation de la capacité chez les personnes atteintes. Le seuil ventilatoire et l’un des paramètres qui est intéressant à observer lorsque les données d’épreuve maximales sont disponibles. L’entraînement peut être prescrit de façon plus précise lorsque les résultats de l’épreuve d’effort sont utilisés. De plus, certaines clientèles dont les porteurs de cœur mécanique et les porteurs de cardiodéfibrillateurs doivent respecter des consignes propres à leur condition à l’entraînement. Finalement, les exercices faits de façon régulière ont démontré une augmentation de la qualité de vie non négligeable. Il est donc important de croire aux bénéfices de l’exercice afin de mieux rassurer les patients à adopter ce comportement qui est parfois difficile à réaliser. M. Thierry Gaudet-Savard, Kinésiologue IUCPQ—Hôpital Laval [email protected] Babillard 10e symposium de la SQIC s’est tenu au Bonne Entente de Québec les 20 et 21 septembre 2013 et a connu un franc succès. Cette année le souperconférence était de retour. De plus, deux nouvelles activités ont été organisées : le jogging matinal du samedi matin ainsi que le rallye des exposants. Le Merci aux modérateurs des sessions du vendredi et du samedi : Dr Richard Sheppard, Dr Serge Lepage, Dre Dominique Auger et Mme Audrey Vachon. Merci aux membres du jury qui ont eu la lourde tâche de déterminer la présentation gagnante lors du concours des résidents. Merci à Dre Anique Ducharme, Dr Guy Boucher et Dre Dominique Auger. Félicitations à Dr Mounir Riahi, résident à l’Université de Montréal qui a remporté le concours des résidents. Suite au rallye des exposants, félicitations à Mme Johanne Vézina, infirmière à l’Institut de cardiologie de Montréal qui s’est vu remettre le prix de présence soit un mini iPad. Nous sommes à la recherche de journalistes pour le Bulletin de la SQIC le ChroniCoeur. N’hésitez pas à nous faire parvenir vos articles (retour de congrès, actualisation d’un atelier de formation, témoignage de patients, etc.) à l’adresse suivante : [email protected] 3 Le VO2 max pour les nuls—Que faut-il savoir ? Le VO2max est un test clinique utilisé dans le but d’objectiver la capacité fonctionnelle d’un patient et de mieux déterminer le pronostic de survie. Ce test est administré à l’aide d’un ensemble d’équipements sophistiqués permettant de mesurer simultanément les performances cardiaques, pulmonaires et musculaires du patient. Grâce à l’ensemble des données recueillies, il est possible en suivant des algorithmes, en interprétant la progression des variables à travers l’épreuve et en se basant sur des valeurs de références, de mieux déterminer les limitations physiologiques du patient. Le VO2max fournit de nombreux éléments qui aident le clinicien à mieux comprendre ce qui se passe chez son patient lors d’un effort. C’est un test qui permet d’isoler les différents systèmes et expliciter leurs limitations sur la capacité physique du patient. M. Éric Nadreau, Kinésiologue IUCPQ—Hôpital Laval [email protected] La nutrition et l’insuffisance cardiaque—H2O delà du NaCl Le traitement nutritionnel en IC ne se limite pas qu’à la restriction des liquides et du sodium. À la base, il y a lieu de voir si le patient a les capacités de préparer ses repas et de faire son épicerie. Des alternatives peuvent lui être proposées tels qu’un service traiteur. L’alimentation équilibrée permettra : de maintenir le bon état des muscles et organes en évitant la perte de masse maigre d’assurer des apports énergétiques et protéiques répondants aux besoins accrus du patient de prévenir ou traiter les carences en nutriments et les débalancements électrolytiques Une des complexités du traitement nutritionnel est la présence de nombreuses co-morbidités tels que le diabète, l’insuffisance rénale (syndrome cardiorénal), l’anémie, l’hypertension, la dyslipidémie, etc. Elle sera adaptée selon les facteurs de risques et De plus, le vieillissement de la population, la polymé- les pathologies présentes. dication et ses effets secondaires, la dysphagie, la constipation, l’hyperkaliémie sont également des Une approche globale sera priorisée afin de facteurs à considérer. faciliter et simplifier l’adhérence au traitement. Les patients insuffisants cardiaques présentent souvent de l’anorexie, une perte de poids involontaire, une satiété précoce, de l’inconfort post-prandial qui peuvent les conduire à une dénutrition et à une perte de masse maigre (cachexie). Leurs besoins nutritionnels sont accrus et difficiles à combler étant donné la malabsorption et la baisse de l’appétit. Joanne Larocque, diététiste Institut de cardiologie de Montréal [email protected] 4 Soins palliatifs et insuffisant cardiaque—Comment aider à soulager ? La maladie cardiovasculaire (MCV) représente la principale cause de décès au Canada devançant tous les cancers réunis. De façon plus spécifique, la clientèle atteinte d’insuffisance cardiaque (IC) avancée est âgée et affectée par de multiples comorbidités, ce qui favorise les hospitalisations répétées pour des épisodes de décompensation. Les principaux symptômes associés à l’IC avancée, sont très similaires à ceux retrouvés en oncologie. Les plus communs sont la dyspnée, la douleur, la fatigue, la dépression et l’œdème. Malgré un fardeau de symptômes comparable, voire même supérieur, il apparaît qu’environ 90% des patients qui bénéficient d’un programme de soins de fin de vie sont atteints de cancer (Agence de santé publique du Canada, 2010). Certains obstacles peuvent expliquer, du moins en partie, cet état de fait. L’incertitude pronostique liée à la trajectoire en dents de scie, l’absence de symptômes spécifiques à la fin de vie et d’outil pronostic validé auprès de cette clientèle, sont tous des éléments pouvant expliquer la difficulté à reconnaître le moment où il faut aborder la question de fin de vie et le niveau de soins. Pourtant, les Sociétés canadiennes de cardiologie et de soins palliatifs recommandent une introduction précoce des SP et ce, parallèlement à d’autres traitements pour prolonger la vie. En fait, la décision