financiers sont créés. La demande jusque
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là contenue peut ainsi être satisfaite grâce
à
un accès plus aisé au crédit et aux marchés financiers, d'où des réaménagements
de portefeuilles se répercutant sur
la
valeur des actifs financiers et sur les situations
d'endettement. Ces évolutions peuvent également être renforcées par des politi
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ques erronées, comme les autorités s'aperçoivent que les vieilles recettes utilisées
pour freiner les dépenses ont passablement perdu de leur efficacité. On peut cepen-
dant penser que les ajustements initiaux en œuvre dans des économies récemment
libéralisées ont pour une large part un caractère temporaire (ou
à
court terme). Si
l'on gère correctement
la
phase transitoire en s'appuyant sur une politique macro-
économique restrictive qui empêchera la demande globale de se gonfler trop rapide-
ment et les prix des actifs de s'écarter de façon excessive des données fondamentales
de l'économie, l'impulsion initiale donnée
à
l'activité économique devrait s'atténuer.
Par contre, la libéralisation financière peut modifier plus profondément le compor-
tement
des agents du secteur privé et avoir de ce fait des conséquences plus dura-
bles pour la politique monétaire. On fait souvent valoir, par exemple, que dans les
pays dont les marchés financiers sont libéralisés et concurrentiels, l'économie réagit
moins en général aux mesures de politique monétaire qui visent
à
endiguer les
pressions de la demande. C'est
à
ces effets qui pourraient perdurer que cet article
sera essentiellement consacré.
La distinction entre une économie
où
les agents sont soumis
à
des contraintes
de source institutionnelle et le monde de la théorie classique
où
l'information cir-
cule parfaitement et
où
tous les prix sont parfaitement flexibles constitue un repère
conceptuel judicieux pour envisager le processus de libéralisation financière et ses
effets
à
long terme. Dans l'univers harmonieux de la théorie classique, les décisions
de dépense sont fonction de la richesse et des prix relatifs attendus, et la liaison
entre le présent
et
l'avenir s'opère par le biais de marchés de capitaux (et du crédit)
fonctionnant dans des conditions parfaites. Or, les réglementations financières font
peser certaines contraintes sur le comportement d'optimisation du secteur privé et
font qu'il n'est pas conforme au schéma classique. Du fait, en particulier, des con
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traintes de liquidité, les agents économiques peuvent être dans l'impossibilité d'agir
sur la base des anticipations de richesse future et de prix relatifs, ce qui se traduit
par un comportement
à
plus courte vue. Dans cet univers de contraintes, les déci-
sions de dépense feront probablement intervenir beaucoup plus le revenu courant
et
les liquidités courantes que le revenu permanent et la richesse escomptée. La
masse monétaire, principale composante des liquidités, présentera vraisemblable-
ment un lien plus étroit avec la demande nominale et pourra donc être un bon
indicateur et/ou un mécanisme possible de transmission directe de la politique
monétaire. Enfin, les prix relatifs dans
le
secteur financier seront sans doute moins
étroitement associés aux décisions de dépense (vu les contraintes qui pèsent sur
ces dernières)
et
donc aux pressions inflationnistes futures.
La déréglementation et l'innovation financiéres, en contribuant
à
desserrer les
contraintes de liquidité qui affectent les dépenses courantes, devraient redonner de
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