Au-delà de ce constat, on peut relever au moins les tendances suivantes :
- l’urbanisation croissante, en particulier dans les pays en voie de développement, accroît les
distances entre lieux de production et de consommation ;
- le développement des classes moyennes dans certains pays va se traduire par une demande
d’alimentation plus diversifiée, comprenant des denrées très sensibles aux conditions de
température et d’humidité ;
- l’objectif de meilleure alimentation globale pour l’humanité va d’ailleurs dans le même sens,
puisqu’il ne s’agit pas seulement de ration calorique mais aussi de qualité nutritionnelle ;
- le développement de filières à forte intensité de main d’œuvre et à forte valeur ajoutée, telles que
les fruits et légumes, contribue à améliorer la situation de l’emploi en milieu rural ; il s’agit souvent
de produits périssables, nécessitant le recours à la chaîne du froid pour une bonne conservation.
Les besoins en chaîne du froid devraient donc augmenter, en valeur relative, plus vite que la
production alimentaire totale, par augmentation à la fois de la proportion des produits périssables
bénéficiant de la chaîne du froid, et de la part de ces produits dans l’alimentation.
Les maillons essentiels d’une chaîne du froid efficace sont l’entreposage frigorifique sur les lieux de
production et de distribution, le transport frigorifique, et les interfaces correspondantes.
L’entreposage frigorifique chez le consommateur final est aussi un élément important dans les pays
développés ; dans les pays en développement, il peut ne pas être essentiel, si les consommateurs
continuent de s’approvisionner auprès de points de vente de proximité en vue d’une consommation
immédiate.
L’entreposage frigorifique mérite une mention particulière dans la mesure où il permet d’allonger la
durée entre la récolte et la consommation des produits. Cela permet aux consommateurs d’avoir
accès à ces produits pendant une période plus longue et à des prix plus réguliers, et aux
producteurs d’avoir des stratégies de production à plus long terme.
Le transport frigorifique a aussi un effet qui dépasse la simple réduction des pertes. En permettant
d’augmenter la distance entre lieux de production et de consommation, il donne aux producteurs un
accès à des marchés plus vastes, ce qui peut également rendre économiquement viables des filières
de production qui ne le seraient pas autrement.
Pour les produits les plus fragiles, qui sont souvent des produits à forte valeur ajoutée à destination
des marchés domestiques ou a fortiori à l’exportation, une chaîne du froid fiable est même une
condition sine qua non du développement de la production.
Il faut enfin noter que l’amélioration de la chaîne du froid dans les pays en développement nécessite
des investissements matériels conséquents mais aussi un effort important de formation et de
sensibilisation, et de gouvernance (contrôles, certification, dialogue interprofessionnel, planification
des investissements privés et publics tels que réseaux de distribution d’énergie et de transports,
etc.). Comme toute chaîne, la chaîne du froid a en effet la solidité de son maillon le plus faible, et la
défaillance d’un élément est préjudiciable à l’ensemble des acteurs.
Une stratégie alimentaire globale doit donc, pour être efficace, intégrer le développement de chaînes
du froid fiables, efficaces, et de capacité suffisante, aux autres volets (agronomie, économie,
nutrition et santé publique, emploi, autres procédés de conservation, infrastructures, utilisation
raisonnée des ressources…). Une telle démarche nécessite également que des programmes
spécifiques de recherche-développement soient définis et mis en œuvre pour les pays chauds en
développement.
mars 2011