d’impliquer les SP devrait se baser sur les besoins et les symptômes des patients, plutôt que sur une estimation pronostique. Sinon, les patients et leur famille risque d’en être privés. D’ailleurs, des études ont évalué l’efficacité d’un suivi conjoint en SP et en clinique d’IC ambulatoire (CLIC) et ont démontré une amélioration significative des symptômes d’inconfort, de la dépression et de la qualité de vie, diminuant ainsi les hospitalisations répétées. Dre Caroline Michel, cardiologue Hôpital Général Juif, Université McGill [email protected] Mme Anie Brisebois, inf., M. Sc. Conseillère cadre Institut de Cardiologie de Montréal (ICM) Université de Montréal (UDM) [email protected] Mme Marie-France Ouimette, inf., M. Sc. Conseillère cadre Institut de cardiologie de Montréal (ICM) Université de Montréal (UDM) [email protected] Mme Sonia Heppell, inf., M. Sc., IPSC Institut de cardiologie de Montréal (ICM) Université de Montréal (UDM) [email protected] Comité exécutif—2013-2014 a/s Dr Serge Lepage 688, rue Prospect, Bureau 211 Sherbrooke, Qc J1H 1A8 Tél. : 819-542-2750 Les textes et illustrations ne peuvent être reproduits sans l’autorisation écrite de l’éditrice de la SQIC. Les opinions exprimées dans le bulletin d’information SQIC ne reflète pas nécessairement celles de l’éditrice ou de la SQIC. De plus, les produits et services dont il est fait mention dans le bulletin d’information ne sont ni approuvés, ni recommandés par la SQIC, sauf quand il en est fait mention formellement. Dr Serge Lepage, Président Dr François Tournoux, 1er Vice-Président Mme Nathalie Nadon, 2e Vice-Présidente Dr Marc Frenette, Secrétaire-Trésorier Par le biais de son réseau de professionnels, la SQIC assure le leadership par le dépistage et le traitement de l’insuffisance cardiaque. 5 Aspect éthique du cœur mécanique Au Québec, l’assistance ventriculaire (« cœur mécanique ») est nouvellement utilisée comme traitement à long terme pour les patients atteints d’insuffisance cardiaque avancée. Cette nouvelle alternative à la transplantation cardiaque répond à des besoins grandissants en raison de l’incidence croissante de l’insuffisance cardiaque due, entre autres, au vieillissement de la population et au faible nombre de donneurs d’organes. À travers ces s ituations complexes de soins, les cliniciens, les patients et leurs familles sont confrontés à des décisions qui génèrent certains questionnements voire des malaises éthiques. Les objectifs de la conférence visent à : (1) sensibiliser l'auditoire aux enjeux éthiques rencontrés lors de soins à la clientèle insuffisante cardiaque pour qui un dispositif d'assistance ventriculaire (DAV) à long terme est envisagé; (2) aborder spécifiquement les dimensions éthiques liées à la Qualité de vie (QV) et à la Fin de vie (FVie) dans ce contexte de soins et proposer quelques recommandations à cet égard. Mme Virginie Harris Infirmière Département de greffe Institut de cardiologie de Montréal [email protected] Mme Élodie Petit Éthicienne Institut de cardiologie de Montréal [email protected] Vision C+ — Bien plus qu’un dossier médical informatisé Ce « workshop » interdisciplinaire avait comme objectif de sensibiliser les utilisateurs du logiciel Vision C+, utilisé dans la majorité des cliniques d’Insuffisance cardiaque du Québec, à l’importance d’une bonne saisie de données dans l’évaluation, le traitement et le pronostic de notre patient. Ainsi, en ce qui concerne l’étiologie, certaines pathologies sont maintenant traitable (ex. dans le sous-groupe des cardiopathies restrictives, l’amyloidose), d’autres ont un mauvais devenir et devraient être référées rapidement dans un centre avec expertise en insuffisance cardiaque avancée et transplantation (ex. myocardite à cellules géantes), etc. Il est donc important d’en connaître la cause dans la mesure du possible. membres inférieurs, jugulaires distendues, B3 et/ou râles pulmonaires) joue toujours un grand rôle à long terme sur le devenir de nos patients, en termes d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque et mortalité. Malheureusement ces champs sont incomplètement remplis. Il en de même pour l’analyse de l’Électrocardiogramme (ECG) où le rythme est saisi à peine plus que la moitié du temps et la largeur du QRS dans le tiers des cas. Considérant que ces données confèrent une valeur pronostique et peuvent (dans le cas du QRS) mener à des thérapies éprouvées (La TRC ou Thérapie de Resynchronisation Cardiaque), un effort doit être fait en ce sens. Également, plusieurs valeurs biologiques cruciales (Hémoglobine, sodium, créatinine, etc.) ou clinique (classe NYHA) ne se retrouvent pas inscrites de façon systématique. L’examen physique, encore en 2013 revêt une Des questions avaient trait à la disposition des importance cruciale au niveau de l’évaluation (sec, informations dans le logiciel (Où trouver quoi? surcharge volémique, bas débit, etc). De plus, une Comment se retrouver dans les types de pacemaker/ étude récente1 a démontré que même en externe, la défibrillateur, avec/sans défibrillateurs? L’imporprésence de congestion (exprimée par l’oedème des tance d’inscrire l’administration intraveineuse de Suite à la page 7 6 Vision C+ — Bien plus qu’un dossier médical informatisé (suite de la page 6) diurétiques, les hospitalisations récentes, etc.). Un situation afin de pouvoir améliorer les soins à nos effort de sensibiliser l’assistance au fait que toutes ces patients. informations représentent également un reflet de la lourdeur de la clientèle suivie dans leur clinique et à Anique Ducharme MD, MSc travers la province. Une évaluation de la qualité de Cardiologue l’acte clinique est impossible sans ces données Institut de cardiologie de Montréal [email protected] essentielles. Également et malheureusement on ne peut obtenir des statistiques (pour avoir des Carole Drouin Inf. ressources supplémentaires par exemple) qui si on les Coordonnatrice provinciale a remplies au préalable ! Il ne faut pas oublier que Secteur clinique Vision C+ toutes données informatiques suivent le principe du [email protected] GIGO (« Garbage In- Garbage Out »), ou : on ne peut obtenir des données de qualité que si on les a Valérie Lemieux, Inf. entrées au préalable de façon soucieuse (traduction CSSS Sud de Lanaudière libre). Alors, ensemble nous devons corriger cette [email protected] Insuffisance cardiaque et controverse—Avis de l’expert La place de l’anticoagulation et Primacor en externe L’utilisation des agents inotropes chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque de classe NYHA III-IV ne répondant plus au traitement habituel date du début des années 1980. Plusieurs études ont démontré des bénéfices sur la tolérance à l’effort, la qualité de vie et une amélioration de la fraction d’éjection du ventricule gauche. Ces études ont inclu un faible nombre de patients, des régimes posologiques utilisant de fortes doses et les bénéfices observés chez les patients avec cardiopathie nonischémique. Les études ultérieures ont par contre démontré une augmentation de la mortalité par cause arythmique et totale ainsi qu’une réduction non significative des ré-hospitalisations. En conclusion, les évidences scientifiques ne démontrent pas que les perfusions intermittentes d’inotropes améliorent les symtômes, réduisent les hospitalisations et peuvent même être délétères. Ces constats s’appliquent autant aux agents bêtaadrénergiques qu’aux inhibiteurs des phosphodiestérases. M. Jean Bournival Pharmacien CHAU – Hôtel-Dieu de Lévis [email protected] M. Sylvain Gilbert Pharmacien IUCPQ – Hôpital Laval [email protected] 7 Fibrillation auriculaire et insuffisance cardiaque J’ai eu le plaisir de discuter de l’interrelation entre la fibrillation auriculaire et l’insuffisance cardiaque lors du souper-conférence du 10e Symposium de la Société québécoise d’insuffisance cardiaque (SQIC). Lors de cette présentation nous avons réévalué l’impact de la fibrillation auriculaire sur la physiologie cardiaque, l’incidence et la prévalence de la FA, l’insuffisance cardiaque comme cause de fibrillation auriculaire et l’inverse soit la fibrillation auriculaire comme cause d’insuffisance cardiaque et également le rôle des anticoagulants dans la prise en charge des patients présentant cette infection. Ont été discutées les thérapies de prévention de la fibrillation auriculaire surtout la prise en charge de l’hypertension artérielle et le diabète, le rôle de l’anti coagulation, la place rétrospective du contrôle du rythme ainsi que du contrôle de la fréquence avec une emphase sur le contrôle de la fréquence et, bien entendu, le rôle toujours possible du contrôle du rythme chez les patients fortement symptomatiques. Nous avons également revu le rôle de la fibrillation auriculaire dans la survenue d’insuffisance cardiaque pour affecter les symptômes et la qualité de vie, bien entendu, pour ce qui est des accidents thromboemboliques non seulement centraux mais périphériques et également le rôle important de cette maladie sur l’espérance de vie. Finalement nous nous sommes également questionnés sur la possibilité que les traitements de l’insuffisance cardiaque actuels ne soient pas les bons. Nous avons également revu l’importance de la fibrillation auriculaire dans les réseaux de la SQIC. En effet, nous avons atteint les 20,000 patients (68% d’hommes et 28% de femmes) dans notre réseau. Plus de la moitié des patients ont plus de 70 ans. Si on regarde la sous-catégorie des patients de plus de 80 ans, 24% sont des hommes et 40% sont des femmes âgés de plus de 80 ans. La présence de fibrillation auriculaire dans notre population est de 39%, soit 30% de fibrillation auriculaire permanente et 10% de paroxystique. Ont été également présentées les données de méta analyse qui démontrait l’utilisation de bêtabloqueurs sur plus de 8,000 patients; 1,667 patients en fibrillation auriculaire, une répartition environ 50-50 sur les bêtabloqueurs. Cette étude ne démontrait pas d’effet significatif des bêtabloqueurs pour la réduction de la mortalité avec un âge ratio 0,86 intervalle de confiance de 0,66 – 1,13 avec valeur de p = 0,28. Ceci ne veut pas dire qu’il ne faut pas donner de bêtabloqueurs chez nos patients insuffisants cardiaques avec FA mais tout de même soulever un doute. Nous avons finalement revu le rôle des antiplaquettaires et des anticoagulants chez les patients en Le traitement anti-arythmique a également été rythme sinusal ainsi qu’en fibrillation auriculaire. De revu avec les effets limités des médicaments anti- façon intéressante, on note un bénéfice progressif du arythmiques à l’exception, peut-être, de l’amio- coumadin. darone qui présente une efficacité supérieure et bien entendu avec une toxicité supérieure aux autres médicaments. Nous avons également revu des Serge Lepage, MD données sur la dronedarone, en particulier les donCardiologue nées s’appliquant à l’insuffisance cardiaque et pour CHUS—Hôpital Fleurimont laquelle un signal négatif est apparu dans la litté[email protected] ture récente. Merci à nos membres partenaires pour leur don sans restriction à l’EMC 8 Médication et traitements en insuffisance cardiaque Faits saillants 2012-2013 Les études RED-HF, BLOCK-HF, et CARRESS-HF seront aussi passées en revue. Finalement, un bref vous présenter quelques études cliniques majeures en survol des nouvelles lignes directrices sera effectué. insuffisance cardiaque, parues en 2012-2013. Cette dernière année a été riche en publications mais certaines études ayant davantage attiré notre attention seront traitées de façon plus détaillée. Mme Audrey Vachon Pharmacienne Tout d’abord, nous mettrons l’emphase sur l’effet IUCPQ – Hôpital Laval de la restriction en sodium ainsi que de son emploi en [email protected] solution hypertonique dans le traitement de la décompensation aiguë de l’insuffisance cardiaque. Nous allons également présenter une sous-étude de Dre Marie-Claude Parent MADIT-CRT comparant l’effet du métoprolol et Cardiologue carvédilol. L’étude ASTRONAUT sera abordée et Hôpital Sacré-Cœur de Montréal nous résumerons l’effet du sildénafil chez les [email protected] sants cardiaques avec fraction d’éjection préservée. Fidèle à la tradition du symposium, nous allons Investigation et traitement de l’HTTP chez le patient insuffisant cardiaque Les cardiopathies gauches sont la première cause d’hypertension pulmonaire. L’hypertension pulmonaire veineuse peut s’accompagner d’une vasoconstriction et d’un remodelage des artérioles. Dans l’hypertension pulmonaire pré- et postcapillaire, l’augmentation des pressions pulmonaires n’est plus concordante avec la pression dans l’oreillette gauche : gradient transpulmonaire supérieur à 12 mmHg (normale : 5–7) ; résistances vasculaires pulmonaires supérieures à trois unités Wood (UW). La composante précapillaire de l’hypertension pulmonaire est fréquente dans l’insuffisance cardiaque systolique sévère (environ 60% des patients). La contribution de la composante précapillaire dans l’insuffisance cardiaque diastolique est mal connue mais peut être responsable d’hypertension pulmo-naire importante en particulier chez le sujet âgé. L’augmentation des résistances vasculaires pulmonaires est une cible théorique des vasodilatateurs pulmonaires dans l’insuffisance cardiaque. Jusqu’à présent les essais thérapeutiques ont été décevants et aucun de ces traitements n’est actuellement recommandé. En augmentant le débit cardiaque et en diminuant le barrage précapillaire, ils risquent d’augmenter la pression capillaire pulmonaire. Une hypertension pulmonaire avec des résistances vasculaires pulmonaires supérieures à 3,5 UW est observée chez 19 à 35 % des candidats à la transplantation. Des tests de réactivité avec des inotropes positifs, des vasodilatateurs systémiques et/ou pulmonaires sont réalisés chez ces patients pour évaluer la réversibilité de l’hypertension pulmonaire et le risque de défaillance cardiaque droite du greffon en postopératoire. Avec les vasodilatateurs pulmonaires spécifiques (sildenafil) et l’assistance circulatoire avant et après la transplantation, l’hypertension précapillaire sévère n’est plus une contre-indication absolue à la greffe. Dr Jaume Pons Llimares Cardiologue Hôpital Universitaire Son Espases Palma de Mallorca, Espagne [email protected] 9 Si la greffe m’était contée La première transplantation cardiaque a été faite par Christian Barnard, au Cap en Afrique du Sud en 1967. Ceci a été suivi par Norman Shumway aux États-Unis quelques mois plus tard. Les premiers greffés, à de rares exceptions près, ne survivaient pas plus de quelques semaines, essentiellement en raison du problème des rejets. Les années 1970 voient deux progrès importants : la préservation des cœurs des donneurs grâce au froid, permettant d'effectuer le prélèvement à distance du lieu de la transplantation et la biopsie endomyocardique permettant le diagnostic précoce du rejet . Les années 1980 voient apparaître les premières transplantations cœur-poumon ainsi que les premiers cœurs artificiels, posés le plus souvent en attente d'un cœur compatible. La cyclosporine, puissant immuno-suppresseur, apparaît durant la même époque, permettant d'améliorer significativement la durée de vie des transplantés. Le rejet aigu, plus fréquent dans les 6 premiers mois, est souvent asymptomatique. Il est diagnostiqué par la surveillance échographique (diminution de la contractilité segmentaire ou globale) et histologique systématiques. Les signes cliniques ou électriques, souvent tardifs, témoignent d’un rejet aigu gravissime. La biopsie endomyocardique permet d’affirmer le diagnostic et de classer le rejet selon sa gravité histologique. Une méthode additionnelle est la détection de certains gènes dans les cellules mononucléaires sanguines dont la présence ou l'absence est fortement corrélé avec la survenue d'un rejet . Les médicaments immuno-dépresseurs incluent les glucocorticoïdes, les médicaments agissant sur les immunophilineL'inhibiteur de la protéine mTOR et les inhibiteurs de l'inosine monophosphate deshydrogénase. Ils ont tous des effets secondaires importants. La qualité de vie post-greffe est excellente chez la plupart des patients. Depuis plus de 20 ans, le nombre de patient greffé La greffe cardiaque demeure le traitement de demeure stable du a un manque de donneur. Au premier choix et une bonne option pour les patients Québec, nous greffons environs 40 patients cardiaque avec une maladie du coeur sévere et par année.. irreversible. La transplantation cardiaque est proposée aux patients porteurs d'une insuffisance cardiaque grave et irréversible, pour laquelle l'espérance de vie est limitée. Un bilan médical et psychologique complet est effectué afin de savoir s'il existe d'autres maladies pouvant rendre difficile la surveillance ou la prescription de certains médicaments. Après discussion du dossier, le patient est alors « mis sur liste de transplantation ». Une fois greffé, la probabilité de survie atteint presque 88 % à un an avec une durée de vie excédant fréquemment une dizaine d'années. Nadia Giannetti Cardiologue Hôpital Royal Victoria [email protected] Les complications principales sont les mêmes que pour toutes transplantations : des complications infectieuses secondaires à la chirurgie mais également à l'immuno-dépression induite par le traitement; rejet du greffon par le système immunitaire du receveur, traité par une augmentation du traitement immuno-suppresseur ; le cancer et la maladie coronarienne précoce. 10 CONCOURS DES RÉSIDENTS Un cas de dysplasie arrythmogénique du ventricule droit (ARVD) une IRM cardiaque. Ces tests ont révélé que la patiente avait un diagnostique de dysplasie arythmoqui initialement s’est fait référé en 2004 au gène du ventricule droit. département d’électrophysiologie de l’Hôpital Général de Montréal en raison de palpitations. À Finalement, Madame M. s’est présentée aux cette époque, il n’y eue aucune évidence d’arythmie urgences de l’Hôpital Général de Montréal parce maligne et l’échographie cardiaque était normale. La qu’elle avait des palpitations. Pendant son séjour à patiente a été débutée sur du monocor 5 mg die l’hôpital, Madame M. a fait un épisode de qu’elle n’a pas bien toléré. Puis en avril 2006, la tachycardie ventriculaire soutenue qui a nécessité patiente a subi une étude électro physiologique de d’abord un traitement médical puis une ablation qui même qu’une ablation en raison de tachycardie s’est avérée réussie. La patiente a reçu son congé de ventriculaire (RVOT). En novembre 2006, elle a subi l’hôpital avec sotalol 80 mg bid. Elle s’est fortement une autre étude électro physiologique en raison d’une fait recommander de poser un défibrillateur, ce syncope, mais l’étude était normale. qu’elle a refusé. Elle continuera de se faire suivre par le service d’électrophysiologie de l’Hôpital Général En juillet 2011, la patiente s’est plainte d’avoir à de Montréal. nouveau des symptômes de palpitations accompagnés de nausées et vomissement. À cet effet, des Dre Chimène Zaïani, Résidente investigations supplémentaires ont été amorcées, Université McGill incluant un nouvel échocardiogramme, SAECG, puis [email protected] Il s’agit d’une patiente de 44 ans (madame M.) Amyloïdose Severe concentric LVH with moderate diastolic dysfunction, normal RV size with mild systolic of fibrils that are composed of low molecular weight dysfunction and no significant valvulopathy. subunits of a variety of serum proteins. Amyloid deposits can occur in a variety of organs, with A cardiac MRI confirmed the findings on involvement of the heart, kidney, liver, and autoEchocardiography and the diagnosis of cardiac nomic nervous system most often being responsible amyloidosis. for morbidity and mortality. Amyloidosis refers to the extracellular deposition She was treated by chemotherapy and her cardiac The frequency of cardiac involvement varies condition improved. Repeat imaging showed that the among types of amyloidosis. The prognosis of cardiac amyloidosis resolved. amyloid cardiomyopathy also varies among types of She is awaiting renal transplant. amyloidosis, with high mortality rates, particularly in light–chain amyloidosis. Our case is a 42 years old lady who was sent to the clinic for cardiac work up in the context of a potential kidney transplant. An echocardiography was performed which showed LVEF= 20-25% with diffuse speckling, Docteure Mandane Rasti, Résidente Université McGill [email protected] 11 Ce que les cardiologues doivent connaître sur la maladie de Behçet revue de littérature et la théorie concernant la maladie de Behçet et surtout les manifestations avec atteinte valvulaire aortique et mitrale seconcardiaques et valvulaires de cette entité rare. daire à une vasculite rare, soit la maladie de Behçet. La présentation se divise en deux parties soit le cas Docteur Simon-Pierre Veilleux, Résident clinique de la patiente, les images échographiques et Université Laval l’évolution clinique; la deuxième partie est dédiée à la [email protected] Le cas présenté est celui d’une patiente de 64 ans L’endocardite de Loeffler Le syndrome hyperéosinophilique idiopathique est une condition rare caractérisée par une surproduction soutenue d’éosinophiles en l’absence d’une cause évidente. Il est également accompagné de dommages au niveau d’organes cibles par infiltration éosinophilique. Le cœur est souvent atteint et est connu sous le nom d’endocardite de Loeffler. Cette dernière évolue normalement en 3 stades, soit le stade de nécrose myocardique aigue, le stade thrombotique et le stade fibrotique. Les valves auriculoventriculaires peuvent être atteintes et présenter une insuffisance sévère. Le remplacement de ces valves avec des prothèses mécaniques est associé à une incidence élevée de thrombose de prothèse malgré une anti coagulation appropriée, ce qui complique davantage la situation chez ces patients souvent jeune. Le contrôle de l’éosinophilie est souvent réalisé avec une thérapie classique composée de corticostéroïdes, d’hydroxyurée ou d’interféron. Par contre, ces derniers sont associés avec des effets néfastes à long terme. L’Imatinib, un inhibiteur de tyrosine kinase, est le traitement de choix chez les patients avec la mutation FIP1L1/PDGFRA. Quelques cas reportés ont eu une réponse favorable à ce médicament malgré l’absence de cette mutation. Nous présentons le cas d’un jeune patient avec endocardite de Loeffler, associée à une insuffisance tricuspidienne et mitrale sévère, ayant eu avec succès un remplacement bivalvulaire avec bioprothèses et un contrôle de l’éosinophilie avec Imatinib malgré l’absence de la mutation FIP1L1/PDGFRA. Dr Pierre-Louis Bernard, Résident Université Laval [email protected] Contrôle de la fréquence cardiaque de nos insuffisants cardiaques Où en sommes-nous ? La fréquence cardiaque est un élément S’opposer à ces mécanismes compensateurs, dont incontournable de régulation du débit cardiaque. l’augmentation de FC, est à la base du traitement des D’ailleurs, des variations pathologiques persistantes patients insuffisants cardiaques. de celle-ci retentissent sur le fonctionnement du cœur normal. De nombreuses études sont en faveur du ralentissement la pompe cardiaque défaillante. Qu’en est-il En cas de dysfonction cardiaque, l’augmentation exactement pour les patients suivis à la clinique de la FC fait partie des mécanismes compensateurs d’insuffisance cardiaque du CHUS ? qui visent à maintenir un débit de perfusion systémique adéquat. Le travail et les besoins en oxygène du cœur augmentent en conséquence. Il en résulte une autoaggravation de la défaillance cardiaque. Docteure Ouassila Hached, Résidente Université de Sherbrooke [email protected] 12 Un cœur enflammé... Un menuisier de 49 ans, connu pour de l’hypertension artérielle traitée, s’est présenté à l’hôpital de sa région avec un tableau clinique de défaillance cardiaque biventriculaire de novo progressant depuis 3 semaines. A l’histoire, le patient mentionnait avoir été en contact avec son petit-fils qui avait contracté l’Influenza. L’échographie cardiaque initiale révéla une dysfonction biventriculaire sévère avec hypokinésie diffuse et une fraction d’éjection du ventricule gauche estimée à 30%. Malgré la précarité du tableau clinique initial, le patient présenta une amélioration clinique dans les 48 heures suivant son admission, ayant permis un sevrage graduel du support mécanique, le retrait du pacemaker temporaire ainsi que l’introduction d’un traitement pharmacologique oral approprié pour l’insuffisance cardiaque. Deux semaines suivant son admission, le patient eut congé à domicile, avec une échographie cardiaque de Lorsque le patient fut transféré à l’Institut de contrôle démontrant une amélioration substantielle de sa cardiologie de Montréal, il était dans un état de bas débit fraction d’éjection, alors estimée à 48%, ainsi qu’une cardiaque, oliguro-anurique et en œdème pulmonaire, soit récupération complète de sa fonction ventriculaire droite. en insuffisance cardiaque de type « cold and wet ». Il était alerte, stable hémodynamiquement avec un bloc auriculoventriculaire complet. Les troponines HS ainsi que les NTProBNP étaient très élevés de même que les marqueurs d’inflammation. Un traitement médical à base d’inotropes, de vasodilatateurs et d’immunosuppresseur fut rapidement instauré. De plus, on procéda rapidement à l’implantation d’un ballon intra-aortique et d’un pacemaker temporaire. Une biopsie myocardique fut Figure 1: résonance magnétique cardiaque illustrant la présence réalisée et confirma le diagnostic de myocardite fulmid’un rehaussement tardif diffus mid-myocardique. nante lymphocytaire. Un oedème myocardique diffus avec rehaussement tardif hétérogène diffus mid-myocardique prédominant dans les territoires antérieur et inférieur fut Dre Marie-Jeanne Bertrand, Résidente diagnostiqué à la résonance magnétique cardiaque, avec Université de Montréal présence d’hypokinésie sévère diffuse et une fraction [email protected] d’éjection estimée à 29% (figure 1). Insuffisance cardiaque sévère nécessitant un support mécanique Le cas que je vous présente illustre très bien le rôle les deux dernières décennies, le traitement que peut jouer l’option d’un support mécanique dans la pharmacologique et la prise en charge de prise en charge de la défaillance cardiaque terminale. l’insuffisance cardiaque ont permis d’augmenter significativement la survie et la qualité de vie de nos paVous pourrez y constater la complexité entourant les tients. prises de décisions relatives à la sélection du patient, du type de support mécanique et du timing de Cependant, nous nous retrouvons encore souvent conl’implantation. frontés devant les limites du traitement dit non-invasif. Dans Je tiens finalement à remercier l’équipe de greffe carAlors que la transplantation cardiaque s’est diaque de l’Institut de Cardiologie qui se surpasse à tous établie comme l’alternative de choix pour offrir une survie les jours pour offrir des soins d’une qualité exceptionnelle. et une qualité de vie durables au patient en insuffisance cardiaque terminale. De nombreuses difficultés restent à surmonter, notamment: la rareté des Dr Mounir Riahi, Résident organes disponibles et les longs délais qui en Université de Montréal découlent. En effet, en 2013, trop de patients meurent [email protected] core en attendant une greffe cardiaque. 13 Myocardite fulminante—Quoi de neuf docteur ? Cette présentation avait comme objectif de discuter de la myocardite fulminante, de la myocardite avec cellules géantes et de la « myocardite » secondaire à la sarcoïdose. D’abord une définition. La myocardite correspond à une inflammation du muscle cardiaque pouvant résulter de multiples étiologies : infectieuse, toxique et maladie systémique. Échographiquement, la myocardite fulminante se caractérise par un ventricule gauche (VG) non dilaté et des parois épaissies secondairement à de l’œdème. La résonnance magnétique peut être utile dans le diagnostic de la myocardite. La présence de deux critères sur trois permet le diagnostic de myocardite avec exactitude dans un contexte aigue (≤ 14 jours après début de symptômes) dans 85% des cas et dans un contexte chronique (> 14 jours après le début de symptômes ) dans 74% des cas. Les critères à la résonnance sont : œdème (T2), hyperhémie (earlyT1), et la nécrose/fibrose (lateT1). La biopsie myocardique permet habituellement de confirmer le diagnostic (indication de biopsie de classe 1, niveau évidence B). Le PCR positif au niveau de la biopsie sera présent chez < 40% des patients (entérovirus > adénovirus > Epstein Barr étant les plus fréquents). Les études sur le traitement immunosuppresseur de la myocardite ont presque toujours exclu les patients avec tableau clinique de myocardite fulminante. Depuis 1998, plus de 45 cas de patients avec myocardite fulminante démontré par biopsie ont été traités de manière fructueuse à l’aide d’immunosuppresseurs (stéroïdes/ immunoglobuline/RATG) avec une récupération ad intégratum . Il n’existe toutefois aucune étude prospective ou de registre concernant le traitement de la myocardite fulminante. Un registre Québécois incluant des patients avec myocardite fulminante démontrée à la biopsie est sur le point d’être disponible. Il aura comme objectif de comparer le traitement de support sans immunosuppression au traitement de support en présence d’immunosuppression; la survie, la récupération de la FE et la nécessité d’assistance ventriculaire seront comparée. La myocardite à cellules géantes est souvent associée à la présence d’arythmie ventriculaire et à des blocs de haut degré. L’évolution est habituellement rapide. Classiquement, la biopsie cardiaque est indiquée en présence de trouble du rythme et d’un VG dilaté. Toutefois, environ 50% des patients se présentent avec une détérioration rapide de la fraction d’éjection (FE) (exemple : diminution de la FE de 45% à 15% en 5 jours) en absence d’arythmie ou de dilatation du VG. Chez ces patients, la biopsie cardiaque se doit être faite rapidement afin d’orienter le traitement (évolution greffe +/- immunosuppression). La sarcoïdose cardiaque se doit d’être suspectée si sarcoïdose systémique (le plus souvent pulmonaire) et altération de la FE. La sarcoïdose cardiaque isolée est possible. Comme la myocardite à cellules géantes son mode de présentation peut être catastrophique : mort subite comme présentation initiale, tachycardie ventriculaire, bloc haut degré. En absence de cardiopathie franche (ischémique, hypertrophique, valvulaire) et une FE normale et d’une présentation telle que décrite, une sarcoïdose cardiaque se doit d’être soupçonnée. La biopsie cardiaque est un outil imparfait; sa sensibilité serait inférieure à 20%. La résonnance magnétique cardiaque (présence nécrose/ fibrose) au niveau du VG > VD et d’un PET scan anormal (captation anormale au niveau VG/VD/ ganglions médiastinaux), permettent d’orienter les manœuvres diagnostiques (ex : biopsie ganglionaire trans-bronchique). En résumé, en présence d’une clinique suggestive d’une myocardite fulminante/myocardite à cellules géantes, une biopsie cardiaque se doit d’être envisagée. La sarcoïdose cardiaque est un défi diagnostique ; en absence de cardiopathie franche et de TV ou bloc de haut degré, le diagnostique de sarcoïdose cardiaque se doit d’être évoqué. Dr Mario Sénéchal Cardiologue IUCPQ—Hôpital Laval [email protected] 14 SESSION DÉDIÉE`— INFIRMIÈRES Diagnostics différentiels et traitement de l’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection préservée. Cette conférence était destinée aux infirmières et pharmaciens. Pour présenter une facette importante de notre syndrome, soit l’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection préservée, en faisant présentant la pathophysiologie de cette condition et l’importante augmentation de la prévalence surtout en compa-raison avec le vieillissement de la population pour faire réaliser les points suivants : 1. Il s’agit d’une condition prévalente avec + 50% des hospitalisations en relation avec ce genre de clientèle 2. Des facteurs de risques qui sont relativement similaires soient l’hypertension, le diabète et l’âge avancé et en partie le sexe féminin 3. L’importance de réaliser une échographie cardiaque à la recherche de cette condition 4. Réaliser le fait que nous sommes en présence essentiellement de trois clientèles : a. Fraction d’éjection abaissante (fraction d’éjection à 1,40%) b. Fraction d’éjection préservée > 50% c. Ainsi qu’une fourchette intermédiaire avec fraction d’éjection entre 41-54% bien de l’activation neuro-hormonale et de la pression diastolique élevée. Nous avons revu les conclusions en relation avec chacune de ces facettes de la maladie. Par ailleurs, les facteurs de risque intrinsèques de même que les possibilités diagnostiques ont été revus. Ceux-ci sont relativement limités pour l’instant mais pourront peut-être s’améliorer avec le temps. Nous avons revu les études de bêtabloqueurs, de l’inhibiteur de l’enzyme de conversion et de bloqueur de réception d’angiotensine qui ont été somme toute relativement décevantes bien que ces médicaments soient couramment utilisés chez nos patients insuffisants cardiaques décédés peut être bien plus en relation avec des pathologies co-existantes ou encore pour le contrôle des facteurs de risque et de condition concomitante. Finalement, la dernière diapositive portait sur l’étude TOPCAT, étude intéressante qui au moment de la publication de notre journal devrait être annoncée à l’American Heart Association de cette année. Espérons que cette étude se verra couronnée Chez les patients dans la fourchette interde succès. médiaire, la présence de cette condition chez nos patients est d’environ 8-10% et ces patients ont un En conclusion, nous avons revu les principes de comportement relativement similaire aux patients traitement soit le respect d’une diète pauvre en sel, avec fraction d’éjection abaissé sont souvent traités l’importance de revasculariser en cas d’ischémie, le de façon correspondante. Il est à noter que la définitraitement des troubles du rythme en particulier la tion d’insuffisance cardiaque avec fraction préservée fibrillation auriculaire, le traitement antiest de plus en plus encadrée, soit la présence d’un biothérapique des complications et le rôle de syndrome clinique, une fraction d’éjection préservée vaccination. ainsi que, si possible, des anomalies de la fonction diastolique, une dilatation auriculaire gauche, une hypertrophie ventriculaire gauche et/ou la présence d’une fibrillation auriculaire ou encore l’activation du BMP. Nous avons revu les critères échographiques. Ceux-ci sont de plus en plus précis dans le but d’évaluer la fonction diastolique. Nous avons revu également les différences de principes entre la détermination de la fonction diastolique et la détermination de la pression diastolique. En effet, le patient n’est pas symptomatique de sa fonction mais Dr Serge Lepage Cardiologue CHUS—Hôpital Fleurimont [email protected] 15 SESSION DÉDIÉE`— MÉDECINS Évaluation et optimisation d’un Dispositif d’Assistance Ventriculaire et (VAD) à l’aide de l’échocardiographie. DAV permettant la recherche des complications ne disposais que de 22 minutes pour réaliser associées. cette présentation. Je me suis donc concentrée sur l’évaluation échographique d’un patient porteur L’échocardiographie de base comprend d’une Pompe à flot axial continu; le seul DAV disponible au Québec est le Heartmate-2 de Thoratec Ventricule gauche (dimensions & fonction). La (http://www.thoratec.com/medical-professionals/vadsignification d’une amélioration de la FEVG et de la product-information/heartmate-ll-lvad.aspx). Voici une diminution des volumes ventriculaires chez un brève (!) description de ce qui a été présenté en vidéos, patient entièrement supporté par un DAV est en espérant que ceci puisse être un aide-mémoire utile. controversée. On pourrait parler de récupération potentielle de la fonction myocardique seulement si les dimensions et la fonction se sont norma-lisées. Il Paramètres d’un DAV à flot axial faut se rappeler qu’une récupération sous DAV Vitesse du rotor : Pump speed (RPM): Cette valeur est n’est pas garante d’une fonction normale une fois programmée (fixe), variant de 6000 -15000. l’appareil explanté. Puissance : Pump power (Watts) : Il s’agit d’une mesure directe du voltage et du courant appliqués Ventricule droit (fonction et mouvement du septum): Le DAV est habituellement un support par l’appareil pour maintenir la vitesse gauche; le VD n’est donc pas supporté par programmée. Elle varie avec les changements du l’appareil et reçoit un flot accru puisqu’il reçoit le flot. Une hausse graduelle suggère la formation débit provenant à la fois du VG (fonction d’un thrombus dans le rotor. résiduelle) et celui fournit par le DAV. Flot : Pump flow (l/min). Il s’agit d’une valeur L’évaluation de la fonction ventriculaire droite sous estimée à partir de la vitesse et de la puissance. DAV est donc essentielle, réalisée avec les paramètres usuels (FAS, RIMP, FAC et visuel). Une Index de Pulsatilité: Pulsatility index (PI). Cette attention particulière doit être portée sur la position valeur est calculée, à partir de la Puissance du septum IV: Si dévié à G: suggère surcharge VD nécessaire, en intégrant la mesure des différences de ou VG trop décomprimé; à D: suggère dysfonction pression (minimum & maximum) entre les canules d’entrée et de sortie de l’appareil pendant côté G- DAV. 15 secondes. Le PI augmentera si l’appareil ressent une hausse de la contractilité (fonction L’Évaluation Valvulaire résiduelle du VG) ou de la précharge ; de façon Valve Aortique : Importance de son inverse, il diminuera s’il y a une obstruction des Ouverture (Mode-M sur 3 battements: canules d’entrée ou de sortie. ouverture complète, partielle ou absence d’ouverture), l’apparition d’insuffisance (entrainant une baisse du débit efficace) et la présence de thrombus (pouvant entrainer des Ainsi, ce type de pompe est très sensible à la postembolies systémiques et coronariennes). On charge, de telle sorte qu’une hausse de celle-ci mène tente d’obtenir une certaine ouverture (cf automatiquement à une baisse du débit et vice-versa. RAMP test), la présence de pulsatilité (et de PI C’est la raison pour laquelle un contrôle de la tension élevé) semblant être associée à moins de artérielle est crucial ici. Elle est mesurée avec un saignement digestif. Doppler et visons une TA moyenne ≤ 80mmHg. Valve Mitrale: L’insuffisance mitrale diminue L’évaluation échographique d’un patient porteur habituellement avec le support; une d’un DAV à flot axial se fait de façon périodique, soit majoration de sa sévérité ( ≥ pré-DAV) avant l’implantation, en per-opératoire et lors du suggère une décompression insuffisante du VG. suivi post implantation. Elle nécessite une évaluation Valve Tricuspide: En général, avec la baisse des rigoureuse, de même qu’une bonne connaissance du pressions de remplissage gauche et Je 16 pulmonaire, l’insuffisance tricuspidienne tend à diminuer comparativement à avant l’implantation du DAV. On peut également mesurer les pressions pulmonaires. • Interrogation des canules 1 Echo « Ramped speed study » : Permet de déterminer la vitesse optimale (RPM à programmer) pour la décompression idéale du VG tout en permettant l’ouverture de la valve aortique. Ainsi, des mesures échos sont réalisées à différentes paliers de vitesse de l’appareil, à l’aide des perfusionistes. Les canules sont nommées en fonction de leur relation avec l’appareil; celle d’entrée « Inflow » est donc de l’apex VG vers le DAV, et celle de Et si mon patient n’est pas échogène? sortie « Outflow », du DAV à l’aorte ascendante. On les interroge à l’aide du Doppler pulsé, Plusieurs publications suggèrent que le CT-Scan cardiaque peut être utile dans le diagnostic de la cumulatif sur 3 cycles cardiaques (VTI). thrombose de pompe ou autres complications du DAV. la canule d’entrée - « outflow» : On recherche son orientation en relation avec l’apex VG Référence (l’angle idéal d’interrogation est souvent en api- (1) Topilsky Y, Oh JK, Atchison FW et al. Echocardiographic findings in stable outpatients with properly functioning cal 4-C, parfois en PSLA). – la canule de sortie - « outflow»: L’évaluation de cette canule est plus compliquée puisqu’on doit d’abord la localiser au niveau de l’anastomose à l’aorte ascendante, en la suivant sur tout son trajet du parasternal droit (bas) ad PSG haut, où une vue long axe supérieure montrera l’anastomose de la canule à la portion moyenne de l’aorte ascendante. HeartMate II left ventricular assist devices. J Am Soc Echocardiogr 2011 February;24(2):157-69. Dre Anique Ducharme Cardiologue Institut de cardiologie de Montréal [email protected] SESSION DÉDIÉE`— MÉDECINS Optimisation du BIV et VAD sous échocardiographie. Plusieurs études rétrospectives observationnelles ont démontré des bénéfices hémodynamiques et cliniques de l’optimisation des délais auriculoventriculaire (AV) et/ou ventriculo-ventriculaire (VV) chez les patients porteurs de thérapie de resynchronisation cardiaque (TRC). Par contre, il persiste certaines d’imprécision quant à la population qui pourrait le plus en bénéficier, le moment où l’on doit procéder, et la méthode à utiliser. stratégie visant à offrir l’optimisation à une population sélectionnée de non-répondeur à la TRC pourrait être préconisée. La réponse au TRC pourrait être évaluée après 6 mois d’entraînement biventriculaire efficace. L’optimisation par échocardiographie reste la plus utilisée. Une optimisation d’abord du délai AV par méthode itérative et puis du délai VV reste la plus utilisée. Référence Une récente méta-analyse regroupant les résultats 1. Auger D, Hoke U, Bax JJ, Boersma E, Delgado V. Effect of atrioventricular and ventriculoventricular delay de 11 études randomisée et non-randomisées sur optimization on clinical and echocardiographic outcomes of l’optimisation des délais AV, VV ou AV et VV a patients treated with cardiac resynchronization therapy: A démontré un effet global neutre sur le devenir meta-analysis. Am Heart J. 2013;166:20-29 clinique ou le remodelage cardiaque de plus de 4500 patients.1 Selon la littérature actuelle L’optimisation systématique des délais AV et VV en post implantation ne peut être recommendée. Une Dre Dominique Auger Cardiologue CHUM – Hôtel-Dieu [email protected] 17